Les péages en flux libre se généralisent en France. Arnaud Quémard, directeur général du groupe concessionnaire d'autoroutes Sanef est l'invité éco de franceinfo lundi 18 novembre.
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00:00Bonsoir à toutes et à tous et bonsoir à vous Arnaud Quémart, vous êtes le
00:08directeur général de la SANEF société d'autoroutes, concessionnaire des
00:12autoroutes autour de Paris et notamment l'A13 et l'A14. L'A14 qui depuis le mois
00:18de juin a opéré une petite révolution avec la suppression des barrières de
00:21péage. Est-ce que vous êtes en mesure aujourd'hui de nous dresser un premier
00:25bilan ? Oui alors on a ouvert l'A14 donc on a
00:28basculé l'A14 en péage en flux libre ce qui est une petite voire une grande
00:31révolution dans le monde des autoroutes. On a fait ça le 19 juin
00:36dernier et le bilan est plutôt très très positif.
00:40En fait évidemment c'est un changement qui est très important, c'est un
00:44changement très important pour des millions d'usagers puisque c'est plus
00:47d'un million, un million et demi de personnes qui ont déjà au moment où on
00:50parle déjà emprunté l'A14 parfois quotidiennement. En quoi est-il
00:54positif ce bilan ? Il est positif parce que fondamentalement on parle de courbes
00:59d'apprentissage, c'est un changement qui est très très important et la courbe
01:01d'apprentissage elle est finalement meilleure que prévu.
01:04Ça veut dire que les gens payent ? Les gens absolument, les gens payent.
01:09Parce que les automobilistes payent, a posteriori ils doivent se rendre sur le
01:13site internet de la SANEF et ils ont 72 heures pour le faire dans un premier
01:18temps. Oui alors il y a un peu plus de choses,
01:21si vous avez un badge de télépéage et bien qu'il est bien fixé sur votre
01:24pare-brise, rien ne change sauf qu'évidemment vous ne vous arrêtez plus.
01:27Si vous aviez l'habitude de payer en carte bancaire et bien là vous pouvez
01:31vous connecter sur sanef.com et vous avez 72 heures pour payer avec
01:35un site qui est relativement fluide et qui se passe très bien. Et si vous
01:38souhaitez payer en espèces ou avoir un point de paiement physique,
01:41on a fait un partenariat et ça c'est une innovation, c'est une innovation, on a fait
01:46un partenariat avec la France SdJ donc on peut payer chez les
01:48burealistes du réseau Nireo. Mais sauf que si vous payez pas en temps et en
01:52heure, vous risquez quand même une amende et elle est de plus en plus lourde au
01:55fur et à mesure que vous attendez pour payer votre amende. Vous dites que les
01:59automobilistes ont appris finalement assez vite, ça veut dire que vous avez
02:02un, qu'ils payent et que deux, ils n'ont pas d'amende, c'est ça ?
02:04Alors une grande majorité paye, paye spontanément, alors on le voit,
02:09c'est quelque chose qu'évidemment qu'on suit comme le lait sur le feu, donc on voit
02:12le paiement progresser très très rapidement. On voit aussi quelque chose
02:16qui est très très utile, qui progresse bien, c'est le fait d'associer sa plaque
02:20avec sa carte, puisqu'en fait lorsque vous payez la première fois sur votre
02:23site, sur notre site, on a la possibilité d'associer sa carte bancaire avec sa
02:26plaque et finalement après tout est parfaitement fluide, donc là c'est
02:29aussi un mode de paiement qui progresse très bien.
02:33Quel est l'intérêt pour la SANEF d'enlever les barrières d'autoroute Arnaud
02:37Quémart ? Alors l'intérêt, il est multiple. Le premier intérêt, c'est du
02:41gain de temps. En fait l'autoroute A13 et A14, puisqu'on va généraliser ce
02:45dispositif à l'A13 début décembre. Est-ce que vous avez une date précise ?
02:49C'est dans la première quinzaine de décembre, donc ça doit se fixer, on va
02:53fixer ça, mais dans la première quinzaine de décembre, donc on va
02:56convertir tout l'autoroute A13 et donc c'est un avantage en termes de temps
03:01de parcours, puisqu'on va gagner jusqu'à une demi-heure entre Paris et Caen,
03:05donc c'est tout à fait notable. Par ailleurs, il y a un avantage écologique
03:09puisque le fait de s'arrêter et de redémarrer au péage, c'est de la consommation
03:13de carburant et c'est des émissions de CO2, donc on a calculé que sur une
03:17année ça représenterait 30 000 tonnes de CO2 économisées, donc c'est pas du tout
03:21anecdotique. Et puis enfin, ce sont des hectares rendus à la nature, puisqu'on
03:25va libérer complètement les espaces qui étaient des emprises des barrières de
03:29péage, et là c'est 28 hectares qui vont être rendus à la nature, donc dans une
03:33période où le zéro artificialisation net est sur le dessus de la table de
03:39beaucoup de collectivités, et bien c'est un projet autoroutier qui rend des
03:43hectares à la nature. Mais c'est quand même un coût, ça représente un coût en
03:45termes d'investissement pour la SANEF d'enlever toutes ces barrières de péage ?
03:49Absolument, c'est environ 120 millions d'euros d'investissement.
03:52Alors, les concessions arrivent à échéance à partir de 2031 et vous êtes la
03:56première société dont le contrat avec l'État arrive à échéance. Ces
04:01investissements, est-ce qu'ils sont un argument pour le renouvellement de votre
04:05concession ? Ça plaît dans votre faveur en gros ?
04:09Ça, j'en sais rien. La fin des concessions, effectivement, on est les
04:13premiers à avoir notre concession qui se termine, donc c'est le 31 décembre
04:162031. Moi, je ne connais pas l'avenir des concessions après les concessions.
04:21Mais vous investissez ?
04:23Et on continue à investir, et on investira, et on investit aussi lourdement
04:26dans le fameux bon état d'entretien en fin de concession, puisqu'il va falloir
04:29rendre l'ensemble des infrastructures en bon état. Alors, elles sont déjà en
04:32excellent état. Je cite quelques chiffres, 80% des chaussées du groupe SANEF ont
04:37été renouvelées dans les cinq dernières années.
04:39Mais vous espérez, vous espérez, vous, que votre concession soit renouvelée
04:44au-delà de 2031 ? Est-ce que vous espérez d'ailleurs obtenir d'autres sociétés,
04:51portions d'autoroutes ? J'ai vu que vous l'orniez, en tout cas vous le disiez
04:54il y a quelque temps, sur une partie de l'A1, celle qui est proche de Paris et
04:57qui aujourd'hui est dans le domaine public.
04:59Alors, oui, ce que l'on espère surtout, c'est qu'aujourd'hui, on est dans un
05:03moment où l'État n'a pas choisi le modèle de gestion des infrastructures
05:07autoroutières après la fin des concessions actuelles. Je pense que le modèle
05:11concessif a démontré tout son intérêt, puisque ça permet d'avoir une
05:16infrastructure qui est entièrement financée sur des fonds privés, puisque
05:21je rappelle que les impôts n'ont jamais financé le moindre kilomètre d'autoroute
05:26concédée, donc d'autoroutes à péage, donc c'est du financement entièrement
05:30privé. Et d'ailleurs, il y a un rapport sénatorial qui ne plaide pas pour la
05:33gratuité qui est tombée il y a quelques jours, donc j'imagine que ça, vous êtes
05:37plutôt soulagé. Absolument, et donc ce que l'on souhaite, c'est qu'après les
05:41concessions, il y ait une nouvelle concession, ça donnera lieu...
05:44Mais différente, différente, Arnaud Thémart ?
05:45Peut-être différente, oui, peut-être différente.
05:47Vous connaissez les critiques envers le système de concessions ?
05:49Le système concessif, il a plus de 60 ans, pour les plus vieilles concessions, il
05:54aura pratiquement 75 ans à la fin des concessions. Il a été conçu d'ailleurs
05:59avec des contrats où c'était à l'origine l'État avec l'État, l'État
06:02concessionnaire avec l'État concédant. Lors de la privatisation qui a eu lieu en
06:062006, finalement les contrats ont été peu revus. Le choix qu'a fait l'État, c'est
06:10de peu revoir les contrats. Donc ils sont ce qu'ils sont.
06:13Est-ce qu'il devrait être différent ? On voit dans ce rapport notamment qu'il
06:16devrait y avoir des concessions plus courtes, de 15 à 20 ans et qui concernent
06:20moins de kilomètres. Est-ce que vous êtes d'accord avec ces préconisations ?
06:23Alors, je suis d'accord avec ça pour deux raisons. Une première raison, c'est
06:25qu'il faut avoir des concessions qui sont d'une taille, disons, raisonnable
06:29sans être géante. Donc, voilà, 1 000, 1 500 kilomètres, ça paraît des choses
06:33qui sont raisonnables. Ça fait 8, 9 concessions au total sur le territoire français.
06:37La deuxième raison, c'est sur la durée des investissements. En fait, il faut se
06:40rappeler que la durée des concessions est liée au montant d'investissement.
06:45Les concessions aujourd'hui sont très très longues parce qu'il a fallu construire
06:49l'ensemble du réseau autoroutier. Donc c'est 10 000 kilomètres d'autoroutes.
06:52Force est de constater qu'il n'y a pas 10 000 kilomètres d'autoroutes supplémentaires
06:55à réaliser. Néanmoins, il reste des investissements à faire. Je pense à deux choses.
07:00La décarbonation du transport de marchandises. Vous voyez, vous mettez sur le bord de la 1,
07:04c'est une de nos autoroutes, vous voyez le nombre de camions qui passent.
07:07S'il faut distribuer l'énergie pour l'équivalent d'énergie en camions électriques,
07:12vous imaginez la quantité.
07:14Mais vous êtes d'accord pour avoir des concessions de durée plus courte ?
07:18De durée plus courte, absolument.
07:22Il faut que ce soit quand même intéressant pour vous, pour la SANEF, pour qu'elle puisse y retourner.
07:26On a compris que vous étiez quand même intéressé pour reprendre,
07:29continuer les concessions que vous avez et pour d'autres aussi.
07:32Merci beaucoup Arnaud Quémard, directeur général de la SANEF.
07:35Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.