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Le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic, va donner des armes à feu à une partie de ses policiers municipaux.

L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 13 Novembre 2024)
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Transcription
00:00Et c'est l'édito politique, Patrick Cohen, le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Urmic,
00:10va donner des armes à feu à une partie de ses policiers municipaux.
00:14« Par principe, il s'y est longtemps refusé, trop longtemps, disent ses opposants, Bordeaux
00:18faisait partie du dernier carré des grandes villes de gauche, avec Paris, Lille, Rennes,
00:22Nantes et Grenoble, à ne pas autoriser leurs policiers à disposer d'armes létales, c'est
00:26fini, Pierre Urmic, qui disait en avril ne pas vouloir être un maire shérif, a finalement
00:30fait volte-face, sous la pression d'insécurité, en forte hausse des attentes des habitants,
00:3568% des Bordelais en font une priorité, et de celles de ses agents, des policiers municipaux
00:40qui avaient fait grève fin juin pour réclamer des armes, il faut mesurer la portée de ce
00:45revirement sécuritaire, d'ailleurs précédé par d'autres, au début de son mandat, Pierre
00:49Urmic se disait philosophiquement opposé aux caméras de vidéosurveillance, Bordeaux
00:54en compte aujourd'hui plus de 250. L'armement des policiers municipaux, Patrick, pourrait
00:59faire reculer la délinquance, la criminalité ? Non, personne ne dit cela, ce qui est intéressant
01:04dans un tel dossier, c'est la confrontation d'un principe, ou d'une idéologie, à la
01:09réalité. Le principe, c'est qu'il revient à la police nationale d'assurer la sécurité
01:13publique, tandis que la police municipale est celle de la tranquillité, de la proximité,
01:18elle n'est pas là pour courir après les voyous. Mais la réalité, c'est la montée
01:21des actes violents dirigés contre les forces de l'ordre. Être en uniforme, dit un syndicaliste,
01:26c'est être une cible, la réalité, c'est que les policiers municipaux sont très souvent
01:30sur les lieux primo-intervenants, comme on dit, avant les policiers nationaux ou les
01:35gendarmes. Les équiper d'une arme, c'est d'abord leur donner les moyens de se défendre
01:39ou de se protéger. Aurélie Fouquet, tuée en 2010 à Villiers-sur-Marne, Clarissa Jean-Philippe
01:44en 2015 à Montrouge, était policière municipale, c'est pour cela que les mairies qui n'arment
01:49pas leurs forces de l'ordre ont le plus grand mal à recruter, et c'est l'une des raisons
01:53qui conduit les élus opposés à l'armement à changer, non pas leur fusil d'épaule,
01:58mais leur façon de voir. Et quel est le poids des polices municipales aujourd'hui ? En
02:02plein boom, 27 000 agents dans plus de 4000 communes, cela représente environ 10% des
02:07forces de sécurité intérieure, pour un budget estimé dans un récent rapport à 2,2 milliards
02:12d'euros, considérable à comparer au budget de la police nationale toute entière, 13
02:18milliards. En 6 ans, les dépenses de police des communes ont bondi de 33%, trois fois
02:23plus vite que le reste, et c'est là que ça coince, c'est là que la réalité du
02:26terrain percute les principes budgétaires, les collectivités refusent les efforts d'économie
02:32de plusieurs milliards demandés par le gouvernement Barnier, elles dénoncent le désengagement
02:36de l'État, mais ce n'est pas vrai dans la police où des milliers de postes ont été
02:40créés et 200 supplémentaires affectés à Bordeaux depuis deux ans. Alors sur la façade
02:45de sa mairie, depuis quelques jours, Pierre Hermic a fait installer deux banderoles,
02:49l'État ampute le budget municipal de 16 millions d'euros, on les prend où ? Et
02:54vous préférez priver les élèves de cantines ou supprimer la police municipale ? Le préfet
02:59exige le retrait des banderoles au nom d'un principe de neutralité, le maire écolo refuse,
03:05la police municipale en arme devra-t-elle intervenir ?

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