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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Nathalie Perez, pour son livre "Un an au coeur de l'anti-terrorisme" aux éditions du Rocher.

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Transcription
00:00avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin Thomas.
00:02Oui, alors qu'on commémore aujourd'hui le triste anniversaire des attentats du 13 novembre 2015,
00:07je reçois ce matin Nathalie Pérez, grand reporter police-justice à France Télévisions,
00:11parce que vous avez voulu raconter, dans un livre enquête,
00:15une année dans le quotidien des policiers de la sous-direction antiterroriste.
00:18Alors expliquez-nous d'abord, Nathalie Pérez,
00:21ce qu'est cette unité d'élite de la police judiciaire que tout le monde ne connaît pas forcément.
00:25Oui, alors l'ASDAT, ce sont des policiers d'élite, vous l'avez dit,
00:29c'est un service qui s'occupe des enquêtes,
00:31c'est-à-dire qu'en fait ils n'interviennent pas au moment d'un attentat,
00:34c'est la BRI, eux ils n'interviennent uniquement après pour faire l'enquête,
00:39pour retrouver les complices, pour faire les constatations,
00:41ils dépendent du pôle antiterroriste, du parquet antiterroriste,
00:45et eux sont juste après l'attentat pour des enquêtes qui peuvent durer des semaines et des mois.
00:51Donc ils sont, pour schématiser, entre les services de renseignement et les groupes d'action.
00:56Absolument, absolument.
00:57C'est le maillon entre les deux.
00:58C'est entre les deux, et d'ailleurs ils sont à Levallois-Pérez dans les locaux de la DGSI.
01:03Et donc ça veut dire qu'au-delà des enquêtes, leur boulot il est aussi très technique,
01:07il y a un côté très technique.
01:08Bien sûr, il est très technique, c'est eux qui font tous les relevés,
01:11qui récupèrent tous les PV des premières constatations,
01:15et qui ensuite vont devoir faire une enquête qui va durer des mois
01:19pour amener les complices ou les auteurs jusque devant un tribunal.
01:23Et alors vous êtes journaliste à France Télévisions, Nathalie Pérez,
01:27qu'est-ce qui fait que vous avez écrit un livre plutôt que réalisé un reportage ou un documentaire ?
01:33C'est impossible de filmer ?
01:34Non, c'est absolument impossible.
01:35Ça fait des années qu'on aimerait entrer dans les locaux de la DGSI pour filmer,
01:42pour faire un reportage ou un magazine sur le travail de ces policiers.
01:46C'est très secret, c'est très fermé, et on n'a jamais réussi à entrer avec une caméra.
01:51Et le directeur de l'ASDAT, que je connais, qui était en fait un ancien policier,
01:56de la sous-direction antiterroriste, lui m'a proposé,
02:01puisque je lui avais demandé à plusieurs reprises de faire un reportage,
02:03m'a dit un jour, si tu n'arrives pas à faire un reportage,
02:07peut-être que ça serait bien que tu fasses un livre, et là je pourrais t'aider.
02:10Et là il a accepté.
02:11Et là il a accepté, il a casté quatre policiers de son équipe,
02:16deux femmes, deux hommes, qui ont accepté d'avoir des entretiens réguliers avec moi pour raconter leur vie.
02:22Et ça vous l'avez fait tout au long d'une année ?
02:24C'est ça.
02:25Et comment est-ce que vous avez été accueillie justement en tant que journaliste ?
02:28Parce que la sous-direction antiterroriste, c'est une enceinte dans laquelle normalement aucun journaliste ne rentre.
02:32Jamais. C'est très compliqué, c'est très compliqué.
02:35Au départ on sentait une vraie hostilité, puisque je suis journaliste et que la confiance n'y était pas.
02:41Donc j'ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir être en confiance avec eux.
02:45Ils ont une mauvaise image des journalistes ?
02:47Totalement, oui, totalement.
02:49Et puis parce qu'ils ont la culture du secret, parce que ce sont des enquêtes extrêmement sensibles,
02:55et que la moindre fuite peut faire sauter une procédure.
03:00Donc en fait, pour eux, un journaliste c'est vraiment quelqu'un qui est là pour fouiner dans ce qui est secret.
03:09Parce que tout est secret en fait, à la DGSI.
03:12Et alors une des choses qui vous frappe dans les échanges que vous avez avec ces hommes et ces femmes de cette unité,
03:17Nathalie Pérez, c'est la dureté de leur travail.
03:19Un travail qu'ils ne peuvent faire d'ailleurs que quelques années, en général, tellement il est intense.
03:24Ah oui, effectivement, oui.
03:26En fait, c'est l'administration qui leur impose de ne pas rester au-delà de 4 ou 5 ans maximum dans ce service,
03:32parce que c'est très difficile, c'est très violent, ils sont confrontés à des choses terribles.
03:36On a vu depuis 2015, ils ont été confrontés à des choses absolument épouvantables.
03:41Et puis pour leur famille, pour leurs enfants, notamment, c'est très difficile, c'est très angoissant.
03:46Et pour eux aussi, donc c'est la raison pour laquelle, au bout de 4 ans, ils changent de service.
03:51Mais ce qui est étonnant, c'est que parfois, même souvent, ils y reviennent,
03:54comme Léa qui avait demandé à changer de service après le Batatlan, parce qu'elle avait vu trop d'horreur.
03:59Et bien finalement, elle revient vers l'antiterrorisme comme aimanté, c'est ce que vous dites dans votre livre, Nathalie Pérez.
04:04Oui, oui, c'est vraiment un service...
04:06Ils sont très unis, ils sont très proches, parce qu'ils vivent des choses très dures,
04:10parce qu'ils sont ensemble, par exemple, sur une enquête ou après un attentat,
04:14ils sont ensemble pendant des jours et des nuits.
04:16C'est des gens qui sont cagoulés, qui sont cachés du public,
04:20donc ils n'ont aucun contact avec personne, ils sont toujours entre eux.
04:23Et il y a un vrai lien entre ces gens, et il y a une sorte d'addiction ensuite, effectivement,
04:28à revenir dans ce service, même si c'est très dur.
04:31Et alors qu'ils vous racontent les nuits sans sommeil à enquêter sur les assassinats,
04:35notamment de Samuel Paty et de Dominique Bernard,
04:37vous demandez à l'un d'entre eux comment il fait pour tenir,
04:40et alors il a cette réponse,
04:42on est porté par l'actualité, on sent bien qu'on est au cœur des choses,
04:46il y a une part d'excitation et d'adrénaline.
04:48Alors ça peut paraître choquant dit comme ça,
04:51mais c'est un peu la même réponse qu'aurait pu faire finalement un journaliste
04:54quand il se passe quelque chose de dramatique.
04:55Nathalie Pérez, vous connaissez ça dans votre métier, cette excitation, cette adrénaline ?
05:00Oui, c'est une vraie adrénaline, parce qu'ils sont effectivement au cœur des choses,
05:04au cœur du monde, là où ça se passe, surtout sur des attentats aussi violents.
05:09Mais effectivement, souvent ils vous disent
05:12on a un peu honte de ce sentiment, on a un peu honte de cette excitation.
05:16Léa explique que quand elle arrive sur l'attentat de Nice,
05:19où vous avez des poussettes par terre, des enfants,
05:22elle dit je trouve magnifique ces toiles dorées qui sont sur les cadavres en fait,
05:28le jour se lève sur la baie des Anges, c'est beau,
05:33sauf qu'elle a honte à ce moment-là tout de suite,
05:35après elle se dit mais je ne devrais pas trouver ça beau, c'est terrible, c'est une scène de crime.
05:38Et ces attentats, ils illustrent aussi la grande difficulté de leurs enquêtes,
05:42parce qu'ils ont souvent affaire à des cas qui sont isolés aujourd'hui.
05:46Vous dites que les réseaux tentaculaires sont sous contrôle,
05:49mais agir contre un loup solitaire, c'est devenu beaucoup plus difficile.
05:53Est-ce qu'ils sont assez nombreux finalement pour faire ce travail qui paraît un travail de fourmis ?
05:57Oui, ils sont assez nombreux, ils travaillent énormément,
06:00sauf que vous l'avez dit, aujourd'hui le terrorisme,
06:03c'est plus des gens qui se radicalisent tout seuls dans leur coin,
06:08ce qu'on appelle des loups solitaires,
06:10et là on ne peut pas prévenir ce genre d'attaque,
06:12il n'y a aucune prévention possible, on ne peut rien faire.
06:14Quelqu'un qui arrive dans la foule avec un couteau,
06:16comme on l'a vu à plusieurs reprises et qui frappe,
06:19comment prévenir, comment savoir ?
06:21Donc en fait c'est très compliqué pour eux et c'est très frustrant.
06:24Et alors après ces mois passés au plus près de cette unité d'élite,
06:27vous finissez par confesser, Nathalie Pérez,
06:29je ne sais toujours pas si j'aurais aimé exercer leur métier,
06:32si j'en aurais eu le courage surtout,
06:34c'est une façon de leur rendre hommage en fait.
06:37Oui, oui, en fait je les voyais comme des héros
06:41et je les vois encore plus aujourd'hui comme des héros.
06:43Sans vous les admirer.
06:44Oui, je les admire beaucoup,
06:46après effectivement c'est tellement difficile
06:48et il y a tellement de conséquences,
06:50notamment sur leurs enfants.
06:52Ils ont tous des enfants qui vivent dans la terreur,
06:55qui ne doivent pas dire que leurs parents sont policiers.
06:57Il y a un petit garçon qui au lendemain de l'assassinat
07:00de Clarissa Jean-Philippe,
07:02il y a eu dans sa classe une minute de silence
07:05et à ce moment-là ce petit garçon pensait,
07:07pour une femme policière qui avait été assassinée,
07:09il pensait que c'était sa maman.
07:11Et il a passé sa journée tétanisée en se disant
07:13il ne faut pas que je parle, il ne faut rien que je dise.
07:15Il ne montrait pas son chagrin et ses larmes.
07:17Et c'est touchant, on se dit que oui c'est dur.
07:20C'est très dur.
07:21Sous direction antiterroriste,
07:23un an au cœur de l'antiterrorisme
07:25est disponible aux éditions du Rocher.
07:27Restez avec nous Nathalie Pérez
07:29pour suivre l'actu des médias dans un instant.

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