Distancé par le camp conservateur de Friedrich Merz, le chancelier allemand Olaf Scholz a peu de chances de se maintenir au pouvoir après le vote de confiance le 16 décembre et les législatives anticipées fixées au 23 février. Les explications de Luc André, correspondant de l'Opinion à Berlin.
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00:00Les partis n'ont pas réussi à surmonter des différences idéologiques très marquées.
00:09Si on cherche une cause immédiate,
00:11on va la trouver dans des profonds désaccords sur le budget 2025.
00:19L'Allemagne enchaîne une deuxième année de récession
00:22et elle éprouve des difficultés à mener de front
00:25transformation de son économie,
00:26maintien de son état social et aide à l'Ukraine.
00:28L'ex-ministre des Finances Christian Linaire
00:31s'était refusé à ouvrir la voie à plus d'endettements
00:34pour relever ces défis,
00:35au-delà des quelques 55 milliards d'euros
00:37que la règle d'or permettait pour l'an prochain.
00:40Le libéral privilégiait des coupes dans les dépenses sociales
00:44et dans la politique de transition énergétique,
00:47une attaque frontale contre les sociodémocrates
00:50du chancelier Scholz et des partenaires écologistes.
00:54Ces différences et leur mise en scène
00:56dans une autre programme de Christian Linaire
00:59ont fini par avoir raison de la patience du chancelier
01:02qui a donc limogé son ministre des Finances jeudi dernier
01:05et par la suite les libéraux ont quitté en bloc le gouvernement.
01:07Ce pas de notre programme de Christian Linaire
01:09était finalement que l'escalade d'une relation conflictuelle
01:14au sein de cette alliance à trois,
01:15ces frictions, ces disputes à répétition
01:18ont conduit à faire de cette alliance
01:20la plus impopulaire de l'histoire de la République fédérale.
01:23Si on cherche des causes profondes de la rupture,
01:26il faut retenir deux événements,
01:27l'extension de l'invasion de l'Ukraine à partir de février 2022
01:31et un arrêt de la Cour constitutionnelle de novembre 2023.
01:33La coalition a omis d'actualiser son programme de gouvernement
01:37à l'aune du nouveau contexte créé par le conflit ukrainien
01:41et ensuite l'arrêt des juges de Karlsruhe
01:43a coupé les ailes financièrement de la coalition
01:46et dans le dur, obligé de trouver des milliards,
01:49les partis n'ont pas réussi à surmonter
01:51des différences idéologiques très marquées.
01:57L'accord politique porte sur la date des législatives.
02:00Le SPD du chancelier Scholz et l'opposition conservatrice
02:03se sont entendus sur le 23 février.
02:05Il s'agit d'un compromis entre le souhait du chancelier
02:08et celui du chef de file des conservateurs, Friedrich Merz.
02:12Le chef du gouvernement penchait pour la fin mars
02:14afin de tenter de refaire son retard,
02:16tandis que Friedrich Merz plaidait pour la fin janvier
02:19afin de pousser son avantage
02:21car il est bien mieux placé dans les sondages.
02:23D'un point de vue formel,
02:24pour dissoudre le Parlement,
02:26Olaf Scholz doit d'abord perdre un vote de confiance
02:28et ce vote aura lieu le 16 décembre.
02:31L'issue ne fait pas trop de doute
02:32car le chancelier n'est plus soutenu que par les écologistes
02:35et n'a plus de majorité au Bundestag.
02:37Auparavant, et c'est une composante de l'accord
02:39sur le calendrier des législatives,
02:41Olaf Scholz tient à faire passer plusieurs textes
02:43avec le soutien des conservateurs.
02:48Olaf Scholz est une personnalité optimiste.
02:50Il entend rééditer son exploit de 2021.
02:52Il avait alors remporté les législatives
02:55au terme d'une remontada
02:56alors que les sondages donnaient les conservateurs gagnants
02:59pendant de nombreux mois.
03:00Mais soyons clairs, les chances de rééditer cet exploit
03:03sont assez faibles car Olaf Scholz part cette fois
03:05avec un retard de 16 à 17 points sur le camp conservateur
03:08et il doit aussi compter avec l'impopularité
03:11de son gouvernement actuel.
03:13Il tentera toutefois, je pense, de faire briller son bilan
03:16car il y a des résultats réels
03:18mais la communication a été désastreuse
03:21pendant les trois ans de gouvernement.
03:22Donc le défi sera de faire apparaître son bilan
03:25sous un meilleur jour dans les quelques semaines
03:28que durera la campagne électorale.
03:30Olaf Scholz devrait aussi miser sur sa personnalité,
03:33sur un caractère posé dans un contexte géopolitique brûlant
03:36à rebours de la personnalité impulsive
03:39de son adversaire Friedrich Schmitt.
03:41Le chancelier donc a peu de chances de se maintenir en poste
03:43mais son parti pourrait, lui, se maintenir au gouvernement
03:47au sein d'une nouvelle grande coalition.
03:49L'accord sur le calendrier des législatives
03:51entre le SPD et la CDU-CSU
03:53a montré que les deux camps pouvaient s'entendre.