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Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite

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00:00En toute subjectivité avec vous Anne-Cécile Maïfert, ce matin vous revenez sur l'échec
00:05de Kamala Harris, est-ce que cet échec veut dire pour les femmes candidates ?
00:10Oui, j'ai perdu mon pari, j'ai espéré jusqu'au bout et mercredi au réveil ce fut la douche
00:15froide.
00:16Avec en toile de fond la bataille sur l'avortement, j'ai cru que les femmes allaient enfin faire
00:19élire une femme à la tête de la première puissance mondiale, une douce illusion.
00:23Hillary Clinton en 2016 et maintenant Kamala Harris, je me suis demandé alors si les femmes
00:28n'étaient pas fatalement destinées à être empêchées de gagner.
00:31Et alors ?
00:32Alors, il y a bien eu un gender gap, c'est-à-dire une différence de vote entre femmes et hommes.
00:36Dans toutes les catégories de la population, les femmes ont davantage voté Harris que
00:40Trump et si elles avaient été seules à voter, alors Harris aurait été élue et largement
00:45si seules les femmes noires avaient voté.
00:47Mais cet écart n'est pas nouveau.
00:48Il était là en 2016 pour Hillary Clinton et en 2020 pour Joe Biden.
00:53Il représente plus de 11 points d'écart et s'explique d'abord par Trump candidat.
00:57Un candidat qui en 2024 a raflé en plus le vote des jeunes hommes passant de 46 à 55%.
01:04Une génération mondialement biberonnée au machisme des réseaux sociaux.
01:07Les hommes latinaux ont eux aussi dramatiquement penché pour le Républicain passant de 36
01:12à 55%.
01:13Pour le reste, Harris a fait un peu moins bien que Biden en 2020, sauf chez les femmes
01:18éduquées.
01:19Il n'a pas suffi d'être une femme ou de parler d'avortement pour mobiliser les progressistes
01:22et contre-carrélatrer machistes pour ce candidat aux tendances dictatoriales.
01:26Et cet échec, c'est donc aussi le résultat du machisme contre la candidate ?
01:30Oui, mais pas que.
01:31Kamala Harris est une femme, noire, qui défendait l'avortement et de ce fait, sans surprise,
01:36elle a dû faire face à la misogynie la plus crasse et au racisme le plus forcené.
01:40Procès en incompétence, jugements sévères sur son intelligence, son physique, ses histoires
01:44de cœur ou le fait qu'elle n'ait pas eu d'enfant, les masculinistes se délectent
01:48depuis mercredi sur les réseaux sociaux en tweetant « les hommes ont encore gagné » ou
01:52encore « your body, my choice », « ton corps, mon choix ». Pendant qu'Elon Musk,
01:57pro-Trump, se frotte les mains de voir les hommes se mobiliser et la cavalerie y avoir
02:00débarqué.
02:01Mais ne rajoutons pas du sexisme au sexisme.
02:03Sa défaite ne peut être réduite au rejet d'une femme au pouvoir.
02:07Un homme aussi aurait perdu.
02:08Les conditions de l'échec étaient écrites.
02:10Héritière d'une administration Biden au bilan contesté et au record d'impopularité
02:15dans une Amérique en pleine inflation, la candidate débarquée en catastrophe a eu
02:18trois mois pour sauver les démocrates, peu audible sur les questions d'économie pourtant
02:22centrales.
02:23La responsabilité de Biden est immense.
02:25C'est ce qu'on appelle une « falaise de verre ». On voit le sommet, mais on ne
02:28peut l'atteindre et grimper sans glisser.
02:30Un défi impossible à relever d'ongles, donc, que l'on aime d'ailleurs confier
02:34aux femmes.
02:35N'enterrinons donc pas l'idée qu'il faudrait nécessairement présenter un homme
02:39pour espérer gagner.
02:40D'ailleurs, dans des démocraties malades au point de faire élire ce genre d'individus
02:44qu'est Trump, c'est tout le système qu'il faudrait questionner.
02:47L'enjeu du combat face à nous est de bâtir des sociétés où non seulement l'accès
02:50des femmes au pouvoir est possible, mais aussi où des individus comme Trump ne puissent
02:54être élus ou présentés.

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