• le mois dernier
L'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille fête ses cent ans d'existence cette année. L'occasion de sortir un livre, ce samedi 9 novembre 2024. Pierre Savary, le directeur de l'école, fait le point sur les évolutions de l'école au cours du siècle.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Pierre Savary, j'aimerais bien qu'on commence par ce chiffre qui peut prêter à sourire.
00:04La première promo de l'ESI en 1924, elle comptait 3 élèves, aujourd'hui ils sont plutôt 64 en moyenne.
00:11Vous avez formé combien de journalistes en 100 ans ?
00:14Environ 5000 depuis 1924, effectivement.
00:18Avec des journalistes qui ont eu une certaine renommée, on a cité Jean-Pierre Pernaut, Anne-Claire Coudray qui elle est encore ATF1.
00:25Est-ce que vous avez des chouchous, des chouchoutes parmi ceux que vous avez formés ?
00:29Non, pas vraiment, ou en tout cas pas forcément des journalistes à notoriété ou qu'on voit sur un petit écran.
00:36Bien évidemment, on en parle, c'est normal, vous en parlez, il n'y a aucun souci.
00:39Mais l'une des dimensions de l'école, c'est aussi d'avoir autant d'affection et on n'a pas plus de chouchous
00:44parmi ceux qui vont peut-être faire de la presse de proximité, en PQR, en PHR,
00:49ceux qui travaillent en télé, en radio, en numérique, qui vont créer des médias ou qui partent s'installer à l'étranger en tant que pigistes.
00:55C'est des manières très différentes d'exercer la profession, mais pour moi, elles sont toutes nobles.
01:00Et le métier correspond à cet éventail-là, donc on a 5000 chouchous.
01:07C'est bien dit. Et vous l'avez dit, vous formez à plein de formats journalistiques.
01:12Est-ce qu'aujourd'hui, tout le monde peut postuler à l'ESG ? J'imagine qu'en 100 ans, les critères pour y rentrer évoluent.
01:19Il y a une certaine volonté d'inclusion de votre part. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu ?
01:25Oui, au tout début et pendant plusieurs décennies, l'école faisait de la retape pour essayer de trouver des candidats,
01:31parce que ce n'était vraiment pas évident. Aujourd'hui, sur le diplôme de master que vous évoquiez,
01:36qui est le plus ancien et le plus reconnu de l'école, on a à peu près un millier de candidats pour 75 places chaque année.
01:44Donc effectivement, il y a beaucoup de monde à vouloir faire cette profession.
01:48C'est le grand paradoxe de cette profession, beaucoup de méfiance, beaucoup de défiance, les interrogations que vous avez avec vos auditeurs.
01:54Voilà tous les indicateurs qui montrent de la défiance et pour autant, beaucoup de jeunes à vouloir intégrer le métier et à vouloir faire ce métier.
02:03Et oui, une volonté d'inclusion qui est très forte, notamment pour avoir un taux de boursier de 36 % aujourd'hui,
02:10ce qui est le cas de l'école, avec une volonté de frais de scolarité gratuits pour les boursiers les plus élevés,
02:16un concours qui a changé pour être un peu moins discriminant. Donc ça, c'est des choses qui n'existaient pas, qui existent maintenant.
02:23C'est pour avoir plus d'un panorama social plus élargi et pas refaire un entre-soi social qui existe dans la profession aujourd'hui.
02:31Bien sûr, contre lequel on veut lutter, avec une grande difficulté, c'est qu'on recrute à Bac plus 3,
02:36donc on recrute à l'intérieur d'un vivier de candidats où les discriminations, elles existent déjà.
02:42Les discriminations sociales, elles sont déjà présentes dans la population des étudiants qui sont à Bac plus 3.
02:48Donc on essaye d'agir là-dessus, mais évidemment, c'est un combat qui doit être beaucoup plus large et beaucoup plus anticipé qu'au moment d'un Bac plus 3.
02:57France Blenoré, les 7h48, notre invité ce matin, Pierre Savary, le directeur de l'ESJ qui fête ses 100 ans cette semaine.
03:04Vous avez parlé des types de journalistes que vous formez, également le contenu, ça a beaucoup évolué, la profession évolue en vérité tous les jours,
03:11mais évidemment, on pense aux réseaux sociaux, à la manière d'informer sur les médias et aux fausses informations qui circulent parfois sur ces canaux-là,
03:19pas que, mais surtout. Comment vous prenez un peu le sujet auprès de vos étudiants ?
03:25Alors ça c'est, à la fois vous évoquez ce qui bouge très vite, évidemment, les réseaux sociaux il y a quelques années, l'intelligence artificielle,
03:34maintenant, à l'intérieur des rédactions, maintenant et demain, mais dès maintenant, il y a un contexte qui évolue très très fortement.
03:42Il y a aussi, je trouve qu'on en parle beaucoup moins, il y a aussi des choses qui sont des invariants, qui sont des marqueurs également pour l'école.
03:50La notion de rigueur, de sérieux, de vérification d'une information, de sourçage d'une information, j'aime beaucoup ce mot, de prise de la responsabilité de diffuser ou pas une information.
04:01Il y a un cours dans les années 50 à l'école, je n'enlève pas une virgule, on peut le diffuser maintenant, on peut en parler en ces mêmes termes aux étudiants.
04:08Alors évidemment, dans un contexte qui n'a plus rien à voir avec des outils qui ne sont plus du tout les mêmes, et là ça va à une vitesse folle,
04:15l'école elle est sur ces deux aspects, à la fois sur ce qui est un socle, et j'observe qu'il y a beaucoup de choses qui perdurent et qui sont encore des sujets d'actualité maintenant
04:25et qu'il l'était il y a 50 ans, et évidemment s'adapter à toutes les technologies, ça va tellement vite qu'on en est maintenant à modifier des sessions de cours qu'on a prévues au mois de mai-juin,
04:35mais avec des innovations qui font que ce qu'on avait prévu de faire en septembre-octobre, finalement on va rajouter, modifier sur l'intelligence artificielle, c'est par exemple ça.
04:43Et c'est plus difficile parce qu'il y a de plus en plus de défiance envers les médias, comment vos étudiants et les futurs journalistes se sentent par rapport à ça ?
04:51Est-ce que c'est une vraie crainte et elle est des deux côtés, c'est-à-dire de la personne qui est informée et de l'informateur ?
04:58Je pense que c'est plus difficile aujourd'hui d'aller la fleur au fusil sur le terrain pour aller en reportage parce qu'effectivement cette méfiance, cette défiance, cette radicalité de la société au sens large,
05:11elle s'exprime avec des étudiants qui en étaient, quand ils vont en stage de PQR pendant deux mois, leurs premiers jours de stage peuvent être insultés, peuvent être pris à partie pour une origine sociale supposée,
05:24pour une origine ethnique supposée, il faut gérer ça, c'est des choses qui sont effectivement lourdes, on essaye de préparer les étudiants et de les accompagner en les prenant par la main pendant tout ce parcours.
05:34Et vous en reparlez dans votre livre, ça s'appelle les 100 ans de journalisme, le SGIL raconte les 100 ans de journalisme, votre école a 100 ans aujourd'hui, il sort demain et vous fêtez ce week-end cet anniversaire donc assez conséquent.
05:46Merci Pierre Savary d'être venu sur notre antenne sur France Bleu pour parler de votre école ce matin.
05:52Merci monsieur le directeur, c'est à retrouver dès maintenant sur francebleu.fr

Recommandations