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Trente ans après les crues dévastatrices de 1994, le Haut-Verdon reste vulnérable aux inondations, malgré les efforts faits pour les prévenir. Entretien avec Paul Marquis, météorologue indépendant.
Entre le 4 et le 6 novembre 1994, le Verdon et ses affluents grossis par de fortes pluies débordent, emportant des digues de protection vieilles de plusieurs siècles. Si personne n’a été blessé, les crues touchent 37 communes. La route entre Thorame-Haute et Allos est coupée à quatre endroits, isolant plusieurs villages pendant trois jours. Une partie de la gare d’Annot est aussi emportée par une coulée de boue. Les dégâts sur la ligne de chemin de fer menacent de mettre fin au train des Pignes, qui sera finalement réhabilité.

Trois décennies plus tard, la mémoire de la catastrophe reste vive et la prévention des crues mobilise toujours d’importants moyens. Paul Marquis, météorologue indépendant, revient sur les causes de cette catastrophe et sur les risques qu’elle se reproduise.

Que s’est-il passé au plan météorologique en 1994 ?

Ce qui est marquant, c’est que ce qui s’est passé en 1994 ressemble beaucoup à ce que nous avons eu en 2024. L’année 1994 a commencé comme une année relativement pluvieuse en Provence, suivie par un été très orageux. Le mois de septembre a connu des précipitations deux fois supérieures à la normale, idem pour octobre. On a eu un épisode méditerranéen très intense fin octobre 1994, suivi d’un second qui s’est déroulé du 4 au 6 novembre 1994. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En deux jours, on a eu jusqu’à 200 mm de pluie sur le Haut Var et le Verdon. Le Verdon a connu une crue quasiment centennale, puisqu’on a enregistré au niveau du barrage de Castellane un débit de plus de 700 mètres cubes par seconde.

Il y a énormément de similitudes avec les conditions météorologiques observées cette année, puisque fin octobre, on a eu un épisode cévenol très intense côté Gard et Lozère, qui s’est décalé ensuite côté Var. Alors, cette année ça a touché plutôt le sud-est du Var, mais ça aurait très bien pu toucher le Verdon.
Faut-il craindre que les inondations de 1994 se reproduisent un jour dans le Haut-Verdon malgré tous les aménagements qui ont été faits depuis pour les prévenir ?

Depuis quasiment trente ans, il y a des aménagements sur les cours d’eau qui ont été faits par la communauté de communes Alpes-Provence Verdon. Néanmoins, la nature reste seule maîtresse à bord, et on sait que ça peut se reproduire. On en a eu un avant-goût l’année dernière, le 1er décembre 2023, avec un épisode très intense sur le Guillestrois qui a causé des dégâts relativement importants. C’était une crue centennale, donc il y a une chance sur 100 chaque année que ça se reproduise, mais le changement climatique fait que les dés sont pipés. Selon moi, ce n’est pas une question de savoir si ça va se reproduire, mais plutôt quand.
Justement, faut-il craindre que le changement climatique aggrave ce genre d’évènements ? Et à quel horizon ?

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