• le mois dernier
GRAND DÉBAT/ Élection de Donald Trump : quelles conséquences pour l'Europe ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Dans la nuit du mardi 5 novembre au mercredi 6 novembre 2024, Donald Trump a été élu 47ème président des Etats-Unis, face à sa rivale démocrate Kamala Harris. Au moins 277 grands électeurs greffés au parti républicain ont remporté le vote parmi les 50 Etats fédérés. La victoire présidentielle du milliardaire ne sera pas sans conséquences sur les relations transatlantiques. Les membres de l'Union européenne anticipent d'ores et déjà un modèle économique sans l'appui des Etats-Unis. Donald Trump prévoit de rehausser les droits de douane de 10% à 20%, ce qui pourrait conduire à une diminution des exportations européennes. Le retour au pouvoir de Donald Trump aura également des répercussions sur la guerre en Ukraine et au Proche-Orient. La réélection de Donald Trump constitue-t-elle une menace pour l'Union Européenne ?

Invités :

Plateau 1 :
- Christopher Weissberg, député suppléant des Français vivant aux Etats-Unis,
- Jérôme Viala-Godefroy, docteur en civilisation américaine et auteur de « Les mots de Trump » (Dalloz),
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po, ancien grand reporter,
- Cécile Coquet-Mokoko, professeure de civilisation des Etats-Unis à l'université de Versailles Saint-Quentin,
- En Skype : Richard Werly, correspondant pour « Blick », envoyé spécial aux Etats-Unis.

Plateau 2 :
- Éléonore Caroit, députée apparentée « Ensemble pour la République » des Français établis hors de France,
- Dieynaba Diop, députée socialiste des Yvelines, porte-parole du groupe,
- Guillaume Bigot, député RN du Territoire de Belfort,
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po, ancien grand reporter,
- En Skype : Roland Lescure, député « Ensemble pour la République » des Français d'Amérique du Nord, ancien ministre de l'industrie.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:06Bonsoir et bienvenue dans le Savourgarde.
00:09Les Américains ont choisi
00:11une émission spéciale ce soir consacrée
00:13à la large victoire de Donald Trump.
00:16Le milliardaire républicain tient sa revanche.
00:18On va revenir sur ce comeback historique
00:21en nombre de voix et en grands électeurs.
00:23Qui a voté pour lui ?
00:24Pourquoi le vote Trump a été sous-estimé ?
00:27Qu'est-ce qui va changer aux Etats-Unis ?
00:29On va faire des grands décryptages
00:31avec mes invités.
00:32Une élection qui va aussi changer le monde
00:35proche-Orient, Ukraine, guerre commerciale.
00:38On va analyser les conséquences du retour de Donald Trump
00:42à la Maison-Blanche pour l'Europe et pour la France.
00:45Macron-Trump, Trump-Macron,
00:47ce sera dans la 2e partie de l'émission.
00:49Voilà pour le programme. Installez-vous.
00:52Savourgarde, ça commence tout de suite.
00:54Musique rythmée
00:56...
01:05Cette fois, ils ont voté et en connaissance de cause.
01:08Plus de 71 millions d'Américains ont décidé de redonner
01:11les clés de la Maison-Blanche à Donald Trump.
01:14Sa victoire est massive, incontestable
01:16et renforcée encore par le succès de son parti au Sénat.
01:19Alors, de quoi est-elle le nom, cette victoire ?
01:22Qu'est-ce qui va se passer maintenant aux Etats-Unis ?
01:25Bonsoir, Jérôme Dialla-Godefroy.
01:27Bienvenue, docteur en civilisation américaine.
01:29Votre dernier ouvrage,
01:31les mots de Trump chez Dallas.
01:32Bonsoir, Christophe Weisberg.
01:34Bienvenue, ancien député des Français établis aux Etats-Unis.
01:38Vous êtes franco-américain, vous avez voté à cette élection.
01:41Bonsoir, Cécile Coquet-Mococo.
01:43Ravi de vous accueillir, professeur de civilisation américaine
01:46à l'université de Versailles-Saint-Quentin.
01:49Bonsoir, Vincent Hugeux, qui m'accompagne
01:52en tant qu'enseignant à Sciences Po.
01:54Nous sommes également depuis la Floride avec vous,
01:57Richard Verlis, bonsoir.
01:58Vous n'avez pas beaucoup dormi.
02:00West Palm Beach, où vous vous situez,
02:04est là où s'est exprimé le vainqueur,
02:06que l'on va écouter tout de suite,
02:08ainsi que les réactions dans le récap de Bruno Donnec.
02:11On accueille.
02:12Générique
02:14...
02:21Bonsoir, Bruno.
02:22Bonsoir, Myriam.
02:23Dans votre récap, un comeback tonitruant.
02:26Oui, et que personne, absolument personne,
02:28n'avait vu venir, car les sondeurs et la télévision américaine
02:32l'ont répété tous les jours jusqu'à hier,
02:34cette élection devait être la plus incertaine
02:38de toute l'histoire des Etats-Unis.
02:40Je suis venu jour après jour après jour
02:43vous présenter les chiffres, et la seule chose dont nous sommes sûrs,
02:47c'est que ce sera une élection historiquement serrée.
02:51Tous les scénarios étaient sur la table,
02:53tous sauf un, celui d'une large victoire de Donald Trump,
02:58un scénario qui s'est finalement concrétisé à 2h du matin.
03:11La carte des Etats-Unis s'est colorée de rouge,
03:15et Donald Trump a tout raflé.
03:17Les Etats pivots, la Caroline du Nord,
03:20la Géorgie, la Pennsylvanie, le Wisconsin,
03:23ceux qui lui avaient manqué il y a 4 ans,
03:25mais également le vote populaire et même celui des minorités.
03:30Je suis une femme noire américaine
03:32et je ne vote pas pour Kamala Harris.
03:34Et voilà comment les Républicains et Donald Trump
03:37ont donc dansé toute la nuit.
03:39Alors, comment peut-on expliquer un si large succès ?
03:43Les raisons de la victoire de Donald Trump
03:45sont nombreuses, Myriam,
03:47mais on peut en faire émerger 3.
03:49La première, c'est l'immigration.
03:51Donald Trump a décidé, contre l'avis de ses conseillers,
03:55d'en faire la priorité numéro 1 de sa campagne.
03:58Il a donc parlé des immigrés matin, midi et soir.
04:05Normalement...
04:07Dès le premier jour, je ferme la frontière.
04:11Et ensuite, on expulse,
04:14on expulse, on expulse.
04:17La deuxième raison, maintenant,
04:19tient à la concurrente de Donald Trump, Kamala Harris,
04:22qui n'a eu que 100 petits jours pour faire campagne
04:25et qui n'a jamais trouvé les bons arguments.
04:28Elle s'est hortée aussi à ce que les Américains appellent
04:31le gender gap, où l'on comprend que le fait d'être une femme
04:34est encore un problème.
04:36Le président Trump, le futur président Trump,
04:40a surperformé dans les zones urbaines,
04:42particulièrement chez les hommes,
04:44ce qui prouve bien que la stratégie
04:46des trois derniers mois a vraiment fonctionné
04:50et l'a ramenée à la Maison-Blanche.
04:52Enfin, la troisième explication, c'est la capacité de Donald Trump
04:57à promettre des solutions extrêmement simples
05:00à des problèmes infiniment complexes.
05:02J'ai retenu, notamment, cette petite punchline
05:05diablement efficace et qu'on aurait cru
05:07sortie d'un slogan pour de la glue.
05:09Je vais réparer ça, on va réparer ça très rapidement.
05:14Voilà, Donald Trump va tout réparer,
05:16tout en quelques instants,
05:18y compris la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien.
05:22Dans un monde qui fait peur, les Américains ont donc choisi
05:25de voter pour celui qui les rassure le plus.
05:28On notera tout de même, Myriam, un petit paradoxe.
05:31Ce personnage rassurant a été inculpé de complot
05:35contre son propre pays, il y a quatre ans,
05:37après l'assaut du Capitole.
05:39Merci.
05:40Merci beaucoup, Bruno Donnet.
05:41On va recevoir Richard Verly pour commencer,
05:44puisque vous avez passé la soirée électorale,
05:47pas loin de Donald Trump, du nouveau président américain.
05:50Qu'est-ce que vous retenez de l'atmosphère des supporters,
05:54des réactions, du discours du nouveau président ?
05:57En ce qui concerne les supporters, très franchement,
06:00hier, c'était une liesse tout à fait calme.
06:03Ils étaient assez nombreux,
06:04pas aussi nombreux qu'on aurait pu le penser,
06:07preuve qu'eux-mêmes ne s'attendaient peut-être pas
06:10à une victoire aussi massive.
06:11Mais quand ils sont sortis du palais des congrès
06:14où Donald Trump est intervenu vers 2h30 du matin,
06:16c'était un discours, au fond, de réconciliation.
06:19Nous avons gagné.
06:20D'ailleurs, nous aurions dû gagner en 2020.
06:23C'est ce qu'il n'arrête pas de répéter.
06:25Ce matin, un trumpiste m'a dit cela.
06:27On aurait dû gagner en 2020.
06:29On nous a, à l'époque, volé la victoire.
06:31Voilà la victoire qu'on attendait, c'est la victoire de l'Amérique.
06:35Et comme Bruno vient de le dire, Donald Trump va réparer tout ça.
06:38Ensuite, le deuxième élément, c'est Donald Trump lui-même,
06:41un discours qui était quand même apaisant.
06:44Peu d'insultes, comparé à la moyenne de ses meetings.
06:47Il a mis en valeur qui ? Elon Musk.
06:49Elon Musk, qui devient un petit peu le mécanicien en chef
06:52de ce mandat de Donald Trump.
06:54Au fond, Donald Trump, c'est la politique.
06:56Ce sera lui qui va mener les affaires.
06:58Elon Musk, il aura la charge de proposer les solutions,
07:01de projeter l'Amérique dans l'avenir.
07:03Auprès des supporters de Trump, Elon Musk, ça marche à fond.
07:08Merci beaucoup, Richard.
07:09On s'interroge déjà ce soir sur la place qu'aura Elon Musk
07:12dans cette nouvelle administration,
07:15conseiller spécial, vice-président.
07:17Tout est possible.
07:18Jérôme Biala-Godefroy, je veux comprendre ce qui s'est passé.
07:21Tous les instituts nous disaient que ça allait être serré.
07:25Il a été sous-estimé, alors que pourtant tous les instituts
07:28tiennent compte de ça et, normalement,
07:30surestiment leur sondage.
07:32Est-ce qu'il y a un vote caché Trump que personne n'a vu ?
07:35On parle souvent de ça.
07:36Il faut faire attention entre les titres,
07:39ce qui a été utilisé des sondages et ce que disaient les sondages.
07:42Les sondages montraient que c'était dans la marge d'erreur,
07:46toujours de 3 à 4 points.
07:47On était, en fait, dans cette marge d'erreur.
07:50A partir du moment où vous avez plus 1 ou moins 1,
07:52ça semble serré...
07:54Il y a plus de 5 millions de voix d'écart.
07:56Il est majoritaire en voix dans tout le pays.
07:58Oui, mais il va falloir voir aussi, et c'est ça qui va être intéressant,
08:02le taux de participation.
08:04C'est un taux de participation qui tente à montrer
08:07qu'ils doivent être confirmés,
08:08mais qui montre que les démocrates ont moins voté.
08:11Il faut voir que Joe Biden avait plus de 80 millions de votes
08:15en 2020. Là, on en est loin.
08:16On attend d'avoir l'ensemble des Etats,
08:18puisqu'il en manque encore deux.
08:20Il y a peu de chances que Kamala Harris arrive à ce niveau-là.
08:24Et Donald Trump, lui, avait eu 74 millions de votes.
08:27Donc, il va falloir voir exactement
08:29si c'est ce taux de participation,
08:31parce qu'on parlait tout à l'heure, très justement,
08:34des milieux urbains, notamment.
08:36On voit effectivement une progression.
08:38À Détroit, par exemple, plus 9 points.
08:40Capitale du Michigan, grande ville industrielle.
08:43Exactement, grande ville industrielle.
08:4530 % qui avaient voté Trump en 2020, 39 % aujourd'hui.
08:48La même chose à Philadelphie, il y a une progression,
08:51mais ça peut être dû aussi à moins de participation
08:54de la part des démocrates.
08:55Donc, il a su mobiliser au-delà de sa base,
08:58et elle n'a pas su mobiliser.
08:59C'est un petit peu ça, les éléments...
09:02Il a su mobiliser, en partie, peut-être même pas autant
09:05qu'en 2020, mais il semble qu'il y a eu un déficit
09:07du côté Harris, et il faudra encore vraiment confirmer ça
09:10dans les prochains jours.
09:12Christopher Weisberg, ce qui frappe,
09:14c'est qu'on a l'impression d'un vote pour Trump.
09:17C'est pas un vote contre Kamala Harris.
09:20C'est une victoire large et une victoire populaire.
09:23Il y a un désir de Trump aux Etats-Unis.
09:26Qui veut Trump et pourquoi, précisément ?
09:28Alors, moi, j'ai essayé de comprendre,
09:30depuis des mois, parce qu'il y a un décalage,
09:33entre ce qu'on vit en Europe et ce qui se passe là-bas.
09:36Pour moi, une des raisons,
09:38c'est un vote libertarien autoritaire.
09:40Vous avez parlé d'Elon Musk.
09:42Ce que j'ai vu, c'est un revers de bataille
09:46de ce qui s'est passé en 2020,
09:47quand Biden a gagné sur le Covid.
09:50J'ai vu énormément d'Américains m'expliquer
09:52qu'ils avaient quitté la Californie,
09:54qu'ils avaient quitté New York pour aller en Floride,
09:57pour aller dans des Etats où il y avait eu très peu de règles
10:00pendant le Covid.
10:02-"Des Etats républicains".
10:03Il y a une sécession interne ?
10:05-"Des Etats où il y avait eu très peu de restrictions
10:08au moment du Covid."
10:09Et ce que je vois, c'est une fascination
10:12pour l'Etat pratiquement absent.
10:14C'est pour ça que je parle de libertariens autoritaires.
10:18Il y a une coalition.
10:19Je pense aussi, ma deuxième explication,
10:21c'est qu'au fond, l'Amérique a changé.
10:23Je pense qu'on est à peu près au même niveau
10:26que la révolution néolibérale de Reagan dans les années 80.
10:30Et au fond, je crois qu'elle est aussi alimentée
10:33par un autre rapport à l'immigration,
10:36des immigrés qui ont influé pendant des années.
10:38Vous savez, ma famille est américaine,
10:40elle vient d'Europe de l'Est,
10:43elle était très, à New York et dans ces régions-là,
10:46très imbibée d'Europe.
10:47Aujourd'hui, je pense qu'il y a un nouveau rapport à l'étranger,
10:51notamment à l'Amérique du Sud, à l'Amérique latine.
10:54Il y a un rapport aux personnages autoritaires qui plaît.
10:57Et cette obsession, par exemple, du communisme,
11:00il parle systématiquement de communisme,
11:02qui est en décalage avec la réalité du monde.
11:04L'Europe est plus communiste.
11:06Mais le Vénézuéla, Cuba,
11:08sont des éléments de détestation
11:11qui marchent très fort par rapport à ces électorats-là.
11:15Cécile Coquemococo, l'idée qui se dégage,
11:18c'est qu'au fond, c'est presque plus l'homme,
11:21ce qui l'incarne, malgré ses outrances,
11:24sa vulgarité, parfois même la confusion dans ses propos,
11:27c'est cette autorité,
11:29je reprends le contrôle, qui l'incarne,
11:31qui explique les choses, plus que l'économie,
11:34parce qu'on entend aussi beaucoup
11:36le rêve américain, le Nouvel Âge d'or,
11:38tout sera mieux à l'avenir.
11:40Autant immigration, autorité qu'économie ?
11:42Moi, je dirais surtout économie.
11:45C'est vraiment...
11:46Je pense que les électeurs américains
11:48ont été tellement bombardés de messages contradictoires
11:51que finalement, toutes les paroles se valent
11:54et que, finalement, là où ils retombent
11:56sur quelque chose de concret et de vérifiable,
11:58c'est vraiment ce qui est sur la table de la cuisine
12:01quand on fait les comptes et quand ils leur demandent
12:04au début de chaque meeting,
12:06est-ce que vous êtes mieux aujourd'hui
12:08financièrement, économiquement,
12:10qu'à l'époque où j'étais président ?
12:12Ils sont obligés de dire non,
12:14parce qu'effectivement, il y a l'inflation
12:16et on retrouve le fameux slogan de Bill Clinton,
12:20donc c'est vraiment des questions...
12:23Une inflation qui, paradoxalement,
12:25a été très bien maîtrisée, finalement, par Joe Biden,
12:28mais ça, ça ne se perçoit pas.
12:30Oui, mais même lorsque le taux d'inflation
12:33est réduit, les prix continuent quand même à augmenter.
12:37Ils augmentent moins, mais ça continue à augmenter.
12:39Donc, le prix de la douzaine d'oeufs,
12:42le prix du paquet de céréales, c'est ça qui dit la vérité
12:45pour les électeurs.
12:46Si on regarde les différentes statistiques
12:48qu'on nous a abreuvées depuis les petites heures du matin,
12:51on voit qu'il y a 10 % d'électeurs qui n'aimaient ni l'un ni l'autre
12:55et qui ont voté Trump parce qu'il leur projetait
12:58cette image de solidité, et il y a aussi
13:00la très grande difficulté de Kamala Harris
13:03à se départir de l'héritage de Biden.
13:06On va y venir à l'anatomie d'un échec pour Harris.
13:09Votre lecture, Vincent Eugeux, vous étiez ici hier.
13:12Il faut le reconnaître, on s'est trompés, tous trompés.
13:15Vous voyez une fébrilité dans le camp Trump.
13:18Il a réussi à élargir,
13:21au-delà de son propre camp, véritablement,
13:24qui a voté. On parle beaucoup du gender gap,
13:27on parle du vote des Noirs s'il existe,
13:30on parle des Hispaniques, également.
13:33Quand les Afro-Américains, notamment masculins,
13:37votent pour un suprémaciste blanc,
13:39quand les Latinos votent pour un raciste,
13:41quand les femmes votent pour un prédateur sexuel,
13:44quand les chrétiens votent pour un drôle de pèlerin
13:46qui détine les valeurs christiques allègrement,
13:49quand d'honnêtes travailleurs votent pour un escroc parvenu,
13:52quand les pauvres votent pour un richissime
13:55et quand des démocrates, au sens où on l'entend ici,
13:59votent pour un poutchiste inculpé,
14:01on le rappelait, de complot contre son pays,
14:04on doit se poser la question au-delà de l'animal politique,
14:07de l'instinct qui est le sien.
14:09J'en viens à me demander si les outrances
14:11qu'on a d'ailleurs décryptées sur ce plateau comme sur d'autres
14:14n'étaient pas au fond instrumentales,
14:17qu'elles n'avaient pas pour vocation
14:19de faire en sorte qu'il imprime le tempo.
14:21Tout a toujours tourné autour de lui.
14:23Les slogans des démocrates n'ont jamais vraiment imprimé,
14:26alors que maga, tout le monde sait ce que c'est.
14:29Et donc, en réalité,
14:30même si c'était conforme à ses propres fantasmes,
14:33je pense qu'il a compris, peut-être mieux que son entourage,
14:37dont on a senti sur la fin qu'il était un peu embarrassé
14:40par ces franchissements de lignes rouges perpétuelles,
14:43lui avait compris que la vertu,
14:45c'était d'abord de mettre en évidence ce vérilisme,
14:49qui a l'évidence recueille un écho indéniable aux Etats-Unis,
14:53et aussi d'être celui autour duquel tout tourne.
14:57Celui qui fait la campagne, en général, emporte.
15:00C'est la dynamique autour de la campagne
15:02qui fait la victoire.
15:03Un mot sur Elon Musk,
15:05parce qu'il y en a un autre à qui il peut dire merci,
15:07il l'a fait publiquement.
15:09C'est celui qui a 200 millions de followers,
15:11dont l'action Tesla fait plus de 10 % aujourd'hui,
15:14c'est Elon Musk.
15:15Il a même regardé la soirée électorale
15:18avec le journaliste d'extrême-droite Tucker Carlson
15:21depuis la villa de Mar-a-Lago de Donald Trump,
15:24et il a eu ce tweet qui, moi, je trouve,
15:27mérite l'attention depuis son réseau social X.
15:30Il écrit,
15:31« You are the media.
15:32Il n'y a plus d'information.
15:34Vous, le peuple qui a voté Trump,
15:36vous êtes l'information. »
15:38On a basculé dans autre chose, là, complet.
15:41Déjà, on était...
15:43Si on regarde Donald Trump, quand il a été élu en 2016,
15:46dans son discours d'investiture, c'était,
15:48« Vous, le peuple oublié ».
15:50Il parlait de son peuple à lui, qui était le peuple américain.
15:53Il n'était pas considéré comme faisant partie du peuple.
15:56Je voudrais rebondir sur ce que vous avez dit,
15:59même sur l'économie, c'est intéressant,
16:01parce que Trump, c'est un produit,
16:03et en fait, il incarne plein de choses,
16:06notamment grâce à son émission d'Apprentice,
16:08il a incarné le businessman qui réussit,
16:11et c'est totalement divorcé de la réalité.
16:13Il avait des gros soucis avec ses business,
16:17mais il faut voir qu'il est très bon pour ça.
16:20Par exemple, pendant le Covid,
16:22quand le Congrès votait une aide donnée
16:26aux Américains,
16:27qui est une certaine catégorie de la population,
16:30le Congrès vote cette aide,
16:32mais Donald Trump émet des chèques avec son nom dessus.
16:35Les gens disent, « Donald Trump nous a aidés ».
16:38Il est très fort là-dessus.
16:40Il incarne cette richesse, et alors,
16:42je pense que certains aiment, en fait,
16:44ces transgressions, parce que c'est aussi
16:47ce qu'on appelle parfois la politique du doigt d'honneur,
16:50et ça plaît par rapport à une élite,
16:52par rapport à la bien-pensance, et plus ça choque, mieux c'est.
16:55Il y a une Amérique d'en bas,
16:57qui s'en déconnecte par rapport aux élites de Kamala Harris.
17:01Et puis, il y a d'autres qui votent aussi,
17:03mais qui ne le prennent pas tellement au sérieux,
17:06parce que c'est un chômane, et c'est pas très grave,
17:09c'est du Trump.
17:10Un mot, Richard Verly, et ensuite Kamala Harris,
17:13sur le poids de la religion.
17:14C'était frappant de voir que dans chaque meeting,
17:17il y a un homme d'église, un prêtre,
17:19qui fait une sorte de serment, on sait le poids des évangélistes.
17:23Il y a une forme de sauveur en la personne de Donald Trump.
17:26La référence à Dieu est partout.
17:28C'est pas une forme de sauveur.
17:30Pour ces partisans, il est le sauveur de leur Amérique.
17:33C'est l'expression qu'ils utilisent.
17:36Juste à la sortie du palais des congrès,
17:38alors qu'ils parlaient,
17:39il y avait des militants qui distribuaient des petites cartes
17:43où vous voyez Donald Trump avec derrière lui Jésus,
17:46lui posant la main sur l'épaule.
17:48C'est la vision qu'ils ont de quelqu'un
17:50qui est venu pour sauver ce pays.
17:52Il faut dire que Donald Trump alimente tout ça.
17:55Pas par son comportement personnel, qui n'a rien de chrétien,
17:58mais par les phrases qu'il emploie, par les mots qu'il emploie.
18:01Il dit toujours qu'il va sauver l'Amérique,
18:03qu'il va la transformer.
18:05En quelque sorte, si vous l'écoutez,
18:07il a des pouvoirs divins, il a des pouvoirs surnaturels,
18:10puisqu'il va tout faire en un mandat, il va tout réparer,
18:13il va faire de l'Amérique, il va la ramener à son âge doré.
18:17Au-delà de la rationalité.
18:18Merci beaucoup, Richard Verly.
18:20Et Kamala Harris, qu'est-ce qu'elle paye ?
18:23Beaucoup voient la trace d'une erreur répétée,
18:25la même campagne segmentée, minorité par minorité,
18:28dit Larry Kenton.
18:29Il y a un problème de coalition au niveau des démocrates.
18:32Il y a eu leur coalition historique,
18:35qui était à la fois la classe ouvrière dans la Rust Belt
18:38et l'immigration, qui, pendant des années,
18:41j'ai entendu des Américains qui disaient,
18:43même le Texas, un jour, va virer démocrate,
18:45parce que c'est le cours de l'histoire,
18:48ce sont des Américains qui viennent d'arriver
18:50et vont épouser les thèses des démocrates.
18:52Ca n'est pas arrivé. On regarde,
18:54et je suis d'accord avec vous,
18:56on n'a pas encore de vrais échantillons,
18:58mais ce qu'on voit et qui est très troublant,
19:00c'est que, pour les segments,
19:02il est en augmentation par rapport à 2016.
19:04C'est un ras-de-marée. Ensuite, moi, je trouve...
19:07Sur Harris, vraiment.
19:09Harris, qui rassemble les stars hollywoodiennes.
19:11On est déjà en train de faire le procès
19:13d'une campagne trop woke.
19:15C'est pas vrai, je suis désolé.
19:17Elle a pas fait une campagne woke,
19:19elle a fait une campagne positive.
19:21Elle a essayé de faire une campagne à Barack Obama,
19:23qui n'a jamais pris, parce qu'il sature
19:26tellement l'espace médiatique
19:27que c'est impossible de changer de rythme.
19:30Je me souviens que, quand elle a choisi son vice-président,
19:33j'avais été étonné qu'elle ne prenne pas un Shapiro,
19:36qui aurait pu rassurer une partie de l'électorat juif.
19:39L'électorat juif a voté de façon beaucoup plus large
19:41pour Trump que ce qu'il fait traditionnellement,
19:44puisque c'est un électorat normalement acquis aux démocrates.
19:48Peut-être que ça aurait changé,
19:49mais est-ce que ça aurait fait renverser l'élection ?
19:52Je crois pas, parce que Shapiro s'est vachement investi
19:55dans cette élection.
19:57A peu près tous les démocrates ont fait la campagne derrière Harris.
20:00Dans tous les meetings, il y avait un enthousiasme,
20:03mais l'Amérique a changé et elle était en décalage
20:06avec les aspirations du peuple américain.
20:08Le procès rétrospectif est parfois un peu injuste.
20:11Les démocrates ont perdu des électeurs depuis longtemps.
20:14Qu'est-ce qui va se passer aux Etats-Unis ?
20:16Nous allons tout réparer, répète Donald Trump.
20:19Immigration, économie, IVG, climat, à quoi peut-on s'attendre ?
20:22C'est un sujet signé de Stéphanie Despierre.
20:25C'est le coeur du programme de Donald Trump, l'immigration.
20:29Comme en 2016, le milliardaire a fait campagne sur ce thème.
20:33Après la construction du mur à la frontière mexicaine,
20:36il veut aller encore plus loin.
20:38-"Dès que j'aurai prêté serment,
20:40je lancerai le plus vaste programme d'expulsion
20:43de l'histoire des Etats-Unis."
20:44Autre cheval de bataille du nouveau président américain,
20:48la baisse des impôts dans la droite ligne
20:51de ce qu'il a amorcé durant son premier mandat.
20:54-"Mon plan prévoit une réduction massive des impôts
20:56pour les travailleurs et les petites entreprises.
20:59Il n'y aura pas d'impôts sur les pourboires,
21:02pas d'impôts sur les heures supplémentaires."
21:04Sur l'avortement, ces positions sont plus ambiguës.
21:07Donald Trump est fier d'avoir remis la question
21:10entre les mains de chaque Etat américain,
21:12mais il estime que certains sont allés trop loin.
21:15Une vingtaine ont fortement restreint ce droit.
21:18Pas d'ambiguïté, en revanche, sur le climat.
21:21Alors que les Etats-Unis sont le deuxième émetteur de gaz
21:24à effet de serre au monde, il remet en cause
21:27les subventions aux énergies renouvelables
21:29en misant tout sur le pétrole et l'eau-gaz.
21:32-"Nous allons forer, chérie, forer à tout vape."
21:35Avec sa large victoire et la majorité républicaine au Sénat,
21:39à la Cour suprême, Donald Trump aura les mains libres
21:42pour appliquer son programme.
21:44-"Les mains libres et entièrement libres",
21:46c'est Cécile Kokemokoko.
21:48S'il gagne la Chambre des représentants,
21:50Donald Trump a tous les pouvoirs.
21:52-"Effectivement", c'est le mot qu'il a prononcé
21:55pour annoncer sa victoire.
21:58C'est ce concept de mandate qu'utilisait aussi Nixon
22:01et qu'on pourrait traduire en français
22:04par la carte blanche que lui a donnée le peuple américain.
22:08Et effectivement, avec, en plus, une Cour suprême
22:11où il va pouvoir éventuellement continuer à nommer
22:14de nouveaux juges, il n'y a pas vraiment de contre-pouvoir.
22:17On en est, du côté démocrate, à espérer,
22:19maintenant, utiliser la règle des 60 %
22:22pour arriver à bloquer de la législation,
22:24ce qui est d'une suprême ironie.
22:26-"Rappelez-nous la règle ?"
22:28C'est-à-dire que pour discuter de certains projets de loi,
22:31il faut que 60 % du Sénat donne son accord.
22:34-"Ils ont été qualifiés."
22:36Et c'était exactement l'arme nucléaire,
22:38soi-disant, qui était utilisée par les Républicains
22:41et qui était dénoncée à haut cri par les démocrates.
22:44Il va y avoir des nominations, il a tous les pouvoirs.
22:47La Cour suprême, évidemment, est à sa main.
22:50Le Sénat sur le budget, ça, c'est fondamental aussi.
22:54On est partis sur un monde, selon Trump.
22:56-"Tous les pouvoirs", oui, sans doute,
22:59mais à l'échelon fédéral.
23:01Or, le pouvoir institutionnel, aux Etats-Unis,
23:04est construit sur un modèle, justement, décentralisé.
23:09Il n'y aura pas tous les pouvoirs,
23:11parce que vous avez des centres de décision
23:14qui se trouvent à l'échelle des Etats.
23:16Il y aura sans doute, dans les Etats démocrates,
23:19des capacités de résistance par rapport à ces décisions.
23:22Le vrai risque, effectivement, c'est qu'il soit en roue libre
23:25et qu'il considère, en tout cas, vu de Washington,
23:29que rien ne doit entraver sa marche en avant.
23:32Je souligne juste deux petits points
23:34par rapport, précisément, à ces obsessions programmatiques.
23:37Sur l'immigration, n'oublions pas aussi
23:40que ce dossier fut délégué par Joe Biden à Kamala Harris,
23:43un peu un os arrongé pour la vice-présidente,
23:46un os d'ailleurs assez amer,
23:47et qu'elle n'a pas réussi là où n'importe qui aurait voulu échouer.
23:51C'est le talon d'acide du bilan Biden.
23:53Sur les taxes, n'oublions pas aussi
23:55qu'il y a, dans l'histoire politique américaine,
23:58une très profonde défiance sur tout ce qui relève de cet Etat
24:02qui vient se mêler de nos aventures personnelles,
24:05commerciales, etc.,
24:07et qui vient, en quelque sorte, sucer le sang de notre énergie.
24:11Ca, évidemment, ça a eu un écho considérable.
24:13Donc, moi, si vous voulez, dernier point,
24:16alors, franchement, sur les démocrates,
24:18on va pas céder à la tentation de la lucidité rétrospective,
24:21mais indépendamment des réserves qui existaient
24:24chez les barons démocrates canadiens historiques au début,
24:28par rapport à l'équation personnelle de Kamala Harris,
24:31je ne suis pas certain que faire monter sur scène,
24:33meeting après meeting, Beyoncé, Lady Gaga et Oprah Winfrey
24:37ait beaucoup troublé le socle électoral de Donald Trump.
24:40Il y a deux Amériques, ce soir, quand même,
24:42qui se font face et qui ne se parlent plus, en gros.
24:46Comment elles peuvent cohabiter, concrètement ?
24:49Il a des pouvoirs, les Etats fédéraux ont des pouvoirs.
24:52Comment ça peut marcher ensemble ?
24:54Et est-ce qu'il faut redouter une confrontation de la violence ?
24:58Il faudra voir quand il y aura les premières mesures.
25:01On parlait justement des Etats par rapport aux fédérales
25:04et on va avoir ce problème-là, par exemple,
25:06pour l'arrestation des immigrés illégaux,
25:09où il va falloir que ce soit aussi les autorités de l'Etat.
25:12Il y a non seulement les Etats, mais il y a les villes.
25:15Il y a eu des villes sanctuaires.
25:17Ca veut dire qu'ils doivent se coordonner
25:19pour mettre en place sa politique d'expulsion.
25:22Les Etats fédéraux doivent jouer le jeu.
25:24Il est probable qu'un certain nombre d'Etats
25:27et de villes veuillent résister.
25:28Certains le font déjà.
25:30Le Texas est acquis, le Républiquen, le Rio Grande,
25:33c'est déjà entièrement fait avec les Mexicains.
25:35En Californie, par exemple,
25:37il pourrait y avoir de la résistance
25:39et à ce moment-là, on aura une lutte de pouvoir.
25:42On pourrait se retrouver un petit peu
25:44dans ce qui se passait dans les années 60
25:46au moment des droits civiques.
25:48Donc, jusqu'où ça va aller ?
25:50Et là, on pourrait avoir, effectivement,
25:52de la possible violence et en plus,
25:54on voit que là, le discours de victoire de Donald Trump,
25:57il est moins violent et du coup, il vient de gagner,
26:00il a fait le grand chelem, mais ce qu'il faut voir
26:03avec Donald Trump, c'est dès qu'il est mis en difficulté,
26:06dès qu'il y a une contrainte,
26:08dès qu'on l'empêche de faire quelque chose,
26:10il devient très radical très vite.
26:12C'est ça qui risque de se passer.
26:14Il va falloir voir.
26:15Comment vous voyez cette administration,
26:18ses premiers pas, l'investiture, c'est le 20 janvier.
26:21Sur les affaires judiciaires, il y a une immunité complète
26:24ou il peut encore être inquiété ?
26:26Il y a une échéance.
26:27Je voudrais juste revenir sur cette question des Etats
26:30parce que c'est vraiment fondamental.
26:33Typiquement,
26:34le revirement de la jurisprudence sur l'abortion,
26:37Roe versus Wade,
26:38c'est que maintenant, ce sont les Etats
26:40et le danger qui se passe aujourd'hui,
26:42c'est qu'il y a des Etats qui fondent l'avortement
26:45qui se retrouvent avec un afflux de femmes
26:48qui doivent se faire avorter
26:49et ça va être toute la difficulté du pays.
26:52Sur l'immigration, sur l'avortement,
26:54il va y avoir des Etats qui vont devoir prendre sur eux
26:57par rapport à leur politique dans leur Etat
26:59et ça, ça crée toujours un vrai problème
27:02de coordination des politiques publiques.
27:04Il peut y avoir des déplacements de population
27:07des Américains qui ne veulent plus vivre dans tel ou tel Etat.
27:10Ca se passe déjà, c'est ça qui est en train de se mettre.
27:13Ca ressemble un peu à de la sécession.
27:15Les villes récupèrent des bus qui sont envoyés
27:18par le gouverneur Abbott du Texas et qu'il les envoie à New York.
27:21De la même manière, certains Etats pourraient
27:24emboîter le pas d'autres sur l'avortement.
27:26Il y en a une vingtaine qui font des restrictions.
27:29C'est pour ça que j'ai parlé d'un mouvement
27:31que j'appelle...
27:35Comment je disais ?
27:36-"Libertariens autoritaires".
27:38Il y a eu pas mal de référendums à l'échelon local
27:41qui ont renvoyé et qui ont mis dans la Constitution
27:44le droit à l'avortement, à part la Floride,
27:46qui a voté contre.
27:47Vous vous retrouvez avec un décalage.
27:49Sur les questions sociétales, sur le cannabis,
27:52sur l'avortement, les Américains, aujourd'hui,
27:55sont très liberals, mais sur d'autres questions,
27:57ils sont extrêmement conservateurs, plutôt libertariens.
28:01Un mot sur les noms qui circulent, pour terminer,
28:03pour proposer l'équipe.
28:05Elon Musk, qui, à mon sens,
28:08est un plus grand danger pour la démocratie
28:11que Trump lui-même,
28:12regarde justement de ses obsessions libertariennes,
28:16sans frein ni limite.
28:18Je le vois assez mal, lui, qui déteste aussi l'Etat,
28:22l'Etat qui entrave la création et le génie qui est le sien.
28:25Je le vois mal endosser un costume de ministre,
28:29prendre un Marocain,
28:31je le vois plutôt dans The Man Behind the Throne,
28:33le gars qui est derrière le trône
28:35et qui donne des conseils, un conseiller spécial.
28:38Un autre personnage qui m'inquiète infiniment,
28:41c'est Robert Kennedy Junior,
28:43dont on me dit qu'il pourrait être hérité
28:45du portefeuille de la santé.
28:47-"Conspirationniste", s'il en est.
28:49-"Conspirationniste impénitent".
28:51-"Antivax". -"Antivax frénétique".
28:53Totalement irrationnel.
28:55Et là, vous auriez deux, en quelque sorte,
28:58leviers du conspirationnisme, du complotisme sans limite.
29:03-"Dernière question pour conclure, Cécile Kokemokoko.
29:06Est-ce que la démocratie américaine,
29:08elle a parlé, elle a aussi des garde-fous,
29:11c'est les fameux check and balances de l'américaine,
29:14tout ça va continuer à fonctionner ?
29:16-"Justement, plus tellement.
29:17C'est pour ça que les démocrates
29:19ont envisagé cette option nucléaire,
29:21la majorité qualifiée pour discuter d'un projet de loi,
29:24même pas pour le voter.
29:25-"Merci beaucoup. J'espère que vous reviendrez.
29:28J'ai appris beaucoup de choses.
29:30Merci, parce que la présidence Trump ne fait que commencer.
29:33Je vous garde avec moi, Vincent Hugeux,
29:35pour évoquer avec de nouveaux invités
29:37les conséquences de l'élection américaine
29:40pour l'Europe et pour la France.
29:41Guerre commerciale, Ukraine, Proche-Orient,
29:44le monde, selon Trump.
29:45C'est Dario Borgogno qui signe ce sujet.
29:48Lors de sa campagne, Donald Trump a multiplié les promesses
29:52sur sa politique internationale,
29:54en commençant par une quasi-déclaration
29:56de guerre commerciale à l'Europe.
29:58Le milliardaire envisage une loi
30:00sur la réciprocité des échanges commerciaux,
30:02un retour d'une politique protectionniste
30:05avec une hausse de 10 % des droits de douane
30:07sur les produits importés.
30:08J'ai dit que le mot le plus beau
30:10dans l'intégralité du dictionnaire
30:13est le mot tarif.
30:16J'aime le tarif.
30:17Donald Trump en veut aussi aux pays européens
30:19pour le financement de l'OTAN.
30:21Selon lui, les Etats-Unis sont les seuls
30:23à respecter leur engagement budgétaire.
30:25Il a menacé plusieurs fois de quitter l'organisation
30:28ou de ne plus automatiquement soutenir les pays
30:31ne suivant pas les règles de participation financière.
30:34Un des présidents d'un gros pays s'est levé et a dit
30:36« Si on ne paie pas et qu'on est attaqué par la Russie,
30:39est-ce que vous nous protégerez ? »
30:41J'ai répondu non, je ne vous protégerai pas.
30:44Je les encouragerai à vous faire ce qu'ils veulent.
30:46Payez vos factures.
30:48Président pro-Poutine, pro-Netanyahou,
30:52qui promet la paix à sa façon.
30:54Je terminerai cette guerre en Ukraine
30:56qui ne se serait jamais produite si j'avais été président.
31:00J'arrêterai le chaos au Moyen-Orient
31:02et j'empêcherai la Troisième Guerre mondiale de se produire.
31:05Le monde vivra dans les prochains mois
31:07dans l'attente des actions parfois imprévisibles
31:10du 47e président des Etats-Unis.
31:13Trois députés à l'Assemblée m'ont rejoint sur ce plateau.
31:16Eleonore Carroa, bonsoir.
31:18Merci d'être là, députée apparentée ensemble pour La République.
31:21C'est le groupe macroniste.
31:23Vous êtes députée des Français établis en Amérique du Sud
31:26et en Amérique latine.
31:28Bonsoir, Dienaba Diop.
31:30Pardonnez-moi.
31:31Vous êtes députée socialiste des Yvelines
31:34et porte-parole du groupe PS à l'Assemblée.
31:36Bonsoir, Guillaume Bigot.
31:38Bienvenue, député Rassemblement national du territoire de Belfort.
31:41Merci à vous, Vincent Eugeu, d'être resté avec moi.
31:44Nous sommes en duplex de New York, ce soir,
31:46avec un autre député, Roland Lescure.
31:48Bonsoir, ancien ministre et vice-président
31:51de l'Assemblée nationale.
31:52Je vais commencer avec vous.
31:54La victoire de Donald Trump intervient dans un moment
31:57d'extrême tension et de guerre dans le monde,
31:59comme on n'en a pas connu depuis très longtemps.
32:02Est-ce que vous êtes inquiet, ce soir,
32:04et est-ce que l'Union européenne est la principale perdante
32:08de cette élection ?
32:09Bonsoir, merci de votre invitation.
32:11Est-ce que je suis inquiet ? Oui.
32:13C'est une victoire sans appel de la part de Donald Trump,
32:17qui a remporté le vote populaire, le Congrès, très probablement,
32:21le Sénat, il a la Cour suprême,
32:23et donc c'est les mains libres qu'il prendra le pouvoir
32:26début janvier, et les mains libres pour faire ce qu'il a annoncé
32:29qu'il ferait, et en premier lieu, sans doute,
32:32une opération commerciale beaucoup plus dure
32:34avec son allié historique européen, mais qu'il l'est de moins en moins,
32:38et de laquelle on risque d'avoir des impacts très concrets,
32:41pour les Français d'ici, qui travaillent
32:43pour des entreprises françaises présentes ici,
32:46qui exportent du vin, notamment,
32:48et qui avaient déjà été affectés dans le premier mandat,
32:51et pour les employés qui travaillent en France
32:53pour des entreprises exportées aux Etats-Unis.
32:56Est-ce qu'il est temps de sortir de la naïveté
32:58et de répondre oeil pour oeil, dent pour dent,
33:01avec du protectionnisme au niveau européen,
33:03en taxant massivement les produits américains ?
33:06Il y a depuis 4 ans, avec notamment une réponse européenne
33:09à l'Inflation Reduction Act, l'IRA,
33:11mais il faut le faire de manière beaucoup plus ambitieuse,
33:14de manière beaucoup plus rassemblée,
33:16et vous venez de le dire, oeil pour oeil,
33:18il faut répondre très vite quand on a une agression,
33:21parce que c'est comme ça que ça s'appelle,
33:24quand on met en place des tarifs unilatéraux,
33:26en répondant vraiment au cas par cas.
33:29On verra si c'est le cas.
33:31Il y a un sommet européen important à Budapest, en Hongrie, demain.
33:34On parle de réveil de l'Europe,
33:36mais il y a aussi beaucoup de divisions.
33:38Dernière question, sur l'Ukraine.
33:40Si Donald Trump négocie avec Poutine une paix favorable
33:44à l'envahisseur, est-ce que l'Europe aura les moyens
33:46d'empêcher ça ?
33:48On n'aura pas le choix.
33:50Je pense qu'il faut qu'on soit au niveau de l'histoire.
33:53L'Europe, aujourd'hui, fait face à un choix historique,
33:56se rassembler, parler d'une seule voix
33:59et être au rendez-vous des moyens,
34:01ou, finalement, démissionner
34:03et laisser Poutine l'emporter en Ukraine.
34:06Je ne pense pas que Donald Trump fera ce qu'il a dit,
34:09qu'en 24 heures, on donne les clés de l'Ukraine à la Russie.
34:12Mais ce qui est vrai, c'est que le soutien américain
34:15de l'Ukraine va aller en s'étiolant.
34:17Il faudra que l'Union européenne réponde à ce défi
34:21en étant ambitieuse, en étant forte
34:24et en étant, évidemment, aux côtés de l'Ukraine,
34:26qui est aux portes de l'Europe.
34:28Nous sommes les premiers concernés,
34:30on doit être les premiers en soutien de l'Ukraine.
34:32L'Ukraine n'est pas aidée,
34:34c'est la sécurité de l'Europe qui est en jeu.
34:36Merci, monsieur l'ancien ministre de l'Industrie,
34:39et bon retour à Paris.
34:41Eleonore Carrois, le réveil de l'Europe,
34:43c'est ce qu'a dit Jean-Noël Barraud,
34:45ministre des Affaires étrangères.
34:47Est-ce que vous y croyez, quand on voit sa faiblesse,
34:50un Emmanuel Macron qui ne pèse plus sur la scène européenne
34:53depuis la dissolution ?
34:55Je pense que c'est difficile.
34:56On a conscience de ce scénario depuis des années.
34:59En 2016, on peut dire qu'on ne s'y attendait pas,
35:02on ne savait pas que Trump serait élu.
35:04Là, en 2024, personne ne peut dire ça.
35:06On avait un espoir,
35:07surtout depuis la candidature de Kamala Harris,
35:10mais il y avait une forte possibilité
35:12que Trump soit élu.
35:14Cela fait donc quatre ans que les Européens,
35:16mais même plus, huit ans, depuis l'élection de Donald Trump...
35:20Il est là, maintenant. On y est.
35:21On y est, mais vous avez tout à fait raison de le souligner,
35:25on a des circonstances difficiles.
35:27Les eurosceptiques ont beaucoup gagné à Bruxelles
35:29aux dernières élections européennes.
35:31Absolument, qui sont maintenant
35:33des parties identitaires, protectionnistes, eurosceptiques,
35:37qui ne montrent pas une volonté de travailler de conseil...
35:40Vous reconnaissez que, sur ce dossier ukrainien
35:42et sur le prochain riot, le rapport de force, ce soir,
35:45il a changé.
35:47Je ne pense pas qu'il ait changé,
35:49je pense qu'il était déjà compliqué.
35:51C'est un accélérateur que la victoire de Donald Trump,
35:54mais la situation était déjà complexe.
35:56Je pense que ça doit servir de sursaut, de réveil,
35:59qu'il y a beaucoup d'acteurs au sein de l'Union européenne
36:02qui ont une volonté de construire une défense européenne,
36:05et on l'a vu avec certaines décisions récentes
36:08au niveau de la Commission.
36:10Il faut l'accélérer, nous n'avons pas le choix.
36:12Guillaume Bigot, le RN n'a pas officiellement soutenu Trump
36:17dans cette campagne.
36:18Aujourd'hui qu'il est élu,
36:20est-ce que vous redoutez sa politique internationale
36:23sur le dossier de l'Ukraine, en particulier ?
36:26Non, je pense qu'on la redoute,
36:28et c'est peut-être quelque chose qui nous réunit tous,
36:31surtout sur la question commerciale,
36:33parce qu'on sait que Trump est un protectionniste,
36:36qu'il va imposer des tarifs douaniers,
36:38il l'avait déjà fait la dernière fois.
36:41Lorsqu'on avait avancé des taxes pour les GAFA,
36:43il avait immédiatement réagi en taxant à hauteur de 20 %
36:47nos alcools, donc...
36:50Voilà, ça, c'est sûr et certain.
36:52On en parlera à nouveau,
36:53je pense que vous êtes tous d'accord là-dessus.
36:56Est-ce que l'Europe doit prendre le relais ?
36:58Est-ce qu'elle doit assumer sa capacité à aider militairement ?
37:02Je vais répondre à ces questions,
37:04mais sur la menace que Trump représente
37:06par rapport au dossier ukrainien, non.
37:08Le problème, la menace que fait peser,
37:10la menace sur l'Ukraine, c'est Poutine,
37:13c'est pas Donald Trump, en vérité.
37:15Et là, quelquefois...
37:17Mais vous savez qu'il va proposer à Poutine de négocier.
37:20Il va négocier sur la base du Donbass qui est déjà...
37:23Sur le terrain, malheureusement,
37:25c'est une guerre d'agression déclenchée par la Russie.
37:28Il n'y a pas de débat sur le plan international,
37:30exactement comme George Bush avait agressé l'Irak.
37:33D'ailleurs, je pense que la boîte de Pandore
37:35de ce droit international, depuis 45 K1K,
37:38les grandes puissances, bien sûr, avec la dissuasion nucléaire,
37:41mais les puissances du directoire international,
37:44le Conseil de sécurité, étaient d'accord
37:46pour à peu près respecter le droit international.
37:49La boîte de Pandore a été ouverte par les Etats-Unis.
37:52Ensuite, elle a été réouverte par Vladimir Poutine,
37:55qui a agressé son voisin.
37:56On est dans une scène internationale très dangereuse.
37:59On sait qu'il a dit qu'il allait arrêter d'aider l'Ukraine
38:02et négocier, il le dit en 48 heures.
38:04Ca veut dire, sur la base, au fond du Donbass...
38:07La question n'est moins celle de l'arrêt de l'aide...
38:10Mais l'Europe doit faire quoi ?
38:12...que sur le terrain militaire, ce que les spécialistes suivent,
38:15et moi, je suis des gens pro-ukrainiens et pro-russes,
38:18donc j'ai des informations correctes
38:20sur le plan technique militaire.
38:22Quand on s'intéresse à ce qui se passe sur le terrain militairement,
38:26on se rend compte que, malheureusement,
38:28les Ukrainiens sont épuisés,
38:30que l'enrôlement n'arrive plus à suivre
38:32et que la production d'armes, d'artillerie, notamment,
38:35ressuit.
38:36C'est pas nous, les Européens, ni Donald Trump qui arrêtent,
38:41c'est que, malheureusement, la situation...
38:43Il faudrait, à mon avis, arrêter la boucherie
38:46au stade où on en est.
38:47La question, maintenant, est de savoir
38:49jusqu'à quel point on va laisser Poutine s'en tirer
38:52avec une agression et avec une récupération
38:54qui a été annexée.
38:56Exactement, d'une part.
38:57Et à cet égard, je pense que Trump,
39:00et c'est aussi l'homme qui a écrit
39:02The Art of the Deal, c'est-à-dire,
39:04c'est un homme de la négociation,
39:06et il est très surprenant, c'est un personnage qu'on aime ou pas,
39:09mais qui arrive par là où on l'attend pas.
39:12Donc, il se peut que Trump, contrairement à ce qu'on imagine,
39:15se pose dans une négociation à Vladimir Poutine
39:18que d'autres ne pourraient pas imposer.
39:20Il faudrait arrêter la boucherie.
39:22-"Au Parti socialiste", vous avez un représentant à Bruxelles,
39:25c'est Raphaël Glucksmann qui a tweeté cette phrase
39:28sans économie de guerre,
39:30il n'y aura plus de paix en Europe.
39:32Est-ce que vous pensez que la gauche européenne
39:36peut emporter une majorité pour prendre le relais
39:40si Donald Trump arrête d'aider l'Ukraine ?
39:43En tout cas, ce qui est sûr, c'est que son élection,
39:46aujourd'hui, oblige l'Europe à être à la hauteur du moment
39:50et, justement, d'être en capacité de se rassembler
39:53et d'avoir une véritable force de défense.
39:57Le problème, c'est qu'aujourd'hui, l'Europe va être seule
40:00pour protéger l'Ukraine, elle se retrouve seule aussi
40:03sur d'autres questions qui vont venir,
40:06par exemple, sur le Proche-Orient, etc.
40:08Donc, aujourd'hui,
40:10le seul rempart, finalement,
40:13ça va rester l'Europe.
40:14Le sujet qu'on a aujourd'hui, c'est qu'à l'intérieur de l'Europe...
40:18-"Rempart", parce qu'objectivement,
40:20quand on regarde le rapport de force,
40:23les divisions internes au sein des 27,
40:25Victor Orban, il y a d'autres populistes
40:27qui sont tout prêts à lâcher le couple franco-allemand,
40:30il y a le Slovaque, on ne sait pas très bien
40:33ce que va dire l'Italienne Meloni.
40:35Donc, vous vous dites,
40:36qu'est-ce qui est en capacité de faire rempart ?
40:39Il est à l'automne ?
40:40Il y a deux choses. La première, c'est que nous,
40:43au Parti socialiste, nous appelons les autres leaders
40:46à une réunion en urgence
40:48pour pouvoir discuter d'une stratégie
40:50à l'intérieur de l'Union européenne,
40:52parce que même si vous avez, effectivement,
40:55des populistes, des gens qui sont plutôt
40:57du côté de Donald Trump et qui partagent la même vision du monde,
41:01on le sait très bien, il y a quand même,
41:03je crois, l'impérieuse nécessité
41:05de protéger leurs propres économies.
41:08Ils savent très bien que Donald Trump,
41:10avec les taxes qu'il va instaurer,
41:12avec le rapport de force qui va être mis en place,
41:16et puis cette espèce d'escalade qu'il y a entre lui et la Chine,
41:20va être, justement, un facteur, justement,
41:23de ralentissement de l'économie européenne.
41:26Je crois que sur ces sujets-là,
41:28il peut y avoir un consensus sur le fait
41:30qu'il faut protéger l'économie européenne.
41:32Protéger le marché européen et protéger ses frontières
41:35d'un point de vue sécuritaire.
41:37On va écouter l'inquiétude qui était dominante
41:40à l'Assemblée nationale aux quatre colonnes,
41:42cette guirlande, comme on dit dans notre jargon, de députés.
41:46-"Ca nous choque, ça nous surprend,
41:48mais une fois de plus, c'est pas à nous de juger,
41:51ce sont les Américains qui ont choisi.
41:53Moi, ce qui m'importe, c'est qu'on puisse continuer
41:56à travailler avec les Américains,
41:58mais que nous avons une relation historique extrêmement forte."
42:02-"Le Rassemblement national salue la tenue de bonnes élections
42:05aux Etats-Unis."
42:06-"Est-ce que c'était le candidat que vous souteniez ?"
42:09-"Vous dire qu'en effet, sur certains points,
42:11il y avait des accroches avec Donald Trump, évidemment."
42:14-"J'ai une pensée pour les Ukrainiens,
42:17pour les Palestiniens, pour beaucoup de femmes,
42:19pour tous ceux qui vont être victimes
42:22du dérèglement climatique."
42:24-"Il faudrait donc une réponse européenne
42:27à la hauteur de ce qu'est le défi
42:29posé par l'élection de Donald Trump.
42:31Cette réponse européenne,
42:33elle peut venir que de la France et de l'Allemagne
42:36dans un premier temps.
42:37Or, le problème que nous avons aujourd'hui,
42:40c'est que les deux gouvernements sont affaiblis."
42:43-"Vincent Eugeu", on voit l'inquiétude,
42:45elle est sur tous les bancs.
42:47Est-ce que, sans les Américains,
42:49l'Europe a les moyens de se défendre
42:51et défendre son voisin ukrainien ?
42:53-"À l'instant T, non.
42:54D'abord, j'observe que, pour Trump,
42:56la capitale de l'Europe commence par la lettre B,
42:59mais ce n'est plus Bruxelles, mais Budapest.
43:01Son interlocuteur favori, c'est Viktor Orban,
43:04et il le restera pour un certain temps.
43:06J'observe ensuite que l'un de ses numéros d'estrade favori
43:10consistait à raconter qu'il avait répondu
43:14à un chef d'Etat européen que, non, évidemment,
43:16les Etats-Unis n'allaient pas soutenir l'effort de guerre
43:20si les pays ne contribuaient pas davantage
43:22au financement de l'OTAN.
43:23Donc, c'était un avertissement à prendre en considération.
43:27J'observe que, pour ce qui est de l'Ukraine,
43:29ce qu'il y a lieu de redouter,
43:31c'est qu'il tente d'imposer à Volodymyr Zelensky
43:35une paix sacrificielle,
43:37avec une amputation territoriale.
43:39Or, on sait depuis longtemps, notamment sur ce continent,
43:43que la paix, c'est la guerre pour toujours.
43:45À quand le prochain épisode ? Les Pays-Baltes, la Moldavie,
43:48et pourquoi pas la Pologne ?
43:50Un dernier remarque,
43:51s'agissant de la performance internationale de Trump.
43:54Il faut rembobiner le film.
43:56Sous nos noms de ses promesses, lorsqu'il a accédé
43:58à la Maison-Blanche en 2016,
44:00il a signé l'accord sur le nucléaire iranien,
44:03moyennant le quoi, il a relancé la course
44:05à l'atome militaire de Téhéran.
44:07Souvenez-vous de ses serments, aussi.
44:09Son fameux ami, Rocket Man, Kim Jong-un,
44:13le satrape nord-coréen, dont il n'allait faire qu'une bouchée.
44:17Jamais la Corée du Nord n'a été aussi dangereuse
44:19en termes d'équipement, de missiles,
44:21et en termes d'investissement
44:23aux côtés de l'adresseur russe en Ukraine.
44:25Je voudrais qu'on dise un mot avec vous,
44:28de député sur Gaza et sur le Proche-Orient, sur Israël.
44:32Benjamin Netanyahou s'est félicité.
44:34Les deux hommes se sont parlé,
44:36Donald Trump et le Premier ministre israélien.
44:39C'est une alliance encore plus solide des Etats-Unis avec Israël
44:42qui va se mettre en place.
44:44Est-ce que ça vous réjouit, Guillaume Bigot ?
44:46Est-ce que c'est, pour vous,
44:48le moment d'en finir avec la menace sécuritaire d'Israël ?
44:53Ou, au contraire, il y a quelque chose de très inquiétant
44:56sur le cessez-le-feu qui n'arrivera pas ?
44:59Je distinguerais les théâtres.
45:01Ce qui était dangereux dans la séquence précédente
45:04avec les démocrates, c'est que les théâtres ont été synchronisés.
45:07Ce que les gens qui regardent les relations internationales
45:11constataient, c'est que, bien sûr, l'ouverture de ce front à Gaza
45:14n'était pas nécessairement sans lien
45:17avec ce qui se passait entre la Russie et l'Ukraine,
45:19puisque les Etats-Unis, apportant des munitions à Israël,
45:23ne pouvaient plus soutenir aussi facilement l'Ukraine.
45:26Tout le monde s'attendait et regardait avec inquiétude
45:29la Chine, le détroit entre la Chine et Taïwan
45:31pour voir si un troisième front allait s'ouvrir.
45:34Je serais d'accord avec Vincent Hugueux
45:36pour dire qu'il y a un risque moyen-oriental spécifique
45:39avec Trump, parce que là, il y a eu, à mon avis,
45:42effectivement, cette erreur de remettre une pièce
45:45dans le jukebox et de permettre à l'Iran, finalement,
45:48de reprendre son enrichissement d'uranium.
45:50Vous craignez que Trump autorise Netanyahou à attaquer l'Iran
45:54et ses sites nucléaires, parce qu'il faut le feu vert
45:56sur une arme particulière pour attaquer les sites nucléaires.
46:00Pas dans le secret des dieux, mais il est certain
46:02que les Israéliens et la nouvelle administration américaine
46:06sont dans une situation telle qu'ils pourraient jouer
46:09une sorte de tout pour le tout pour éviter ce franchissement.
46:12Là, à mon avis, il y a un danger.
46:14Sur le reste des théâtres, ça me paraît plus rassurant
46:17sur le plan de la politique étrangère stricto sensu
46:20que ce qui se passait avec l'administration démocrate.
46:22Les démocrates ont souvent déclenché des guerres,
46:25et que, par ailleurs, cette guerre...
46:27J'ai pas du tout la même lecture que nos autres députés
46:30et que Vincent Hugueux, que j'ai écouté avec attention,
46:33sur la crise en Ukraine. C'est une agression de la Russie,
46:37mais c'est une crise régionale.
46:38Je ne vois pas, absolument pas, Vladimir Poutine
46:41partir à la conquête de toute l'Europe, du monde, etc.
46:44D'une certaine façon, ce qui se joue avec l'élection de Trump,
46:48c'est aussi un cran d'arrêt à la mondialisation.
46:50Il y a un effet interne dans les démocraties
46:53et un effet externe. L'effet interne,
46:55c'est le creusement des inégalités.
46:57Ce qu'on a vu avec Trump, c'est la revanche des gens
47:00qui sont les losers de la mondialisation.
47:02On peut douter du poids de l'Europe sur l'obtention d'un CCQ.
47:05Il y a eu une fracture, la Chine, les Etats-Unis,
47:08c'est assez dangereux.
47:10Sur le commerce, pouvez-vous parler d'une seule voie ?
47:13Est-ce qu'il est temps, au fond,
47:15qu'au niveau des 27, on montre les muscles
47:17et qu'on mette des barrières douanières aux frontières ?
47:20Il y a une chose qui est évidente,
47:22c'est que si vous avez des règles du jeu
47:24qui vous sont défavorables avec un candidat,
47:27un président qui revendique ces barrières
47:30de 20 % ou plus, 60 % pour la Chine,
47:33voire plus de 100 % pour le Mexique,
47:36vous avez un devoir, en réalité, de répondre.
47:39Vous parliez tout à l'heure de oeil pour oeil, dent pour dent.
47:42La question doit se poser dans d'autres termes.
47:45Comment vous répondez qu'il faut se protéger ?
47:47Les Allemands n'ont pas les mêmes intérêts
47:50que nous sur l'automobile.
47:51C'est là où il faut s'asseoir autour de la table
47:54et considérer nos priorités en Européens
47:56et agir en Européens.
47:58Si on agit de manière individuelle,
48:00on est à peu près sûr de se faire avoir.
48:02C'est intéressant, sur le plan géopolitique
48:05et commercial, Donald Tusk,
48:07de dire, quel que soit le résultat de l'élection américaine,
48:10il faut absolument...
48:11Le Premier ministre polonais,
48:13qui a la présidence du Conseil de l'Europe,
48:16il faut que nous réagissions et nous ressaisissions.
48:19C'est le sursaut dont je vous parlais à l'instant,
48:21sur le plan commercial comme sur le plan géopolitique.
48:25Mais je voudrais rebondir sur ce que disait M. Bigaud
48:27il y a un instant.
48:29Je ne pense pas, moi, sur l'Ukraine,
48:31que ce soit quelque chose de régional ou de contained,
48:34de limité, à l'Ukraine.
48:35Derrière, il y a la Chine.
48:37Les relations de Donald Trump avec la Chine
48:40sont un sujet de préoccupation majeure
48:42et l'Iran est aussi lié, je veux dire...
48:45La Chine soutient la Russie dans la crise.
48:47Trump ne va pas faire de cadeau à la Chine.
48:50Il ne va pas faire de cadeau à la Russie.
48:52Il ne laissera pas la Chine envahir Taïwan ?
48:55Moi, ce que je veux dire, c'est qu'aujourd'hui,
48:57il dit qu'il va régler la crise en 24 heures.
49:00Je pense qu'il y a un risque d'escalade,
49:02un risque de désengagement américain d'un côté,
49:05mais d'un autre côté,
49:06de pousser pour leurs intérêts uniquement.
49:09Lorsqu'il dit aussi, revenons sur sa déclaration,
49:12en 24 heures,
49:13je vais arrêter, finalement, de contribuer à l'effort de guerre,
49:16on oublie quand même que ce sont les Etats-Unis
49:19qui bénéficient, sur le plan commercial,
49:21pour revenir au point initial, de cet effort de guerre.
49:24C'est plus compliqué que ce qu'il n'y paraît.
49:27On est face à un président belliqueux, imprévisible,
49:30qui a des attitudes complètement irresponsables,
49:33certes, un dealmaker, si vous voulez,
49:35mais aussi quelqu'un qui a une position
49:37tout à fait éloignée de la position de l'Union européenne,
49:40qui est menacée par le conflit en Ukraine.
49:43On reste un instant sur le commerce pour terminer le tour de table
49:46et voir si vous êtes d'accord, parce qu'au fond, c'est ça.
49:49Si vous êtes d'accord au niveau national,
49:51peut-être que vous le saurez au niveau européen,
49:54et il y aura des décisions à la clé.
49:56Les Français et les Européens les attendent.
49:59Sur le commerce, il faut montrer les muscles ?
50:01Je pense qu'il va falloir être en capacité
50:04d'offrir des mesures miroirs pour résister,
50:06parce que sinon, ça veut dire qu'économiquement,
50:09on est vers un effondrement et un affaiblissement majeur.
50:12Un accord franco-allemand, vous pensez qu'il est possible ?
50:15Emmanuel Macron a déjà appelé Olaf Scholz.
50:17De toute façon, ils ne vont pas avoir le choix.
50:20Ils n'ont pas d'autre choix que de, non seulement, de discuter,
50:24mais, je le dis, nous, les socialistes,
50:27appellons aussi à ce que Pedro Sanchez réunisse les leaders
50:31en disant que nous sommes dans une situation
50:34que nous avions quand même, comme le disait
50:36ma collègue Eleonore Carrois, on ne tombe pas de l'armoire.
50:40On savait qu'il y avait un risque que Donald Trump revienne au pouvoir.
50:43On est prêts ?
50:45Je ne sais pas si on est prêts, mais on sait ce qu'il veut faire.
50:48Là, il va pouvoir appliquer ce qu'il appelait le projet 2025,
50:51c'est-à-dire avec des normes commerciales absolument immenses.
50:56Il y a aussi cette question de la remigration,
51:00avec aussi la construction des murs.
51:02On va avoir, je pense, en beaucoup plus fort
51:06tout ce que nous avions détesté du mandat de Donald Trump en 2016.
51:10Je vous redonne la parole, je vous promets,
51:13et je voudrais qu'on s'intéresse à notre président et à notre pays,
51:16la France. Est-ce que la France peut peser
51:19face à Donald Trump ? Emmanuel Macron veut être à l'initiative.
51:22Les deux hommes se sont parlé au téléphone.
51:24Macron-Trump, Trump-Macron, c'est signé Hélène Bonduelle.
51:28Ce matin, Emmanuel Macron est l'un des premiers chefs d'Etat étranger
51:33à féliciter Donald Trump, et il donne le ton.
51:37-"Félicitations, président Donald Trump,
51:39prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire
51:42durant quatre années, avec vos convictions et avec les miennes."
51:46Des convictions différentes et des relations qui s'annoncent houleuses.
51:50En 2017, pourtant, entre les deux nouveaux présidents
51:53fraîchement élus, l'histoire avait bien commencé.
51:56-"Félicitations, super travail."
52:00Je suis très heureux
52:01de pouvoir, ensemble, changer beaucoup de choses.
52:05-"Serrage de mains appuyées, accolades et regards complices
52:08au défilé du 14 juillet, dont Trump est alors l'invité d'honneur.
52:12Dîner au sommet de la tour Eiffel pour les deux couples présidentiels.
52:16Une proximité qui tourne vite à la familiarité
52:19de la part du président américain."
52:21-"Nous avons une relation spéciale.
52:25Je vais lui enlever ces quelques pellicules, tiens."
52:29-"Entre séduction et rapport de force,
52:31les divergences politiques apparaissent rapidement.
52:34Nucléaire iranien, droit de douane ou encore
52:37retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris."
52:39-"L'horrible, coûteux et unilatéral accord de Paris
52:45sur le climat...
52:47Demandez-leur comment ils s'en sortent à Paris.
52:49Pas très bien."
52:51-"Les désaccords politiques dégénèrent en attaques personnelles.
52:55Le président américain moque l'accent de son homologue français,
52:58parle de stupidité,
53:00jusqu'à la grossièreté,
53:02après la visite en Chine d'Emmanuel Macron."
53:05-"Macron, qui est un ami à moi, est en Chine.
53:09Il va leur lécher le cul, aux Chinois."
53:12-"Comme un signe peut-être,
53:13le chêne planté par Emmanuel Macron dans les jardins de la Maison-Blanche,
53:17symbole de l'alliance des deux pays, n'a pas survécu."
53:21-"Entre un Donald Trump triomphant, se sentant invincible,
53:25et un Emmanuel Macron affaibli par des défaites politiques,
53:28les retrouvailles sur la scène internationale
53:31risquent d'être un peu plus tendues encore."
53:34-"Ce chêne franco-américain qui n'a pas survécu,
53:37est-ce qu'il est emblématique de la relation Macron-Trump ?"
53:40-"Oublions pas que le fruit du chêne est le gland."
53:43Indépendamment de ça et en liaison avec le sujet précédent,
53:47une autre des rengaines d'estrade de Trump
53:50durant cette campagne, c'était le récit d'un coup de fil
53:53avec Emmanuel Macron, peut-être imaginaire.
53:55Il se lève la nuit.
53:56-"Il avait été publicisé dans un documentaire."
53:59-"Absolument. Il disait, grosso modo,
54:01Macron m'appelle et il me dit, attention,
54:04sur tel produit, on va appliquer une taxe,
54:06un droit de douane de 25 %, je lui ai répondu,
54:09je taxerai tout à 100 % ce qui vient de France,
54:12et il a dit, oublie ça, on n'en parle plus.
54:14Je n'y étais pas, je ne suis pas certain
54:16qu'il n'ait pas un peu enjolivé la réalité.
54:19Ce qui est vrai, c'est que dans le rapport
54:21entre les deux hommes, on retrouve cette illusion macronienne
54:24selon laquelle la virtuosité peut infléchir le cours de l'histoire.
54:28Cette poignée de main que l'on voit ici,
54:30c'est pour moi une sorte de bras de fer métaphorique.
54:33Il y a un côté, tu me tiens non pas par la barbichette,
54:36mais par la main, et c'est à celui qui tiendra le plus longtemps.
54:41Et ça, d'une certaine manière,
54:42ça ne peut pas masquer le mépris assez profond
54:45que Trump éprouve pour la quasi-totalité
54:48des chefs d'Etat européens,
54:50à l'exception de Meloni en Italie,
54:52évidemment des Britanniques,
54:54on connaît le caractère privilégié des liens
54:57entre Londres et Washington.
54:58Je ne pense pas qu'un Emmanuel Macron
55:01singulièrement affaibli sur la scène française
55:03soit aujourd'hui en position, en quelque sorte,
55:06de défier ou de riposter au fantasme trumpien.
55:10D'accord avec l'analyse.
55:11Guillaume Bigot, pour terminer.
55:13Oui, et en même temps, il y a une espèce de fixette sur Trump
55:16parce qu'il a un style tellement folklorique
55:19et tellement bizarre que ça nous choque,
55:21mais en vérité, n'oublions pas les sanctions très violentes
55:24imposées par George Bush Jr. à la France
55:26quand on n'a pas été en Irak,
55:28n'oublions pas l'affaire des sous-marins avec Joe Biden.
55:31La politique d'un Etat est dans sa géographie.
55:34Le mur de Trump, c'est Obama qui avait commencé le mur de Trump,
55:38Trump l'a terminé.
55:39Le protectionnisme que voulait déployer Trump,
55:43qui l'a déployé ? C'est Joe Biden.
55:45La politique américaine ne va pas fondamentalement changer.
55:48Les Etats-Unis, c'est une démocratie,
55:50ils défendent leurs intérêts.
55:52La question des droits de douane est intéressante.
55:55C'est la question clé.
55:56Je suis un anti-européiste devant l'éternel.
55:59Il y a au moins quelque chose qui serait utile en Europe,
56:02c'est l'effet de levier des centaines de millions de consommateurs.
56:05L'Europe peut, pour une fois, servir à quelque chose.
56:08On va se quitter sur cette note.
56:10Le protectionnisme ne doit plus être un gros mot.
56:13C'est une question qui mériterait plus que quelques secondes.
56:16Il faut être à la hauteur des enjeux et agir en européen.
56:20On verra, d'ailleurs, demain, dans cette émission,
56:23ce sommet à Budapest, sous la houlette de Victor Orban,
56:27auquel participe, évidemment, le chef d'Etat français.
56:30Merci à tous et un merci particulier à Vincent Ejeux,
56:33qui m'a accompagnée pendant cette émission spéciale.
56:36Très belle soirée à vous, sur LCP.
56:38Pour voir ou revoir cette émission,
56:40suivez la chaîne YouTube ou le podcast de Ça vous regarde.
56:43À demain, même mieux, même heure.

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