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Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, c'est Philippe Etienne, qui est reçu. Ancien ambassadeur de France aux États-Unis (2019-2023) pour évoquer la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle.


Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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00:00Europe Un Soir. 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Alors, on nous avait annoncé qu'on aurait un résultat très très serré,
00:10on nous a annoncé que les résultats ne seraient pas connus très très vite,
00:13qu'il faudrait attendre des jours, peut-être des semaines,
00:16et voilà que Donald Trump, comme je viens de le dire,
00:19non seulement a le nombre supérieur aux grands électeurs,
00:23mais également le vote populaire.
00:25Nous sommes avec toujours Philippe Karsenti, qui représente les Républicains à Paris.
00:31Bonsoir à Georges Fenech, bonsoir à Louis Oselter, bonsoir Pierre de Figaro,
00:36bonsoir, et bonsoir à vous Philippe Etienne.
00:38Merci d'être avec nous, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis.
00:42Est-ce que cette élection aussi rapide et ce raz-de-marée vous a-t-il surpris, Philippe Etienne ?
00:50Oui, ça m'a surpris, ça n'aurait sans doute pas dû me surprendre,
00:53parce que c'est la troisième élection d'affilée où Donald Trump a été sous-évalué par les instituts de sondage.
01:01Même quand il a perdu il y a quatre ans, il était aussi nettement au-dessus des sondages.
01:07D'un certain côté, c'est rassurant, parce qu'il vaut mieux une victoire nette,
01:13et puis on peut saluer le fait que Kamala Harris l'ait appelée.
01:20Partiment, quand même.
01:22Oui, mais enfin, il y a quatre ans, je ne sais pas si Donald Trump avait appelé Joe Biden.
01:27Il avait même refusé de venir à l'investiture.
01:31C'est pas bien, ça, Philippe Carstens.
01:35Non, mais attendez, vous me connaissez un petit peu ?
01:38Je reconnais à chaque fois qu'il y a des choses qui sont pas bien.
01:40Pas bien, Philippe Etienne.
01:42Et donc on peut avoir une transition pacifique, parce que moi j'étais aux Etats-Unis quelques jours avant,
01:47et c'est vrai qu'il y avait une anxiété de ce qu'allait se passer.
01:51Donc là, tout ça est plutôt rassurant.
01:54Maintenant, c'est vrai que c'est une élection très massive,
02:02qui n'était pas prévue, même si les instituts de sondage avaient dit
02:08qu'ils avaient corrigé leur sous-évaluation de Donald Trump, apparemment.
02:14Non seulement, d'ailleurs il y a eu un sondage tout à l'heure fait par CNN
02:19qui disait que 60% des Américains des villes avaient voté pour Harris,
02:23et 37% seulement avaient voté pour Donald Trump.
02:26Cela dit, quand on regarde, il a su avoir un vote immense des Latinos,
02:3345% des Latinos, donc les minorités,
02:37et 54% chez les hommes Latinos, contre 44% seulement pour Kamala Harris.
02:42C'est vrai aussi pour les Afro-Américains.
02:44Ça c'est nouveau.
02:47Et c'est ce qui explique en partie, pour une assez bonne partie quand même,
02:53l'augmentation du socle de voix du candidat républicain,
02:59qui a progressé, alors on parle des 7 états swing states qu'il a tous remportés,
03:04ou qu'il vote sans doute tous remportés.
03:06Le dernier en date, le Michigan.
03:07Je crois que l'Arizona et le Nevada n'ont peut-être pas encore été appelés.
03:11Mais en fait, il augmente son socle partout,
03:14y compris dans les états très démocrates, comme l'état de New York,
03:17ou même la Californie je pense.
03:19Donc c'est général, et c'est sans doute grâce à l'apport de ces communautés
03:23qui ont voulu aussi manifester leur déception de l'administration démocrate,
03:33parce qu'il faut quand même constater que la principale raison de la défaite de Kamala Harris
03:38et de la victoire de Donald Trump, c'est quand même le désaveu de l'administration Biden.
03:44Et de la politique économique de Biden, où les gens disent que tout est deux fois plus cher.
03:49Et notamment la politique économique.
03:51Alors, bon, on peut après discuter des causes de la façon qui a suivi les plans de relance après la Covid,
03:58mais les sondages montraient 60% en gros de désaveu ou de réprobation du bilan de Biden.
04:05Georges Fenech, je vais voir mon sentiment, j'aimerais beaucoup.
04:07Oui, écoutez, moi je salue d'abord, enfin je trouve que c'est une victoire absolument historique
04:13dans toute l'histoire des Etats-Unis.
04:15Voilà un homme de 78 ans, traîné dans la boue,
04:20traîné devant les tribunaux judiciaires, qu'on a tenté d'assassiner.
04:27Avec un verdict en suspens encore sur une affaire.
04:30Oui, on verra plus dans quelques années maintenant, parce qu'il a quand même...
04:32Tout est en suspens pour l'instant, tout est en appel.
04:34Bien sûr, bien sûr.
04:36Et voilà qu'il revient et qu'il déjoue absolument tous les pronostics.
04:40Il y avait tous les médias à part Fox News contre lui.
04:43C'est un miracle ce qui vient de se passer, mais en même temps ce n'est pas un miracle.
04:47Ça s'explique, il y a des explications tout à fait rationnelles.
04:50Et comment je l'ai ressenti ce matin, en découvrant ça vers 4h du matin,
04:55j'ai senti ça comme pour nous, j'entends, une bonne nouvelle.
05:01Voilà, une bonne nouvelle pour la France
05:04et pour le monde.
05:05Et pour tous les conflits qui sont actuellement dans l'impasse,
05:10je me suis dit sans doute que peut-être c'est une bonne nouvelle.
05:14Vous ne partagez pas le sentiment avec le gouverneur de la Banque de France,
05:18M. Villeroy de Gallo, qui dit que la victoire de Donald Trump
05:21augmente les risques pour l'économie mondiale.
05:23Il se trompe, je pense.
05:24Ce n'est pas la première fois, quand on voit l'état de l'économie française.
05:27Mais je voudrais relancer sur ce que vous disiez, c'est très important.
05:32Vous vous souvenez des outils qui...
05:34Au Rwanda ?
05:35Non, les outils, les mises outils au Yémen.
05:39Non, tu ne parles pas des outous, des outils.
05:41Qu'est-ce qu'ils ont déclaré aujourd'hui ?
05:43Qu'ils arrêtaient.
05:44En fait, nous ne faisions que réagir à une agression,
05:47maintenant nous arrêtons nos opérations.
05:49Ça s'appelle la dissuasion.
05:50Aujourd'hui, Donald Trump, c'est la puissance.
05:52C'est un sous-marin nucléaire, Donald Trump.
05:54Donald Trump, c'est plus que ça.
05:55C'est le gendarme, le vrai gendarme du monde.
05:58Et c'est pour ça que ça marchera aussi avec Poutine,
06:00il dit toujours, je vais régler l'histoire de la guerre en Ukraine en deux coups de fil.
06:05Ça marchera avec Poutine parce qu'on change d'acteur.
06:08Quand on a un problème dans des négociateurs qui ne peuvent même pas se parler,
06:13il faut qu'il y ait quelqu'un qui arrive au milieu.
06:14On a remarqué que Zelensky avait félicité Donald Trump
06:17et que Poutine, pour l'instant, n'avait rien dit.
06:19Philippe Etienne, j'aimerais avoir vous qui étiez quand même
06:22et qui êtes dans les couloirs de ce qu'on appelle la diplomatie.
06:26Qui était ?
06:28Au cœur du réacteur.
06:30Je pense que Poutine a une réaction à la fois tactique,
06:35qu'il veut voir venir.
06:36Il est prudent.
06:37Et il ne veut pas se découvrir.
06:39Et puis, ce que disent les Russes,
06:42et qui n'est pas complètement faux,
06:43c'est qu'en fait, lors du premier mandat de Trump,
06:47Trump était plutôt favorable à ce dialogue avec Poutine, déjà.
06:52Même très favorable.
06:53Mais l'administration autour de Donald Trump avait créé des sanctions
07:00exactement, le Conseil à la Sécurité Nationale, le Pentagone.
07:05Donc, il avait dit que finalement,
07:06ce n'était pas tellement mieux sous l'un que sous l'autre.
07:09Moi, je pense surtout que la dimension tactique est importante
07:12parce que ça veut dire quoi régler le conflit en un jour ?
07:17Évidemment, il faudrait une solution politique
07:22qui comporte des éléments à la fois sur les territoires,
07:26sur les garanties de sécurité,
07:28sur la sécurité en Europe.
07:30Tout ça va être très compliqué.
07:31Mais enfin, c'est bien si on peut prendre des initiatives.
07:34Il sera intéressant d'entendre Alexandre Orloff,
07:36ancien ambassadeur de Russie en France,
07:39qui sera à votre place ici même dans ce studio demain soir.
07:42Et j'ajoute que c'est bien si on donne aussi la parole aux Ukrainiens
07:45et si on ne parle pas seulement aux Russes.
07:47Georges Fenech.
07:48Simplement une précision pour bien insister sur les pleins pouvoirs
07:54qui sont entre les mains de Trump aujourd'hui.
07:56Il a le Sénat, vous vous rendez compte.
07:58Et peut-être la Chambre des députés.
08:00Il a le Sénat, il a la Cour suprême.
08:02Et on peut résumer en pensée qu'à la fin de son mandat,
08:06il aura 82 ans, il ne va pas se représenter à cet âge-là.
08:09Chiche.
08:11Il peut d'ailleurs se représenter.
08:13Normalement, il ne peut pas.
08:15C'est une vraie question parce que normalement, c'est deux mandats.
08:17Consécutifs.
08:19C'est deux mandats tout court.
08:21C'est chez nous les deux mandats consécutifs.
08:23Mais comme les mandats ne sont pas consécutifs,
08:25certains laissent planer une forme dans l'égalité.
08:28Il est effectivement aujourd'hui les pleins pouvoirs.
08:32Sauf qu'il n'a pas le quatrième pouvoir.
08:34Il a les médias totalement contre lui.
08:36Oui, encore que il y a Twitter,
08:38il y a Elon Musk.
08:40C'est vrai qu'il n'a pas les pleins pouvoirs.
08:42Et puis il y a Fox News quand même.
08:44Qui est avec lui pour l'instant.
08:46Louis Zolter n'a pas beaucoup parlé.
08:48Cher Louis, votre sentiment sur cette élection ?
08:50Merci Pierre.
08:52En termes américains,
08:54ce qui est frappant, c'est que cette élection s'est bien passée.
08:57Ça déjoue tous les pronostics
08:59que vous avez cités
09:01en début d'émission.
09:03On pouvait s'attendre à un apocalypse
09:05en tas des jours.
09:07Il y a certains médias qui nous disaient
09:09qu'on allait avoir Al Gore contre George Bush.
09:11Il y a eu une erreur des sondeurs.
09:13Il est devenu très difficile visiblement
09:15de sonder l'état d'esprit des électeurs
09:17dans l'ensemble des démocraties occidentales.
09:19Aux Etats-Unis en particulier.
09:21Il se trouve que là, le vote est clair et net.
09:23Et effectivement, Donald Trump a le vote populaire.
09:25Les grands électeurs.
09:27Il y a un alignement qui se dessine au Congrès.
09:29Il a aussi une majorité de gouverneurs.
09:31C'est important. Dans un état fédéral,
09:33beaucoup de gouverneurs sont républicains.
09:35Une majorité conservatrice, c'est la Cour suprême.
09:37Le message du peuple américain est assez clair.
09:39Au moins, on économise
09:41des semaines de tensions,
09:43d'éventuelles ambiguïtés,
09:45de contestations de part et d'autre.
09:47Il n'y aura pas cette période-là
09:49pour les Etats-Unis et pour le reste du monde.
09:51Il me semble que c'est plutôt une bonne nouvelle.
09:53Ensuite, sur ce qui nous concerne,
09:55nous, Français européens.
09:57En réalité,
09:59que Kamala Harris ait été élue
10:01ou que Donald Trump soit élu comme c'est le cas,
10:03ça ne change pas la tendance de fond.
10:05Qui est le désintéressement,
10:07le retrait des Américains
10:09du vieux continent.
10:11Sauf sur l'Ukraine.
10:13Oui, bien sûr, mais c'est un conflit périphérique
10:15pour les Etats-Unis.
10:17Philippe Etienne fait l'amour.
10:19Ça veut dire que ce n'est pas aussi blanc et aussi noir.
10:21C'est la Chine pour les Etats-Unis.
10:23Donald Trump le dira plus violemment que Kamala Harris,
10:25mais les deux l'ont dit
10:27lors de leur campagne.
10:29L'adversaire géopolitique, le rival systémique,
10:31c'est la Chine.
10:33Et le conflit en Ukraine est quelque chose à régler
10:35quand on est gendarme du monde.
10:37Mais ce n'est pas le principal axe de la politique
10:39internationale que mènera Donald Trump.
10:41Ce n'aurait pas non plus été celui
10:43qui aurait mené Kamala Harris.
10:45Je voudrais qu'on écoute une archive de décembre 2019.
10:47On a un sommet de l'OTAN
10:49à Londres et Emmanuel Macron
10:51disait que l'OTAN était en mort cérébrale.
10:53Ça n'a pas du tout plu à Donald Trump.
10:55On écoute.
10:57C'est une déclaration très dure.
10:59C'est très insultant pour les autres pays
11:01qui font partie de l'OTAN.
11:03Vous savez, vous avez un taux de chômage
11:05très élevé en France.
11:07La France ne va pas du tout bien économiquement
11:09et ce n'est pas possible de faire des déclarations
11:11comme celle-là sur l'OTAN.
11:13C'est très irrespectueux.
11:15Est-ce que c'est une des raisons
11:17pour lesquelles Emmanuel Macron
11:19a été l'un des premiers
11:21voire le premier à féliciter
11:23Donald Trump ce matin ?
11:25Je peux donner mon sentiment aussi là-dessus.
11:27J'ai ressenti une petite gêne.
11:29Je vais vous dire pourquoi.
11:31Parce que notre président est un roi nu
11:33aujourd'hui. Il n'a plus le pouvoir.
11:35Ni à l'Assemblée, ni au Sénat.
11:37Il n'a plus les leviers.
11:39Et quand il vient dire à Trump
11:41avec une forme d'arrogance aujourd'hui
11:43nous allons pouvoir travailler ensemble.
11:45Il n'a plus ce pouvoir.
11:47Le pouvoir, il n'est plus à l'Élysée.
11:49Avec ambition et respect, je l'espère.
11:51Oui, il ne peut plus tenir.
11:53C'est comme si le roi Charles
11:55s'adresse directement à Trump
11:57en lui disant, félicitations, très bien
11:59et nous allons pouvoir travailler ensemble.
12:01Non, c'est M. Starmer aujourd'hui
12:03qui dirige la Grande-Bretagne.
12:05On est dans un régime parlementaire
12:07et il n'a plus le pouvoir.
12:09Les rapports qui étaient déjà difficiles
12:11entre les deux sont totalement à l'avantage
12:13Un Président qui est dépossédé du pouvoir.
12:15Philippe Étienne.
12:17Alors là, je me permettrai de manifester
12:19un certain désaccord.
12:21J'ai vécu
12:23tout ce que...
12:25C'est l'histoire de l'OTAN.
12:27En 2019.
12:29J'étais déjà à Washington.
12:31J'ai vécu les relations
12:33de travail
12:35et les très nombreux contacts
12:37téléphoniques
12:39et rencontres, les visites
12:41entre Donald Trump et Emmanuel Macron.
12:43Et je trouve que
12:45le fait qu'ils reprennent contact
12:47si rapidement, c'est quand même très positif.
12:49Qu'ils reprennent le fil de ce dialogue
12:51qu'il se soit parlé
12:53aujourd'hui après le coup de fil
12:55et je pense quand même que
12:57là, je parle
12:59sous le contrôle d'un expert.
13:01Je reconnais que
13:03j'ai du mal à être en désaccord
13:05mais notre Président de la République est quand même
13:07la voie de la France en matière de politique
13:09étrangère et de sécurité.
13:11Et c'est quand même
13:13très important, mais je ne vois pas
13:15non plus de différence.
13:17Vous savez quoi ?
13:19On va marquer une pause
13:21et on reparle de ça
13:23juste après.
13:25Et moi je pense que c'est bien qu'ils disent
13:27je reprends la conversation assez intense
13:29que j'ai eue avec des hauts et des bas, bien sûr.
13:31Oui, on a cité aussi
13:33l'histoire des droits de douane
13:35en janvier dernier et c'était
13:37un peu drôle, mais c'était
13:39un peu tragique surtout. Pascal Praud
13:41deux rendez-vous par jour, vous le savez, sur Europe 1
13:43l'heure des pros, 9h-9h30, codiffusion
13:45avec CNews. 11h-13h, Pascal Praud
13:47et vous, 01-80-20-39-21
13:49pour participer à l'émission.
13:51On se retrouve nous dans un instant, on continue de parler
13:53de ça.
13:5519h-21h, Pierre De Villeneuve
13:57Avec
13:59292 grands électeurs
14:01pour
14:03Donald Trump face à
14:05223 pour
14:07Kamala Harris qui doit effectivement
14:09prendre la parole tout à l'heure.
14:11À 22h, heure française, il sera 16h
14:13à Washington. Nous sommes toujours avec
14:15Louis Oselter, Dufigaro, Georges Fenech,
14:17avec Philippe Carcenti,
14:19Republicans in Paris et
14:21Philippe Etienne, ancien ambassadeur de France
14:23aux Etats-Unis. Oui, alors vous disiez,
14:25Philippe Etienne, que vous étiez dans ces
14:27couloirs de négociation
14:29entre la France
14:31et les Etats-Unis.
14:33Tout à l'heure,
14:35on passait un extrait de Donald Trump
14:37qui d'ailleurs imitait
14:39avec l'accent français
14:41Emmanuel Macron
14:43avec des histoires de droits de douane
14:45parce qu'à un moment donné, la France
14:47voulait augmenter de 25%
14:49les taxes sur les entreprises américaines
14:51et Donald Trump lui dit, si c'est comme ça, moi je fais
14:53100%
14:55et Macron lui a dit, non, non, non,
14:57mais tu ne peux pas faire ça. Il y a toujours
14:59un jeu pour que ce soit les deux.
15:01Ça c'est la manière dont, dans un meeting,
15:03Donald Trump le raconte.
15:05Moi je peux vous raconter comment ça s'est passé.
15:07Il y avait
15:09plusieurs conflits. Il y avait
15:11Airbus-Boeing et on a eu à cause de ça
15:13des taxes sur le vin, vous vous souvenez ?
15:15Il y avait l'acier et l'aluminium
15:17et puis il y avait la taxe
15:19sur les services
15:21numériques que la France
15:23et d'autres pays ont décidé de créer.
15:25Et là,
15:27c'est vrai que l'administration
15:29Trump a dit, moi je me souviens très bien,
15:31c'est moi qui ai reçu l'appel
15:33lors de l'été 2020 du Conseil
15:35économique du Président Trump
15:37de mettre des taxes sur nos
15:39spiritueux et
15:41vins, ceux qui n'étaient pas couverts par les
15:43sanctions Airbus-Boeing.
15:45Simplement, ces sanctions
15:47nous ont donné
15:49six mois pour négocier un accord
15:51qui d'ailleurs a été trouvé
15:53plus tard, mais multilatéral, pour
15:55en gros geler les taxes sur les
15:57services numériques et travailler
15:59à l'ECDE sur une taxe
16:01commune. Et à ce moment-là,
16:03rétroactivement, on remboursait ce qu'on
16:05avait fait payer aux entreprises.
16:07Mais on n'a jamais eu
16:09les sanctions parce qu'elles devaient être mises six
16:11mois plus tard. Et six mois plus
16:13tard, c'était le 6 janvier 2021.
16:15Et c'était le jour
16:17de la suraction contre le capital.
16:19Et donc il n'y avait pas les gens...
16:21En fait, ce qu'il raconte est,
16:23sur le fond,
16:25exact, parce qu'il y a eu cette
16:27négociation sur la taxe numérique
16:29et les...
16:31Mais en fait,
16:33ça s'est passé un peu différemment.
16:35C'est comme ça que c'est passé.
16:37Mais c'est normal qu'il raconte ça comme ça dans son meeting.
16:39C'est le style de Donald Trump.
16:41Ce que je veux dire par là, c'est que, de nouveau,
16:43on va avoir des sujets de divergence, notamment sur
16:45les droits de douane...
16:46Parce qu'on l'a vu à la Bourse de Paris,
16:48qui a clôturé en baisse,
16:50avec notamment des valeurs sur les vins,
16:52les spiritueux...
16:53C'est normal.
16:54Il y a des craintes avec les droits de douane.
16:56C'est ce qu'on sait faire, nous, en France.
16:58Il y a deux raisons pour ça.
16:59Parce que les fameux droits de douane
17:01sur le vin, Airbus, Boeing...
17:03En fait, quand Biden
17:05est arrivé,
17:07l'administration Biden a négocié
17:09avec la Commission européenne.
17:10Mais ils n'ont pas réglé le problème.
17:12Ils ont arrêté les sanctions,
17:14les tarifs, mais ils ont gelé.
17:16Et donc, ça peut revenir
17:18avec l'administration Trump.
17:19Donc ça, c'est le premier problème.
17:20Le deuxième problème, c'est que
17:21Donald Trump, dans sa campagne, a annoncé
17:23de nouveaux tarifs douaniers.
17:24De 10 à 20% à Ergahom Nes,
17:26y compris sur les produits de l'Union Européenne.
17:29Et il va les tenir, Philippe Carsentier.
17:30C'est possible, mais je crois
17:32qu'il y a une chose assez importante.
17:33Un nouvel acteur dans la scène internationale
17:35qui va redevenir
17:37quelqu'un d'important, c'est Javier Milei,
17:39le nouveau président d'Argentin.
17:40Parce qu'il y a une vraie...
17:42Je dirais...
17:43C'est M. Afuera, c'est ça ?
17:45Afuera !
17:47Un vrai libéral.
17:50Pas comme ce qu'on nous a raconté en France
17:52quand on avait soi-disant des gouvernements libéraux, non.
17:54Un vrai libéral qui cherche à couper
17:56dans les dépenses publiques.
17:57Il a une vraie proximité avec Donald Trump.
17:59Et donc, je pense que ça va être intéressant
18:01de voir comment il va être mis en avant
18:03par les médias
18:04et par l'administration américaine
18:05pour montrer ce que c'est que
18:06couper dans les dépenses.
18:08Et ça pourrait donner des idées
18:09à des gouvernements éventuellement
18:11européens, français, peut-être.
18:12On peut quand même aussi rappeler
18:13qu'au niveau européen,
18:14le seul chef d'État qui l'est cité
18:16dans ses discours et avec une grande proximité,
18:18c'est Orban.
18:20Mais Orban, je crois qu'on se trompe
18:22beaucoup sur Orban.
18:24Je crois qu'on fait un mauvais procès à Orban.
18:26C'est pas mon cas.
18:27On fait un mauvais procès à Orban.
18:29Sur Viktor Orban, le Premier ministre hongrois
18:31a crié une présidente, effectivement.
18:33Le Premier ministre hongrois,
18:35si on regarde bien l'attitude de Viktor Orban
18:37par rapport à l'Ukraine,
18:39il y a quelque chose qui ne va pas.
18:41On est clair.
18:42Mais sur le reste, je crois que c'est un chef d'État
18:44qui pourrait nous donner des leçons
18:46sur beaucoup de domaines,
18:48notamment économiques et sociétaux.
18:50Philippe Étienne reste impassible.
18:52C'est ce que je trouve assez étonnant
18:54de la part d'un diplomate français.
18:56Vous savez, moi j'ai passé
18:58pas mal d'années de ma carrière
19:00à Bruxelles, à la représentation permanente
19:02de la France pour l'Union européenne.
19:04J'ai aussi été un an
19:06à Budapest, au tout début
19:08de ma carrière.
19:10Il n'y était pas
19:12au début de votre carrière.
19:14Il était en campagne.
19:16Bien après,
19:18certes,
19:20il est parti sur une ligne très libérale.
19:22Il a participé à ce mouvement
19:24d'ouverture de la Hongrie après la chute du mur de Berlin.
19:26Vous savez que la Hongrie a joué un rôle
19:28dans l'accueil des Allemands de l'Est
19:30au lac Balaton.
19:32Là, on s'éloigne un peu des États-Unis.
19:34Je pense que
19:36si vous avez raison,
19:38c'est le dirigeant européen, pour des raisons évidentes,
19:40idéologiques, que Donald Trump a cité.
19:42Mais,
19:44aujourd'hui, Donald Trump
19:46redevenant président des États-Unis,
19:48il va évidemment,
19:50d'où l'appel déjà cet après-midi,
19:52avoir un intérêt à parler
19:54notamment avec notre président.
19:56Dans l'Europe,
19:58il n'y a quand même pas que la Hongrie.
20:00Non seulement avec le président, mais apparemment,
20:02il y a une ouverture de Trump
20:04à Kamala Harris,
20:06puisqu'on apprend à l'instant
20:08qu'ils ont tous les deux, au téléphone,
20:10eu de la nécessité d'unifier
20:12le pays. Voilà ce que déclare
20:14le porte-parole
20:16des Républicains, Louis Heselter.
20:18C'est en rapport avec la tonalité du discours
20:20de Trump ce matin,
20:22pour nous, au bout de la nuit,
20:24pour lui, en Floride. Mais il a fait un discours
20:26certes assez décousu,
20:28dans son style, citant tout le monde, faisant venir
20:30les gens sur scène, mais il y avait dans
20:32une partie de ses propos,
20:34déjà le fait qu'il cite les différentes
20:36composantes de l'Amérique, pays multiculturel,
20:38il a cité ces différentes cultures
20:40parce qu'il sait aussi que des gens ont voté
20:42pour lui. On parlait du vote latino,
20:44des afro-américains,
20:46Donald Trump, l'un des phénomènes de cette élection,
20:48c'est le vote d'une partie des minorités
20:50pour lui, pour le candidat républicain,
20:52et la sortie des assignations
20:54électorales, qui étaient des
20:56évidences avant dans la politique américaine,
20:58qui n'en sont plus maintenant, avec ce clivage entre
21:00Donald Trump et le président.
21:02Il ne s'était pas revanchard, il n'a pas
21:04insulté Kamala Harris comme il l'avait fait d'habitude.
21:06Il l'aurait insulté quand même.
21:08Au moins, il aurait pu dire un mot.
21:10C'est déjà pas mal pour lui qu'il n'insulte pas
21:12une personne qui a perdu un plat de couture.
21:14Lui a gagné un plat de couture.
21:16Il n'est pas dans la revanche
21:18comme le précisait tout à l'heure
21:20encore cet après-midi François Hollande.
21:22Il faudrait donc une réponse européenne
21:24à la hauteur de ce qu'est le défi
21:26posé par l'élection
21:28de Donald Trump.
21:30Cette réponse européenne, elle ne peut venir
21:32que de la France et de l'Allemagne
21:34dans un premier temps.
21:36Il faut que l'Allemagne et la France, au-delà
21:38des difficultés internes, au-delà des
21:40problèmes qui sont posés
21:42sur un certain nombre de sujets,
21:44se retrouvent pour tirer l'Europe
21:46et pour faire que l'Europe soit capable
21:48d'être dans un rapport de force
21:50avec Donald Trump. Parce que
21:52Donald Trump, d'une certaine façon, il est comme d'autres
21:54présidents qui ne sont pas forcément élus
21:56démocratiquement, il ne comprend
21:58que le rapport de force.
22:00Monsieur François Hollande a tout compris,
22:02évidemment, à nouveau.
22:04Et voilà l'exposé qu'il nous fait.
22:06Le président Trump, je cite le communiqué
22:08de Stephen Chung, qui est
22:10le porte-parole de Donald Trump.
22:12Le président Trump a remercié la vice-présidente Harris
22:14pour sa détermination, son professionnalisme
22:16et sa persévérance tout au long de la campagne.
22:18Et les deux dirigeants ont convenu de la
22:20nécessité d'unifier le pays.
22:22Philippe Kersanti. J'ai envie de vous donner une information éventuelle
22:24qui pourrait être un scoop. Moi je pense
22:26savoir qui sera le prochain secrétaire d'état américain.
22:28Je pense que c'est Rick Grenell
22:30qui était l'ambassadeur
22:32des Etats-Unis en Allemagne. Et quand je l'avais
22:34rencontré à Berlin, j'étais allé le voir,
22:36on avait parlé et je lui avais posé une question,
22:38ça va vous dire quelque chose par rapport au quai d'Orsay,
22:40et je lui ai dit, mais qu'est-ce que tu fais
22:42à Berlin ?
22:44T'es formidable, c'est vraiment un type exceptionnel.
22:46Rick Grenell.
22:48Et je lui ai dit, mais pourquoi t'es à Berlin ? Pourquoi tu viens pas à Paris ?
22:50Paris c'est quand même plus important
22:52que l'Allemagne.
22:54On est quand même membre du conseil de sécurité.
22:56Et la réponse de Rick Grenell
22:58était assez étonnante, il m'a dit, tu sais avec la France
23:00on n'a aucun problème, ça roule.
23:02C'est avec l'Allemagne qu'on a des problèmes.
23:04Trump n'aime pas
23:06l'Allemagne.
23:08Et alors qu'Olaf Scholz
23:10c'est dans une déroute.
23:12Et ça c'était quand ?
23:14C'était le 4
23:16juillet
23:182019.
23:20Il avait anticipé la déroute politique
23:22que connaît Olaf Scholz en ce moment.
23:24Il parlait des
23:26problèmes entre l'Allemagne et les Etats-Unis.
23:28Et je lui ai dit, pourquoi ? Il m'a dit, tu peux pas savoir
23:30le travail que j'ai à faire ici à Berlin.
23:32Il m'a dit à Paris...
23:34Les Allemands s'en souviennent.
23:36Les Allemands se souviennent de Rick Grenell.
23:38Et rendez-vous compte,
23:40personne n'est capable de citer les ambassadeurs
23:42américains en France, à part
23:44Rohatine à l'époque. Parce qu'en fait
23:46les ambassadeurs américains en France n'ont plus
23:48vraiment de rôle
23:50d'importance.
23:52Parce que
23:54il n'y a pas de problème à régler.
23:56Charles Rifkin quand même avait joué...
23:58Oui, mais Rick Grenell
24:00était dans les médias en Allemagne.
24:02On parlait de lui.
24:04Philippe Etienne.
24:06Après Rick Grenell être venu
24:08directeur de l'enseignement national,
24:10il s'est occupé des Balkans
24:12d'ailleurs, toujours pour Donald Trump à la fin
24:14de son premier mandat. Et effectivement
24:16c'est l'un des noms, c'est pas le seul, mais c'est l'un des noms
24:18qu'on met en avant pour être secrétaire des arches.
24:20C'est qui les autres ?
24:22Donald Trump, l'ambassadeur
24:24de Trump au Japon.
24:26On parle
24:28du retour de Mike Pompeo, mais plutôt
24:30au Pentagone.
24:32De toute façon, je suis sûr que Donald Trump,
24:34lui, il décidera
24:36tout seul à la fin.
24:38Je voudrais ajouter une chose sur Rick Grenell. Il est marié avec un homme.
24:40Et c'est très important
24:42parce qu'on nous a raconté pendant cette campagne
24:44que Donald Trump c'est Hitler,
24:46il est homophobe, il est raciste.
24:48Il suffit de repasser quelques extraits
24:50du service public.
24:52Et c'est vraiment un des plus
24:54proches de Donald Trump au niveau de la diplomatie.
24:56Et vraiment,
24:58moi je me souviens quand on s'était vu, il me présente
25:00son mari, normal
25:02comme moi je vais présenter ma femme.
25:04Je voulais juste vous dire, on va se retrouver
25:06dans un instant.
25:08Je parlais de la crise politique en Allemagne, j'apprends à l'instant
25:10que le chancelier Schultz limoge
25:12le ministre des Finances, comme ça vous le saurez.
25:14C'était la crise
25:16plus ou moins attendue aujourd'hui.
25:18Et puis une autre chose, c'est que le
25:20parti socialiste, dans le prolongement
25:22de tout ce qu'on a entendu de M. Hollande,
25:24demande une réunion en urgence des socialistes européens
25:26pour demander
25:28l'organisation d'une réunion
25:30après l'élection de Donald Trump.
25:32Mais il y a eu une réunion à Budapest
25:34des leaders en fin vendredi.
25:36Oui mais là c'est les socialistes européens
25:38qui vont donc se faire une réunion entre eux
25:40pour un plan d'attaque
25:42contre M. Trump.
25:44Je pense que Donald Trump tremble. Je vais lui transmettre.
25:46On se retrouve dans un instant avec nos invitées
25:48d'Europe Un Soir.
25:52Et voilà qu'on apprend que Joe Biden félicite
25:54Donald Trump et l'invite
25:56à la Maison Blanche, sans doute pour
25:58lui faire part de la décoration
26:00qu'il a changée, peut-être de trois choses
26:02qu'il connaît par cœur, la Maison Blanche,
26:04Donald Trump évidemment, Philippe Garcentier.
26:06C'est très étonnant, si vous avez l'occasion d'aller à la Maison Blanche,
26:08c'est quelque chose d'assez incroyable parce que c'est
26:10petite la Maison Blanche, c'est étriqué,
26:12vous marchez dans les couloirs,
26:14vous connaissez l'Elysée, quand on voit un petit peu
26:16la majestuosité de l'Elysée,
26:18quand on va à la Maison Blanche, c'est vraiment...
26:20le bureau va, elle est petit, tout est assez étriqué.
26:22Mais les architectes français sont
26:24quand même beaucoup plus doués, non ?
26:26Vous savez que Washington a été fait par
26:28l'architecte français L'Enfant,
26:30toute l'architecture de Washington,
26:32le plan de Washington... Mais la Maison Blanche également, du coup ?
26:34La Maison Blanche, je ne sais pas.
26:36Parce que ça fait très maison coloniale, quand même.
26:38Le plan de la ville a été fait par L'Enfant,
26:40à vérifier.
26:42Nous allons voir ça.
26:44En attendant, effectivement, c'est parti.
26:46Je voudrais qu'on écoute Benjamin Haddad,
26:48le ministre des affaires européennes.
26:50Il était ce matin sur France Inter,
26:52et il disait que
26:54les Etats-Unis restaient nos alliés, avant tout.
26:56Vous savez, les Etats-Unis sont nos alliés.
26:58Donc nous, on travaillera avec le président américain
27:00élu quelquefois. On a travaillé avec
27:02Donald Trump dans le premier mandat
27:04d'Emmanuel Macron, entre 2016
27:06et 2020. Il faudra
27:08trouver les moyens de travail sur nos
27:10intérêts en commun. Mais fondamentalement,
27:12ce que je vois, et c'est ce que j'avais ressenti déjà lors du premier mandat,
27:14c'est que la réponse, elle est chez nous, elle est en nous.
27:16C'est la capacité pour les Européens de prendre en charge leur
27:18propre destin, leur sécurité,
27:20au moment où on voit effectivement ces tendances.
27:22Ça, ça veut dire quoi ?
27:24Ça veut dire que ça a été annoncé.
27:26C'est pas un mystère
27:28que Donald Trump souhaite que
27:30maintenant, l'Europe s'assume
27:32du point de vue de sa sécurité.
27:34Malgré l'OTAN.
27:36Malgré l'OTAN.
27:38Et c'est pour ça qu'effectivement, on peut penser
27:40que la France a un rôle prééminent
27:42à jouer dans les temps à venir.
27:44Parce que qui d'autre que la France
27:46pourrait être ce parapluie de la défense
27:48européenne ? On l'a toujours dit, l'Europe de la défense
27:50c'est la France. On l'a toujours dit. On a dit qu'à un moment donné
27:52il y avait l'Angleterre, on avait
27:54un projet de porte-avions en commun
27:56qui a été aborté. On est les seuls à avoir
27:58une armée, en tout cas, qui ressemble à l'armée.
28:00Il y a une réticence, toujours, peut-être historique,
28:02je ne sais pas, mais avec l'Allemagne, ça n'a
28:04jamais vraiment fonctionné.
28:06Notre pays, ils sont petits.
28:08Et puis après, on a des pays de l'Est
28:10qui sont, c'est vrai, assez atlantistes.
28:12La Pologne qui donne 4% de son PIB
28:14pour les déploiements de l'Arabie, elle l'a fait toute seule
28:16et puis en attendant, elle achète du matériel américain.
28:18C'est pour ça aussi qu'Emmanuel Macron s'est
28:20précipité, un, pour féliciter Donald Trump,
28:22deux, pour être un des
28:24premiers dirigeants occidentaux à obtenir
28:26un entretien téléphonique avec lui.
28:28C'est parce que je pense qu'il y voit
28:30le moyen de se refaire un petit peu
28:32la cerise politiquement. Parce que
28:34le scandale d'Emmanuel Macron depuis des années,
28:36c'est la fameuse, ce qu'il appelle l'autonomie stratégique
28:38de l'Europe. C'est-à-dire
28:40une certaine émancipation
28:42européenne vis-à-vis des Etats-Unis
28:44sur les plans militaires et économiques.
28:46Ça, c'est la ligne traditionnelle de la France.
28:48Emmanuel Macron n'a pas inventé grand-chose.
28:50Il y a en France plus de distance par rapport
28:52à l'atlantisme que ce qu'on peut trouver
28:54en Allemagne, évidemment au Royaume-Uni quand il était
28:56dans l'Union Européenne. Et puis dans les pays de l'Est,
28:58la Pologne est en tête.
29:00Ils ont une base américaine énorme.
29:02Ils considèrent les Etats-Unis
29:04comme le parapluie militaire de l'Europe.
29:06Et ce ne sera plus le cas
29:08qu'on le veuille ou non dans quelques années, c'est évident.
29:10Et dans un contexte de
29:12guerre menée par la Russie en Ukraine,
29:14les pays de l'Est, la Pologne est en tête.
29:16Ils considèrent aussi historiquement que les Etats-Unis
29:18sont leur protection. Et ils ne voulaient pas
29:20entendre parler de protection contre
29:22la Russie de Poutine. Évidemment
29:24qu'il y a un voisin très menaçant pour eux, on peut
29:26les comprendre. Sauf que pour l'opinion
29:28publique américaine, ils considèrent que
29:30la guerre en Ukraine, ça n'est pas vraiment son sujet.
29:32Elle en a un petit peu assez que les Etats-Unis mettent
29:34des moyens là-dedans.
29:36Ils préféraient que
29:38le président américain s'occupe évidemment des sujets intérieurs
29:40qui sont absolument prioritaires aux Etats-Unis.
29:42Les questions internationales ne prennent pas
29:44beaucoup de place, un peu comme chez nous. Et puis surtout,
29:46je reparle de l'Asie, le centre
29:48de gravité de l'attention américaine, c'est
29:50évidemment déplacé vers la Chine.
29:52Ça fait des années, ce n'est pas un scoop.
29:54Il y a quand même une prise de condom à avoir en Europe.
29:56Et la principale puissance qui bloque ça
29:58depuis des années, ce sont les Allemands.
30:00Pas que Olaf Scholz, Angela Merkel
30:02l'a bloqué aussi pendant des années. Et là,
30:04on voit un chancelier qui est affaibli,
30:06qui n'a pas de majorité,
30:08ou en tout cas qui a affaire à une coalition
30:10compliquée, et vous venez de rappeler encore un épisode
30:12aujourd'hui qui rappelle que
30:14tout n'est pas au beau fixe entre lui et ses partenaires.
30:16Et puis, cette
30:18position diplomatique historique de retrait
30:20de l'Allemagne, l'absence d'une
30:22armée telle qu'on la conçoit
30:24en France, l'absence évidemment
30:26de situation nucléaire. Donc,
30:28ce grand désaccord franco-allemand, il va
30:30encore plus s'exacerber
30:32par l'élection de Donald Trump, parce que cette élection
30:34met l'Europe face à ses responsabilités
30:36d'autonomie. Et la France a un rôle à jouer.
30:38Oui, je voudrais
30:40ajouter quelque chose, c'est que les Etats-Unis
30:42n'ont pas envie d'être dérangés, d'être
30:44distraits par ce qu'il va se passer en Europe.
30:46C'est pour cela aussi que Donald Trump va chercher
30:48à apaiser les choses, à faire en sorte
30:50que ça se calme. Et encore une fois,
30:52la Crimée
30:54ne retournera pas à l'Ukraine.
30:56En tout cas, ça ne sera pas de mon vivant.
30:58Pour ce qui concerne le Donbass,
31:00ça me paraît aussi très hypothétique.
31:02Les garanties de sécurité dont parlait
31:04Philippe Etienne tout à l'heure, c'est très important
31:06pour l'Ukraine. Et il n'y a
31:08qu'un chef d'Etat puissant et
31:10dissuasif qui peut apporter des garanties de sécurité,
31:12ce que ne pouvait en aucun cas faire Joe Biden.
31:14Et donc, c'est ça ce que sera Donald Trump.
31:16Il y aura de l'hyperterritorial
31:18pour les Ukrainiens. Il y a quand même plus d'un million
31:20de victimes entre les morts et les blessés entre la
31:22Russie et l'Ukraine. Il faut que ça s'arrête.
31:24C'est ce que vous dites, monsieur.
31:26Mais personne, enfin moi,
31:28je ne connais pas le plan.
31:30Je ne connais pas le plan.
31:32Il n'a rien dit pour l'instant.
31:34On a un coup de fil.
31:36C'est un élément de langage.
31:38On l'a bien compris.
31:40Mais quelque part, il doit avoir un plan quand même.
31:42Ça, on ne le connaît pas.
31:44Philippe Kersantine ne le connaît pas non plus.
31:46Si je vous disais que je le connaissais,
31:48qu'est-ce que vous diriez tous les auteurs ?
31:50Le plan Trump, c'est ça.
31:52Je ne crois pas.
31:54On peut penser très raisonnablement
31:56que Donald Trump veut régler cette affaire.
31:58Ça risque de se faire dans le dos des Européens
32:00et dans le dos des Ukrainiens.
32:02C'est un facteur supplémentaire de retrait de l'Europe
32:04si ça se passe comme ça.
32:06Donald Trump a une relation avec Vladimir Poutine.
32:08Il peut parler à Vladimir Poutine.
32:10Ne serait-ce que parce que c'est son mode de diplomatie.
32:12Donald Trump fait des deals.
32:14Il est prêt à faire des deals avec n'importe qui,
32:16y compris avec le président russe auxquels les Européens
32:18ne parlent plus.
32:22Donald Trump veut rentrer dans l'histoire
32:24comme quelqu'un qui aura fait la paix.
32:26Il a fait les accords d'Abraham.
32:28Je me dis quand même une chose.
32:30J'ai grandi, j'ai 58 ans.
32:32J'ai passé ma vie à entendre
32:34qu'on ne fera jamais la paix entre les pays arabes et Israël
32:36si on ne résout pas le problème israélo-palestinien.
32:38Il a changé le paradigme.
32:40Il va peut-être arriver avec quelque chose de nouveau.
32:42C'est un homme créatif.
32:44Regardez cette campagne incroyable.
32:46Les quatre images de la campagne, c'est quoi ?
32:48C'est le mugshot quand il sort,
32:50quand il est appelé par le juge.
32:52C'est McDonald's.
32:54C'est le tireur.
32:56L'attentat.
32:58Fight, fight, fight.
33:00Et c'est la baine à ordures.
33:02Quatre images. Vous vous rendez compte ce qu'il est capable de faire ?
33:04Faites-lui confiance.
33:06Il a prouvé qu'il a été capable.
33:08Le McDo et la baine à ordures,
33:10c'est travaillé, c'est du marketing,
33:12c'est du Trump, c'est l'homme d'affaires.
33:14Fight, fight, fight, ce n'est pas travailler.
33:16Vous ne me laissez pas terminer ma phrase.
33:18Fight, fight, fight, ce n'est pas travailler.
33:20C'est de l'instinct.
33:22Ça sort de ses tripes.
33:24En revanche, là où il a été extrêmement habile,
33:26c'est d'avoir mis un gilet
33:28et de se mettre dans un camion poubelle
33:30alors que Biden avait dit
33:32que ses électeurs étaient des ordures.
33:34Et d'aller au McDo en disant
33:36j'ai travaillé 15 minutes de plus que Kamala Harris
33:38qui prétendait qu'elle avait travaillé au McDonald's.
33:40Est-ce que vous imaginez
33:42un milliardaire français
33:44aller conduire une baine à ordures ?
33:46Je ne sais pas.
33:48Pour le coup, je n'en sais rien.
33:50Bernard Arnault avec un gilet jaune
33:52dans une baine à ordures, je ne pense pas que ça soit...
33:54Même si c'est l'une de ses marques de couture ?
33:56Alors si c'est Dior.
33:58Dior ou Louis Vuitton.
34:00Louis Vuitton.
34:02Il faut reconnaître à Donald Trump
34:04un instinct politique formidable.
34:06On le voit encore avec sa victoire.
34:08Et en diplomatie,
34:10c'est pour ça que peut-être lui-même
34:12ne sait-il pas quel sera son plan
34:14pour l'Ukraine, c'est parce qu'il a une adaptabilité
34:16formidable aux événements et aux interlocuteurs.
34:18Et son instinct,
34:20il le développe y compris et surtout contre ses propres conseillers.
34:22Parce que les récits qu'on a dans la presse américaine
34:24qu'on a d'ailleurs depuis des jours
34:26confirment que Donald Trump a pris beaucoup de décisions de campagne
34:28contre ses conseillers,
34:30contre son équipe, en disant ça, vous me le vendez,
34:32j'achète, mais ça, vous me conseillez de le faire,
34:34je ne le fais pas. Et qu'il fera pareil
34:36avec son administration. Il ne tiendra pas compte des hauts fonctionnaires
34:38qui vont essayer de l'entourer.
34:40Il va gouverner en cercle restreint, comme la dernière fois,
34:42et il sera imprévisible.
34:44Et c'est la marque des grands, ça !
34:48Moi aussi, j'ai des équipes d'Europe 1 Soir
34:50qui me disent que je devrais ça.
34:52C'est comme ça.
34:54Tout va bien, ne vous inquiétez pas, les chevilles gonflent,
34:56j'ai des bottines.
34:58Merci Louis Zelter, merci Georges Fenech
35:00et merci à vous.

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