Tous les soirs à 20h15, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Manon Aubry, eurodéputée LFI pour débattre de l'organisation du Front populaire, la nouvelle alliance des gauches, en vue des élections législatives.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir
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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Olivier Dardigolle et Lofritel, qui reviendront dans quelques instants pour commenter l'actualité.
00:10Et j'accueille Manon Aubry, bonsoir.
00:12Bonsoir.
00:13Merci d'être avec nous, eurodéputée La France Insoumise.
00:18Et alors justement, ce groupe de gauche qui est en train de se former, Jean-Luc Mélenchon,
00:23qui est sur France 2 il y a quelques instants, se sent capable, dit-il, de devenir Premier ministre.
00:28Mais il faudra attendre, nous dit Jean-Luc Mélenchon.
00:31Manon Aubry, on sait qu'il y a un accord, notamment sur les circonscriptions,
00:36dans ce grand groupe de gauche qui est en train de se former.
00:39On sait aussi que les électeurs, d'après les tout premiers sondages,
00:43sont nombreux à vouloir voter pour ce grand groupe de gauche.
00:48Mais est-ce qu'on avance sur le programme ?
00:52Oui, on avance sur le programme. J'espère d'ailleurs qu'il sera finalisé dans la nuit.
00:57On s'est concentrés sur à la fois les priorités politiques des 100 premiers jours.
01:03Tout de suite, quand on arrivera au pouvoir, c'est l'abrogation de la réforme des retraites,
01:07c'est l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage qui fait tant de mal aux plus précaires,
01:12c'est aussi de la protection immédiate de nos services publics.
01:17Et puis on travaille aussi dans un deuxième temps sur l'horizon moyen terme et fin du mandat
01:24pour pouvoir apporter des réponses immédiates, sortir de la politique de raquette sociale
01:30dans laquelle s'est engagé le Président de la République,
01:33sa politique aussi irresponsable en matière climatique, et donner de l'espoir au pays.
01:39Vous l'avez dit, ce n'est pas un hasard, je pense, si les sondages depuis l'annonce du Front populaire
01:45voient une nette augmentation et une forte attente de la part des électrices et des électeurs,
01:50parce que je crois qu'il y a des millions de gens dans le pays qui ne veulent pas de l'extrême droite au pouvoir,
01:55qui ne veulent pas d'une politique raciste, sexiste et climato-sceptique,
01:59mais qui ne voteront pas seulement contre le 30 juin et le 7 juillet prochains,
02:03qui voteront aussi pour ouvrir un chemin d'espoir, de transformation sociale, écologique et démocratique.
02:09Et c'est avec cet espoir qu'on est en train de finaliser l'accord
02:13et que dès demain, je l'espère, nous serons toutes et tous en campagne.
02:16Alors cet accord, il a été stigmatisé également par le Président de la République lors de sa conférence de presse.
02:23Certains ont parlé d'accord de la honte. Qu'est-ce que vous répondez ?
02:28Pardon, mais de quel côté est la honte ?
02:30Est-ce que vous ne pensez pas que la honte est du côté d'un Président de la République
02:35qui n'a cessé d'ouvrir le chemin d'être le marchepied à l'extrême droite ces dernières années,
02:41y compris en en reprenant des pans entiers de l'idéologie de l'extrême droite ?
02:46Je pense notamment à la préférence nationale qui a été théorisée par Jean-Marie Le Pen.
02:50Est-ce que vous ne pensez pas que la honte est du côté d'un Président de la République
02:54qui, faute d'avoir une majorité dans le pays, précipite sans doute notre pays dans le chaos ?
03:02Pardon, mais la honte, elle est vraiment du côté de ce Président qui, au fond, je veux dire, au fond de mon avis,
03:10il n'en a rien à faire des Françaises et des Français.
03:13Il n'en a rien à faire de précipiter le pays dans une crise politique.
03:16Il n'en a rien à faire de nous vivrer, peut-être d'ici deux semaines, un Premier ministre,
03:21Jordan Bardella, qui, vous savez, officiellement a été eurodéputé ces cinq dernières années,
03:26mais qui seulement n'a rien fait, mais en plus a voté les pires réformes sociales
03:30aux côtés des macronistes, qui s'est opposé à la hausse du SMIC,
03:33qui s'est opposé à des écarts de salaire maximum au sein des entreprises,
03:38mais qui en plus a, si vous voulez, c'est le Macron de rechange en matière économique et sociale,
03:43mais en plus il est raciste, et c'est extrêmement dangereux pour le pays.
03:46Manon Aubry, est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'on allume deux feux ?
03:49C'est-à-dire que d'un côté on diabolise le RN et d'un autre côté on diabolise LFI
03:56avec cet accord que certains ont appelé l'accord de la honte.
04:01L'électeur, l'électeur qui regarde tout ça, qu'est-ce qu'il doit être en train de se dire ?
04:06Il doit être en train de se dire qu'on a un président de la République
04:10qui a pris une énorme boîte d'allumettes et qu'il a craqué sur le pays,
04:14et je pense que la manière dont il renvoie deux ados, la gauche et l'extrême droite,
04:18est extrêmement dangereuse, et ça me rappelle ce qu'on a appris dans nos livres d'histoire,
04:23vous savez cette fameuse Maxime, qui n'était pas seulement une Maxime,
04:28plutôt Hitler que le Front populaire, qui est extrêmement dangereux et qui a mené au pire.
04:34Et le Front populaire, nous en sommes les héritiers,
04:39c'est les défenseurs du partage du temps de travail, du partage des richesses,
04:43et nous savons bien que la gauche n'a rien à voir avec l'extrême droite,
04:48et c'est pour ça que je vous dis qu'on a un père un peu un président de la République qui est aux abois,
04:53et qui n'a plus d'autre choix que de jeter l'anathème sur un camp politique qui est en train de finir.
04:59Vous voyez, il voulait nous diviser, et en réalité il est en train de nous rassembler.
05:03Pourquoi faire tour à les gagner ? Et ça, au final, il risque, lui, d'en être le plus grand perdant.
05:08– Question pour vous d'Olivier d'Artigolles.
05:09– Bonsoir Bernard Ombry, j'ai bien entendu le message de Jean-Luc Mélenchon ce soir,
05:16évoquant l'incarnation, mais post-second tour, concernant le Front populaire.
05:22Il y a donc un accord sur les circonscriptions, sur le plan programmatique,
05:27sur les grandes priorités, c'est là aussi en phase de finalisation,
05:31est-ce qu'il y a une réflexion en cours sur l'incarnation du Front populaire
05:36d'ici les votes des 30 juin et 7 juillet ?
05:41– Écoutez, ce qu'a dit Jean-Luc Mélenchon ce soir,
05:44qui est notre position collective, pas uniquement à la France Insoumise,
05:48Olivier Faure lui-même le disait dès lundi, le Premier Secrétaire du Parti Socialiste,
05:52que le Premier Ministre devait être issu du groupe qui ferait majoritaire à la France Insoumise.
05:59– Je ne vous parlais pas pour Matignon, je vous parlais pour l'animation de campagne.
06:04Qui va sur les plateaux quand M. Attal et Bardella seront derrière leur pupitre ?
06:15– Je ne sais pas s'il y aura par ailleurs des débats avec M. Attal et M. Bardella,
06:20y compris des conditions d'organisation de cette campagne,
06:22je ne sais pas si on mesure bien faire campagne juste en deux semaines,
06:26pour vous donner une idée, le délai de dépôt…
06:28– On va en faire des débats, comptez sur nous.
06:30– Et puis cette semaine, j'espère que vous serez invités,
06:37mais peut-être que pour une fois on va tendre le bras à cette 5ème République
06:42qui veut qu'un homme tout seul décide dans son coin,
06:45et vous n'aurez moins, comme ancienne tête de liste de la France Insoumise,
06:48comme vous en aurez d'autres, et c'est tant mieux,
06:50parce que ça va être la force de notre campagne,
06:52ça va être une campagne qui soit collective.
06:54– Juste une dernière question, parce que je me souviens
06:56avoir quand même mené des entretiens avec vous, Manon Aubry,
06:59avec Laurence Ferrari sur Europe 1 et sur CNews,
07:02vous parliez de Glucksmann comme d'un ersatz de François Hollande
07:07ou de Bernard Cazeneuve, ou même d'Emmanuel Macron,
07:11est-ce qu'il a toute sa place dans ce grand groupe de gauche ?
07:15– Écoutez, il faut qu'il y ait de la place pour toutes celles
07:20et tous ceux qui se retrouvent derrière ce programme
07:22qu'on a en train d'élaborer en commun.
07:24Et je pense qu'il faut éviter au maximum les initiatives individuelles
07:29qui consisteraient à diviser ce bloc.
07:31Et j'observe que le Parti Socialiste, via les efforts,
07:34a été responsable et n'a pas forcément suivi les initiatives de diviseurs.
07:40Je veux dire, là on est peut-être à deux semaines
07:44de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir,
07:46et vous m'avez vu dans cette campagne, puisque vous m'avez interviewée aussi,
07:49plaider sans cesse, depuis le début jusqu'à la fin,
07:53pour une liste commune de la NUPES.
07:55L'histoire m'a donné raison, et je ne dis pas ça parce que…
07:59Malheureusement, j'ai envie de dire, m'a donné raison,
08:00parce que nul ne sait ce qu'il se serait passé
08:03si nous avions eu une liste commune qui faisait jouer jeu égal
08:06avec le Rassemblement National,
08:08mais ce que nous n'avons pas pu faire pour les élections européennes,
08:11alors je m'en félicite qu'on puisse le faire pour ces élections législatives.
08:15Vous savez, j'ai toujours été unitaire pour un, pour dix, pour vingt pour cent.
08:18Je n'ai eu de cesse de grandir sur les plateaux télé
08:20ce fameux programme de la NUPES qui nous a unis il y a deux ans.
08:24Finalement, Macron aura peut-être réussi l'impossible,
08:26c'est de reprendre collectivement ce chemin de l'union,
08:29et en tant que première artisane de la NUPES,
08:32j'en suis plutôt satisfaite, pas pour moi,
08:35mais surtout pour ce qu'on va pouvoir proposer au pays,
08:37et j'espère demain gouverner pour bloquer les prix des produits de première nécessité,
08:41pour faire la retraite à 60 ans, car tant de choses…
08:43Ce qui était votre programme.
08:44Merci beaucoup, Manon Aubry, d'avoir été avec nous en direct sur Europe 1.