Jacques Pessis reçoit Dany Brillant. « Seventies », son nouvel album où il évoque, sur des rythmes swing, ses années bonheur, avec nostalgie et émotion.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-11-04##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06N'en déplaise à Simone Signoret, votre nouvel album démontre que la nostalgie peut
00:11toujours être ce qu'elle était.
00:12Vous portez un costume blanc sur la pochette de Seventies, un album paradoxalement haut
00:17en couleurs.
00:18Bonjour Denis Briand.
00:19Bonjour Jacques.
00:20Alors on vous retrouve dans les clés d'une vie tous les deux ans à peu près et là
00:24vous revenez avec un nouvel album original Seventies dont on va parler longuement qui
00:29va être le fil conducteur de notre émission à travers des dates clés.
00:32Et la première date que j'ai trouvée, c'est une date récente mais pas joyeuse.
00:39C'est le 4 février 2022 car je crois que cette date là correspond à l'origine de
00:44cet album.
00:45C'est le soir où vous êtes au Palais des Sports.
00:47Ah oui tout à fait, vous êtes bien renseigné comme toujours.
00:50Le 4 février 2022, oui c'est un soir en fait de joie, tout le monde est là, ma maison
00:57disque, les gens avec qui je travaille, la famille réunie pour célébrer l'œuvre
01:01de Charles.
01:02Parce qu'un an auparavant j'avais fait un album consacré à mon maître, je considérais
01:06être mon maître.
01:07Et donc c'était une fête géniale, c'était après le Covid, on était tous là, on était
01:11heureux.
01:12Et puis donc après la soirée qui s'est très bien passée, même si les spectateurs
01:18étaient masqués, parce qu'on était encore un peu à la Covid, ça fait bizarre de chanter
01:22devant des gens masqués.
01:23Et bien mon frère est venu dans ma loge et m'a annoncé qu'il a eu une récidive avec
01:28une maladie.
01:29Et effectivement ça vous a fait prendre conscience que la vie, il fallait la vivre avec la nostalgie
01:38des moments heureux.
01:39C'est-à-dire qu'à partir de ce moment-là, ça a été une course contre la montre.
01:42Je l'ai accompagné de médecins en hôpitaux, tout ça pour le soigner, faire ses chimios,
01:49tout ça.
01:50Et puis ça nous a rapproché un peu parce qu'on s'est beaucoup vu jusqu'à l'âge de
01:5220 ans, mais après on s'est un peu perdu de vue avec nos vies, avec nos femmes et nos
01:55enfants.
01:56Mais la maladie nous a rapprochés et je ne sais pas pourquoi, durant cette période,
01:59on avait envie de se replonger dans notre enfance.
02:01Et on a regardé « Amicalement Votre », on a réécouté les chansons de Michel Fugain
02:05et de Big Bazaar.
02:06Et au fur et à mesure, je me suis dit pourquoi pas ne pas faire un album consacré aux années
02:1070 parce que finalement c'est les années où on a été le plus heureux, lui et moi.
02:13Alors vous étiez aussi heureux à ce Palais des Sports.
02:16Il faut savoir que le Palais des Sports est né juste avant les 70, en 60, et au départ
02:21les spectacles c'était le Bourgeois Gentilhomme, c'était les Ballets de Moscou, et celui
02:24qui a mis le feu justement au Palais des Sports et permis qu'il y ait des concerts, c'est
02:28Johnny, qui a commencé en 69 et en 71 il est revenu avec un jeune pianiste qui s'appelait
02:33Pinchel Polnareff.
02:34Donc ça a vraiment lancé le Palais des Sports.
02:37Et Aznavour finalement ça a été aussi, on en a parlé il y a deux ans et on en reparle
02:41aujourd'hui, ça a été un miracle parce qu'ils connaissaient les rythmes qui vous
02:44étaient chers.
02:45C'est-à-dire que c'est grâce à ces rythmes que vous avez fait.
02:49Oui, c'est-à-dire que moi j'ai découvert à l'âge de 18 ans les premières chansons
02:53d'Aznavour, c'est-à-dire le Feutre topé, Pour faire une jamson, peut-être les chansons
02:57les moins connues, c'est la perrette du creté Thompson, avant qu'il aille chez Barclay,
03:01et j'ai eu une passion pour ces premières chansons, voilà il y avait des chansons très
03:05très swing et je me suis dit c'est incroyable qu'on puisse faire swinguer autant le français.
03:09Je crois qu'il y a eu lui et Beko qui ont fait swinguer le français dans les années
03:1350 et donc je me suis dit moi tiens j'aimerais bien reprendre un peu ce registre de mettre
03:17du swing dans le français.
03:18Il se trouve qu'Aznavour et Beko se sont connus chez Piaf, où ils étaient tous les
03:22deux hébergés par Piaf, lui elle l'appelait le génie con, et ils écrivaient des chansons
03:28en cachette de peur que Piaf les récupère ensuite pour elle.
03:32Tout à fait, ils en écrivent pas mal ensemble.
03:33Ils en écrivent une quinzaine à peu près.
03:35Ils ont failli les réenregistrer mais Beko est mort trop tôt, c'est dommage.
03:39Alors l'idée de cet album, 70's, c'est un terme, c'est 70, mais c'est pas seulement
03:4670.
03:48C'est mon enfance et c'est le constat aussi que dans cette période trémorose que nous
03:53traversons, j'ai eu envie de retourner un peu en arrière et m'apercevoir qu'il y a
03:58eu des décennies, peut-être les 30 glorieuses, bon ça j'ai pas tout vécu mais les 70 c'était
04:02mon enfance et surtout je me suis aperçu que c'était une parenthèse enchantée où
04:07tout était possible et où la chanson, le cinéma, la liberté étaient au maximum de
04:12la créativité.
04:13J'ai adoré les chansons des années 70.
04:15Et en même temps, c'est la première fois que vous vous livrez dans une sorte d'autobiographie
04:18musicale.
04:19C'est vrai que là j'ai abordé des thèmes très personnels, j'ai parlé de ma mère,
04:24j'ai parlé de mon frère, j'ai parlé de choses parce que c'est aussi la famille des
04:27années 70.
04:28Je me rappelle très bien de cette télé au milieu du salon, il n'y en avait qu'une,
04:31donc on était tous ensemble, on ne pouvait pas aller se cacher dans notre chambre avec
04:34notre écran, on parlait ensemble, on mangeait ensemble et donc les liens familiaux étaient
04:39très très forts à cette époque.
04:40Et justement, ces liens familiaux, vous les évoquez dans cet album avec cette chanson
04:45« A mon frère ».
05:10Quand on écoute cette chanson, il y a des inflexions de Charles Aznavour.
05:13Toujours, c'est ce qu'on m'a dit depuis toujours, mais je n'ai jamais refusé ça,
05:16ça fait partie de mes influences, comme d'autres ont des influences de Paul Naref, on est toujours
05:23le fils de quelqu'un.
05:24Donc je sais qu'on a le même sens du swing, Charles Aznavour et moi, et on a voulu être
05:29des crooners, moi j'ai voulu être un crooneur, donc on est toujours un peu sur ce registre
05:32de la voix qui caresse.
05:34Alors il se trouve aussi qu'il y a ces 70's, mais il y a les pré-70's aussi, car il faut
05:38savoir que vous êtes né en Tunisie et que vous êtes arrivé en France très très jeune
05:42parce que l'épicerie de vos parents a été attaquée par des énergumènes.
05:48Tout à fait, mes parents étaient en Tunisie depuis des décennies, bien sûr, et donc
05:52il y a eu des petits soucis politiques, donc mes parents, qui avaient construit leur vie
05:58en Tunisie, sont partis du jour au lendemain, se sont retrouvés en France, sans rien, mon
06:03père avait une belle situation en Tunisie, et s'est retrouvé en detentionnaire dans
06:07un franc-prix.
06:08Donc je dois vous dire, à la maison, c'était pas très très gay, et moi je m'évadais
06:11par la chanson et le cinéma, et en revanche, moi j'étais très heureux d'être en France
06:15parce qu'avec l'école, je découvrais un monde qu'il n'y avait pas à la maison, que
06:18je ne connaissais pas.
06:19Alors au départ, c'est Sainte-Geneviève-des-Bois, que vous quittez ensuite quand votre père,
06:23je crois, ouvre une épicerie à Montmartre, et il se trouve que vous avez quitté Sainte-Geneviève-des-Bois
06:27au bon moment, car c'est là que le premier rip supermarché a ouvert à ce moment-là
06:31quand votre père est parti.
06:33Ah oui, il y a eu le carrefour, oui, je me rappelle très bien, c'est le premier carrefour
06:35à Sainte-Geneviève-des-Bois, c'était une ville en fait, on faisait ses courses mais
06:40c'était nouveau quoi.
06:41On appelait ça les magasins à la campagne.
06:43Ah oui, tout à fait, je m'en souviens très bien.
06:45Alors Montmartre, enfin moi, vous découvrez Montmartre dans vos jeunes années, c'est
06:48l'époque où il y a Michoud, Alida, qui sont les gloires de Montmartre.
06:51Bah oui, je me suis beaucoup baladé dans Paris tout seul à partir de l'âge de 11 ans, j'ai
06:57commencé à découvrir le métro, et j'ai adoré être à Paris comme ça à mon adolescence,
07:04et Paris est vraiment une ville très importante, plus tard pour mon inspiration, pour mes rencontres,
07:08et je pense que sans Paris, je n'aurais pas fait, surtout après Montmartre, j'ai découvert
07:12Saint-Germain, mais c'est des quartiers qui m'ont pris par la main.
07:15Oui, et effectivement, Paris à l'époque, courir en métro ou rouler en voiture n'était
07:19pas un problème, il n'y avait pas l'agression, ça se passait bien, il y avait une particularité
07:23dans votre épicerie à Montmartre, c'est une odeur permanente de jasmin, je crois,
07:27Dany Briand.
07:28Oui, mon père avait, ça fait partie des vestiges qu'il avait emmenés avec lui, c'était
07:33une épicerie orientale, donc il y avait des parfums, il y avait des épices, j'ai grandi
07:37dans ces odeurs-là, et c'est vrai qu'en fait, ces parfums, c'est comme mes madeleines
07:41de Proust, mais malheureusement, mon père, son épicerie, il ne l'a pas très bien gérée,
07:46donc au bout d'un an, il a dû mettre la clé sous la porte.
07:49Mais le jasmin, c'était important, je crois qu'il y a le jasmin de Tunisie, qu'on appelle
07:53le jasmin officinal, qui est une plante grimpante à feuillage caduque, et qui peut atteindre
07:5710 mètres de hauteur.
07:58Oula, non mais il n'y avait pas ça, il n'y avait pas cette place.
08:01Alors, il se trouve que vos études, ça a commencé très très tôt, et vous dites
08:08dans une chanson qu'on va écouter, « à l'école, je travaillais, je voulais être
08:12le premier, je voulais toujours que tu sois fier de moi, maman ».
08:31Une petite remarque, des paroles avec une musique qu'on retient et un orchestre, c'est
08:45rare aujourd'hui, Danébriand.
08:46Ah bah moi, je vous ai, je suis dans la vieille tradition de la chanson française, où la
08:49mélodie est très importante, et après le texte aussi, en fait les deux sont importants,
08:55vous savez, à la SACEM, c'est 50-50, quand on dépose, parce que les deux sont aussi
08:58importants l'un que l'autre.
08:59Alors, votre maman, c'est la première fois que vous en parlez, et vous en parlez dans
09:03cette chanson, avec notamment sur la pochette de l'album des photos de famille, ça c'est
09:07nouveau aussi, Danébriand.
09:08Oui, j'ouvre un peu, j'ouvre un peu mon cœur, parce que quand on a une relation avec
09:13le public depuis trois décennies maintenant, le public, on fait partie de la famille, donc
09:19ça ne me dérange pas de leur montrer des choses, parce que c'est ma famille.
09:22Au début, j'étais peut-être un peu réservé sur la réserve, un peu sur la méfiance,
09:27est-ce qu'ils vont m'accepter ? Est-ce que ça va durer ? Et là, avec la durée,
09:31vous voyez, on s'ouvre un peu, on se lâche, on lâche prise, donc je peux montrer ces
09:35photos-là à présent, aujourd'hui.
09:37Et dans cette chanson, vous dites, tu as dû quitter ton pays, tes jours heureux et tes
09:41amis, pour nous offrir une autre vie.
09:43C'est vrai que votre jeunesse n'a pas été facile, elle a été modeste, et que votre
09:47mère a été très importante, Danébriand.
09:49Oui, c'est vrai, ma mère, c'est le pilier de ma famille, plus que mon père, parce que
09:53mon père, je pense qu'il a toujours été en dépression quand il a quitté, et ma mère,
09:56c'est elle qui tenait ses trois enfants, elle voulait vraiment qu'on s'en sorte, elle voulait
10:00vraiment, par l'école notamment, et je lui rends hommage dans cette chanson pour lui
10:05dire merci d'avoir eu cette rigueur, cette force pour qu'on s'en sorte, parce que c'est
10:11vrai que c'était pas évident, mais je remercie aussi ce pays de la France, qui est un pays
10:15magnifique, qui nous a ouvert les bras, qui nous a donné sa culture, et qui nous a tout
10:20donné.
10:21Donc voilà, je suis très reconnaissant à ma mère et aussi à la France.
10:24Et puis votre mère vous dit, encore dans cette chanson, qu'il y avait des festins permanents
10:28à table, alors que c'était pas évident non plus.
10:29Oui, elle se débrouillait pour nous fabriquer des... avec des restes de... enfin je veux
10:33pas faire pleurer, mais avec des bouts de pain, elle nous faisait du pain perdu, des
10:37trucs comme ça, parce qu'évidemment on n'avait pas beaucoup d'argent, mais tout ça, moi,
10:41ça m'a pas gêné, moi j'étais heureux, je m'en rendais pas compte, c'est après que
10:45j'ai vu que c'est vrai que c'était une vie un peu modeste, mais sur le moment je voyais
10:48pas la différence, moi j'étais bien, et puis ça m'a donné la rage parce que je voulais
10:52m'en sortir, et je voulais... mon but c'était toujours d'aider mes parents, je voulais que
10:57mes parents s'en sortent.
10:58Vous vouliez la couvrir de cadeaux, dites-vous, dans cette chanson.
11:00Exactement.
11:01Et bien en tout cas le cadeau c'est de vous recevoir aujourd'hui pour ce nouvel album,
11:03dont on va continuer à parler à travers une autre date, le 15 juin 1982.
11:08A tout de suite sur Sud Radio avec Dany Brillant.
11:10Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:13Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Dany Brillant à l'occasion de la sortie de
11:17ce nouvel album Seventies, qui est un événement parce que c'est un album fait de chansons
11:22originales et autobiographiques.
11:24On a commencé à en parler, on va écouter d'autres extraits de chansons de cet album.
11:28Et il y a une date importante dans votre vie que j'ai repérée, c'est le 15 juin 1982,
11:33car ce jour-là c'est le jour de l'écrit du bac, et vous avez passé le bac à 16 ans et demi.
11:38Oui, c'est ça, 16 ans et demi, 17 ans, parce que comme j'ai un an d'avance, on sait jamais
11:41quand ça commence.
11:42Oui, et bien dès que j'ai eu mon bac, j'ai eu envie de faire un métier qui plaisait
11:48beaucoup à ma mère, c'est médecin.
11:49Je suis allé m'inscrire en médecine, et puis alors j'ai quitté mes parents, c'est
11:57pas 18 ans, 17 ans, j'ai quitté ma province, et puis j'ai pris une chambre rue Dufour,
12:01et là j'ai commencé ma vie d'étudiant.
12:03Oui, étudiant et musicien, parce que la musique, je crois aussi, votre père et votre oncle
12:07vous avaient donné le goût de la musique.
12:09Oui, mon oncle était un grand musicien de musique judéo-arabe en Tunisie, et il était
12:18beaucoup dans les mariages, les fêtes, parce qu'avant, les musiciens, c'était surtout
12:21on les appelait quand il y avait des fêtes, etc., et donc je ne l'ai pas connu beaucoup,
12:26mais à Paris, il y avait souvent des fêtes, il venait avec son luth et ses musiciens orientaux,
12:31donc j'ai beaucoup écouté de musique orientale, très rythmée, et mon père aussi chantait
12:36énormément, il avait une collection de vinyles, et je crois qu'il était très mélomane.
12:40Je le soupçonne même d'être un chanteur contrarié, voilà, je pense qu'il aurait
12:43aimé être chanteur.
12:44Et je crois que c'est votre grand-père, Dany Briand, qui vous a fait votre première
12:47guitare.
12:49Voilà, comme il voyait que je chantais toute la journée, je travaillais bien à l'école,
12:52mais je ne sais pas, j'avais une passion pour la chanson, surtout la chanson de l'époque,
12:56j'écoutais beaucoup de Joe Dassin, de Claude François, de Serge Régiani, et il m'a dit
13:01« tiens, on va lui offrir une guitare », et avec cette guitare, évidemment, ça a été
13:05mon instrument d'autodidacte, j'ai appris à faire de la musique comme ça, à l'oreille.
13:11Et la musique, vous l'avez vraiment découverte à Saint-Germain-des-Prés, en habitant rue
13:14Dufour, à quelques mètres de l'endroit où il y a un café, où en une demi-heure,
13:19un matin, Guy Béart est arrivé, a pris son cahier et a écrit « Il n'y a plus d'après ».
13:22Ah, mais quelle magnifique chanson !
13:24Magnifique chanson.
13:25Et Saint-Germain, c'est le cœur de vos débuts, et vous évoquez en filigrane ces débuts
13:31à travers une chanson qui était déjà sur votre premier album, « Caroline est en colère ».
13:44Caroline est en colère, ah vraiment tu exagères, elle a vraiment, elle a vraiment, elle a vraiment
13:56tout pour plaire.
13:57Là, c'est un rythme très différent, pourquoi avoir repris cette chanson, David Briand ?
14:02Parce que comme c'est un album 70's et que c'est des sons un peu psychédéliques, je
14:08me suis rappelé que j'avais fait une chanson comme ça, un peu dans cette ambiance un peu
14:12début des années 70, ce genre de chanson, on l'entendait pas mal dans les caves de
14:17Saint-Germain, dans les années 70, et donc voilà, je trouve qu'elle allait bien, et
14:21puis c'est la première fois que je fais une reprise de moi-même, je trouve ça drôle.
14:23Alors en plus, c'était une époque où les histoires d'amour de ce genre, où on se
14:27quittait, on se retrouvait, c'était courant et banal.
14:29Oui, c'est vrai que ça durait le temps d'une nuit, tout ça, mais c'était la liberté,
14:34je pense que c'était l'époque, c'était une époque de liberté, je pense, les gens
14:37avaient envie de se libérer de tout, et même dans les relations amoureuses et tout, c'était
14:41très léger.
14:42Et puis les nuits à Saint-Germain-des-Prés étaient joyeuses, car vous avez vécu les
14:46nuits de Saint-Germain-des-Prés de légende.
14:48C'est fou, parce que je suis arrivé à un moment dans un cabaret qui s'appelait les
14:51Trois Maillets, qui était un peu plus loin que Saint-Germain, mais qui avait l'esprit
14:54Saint-Germain, c'était une cave où il y avait des musiciens de jazz qui passaient,
14:58et j'ai vécu là cinq ou six ans vraiment magnifiques, puisque j'ai fait des rencontres
15:02extraordinaires, des profs de philo, des comédiens, j'ai vu Boranger à l'époque ici, j'ai vu
15:08Michel Legrand qui est venu jouer, j'ai vu Nina Simone, qui n'avait pas encore rebondi
15:12avec son tube, vous savez, « My baby just can't stand me », je l'ai croisé là-bas,
15:16plus personne ne la connaissait, il y avait Smyne qui l'a présenté, donc j'ai eu la
15:20chance de vivre une époque comme ça, très artistique, avec beaucoup de mélanges d'acteurs,
15:28d'auteurs, enfin bon, pour moi c'était un Saint-Germain-des-Prés dans les années
15:3380.
15:34Oui, mais vous avez en même temps appris votre métier à une époque où les gens sortaient
15:36le soir dans les cabarets ?
15:37J'ai tout appris là, j'ai tout appris ici, c'est-à-dire qu'au départ j'avais écrit
15:41aucune chanson, j'avais jamais chanté devant un public, et j'ai tout appris comment se
15:47tenir sur scène, avoir un costume, comment parler au public, comment écrire des chansons,
15:52j'ai même croisé Georges Moustaki qui était pas loin, qui était à l'Île-Saint-Louis,
15:55qui venait me donner des tuyaux, enfin bon, ça a été une époque formidable.
15:58Je crois qu'il a débuté en faisant la Manche à Saint-Germain-des-Prés, Georges Moustaki,
16:03comme beaucoup.
16:04Comme beaucoup, et vous aussi d'ailleurs, vous avez chanté comme ça dans les rues ?
16:07Moi c'était un hasard, je cherchais un job d'été, après ma première année de médecine
16:10j'avais pas trouvé grand chose, et mon voisin de palier qui jouait le saxophone me dit
16:15tiens si on allait jouer sur les terrasses, et je l'ai suivi, et puis voilà, tout a commencé
16:19comme ça.
16:20Et les clubs de Saint-Germain-des-Prés traditionnels de jazz, vous y êtes allé à l'époque ?
16:24Alors à l'époque il y avait le Montana, il y avait le Bilboquet, qui était toujours
16:28d'actualité, il y avait un hôtel qui s'appelait La Villa où il y avait du jazz, et puis au
16:32fur et à mesure tous ces clubs ont disparu, puis le Bilboquet est devenu l'Écosse, mais
16:38bon il n'y a plus tellement de jazz à Saint-Germain-des-Prés aujourd'hui.
16:40A l'époque il y avait le soir Sacha Distel qui venait faire un boeuf, Nicoletta que personne
16:45ne connaissait qui habitait dans un hôtel voisin et qui venait chanter, et il y avait
16:48aussi Nino Ferrer qui vous a marqué, vous l'évoquez justement c'est quelqu'un qui
16:53vous a marqué.
16:54Ben quand j'ai repris l'esprit après Seventies je pouvais pas passer en Nino Ferrer, parce
16:58que Nino Ferrer comme Claude François c'est les deux chanteurs français qui se sont beaucoup
17:01inspirés de la Motown, de la soul music, ils l'ont amené en France, donc les chansons
17:07de Nino Ferrer, évidemment quand on écoute mon album je pense qu'on sent les influences
17:11de Nino Ferrer.
17:12Voilà, Nino Ferrer qui a commencé justement au Bilboquet, qui était musicien de Nancy
17:16Holloway, et un soir il y a Barclay qui vient, et c'est comme ça qu'il a fait son premier
17:20disque qui était Mirza, qui était le souvenir du chien de ses parents qui partait tout le
17:25temps.
17:26C'est une chanson très drôle.
17:27Et il a évolué ensuite vers des rythmes qui vous sont chers.
17:31Bien sûr, parce que c'est la soul, mais c'est aussi quand on écoute Le Sud, quand on écoute
17:36toutes ces chansons magnifiques, où là il y a cette très belle chanson là, de la fille
17:41qui meure dans un avion, comment s'appelle le titre de cette chanson ?
17:44Je sais plus le titre, mais enfin ça va nous revenir.
17:48Et Dutronc aussi, vous évoquiez Dutronc.
17:50Ben oui, Dutronc aussi, c'est beaucoup inspiré des rythmes un peu pop de la fin des années
17:5570, début 70.
17:56Et puis il y avait beaucoup d'humour chez Dutronc, des chansons où il y avait de l'humour,
17:59même s'il dénonçait des choses un peu politiques, tout ça, j'aime beaucoup son humour décalé.
18:03C'est vraiment, il avait son style à lui.
18:05Exactement, et il était capable de faire n'importe quelle farce.
18:08Il arrivait au studio de radio avec son adjoint, qui était Calafat, qui était déguisé en
18:13homme préhistorique, et il le présentait comme son assistant.
18:16Voilà, c'est ça, c'est en fait, je pense que tous ces gens-là flirtaient avec le surréalisme.
18:20C'était des gens qui étaient loufoques, ou Boris Vian les a beaucoup inspirés je crois.
18:25Ça aussi, Boris Vian vous a inspiré d'Anne Hibrien ?
18:27Beaucoup, beaucoup, parce qu'il y avait un humour, une poésie, même quelque chose d'un
18:30peu tragique derrière, mais je crois que Boris Vian a inspiré beaucoup de chanteurs.
18:36Et puis il y a une autre chanson de cet album dont on va parler, qui s'appelle « Je voudrais
18:40bien rester fidèle ».
18:41Je voudrais bien rester toujours fidèle À ma jeunesse et à mes ambitions
18:47En chemin j'ai sacrifié tant de rêves Que j'ai souvent changé de direction
18:54Est-ce mon ange ou mon démon Qui va gagner cette compétition ?
19:00Suis-je un rebelle ou un ange ?
19:03Alors, est-ce que vous êtes un rebelle, un ange ou un démon ? Pourquoi ?
19:05C'est ça le problème, c'est le tiraillement.
19:06Ben oui, c'est une chanson sur la fidélité, dans une époque où on se distrait à en
19:11mourir, où les tentations sont permanentes, comment trouver sa route, comment la garder,
19:16et voilà, être influencé par qui, l'ange ou le démon, c'est le vrai problème de
19:20notre époque.
19:21Alors que je pense que dans les années 70, on savait qui on était, on poursuivit son
19:25chemin, et là, on est, temps dans temps, je vais dire qu'on est un peu paumé par
19:30un moment.
19:31Alors vous saviez où vous alliez, mais vous aviez aussi une éducation très importante
19:34que votre mère vous avait donnée.
19:36Je crois que l'éducation, c'est vrai que c'est comme sur un bateau, c'est le
19:40gouvernail, c'est ça qui vous donne votre colonne vertébrale.
19:43C'est vrai qu'il y a quelques principes que j'ai gardés toute ma vie, de jamais
19:48trahir mes amis, d'être respectueux, d'ouvrir la porte devant une femme, j'ai
19:55quelques trucs comme ça, peut-être qui paraissent un peu vieux jeu, mais qui m'ont
19:58permis de tenir le coup et de garder mon image.
20:02Mais justement, vous êtes fidèle à ça, comme fidèle aux traditions, d'une époque
20:06qui était finalement la dernière époque de joie, et avec le recul, vous mesurez que
20:11vous l'avez vécue.
20:12Oui, c'est vrai qu'on était heureux, mais on ne s'en rendait pas compte, on pensait
20:14que la vie serait toujours heureuse.
20:16Je me souviens, je me suis un peu penché sur la période, et je sais que Georges Pompidou,
20:22son programme, ce n'était ni le pouvoir d'achat, ni tout ce dont on parle aujourd'hui,
20:26c'était de rendre les gens heureux.
20:27Il disait, je voudrais le bonheur pour les Français.
20:29Et quand on sait qu'il a écrit une anthologie de la poésie, on avait un président poète
20:33pendant quatre ans, entre 69 et 74, je pense que c'est normal que cette époque était
20:37magnifique.
20:38Et il avait dit aux fonctionnaires, arrêtez d'emmerder les Français.
20:41C'est un temps qui a beaucoup changé.
20:43Mais c'est vrai que ce temps-là, on ne s'en rendait pas compte.
20:47Et est-ce qu'on le retrouvera un jour ?
20:49Moi, je reste optimiste.
20:51Je pense que quand on aura touché le fond, on aura réfléchi.
20:54C'est comme les périodes de guerre, vous savez que les après-guerres sont magnifiques.
20:57Regardez les années 50 et tout, ça a été l'âge d'or de la création.
21:01Il faut toucher le fond un moment et on va rebondir.
21:04En tout cas, nous, on va rebondir dans quelques instants avec une autre date, le 21 avril
21:081968, qui est liée aussi à votre carrière.
21:11A tout de suite sur Sud Radio avec Dany Briand.
21:14Sud Radio, les clés d'une vie.
21:16Jacques Pessy.
21:17Sud Radio, les clés d'une vie.
21:18Mon invité, Dany Briand, avec ce nouveau album Seventies, dont on écoute des extraits
21:23des dix chansons, qui est une autobiographie musicale, ce qui n'était pas évident.
21:27Il fallait y penser.
21:29Et il y a une chanson que je vais évoquer à travers la date du 21 avril 1968.
21:34C'est sa création à New York, dans une émission de télévision mythique, le Head
21:39to Head, suivi d'Ivan Shaw.
21:40Cette chanson que vous reprenez, c'est une chanson de Tom Jones.
22:06Cette chanson, tout le monde la connaît.
22:08Tout le monde la connaît.
22:09Et Tom Jones finit tous ses concerts avec cette chanson, je crois.
22:11J'ai été voir Tom Jones plusieurs fois au Sporting Club de Monaco, notamment.
22:14Et c'est une chanson qui met les gens debout.
22:17Je ne dirais pas que c'est la plus belle, mais pour moi, c'est vraiment le parfum.
22:20C'est vrai qu'elle a été créée en 1968, mais moi, je l'ai entendue toutes les années
22:2370.
22:24Ça a été vraiment le tube des années 70.
22:25Et puis Tom Jones, pour moi, c'est le dernier crooner.
22:27Vous savez que j'ai une passion pour les crooners.
22:29Et je pense que c'est vraiment lui le dernier, même s'il a un côté un peu plus rock que
22:32Sinatra ou que Dean Martin.
22:34C'est quand même un crooner et je trouve ça magnifique.
22:37Sinatra avait été son premier succès et a marqué l'époque.
22:40Et aujourd'hui, je crois qu'il y a trois ans, il a fait un nouvel album qui s'appelait
22:44Surround My Time avec un inédit et qui continue à être rockeur et à conserver le côté
22:49crooner.
22:50Bien sûr, on le connaît un peu moins fort.
22:51Je trouve qu'on n'en parle pas beaucoup et j'avais envie de lui rendre hommage.
22:54Et cette chanson, vous l'avez entendue toute votre vie.
22:57Oui, c'était une chanson préférée de mon frère.
22:59D'ailleurs, je pense que mon frère aimait beaucoup Tom Jones comme moi.
23:02Il a appelé son fils Tom.
23:03Je ne sais pas si c'est par rapport à ça, mais c'est un chanteur qui nous a beaucoup
23:06aimé parce qu'il a une voix très puissante, très sexy.
23:09Et puis, c'est vraiment le mâle viril.
23:11Vous savez, il avait la chemise ouverte.
23:14Je ne sais pas, c'est toute une époque des années 70.
23:16Aujourd'hui, il n'y a aucun mec qui oserait se présenter comme ça.
23:19Non, je ne pense pas.
23:20Alors, il se trouve aussi que cette chanson a été l'hymne officiel de l'équipe de
23:24rugby du pays de Galles pendant des années, puisqu'elle était gallois.
23:27Et qu'en fait, comme c'est l'histoire d'un homme jaloux qui tue son amante, aujourd'hui,
23:31plus question, ça a été interdit.
23:33C'est vrai que quand on écoute le texte, c'est un féminicide.
23:36C'est quelqu'un qui tue la femme qui l'a trompée.
23:39Bon, moi, je ne préfère pas écouter le texte.
23:41Pourtant, en chantant l'anglais, ça passe.
23:43Mais c'est vrai que c'est un rythme très joyeux qui décrit un drame.
23:46Et personne ne s'en aperçoit.
23:47Personne ne s'en aperçoit.
23:48Vous avez aussi une autre idole, je crois, c'est Dean Martin que vous considérez.
23:51Bien sûr.
23:52Ça aussi, il a marqué votre...
23:53Dean Martin est mon modèle, je crois, pas que vocalement, même vestimentaire.
23:57Je crois que je lui ai tout emprunté, le costume, la coiffure, tout.
24:01Parce que c'est le latino, c'est l'italien.
24:04Mais avec une espèce de phlegme que n'avait pas Sinatra.
24:07Sinatra était un peu plus nerveux.
24:09Dean, on a l'impression qu'il n'en avait rien à foutre de rien.
24:11Je ne sais pas si vous avez ce sentiment, vous aimez les crooners.
24:13Il avait un phlegme incroyable, italien.
24:16Moi, je me souviens d'une soirée au Moulin Rouge où il doit passer à 21h30.
24:19Il est passé à 23h30, tellement furieux qu'il a fait cinq chansons et il est reparti.
24:24Et d'ailleurs, on a toujours dit qu'il était ivre mort sur le plateau.
24:28En fait, pendant le Dean Martin Show, il avait du bourbon à la main, c'était du jus de pomme dedans.
24:33C'est parti de l'image.
24:35Et finalement, vous avez un côté crooner aussi, Danny Briand.
24:38J'espère, c'est ce que je voulais être quand j'ai commencé ce métier.
24:42C'est le registre que je voulais faire.
24:44Vous mélangez Brassens, Presley, Gainsbourg, le jazz.
24:48J'ai fait mon mélange de tout.
24:49Mon style, c'est un peu un mélange de tout ça, de tout ce que j'ai écouté.
24:52J'ai trouvé que mon mélange, c'est un mélange de la rive gauche et de la rive droite.
24:56J'ai mélangé les deux.
24:57Parce qu'on peut dire que Brassens, c'est rive gauche et Elvis Presley, c'est plutôt la rive droite.
25:01Et j'aime les deux.
25:02Enfin, vous voyez, j'ai pas de schisme, en fait.
25:04En fait, vous êtes beaucoup plus inquiet sur le monde d'aujourd'hui.
25:08Et vous l'évoquez dans une chanson aussi de ce nouvel album qui s'appelle Internet.
25:12Je crève penché sur mon écran
25:19Je rêve d'un peu de sentiment
25:26Les réseaux, les ragots, les ados, le porno, la famille, par envrie
25:36Alors là, vous y allez fort.
25:38Oui, je dis ce que je pense.
25:40C'est ce que beaucoup pensent tout bas.
25:42Oui, c'est-à-dire que c'est un instrument magnifique, je reconnais que c'est la révolution de notre monde.
25:45Mais c'est un instrument qui isole, d'abord parce que par l'écran, je trouve qu'on s'isole.
25:50On va moins vers les autres, on se commande à manger.
25:52On cherche même sa fiancée sur un truc.
25:54Moi, je trouve que c'est anti-romantique pour moi.
25:56Et puis, en même temps, j'ai l'impression que c'est un instrument où le bien et le mal sont mélangés.
26:01C'est-à-dire qu'on peut trouver des choses magnifiques et en même temps des choses horribles.
26:04Et tout est mélangé.
26:05Donc, pour mes enfants, j'ai toujours beaucoup de mal quand ils vont dans ce monde-là d'Internet.
26:09Ils trouvent des choses affreuses.
26:11J'ai toujours un peu angoissé.
26:12Mais d'un autre côté, on peut se cultiver.
26:15Voilà, c'est le problème de cet instrument qui est très ambigu.
26:19Et vous dites dans la chanson, sur TikTok, on se moque.
26:22Sur Twitter, on fait peur.
26:23Sur Facebook, on fait plouc.
26:25Je ne sais plus à qui parler.
26:26Bah voilà.
26:27C'est mieux de parler en tête-à-tête.
26:29Moi, je trouve que passer par ces trucs-là...
26:31Et on oublie que Facebook, ça date de 2004.
26:34C'est Mark Zuckerberg qui l'a créé à l'université.
26:38Au départ, c'était quelque chose uniquement pour un entre-étudiant.
26:42Ça n'allait pas plus loin.
26:43Et Facebook, parce que c'est trombinoscope en anglais,
26:46c'était les photos de ses copains de l'université.
26:48Quand ça reste comme ça, c'est sympa.
26:50C'est simplement après quand ça ne devient plus un moyen mais une fin.
26:54C'est-à-dire qu'on passe des heures à perdre du temps.
26:56Et finalement, l'humanité ne se frotte plus à l'humanité.
27:01Parce que la vie, c'est quoi ? C'est les rencontres.
27:03Moi, je trouve que c'est des fausses rencontres.
27:05Mais en même temps, vous osez le dire.
27:07Ce n'est pas évident.
27:09J'ose le dire, parce qu'en fait, si on le dit,
27:12on va être boycottés sur Facebook.
27:13Mais moi, je m'en fous.
27:15Vous êtes sur Sud Radio, c'est tellement plus important.
27:17Danny Briand.
27:18En plus, vous avez connu, vous, le téléphone à touche et le Minitel.
27:21C'était autre chose.
27:22Oui, ça, c'est marrant.
27:24Mais je pense que ces instruments-là, ils sont très importants.
27:27Mais le problème, c'est qu'on nous a donné des instruments
27:30qu'on n'est pas encore capables de maîtriser.
27:32Vous voyez ce que je veux dire ?
27:33Peut-être qu'avec les années, on va avoir une discipline
27:36pour ne pas qu'on soit l'esclave.
27:40Et ça vous aide dans votre travail ?
27:43Bien sûr, je m'en sers.
27:45Je ne veux pas être hypocrite, je m'en sers.
27:47Je trouve que ça fait gagner du temps.
27:49Je commande des taxis, je fais des trucs magnifiques.
27:52Simplement, c'est surtout dans le côté romantique.
27:57Nous, on a toujours une vision un peu romanesque.
27:59Et avant, quand on rencontrait une fille,
28:01dans la rue, sur une plage,
28:03là, c'est un algorithme qui va choisir votre fiancée.
28:06Ça manque un peu de romantisme.
28:09Et d'humanité.
28:10En même temps, il y a aussi une chose dont il faut se méfier,
28:12c'est les orchestrations faites par des machines.
28:15Alors que vous, vous avez toujours travaillé,
28:17et c'est votre force aussi de Dany Brillant,
28:19avec des orchestres en direct.
28:20Toujours.
28:21D'ailleurs, quand je ne trouvais pas les orchestres en franc,
28:23je me suis déplacé.
28:25J'ai été faire un album à Cuba, un album à Porto Rico,
28:28un album à la Nouvelle-Orléans,
28:30je cherchais un son que je ne trouvais plus,
28:32je ne trouvais plus, qui avait disparu.
28:34Et donc, j'ai souvent voyagé pour trouver ce dont vous parlez,
28:37l'authenticité d'un orchestre.
28:39Oui, et la complicité entre le musicien et l'artiste.
28:42Aussi, bien sûr, c'est vrai que le musicien,
28:44quand on le connaît, il se donnera plus
28:46que quelqu'un qu'on prend comme un requin de studio
28:49qui ne nous connaît pas,
28:50ou même un ordinateur qui peut jouer les mélodies à notre place.
28:53Mais ça, c'est d'une froideur.
28:54Et même en tournée,
28:56vous êtes capable de faire de grands moments d'improvisation
28:58ou de fêtes avec vos musiciens que le public partage.
29:01Tout à fait.
29:02Vous savez que la musique qui est ma base, c'est le jazz.
29:05Et le jazz, c'est l'improvisation.
29:07C'est-à-dire que les gens sont libres de jouer ce qu'ils veulent.
29:10Ils ne sont pas enfermés dans une mélodie.
29:14À un moment, je les laisse s'exprimer pendant 3, 4 minutes.
29:17Et le public adore ça.
29:19Et vous-même, c'est une façon aussi de profiter de la musique.
29:23Oui, la musique est un partage.
29:26Et puis surtout, c'est un échange.
29:30Moi, je dis que c'est de l'amour.
29:32Alors justement, l'amour...
29:34Il faut dire que les musiciens, c'est une famille.
29:36Mais dans les moments heureux comme difficiles,
29:39la famille a toujours été votre refuge, Danny Briand.
29:42Oui, j'ai toujours voulu avoir des familles.
29:45J'ai trois enfants aujourd'hui.
29:47Même quand j'étais très jeune,
29:49j'ai voulu fonder une famille dès l'âge de 21 ans.
29:52Pour moi, c'est la force et le refuge.
29:56La famille, d'abord, c'est très discret pour un artiste.
30:00Mais en même temps, c'est un refuge.
30:02Et ça vous aide dans les moments difficiles.
30:05Oui, c'est vrai.
30:07Même dans les moments faciles, ça aide.
30:09Parce que quand vous avez une femme qui vous aime,
30:12elle vous dit quand ça ne va pas aussi.
30:15Je ne dis pas que vous avez la grosse tête,
30:17mais quand vous avez perdu le sens des réalités.
30:19Donc c'est important aussi qu'il y ait quelqu'un qui vous dit
30:21« ça va, tu redescendes un peu ».
30:23C'est bien quand on a des moments durs.
30:26Elle vous dit aussi « t'inquiète pas, c'est passager ».
30:30Mais c'est bien aussi quand ça va un peu trop vite.
30:33Et ça, ça vient de vos racines aussi.
30:35Car la famille en Tunisie comme en France, c'était important.
30:38Oui, et c'est la seule chose que je regrette que 68...
30:4268 a apporté beaucoup de choses.
30:44Parce que les années 70, c'est la conséquence de 68.
30:4768 était la volonté de jeunes de se libérer du patriarcat, des règles.
30:56Mais il y a une chose, je trouve, qui a été exagérée
30:59et que je ne trouve pas bien, c'est l'éclatement de la famille.
31:02Parce que moi, je trouve que la famille, c'est la vraie chose d'une vie.
31:05Et tous ces divorces, tout cet éclatement de la famille,
31:08le rejet du père, le meurtre du père, je trouve ça pas bien.
31:11Moi, je trouve qu'il y a un truc qu'il faut revenir,
31:14c'est à une famille soudée.
31:16Et ça aussi, vous en parlez pour la première fois,
31:18car pour un artiste, parler de sa famille, ça peut être un désavantage.
31:21Vous pensez pour avoir le succès auprès des jeunes filles ?
31:25Mais bien sûr, on sait que Claude François a caché ses enfants
31:28et que d'autres l'ont fait aussi.
31:30Ils vont vous rendre compte de la tristesse des enfants ?
31:32Oui, c'est vrai.
31:33Ils le payent encore aujourd'hui ?
31:34Ils le payent toute leur vie ?
31:35Non, il ne faut pas faire ça. Il faut dire la vérité toujours.
31:38Et d'ailleurs, à propos de famille et d'amour,
31:40il y a une chanson de votre album qui évoque ce sujet,
31:43« Je préférais comme on s'aimait avant ».
31:46Je préférais comme on s'aimait avant
31:51Comme dans une chanson de Dany Brillant
31:56Il suffisait de regarder ses yeux
32:01Et puis soudain, on était amoureux
32:06Comme dans une chanson de Dany Brillant.
32:07Oui, je me suis auto-cité.
32:09Parce que moi, je trouve que je suis un des rares qui dit que la vie est belle dans mes textes.
32:14Donc c'est pour ça que je me suis cité.
32:16Parce que moi, j'ai toujours chanté « Quand je vois tes yeux, je suis amoureux »
32:19« J'ai perdu la tête »
32:20Donc je me suis dit finalement, il n'y en a pas beaucoup qui disent que ça, que la vie est belle.
32:24Donc je me suis cité.
32:25Mais en même temps, c'est un message d'espoir dont on a bien besoin.
32:28Bien sûr.
32:29Vous êtes le village gaulois qui récite à l'envahisseur.
32:31Absolument. Oui, exactement.
32:33La vie est belle a toujours été belle,
32:35parce que quand on voit votre biographie,
32:37vous venez d'une époque où la fête, c'était tous les soirs.
32:39On allait dans les discothèques, on se couchait tard, on riait.
32:42On allait dans les cabarets, c'était autre chose.
32:44J'ai vécu ça, j'ai vécu ça, cette période entre 20 et 30 ans.
32:48C'est vrai qu'on sortait beaucoup, on apprenait beaucoup.
32:51Et la nuit, justement, j'ai fait des très belles rencontres, plus que le jour.
32:54Ah bon ?
32:55Oui, j'ai rencontré des gens qui sortaient la nuit,
32:58qui étaient très intéressants.
33:00J'ai eu beaucoup de conversations.
33:02J'ai l'impression que la nuit, on dit des choses qu'on ne dirait pas le jour,
33:04avec les gens que j'ai côtoyés.
33:06Non, on prend le temps de dire des choses.
33:08On prend le temps, et puis je ne sais pas, il y a une espèce d'érotisme dans la nuit.
33:11Il y a quelque chose de...
33:13Paris, surtout Paris la nuit, c'est une ville magnifique.
33:16Oui, il y avait une complicité quand on voit que Gainsbourg était ramené chez lui
33:19par les policiers, parce qu'il sortait de l'usine.
33:22Exactement.
33:23On ne peut plus imaginer ça aujourd'hui.
33:24Non, aujourd'hui non, je ne crois pas.
33:25Mais vous voyez, Gainsbourg, il sortait la nuit.
33:26Je suis sûr qu'il trouvait son inspiration sur les ponts de Paris,
33:29ou je ne sais pas, parce qu'il y a quelque chose de la nuit de très particulier.
33:32Et vous, cette époque, vous la regrettez ?
33:34Vous pensez qu'elle pourrait revenir aussi ?
33:36Non, je ne regrette rien.
33:37Chaque époque a donné ce qu'elle pouvait.
33:39Simplement, aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est faire son chemin personnel avec son univers,
33:44ses amis à soi.
33:45On ne peut pas...
33:46Il faut qu'on arrête d'attendre de l'extérieur ou de la société,
33:49ou du président qui nous amène quelque chose.
33:51C'est à nous de construire son univers.
33:54Et vous le construisez très bien dans cet album,
33:56parce que, encore une fois, vous parlez de vous et de la société,
33:58ce qui n'est pas si fréquent chez les chanteurs.
34:00Et on va revenir à cet album avec la date de sa sortie, le 27 septembre 2024.
34:06A tout de suite sur Sud Radio, avec Dany Briand.
34:08Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:11Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Dany Briand.
34:14Le 27 septembre 2024, sortie de cet album Seventies.
34:17Alors, il y a le CD et il y a aussi le vinyle.
34:20C'est quand même un retour du vinyle qui doit vous toucher, Dany Briand.
34:24Oui, moi, j'ai fait mon école avec les vinyles.
34:27Le CD est venu plus tard.
34:29Je crois que quand j'ai fait mon premier album, c'était le dernier vinyle,
34:33c'était en 91.
34:34J'avais un 45 tours, mais en vinyle.
34:36Je crois que c'est le dernier.
34:37Après, il n'y en a plus eu.
34:38Donc, je suis de l'époque du CD, moi, vraiment.
34:41Mais mon école, mon oreille, c'est fait au vinyle.
34:45C'est un son très particulier, qui est très doux, très chaud.
34:48Voilà. Et vos jeunes années, la formation, c'était le vinyle.
34:51C'était le vinyle.
34:52Et l'autre fois, je parlais avec un directeur à la FNAC.
34:55Il me disait qu'aujourd'hui, les ventes de vinyle égalent celles du CD.
34:59C'est quand même incroyable.
35:00Ça prouve qu'on revient aux sources.
35:01On revient à la vérité.
35:02Exactement.
35:04Effectivement, quand on voit les vinyles des années 80,
35:07il y avait des chefs-d'oeuvre aujourd'hui avec un son très particulier.
35:10Oui, le son est très doux.
35:11J'aime beaucoup.
35:12Ça caresse l'oreille.
35:13Alors, ce nouvel album, donc Seventies, dont on parle,
35:16la pochette est étonnante parce qu'il y a des palmiers,
35:19il y a une voiture et une tenue blanche.
35:21Voilà.
35:22Moi, je voulais être à Los Angeles,
35:23parce que pour moi, les années 70, c'est Los Angeles, c'est San Francisco.
35:27Vous savez que tout est parti de là-bas, la révolution,
35:29dans les universités, à Berkeley, tout ça.
35:32Je crois que les années fin 60 et début 70 se passaient beaucoup là-bas,
35:35côte ouest.
35:36Et vous êtes allé là-bas ?
35:38Bien sûr, j'y suis allé.
35:39J'aime beaucoup.
35:40C'est vrai qu'il y a une douceur de vivre,
35:41peut-être un peu moins maintenant,
35:42parce qu'on me dit qu'il y a beaucoup de problèmes.
35:44Je ne sais pas, mais à l'époque où j'y allais,
35:46je trouvais qu'il y avait cette espèce d'El Dorado
35:48dont on nous parle dans les chansons.
35:50Michel Sardou et Richard Anthony
35:52sont installés à Los Angeles dans les années 70.
35:55Beaucoup sont partis là-bas et sont revenus à chaque fois.
35:57Même Aznavour, il a eu sa période Los Angeles.
36:00Oui, il est revenu et il m'a dit qu'il n'aimait pas
36:02parce qu'il n'y avait pas de saison.
36:03Voilà, exactement.
36:04Marrakech, la même chose.
36:06Il se trouve que cette tenue blanche aussi,
36:09c'est un de vos symboles, Dany Briand.
36:11Écoutez, comme je me suis beaucoup influencé des années 70,
36:15j'ai vu qu'il y a beaucoup de chanteurs à l'époque
36:16qui s'appelaient Joe Dassin, Henri Salvador,
36:19qui étaient toujours en blanc, et Claude François aussi.
36:22J'avais envie d'arborer le symbole au niveau du vêtement
36:27parce que je s'attache beaucoup d'importance aussi au stylisme.
36:29J'ai trouvé que le costume blanc, c'était très bien.
36:31Joe Dassin a eu une raison.
36:33Il y avait le Salvador Show qui existait
36:36avec Henri Salvador et sa femme Jacqueline.
36:38Un jour, Joe Dassin arrive et Jacqueline et Henri Salvador
36:42l'obligent à mettre une tenue blanche
36:44parce que c'était la tenue de rigueur.
36:46C'est comme ça qu'il a gardé ses costumes blancs
36:48tout au long de sa carrière.
36:49C'est vrai qu'au début, il n'était pas en blanc, Joe Dassin.
36:51Ça lui va très bien, le blanc.
36:53L'émission s'appelait Salvador.
36:55Il y avait aussi les mariages de Barclay.
36:57La première fois qu'il se mariait, c'était tenue blanche de rigueur.
36:59On ne trouvait plus une tenue blanche dans Paris
37:01parce que tout le monde l'avait achetée.
37:03C'était une tenue de mariage.
37:05C'est la fête.
37:07Il y avait aussi les soirées blanches à Saint-Tropez.
37:09Il fallait être habillé en blanc.
37:11C'est aussi une notion de fête qui n'existe plus.
37:13Oui, c'est une notion de joie.
37:15C'est vrai que s'habiller en noir, c'est un peu triste.
37:18S'habiller en blanc, c'est assez gay.
37:20Sur la pochette de cet album, il y a également une voiture.
37:24Les voitures, c'était votre passion.
37:26Avec vos premiers succès, vos premiers cachets,
37:28vous vous êtes offert une belle voiture.
37:30Oui, c'est la première chose que je me suis achetée.
37:32Ce sont des trucs de garçons.
37:34C'est un peu primaire.
37:36Je me suis acheté une Jaguar Type E
37:38parce que c'était la voiture de James Bond.
37:40Le problème, c'est qu'elle était vieille.
37:42Chaque fois que j'avais rendez-vous avec quelqu'un,
37:44elle ne démarrait pas.
37:48J'avais toujours les doigts noirs.
37:50Il fallait que je tombe ma tête dans le moteur.
37:52À la fin, j'ai pris une R5.
37:54Au moins, ça roulait.
37:56Les voitures de collection,
37:58si vous n'êtes pas mécanicien, c'est un enfer.
38:00N'en achetez pas.
38:02En revanche, ce qui démarre très bien, c'est cet album.
38:04Avec une des chansons qui est une bonne nouvelle.
38:06C'est bon de se retrouver.
38:24Là aussi, c'est bon de se retrouver.
38:26C'est l'après-Covid.
38:28C'est vrai que c'était une période très difficile.
38:30Un an et demi, deux ans.
38:32J'ai eu envie de faire une chanson là-dessus.
38:34Là, je vais retrouver le public sans masque.
38:36On a oublié cette période.
38:38C'était terrible.
38:40Il fallait avoir des papiers pour sortir.
38:42Il fallait signer des papiers.
38:44Mais on oublie.
38:46Les chansons, ça fixe bien les choses.
38:48Pour se parler, on ne pouvait pas s'embrasser.
38:50Il fallait se mettre à 10 km.
38:52C'est aussi une chanson sur les retrouvailles.
38:54De quelqu'un qui est malade et qui retrouve son public.
38:56Il y a ce côté d'éloignement
38:58dont je parle dans cette chanson.
39:00C'est bon de se retrouver.
39:02Vous le signalez dans cette chanson.
39:04Il fallait signer un papier quand on allait promener son chien.
39:06Tout le monde avait des chiens.
39:08Je n'ai jamais vu autant de joggers dans la rue.
39:10Parce qu'on avait le droit de courir.
39:12Oui, ça oui.
39:14Qu'est-ce que vous avez fait pendant le Covid ?
39:16Je me suis réfugié dans le Sud.
39:18J'ai préparé mon album
39:20sur Charles Aznavour.
39:22En 2018, quand Charles Aznavour a disparu,
39:24on ne parlait pas beaucoup de lui.
39:26Je comparais souvent avec Johnny Hallyday.
39:28Ils sont morts à la même...
39:30Un an de différence.
39:32On ne parlait pas beaucoup de lui.
39:34Il n'y avait pas d'émission de variété sur lui.
39:36Moi, en tant que fils spirituel,
39:38c'est mon maître.
39:40C'était un ami.
39:42J'avais envie de lui rendre hommage.
39:44J'ai préparé pendant le Covid cet album.
39:46Je voulais faire un double album.
39:48Je voulais faire un album où je chantais tout seul
39:50et un album où je chantais en duo
39:52avec tous les gens qui aimaient Aznavour.
39:54J'ai préparé tout ça.
39:56Pendant cette période,
39:58comme tout le monde était à Paris,
40:00personne n'était en province,
40:02personne n'était en tournée,
40:04j'ai chanté avec Patry Bruel, Carla Bruni,
40:06Obispo, ils étaient tous là.
40:08Voilà un des avantages du Covid.
40:10D'ailleurs, sur Internet,
40:12chacun a porté sa pierre avec une chanson.
40:14Il y avait des chorales extraordinaires
40:16autour de la tendresse de Bourville
40:18où des gens qui ne se connaissaient pas
40:20enregistraient une partie de la chanson.
40:22C'était magnifique.
40:24En plus, Aznavour et Johnny,
40:26ils se sont connus.
40:28Quand Johnny a débuté, il n'avait pas d'appartement.
40:30Il a habité chez Aznavour
40:32à Montfort-la-Maurie pendant deux ans.
40:34Aznavour a appris
40:36à Johnny à faire du cheval.
40:38Avant qu'il tourne,
40:40le film « D'où viens-tu, Johnny ? »
40:42Aznavour a toujours accueilli
40:44la nouvelle génération
40:46avec beaucoup d'engouement.
40:48Quand Johnny est arrivé,
40:50comme c'était du yéyé, du rock,
40:52la plupart des gens l'ont un peu squeezé.
40:54Aznavour était très content.
40:56Je trouve qu'il surveillait
40:58toujours la nouvelle génération.
41:00Il était toujours à l'écoute des rappeurs,
41:02des gens qui faisaient de la chanson
41:04qu'il aimait.
41:06Je crois qu'il a écrit une très belle chanson
41:08qui s'appelle « Retiens la nuit ».
41:10Exactement pour Johnny quand il était au service militaire.
41:12Dans cette chanson, vous dites
41:14« On va faire la fête ».
41:16Pour vous, la fête est essentielle ?
41:20Oui, la fête d'être ensemble,
41:22de se dire que
41:24le meilleur est à venir.
41:26Même s'il y a des problèmes,
41:28si la vie est un peu sombre,
41:30on peut continuer
41:32à s'aimer.
41:34Je trouve que la musique des années 70
41:36me fait monter l'énergie.
41:38Il y a un truc à cette époque
41:40où les gens étaient heureux.
41:42Je pense toujours à Michel Fugain
41:44qui faisait la fête.
41:46Il a une chanson qui s'appelle « C'est la fête ».
41:48C'est une grande notion
41:50de cette époque.
41:52En 2025, il y a pratiquement un an de tournée.
41:54Oui, c'est ça.
41:56Je vais faire la fête cette fois-ci.
41:58J'ai fait mon hommage
42:00à Aznavour.
42:02Les chansons étaient assez mélancoliques.
42:04Il y a pas mal de gens qui n'ont pas retrouvé
42:06ce côté festif chez moi, ce côté danseur.
42:08Là, je renoue avec ça.
42:10Je vais faire un spectacle très festif
42:12où les gens vont pouvoir danser à nouveau.
42:14Ce sera dans toute la France.
42:16Je crois que le 6 mars 2025,
42:18vous serez à la Salle Pléiel,
42:20célèbre pour le jazz.
42:22En 1950, il y a eu un concert Paris Jazz Festival
42:24avec Louis Samstrong,
42:26Stéphane Grappelli, Art Tatoum et Django Reinhardt.
42:28Il y en avait un autre avec Charlie Parker.
42:30Je ne sais pas quelle date c'était.
42:32Ça a été mémorable.
42:34Cette chanson qu'on a écoutée,
42:36c'est bon de se retrouver à le début de votre concert
42:38et il y a celle-ci qui termine votre concert.
43:02Qu'est-ce que c'est cette chanson ?
43:04On ne sait pas si vous adressez à une femme,
43:06à votre frère, à votre mère,
43:08au public.
43:10Restons dans l'ambiguïté.
43:12Comment est née cette chanson ?
43:14Dans tous les couples,
43:16il y a des hauts et des bas.
43:18Des fois, quand on essaie de reconquérir
43:20une femme,
43:22on s'effachait un peu.
43:24Je peux lui dire des mots,
43:26mais comme mon instrument, c'est la chanson,
43:28j'en ai écrit une petite
43:30pour essayer de partir à sa reconquête.
43:32C'est une chanson de reconquête
43:34où le type espère que les choses vont repartir.
43:36Vous dites dans cette chanson
43:38que celle et ceux qu'on a connus ou aimés,
43:40que ce soit une femme ou un frère
43:42ou quelqu'un d'autre, ça reste toujours en vous.
43:44J'y crois profondément.
43:46Je crois qu'on vit plus d'une fois.
43:48Je crois que l'âme continue son travail.
43:50Mon frère, je le sens,
43:52il est avec moi. Il vient dans mes rêves des fois.
43:54Il vient me parler.
43:56Il est venu deux ou trois fois pour me dire
43:58qu'il était bien où il était,
44:00qu'il était bien.
44:02J'y crois beaucoup.
44:04Ce n'est pas scientifique,
44:06mais c'est un ressenti.
44:08Vous êtes quelqu'un qui pratique la nostalgie
44:10en la mettant au présent et même au futur.
44:12C'est ce que je fais.
44:14J'ai digéré le passé
44:16pour en faire quelque chose de moderne.
44:18Je crois qu'il y a tout chez les anciens
44:20et qu'il faut toujours s'inspirer
44:22de ce qui s'est fait avant nous,
44:24mais pas de le répéter bêtement,
44:26mais de le mélanger
44:28avec quelque chose d'aujourd'hui.
44:30C'est une très bonne initiative,
44:32mais vous êtes assez rare dans ce domaine
44:34à vous intéresser au passé.
44:36Quand on parle des jeunes d'aujourd'hui,
44:38ils ne savent pas grand-chose.
44:40Pour avoir un avenir, il faut bien connaître son passé.
44:42Mais ça, c'est un travail de fond.
44:44C'est un goût que j'ai depuis toujours.
44:46Je ne sais pas pourquoi.
44:48À l'âge de 11 ans, j'ai acheté un disque de Glenn Miller.
44:50C'était pas du tout la musique de mon époque.
44:52C'est quelque chose de spécial.
44:54J'ai connu après.
44:56Il y avait certaines soirées
44:58où il y avait des gens qui partageaient le même goût que nous.
45:00Dans les soirées d'Albert,
45:02ça ne dira rien aux gens,
45:04mais à la Nouvelle-Ève, au Balladjo,
45:06il y avait un petit noyau à Paris,
45:08même de gens qui s'habillaient des azous,
45:10où il y avait ces gens qui partageaient
45:12le même goût pour nous, pour la chanson ancienne.
45:14Ils étaient très nombreux
45:16et ça marchait très bien.
45:18Vous évoquez souvent Serge Giani
45:20qui a aussi compté pour vous.
45:22Oui, parce que la mélancolie,
45:24l'émotion...
45:26Serge Giani qui est un chanteur,
45:28c'est un comédien de la chanson,
45:30c'est lui qui a été le plus loin.
45:32C'est lui qui me touche le plus quand j'écoute ses chansons.
45:34Il a fait cette carrière grâce à Barbara
45:36parce qu'elle l'a engagée sur scène en première partie
45:38à condition qu'il apprenne son métier.
45:40Elle lui a donné son professeur pendant 6 mois
45:42et après il a fait la carrière que l'on sait,
45:44car il était comédien avant.
45:46Je crois qu'il n'y en a pas beaucoup des comédiens qui deviennent chanteurs.
45:48Il y a souvent des chanteurs qui deviennent comédiens,
45:50mais lui je crois que c'est un cas très rare.
45:52Il y en a eu quelques-uns,
45:54mais mon temps a commencé dans la chanson.
45:56Dans ce sens-là, oui.
45:58Mais dans le sens de Serge Giani, c'est assez rare.
46:00C'est des Italiens, un peu comme vous.
46:02Vous avez aussi la nostalgie de cette époque
46:04où on dansait le Jerk,
46:06où on était serrés les uns contre les autres, des ivriens.
46:08Le Jerk, c'est la première fois que les gens
46:10arrêtent de danser tous les deux, à deux.
46:12Vous savez, moi je suis plutôt 50 et 60.
46:14Vous le savez bien.
46:16C'est vraiment la grande époque des danses de couple,
46:18du cha-cha, du mambo, du rock.
46:20Et alors, dans les années 60-70,
46:22les couples se défont
46:24et les gens dansent tout seuls.
46:26Donc ça s'appelle le Jerk.
46:28Mais ils continuent à se regarder quand même.
46:30Mais ça témoigne de cette époque où,
46:32comme dans la danse de couple,
46:34c'est l'homme qui dirigeait,
46:36comme la femme se libérait en 68,
46:38elle ne voulait plus non plus que l'homme dirige.
46:40Donc elle s'est mise à danser toute seule,
46:42et l'homme aussi.
46:44Aujourd'hui, je crois qu'on danse beaucoup seul,
46:46mais on est beaucoup plus loin.
46:48Comme vous le dites dans cette chanson,
46:50Dieu a besoin des hommes.
46:52Je suis perdu
46:54dans l'immensité
46:58Je ne crois plus
47:00en l'humanité
47:04Je suis tombé
47:06Je me lèverai
47:10S'il me reste encore la force
47:12Alors ça aussi, c'est étonnant.
47:14Vous évoquez Dieu.
47:16Oui, j'évoque Dieu, c'est vrai.
47:18J'évoque Dieu parce que,
47:20comme vous le dites, j'ai fait un album très personnel,
47:22et donc j'évoque ma conception
47:24de la spiritualité,
47:26qui est un peu à l'inverse de ce que les gens pensent aujourd'hui.
47:28C'est-à-dire que les gens pensent
47:30qu'en priant Dieu, il va se passer des choses.
47:32Moi, je pense que c'est Dieu qui a besoin de nous.
47:34Pour moi, Dieu a créé le monde,
47:36c'est sûr, c'est indéniable.
47:38Simplement, il l'a créé inachevé.
47:40Et il nous a pris comme partenaires pour parfaire sa création.
47:42Donc c'est lui qui a besoin de nous.
47:44Vous voyez ce que je veux dire ?
47:46Donc j'ai mis, j'ai développé cette idée dans cette chanson
47:48« Dieu a besoin des hommes ».
47:50Je n'ai pas dit que c'est l'homme qui a besoin de Dieu,
47:52j'ai dit que c'est Dieu qui a besoin de nous.
47:54Alors, est-ce qu'on croit ou non en Dieu, c'est une autre chose,
47:56mais en tout cas, je crois que Dieu a cru en vous
47:58pour vous donner tous les bonheurs qu'il vous a offerts.
48:00Oh bah dis-donc, quel compliment, merci !
48:02Alors cet album, c'est « Seventies »,
48:04c'est le point de départ d'une longue tournée pour 2025.
48:06Et puis merci de vous être livré aussi
48:08avec autant de talent à travers ces chansons,
48:10c'est quelque chose auquel vous teniez.
48:12Et puis merci à l'intervieweur,
48:14parce que sans question, il n'y a pas de réponse.
48:16La réponse, elle est claire, il faut écouter « Seventies »
48:18et allez vous voir sur scène.
48:20Merci Dany Briand, et à bientôt.
48:22L'écrit d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui,
48:24on se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.