• il y a 2 mois
Retrouvez la chronique de Chloé Morin tous les lundis à 8h10

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:05— Chloé Morin, bonjour. — Bonjour. — Chloé Morin, ce budget... Oui, je pense que ça passe largement au-dessus de la tête des Français,
00:12toutes ces discussions à l'Assemblée nationale. Les Français n'y comprennent rien du tout. Il faut dire que c'est difficile.
00:18François Hollande, lui, n'y comprend non pas, n'y comprend rien non plus. Enfin il comprend tout, mais il n'est jamais là.
00:23Donc j'ai vu l'absentéisme. On parle de l'absentéisme des fonctionnaires, mais l'absentéisme des députés, ça existe aussi.
00:29— Vous nous parlez du budget ce matin. Plus personne donc n'y comprend rien. Alors rarement, l'exercice budgétaire a été aussi confus.
00:38— Bah oui. On a ce qui a été voté en commission et qui a été supprimé ensuite, ce que le gouvernement propose mais que
00:45sa propre majorité ne souhaite pas. Et puis il y a ce que la majorité veut mais que les oppositions retoquent.
00:52Donc quand on voit tout ça, on se dit c'est à croire que la majorité de Michel Barnier a fait exprès de laisser la gauche
00:58multiplier les taxes en commission pour ensuite apparaître par contraste beaucoup plus raisonnable. Et tout ça ressemble furieusement
01:06à de la politique, à la vieille politique politicienne. C'est normal que les Français n'y s'y retrouvent pas.
01:11— Oui, évidemment. Et ça aboutira avec un 49-3. On entend assez peu. Le RN, dans ce débat budgétaire, n'est-il pas incohérent
01:18quand il s'oppose d'un côté à augmenter le taux de la flat tax sur les dividendes mais souhaite de l'autre côté une taxation
01:26des rachats d'actions ? — Mais oui. En fait, le RN, dans ce débat, a deux enjeux. D'abord un enjeu de crédibilité, notamment auprès
01:33des chefs d'entreprise, qui sont encore frileux face à un programme du RN qui est considéré comme très dispendieux et assez...
01:40Finalement, très social. Et d'ailleurs, la fibre sociale du RN va être rappelée jeudi, puisque c'est la niche du RN,
01:49durant laquelle il va proposer la suppression de la réforme des retraites pour prendre la gauche au piège et faire la démonstration
01:58que la gauche ne veut pas vraiment l'abrogation de la réforme des retraites, puisqu'elle ne votera pas une proposition du RN.
02:05Au-delà de la crédibilité du RN, il y a surtout un enjeu de cohérence qui se pose de plus en plus en matière économique.
02:12Et c'est bien normal, parce que son électorat s'élargit. Donc le sujet, c'est comment concilier des mesures favorables aux plus modestes,
02:19c'est-à-dire son socle électoral, et aux entrepreneurs, qui sont une terre de conquête. Et ça, c'est la question centrale qui va se poser au RN.
02:26— Mais Jordan Bordela a signé une tribune remarquée la semaine dernière. — Eh bien voilà. Il essaye de courtiser... Donc c'est une tribune
02:33qui est très libérale et qui permet de courtiser, justement, les chefs d'entreprise et d'aller dans les terres de conquête du RN.
02:41Cette tribune célèbre la croissance. Elle plaide pour déverrouiller les contraintes qui pèsent sur la croissance au lieu de multiplier les taxes,
02:48pour faire simple. Donc évidemment, c'est du miel aux oreilles des grands capitaines d'industrie. Mais ce sont précisément les mêmes
02:55qui jugent peu raisonnable l'idée de supprimer la dernière réforme des retraites. — Oui. Attention au grand écart.
03:01— Il faut jamais oublier que la gauche s'est cassée les dents sur ce dilemme économique à chaque fois qu'elle a exercé le pouvoir.
03:08Élue pour remettre de la justice sociale et fiscale dans le système, elle a toujours fini par faire trop de compromis avec le monde de l'entreprise
03:14aux yeux de ses électeurs. Ce faisant, elle a fini par rompre durablement avec les catégories populaires. C'est la raison pour laquelle
03:22le RN navigue très prudemment en essayant d'avancer, en envoyant des signaux aux uns et aux autres, mais de manière très équilibrée.
03:30À terme, est-ce que le RN parviendra à éviter le grand écart ? C'est peut-être là-dessus que se jouera l'élection de 2027.
03:37— Oui. Qu'en pensez-vous, Elisabeth Lévy ? — Le casque ne marche pas très bien. Je l'enlève. Pardonnez-moi.
03:44Alors sur le RN, oui, Chloé vient de nous décrire le « en même temps » du RN, évidemment. Je me rappelle, l'an dernier, j'ai fait une couverture
03:54de Causeur avec Jérôme Saint-Marie. Et le titre de l'interview, c'était « Le RN n'est ni extrême ni de droite ». Et de fait...
04:01Alors je pense effectivement qu'il n'est pas extrême. Mais de fait, une partie du RN, une partie du programme est de droite et l'autre ne l'est pas.
04:09Et je pense que c'est difficile pour l'électorat qui, à mon avis, est quand même encore en grande partie un électorat plutôt de droite
04:18sur beaucoup de choses. Je ne sais pas. Mais j'ai un petit désaccord avec Chloé, néanmoins. C'est sur l'idée que Barnier fait de la politique
04:24politicienne en faisant tout ça. Mais Barnier joue très bien avec le jeu qu'il a. Qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse ? Il sait très bien qu'il n'a pas de...
04:32— C'est moi qui n'ai pas de cartes en main. — Non mais moi, contrairement à... Eh ben moi, je ne suis pas d'accord.
04:35— Ah bon ? — Je pense qu'on peut avoir une surprise Barnier et que, paradoxalement... Non mais pas Barnier le personnage, bien que ce soit maintenant
04:43mon idéal du mois. Ce type si calme et si courtois avec ses adversaires, c'est mon idéal. Mais c'est simplement que dans la situation où on est,
04:53paradoxalement, comme personne n'a vraiment intérêt à le faire tomber maintenant, ce gouvernement pourrait réussir à faire des trucs.
05:00C'est pas complètement exclu. — C'est moins... Les politiciens, c'est moins le gouvernement que ceux qui le soutiennent, c'est-à-dire la majorité.
05:09On a vu qu'ils sont pas toujours là pour défendre le programme... — Oui mais c'est volontaire, non ? C'est volontaire ?
05:14— C'est volontaire dans la mesure où, en fait, ils savent qu'ils sont déjà en campagne. — Il y a quelqu'un à la gauche qui vote taxe sur taxe ?
05:21— Ça, c'est la première chose. Et puis la deuxième chose, c'est que quand on est député en campagne pour sa réélection – potentiellement, il peut y avoir
05:28une dissolution dans quelques mois quand même –, on n'a pas envie que nos concitoyens viennent nous dire
05:35« Vous avez voté telle ou telle mesure impopulaire ». Donc je pense que l'absentéisme des uns et des autres est aussi lié à ça.
05:41— Mais quand vous dites les Français... Enfin je pense que les Français comprennent très bien que nous n'avons pas le choix,
05:46qu'on ne va pas s'en sortir en tapant une seule catégorie, les plus riches, que taper sur les entreprises n'est pas forcément la bonne idée.
05:54Là, on veut remettre une taxe sur la production, ce qui paraît quand même assez délirant.
05:59— Oui mais que ça, ça va être balayé pour le 49-3. C'est pour ça, non ? — Non mais bien sûr. Mais on sait qu'à la fin,
06:04on va avoir un budget d'austérité, ce qu'on appelle un budget d'austérité, et qu'on ne s'en sortira pas sans couper
06:10dans des dépenses sociales. L'idée qu'on va s'en sortir en tapant juste sur le voisin, ça va pas marcher.
06:15— Ben pour l'instant, on est dans le volet recettes. J'attends de voir le volet dépenses.
06:20— Et surtout, est-ce qu'on va rester à l'équilibre des 2 tiers-1 tiers qui avaient été annoncés par Michel Barnier,
06:27c'est-à-dire 1 tiers de hausse des impôts et 2 tiers de baisse des dépenses, ou est-ce qu'on va finir à 2 tiers inversés,
06:32c'est-à-dire 2 tiers de hausse des impôts et 1 tiers de... — Il avait raison.
06:36— Je peux poser une question sur l'URN. En fait, est-ce qu'avant, il y avait l'URN du Nord, qui était beaucoup plus de gauche
06:42en quelque sorte, et l'URN du Sud, qui, y compris sur l'économie, était beaucoup plus libérale ? C'était vrai aussi
06:48pour les électorats. Est-ce qu'il y a toujours en quelque sorte cette dichotomie, vous diriez ?
06:52— Oui, même si ça s'est moyennisé. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous n'avez plus... Quand vous atteignez 30, 35, 40%
07:00dans une élection, forcément, vous arrivez à combler les manques que vous avez sur telle et telle catégorie.
07:04Donc aujourd'hui, l'URN était un parti, par exemple, qui avait des déficits importants sur les électeurs âgés.
07:10Et ces déficits ont été en grande partie comblés, par exemple. — Oui. Est-ce qu'il y a une opposition claire,
07:17disons clairement les choses, entre Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui ne sont pas, sur ces questions économiques
07:24et sociales, sur la même longueur d'onde ? — Je pense que leur sensibilité est différente. Pour l'instant, on leur pardonne
07:32d'abord parce qu'ils ne se disputent pas ouvertement. — Oui. — Et que jamais Marine Le Pen ne recadre ouvertement
07:37Jordan Bardella. — Bien sûr, bien sûr. Elle est trop fine politique pour ça. — Et surtout, on leur pardonne parce qu'ils ne sont pas au pouvoir.
07:42C'est-à-dire que les ambiguïtés... La gauche aussi avait ses ambiguïtés. La droite aussi, avant d'arriver au pouvoir,
07:47avait ses ambiguïtés. Et en fait, les ambiguïtés n'apparaissent... — Le pouvoir est un révélateur.
07:52— Exactement. — Il faut pouvoir. Vous devez trancher. Mais regardez, Emmanuel Macron prouve que la réalité, c'est pas une obligation.
07:59— Bien. Il est 8 h 19. Merci à toutes les deux d'être avec nous ce matin. Vous êtes sur Sud Radio. Restez là.
08:05Nous vous retrouvons... Nous sommes dans un instant avec Benjamin Gleize pour notre sujet, l'un de nos sujets du jour.
08:12Et puis Gilles Averrousse, le ministre des Sports, sera mon invité tout à l'heure, 8 h 30, 9 h.

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