Vendredi, samedi et dimanche dans Europe 1 Soir Week-end, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique.
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00:00Nous sommes à dix jours de l'élection américaine.
00:03Les sondages sont extrêmement serrés, c'est très compliqué de dire à une semaine de l'élection américaine
00:10qui de Kamala Harris ou de Donald Trump va remporter cette élection.
00:15On va en parler avec Laurie Kenton, qui est spécialiste d'histoire et de la civilisation américaine,
00:20maître de conférence à l'université de Versailles 51, ces dernières heures.
00:25C'est un peu comme d'habitude, j'ai envie de dire, les démocrates ont reçu le soutien
00:29de Kamala Harris, de personnalités américaines, alors Leonardo DiCaprio, Bruce Springsteen et, par exemple, Beyoncé.
00:39Je ne suis pas là en tant que célébrité, je suis là en tant que mère.
00:43Une mère qui se préoccupe du monde dans lequel mes enfants et tous les autres enfants vivent.
00:49Un monde dans lequel nous avons la liberté de contrôler notre corps.
00:55Bonsoir Laurie Kenton, merci d'être avec nous en direct sur Europe 1, il est 20h33.
01:02Je voulais passer ce son, c'est vrai que c'est amusant, on peut entendre Leonardo DiCaprio, Bruce Springsteen.
01:08Nous on n'a pas ça du tout en France, mais est-ce que c'est une si bonne nouvelle que ça
01:12pour la candidate démocrate que les stars de l'EU se mobilisent, Laurie Kenton ?
01:18On peut voir ça de deux côtés, bonsoir, on peut voir ça de deux côtés.
01:22Les Trumpistes vont toujours trouver que c'est ridicule parce que ça veut dire que c'est le parti des milliardaires, bon d'accord.
01:27Les fans de Bruce Springsteen, a priori, ils votent déjà pour Kamala Harris,
01:32donc je ne suis pas sûr que ce soit une opération très gagnante.
01:35Mais il vaut mieux les avoir de son côté que contre soi, c'est toujours bon à prendre.
01:39Ils permettent de lever des fonds, ce qui indirectement fait vivre la campagne.
01:43Oui, c'est ça, c'est l'argent en fait, c'est pour ça qu'ils se mobilisent.
01:47C'est pour ça qu'ils se mobilisent, effectivement, l'intérêt de leur mobilisation, c'est l'argent en fait.
01:52Il y en a deux. Il y a le premier intérêt, disons indirect, qui ne se compte pas forcément en voie,
01:58c'est de faire vivre la campagne et faire vivre les gens qui vont aller taper aux portes,
02:03aussi toutes les pubs de campagne, ça coûte un argent absolument délirant.
02:07Donc tout ça a un prix et les stars, notamment d'Hollywood, permettent ces levées de fonds.
02:14Bon, ça, c'est le premier aspect.
02:17Le deuxième aspect, c'est le côté cool, en fait.
02:19C'est-à-dire que c'est d'essayer de gratter des gens qui ne s'intéressent pas à la politique
02:23et qui ne s'intéressent pas ou carrément détestent les politiques,
02:27les considèrent comme tous pourris, etc., ça ne m'intéresse pas, je n'y comprends rien,
02:31donc voilà, c'est un peu un cercle vicieux.
02:33Et en fait, le fait de voir sa star préférée, que ce soit Beyoncé, Taylor Swift ou d'autres,
02:39s'intéresser, soutenir, etc., peut-être que ces gens-là, c'est le calcul, vont se dire
02:45« Tiens, peut-être va falloir que je m'intéresse à Kamala Harris si Taylor Swift dit que,
02:50si Beyoncé dit que », et donc ça permet de récupérer des gens qui sont éloignés du politique
02:56et éventuellement de les ramener à soi.
03:00Taylor Swift a fait ça avec son fameux post Instagram, là,
03:04où elle appelait les gens à s'inscrire sur les listes électorales.
03:07Alors, on a beaucoup spéculé pour savoir si ça allait fonctionner ou pas.
03:11Ce qu'on peut dire objectivement, c'est que quand elle fait ce genre de messages,
03:15ce n'est pas la première fois, il y a une explosion des inscriptions sur les listes électorales
03:20et ce qu'on sait, c'est que généralement, ça se convertit en vote.
03:24Incroyable ! Je ne sais pas si c'est transposable en France, ça ? Franchement, non ?
03:29On n'a pas les mêmes systèmes, on n'a pas des stars forcément.
03:33Oui, il y a ces puissants.
03:35En France, on n'a pas de Bruce Springsteen.
03:41Après, on va se faire des ennemis.
03:44En fait, le problème, c'est que ceux qui se sont mêlés de politique,
03:48on a un petit peu la même chose.
03:50Quand des acteurs de gauche soutiennent les candidats de gauche,
03:53on dira que les millionnaires soutiennent la gauche.
03:56Quand un certain nombre d'artistes ont soutenu Nicolas Sarkozy,
03:59par exemple, c'était la fin de leur carrière.
04:01Maintenant, plus personne ne veut s'occuper de politique.
04:03Et on l'a vu, ça en 2022 en particulier,
04:06ça a été noté dans la presse qu'il y avait un désert artistique
04:12pour soutenir les candidats.
04:16Il faut vraiment qu'il y ait, par exemple, Marine Le Pen au deuxième tour
04:20pour qu'un certain nombre sorte de leur réserve.
04:24Globalement, il y a un évitement du politique de la part des artistes
04:28parce qu'il y en a un certain nombre qui ont payé pour leur carrière.
04:32À propos de cette élection américaine,
04:34Loric Henton, où en est-on exactement ?
04:37De la France, de là où nous sommes,
04:43on a un peu le sentiment que la candidate démocrate est en difficulté
04:46face à Donald Trump qui, malgré ses emportements,
04:51malgré le Capitole, malgré...
04:55Enfin, la liste est longue.
04:57Il est au seuil de remettre un pied à la Maison-Blanche.
05:01Mais il y a quatre ans, c'était inimaginable.
05:03Il y a six mois, c'était très imaginable quand même.
05:06En face de Joe Biden.
05:09À qui la faute, Loric Henton ?
05:13On se retrouve dans cette situation aujourd'hui.
05:16Il y a plusieurs explications qui se combinent.
05:19Ce qu'on voit généralement, c'est qu'il y a un certain nombre de gens...
05:22Il y a deux types d'électeurs trumpistes.
05:25Il y a les fans absolus qui, de toute façon,
05:29considèrent que toute attaque est un mensonge.
05:32De toute façon, ils sont absolument imperméables à toute critique
05:36et ils sont plutôt du genre à applaudir
05:40tout ce qui sort un peu du cadre, qui est disruptif, violent, etc.,
05:44parce que pour eux, c'est une solution pour sauver une Amérique
05:46qui est en train de couler.
05:47Donc ça, eux, ils voient ça d'un bon oeil.
05:49Ce que d'autres voient ça d'un mauvais oeil,
05:51eux, ils voient ça d'un bon oeil.
05:52Et puis, il y a tous ceux qui disent explicitement qu'ils n'aiment pas Trump
05:56ou qu'ils l'aiment pas trop, qu'ils aimeraient bien qu'il twitte moins,
06:00qu'il soit un petit peu moins.
06:01Mais finalement, en fait, ils s'en foutent,
06:03parce que deux choses l'une, soit c'est bon pour eux
06:06parce qu'ils pensent, à tort ou à raison, peu importe,
06:09qu'il est meilleur pour l'économie,
06:11qu'il va gérer le pays comme un chef d'entreprise.
06:14Bon, il a fait énormément de faillites dans sa carrière,
06:16mais ça, visiblement, ils le savent pas trop
06:18ou ils veulent pas le savoir.
06:20Et puis, il y a le côté, également,
06:24c'est pas seulement Trump, mais c'est un Républicain,
06:26donc c'est mieux pour le business.
06:27Moi, je suis auto-entrepreneur ou j'ai une petite entreprise,
06:30donc finalement, je l'aime pas trop,
06:32mais bon, bon an, mal an, c'est peut-être mieux pour moi.
06:35Et après, il y a un autre point qui est un petit peu plus dérangeant
06:40du point de vue de la politique,
06:41c'est tous ces gens qui disent
06:44que la vie est devenue beaucoup trop chère,
06:46c'était mieux avant, au moins, sous Trump,
06:48les prix étaient moins chers.
06:49Donc les gens ont l'impression que voter Trump,
06:51c'est une machine à remonter le temps
06:53et que les prix vont revenir d'un coup,
06:56le 6 novembre, ils vont revenir au niveau de 2019.
07:01Le problème, c'est que c'est pas possible
07:03et que Trump a hérité de l'économie d'Obama en 2016
07:07et que Trump va hériter de l'économie de Biden
07:10et donc des niveaux de prix de Biden
07:13s'il est réélu.
07:14Et donc, quand il arrivera au pouvoir en janvier 2025,
07:17il va pas faire s'effondrer les prix comme ça,
07:20en claquant des doigts.
07:21Donc ça, c'est un raisonnement qui est complètement fallacieux,
07:23mais c'est un petit peu le problème de la démocratie,
07:25c'est que toutes les voix comptent,
07:27y compris des gens qui ont des raisonnements économiques
07:29qui tiennent pas debout.
07:31Et c'est, en gros, ce qui anime une bonne partie
07:36des gens qui n'aiment pas Trump,
07:38mais voteront ou sont prêts à voter Trump
07:40pour ça, pour la question des prix.
07:42Un mot sur Kamala Harris et notamment sa posture
07:45dans cette dernière ligne droite de campagne présidentielle,
07:48Kamala Harris, qui, par exemple,
07:51traite Donald Trump de fasciste.
07:54Est-ce que c'est une bonne stratégie
07:56de la part de la candidate démocrate
07:57de tomber, justement, dans les travers de Donald Trump ?
08:02On verra si c'est une bonne stratégie ou une mauvaise stratégie
08:06après les résultats.
08:07Pour l'instant, c'est une stratégie.
08:08Alors, il y a une différence avec...
08:10On compare souvent avec Biden et on dit
08:12qu'elle fait du Biden.
08:13Non, Biden, il avait une campagne assez négative
08:18sur Donald Trump,
08:20mais c'était quand même relativement tôt.
08:22Et là, on est dans un timing complètement différent.
08:24Là, on parle aux indécis.
08:26Les gens qui ont fait leur choix,
08:28de toute façon, eux, ils ont même déjà voté,
08:30donc c'est pas eux qu'on va essayer de convaincre maintenant.
08:32On va essayer de convaincre,
08:33entre maintenant et le 5 novembre,
08:35tous ceux qui n'ont pas encore décidé.
08:37Et ça peut être le petit truc
08:39qui les fait pencher finalement du côté de Kamala Harris
08:43parce que c'est quand même pas acceptable,
08:45ça fait peur, on se demande, etc.
08:47Donc ça peut les faire basculer.
08:49C'est pas du tout le même public auquel on parle.
08:51Pour moi, c'est pas la même stratégie.
08:53Est-ce que c'est pertinent ?
08:56Disons que sur la campagne positive
08:58qu'elle a faite au début,
08:59ça permettait d'énergiser un peu les foules
09:01et c'était pas du luxe
09:02parce qu'elle avait quand même une popularité
09:04qui était très basse.
09:05Et là-dessus, elle a réussi son pari
09:08d'inverser un petit peu la courbe
09:10et de mener une campagne
09:12qui était beaucoup plus robuste
09:15que ce qu'on aurait pu craindre
09:16puisqu'elle était quand même pas très aimée au début.
09:18Donc là-dessus, mission accomplie.
09:19Après, sur la fin de la campagne,
09:21il y a un certain nombre de thèmes
09:22sur lesquels ça n'accroche pas vraiment.
09:24Sur l'immigration et sur l'économie,
09:26de toute façon, les gens voient Trump
09:28et les Républicains comme supérieurs,
09:29donc elle a un peu réduit l'écart
09:31sur la crédibilité économique.
09:32Faut pas oublier ça, quand même.
09:34Mais évidemment,
09:35quand toute une volée d'anciens collaborateurs de Trump,
09:39tous plus républicains les uns que les autres,
09:41le traitent de fasciste,
09:42il y a peut-être quelque chose à exploiter
09:44dans le cadre de sa campagne.
09:46Elle aurait tort de se priver là-dessus.
09:47C'est pas elle qui l'accuse de fascisme.
09:49Elle reprend les termes,
09:50notamment de John Kelly, son ancien chef de cabinet.
09:54Autre question.
09:55Laurie Kenton, spécialiste de l'histoire
09:57et de la civilisation américaine.
09:59Et pour nous, Français,
10:01toujours pareil, je regarde avec nos yeux,
10:04qui de Kamala Harris ou de Donald Trump
10:07serait le meilleur président ?
10:10Du point de vue français,
10:11il ne faut pas se faire d'illusions.
10:12On a toujours des étoiles dans les yeux
10:14quand on pense aux Américains.
10:15Ils défendent d'abord leurs intérêts.
10:17Et on a vu avec l'affaire des sous-marins australiens
10:20que ça a beau être Biden,
10:22quand les intérêts américains sont en jeu,
10:24il n'y a plus de sentimentalité,
10:26on peut ranger la faillette.
10:27Il n'y a vraiment plus d'histoire commune.
10:30Donc, si Kamala Harris est élue
10:33et qu'elle doit faire valoir les intérêts
10:35de l'économie américaine
10:37contre les intérêts européens ou français,
10:39elle ne se privera pas de le faire.
10:41Donc, il ne faut pas non plus...
10:42En revanche, c'est vrai qu'on a deux types de diplomatie
10:45qui sont très différents.
10:47On va avoir un type de diplomatie assez classique
10:49qui respecte les alliances
10:51dans la limite des intérêts,
10:53mais qui est plus ordonné, on va dire,
10:55avec Kamala Harris.
10:57Et on va avoir un type de diplomatie
10:59un petit peu plus imprévisible,
11:02plus transactionnelle, comme on dit,
11:04avec Donald Trump.
11:06Donc, là-dessus, c'est plus compliqué à gérer
11:09parce qu'on ne sait jamais trop
11:11quel coup il va jouer et comment,
11:13et s'il va se tenir à une ligne
11:16ou s'il va faire demi-tour assez rapidement.
11:19Donc, le problème principal d'une hypothèse Trump,
11:23c'est l'imprévisibilité
11:25et puis le fait qu'il est beaucoup plus engagé
11:28dans une guerre douanière
11:31avec un certain nombre d'adversaires,
11:33d'abord la Chine,
11:35mais il n'est pas fan de l'Allemagne.
11:37Et comme l'Allemagne, c'est l'Europe,
11:39il va s'en prendre également à l'Europe.
11:41On ne sait pas encore dans quelle mesure,
11:43mais il a plus ou moins la main.
11:45Ça, c'est important parce que, sur pas mal de points,
11:47il va être limité par le Congrès.
11:49Donc, il ne faut pas trop s'inquiéter sur certains points.
11:51En revanche, sur la politique douanière,
11:54il a beaucoup plus la main.
11:56Et donc, là-dessus, il peut faire beaucoup plus ce qu'il veut.
11:58Et Dieu sait ce qu'il veut.
12:00Ça pourrait venir un problème pour nous.
12:02Merci beaucoup, Laurie Kenton.
12:04J'espère qu'on aura la chance de vous recontacter
12:06la semaine prochaine.
12:07Peut-être qu'on y verra un peu plus clair
12:09samedi prochain, à quelques jours
12:11de cette élection présidentielle,
12:13où tout peut arriver.
12:15Nous reviendrons vers vous.
12:17Évidemment, merci d'avoir été avec nous
12:19en direct sur Europe 1.
12:20Il est 20h44.
12:21Une petite annonce antenne pour les copains.
12:23Tous les week-ends, samedi et dimanche,
12:256h10,
12:27retrouvez les pronostics de Thierry Léger
12:29pour les plus grandes courses.
12:31Hippie, Paris-Longchamp, Vincennes, Chantier,
12:33Auteuil.
12:34Vous retrouverez également tous les pronostics de Thierry Léger
12:36en podcast et en replay sur le site
12:38et l'application Europe 1.
12:40Voilà, c'était pour...
12:48Je voudrais qu'on revienne un instant, quand même,
12:50sur cette élection américaine.
12:51Pourquoi ? Parce qu'en fait,
12:52ce qui va se passer dans une semaine,
12:53ça va avoir des incidences
12:55sur le monde.
12:56Sur le monde, donc, sur nous.
12:57Qui de Kamala Harris, Donald Trump,
12:59rentrera
13:01à la Maison Blanche ?
13:03Voir revenir Donald Trump, ça nous surprend,
13:05nous.
13:06Décidément, les élections,
13:08l'élection présidentielle aux Etats-Unis
13:10n'a rien à voir avec l'élection
13:12présidentielle française.
13:13C'est comme les stars, pardon,
13:14quand on voit...
13:15Mais il a raison, Laurie Kenton,
13:17c'est inimaginable, aujourd'hui,
13:18qu'une star française,
13:20un chanteur ou une chanteuse française,
13:21se positionne pour un des candidats à la présidentielle.
13:23Impossible !
13:24Mais ça fait quand même deux fois
13:25qu'on a Marine Le Pen au second tour
13:26et donc on a beaucoup de stars
13:27qui se sont positionnées,
13:28si je puis me permettre.
13:29Ah oui, mais contre elle !
13:30Bah oui !
13:31Oui, mais qu'ils ne vont pas chanter
13:32dans des shows...
13:33Ah non !
13:34Excusez-moi, je compare...
13:35Là, il faut remonter à Sarkozy, 2007.
13:36C'est Sarkozy.
13:37Et après, c'était terminé.
13:38Inimaginable.
13:39En France, oui, bien sûr.
13:40Oui, après, il y a le show à l'américaine,
13:41de toute façon, c'est...
13:42Non, non, mais c'est incroyable.
13:43Nous sommes différents, en effet,
13:45que les Américains.
13:46Oui.
13:47Mais, moi, ce qui me fascine un peu,
13:49c'est qu'on est étonnés,
13:50comme vous le disiez,
13:51dans le commentaire,
13:52on est étonnés que Trump revienne.
13:53On est plus étonnés que Trump revienne,
13:54par exemple,
13:55que les États-Unis,
13:56Première puissance mondiale,
13:57soient dirigés par quelqu'un
13:58qui perd la boule, quoi.
13:59Parce que c'était vraiment le cas
14:00avec Joe Biden.
14:01Bien sûr, bien sûr.
14:02Oui, enfin, vous dites bien sûr.
14:03Pendant des mois et des mois,
14:04tout le monde faisait semblant de ne pas voir.
14:05Ah bah, attendez,
14:06qui ne voyait pas ?
14:07Alors, c'était des pépites.
14:08Je suis d'accord.
14:09Enfin, les Américains ne voyaient rien.
14:10Non, mais au début, quand on...
14:11Non, mais attendez,
14:12même ici,
14:13au début, dans les débats,
14:14quand on disait,
14:15excusez-moi,
14:16mais parce que là,
14:17dans la vidéo hier,
14:18vous avez vu,
14:19il est très très gênant.
14:20En fait, il se trompe de sens.
14:21Il appelle son fils qui est mort,
14:22etc.
14:23Et tout le monde disait,
14:24oui, bon, ça va.
14:25C'était limite complotiste déjà
14:26d'évoquer l'état de santé de Joe Biden.
14:27Mais on a fini par le reconnaître.
14:28Là, aujourd'hui,
14:29Kamala Harris évoque l'âge de Donald Trump
14:31dans les débats.
14:32Moi, il y a un niveau de débat.
14:34C'est-à-dire qu'on se désole souvent
14:35du niveau de débat en France.
14:36Mais alors vraiment,
14:37quand on regarde les États-Unis,
14:38je me dis qu'on est encore
14:40à un niveau exceptionnel.
14:41Il y a un niveau,
14:42mais à la fois dans les insultes
14:44et transparent,
14:45en fait,
14:46dans les affrontements
14:47entre Kamala Harris
14:48et Donald Trump.
14:49Oui, vraiment des deux côtés.
14:50Dans les affrontements
14:51entre Donald Trump
14:52et Kamala Harris,
14:53malheureusement,
14:54une fracture américaine
14:55vraiment incroyable.
14:56C'est-à-dire que l'un et l'autre
14:58promettent que si l'autre gagne,
15:00d'abord,
15:01il y a un risque de non-reconnaissance
15:04des résultats des deux côtés.
15:05Et par ailleurs,
15:07il y a un risque de non-reconnaissance
15:08de la légitimité de l'autre côté.
15:10Il faut voir
15:11ce qui se balance l'un et l'autre.
15:12Ils sont tous les deux
15:13l'un pour l'autre.
15:14Un danger pour la démocratie,
15:15un danger pour l'avenir,
15:16un danger pour la vie,
15:17un danger pour le monde entier.
15:18Mais c'est vraiment ce ressort-là.
15:20Et là, on voit,
15:21on a quelques prémices parfois
15:23ici en France,
15:24mais là-bas,
15:25c'est vraiment acté absolument.
15:26Et c'est,
15:27démocratiquement,
15:28c'est quand même assez...
15:29Inquiétant.
15:30Inquiétant,
15:31parce que tout à l'heure,
15:32votre invité parlait beaucoup
15:33de la question économique,
15:34et on voit que l'affrontement
15:35se fait sur le wauquisme
15:36énormément.
15:37On l'a vu avec Elon Musk
15:38justement dans les meetings
15:39de Donald Trump.
15:40Donald Trump s'est mis à beaucoup
15:41parler de ce sujet-là.
15:42Je pense que c'est évidemment
15:43extrêmement lié.
15:44Il y a la question de l'immigration
15:45évidemment qui est très présente.
15:46Il y a la question en effet
15:47du niveau de vie
15:49et du pouvoir d'achat.
15:50Il y a la question
15:51de la diplomatie
15:52et du positionnement
15:53dans le monde.
15:54Donc il y a beaucoup de questions
15:55qui s'invitent en plus.
15:56Je ne suis pas sûre
15:57que les Américains soient juste
15:58des gens un peu niais
15:59qui pensent qu'ils vont
16:00gagner plus d'argent
16:01ou l'autre qui gagne.
16:02Il y a quand même
16:03beaucoup de sujets aussi
16:04qui s'invitent dans la campagne
16:05américaine ces derniers temps
16:06mais qui révèlent
16:07un antagonisme
16:08irréconciliable.
16:09Ils ne sont pas capables
16:10de penser leur avenir
16:11d'un côté comme de l'autre
16:12si l'autre l'emporte.
16:13Et ça c'est quand même
16:14vraiment impressionnant
16:15en tout cas.
16:16Alors Adrien Matou,
16:17société privée aux Etats-Unis,
16:18réaction Donald Trump,
16:19Kamala Harris.
16:20Comment analysez-vous
16:21tout ça ?
16:22Je voulais revenir
16:23sur ce que disait
16:24notre invité
16:25qui était assez intéressant
16:26sur le rôle des stars
16:27parce qu'il y a
16:28beaucoup de choses
16:29qui se passent
16:30sur le rôle des stars
16:31parce que c'est vrai
16:32que déjà
16:33il y a un paradoxe
16:34assez intéressant
16:35qui est que
16:36Kamala Harris
16:37apparaît comme la candidate
16:38de l'establishment
16:39parce que
16:40évidemment
16:41tous les milliardaires
16:42d'Hollywood
16:43se relaient
16:44pour la soutenir.
16:45Mais c'était pareil
16:46aux précédentes élections,
16:47non ?
16:48Alors justement
16:49c'était pareil
16:50aux précédentes élections.
16:51Je m'empresse de souligner
16:52que les Américains
16:53les plus riches
16:54ont quasiment tous voté
16:55pour Donald Trump
16:56aux dernières élections
16:57et qu'ils vont le refaire.
16:58Il y a deux dimensions.
16:59Il y a un candidat
17:00de l'establishment
17:01parce que voilà
17:02le wokeisme,
17:03une espèce de
17:04politiquement correct
17:05et là
17:06Trump se positionne
17:07contre ça.
17:08Trump se positionne
17:09comme le représentant
17:10de la classe populaire
17:11blanche,
17:12américaine
17:13dont on se moque
17:14dont Hillary Clinton
17:15parlait comme
17:16les déplorables
17:17et donc là
17:18il est le candidat
17:19de l'anti-establishment
17:20mais par contre
17:21sur les thèmes économiques
17:22Kamala Harris
17:23sans être une révolutionnaire
17:24loin de là
17:25est quand même
17:26dans l'unité de Biden
17:27donc beaucoup plus à gauche
17:28Trump va être
17:29un candidat pro-business
17:30soutenu par des milliardaires
17:31comme Elon Musk.
17:32Donc déjà il y a ce paradoxe là
17:33qui est quand même
17:34assez intéressant
17:35et ensuite
17:36il faut toujours se rappeler
17:37que même si ça peut paraître
17:38paradoxal
17:39vu le moment
17:40qu'on traverse
17:41les Etats-Unis sont
17:42beaucoup moins politiques
17:43que les Français.
17:44Il suffit pour ça
17:45de regarder le chiffre
17:46de participation
17:47à l'élection présidentielle
17:48qui est la plus importante.
17:49La dernière fois
17:50c'était 66%
17:51de participation
17:52et c'était un record absolu
17:53depuis très longtemps.
17:54Avant
17:55on était toujours
17:56en dessous des 60%.
17:57J'ai regardé 58, 54, 52%
17:58quasiment un Américain
17:59sur deux
18:00qui n'a pas voté.
18:01C'est pour ça
18:02que les stars interviennent.
18:03Il avait raison d'être invité.
18:04Il y a des gens
18:05qui sont complètement
18:06en dehors de la politique
18:07et qui se disent
18:08un peu comme des supporters
18:09comme des fans
18:10qui se disent
18:11ah bah
18:12si Taylor Swift ou Beyoncé
18:13s'intéressent
18:14peut-être que je vais m'inscrire.
18:15Et je pense pour finir
18:16que c'est aussi pour ça
18:17que Trump
18:18plaît à beaucoup d'Américains
18:19parce que Trump
18:20c'est un politique
18:21de l'antipolitique.
18:22Trump c'est quelqu'un
18:23qui ne parle pas comme un politique.
18:24Il parle comme quelqu'un de normal.
18:25Il se parle vraiment
18:26comme quelqu'un
18:27qui est issu du serail politique.
18:28Trump c'est quelqu'un
18:29qui...
18:30J'ai écouté ses discours.
18:31Alors moi étant passionné
18:32de politique
18:33ça me frappe
18:34de voir
18:35l'absence de référence,
18:36l'absence de vocabulaire,
18:37parfois même pas
18:38de fil conducteur,
18:39juste des blagues,
18:40des anecdotes, etc.
18:41Mais les gens
18:42ils aiment bien
18:43parce que les Américains
18:44se disent
18:45il fait le show
18:46et en plus
18:47il y aura quelqu'un
18:48comme moi
18:49à la Maison Blanche.
18:50Alors moi
18:51ça m'horrifierait
18:52de voir quelqu'un
18:53comme moi
18:54à l'Élysée.
18:55Ça leur paraît bien
18:56et en plus
18:57il y a ce côté
18:58là pour le coup
18:59très plus idéologique
19:00mais très anti-État,
19:01très anti-immixion
19:02de la politique
19:03dans la vie quotidienne.
19:04Et là
19:05c'est une fibre républicaine
19:06qui est très enracinée
19:07et sur laquelle
19:08Trump joue en permanence.
19:09Trump joue
19:10le businessman
19:11qui va gérer
19:12le pays comme une entreprise
19:13et qui ne va pas
19:14emmerder
19:15l'Américain moyen.
19:16Voilà.
19:17Alors Yann Thon
19:18rappelez qu'il a quand même
19:19eu plusieurs dépôts de bilan.
19:20Enfin il n'a pas eu
19:21que des succès
19:22dans sa carrière
19:23comme Donald Trump.
19:24C'est aussi un héritier
19:25par ailleurs.
19:26Et c'est un héritier
19:27exactement.
19:28Il y a en effet
19:29la question de la réussite
19:30ou pas de Donald Trump.
19:31Il y a quelque chose
19:32qui est un peu plus difficile
19:33aux États-Unis
19:34qu'en France
19:35dans le rapport
19:36qu'Amal Haris
19:37tout à l'heure
19:38en posait la question
19:39de est-ce que fascisme
19:40ça marche etc.
19:41Il a quand même
19:42été président
19:43des États-Unis
19:44pendant 4 ans
19:45et ce n'est pas exactement
19:46le fascisme
19:47qu'on a retenu
19:48pendant ces 4 ans
19:49en tout cas
19:50ce n'est pas ce qu'ont retenu
19:51les Américains
19:52qui ne représentent
19:53évidemment pas
19:54les millions de gens
19:55qui votent pour Donald Trump
19:56pour d'autres raisons.
19:57Mais il ne s'est pas
19:58détaché d'eux quand même.
19:59Ce qui est inquiétant
20:00c'est qu'il ne s'est pas
20:01détaché d'eux
20:02et là il a quand même
20:03dit qu'il était prêt
20:04alors peut-être que c'est
20:05une boutade
20:06qui n'a pas de signification
20:07comme souvent avec lui
20:08mais il a quand même
20:09déclaré qu'il était prêt
20:10à utiliser l'armée
20:11contre ses adversaires
20:12politiques.
20:13C'est quand même
20:14assez troublant.
20:15Moi je n'ai pas
20:16de problème avec ça
20:17je dis juste que si
20:18on résume à ça
20:19de la même manière
20:20que si on dit
20:21à chaque fois qu'on lui
20:22pose une question
20:23on passe un peu
20:24à côté du sujet.
20:25Il y a évidemment
20:26des affrontements
20:27politiques de fond
20:28qui dépassent de loin
20:29les personnes
20:30qui les incarnent
20:31et nous on voit de loin
20:32Donald Trump
20:33c'est-à-dire qu'en France
20:34il ne passe même pas
20:35la première minute
20:36du débat politique.
20:37Tout le monde se dit
20:38mais c'est qui ?
20:39Il y a aussi ça
20:40il y a un rapport
20:41et c'est vrai
20:42il y a une culture politique
20:43qui est bien moindre
20:44mais qui est par ailleurs
20:45différente aussi
20:46dans la vie politique
20:47dans la manière de faire
20:48et au moment
20:49où on va se poser
20:50la question de
20:51qu'est-ce qui va se passer
20:52par exemple
20:53dans les conflits
20:54en Ukraine
20:55ou au Proche-Orient demain
20:56se pose la question
20:57moins de la personnalité
20:58de tel ou tel
20:59que de la ligne politique
21:00de l'entourage
21:01des décisions
21:02qui pourraient être prises
21:03quand il y a un modèle
21:04et d'ailleurs
21:05les républicains
21:06Donald Trump
21:07a fait évoluer
21:08entre guillemets
21:09ou alors
21:10les républicains
21:11ont fait évoluer
21:12Donald Trump
21:13je ne sais pas
21:14dans quel sens
21:15ça fonctionne
21:16mais le positionnement
21:17républicain a évolué
21:18ces dernières années
21:19et c'est pour ça
21:20qu'au-delà
21:21de la question économique
21:22se pose évidemment
21:23la question du woki
21:24ce qui a agité
21:25les Etats-Unis
21:26plus encore
21:27que la France
21:28notamment de manière
21:29extrêmement concrète
21:30à la fois dans les universités
21:31il y a le mouvement
21:32Black Lives Matter
21:33et donc le racialisme
21:34alors là
21:35vraiment abouti
21:36qui existe aux Etats-Unis
21:37d'où les débats
21:38ces derniers jours
21:39pour savoir
21:40est-ce que Kamala Harris
21:41va réussir
21:42à récupérer
21:43ce qu'elle a perdu
21:44dans les minorités raciales
21:45puisque aux Etats-Unis
21:46vous savez que ça se
21:47comptabilise comme ça
21:48c'est-à-dire purement
21:49américain
21:50pour un français
21:51qui regarde ça
21:52c'est un peu éloigné
21:53et qui nous échappe un peu
21:54si on résume ça
21:55à une espèce
21:56de Durlup Berlut
21:57très bizarre
21:58qui veut faire des coups
21:59d'Etat sur le Capitole
22:00et une femme
22:01qui était
22:02objectivement
22:03il y a encore un an
22:04considérée comme tout le monde
22:05comme une vice-présidente
22:06très médiocre
22:07et qui subitement devient
22:08le marvel
22:09du sauvetage
22:10de la démocratie
22:11je veux dire
22:12on a parfois
22:13dans le commentaire
22:14des visions
22:15un peu
22:16alors
22:18qui sont légitimées
22:19par les deux personnages
22:20qu'on a en présence
22:21je ne donne pas la pierre
22:22uniquement au commentateur
22:23mais c'est vrai
22:24que derrière
22:25il y a quand même aussi
22:26des fractures
22:27réellement politiques
22:28des questions réellement
22:29politiques
22:30des implications
22:31mais comme nous
22:32Charles Hordoyla
22:33c'est pas les mêmes
22:34pas tout à fait les mêmes
22:35mais c'est exactement
22:36la même chose
22:37d'ailleurs le commentaire
22:38parfois sur la vie politique
22:39française
22:40entre les gentils
22:41les méchants
22:42les très méchants
22:43les très gentils
22:44il m'agace autant
22:45oui oui je comprends
22:47un monde qui se divise
22:48en deux parties
22:49on a l'impression
22:50d'avoir deux mondes
22:51irréconciliables
22:52c'est un peu le cas
22:53aux Etats-Unis
22:54en tout cas c'est
22:55en France
22:56il y a trois mondes
22:57irréconciliables
22:58en France
22:59il y a trois blocs
23:00politiques très clairs
23:01qui représentent
23:02des manières de voir
23:03le monde
23:04qui sont radicalement
23:05opposés
23:06c'est incroyable ça
23:07c'est un phénomène mondial
23:08je trouve ça absolument
23:09passionnant
23:10en tout cas l'élection
23:11américaine
23:12on va la suivre
23:13avec beaucoup d'intérêt
23:14parce que les enjeux
23:15sont pour nous
23:16directs ou indirects
23:17c'est vrai qu'il faudra
23:18on suivra ça
23:19le week-end prochain
23:20on sera mobilisés
23:21évidemment dans
23:22Europe 1 Soir
23:23week-end
23:24merci beaucoup
23:25d'avoir été là
23:26Charlotte Dornelas
23:27merci
23:28Adrien Matou
23:29c'était passionnant
23:30comme d'habitude
23:31comme d'habitude
23:32j'espère que vous revenez
23:33le week-end prochain
23:34justement là on sera
23:35à la maison
23:36à la maison
23:37à la maison
23:38à la maison
23:39à la maison
23:40à la maison
23:41à la maison
23:42à la maison
23:43à la maison