Les agriculteurs sont de nouveau en colère : la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appellent à "une reprise des actions à partir du 15 novembre". Écoutez Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 23 octobre 2024.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 23 octobre 2024.
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00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud.
00:07Ça fait un moment que l'on sent la fièvre remonter chez les agriculteurs
00:10alors qu'ils appellent à une nouvelle mobilisation dans moins d'un mois.
00:13Amandine, vous avez eu envie de recevoir leur premier représentant.
00:16C'est Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Bonjour et bienvenue.
00:19Bonjour Arnaud Rousseau.
00:20Bonjour Amandine Bégaud.
00:21La FNSEA et les jeunes agriculteurs l'ont donc annoncé hier.
00:24Ils appellent à une mobilisation. Vous appelez à une mobilisation à partir du 15 novembre.
00:28Qu'est-ce que ça veut dire qu'on va voir Paris et l'Île-de-France bloqués à nouveau ?
00:32Ça veut dire qu'on va avoir à nouveau des mouvements sur le terrain.
00:35Ils ont commencé d'ailleurs, si vous observez les choses...
00:38Ils ont commencé là où c'était parti l'an dernier ?
00:41Oui et un peu dans toute la France d'ailleurs.
00:44Ils ont débuté ou plutôt ils se sont poursuivis avec un fait nouveau
00:49qui est l'incohérence européenne.
00:51Vous savez, on a vu revenir le sujet du Mercosur qui était un peu derrière nous
00:55avec une déclaration qui a été faite indiquant que peut-être ce Mercosur serait signé
01:00ou validé d'ici la fin de l'année.
01:02Et je dois rappeler que le Mercosur et cette incohérence européenne,
01:05c'est plus d'importations, plus de produits produits dans des conditions qui ne sont pas les nôtres.
01:09Et ça, ça inquiète les agriculteurs au-delà de ce que sont déjà les inquiétudes sur la météo.
01:14Parce que vous savez, c'est difficile aujourd'hui pour les agriculteurs de récolter
01:17et de faire en sorte de rentrer ce qui reste dehors.
01:20Mais l'incompréhension demeure et la volonté d'agir est très forte.
01:23Mais je vous repose ma question. L'objectif, s'il faut se faire entendre,
01:27c'est d'aller jusqu'à bloquer certaines grosses agglomérations,
01:30Paris, l'Île-de-France, mais aussi des grandes villes ?
01:33On n'est pas là, Amandine Bégaud, pour embêter les Français.
01:35Nous, on n'a pas du tout envie de faire en sorte que le quotidien des Français,
01:39qu'on nourrit et qu'on est fier de nourrir, soit un enfer.
01:42En revanche, on veut attirer l'attention de tout le monde
01:45pour dire dans le moment dans lequel on est, si on veut continuer à produire pour nourrir
01:48avec une alimentation de qualité, on ne peut pas importer une alimentation.
01:51Mais s'il le faut, vous le ferez ?
01:53Oui, vous avez compris, on est là depuis un an.
01:55Ça fait un an qu'on explique qu'on marche sur la tête.
01:58Et donc, oui, on est prêts à aller loin
02:01pour faire en sorte que nos revendications soient entendues en France.
02:04Simplification, revenus, dignité à Bruxelles.
02:08Et donc, on mettra en face les moyens qu'il faut pour être entendus.
02:10Bon, c'est un ultimatum que vous lancez ce matin au gouvernement.
02:13S'il n'y a pas d'indicateur d'ici le 15 novembre,
02:15tout le monde sera dans la rue avec ses tracteurs.
02:17Non, mais ce n'est pas si.
02:18On sera de toute façon, quoi qu'il arrive, mobilisés à partir du 15 novembre
02:23avec un rendez-vous, je peux vous l'annoncer,
02:25qui est celui du G20 qui aura lieu au Brésil.
02:30On pense que le chef d'État y sera.
02:32Et pour nous, c'est un moment et un rendez-vous important.
02:35Et évidemment, on sera mobilisés pour faire en sorte qu'on soit entendus.
02:38Parce qu'on ne veut pas être demain au menu des pays sud-américains.
02:44On a besoin de se défendre.
02:45Alors justement, revenons sur cet accord du Mercosur dont on parlait à l'instant.
02:49C'est cet accord de libre-échange entre l'Europe et l'Amérique du Sud
02:51que la Commission européenne s'apprêterait à signer.
02:55On se souvient qu'Emmanuel Macron avait promis
02:57que ça ne se ferait pas sans clauses miroirs, sans réciprocité.
03:01En clair, pas question d'apporter des produits
03:03qui ne respecteraient pas les mêmes règles que celles imposées ici.
03:06Elles ne sont toujours pas dans le texte, ces clauses miroirs.
03:09C'est ça le problème ?
03:10Oui, c'est qu'aujourd'hui, on n'a aucune garantie
03:14qu'on pourra obtenir ces clauses miroirs et cette réciprocité.
03:18Effectivement, le chef de l'État a dit très clairement
03:21qu'il ne signerait pas cet accord à l'État.
03:22Notre crainte, c'est qu'aujourd'hui, cet accord, il soit séparé.
03:26Et pour ce qui concerne le commerce,
03:28Bruxelles pourrait ne pas avoir à demander l'avis des États membres.
03:30Et donc, nous, on interpelle le chef de l'État,
03:32qui a toujours été très clair sur ce sujet,
03:34pour lui dire, Monsieur le Président de la République,
03:36comment entendez-vous mener la négociation,
03:39y compris les 18 et 19 novembre au Brésil,
03:44pour faire en sorte que l'agriculture,
03:46parce qu'on peut avoir des intérêts offensifs,
03:48et moi, je pense aux autres secteurs,
03:49mais pour que l'agriculture ne soit pas, encore une fois,
03:51au menu de cette négociation.
03:52De quoi parle-t-on ?
03:53La commission évoque, pardon, des contreparties,
03:56un fonds d'indemnisation pour les agriculteurs, pour compenser.
03:58Ce n'est pas une question de ça ?
03:59Non, mais attendez, l'agriculture n'est pas à vendre pour un plat de lentilles.
04:02Le sujet, c'est la cohérence.
04:04Vos auditeurs, ce matin, est-ce qu'ils ont envie de viande aux hormones ?
04:09Est-ce qu'ils ont envie de poulet avec de l'accélérateur,
04:11de croissance et des antibiotiques ?
04:13Moi, il me semble que c'est non.
04:14On est fier de ce qu'on produit en Europe.
04:16C'est dans l'alimentation de qualité.
04:17Est-ce qu'on a envie, demain, de continuer ces échanges ?
04:19La réponse, c'est oui.
04:20Parce qu'on parle beaucoup du Mercosur,
04:22mais on a le sujet ukrainien, on a le sujet chinois.
04:24Vous savez, les Chinois qui ont passé,
04:26qui aujourd'hui se battent sur la batterie,
04:28ça a comme répercussion le fait que nos vins,
04:31nos vins, nos spiritueux, sont aujourd'hui blacklistés.
04:34Toutes ces conditions nous mènent dans une difficulté.
04:37Difficulté au plan international.
04:39Je n'oublie pas les difficultés quotidiennes du moment,
04:41et je le dis aussi à destination du gouvernement.
04:43Mais pour être très concret, qu'est-ce que vous dites ce matin à Emmanuel Macron ?
04:46Prenez un engagement très ferme.
04:48Je dis à Emmanuel Macron qu'on a besoin qu'il continue à porter,
04:52il l'a dit encore récemment, qu'il ne signerait pas l'accord en l'État.
04:55Oui, il dit qu'il n'est pas acceptable en l'État.
04:57Il est plutôt de votre côté.
04:58Comment la France, que l'on observe étant de plus en plus isolée, va manœuvrer ?
05:02Et comment peut-être, nous, on peut lui venir en concours ?
05:04Et ça veut dire que vous pensez que la France ne pèse plus ?
05:06Eh bien écoutez, je le crains.
05:08Personne n'écoute la France.
05:09Je le crains à ce stade, puisque avant les élections européennes,
05:12il n'était pas question de Mircosur.
05:13À peine les élections passées et la nouvelle commission installée,
05:16on a le sentiment que tout ça est derrière nous,
05:18et que tout ce qu'on avait combattu, vous vous souvenez,
05:20l'ensemble des agriculteurs européens, sur ce fameux Green Deal,
05:22qui étaient montés jusqu'à Bruxelles,
05:23sur ces fameux accords internationaux, seraient derrière nous.
05:25Il n'en est pas question, à Mandinebégo.
05:27Pour nous, ce combat, c'est un combat existentiel.
05:29Et donc, on a besoin que le chef d'État se mobilise.
05:32On a besoin, je le dis aussi, que le gouvernement,
05:34sur la simplification, sur les revenus, le fasse.
05:36Il y a eu quelques bonnes nouvelles.
05:38Oui, il y a eu un certain nombre d'engagements, pardon.
05:40On se souvient, à l'issue du Salon de l'Agriculture,
05:4275 engagements de mémoire de la part de Gabriel Attal.
05:46Quand on regarde le site du ministère de l'Agriculture,
05:48les deux tiers, nous dit-on, ont été tenus.
05:50Oui, on a une appréciation un peu différente.
05:52Mais en tous les cas, ce qui compte pour les adultesurs,
05:54c'est que ce soit dans les cours de ferme.
05:56Et ce n'est pas le cas ?
05:57Et ce n'est pas le cas.
05:58On a, par exemple, eu M. Attal, qui nous a parlé du contrôle
06:00administratif unique. Vous savez, les adulteurs,
06:02comme les autres entrepreneurs de ce pays,
06:04sont en veille de contrôle.
06:06Est-ce que la proposition de M. Attal est aujourd'hui tenue ?
06:08La réponse, c'est non.
06:10On avait deux agriculteurs qui ont appelé ce matin,
06:12expliquant ça.
06:13Donc, on a besoin que les choses avancent.
06:15Je le dis parce qu'il y a quelques signes qui ont été donnés,
06:17notamment dans le cadre de la négociation du projet de loi de finances.
06:19Mais encore une fois, ces signes n'auront de valeur
06:21que quand ils se traduiront de manière concrète
06:23dans nos cours de ferme.
06:25On ne cesse de le répéter à qui veut l'entendre.
06:27Donc, on voit bien que la situation du pays est compliquée.
06:29On voit bien qu'on nous a donné quelques gages.
06:31Et je le redis, ça va dans le bon sens.
06:33Mais maintenant, on a besoin de mesures concrètes.
06:35Le revenu, aujourd'hui, a besoin d'être défendu.
06:37La simplification, je viens de vous donner un exemple,
06:39elle n'est pas au rendez-vous.
06:41Et puis, tout ça servirait à quoi si, finalement,
06:43in fine, c'était des bateaux qui arrivaient
06:45tous les jours dans les ports européens,
06:47avec de l'alimentation qui ne correspond à aucun de nos standards ?
06:49Voilà le combat que nous menons.
06:51Et ce combat, ce n'est pas un combat corporatiste.
06:53C'est un combat pour faire en sorte que notre identité culturelle,
06:55notre alimentation, demeure une des plus performantes au monde.
06:57Encore une question, Arnaud Rousseau.
06:59Cet appel à la mobilisation, il intervient, il faut bien le reconnaître,
07:01dans un contexte assez particulier.
07:03On est à trois mois d'élections professionnelles.
07:05Est-ce que, pour vous, sortir du bois,
07:07aujourd'hui, ce n'est pas aussi un moyen de
07:09contrer la coordination rurale, qui, on l'a vu,
07:11a gagné du terrain ?
07:13Est-ce qu'il n'y a pas un peu d'opportunisme électoral là-dedans ?
07:15Soyons sérieux.
07:17C'est un an que ça a commencé.
07:19En plus, la mobilisation
07:21a vraiment couvert tout le monde agricole.
07:23Tout le monde est là, y compris des gens qui sont loin des syndicats.
07:25La préoccupation des agriculteurs,
07:27ce matin, c'est comment je fais pour récolter mon tournesol ?
07:29Comment je fais pour faire mon ensilage de maïs ?
07:31Comment je fais pour faire mes travaux dans les champs ?
07:33Vous savez, les élections professionnelles,
07:35il y a 50% des agriculteurs qui ne votent pas,
07:37et c'est dans quelques mois.
07:39Le temps des élections viendra, aucun problème,
07:41et je viendrai vous en parler.
07:43À ce stade, le combat, c'est comment on fait
07:45pour conserver une agriculture de production
07:47dans ce pays qui nourrit les Français
07:49et qui est une alimentation de qualité ?
07:51Parce que si demain, on n'a plus d'agriculteurs,
07:53si demain, on ne renouvelle pas les générations,
07:55les élections professionnelles, ce sera le cas des soucis de tout le monde.
07:57Merci beaucoup, Arnaud Rousseau.
07:59Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, qui était à votre micro.
08:01Amandine Bégaud, la volonté d'agir est très forte chez les agriculteurs.