• il y a 2 mois
Alors qu'ils procédaient à une interpellation, mercredi 16 octobre, dans les quartiers nord de Marseille, deux policiers ont été frappé par plusieurs individus. Blessés, ils se trouvent en arrêt de travail. Une enquête a été ouverte. Le dealer interpellé a, quant à lui, été jugé en comparution immédiate à un an de prison avec mandat de dépôt.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Linda Kebab, bonsoir. Vous êtes policière, qu'on voyait vos collègues comme ça, frappés à terre.
00:06D'ailleurs, ils n'ont pas d'armes sur eux pour réagir, pas forcément d'armes létales, mais je ne sais pas, un taser ou une bombe lacrymo pour essayer de se défendre, parce qu'on a l'impression qu'ils sont vraiment démunis là.
00:16En fonction du contexte, quand vous êtes en train d'interpeller une personne et que, parce que c'est ce qu'il fait, il aile et appelle à empêcher son interpellation,
00:26vous avez soudainement et massivement du monde sur le dos, et quand bien même vous avez un pistolet à impulsion électrique, vous n'avez pas forcément la possibilité ou le temps de le sortir.
00:36Vous vous retrouvez complètement pieds et poings liés à prendre des coups, c'est une pluie de coups qui leur tombe dessus.
00:40Évidemment, ils ne peuvent pas sortir leur arme létale, parce que sinon, à cette heure-ci, c'est de leur détention provisoire dont on parlerait à cet instant,
00:47et pouvoir utiliser honnêtement de l'arme intermédiaire, encore faut-il l'avoir, encore faut-il avoir le temps et la possibilité de le faire,
00:54et puis surtout, quand tout va très vite, vous n'avez même pas le temps d'avoir l'appréciation de la situation.
01:01Là, vous ne voyez probablement pas combien ils étaient, mais si vous regardez les images, ils sont au moins 7 distances sur la photo contre deux fonctionnaires d'OUI.
01:09Être à deux, c'est insuffisant aussi, parce que dans ces cités où on peut se retrouver piégés et quasiment lynchés par des jeunes ou des moins jeunes, deux, c'est suffisant ?
01:22Pour moi, j'estime que c'est totalement insuffisant. Il y a un système opérationnel, en tout cas, il y a une pratique opérationnelle, mais qui est en réalité très théorique chez nous,
01:31et qui ne se retrouve pas sur le terrain, c'est la triangulation, c'est-à-dire de patrouiller toujours à trois, sauf qu'en réalité, trois, c'est au mieux ce qu'on peut retrouver dans une patrouille,
01:39or il faut toujours un effectif pour surveiller la voiture.
01:42Pour qu'il y ait un oeil extérieur, pour bien expliquer aux gens, la triangulation, c'est qu'il y a deux opérationnels et un oeil extérieur.
01:46En gros, chacun surveille les arrières de l'autre, et donc il en faut trois. Donc en gros, ça fait une sorte de triangle lorsqu'on intervient.
01:52Donc il en faudrait au moins trois, mais dans la pratique, ça n'est jamais le cas, même en région parisienne, dans des grosses communes où il y a une délinquance exacerbée,
02:00où les effectifs interviennent régulièrement à deux, parce que le troisième est le chauffeur et est occupé à surveiller la voiture.
02:05Donc déjà, il y a un problème d'effectifs. Ensuite, tout d'abord, on peut être l'effectif que l'on veut.
02:10Je suis déjà intervenue à trois, quatre, cinq effectifs.
02:13Ça n'a pas empêché, au moment d'interpeller, d'avoir suffisamment de monde, en tout cas, et on va dire proportionnellement au nombre que l'on était, nous, en tant que policiers,
02:21pour tenter de libérer l'auteur, parce qu'il faut considérer une chose toute simple, c'est que ces gens-là voient les policiers comme un gang,
02:27en tout cas, comme une bande concurrente, en tout cas, qui posent problème dans leur pièce.
02:33– Qui les gênent. – Bien sûr, qui posent problème.
02:35Il n'y a absolument pas de peur, à partir du moment où vous avez des personnes qui vont au contact des policiers,
02:40vous ne pouvez pas signifier la moindre peur chez ces personnes-là.
02:44– Mais le préfet de police, Guillaume Fard, dit oui, mais c'est parce qu'on les embête, en fait, en ce moment,
02:48il est en train de démanteler des points de ville, notamment la Castellane, c'est pour ça aussi qu'ils réagissent comme ça.
02:52– C'est vrai. – C'est paradoxal, mais bon.
02:54On les embête, mais enfin bon, quand même, ils n'hésitent pas à taper les policiers.
02:57– Combien de points de ville ont été démantelés à Marseille depuis 2020 ? 40%.
03:01Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est le dernier rapport de la quatrième chambre de la Cour de l'État.
03:04– Et combien ont été reconstitués à côté ?
03:06– Beaucoup moins que cela, beaucoup moins que cela, pour une raison simple,
03:09c'est que ce qui a été mis en place depuis notamment 4 ans à Marseille,
03:12c'est ce qu'on appelle l'approche globale, c'est-à-dire qu'on demande à des compagnies de CRS
03:15d'être à demeure, d'aller tenir le terrain pour gêner le trafic.
03:19Le trafic est gêné, il y a eu plusieurs dizaines d'arrestations,
03:22ne serait-ce que depuis le début de l'année.
03:23– D'où cette réaction ?
03:24– Notamment après ça, ce n'est pas nécessairement la réaction de toute la politique
03:29de lutte contre le trafic de stupéfiants à Marseille,
03:31il s'avère que j'y étais la semaine dernière,
03:32j'ai pu rencontrer beaucoup des opérationnels
03:35qui luttent activement contre le trafic de stupéfiants à Marseille.
03:38Que disent-ils ?
03:38D'abord que la politique de pilonnage des points de ville,
03:41elle a pu être critiquée, caricaturée à certains égards,
03:44mais elle porte ses fruits, il y a une division par plus de deux
03:47du nombre de narcomicides par rapport à l'année dernière.
03:49On était monté à 47, les deux années précédentes étant 31,
03:53on n'est même pas à 20 cette année, qui le dit ça ?
03:56Mais la conséquence de ces chiffres, c'est le fait aussi
03:59qu'on a beaucoup emprisonné et qu'il y a un nombre important
04:03de trafiquants de stupéfiants qui sont derrière les barreaux.
04:06Quant à la fameuse DZ Mafia…
04:07– Parfois, ils continuent leurs petites affaires derrière les barreaux,
04:09on l'a vu encore récemment, on peut commanditer un meurtre
04:12alors qu'on est en prison.
04:13– Pour l'un d'entre eux, mais la conséquence de la vidéo
04:16des gens de la DZ Mafia qui narguent les autorités,
04:18c'est 19 de leurs membres qui, à l'heure où on se parle,
04:20dorment sous les barreaux.
04:22– Donc il ne faudrait pas dire qu'ils ont gagné,
04:26c'est-à-dire que les policiers au contraire, regagnent du terrain.
04:28– Mais dire qu'ils ont gagné, c'est insultant pour ceux qui sont au travail.
04:31Quand vous allez au bureau de l'OFAST à Marseille,
04:34vous voyez des gens extrêmement motivés qui arrêtent d'autres personnes.
04:37– Attends, ce n'est pas moi qui l'ai dit, ce sont des magistrats marseillais
04:39qui avaient dit il y a quelques temps, la bataille est en train d'être perdue.
04:43– Nicolas Besson.
04:44– Marseille se transforme en ville de narcotrafiquants.
04:47– Le procureur de la République de Marseille, le même qui a annoncé
04:49que 19 personnes sont actuellement en détention provisoire parmi celles qui…
04:53– Vous nous dites en fait non, ce n'est pas vrai,
04:55en ce moment on est en train de regagner territoire par territoire.
04:59– En tout cas, les chiffres montrent qu'il y a une politique volontariste
05:03et qu'elle porte ses résultats.
05:04Est-ce suffisant ? Non.
05:05Il y a encore beaucoup à faire.
05:06Il y a énormément à faire, notamment dans le renseignement criminel.
05:09– En réalité, on part de tellement loin qu'on ne peut pas se permettre aujourd'hui
05:12de dire que l'on a réussi ou pas.
05:14Tout le travail qui est mené depuis peu, et notamment depuis Marseille en grand,
05:18c'est sur le long terme qu'on va pouvoir le définir.
05:20Parce que comme vous l'avez dit il y a quelques instants,
05:22la plupart des têtes de réseau, en tout cas ceux qui étaient
05:25sur le territoire national, sont derrière les prisons.
05:27Sauf qu'on sait que pour certains d'entre eux, l'activité continue.
05:30Ce qui se passe, et notamment pour certains groupes criminels
05:33qui ont sévi et qui continuent de sévir sur Marseille,
05:35peut-être avec moins de grande importance,
05:37parce que justement il y a ces pilonnages,
05:38c'est qu'il y a une délocalisation de l'activité.
05:40Aujourd'hui, des groupes criminels comme eux peuvent très bien recruter
05:44via les réseaux sociaux et mettre en place à distance,
05:47ou alors avec une présence très ponctuelle,
05:50des réseaux, des points de stupe dans des villes comme Annim,
05:54Lyon ou plus au nord encore de Marseille.
05:56Ce qui veut dire qu'en gros l'activité est étalée.
05:58Ce dont on parle le moins, c'est peut-être aussi les moyens
06:02que l'on aurait pu mettre sur la question du blanchiment d'argent.
06:04C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire aujourd'hui que l'enrichissement
06:09au niveau criminel de ces groupes-là est moindre.
06:11On dit oui, il y a moins de points de deal,
06:13donc c'est vrai qu'au quotidien, on peut estimer qu'il y a toujours autant d'argent.
06:15Donc vous dites qu'on pourrait saisir par exemple les avoirs,
06:18comment ça se déclinerait ?
06:20Il y a aujourd'hui une législation et il y a des règles autour du gel des avoirs,
06:23mais déjà il y a une partie des avoirs qui se retrouvent à l'étranger.
06:27Or la coopération internationale, même si elle est de mieux en mieux,
06:31elle n'est pas parfaite non plus.
06:33Et puis il y a aussi le fait que de toute manière,
06:35ils n'ont pas mis les moyens suffisants
06:38sur la question du blanchiment d'argent.
06:39D'ailleurs, sur Marseille, il y a deux éléments
06:44qui ont été frontalement attaqués.
06:47C'est le trafic de stups à proprement parler,
06:49c'est-à-dire l'activité de vendre les points de deal,
06:52et la délinquance de voies publiques de proximité,
06:54le flagrant délit, c'est-à-dire les vols à l'arraché, etc.
06:5635 000 AFD à Marseille depuis le début des amendements faits à l'heure actuelle.
07:00Est-ce que vous dites qu'il faut aussi remonter la filière ?
07:03Il y a évidemment la question à l'international,
07:05il y a la question du blanchiment d'argent.
07:07L'office qui travaille derrière tout le blanchiment d'argent,
07:10est-ce qu'il a été renforcé ?
07:12Pas autant qu'il aurait fallu.
07:14Et c'est vrai que là, aujourd'hui, on peut dire que c'est bien,
07:16mais on ne peut pas se projeter sur le long terme
07:18et assurer que de toute façon, de manière pérenne,
07:20Marseille est complètement dégangrénée du trafic de stups.
07:23Mais le blanchiment d'argent,
07:24ce n'est pas les flux financiers qui partent à Dubaï.
07:27C'est une partie du phénomène,
07:29mais ça ne concerne qu'une partie aussi limitée des délinquants.
07:32Le blanchiment d'argent, c'est le commerce de proximité,
07:34c'est l'établissement de nuit, c'est le bar,
07:37c'est l'établissement de jeux clandestins.
07:39C'est ça le blanchiment d'argent.
07:40Et en fait, ce qu'il faut, c'est pouvoir accélérer
07:42sur les fermetures administratives de ces établissements,
07:44aller plus vite pour faire plus mal,
07:46parce que c'est là que vous blanchissez.
07:47C'est localement, ce n'est pas...
07:49C'est quand on a eu un bar...
07:51Bien sûr, ou un établissement de nuit en général.
07:53Sur ça, on accuse beaucoup de retard.
07:55Et là, effectivement, il y a des améliorations législatives.
07:57Parce que d'abord, la législation ne le permet pas toujours efficacement,
08:01parce qu'il faut démontrer qu'il y a un lien
08:03entre le trafic de stupéfiants et l'établissement en question.
08:07Ce n'est pas toujours simple.
08:08D'où, en fait, la nécessité de renforcer le renseignement criminel.
08:11Il y a un grand enjeu.
08:12C'est que quand on a voulu lutter contre l'islamisme radical
08:15dans les années 2010,
08:16on a eu une réforme des services de renseignement,
08:18une législation adoptée et un rehaussement des moyens.
08:21Et là, il faudrait faire exactement la même chose.
08:23Et c'est ce qui est en cours.
08:24C'est-à-dire, ce que je dis là n'est pas...
08:25Mais il manque quoi ?
08:26Il manque une volonté politique ?
08:27Il manque quoi ?
08:28Il manque d'abord de transformer l'existant
08:30en un véritable service de renseignement.
08:31Il manque des moyens numériques,
08:33parce que beaucoup de choses se passent,
08:34comme ça a été dit, sur les réseaux sociaux,
08:36et que les enquêteurs n'ont pas toujours la possibilité
08:38d'obtenir les bonnes informations ou d'avoir une bonne coopération.
08:41Si on a emprisonné le dirigeant de Telegram,
08:42ce n'est pas pour rien.
08:43Tout se passe sur cette application.
08:45À l'heure où on se parle, on peut se géolocaliser
08:46et se faire livrer chez soi des stupéfiants.
08:48Les points de deal, c'est une chose,
08:49mais maintenant, effectivement, on peut être livré à domicile.
08:51En fait, il y a une part infime des consommateurs.
08:53Le cannabis, c'est 900 000 consommateurs quotidiens.
08:56Combien vont effectivement sur les points de deal ?
08:59Une minorité d'entre eux.
09:00Et en plus, les plus précaires, sur le plan social.
09:02Ils vont en proximité et ils prennent des risques.
09:05Ceux qui consomment du cannabis chez eux…
09:07C'est pour ça que les amendes contre les consommateurs ont des limites.
09:09Parce que si on…
09:10C'est pour ça qu'il faut le recouvrir aussi.
09:11C'est le recouvrement.
09:12On a 30% de recouvrement, ce qui est quand même assez faible.
09:15Mais celui qui a une consommation bourgeoise du cannabis,
09:17vous ne le retrouvez pas sur un point de deal.
09:18Ce n'est pas le genre de lieu…
09:20Il se fera livrer chez lui.
09:21Et il est à l'abri.
09:22Il est à l'abri.
09:23Notamment.
09:24Donc, il faut taper plus fort le consommateur
09:26et il faut améliorer les services de renseignement.
09:29Et revenons quand même sur ce qui s'est passé à la Castellane.
09:30On n'a toujours pas trouvé les agresseurs.
09:32On va les trouver sans doute, peut-être,
09:33parce qu'ils sont dans le coin, ils sont dans la cité.
09:35On espère qu'ils vont être interpellés assez rapidement,
09:36que ce sont des gens du quartier,
09:37et qu'avec la vidéo et avec le renseignement,
09:40les enquêteurs…
09:40Que va-t-il se passer pour eux ?
09:42Ils risquent quoi, en fait ?
09:43En théorie, je vous dirais…
09:45Il y a peut-être des mineurs.
09:47Les violences volontaires en Allemagne,
09:48personne, personne n'est positif.
09:51Ça amène à 5 voire 7 ans avec le cumul des circonstances aggravantes.
09:54Dans les faits, je ne vous dirais pas grand-chose
09:56parce que ce sont souvent…
09:57Alors, il y a déjà une qualité de vidéo qui n'est pas terrible.
09:59Tout le monde n'est pas clairement identifiable,
10:01même s'il y a certaines silhouettes,
10:02certains profils, certaines chevelures qui sont difficilement…
10:04On sait où ils vivent à peu près.
10:06Oui, mais le problème, c'est qu'on a un système aujourd'hui…
10:09Alors, je ne le critique pas, c'est factuel.
10:11C'est que la parole du policier vaut autant que celle du mis en cause
10:14et que lorsqu'un policier…
10:15On a le fait d'ailleurs sur…
10:17Non, mais là, on a des images.
10:18Alors, je vous ai parlé de la qualité des images.
10:20Donc, tous les auteurs ne sont pas aisément identifiables sur la vidéo.
10:22Je vous ai dit, sur la vidéo, il y a certaines silhouettes,
10:24certaines chevelures, certains profils qui, en effet,
10:26seront inévitablement identifiables.
10:28Qu'est-ce que vous me dites que la parole du policier vaut celle du mis en cause ?
10:29Factuellement, et on le retrouve régulièrement.
10:32Vous savez, avec l'éternelle histoire,
10:33je digresse un peu, mais c'est le même parallèle.
10:35Vous savez, les Black Blocs,
10:35ils reviennent éternellement dans les manifestations
10:37parce que même présentés à des magistrats,
10:38ils ne sont pas condamnés.
10:39Pourquoi ?
10:40Parce qu'il n'y a pas de preuves matérielles de leur présence,
10:42parce que les caméras ne les filment pas frontalement
10:45et que la parole du policier ne vaut pas grand-chose, factuellement.
10:49Donc, dans le doute, on libère.
10:51On condamne moins, en tout cas, c'est ce que vous dites.
10:52Non, non, il y a l'infraction insuffisamment caractérisée.
10:55C'est la norme.
10:56On pourrait retrouver des traces aussi ADN,
10:58parce que là, il y a un contact physique.
11:00Ça, c'est si on pousse l'investigation jusqu'au bout.
11:03Mais là, sur ce type de fait, quand vous avez un contact comme ça,
11:05des tirs de cailloux, des cailloux qui sont lancés,
11:09des coups de pied qui sont assainis au policier,
11:13vous avez peu de chances de retrouver des traces matérielles sur les auteurs.
11:16Donc, si vous en retrouvez, c'est bien.
11:18Mais de là, de toute façon, c'est simple,
11:20on peut tergiverser autant qu'on veut.
11:22Il suffira juste dans quelques jours que vous fassiez un petit rétexte
11:24et que vous nous disiez, après les interpellations,
11:27quelles ont été les condamnations.
11:28Interpellées ou pas, condamnées ou pas, à combien ?
11:30Et on en reparlera.
11:31Après, on disait il y a dix jours
11:33qu'on ne retrouverait pas les auteurs de la vidéo de la DZ Mafia
11:35parce que cagoulé, tout en noir et voix déformée par un moyen informatique.
11:40Bon, il s'avère que l'histoire est écrite différemment.
11:44Donc, je crois qu'il faut aussi raison garder sur la capacité…
11:47Mais il y a des fois qu'on ne trouve pas.
11:49Oui, évidemment, Moed Amara, oui, ça prendra le temps que ça prendra,
11:53mais on peut prendre ce pari ici et maintenant qu'on finira par le retrouver.
11:56Donc, le temps joue contre lui.
11:58Après, s'il est à l'étranger, ça prend plus de temps, évidemment,
12:01puisque ce n'est pas vous qui avez la possibilité d'enquêter sur votre territoire.
12:04Mais après ce genre d'image, est-ce que vos collègues se disent à quoi bon
12:08à aller intervenir dans ces cités pour prendre des coups ?
12:10Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
12:12Enfin, vous savez, on sait pourquoi on embrasse ce métier.
12:14On sait qu'on a affaire à des justiciables qui ne sont pas là pour se laisser interpeller.
12:19Enfin, je veux dire, les cas d'école, c'est bon pour ceux qui ne connaissent pas le métier.
12:22Donc, évidemment qu'il faut savoir prendre en charge les policiers qui sont blessés
12:25parce qu'il y a un impact physique, un impact psychique.
12:28Mais également, la réponse judiciaire, elle participe aussi à cette réparation.
12:31À côté de ça, les policiers, ils n'ont pas l'intention de lâcher le terrain.
12:34Enfin, je veux dire, quand on est policier à Marseille,
12:36on sait très bien pourquoi est-ce qu'on décide.
12:37Dans une brigade de contact, c'est le cas d'UBSC.
12:39C'est la brigade spécialisée de terrain, la BS.
12:41C'est une brigade qui va au contact des auteurs.
12:42Mais ça, c'est quotidien, ces scènes-là, filmer ou pas filmer, ce n'est pas leur problème ?
12:45Pas autant de violence, mais au quotidien, il y a des difficultés, oui, à aller interpeller.
12:50Il y a un de vos collègues qui décrit comme étant très costaud.
12:53C'est-à-dire qu'il faut y aller pour le faire tomber.
12:55De toute façon, ils y vont à discontraint.
12:56Les gens aguerris, c'est-à-dire.
12:57Non, mais ils y vont à discontraint, M. Truchot.
12:59Donc, vous pouvez être le plus aguerri au monde.
13:01Les gars savent très bien.
13:02Et puis, ils arrivent par derrière, en plus, souvent.
13:04Puis, ils te frappent à la tête.
13:05Enfin, je veux dire, si c'était les hommes les plus courageux du monde, ça se saurait.
13:08Et si l'un des policiers avait tiré ?
13:10Je vous dis très sincèrement, heureusement...
13:12Ça aurait été disproportionné, parce que...
13:14Mais ça, c'est vous qui le dites.
13:15Parce que la gile d'effort, c'est en fonction de ce qu'il y a en face, si j'ose dire.
13:19Pour information, lorsque vous avez un groupe de personnes
13:22qui, même à main nue, potentiellement peuvent tuer,
13:24parce que ça arrive, vous avez vu, avec les conflits entre bandes de jeunes
13:27qui se tapent avec des bâtons, parfois, il y a des morts.
13:30Donc, à partir du moment où il y a un risque mortel,
13:31vous avez tout à fait la possibilité d'utiliser une arme pour sauver votre propre vie.
13:35La question, c'est toujours l'appréciation d'un fait dans une situation comme celle-ci,
13:39qui est quand même décortiquée par des personnes, comme vous et moi,
13:43à cet instant, ou sur leur fauteuil au tribunal,
13:45eh bien, sous la clim, derrière le chauffage,
13:47et qui ont tout leur temps pour décortiquer et juger de l'action d'un policier.
13:50Que dit la loi en la matière ?
13:51Nécessité, simultanéité, proportionnalité, c'est les trois critères.
13:54Après, effectivement, ça se passe sur le fait,
13:57et puis on a toute la vie, ou presque, pour analyser ce qui s'est passé.
14:00C'est un peu la petite injustice, vous avez une fraction de seconde pour décider,
14:03et des années pour ensuite en débattre.

Recommandations