• il y a 2 mois
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Cinq critiques à la fois, quel rêve !
00:02C'est gagné, hop, comme ça on l'est dans l'air pocket !
00:06Non, non, je suis très content déjà, vraiment.
00:08Alors, L'amour ouf, c'est vraiment une fresque fleuve sur la passion qui unit deux enfants du Nord, Clotaire et Jackie.
00:15C'est un amour qui résiste à tout, déterminisme social, au temps qui passe, 12 ans de prison de Clotaire à tort.
00:23Et vous avez co-écrit ce film avec Audrey Diwan, c'est une adaptation...
00:28Et Ahmed Abidi.
00:29Et c'est une adaptation d'un livre de Neville Thompson.
00:34Ça fait 17 ans que vous le portez dans le cœur, ce film-là.
00:37Oui, ce n'est pas 17 ans que je travaille dessus, non plus.
00:40Non mais vous y revenez.
00:42En fait, c'est Benoît Poulvoorde qui me l'avait offert il y a 17 ans,
00:44en me disant, voilà, de ce livre, je pense qu'il y a moyen de faire un beau scénario.
00:48C'est vrai que je suis tombé amoureux du récit de Neville Thompson.
00:52À cette époque-là, je me disais qu'on ne me donnerait pas évidemment les moyens pour faire ce film,
00:55en tout cas comme je l'envisageais, comme une espèce de fresque.
00:59Et en fait, effectivement, je suis passé à autre chose.
01:01Et puis, ma carrière d'acteur a pris beaucoup de temps.
01:04Et vous y revenez.
01:05Et puis, je suis parti sur le Grand Bain.
01:07Et comme le succès du Grand Bain m'a donné un peu du vent dans les voiles, comme on dit,
01:10je me suis repenché directement sur l'amour.
01:13Vous l'avez tout... Quand vous lisiez le livre, vous aviez déjà des images ?
01:16J'avais des idées de plans même, très précises.
01:19Il y en a qui se retrouvent dans le...
01:21Oui, il y en a plein.
01:22La cabine téléphonique, il y a des trucs.
01:24Le chewing-gum, par exemple, qui bat.
01:27J'avais des espèces de plans.
01:29Et puis, c'était un film auquel j'aimais me replonger, repenser la nuit,
01:35enfin, prendre des notes, écrire des scènes.
01:37Donc, il n'y a pas 17 ans de travail, mais il y a 17 ans de rêverie.
01:41Alors, vous nous parliez justement du chewing-gum.
01:43On va voir une séquence qui se situe dans la première partie du film.
01:47Alors, on découvre deux acteurs merveilleux,
01:49Mallory Vanek et Malik Fricka, dans cette première partie.
01:52Pour les jouets jeunes, les amoureux, ils brûlent vraiment la pellicule.
01:56Dans la deuxième partie, c'est Adèle Exarchopoulos et François Civil
01:59qui brûlent la pellicule, mais depuis plus longtemps,
02:01donc on est plus habitués.
02:02Donc, on va regarder cet extrait.
02:04On en parle après.
02:05Avec joie.
02:20Le cœur est un muscle creux qui se situe dans la partie gauche de votre thorax.
02:25Il faut savoir que sur une journée, votre cœur, il va battre 100 000 fois.
02:29Sur une année, 3 millions de fois.
02:31Sur une vie, 4 milliards de fois.
02:33Alors, en règle générale, le rythme cardiaque d'un être humain est aux alentours de...
02:39...aux alentours de...
02:48On a tous été à un moment...
02:49Chisi ?
02:50Comme ça, oui.
02:51Cette personne-là.
02:52Vous avez un petit cœur de millinette aussi.
02:54J'y ai à fond.
02:56Oui, je le revendique surtout.
02:58En fait, cette idée du chewing-gum qui bat, c'était aussi rendre hommage justement,
03:02en parlant de rêverie, à celle qu'on a quand on est adolescent,
03:05avec cette part d'ennui inhérente à ses journées,
03:08qu'on s'autorise à la rêverie avant de se coucher,
03:11de réimaginer sa journée ou de l'inventer celle qui va arriver.
03:15On s'imaginait héros de sa propre fiction quand on est ado.
03:17On a besoin de pimper un peu son réel.
03:20Et ce coup du chewing-gum, c'était un peu cette idée-là.
03:23De le faire battre, comme ça.
03:25Exactement.
03:26Ça a été beaucoup de travail, de le faire battre ?
03:28Non, pas tellement.
03:29Non, il y a eu plus compliqué.
03:32Maintenant, nous allons explorer le code génétique de votre film.
03:35Vous êtes prêt ?
03:36Avec plaisir.
03:39Alors, est-ce qu'il y a un couple de cinéma qui vous fait croire plus que les autres à l'amour ?
03:45Alors, oui, j'ai une réponse un peu particulière.
03:49Ça fait partie du premier film que j'ai vu, c'est King Kong,
03:52avec Jeff Bridges, je crois.
03:53Jessica Lange.
03:54Jessica Lange.
03:55Et que j'avais vu en Bretagne, dans un drive-in.
03:58Ça fait beaucoup de mélanges opposés.
04:00Vous étiez en drive-in, et c'est le premier film que vous avez vu ?
04:02Oui, c'est l'un des premiers films que j'ai vus.
04:04Et avec mon cœur d'enfant, j'ai cru en cette romance, en cette histoire d'amour.
04:09Impossible, oui.
04:10Et c'est ça qui vous a tout de suite frappé ?
04:12Enfant, c'était l'histoire d'amour comme les suréalistes.
04:15Oui, je trouvais ça fou.
04:16Je trouvais ça d'une tendresse infinie, en fait.
04:17Et oui, ça m'est beaucoup marqué.
04:19Alors, la première partie de votre film, c'est un peu un teen movie.
04:22Vous avez une vraie sensibilité pour ça ?
04:24Est-ce qu'il y a un teen movie qui est important pour vous ?
04:26Pour vous garder un petit peu comme ça dans votre cœur ?
04:28Oui, j'en ai beaucoup.
04:29J'en ai beaucoup.
04:30Les teen movies, déjà, il y a tous les teen movies de John Hughes,
04:33des années 80, que j'adorais.
04:34Breakfast Club.
04:35Breakfast Club, La Folle Journée de Ferris Bueller, etc.
04:37Il y a un film que j'aime beaucoup, c'est Risky Business.
04:40En fait, c'est vraiment un film qui encapsule les années 80.
04:43Ah, ça représente vraiment les années 80,
04:45mais même ça représente une certaine forme de liberté même de narration,
04:48parce que le film est beaucoup plus punk qu'on peut l'imaginer.
04:50En fait, c'est presque une ode à l'anarchie.
04:53C'est assez cool, Risky Business.
04:54C'est extrêmement bien réalisé.
04:55La musique est démente.
04:57C'est un film, et puis c'est l'explosion de Tom Cruise.
04:59Vous l'avez imité ?
05:00Est-ce que vous avez imité Tom Cruise ?
05:02J'aurais adoré, mais non.
05:04J'en avais pas le culot, quand même.
05:05Il y a un point commun avec votre film, c'est le fait de prendre l'adolescence au sérieux.
05:10Les mots de l'adolescence.
05:12C'est très sérieux, l'adolescence.
05:13Parce qu'on est hyper sérieux quand on est ado.
05:15Et c'est vrai que le cinéma a tendance à s'en moquer.
05:18Non, mais disons qu'on ne les prend que pour faire des vacances avec maman qui est au ski
05:23ou papa qui n'est pas là.
05:24C'est des trucs un peu…
05:25Les parents divorcent.
05:26Non, mais c'est bien aussi de considérer ce qui est quand même probablement la plus belle période
05:31puisque c'est toutes les premières fois.
05:33C'est les premières fois amoureuses.
05:34C'est les premières fois fixes.
05:36C'est les premières fois où on ose défier l'autorité parentale.
05:39C'est une période très constitutive de ce qu'on va devenir.
05:43Donc oui, c'est sérieux, je crois.
05:46Alors dans votre film, il y a de l'amour, mais il y a aussi de sérieuses bagarres sur fond,
05:50de bandes rivales.
05:51C'était quoi les inspirations pour ça, pour les bagarres ?
05:54C'était tous les films que je voyais de l'époque de Coppola que probablement je préfère,
05:59c'est-à-dire les Outsiders, Rusty James et tous ces films-là.
06:03C'est des films que j'ai adorés, mais il y avait aussi des films plus…
06:06Qu'est-ce que vous aimiez dans ces films ?
06:07Plus basiques comme The Warrior et tous ces films des années 80.
06:11J'aimais ça, j'aimais ce côté film de gang, film de voyous.
06:14Il y avait quelque chose de très valorisé dans ces films qui sont très…
06:18Très chorégraphiés.
06:19Oui, très chorégraphiés.
06:20Vous vous en êtes inspiré pour monter les scènes de bagarres, de les chorégraphier ?
06:25Pas… Oui, ça a infusé directement.
06:28C'est sûr que c'est ma cinéphilie profonde, donc ça a dû infuser beaucoup plus que je l'imagine,
06:32mais je ne m'en suis pas inspiré directement.
06:34Et il y avait aussi un plaisir dans ces films-là de découvrir des acteurs.
06:37C'était un peu des…
06:38Oui, et je trouve que Malik Frika, mon jeune comédien, il aurait pu faire partie de cette bande.
06:43On l'adore, mais c'est vrai qu'il a un visage…
06:44Vous l'avez trouvé comment, alors ?
06:45Je l'ai trouvé en casting.
06:47Je l'ai trouvé en casting, ni plus ni moins.
06:49J'ai dû voir genre 70 ados de son âge, et il a vraiment fait la différence.
06:55Ses essais étaient époustouflants.
06:58Et puis, il comprenait l'attitude physique.
07:00Il avait un truc dans le physique, dans la manière de se comporter comme Clotaire,
07:04l'espèce de nonchalance à la fois…
07:07De nonchalance très tendue en même temps, parce qu'on a l'impression qu'il ne fait pas…
07:10Oui, ce truc un peu dangereux, mais avec une petite lucarne qui ouvre sur l'enfance quand même.
07:15Assez unique.
07:16Oui, il sortait du lot, vraiment.
07:19Pour revenir au Guerrier de la nuit, il y a quelque chose qui vous plaît particulièrement dans ce film ?
07:23C'était un truc très… À l'époque, c'était en fait les dérives de Mad Max.
07:28Après Mad Max, il y a eu plein de films un peu séries B, séries Z, ultra violentes,
07:32et c'est ce que je louais en cassette vidéo tous les mercredis.
07:36C'est mon petit côté psychopathe, je pense.
07:38Parce que là, c'est une bande qui est toute avide, toutes les bandes de la ville qui les recherchent.
07:42Non, c'est toutes les bandes qui convergent vers un rendez-vous.
07:45C'est un cheminement.
07:46Alors dans votre film, on a repéré une affiche du professionnel de Belmondo.
07:51Oui.
07:52Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Est-ce que vous êtes un grand fan ?
07:54Non, je l'ai mis dans le décor.
07:56En fait, quand j'étais petit, j'étais fan de Belmondo.
08:00J'y voyais une sorte de père idéal quand je regardais des films comme Las des As, etc.
08:05Et j'ai eu la chance de le rencontrer parce qu'il venait me voir sur quasiment tous mes films.
08:09Depuis un film que j'ai fait qui s'appelle A bout portant, où je l'ai rencontré, où il est venu déjeuner avec moi.
08:13Et il venait me voir sur tous les plateaux et notamment sur Bac Nord où il était dans le même hôtel que moi.
08:20Il fallait que tous les soirs, je vienne et lui raconte ma journée de tournage.
08:23Comme ça, il vivait encore un peu de cinéma par procuration.
08:26C'était extrêmement touchant et j'ai eu beaucoup de chance de le voir.
08:29Il a suivi tout le tournage quotidiennement, effectivement, comme un père de cinéma.
08:32Pendant un mois, tous les soirs, oui.
08:34Et donc je le voyais, il m'attendait au bar de l'hôtel.
08:36Il fallait que je descende et je lui racontais.
08:38Alors, pour conclure ce questionnaire, est-ce qu'il y a une référence secrète de l'amour ?
08:43Une référence secrète ?
08:44Oui, secrète.
08:45Secrète, non. Elles sont assez visibles, j'ai l'impression.
08:48Non, mais quelque chose qui n'est pas forcément...
08:50Oui, il y a une esthétique.
08:52Ça, par exemple, ça peut être l'esthétique de Christine.
08:55Et encore, je voulais aller plus loin, je voulais mettre des lumières dans les voitures.
09:00Je me suis dit, calme-toi, calme-toi.
09:03Il y a même un moment du film où on se dit, il va complètement basculer dans la comédie musicale à l'américaine.
09:10Quelle est la comédie musicale, votre comédie musicale de chevet ?
09:15Celle vers laquelle vous tendez ?
09:16C'est West Side Story.
09:17C'est vraiment tellement beau à tout point de vue.
09:21C'est celle-là, oui.
09:22Récemment, je sais qu'il y en a pas mal qui n'aiment pas,
09:24mais moi, j'ai bien aimé La La Land, par exemple.
09:26Mais j'ai trouvé ça vraiment très abouti.
09:29Et West Side Story, c'est...
09:31C'est la nouvelle version de West Side Story.
09:32C'est d'une beauté sans nom.
09:34On retrouve les bandes.
09:35Je n'ai pas très bien compris l'intérêt de la nouvelle version, pour être très honnête.
09:38Ah, on pourra en parler.
09:39Je trouve ça...
09:40Oh, attention, je parlais avec des critiques.
09:44Il s'est redressé.
09:45Il s'est redressé.
09:46Il a commencé à croiser les bras.
09:47Je trouve celle-là tellement, en fait...
09:49Parfaite.
09:50Oui, et tellement moderne dans ses cadrages.
09:52Et tellement, vraiment aboutie esthétiquement.
09:55Moi, qui suis un grand dingue de Spielberg,
09:57je n'ai pas l'impression qu'il ait amené le projet plus loin que ce qu'il était déjà.
10:01Donc, je pense qu'un remake contemporain aurait eu du sens.
10:06De le refaire dans les années 50, je l'ai moins vu.

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