• il y a 2 mois

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Transcription
00:00Un téléfilm est présenté ce soir en avant-première à Rennes, avant sa sortie sur France 2 en novembre.
00:06« Signalement », c'est son nom, réalisé par Éric Métaillé, qui relate le combat de la bretonne Laurence Brunet-Jambut,
00:12qui a tout fait pour sauver sa nièce Karine, violée de 2002 à 2005 chez elle, près de Rennes,
00:18par un ami de ses parents qui vivait avec eux.
00:20Et on reçoit ce matin Laurence Brunet-Jambut. Bonjour.
00:23Bonjour.
00:24Vous avez été consultante pour ce téléfilm qui a été tourné à Lille.
00:28Pourquoi déjà avoir accepté d'être consultante ? C'est la suite du livre en fait, c'est ça ?
00:32Alors, j'ai voulu être consultante et j'ai accepté parce que d'abord ça m'a été demandé avec beaucoup de pudeur.
00:40Et je pense que c'était aussi pour coller le plus possible à la réalité.
00:44Et je trouve que c'était plutôt bien que de partir des fois dans des fictions qui n'ont plus rien à voir avec le combat
00:50et avec l'histoire qu'on a voulu écrire.
00:54Et Catherine Rimbert au départ, qui a écrit le scénario, m'a beaucoup sollicité.
01:00Et Éric Méthayer pour le scénario, pareil en fait.
01:05Je me suis rendue aussi sur le lieu du tournage et j'ai vécu un moment magnifique,
01:10avec quand même beaucoup de souffrance parce que ça a fait remonter beaucoup de choses.
01:15Mais j'ai été accompagnée par Karine.
01:17Votre nièce donc.
01:18Voilà.
01:19Qui a accepté aussi ce projet qui raconte une partie très intime de vos vies.
01:23Oui.
01:24Parce qu'en fait, toute cette souffrance, il faut en faire quelque chose de bénéfique pour les autres.
01:29Et aussi pour elle-même parce que je pense qu'aujourd'hui elle va bien, si on peut aller bien avec une histoire pareille.
01:37Mais je pense aussi qu'il faut en faire un combat pour les autres en fait.
01:41Il faut que ça symbolise quelque chose et c'est ce que Éric a voulu vraiment démontrer dans ce film.
01:47Et le résultat vous convient ?
01:49Ça vous convient.
01:50Et fidèle à votre histoire ?
01:53C'est une fiction.
01:54Mais tout ce qu'il y a dans le film a été vécu.
01:56Évidemment, c'est fait avec beaucoup de pudeur et c'est fait aussi avec ce qui peut être montré.
02:02C'est ça que moi j'ai eu du mal au départ à admettre.
02:06C'est qu'on ne montre pas la violence de l'histoire vécue.
02:09Mais vraiment, je suis rentrée moi, quand j'ai vu le film à Vierzon, je me suis vue en fait.
02:16Cécile Bois interprète mon rôle d'une manière magnifique.
02:19Elle a eu un prix d'ailleurs.
02:21Le prix d'interprétation à La Rochelle et elle le mérite.
02:24Mais toute l'équipe aurait mérité un prix en fait.
02:26Parce qu'Odile Villemin joue le rôle de ma belle-sœur.
02:29Mais elle est rentrée dedans.
02:31C'est un rôle difficile parce que quelque part c'est montré aussi.
02:34Une mère qui laisse sa fille se faire violer.
02:38Une mère qui abandonne son enfant et un père qui n'est pas à la hauteur de ce qu'on appelle un père.
02:43Mais Christophe Lobion est rentré dans le rôle magnifiquement.
02:47Et ce qu'il en ressort, c'est un très très beau film en fait.
02:50Et donc vous dites, Laurence Bonet-Jembut, que c'est pour les autres victimes,
02:54que ce combat continue pour essayer de lutter contre ces violences intrafamiliales ?
02:59Oui, et aussi parce que de partout, tous les jours, on sait que l'aide sociale à l'enfance est en train de s'écrouler.
03:06Il y a des faits divers.
03:08Il y a un procès en ce moment à la Châteauroux.
03:11Et ce que j'ai dénoncé il y a dix ans, malheureusement aujourd'hui c'est la réalité un peu partout qui éclate.
03:17Alors moi je ne dis pas que c'est en Ille-et-Vilaine, c'est à Lille, c'est partout en fait.
03:23Il y a une commission d'enquête qui est menée aujourd'hui par Madame Santiago,
03:27qui est députée et avec laquelle on échange.
03:31Et ce qui se passe est dramatique.
03:34L'aide sociale à l'enfance est en train de s'effondrer.
03:37Et malheureusement ce sont des enfants qui en sont les premières victimes encore une fois.
03:42Ils ont été victimes parfois à l'intérieur de leur famille.
03:45Pas toujours, mais parfois.
03:47Et aujourd'hui ils sont victimes de l'institution qui est censée les protéger.
03:52Mais qui n'a pas assez de moyens vous diriez ?
03:54Ou qui travaille mal carrément ?
03:56Qu'est-ce que vous dites Laurence Bonnet-Jeanbut ?
03:58Structurellement, c'est une catastrophe.
04:01Ça fait 50 ans que l'aide sociale à l'enfance existe comme elle est.
04:05Et elle n'est plus en capacité de répondre aux besoins des enfants d'aujourd'hui.
04:10Des familles aujourd'hui.
04:12Et des besoins.
04:14On voit par la violence des mineurs,
04:18par tout ce qui se passe dans la protection de l'enfance.
04:21On le voit par la prostitution des mineurs.
04:24Et donc oui, on n'est plus en capacité.
04:27Et ce qu'on n'arrive pas en France,
04:29ce qui se passe dans certains pays mais qu'on n'arrive pas à faire en France,
04:32c'est de se dire, ben là on n'est pas bon.
04:34On s'assoit à une table et on y va.
04:36On change notre façon de faire.
04:38Vous avez créé une association,
04:40vous demandez quoi finalement ?
04:42Une meilleure formation ? Plus de moyens ?
04:44Une réforme structurelle.
04:46Déjà en premier lieu.
04:48Une renationalisation de la protection de l'enfance
04:52parce que ce n'est pas normal qu'un enfant à Rennes
04:54ne soit pas traité de la même façon qu'à Marseille.
04:57Parce que c'est par département.
04:59C'est un peu n'importe quoi.
05:01Je le dis et je le pense.
05:02Mais je ne suis pas la seule.
05:03Donc ça me conforte.
05:05Parce que quand on discute avec M. Sartout de la CNAP
05:08ou vraiment même dans les ministères,
05:10tout le monde en a conscience.
05:12Mais personne ne se dit, là il faut qu'on y aille.
05:14Et donc vous espérez que ce téléfilm,
05:16signalement qu'il sera visible le 20 novembre sur France 2,
05:19apporte sa pierre à l'édifice finalement ?
05:21Tout à fait.
05:23Nous on essaye par l'organisme de formation
05:26qui a été créé par l'association
05:28de mettre en place des formations innovantes
05:30avec des programmes innovants
05:32pour dire qu'on peut faire autrement.
05:34Mais ce qu'il faut, c'est qu'on aille plus en amont.
05:36Et qu'on se dise, ça ne fonctionne pas.
05:38C'est comme les violences faites aux femmes.
05:40Il y a de plus en plus de femmes tuées par an.
05:44Et d'hommes, n'oublions pas les hommes.
05:46Même si c'est plus faible,
05:48il y a quand même des hommes qui sont tués.
05:50Des enfants sont tués.
05:52Et on ne se dit pas, mais ça ne fonctionne pas.
05:54Il y a quelque chose qu'il faut qu'on arrête.
05:56Il faut qu'on pense autrement.
05:58Non, non, on colmate.
06:00C'est palliatif, comme dans plein de choses.
06:02Merci beaucoup Laurence Brunet-Jeanbut
06:04pour votre témoignage ce matin sur France Bleu Armorique.
06:06Pour nous parler de ce téléfilm
06:08sur France 2 le 20 novembre
06:10signalement réalisé par Éric Méthayer.
06:12Et vous êtes la présidente de l'Association nationale
06:14des comités de vigilance Alexis Danan.
06:16Merci à vous.

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