• il y a 2 mois
Depuis plus d’un mois, un important mouvement contre la vie chère a été lancé par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens en Martinique. Face aux mobilisations, l'État a encore choisi la répression en envoyant des compagnies de CRS. Dans le stream de l'Humanité, on préfère s'attaquer à la source du problème : l'explosion des prix qui empêche les Martiniquais de vivre dignement. Comment en est-on arrivés jusque-là ? Peut-on parler d'une situation coloniale ? Le point sur la situation sur l'île avec Naïm Sakhi et Pierre-Antoine Valade.

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Transcription
00:00On va commencer d'abord par parler de la Martinique, avec notre journaliste maison Naïm, qui a passé 15 jours...
00:0610, 10, 10.
00:0810 jours.
00:10Et t'es rentré il y a une bonne semaine, c'est ça ?
00:12Ouais, je suis rentré mardi dernier, juste avant que les événements reprennent.
00:15Parce qu'on a failli avoir le pif.
00:17Et donc du coup, Naïm, au départ sur la Martinique, on va un petit peu prendre le pouls de la situation,
00:22et tenter de vous expliquer les tenants et les aboutissants de pourquoi ça bloque,
00:26pourquoi les gens manifestent et se révoltent contre des prix qui dépassent l'entendement.
00:32Et ensuite, vous aurez à ma place Samuel, et à la place de Naïm, Cyprien,
00:38pour une interview, un entretien plutôt long, une bonne heure, une bonne heure et demie,
00:43avec Gilles Raveau, l'économiste, qui va nous expliquer un petit peu la dette, etc.
00:50C'est dans un moment où le budget va être voté à l'Assemblée Nationale,
00:53et c'est le bon moment pour en parler, en tout cas.
00:57Donc, mon cher ami Naïm, Naïm, comment te présenter ?
01:02Naïm, il a deux centres d'intérêt dans la vie, l'Olympique Lennay et Sophie Binet.
01:08Qu'est-ce que tu classes en premier ?
01:10Il y en a un, c'est parce que je m'occupe du syndicalisme et des transports,
01:17donc j'ai beaucoup à faire avec la CGT dans mon travail, et ça c'est professionnel.
01:22Et puis il y en a un autre, c'est évidemment le plus grand club de football français du XXIe siècle,
01:27celui qui a rapporté, je crois, le plus de points de l'indice UEFA depuis l'an 2000,
01:32l'Olympique Lennay, bien évidemment.
01:34Les statistiques, que des statistiques sur des points, sur des soi-disant points qui existent.
01:44Mais bon, nous avons joué la dernière finale européenne.
01:47Allez, donc la Martinique, sujet éminemment compliqué, je ne suis pas spécialiste de la question,
01:54Naïm, lui, l'est un peu plus que moi.
01:57J'essaie, j'essaie de comprendre.
01:59En tout cas, elle a extrêmement bien travaillé son dossier.
02:01Donc les amis, avant de vous montrer des petites vidéos de ce qui se passe là-bas,
02:06je pense que c'est intéressant de recontextualiser un petit peu.
02:10Donc depuis un mois et demi, il y a un mouvement contre la bichère,
02:13il y a des manifestations, des révoltes.
02:16Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus là-dessus ?
02:18Ouais, alors concrètement, ce qui s'est passé il y a un mois et demi,
02:22c'est qu'il y a un collectif qui s'appelle le RPRAC,
02:24donc le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Africaines,
02:28qui s'est lancé dans l'été, dont son leader est Rodrigue Petito,
02:32qui sur les réseaux sociaux...
02:34Oui, qui est Rodrigue Petito ?
02:36Oui, c'est le président du RPRAC, mais on en reviendra dans le déroulé.
02:41En fait, dans l'été, ils ont posé un ultimatum au 1er septembre pour baisser les prix,
02:46parce que les prix de l'alimentation sont 40% plus élevés en Martinique qu'en métropole,
02:52et la pauvreté de 27% et de 33% chez les enfants,
02:56donc la question de la bichère est un sujet central en Martinique.
03:00Donc ils ont déposé un ultimatum.
03:03L'ultimatum, on a un peu rigolé au nez de ces gens qui s'organisent sur les réseaux sociaux
03:07et qui font des appels sur les réseaux sociaux.
03:09Comme ça a pu être le cas pendant les gilets jaunes, etc.
03:12Quoique, à la différence des gilets jaunes, il y a des ressemblances,
03:15mais à la différence des gilets jaunes, ce qui a créé le mouvement des gilets jaunes,
03:18c'est une taxe sur le carburant.
03:20Là, il n'y a pas eu besoin d'une nouvelle taxe pour créer ce mouvement de colère,
03:23mais oui, il y a des ressemblances frappantes.
03:25C'est un ras-le-bol ?
03:26Oui, il y a un ras-le-bol.
03:27On pourra en parler plus tard, mais les prix sont absolument délirants sur place.
03:31Moi, j'ai pu voir que de l'huile de maïs lucière, c'est 5,50.
03:356,50 les 500 grammes de fromage râpé.
03:38La bouteille d'eau, celle qui est produite sur place, c'est 6 euros.
03:43Le pack d'eau, c'est 6 euros le pack.
03:45Et celle qui est importée, c'est 12 euros.
03:47Et là, je parle vraiment de produits de base.
03:50Et donc, il y a des manifestations, des blocages qui ont eu lieu.
03:57Et également, ce que j'ai pu observer, c'est des opérations caddie,
04:01où les gens du Harprac vont dans les supermarchés,
04:04mettent des produits ultra frais surgelés dans les rayons,
04:08tournent pendant une heure ou deux, vont tous à la caisse.
04:10Donc, ils sont 80 à aller à la caisse.
04:11Et en fait, ils ne peuvent pas payer.
04:12Et comme à chaque fois, il faut faire une opération annulation, etc.,
04:15normalement, le produit a un propre pas de consommation.
04:17Donc, on va en reparler.
04:19Il y a des rondes de négociations qui ont eu lieu.
04:23On était prêts à un accord presque proche d'un accord le 7 octobre.
04:27Ce problème, c'est que comme il n'y avait pas de gouvernement,
04:30puis après, il n'y avait pas de budget,
04:31les engagements de l'État n'étaient pas forcément suivis.
04:34Bref, toutes les parties n'étaient pas forcément prêtes.
04:38Donc, la réunion a été repoussée,
04:40ce qui a précipité de nouveaux événements courants de la semaine passée.
04:44Et là, on va en revenir dans le déroulé en manière plus concrète.
04:50Mais là, chacun joue la montre,
04:52et chacun joue du côté de l'exécutif qui envoie les CRS.
04:57Est-ce que ça te chauffe qu'on regarde ?
05:00Parce qu'en fait, ce qu'il faut comprendre,
05:02c'est que ces manifestations, elles sont souvent réprimées,
05:05réprimées très durement.
05:07Oui, en fait, il y a deux types de manifestations.
05:11Quand c'est dans les rayons, en fait, c'est encadré.
05:14Moi, je suis allé dans un carrefour,
05:16enfin, dans deux carrefours où j'ai suivi le HERPRA,
05:18qu'il y a des fordeurs qui observent ça,
05:20mais il n'y a pas de casse.
05:22Donc là, ils ne peuvent rien faire.
05:23Par contre, oui, dans certains quartiers de Fort-de-France,
05:25dans certains ronds-points,
05:27et maintenant pas qu'à Fort-de-France,
05:29aussi au François, aussi au Lamantin,
05:31donc dans les villes à 20 minutes de voiture,
05:33là, il y a des blocages,
05:35et là, les forces de l'ordre interviennent.
05:37C'est-à-dire que...
05:39Est-ce que toi, par exemple, t'en as vu,
05:41les CRS qui se sont intervenus ?
05:43Non, moi, j'y suis allé, en fait, dans une période
05:45où les négociations étaient proches d'aboutir.
05:47Donc, il n'y avait plus de violence.
05:49Et je suis reparti juste avant que
05:51la table ronde soit repoussée,
05:53ce qui provoque les nouvelles.
05:55Donc moi, je n'ai pas vu, je ne peux pas témoigner,
05:57et je me fie à ce que je vois, à ce qui est rapporté par des confrères,
05:59ou ce qu'on peut voir sur les réseaux sociaux.
06:01Les amis, on va commencer direct par une...
06:03On a sélectionné plusieurs petites vidéos.
06:05Enfin, on a sélectionné.
06:07Notre cher Naim a sélectionné pour nous des petites vidéos.
06:09On va les regarder
06:11et réagir un petit peu à
06:13ce qui s'y passe.
06:15Donc celle-là, je vérifie que c'est bien là-bas, mais...
06:17Oui, oui, c'est celle-là.
06:19C'est dans la nuit, ça.
06:21C'est Gabé, t'sais. Gabé, t'sais.
06:23Eh Damé, vous entendez bien ?
06:27Eh bien là,
06:29Raphaël et Lune, ben ils vont, hein.
06:31On s'est dit, OK.
06:33Il y a des jeunes dames qui s'y font entrer.
06:35C'est super, merci.
06:37Merci Raphaël.
06:39Qu'est-ce qu'il se passe dans cette...
06:41Bon, alors en fait, il faut savoir que
06:43fin septembre, il y a
06:45une compagnie de CRS,
06:478e compagnie de CRS, une unité d'élite
06:49créée en 2021, spécialisée dans
06:51l'évidence urbaine, qui a été envoyée sur l'île.
06:53R78.
06:55R78.
06:57C'est ça.
06:59R78.
07:01R78.
07:03R78.
07:05Sans doute.
07:09Et c'est un événement, parce que
07:11jusqu'en 1974, il y a 50 ans,
07:13les révoltes ouvrières, agricoles
07:15et sur la question de
07:17la vie chère finissaient toujours dans le bain de sang en Martinique.
07:19Et lorsqu'on a envoyé en 59
07:21l'État français a envoyé des CRS
07:23sur l'île, il y a eu 3 jeunes martiniquais.
07:25Et depuis 59, aucun CRS n'avait
07:27été envoyé sur l'île.
07:29Donc déjà, le fait de renvoyer des CRS
07:31sur l'île, c'était un message
07:33qui a été vu comme une
07:35agression et comme une provocation.
07:37Et là, la vidéo
07:39qu'on voit, en fait,
07:41elle date de cette nuit.
07:43Où il y a de nouveaux renforts de CRS
07:45qui ont été envoyés.
07:47Lundi puis samedi,
07:49il devait y avoir un accord sur la baisse
07:51des prix. Il n'y a toujours pas d'accord.
07:53Mais par contre, il y a
07:55de plus en plus de forces de l'ordre.
07:57Et ça va dans la droite
07:59lignée de ce que Bruno Retailleau a dit.
08:01A savoir, la vie chère,
08:03on ne peut pas vivre, il faut rétablir l'ordre.
08:05Ok.
08:07Pour essayer de mettre au contexte
08:09ces propos de Retailleau, je pense que c'est bien
08:11de voir cette vidéo.
08:13Intervention des forces de l'ordre, ce lundi, avec une très jolie police.
08:29On voit les CRS.
08:31Et du coup,
08:33est-ce que ces révoltes, elles ont lieu
08:35partout à Martinique ou est-ce qu'elles sont concentrées dans certains...
08:37Non, c'était
08:39concentré à Fort-de-France.
08:41Et maintenant,
08:43dans la seconde vague
08:45qui a commencé au milieu de la semaine dernière,
08:47ça prend au-delà de Fort-de-France.
08:49Moi, je me suis rendu dans le nord
08:51de l'île, vers Saint-Pierre,
08:53la semaine...
08:55il y a dix jours maintenant.
08:57Et à quinze minutes où je logeais,
08:59il y a une ville qui s'appelle Le Carbet,
09:01c'est une ville touristique de base.
09:03Et il y a la gendarmerie qui a brûlé
09:05fin de semaine dernière.
09:07Donc voilà, c'est montrer
09:09le niveau de tension qu'il y a
09:11sur place.
09:13Est-ce que t'es chaud qu'on regarde la dernière vidéo ?
09:15Ouais, je pense qu'on peut avancer.
09:17Tu veux qu'on avance ? Ouais, ouais.
09:19Moi, je voudrais
09:21bien dire un mot sur
09:23l'attitude de l'État et on va passer après
09:25au problème plus structurel.
09:27Il faut quand même savoir que
09:29quand la révolte a commencé,
09:31il n'y avait pas de Premier ministre.
09:33Et ensuite, il n'y avait pas de gouvernement.
09:35Donc le préfet naviguait à vue
09:37et il y a un ministre des Outre-mer
09:39qui a été nommé, qui s'appelle François-Noël Buffet.
09:41Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'avant,
09:43le ministre de l'Intérieur était aussi ministre de l'Outre-mer.
09:45Avant, le dossier des Outre-mer était rattaché à Gérald Darmanin.
09:47Qu'est-ce que t'as attaché à Gérald Darmanin ?
09:49En fait, ça a été rattaché parce qu'il y avait
09:51la question de Mayotte et la question de la Nouvelle-Calédonie.
09:53Et on peut quand même dire,
09:55d'ailleurs, ce n'est pas moi qui le dis,
09:57c'est Manuel Valls et Edouard Philippe
09:59qui disent quand même que ce qui a été fait en Nouvelle-Calédonie,
10:01ce n'est pas top et qu'il faut remettre un peu de dialogue.
10:03Donc, il y a un nouveau ministre qui a été nommé
10:05qui s'appelle François-Noël Buffet
10:07qui est sénateur LR du Rhône.
10:09Donc, bien évidemment, il connaît la situation dans les dom-toms.
10:11Et il a été interviewé,
10:13on va le voir, à plusieurs questions au gouvernement.
10:15Mais surtout, c'est que ce week-end, il a dit une phrase.
10:17Dès lors que
10:19les différents acteurs seront tombés d'accord,
10:21je viendrai bien volontiers.
10:23C'est-à-dire, moi, je ne me mouille pas.
10:25Mettez-vous d'accord. C'est la loi invisible du marché
10:27qui fixe les prix, comme tout le monde sait.
10:29Par contre, je viens récupérer les fleurs.
10:31J'ai eu, par exemple, hier, un député
10:33au téléphone. J'ai eu le secrétaire général
10:35de la CGT-Martin.
10:37Donc, vous pouvez demain retrouver un entretien dans l'Humanité.
10:39Eh oui, les amis, il est l'Humanité.
10:41Entretien à retrouver ce soir
10:43sur les sites internet. Demain.
10:45Bizarrement,
10:47en gros, démerdez-vous.
10:49Moi, je viens ramasser les fleurs.
10:51Ça ne passe pas trop.
10:53Et d'ailleurs, je crois qu'on va passer sur...
10:55Pour mon prochaine vidéo.
10:57Il faut savoir que les quatre députés de Lille,
10:59ce sont des députés Nouveau Front Populaire.
11:01Il y a eu
11:03trois ou quatre questions déjà au gouvernement.
11:05Ça fait trois semaines, je crois,
11:07que la session parlementaire a prise.
11:09Et toutes les semaines, il y a des questions au gouvernement.
11:11Moi, je voulais qu'on voit
11:13la question de Marcella Nadeau,
11:15qui siège au groupe communiste, au groupe GDR,
11:17à l'Assemblée, et avec qui
11:19j'ai passé une journée entière
11:21dans sa circonscription.
11:23Vous pouvez retrouver un reportage
11:25dans l'Humanité Magazine ce jeudi.
11:29Très corpo au Sénat.
11:31Toujours. Il ne lâchera jamais ça.
11:33Les amis, Situation Martinique,
11:35aujourd'hui encore...
11:37Madame la Présidente, ma question s'adresse
11:39à Monsieur le Premier ministre.
11:41Des hommes, des femmes qui ont commis la faute de ne pas être
11:43contents d'avoir été si longtemps
11:45trompés, abusés, exploités...
11:47Qui veut du pain au roi du plomb,
11:49au nom de la loi, au nom de la force,
11:51au nom de la France, au nom de la force
11:53de la loi qui vient de France ?
11:55Ces quelques mots ne sont pas de moi,
11:57mais extraits d'un discours prononcé
11:59par Feu-Georges Gracian, le maire communiste
12:01de la ville du Lamantin de l'époque,
12:03en Martinique, lors des funérailles
12:05d'une jeune ouvrière et de deux jeunes ouvriers
12:07tombés sous les balles des forces
12:09de police et de gendarmerie
12:11le 24 mars 1961.
12:13Ces quelques mots, j'ai tenu à les prononcer
12:15ici, pour montrer ou démontrer
12:17s'il en était besoin
12:19la persistance des éléments
12:21de colonialité dans les relations
12:23entre la France dite métropolitaine
12:25et les dix Outre-mer.
12:27Aujourd'hui encore,
12:29la seule réponse du gouvernement
12:31face aux revendications légitimes
12:33des Martiniquaises et des Martiniquais,
12:35c'est la répression, c'est l'envoi
12:37de la CRS 8, sans considération
12:39d'ailleurs des traces indélébiles
12:41laissées par la CRS
12:43de notre mémoire collective.
12:45Et pourtant, le 20 septembre
12:472024, vous avez été
12:49destinataire de courrier de notre groupe
12:51GDR, vous demandant
12:53notamment que l'Etat consente enfin
12:55à jouer son rôle face aux positions
12:57oligopolistiques
12:59des grands groupes de la distribution
13:01qui font les prix dans nos pays.
13:03Pour régler ce problème de vie chère,
13:05compte tenu de la gravité de la
13:07situation, le choix du
13:09premier trimestre 2025 pour réunir
13:11le Sium nous paraît surréaliste.
13:13Et les quatre députés de Martinique
13:15attendent de vous une réponse rapide
13:17et urgente à leur demande d'audience.
13:19À quand donc les réponses concrètes
13:21que nous sommes en droit d'attendre
13:23pour qu'à nos revendications légitimes
13:25l'Etat n'ait une fois
13:27de plus la tentation du plomb
13:29et de la répression
13:31comme seule réponse ? Et à quand
13:33le départ de la Martinique,
13:35de la CRS 8, comme demandé
13:37par de nombreux élus de notre pays ?
13:39Une CRS 8 qui a d'ailleurs sévi
13:41lundi dernier contre des
13:43manifestants passifs.
13:45Juste deux mots
13:47parce qu'on va voir la réponse du ministre ensuite.
13:49On voit deux choses.
13:51On voit d'abord le poids de l'histoire.
13:53Le poids de l'histoire, il cite une situation.
13:55Donc la question sociale en Martinique
13:57elle est particulière, elle est issue
13:59de la colonisation.
14:01Et on voit aussi l'urgence de la situation.
14:03Et lui il dit qu'il faut s'attaquer aux positions
14:05politiques parce qu'on va y venir plus tard
14:07sur pourquoi est-ce que les prix sont chers.
14:09Il y a quand même une forme de gravité
14:11dans l'intervention de
14:13Marcel Anadot et je vous invite à écouter la réponse
14:15du ministre François-Noël Buffet.
14:17Les amis, allons-y.
14:19J'ai bien écouté
14:21votre propos. Je comprends
14:23le principe de la question. Je n'en partage pas
14:25le contenu, ni les convictions
14:27que vous venez de livrer
14:29devant l'ensemble de la représentation nationale.
14:31La France est
14:33partout, la République est partout
14:35et la République travaille pour l'ensemble
14:37de ses compatriotes, sans exception
14:39aucune.
14:41C'est la première chose. La deuxième chose
14:43monsieur le député, la deuxième
14:45chose,
14:47la police qui est présente et les forces de l'ordre
14:49qui sont présentes, ont essuyé
14:51des coups, des
14:53tirs d'armes à feu. Nous avons
14:55plus d'une trentaine... C'est vrai ça ?
14:57Euh...
14:59À ma connaissance, il n'y a pas eu de mort.
15:01Une trentaine de
15:03gendarmes et policiers blessés,
15:05mais force doit rester
15:07à la loi. C'est le principe.
15:09C'est le principe sur tous les territoires de la République,
15:11sans exception, je le redis.
15:13Sur le problème de fonds que vous soulevez,
15:15qui est le problème de la vie chère et du prix,
15:17vous avez raison qu'il faut
15:19regarder cela avec beaucoup de détails.
15:21Nous avons, je l'ai dit tout à l'heure,
15:23de multiples raisons de
15:25traiter dans le fond tous les sujets,
15:27car il n'y a pas qu'un seul sujet. Vous en soulevez un
15:29en particulier, mais il n'y a pas que celui-là
15:31qui doit être regardé
15:33pour participer à la baisse des prix
15:35sur le territoire
15:37antillais. Je voudrais peut-être vous dire
15:39que l'Etat reste très engagé depuis longtemps,
15:41que par ailleurs, le bouclier
15:43sur...
15:45Le bouclier qualité-prix fonctionne,
15:47et que nous sommes très engagés également
15:49sur les contrôles qui seront mis en place
15:51pour le respect des règles qui sont fixées sur ce territoire.
15:53Enfin, et j'en terminerai par là,
15:55il s'agit aussi de mobiliser
15:57l'ensemble des forces locales, y compris des forces
15:59économiques, et que la réponse viendra,
16:01je l'ai redit tout à l'heure,
16:03je le redis, sur un travail
16:05collectif, et gage que les propositions
16:07qui seront faites, le travail qui sera fait demain
16:09par le préfet avec l'ensemble
16:11des élus du territoire apportera
16:13la solution immédiate, mais sur le fond,
16:15je vous promets qu'on regardera l'ensemble
16:17de la situation de manière structurelle.
16:19Si on synthétise un petit peu,
16:21c'est rien. Voilà.
16:23Le vide. Voilà.
16:25Il vient avec des éléments concrets,
16:27et le ministre ne dit rien.
16:29Et ce qui est très drôle, c'est que
16:31la République travaille pour tous, sans exception aucune.
16:33Sans doute.
16:35Je pense notamment à Mayotte, qui n'a pas d'eau.
16:37Sans doute, mais
16:39quand, par exemple,
16:41hier, il y a l'histoire de Doliprane,
16:43dont Saint-Ophie veut vendre.
16:45En une du journal du jour.
16:47Voilà. Ça mobilise deux ministres.
16:49Depuis septembre,
16:51aucun ministre ne s'est rendu en Martinique.
16:53Donc,
16:55le travail pour tous, oui, mais visiblement...
16:57Ça dépend de quelle couleur...
16:59Voilà. Et je
17:01voudrais aussi apporter une précision.
17:03Les quatre députés
17:05Nouveau Front Populaire
17:07de Lille ont eu plus de deux semaines
17:09à obtenir
17:11une rencontre avec le premier ministre Michel Barnier.
17:13Et pour le moment, ils ont l'accord
17:15de principe, mais toujours pas de date, à ma connaissance.
17:17Et en contrepartie,
17:19et on expliquera ce que c'est,
17:21c'est que le RPRA, qui est le R,
17:23Rodrigue Petitot, disent
17:25« Ah, mais regardez, les députés ne savent rien,
17:27parce qu'en fait, ils ramènent de Paris des brouettes de 49.3. »
17:29Donc, ça veut dire que le mépris
17:31du Parlement à Paris
17:33provoque une défiance dans la population
17:35parce qu'on pense que les élus ne savent rien.
17:37Et ça, c'est extrêmement dangereux.
17:39Et on voit concrètement
17:41les effets de cette année de macronisme.
17:43De cette année de macronisme,
17:45de mépris du Parlement
17:47et des corps intermédiaires.
17:49Ok.
17:51Du coup, il y a quand même une question qui se pose,
17:53c'est pourquoi les négociations sont en liste ?
17:55On en a parlé, il y a eu 4 tables rondes, déjà.
17:57Donc les tables rondes,
17:59pour expliquer un peu aux gens,
18:01il y a qui dedans ?
18:03Il y en a eu 5.
18:05Il y a, premièrement,
18:07c'est maintenant Serge Di Cimi, le président
18:09de la collectivité territoriale de Martinique, qui les préside.
18:11Il y a les élus
18:13des représentants des villes,
18:15de la collectivité territoriale,
18:17parce que là-bas, il n'y a pas de département de région, il n'y a qu'une seule collectivité.
18:19Il y a les députés,
18:21il y a les syndicats, il y a le patronat,
18:23il y a le préfet,
18:25et il y a le RPRAC,
18:27ce fameux collectif-association
18:29qui s'est monté dans l'été
18:31et qui impulse la dynamique
18:33via les réseaux sociaux.
18:35Donc il y en a eu déjà 4.
18:37La dernière devait se dérouler le 7 octobre.
18:39Elle a été repoussée
18:41jusqu'à aujourd'hui ?
18:43Elle a eu lieu
18:45dans la nuit de vendredi à samedi,
18:47mais
18:49elle n'a pas été conclusive
18:51et en fait, chacun reste sur ses positions.
18:53Peut-être mettre l'article que j'ai fait
18:55dans le journal du jour ?
18:57Il y a Lannu qui nous demande
18:59peut-on parler de situation coloniale ?
19:01Oui, on va y venir.
19:03Mais oui, on peut évidemment
19:05parler de situation coloniale.
19:09Donc la situation n'a pas abouti.
19:11On a pas mis le compte.
19:21Pour la faire simple, il y a deux points de blocage.
19:23Le premier, c'est sur le mode de calcul
19:25de la différence de prix
19:27entre la métropole
19:29et la martinique.
19:35Selon l'idée,
19:37il y a 40% sur les prix de la nourriture.
19:3940% sur le prix de l'alimentaire.
19:41Pour faire simple,
19:43pour baisser les prix,
19:45la collectivité territoriale
19:47est d'accord
19:49pour baisser l'octroi de mer,
19:51donc c'est une taxe que la collectivité
19:53et les mairies encaissent
19:55sur les produits importés.
19:57C'est une mesure protectionniste
19:59pour protéger les productions de l'île.
20:01Elle est prête à baisser
20:03cette taxe de 9,5,
20:05sachant qu'au total,
20:07là-bas, il y a la TVA
20:09plus l'octroi de mer.
20:11Les produits sont moins taxés en martinique
20:13que dans l'Hexagone.
20:15L'octroi de mer,
20:17ça ne touche pas uniquement la martinique,
20:19ça touche tous les territoires ultramarins ?
20:21Oui, je crois.
20:23En tout cas, la collectivité est prête
20:25à faire un effort pour baisser l'octroi de mer
20:27à 0% sur 54 familles de produits.
20:29Ça fait à peu près 6 000 produits.
20:31En contrepartie,
20:33l'Etat passe la TVA
20:35de 2,1 à 0%
20:37sur 60 familles de produits.
20:39Ça, c'est ce que mettent
20:41sur la table
20:43les organisations,
20:45la collectivité.
20:47En contrepartie,
20:53les groupes
20:55de la grande distribution,
20:57en fait, eux...
20:59C'est quoi leur proposition finalement ?
21:01Là, on parle des élus.
21:03Ils veulent récupérer des moyens.
21:05Parce que ce qu'il faut savoir,
21:07c'est que dans la fabrication
21:09du prix,
21:11là où en France, il y a en moyenne
21:133 intermédiaires entre quand le produit
21:15est fabriqué...
21:17Je ne vais pas rentrer dans les détails,
21:19mais en gros, il y a un rapport parlementaire
21:21qui a été fait par un ancien député de Martinique
21:23l'année dernière, donc preuve que la question
21:25est prise au sérieux par les parlementaires de Lille
21:27et les élus locaux de Lille,
21:29qui disent que là où en moyenne il y a 3 intermédiaires
21:31aujourd'hui, il y en a 14 en Martinique.
21:33Et tout le monde s'agave.
21:35Et c'est surtout qu'il y a
21:37certaines entreprises...
21:39Je prends par exemple
21:41une entreprise qui
21:43stocke. Quand ça sort
21:45du bateau, c'est stocké.
21:47C'est la même entreprise qui peut transporter.
21:49Le propriétaire, c'est le même.
21:51C'est pas la même entreprise, mais le propriétaire, c'est le même.
21:53Et donc du coup, il y a une accumulation
21:55des marges, et à chaque fois,
21:57ils taxent une marge.
21:59Marge plus marge plus marge, ça va dans la même poche
22:01in fine, parce qu'au bout de l'échelle,
22:03ça appartient à ce qu'on appelle au béquet.
22:05Et donc les béquets, la question dans le chat,
22:07est-ce qu'il y a une question coloniale ? Oui.
22:09Pourquoi il y a une question coloniale ?
22:11Alors que 80%
22:13de ce qui est consommé en Martinique
22:15est importé
22:17de la métropole, de l'Europe,
22:19et que la Martinique n'est pas du tout intégrée
22:21régionalement avec les Caraïbes,
22:23avec l'Amérique du Sud, donc elle est dépendante
22:25comme ancien comptoir colonial. Donc ça, c'est les schémas
22:27économiques qu'il y a de la colonisation.
22:29Elle est dépendante
22:31du marché européen.
22:33Mais en plus de ça, ce sont les anciennes familles de
22:35Nobles, qui sont 3000,
22:37moins d'1% de la population,
22:39qui détiennent les moyens de production,
22:41qui détiennent les moyens
22:43certains, et on va y revenir sur
22:45les droits d'importation des produits
22:47de l'Hexagone, et qui sont aussi ceux
22:49qui tiennent les carrefours et compagnie,
22:51qui vendent les produits. Donc il y a
22:53une opacité dans la fabrication
22:55du prix, et c'est ce qui explique
22:57en partie
22:59les 40%
23:01et le fait que
23:03la vie est chère. Alors les élus
23:05ne sont pas dépossédés. Par exemple, Marcella Nadeau va déposer
23:07une proposition de loi anti-trust,
23:09parce que c'est à ça qu'il faut s'attaquer.
23:11C'est structurel, finalement. C'est structurel. Alors bien sûr,
23:13la Martinique est un pays sous-développé,
23:15et ses 350 000 habitants, c'est une île,
23:17et évidemment que ce ne sera jamais
23:19la 7ème puissance mondiale.
23:2127% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
23:23Évidemment qu'il y aura,
23:25du fait
23:27de sa géographie,
23:29des handicaps économiques.
23:31Mais ceci dit,
23:33il faut voir qui s'en met plein les poches.
23:35Et ça, on les connaît,
23:37ce sont les
23:39fameux béquets.
23:41Un béquet, les amis, c'est un blanc créole
23:43descendant des premiers colons esclavagistes.
23:45Et je voudrais quand même dire un mot,
23:47parce que, pour bien comprendre
23:49concrètement l'île, elle vit de quoi ?
23:51Elle vit des services publics,
23:53de la présence de l'Etat et des collectivités.
23:55Elle vit du tourisme. Et l'industrie ne représente que 12%.
23:57Mais moi, j'ai visité, par exemple,
23:59une usine d'eau.
24:01Et ça, c'est très intéressant.
24:03Donc lui, ce n'est pas
24:05la marque, ce n'est pas un béquet.
24:09C'est la bourgeoisie locale.
24:13Lui, déjà,
24:15rien que le fait d'importer
24:17d'Allemagne, en l'occurrence,
24:19une machine pour produire de l'eau,
24:21pour mettre en bouteille, ça lui coûte
24:23beaucoup plus cher que s'il était en France.
24:25Rien que ça, au-delà de l'importation.
24:27Bien sûr, il a l'aide européenne,
24:29le FEDER, mais ça ne comble pas.
24:31Déjà, de base, au moment d'investir,
24:33c'est plus cher. C'est plus cher aussi au niveau
24:35de la maintenance.
24:37C'est plus cher aussi parce que,
24:39pour pouvoir mettre en bouteille, il faut des bouteilles d'eau
24:41et des bouchons. Et que ça, c'est importé,
24:43ce n'est pas produit sur place.
24:45Donc, sa bouteille d'eau,
24:47quand tu lis la facture,
24:49déjà, de base, 15% plus cher
24:51que son concurrent Evian.
24:53Qui, lui, vend déjà beaucoup.
24:55Alors, évidemment, Evian,
24:57l'eau Evian, ou Vitel, ou Cristaline.
24:59Donc, il y a tous les intermédiaires
25:01en France, jusqu'à ce que ça va au Havre ou à Marseille.
25:03Après, il y a les intermédiaires
25:05pour les mettre sur le bateau et dans les conteneurs.
25:07Ensuite, il y a le transport.
25:09Jusque dans les
25:11supermarchés.
25:13Jusque dans les supermarchés en France.
25:15En Martinique, pardon.
25:17Et l'eau française,
25:19la Vitel,
25:21c'est 12-13 euros le paquet.
25:23Moi, la Vitel, je l'achète, c'est
25:252.50, 2.40.
25:27Le paquet, c'est autour de 3 euros un paquet d'eau.
25:293-3.50, ça dépend.
25:31Personnellement, j'adore la Volvic.
25:33Et donc, du coup,
25:37déjà, l'eau, une marque
25:39nationale chez nous, c'est 3-3.50,
25:413-3.50. Là-bas, c'est 12-13 euros.
25:43Sauf que son eau, à lui,
25:45du fait de l'insularité,
25:47du fait du faible marché
25:49de 350 000 habitants, son eau, à lui,
25:51elle est à 6 euros.
25:53Déjà, de base, même l'eau locale est plus chère que chez nous
25:55parce qu'il y a des problèmes structurels
25:57de sous-développement.
25:59Ça montre bien pourquoi l'eau
26:013 de mer. C'est parce que l'eau 3 de mer permet de lutter contre...
26:03Il y a tout ça
26:05qui est rendu en compte dans la fabrication...
26:09L'eau 3 de mer, tu l'as expliqué tout à l'heure,
26:11mais c'est une taxe
26:13sur les importations, sur les produits importés.
26:15Et ça pèse,
26:17j'ai regardé, je me suis bien enseigné,
26:19945 euros par habitant par an.
26:21Alors, c'est un chiffre que tu me dis,
26:23mais voilà,
26:25c'est comme quand nous, on paye la TVA
26:27quand on fait nos courses.
26:29Ce qu'il faut retenir là-dedans, c'est que
26:31le problème dans tout ça,
26:33ce sont les grands distributeurs.
26:35Exactement.
26:37Je vais prendre l'exemple de la famille
26:39Bernard Ayotte.
26:41Bernard Ayotte, qu'est-ce qu'elle fait sa famille ?
26:43Le groupe Bernard Ayotte, c'est une famille descendant
26:45de nobles
26:47colonialistes.
26:49Le groupe Bernard Ayotte, qui est présent
26:51par ailleurs à La Réunion.
26:53Le groupe Bernard Ayotte
26:55détient
26:57les licences d'importation
26:59de certains produits,
27:01intervient dans la logistique
27:03et
27:05détient certains supermarchés,
27:07notamment une grande partie des carrefours,
27:09qui vendent les produits.
27:11Et le bout de la ligne, au milieu,
27:13c'est tirer la canne à pêche.
27:15Quand il dit, moi je ne peux pas faire d'efforts,
27:17tu peux difficilement
27:19le prendre au sérieux.
27:21Les collectivités sont prêtes à baisser
27:23la taxation. Mais attention,
27:25ça veut dire des impacts pour les finances publiques
27:27et pour notre bien commun, parce que
27:29les services publics, c'est le bien de ceux
27:31qui n'en ont pas. Donc, les collectivités,
27:33face à l'urgence sociale, disent, moi je suis prêt à faire
27:35des efforts. Mais en face,
27:37on a des gens qui t'expliquent que
27:39vous comprenez, c'est compliqué, c'est difficile.
27:41On rejoint un peu hier,
27:43je ne sais pas si vous avez entendu
27:45le patron de Stellantis, Tavares,
27:47qui disait qu'il ne touchait pas assez d'argent
27:49pour payer assez d'impôts.
27:51Les riches ne veulent pas
27:53payer, mais par contre, il faut aller
27:55détruire les services publics pour gagner
27:57un petit sou pour qu'on puisse gagner 50 centimes
27:59sur un pack d'eau.
28:01Donc, oui,
28:03je reviens à la question du chat, je ne sais pas
28:05si on a eu depuis, mais oui, la question coloniale,
28:07structurellement,
28:09parce que la Martinique n'est pas intégrée
28:11régionalement, économiquement,
28:13et puis parce que c'est les familles de nobles
28:15qui tiennent encore l'île.
28:19Tu nous as mis un petit...
28:21Tu veux qu'on fasse le petit
28:23traitement du mouvement par CNews ?
28:25Oui, le petit mouvement du traitement par CNews,
28:27parce que c'est assez sympa.
28:29Celui-là, tu ne voulais pas ?
28:31Tiens, on revient sur elle.
28:33Il faut vous montrer aussi
28:35comment se passent les négociations, parce qu'on n'en a pas dit un mot.
28:37Donc ça, c'est pendant...
28:39Il faut savoir qu'il y a un collectif
28:41qui s'est monté dans l'été,
28:43c'est des gens qui n'ont pas de mandats syndicaux,
28:45etc., et ces gens-là sont à la table
28:47des négociations.
28:49Avec le préfet,
28:51avec le groupe Bernard Ayotte,
28:53avec le président de la collectivité, avec les députés.
28:55Déjà, c'est un interpelle
28:57sur la puissance du mouvement
28:59et le fait que...
29:00Parce que ce n'est pas un syndicat ?
29:01Ce n'est pas un syndicat.
29:02D'ailleurs, comme en France, au début, ils étaient en opposition
29:04avec les syndicats, maintenant, ils cherchent à marcher
29:06ensemble. Et les syndicats mènent aussi des opérations
29:08dans les supermarchés,
29:10dans les zones commerciales,
29:12des opérations rond-point.
29:14Il y a un préavis de grève depuis le 26 septembre
29:16et qui dure jusqu'au 20 octobre d'appel à la grève.
29:18Donc, ce n'est pas un syndicat. Mais ces gens-là,
29:20qui n'étaient rien, ils se sont imposés à la table
29:22des puissants aux négociations.
29:24Non seulement, ils ont fait ça,
29:26mais en plus, au début, ils ont dit
29:28que les négociations, elles vont être filmées.
29:30Et les autres, ils ont dit
29:32mais jamais de la vie.
29:34Le HARDPRAC a fait, ok, on ne vient pas.
29:36Et puis, ils sont allés la rechercher.
29:38Et moi, quand j'ai passé 10 jours sur place,
29:40je peux vous dire que ce soit
29:42dans une association féministe
29:44de Fort-de-France,
29:46que ce soit les syndicalistes que j'ai rencontrés,
29:48que ce soit dans les quartiers populaires de Fort-de-France,
29:50ou que ce soit
29:52aux prêcheurs,
29:54aux petits villages pêcheurs
29:56au nord de la Martinique,
29:58tous avaient vu au moins une vidéo des négociations.
30:00C'est-à-dire qu'on a un moment politique de conscientisation
30:02des populations
30:04qui est intense. Et donc, les négociations,
30:06elles sont filmées.
30:08Et là, il y a une vidéo, je veux bien qu'on la voit
30:10pour se rendre compte.
30:12Le premier positionnement
30:14que nous avons eu, c'était
30:16de baisser les prix.
30:18Mais il y a l'aménagement commercial
30:20du territoire de la Martinique
30:22dont il faut qu'on discute aussi.
30:24Et là-dessus,
30:26nous avions besoin
30:28de vous rencontrer, M. Panfil,
30:30avant qu'on arrive autour de cette table ronde,
30:32parce que ça me gêne
30:34d'avoir à vous poser cette question ici.
30:36Qu'est-ce qui arrive aux maires
30:38de se dire qu'au nom
30:40peut-être de la création d'emplois,
30:42ou peut-être pour retrouver des recettes
30:44dans leur commune,
30:46eh bien, la solution toute trouvée
30:48au plan économique, c'est de
30:50rapider le foncier dont on a besoin
30:52au profit, encore une fois,
30:54d'implantation
30:56d'hypermarchés comme celui que nous voyons
30:58au Vauclin. Nous n'avons pas pu
31:00attaquer le groupe Bernard Hayotte
31:02plus tôt.
31:04Est-ce que toi, tu as assisté à cette table ronde ?
31:06Moi, je n'ai pas assisté.
31:08Aucun journaliste ne peut y assister ?
31:10Je ne pense pas.
31:12À l'issue, il y a des micro-tendus, mais moi, je n'y ai pas assisté.
31:14Juste pour qu'on sache de qui on parle,
31:16on parle de Haute-Goussard, qui est la numéro 2 du Air Prague.
31:18Ok.
31:20Tu veux qu'on continue ?
31:22Oui, je veux bien qu'on continue.
31:24En tout cas, passe-moi pour côté rivé.
31:26Mais quand il s'agit
31:28d'implanter
31:30une des filiales, peut-être,
31:32je parle au conditionnel du groupe Bernard Hayotte
31:34qui se trouve en Guadeloupe, à savoir
31:36Vauclil, c'est malheureusement
31:38un Vauclinois
31:40historique qui a
31:42un magasin d'outillage devant
31:44lequel on voulait implanter encore
31:46un magasin d'outillage.
31:505 000 m² ont été vendus
31:52au groupe Bernard Hayotte à l'entrée du bourg du Vauclin.
31:545 000 m² sur lesquels
31:56vous n'avez implanté que 1 000 m²
31:58pour un hypermarché.
32:00Donc, les 4 000 autres m²,
32:02c'est pour implanter quoi ?
32:06Rien ?
32:08Donc, vous n'aviez pas besoin de 5 000 m², alors ?
32:12Comment ?
32:14C'est pas le ton des discussions.
32:16Donc, la pointe de choix, c'est-à-dire que
32:18c'est eux qui importent, c'est eux qui vendent,
32:20mais c'est aussi les béquets qu'on voit là
32:22qui détiennent le foncier.
32:24Ils sont 3 000, ils détiennent plus de la moitié des terres.
32:26Les petits messieurs qu'on voit là, c'est ça, les béquets ?
32:28Oui, là, c'est Stéphane Hayotte,
32:30si je ne me trompe pas.
32:32À gauche, lui, qui est
32:34le directeur général du groupe Bernard Hayotte.
32:36Et l'autre, c'est...
32:38j'ai oublié son nom...
32:40Robert, je crois, j'ai oublié son prénom.
32:42C'est un des
32:44grands...
32:46représentants des
32:48grandes familles de l'île.
32:50Donc, le Herprague, voilà, ils se sont imposés
32:52à la table des négociations et ils mettent
32:54sur le devant de la scène
32:56un certain nombre de sujets pour comprendre
32:58la difficulté de la vie en Martinique.
33:00Je voudrais simplement, parce que j'ai été interpellé
33:02sur le chat, dire qui est Robert Petitot.
33:04Il faut savoir que,
33:06bon, moi, je l'ai rencontré 2-3 fois.
33:08Il faut savoir qu'il a un passé...
33:10Il a un passé
33:12dont il faut mettre aussi sur la table.
33:14Déjà, c'est un
33:16Martiniquais de France.
33:18Il est né en France, en métropole.
33:20On a presque pu l'avoir, les amis.
33:22Normalement, il est dépassé, mais c'était un peu compliqué.
33:24J'ai essayé, j'ai essayé.
33:26Son programme était assez chargé.
33:28Rodrigue Petitot, donc,
33:30c'est quelqu'un
33:32qui est né en France, qui a grandi en France et qui a été condamné,
33:34notamment pour trafic de drogue. Sa dernière peine,
33:36il a été condamné pour 10 ans de prison, il en a fait 5.
33:38Mais ça, c'est quelque chose qu'il faut aussi avoir
33:40comme élément, et que c'est quelqu'un qui est rentré
33:42par la suite en Martinique. Moi, je lui ai posé la question.
33:44Il me dit oui, mais j'ai toujours fait aller-retour.
33:46Donc, voilà, c'est quand même
33:48quelque chose qu'il faut mettre sur le
33:50devant de la scène pour comprendre aussi
33:52ce qu'il se passe. Et bien évidemment,
33:54qu'en face, il se serve de son passé pour
33:56le délégitimer.
33:58Mais,
34:00du coup, on a plus que 20 minutes.
34:02Moi, je veux bien qu'on passe à
34:04ce qu'on a bien présenté, ce que c'était que
34:06les béquets.
34:08Je vais citer deux groupes. Donc, Bernard Ayotte,
34:10qui détient Carrefour, Decathlon, M. Bricolage,
34:12Renault Trucks, Gammaire. Et son
34:14principale concurrence, c'est la Safo,
34:16qui est détenue par la famille
34:18Hugues Des Pointes, qui lui,
34:20c'est Carrefour Market, 8 à 8 promo caché.
34:22C'est un petit monde, ils sont 3 000,
34:24ils détiennent.
34:26Bon, je ne vais pas poser d'accusation
34:28plus que ça, mais il y a un rapport
34:30parlementaire qui affirme certaines choses.
34:32Donc,
34:34là, y compris
34:36à travers des reportages,
34:38vous avez pu voir une grille d'analyse.
34:40Moi, je veux bien qu'on voit la grille
34:42d'analyse de CNews, juste pour rigoler
34:445 minutes.
34:46Parce que le traitement de l'information, vous le savez très bien.
34:48Parce que la vie
34:50chère n'intéresse que
34:52quand il y a des violences.
34:54Je veux juste, vraiment, les 30
34:56premières secondes.
34:58Donc, ça, c'est CNews qui traite
35:00l'information en Martigny.
35:02Il fait face avec beaucoup de difficulté
35:04à une situation difficile.
35:06Je ne peux pas dire que le gouvernement
35:08nous ait abandonnés.
35:10Maintenant, la situation est chaotique.
35:12On s'est réveillés ce matin
35:14avec la gueule de boue, il faut bien dire,
35:16après deux nuits d'émeute
35:18d'une violence inouïe,
35:20où on constatait, on voyait se dérouler
35:22des incendies dans différents commerces.
35:24Aujourd'hui, c'est une centaine de commerces
35:26qui ont été brûlés, qui ont été guillés,
35:28qui ont été saccagés.
35:30Emmanuel de Reynald fait partie
35:34de la famille de Reynald, qui, sur l'île,
35:36possède Speedy, auto-kit,
35:38pneu-clic,
35:40et on va le voir dans le documentaire
35:42qu'on va feuilletonner tout à l'heure,
35:44qui est présent dans la banane,
35:46qui est aussi présent dans l'immobilier
35:48et dans l'imprimerie sur l'île.
35:50Alors, la banane,
35:52c'est que la Martinique, comme la Guadeloupe,
35:54est productrice de bananes.
35:56Explique-moi combien coûte
35:58un kilo de banane ?
36:00Non, je ne vais pas le dire comme ça,
36:02parce que moi, je suis arrivé
36:04après 12 heures d'avion, parce que j'ai eu
36:06un petit problème. Le lendemain,
36:08j'étais dans un supermarché,
36:10je me suis promené, et je vois les prix
36:12des produits que moi, je consomme en France,
36:14plus chers, mais je me dis, en même temps,
36:16il y a l'eau de Trois-de-mer, il y a l'importation, etc.
36:18Et je vois la banane
36:20de 20 à 30 centimes
36:22moins chère au kilo,
36:24plus chère au kilo, là-bas,
36:26que chez nous.
36:28Vous vous rendez compte ?
36:30Et pourtant, je me suis promené en voiture,
36:32j'ai fait le nord de l'île, j'en ai vu des bananes,
36:34sur des plantations de bananes,
36:36mais elle est plus chère, là-bas,
36:38que chez nous, alors que nous, on l'importe.
36:40C'est à dormir debout.
36:42Pour revenir à ces news, pour parler
36:44du problème de la vie chère, on l'a vu,
36:46bien évidemment qu'il y a des violences, et s'il y a des violences
36:48notamment sur personnes, elles sont à condamner,
36:50et c'est évidemment
36:52ce qu'on ne souhaite pas. Mais derrière
36:54ces questions-là, il y a quelques
36:56questions
36:58de colonialisme,
37:00de problèmes structurels de l'île,
37:02qui doivent être
37:04traités, pourquoi il y a la violence.
37:06Et en tout cas, il faut,
37:08je pense, à mon âme la vie,
37:10faire venir un béquet pour expliquer
37:12c'est quoi la vie des Martiniquais.
37:14C'est un peu du foutage
37:16de gueule. Mais justement,
37:18je veux bien qu'on passe,
37:20sur le documentaire,
37:22alors c'est un documentaire,
37:24que je le speech,
37:26moi c'est un documentaire que j'ai découvert
37:28sur place. Attendez, attendez,
37:30il y a quelqu'un qui me demande, est-ce que c'est absurde au point
37:32où les bananes doivent passer par la France, avant
37:34d'être vendues en Martinique ?
37:36Non, par contre, il y a des trucs absurdes, c'est que
37:38juste en face de la Martinique,
37:40il y a le Venezuela, et
37:42la Martinique n'achète pas de pétrole au Venezuela,
37:44et doit acheter le pétrole qui passe,
37:46qui vient du Golfe, et qui passe par
37:48le Havre et Marseille, avant de retourner
37:50en Martinique.
37:54C'est autour de
37:5692 euros.
37:58Mais sauf que c'est ça, plus ça, plus ça,
38:00plus ça, là-bas.
38:02Donc juste, le temps que tu mettes
38:04le reportage est à la bonne minute.
38:06Je pisse ce reportage,
38:08c'est un...
38:10problème technique.
38:12C'est un
38:14documentaire de spéciale investigation,
38:16ça c'est quand Canal
38:18n'appartenait pas encore à Bolloré,
38:20et qu'il y avait des émissions de qualité.
38:24Donc spéciale investigation, et moi c'est un
38:26documentaire que j'ai découvert une fois sur place,
38:28avec lequel j'ai pu discuter avec
38:30Marcel Anadot, à tel point qu'il montre
38:32ce que c'est que les béquilles,
38:34et vous allez voir, il y a des moments
38:36assez croustillants,
38:38à mon sens, je veux bien que tu m'aides s'il te plaît,
38:40à 1 minute 30.
38:42C'est bon, c'est bon.
38:44J'ai pas voulu me spoiler les amis, parce que Naim
38:46l'a vendu déjà hier.
38:48Vous pouvez le regarder hier soir, mais bon, j'ai pas eu le temps.
38:52Ici, 60 000 personnes
38:54vivent sous le seuil de pauvreté.
38:56La Martinique reste un des 3
38:58départements français les plus sinistrés,
39:00avec 22% de chômage,
39:02et plus de 30 000 érémistes.
39:08Juste,
39:10on est au moment de la mort d'Emme Césaire,
39:122007-2008,
39:14et avant, déjà, des mobilisations
39:16très importantes sur l'île,
39:18et en Guadeloupe qui ont eu lieu en 2009.
39:20C'était il y a 15 grosses années en arrière.
39:22Mais vous allez voir.
39:24Avec des problématiques qui étaient...
39:26Mais bien sûr, la mobilisation, elle date du
39:28milieu du XVIIe siècle.
39:30Les Caraïbes, comme on l'imagine,
39:32de l'eau bleue turquoise
39:34à 30 degrés,
39:36des paysages de rêve,
39:38et de grandes villas, les pieds dans l'eau.
39:40C'est le bastion des Béquets,
39:42un monde à part,
39:44où les Blancs vivent entre eux.
39:48Nous sommes au Cap-Est,
39:50le havre de paix des Blancs créoles.
39:54C'est ici qu'habite Alain Huig
39:56des Pointes.
39:58Sa famille a débarqué en Martinique
40:00il y a 4 siècles.
40:02Au Cap-Est,
40:04il n'y a que de grandes propriétés
40:06à l'abri des regards.
40:08Le Cap-Est,
40:10si je me souviens,
40:12c'est à l'Est de l'île ?
40:14Béquets-Land, c'est sur la face à l'Atlantique.
40:16Donc de l'opposé de Fort-de-France.
40:18Un quartier bien particulier ici.
40:20Oui, il s'appelle Béquets-Land.
40:22Il y a beaucoup de propriétés qui ont des grands murs.
40:24Oui, parce que les gens s'isolent.
40:26Il y a toujours un petit peu
40:28de délinquance dans ma main.
40:30Même ici ?
40:32Oui, un petit peu, mais moins qu'ailleurs.
40:34Derrière les clôtures,
40:36deux grandes villas
40:38avec piscine et terrain de tennis.
40:40Impossible d'apercevoir
40:42ce luxe de l'extérieur.
40:44La communauté Béquets se veut discrète.
40:46On est loin des bidonvilles.
40:48Enfin, pas des bidonvilles, mais on est loin
40:50des situations de logements insalubres à Fort-de-France
40:52que j'ai pu concepter.
40:54Avance, avance, parce que là, ça va être grand.
40:56Ses richesses.
40:58Alain Huygues des Pointes
41:00est le seul qui est accepté de nous ouvrir
41:02les portes de sa maison.
41:04Une demeure de style colonial
41:06dans un parc de 3 hectares
41:08avec vue imprenable sur la baie.
41:12A 82 ans,
41:14cet homme est une figure de la Martinique.
41:16L'industriel le plus puissant
41:18de l'île, issu d'une grande famille
41:20de colons arrivés ici
41:22en 1650.
41:26Vous voyez, la Pointe Jacob, tout ça m'a appartenu.
41:28Vous voyez ?
41:30Toutes les parties que vous voyez là,
41:32c'est un mouton, c'est un élevage de moutons.
41:34Vous voyez ?
41:36C'est un bien qui appartenait à mon beau-père.
41:38C'est ma femme qui a évité ça.
41:40Aujourd'hui encore,
41:42les grandes familles béquées détiennent la majorité
41:44du foncier en Martinique.
41:4652% des terres agricoles
41:48appartiennent à moins de 1%
41:50de la population.
41:52C'est colossal.
41:54Huygues des Pointes, je rappelle
41:56qu'il est concurrent de Bernard Ayotte
41:58et qu'il possède les Carrefour Market,
42:01Tu veux qu'on enchaîne sur cette partie-là encore ?
42:03Ouais, alors...
42:05Attends, parce que
42:07le temps file, je vais juste...
42:12Là, en gros, il va
42:14expliquer
42:16comment est-ce que
42:18l'arbre généalogique... Oula !
42:20On a perdu la main.
42:22Attendez, attendez...
42:24Attendez, allons-y.
42:26On va reprendre...
42:30Non, voilà, donc il faut savoir
42:32que ces gens se...
42:34je vais pas dire se marient entre eux, mais
42:36font en sorte
42:38qu'ils se gardent...
42:40qu'ils se gardent...
42:42Attends, si je peux prendre la souris.
42:44Vas-y, continue.
42:46Donc là, c'est l'arbre généalogique.
42:48C'est vrai que je peux le voir ?
42:50Ils sont tous d'un ancêtre
42:52qui s'appelle Jean Assier.
42:5410 générations de colons
42:56aristocrates ont façonné la petite
42:58communauté béquée.
43:02Moi, je peux juste remonter
43:04jusqu'à mon arrière-grand-mère.
43:06Donc là, ils savent très bien. Donc là, on va voir
43:08sur la question de la colonisation.
43:10Ah oui, alors ça,
43:12c'est très important.
43:14Très très important, parce que la situation
43:16de l'indépendantisme
43:18est moins présente en Guadeloupe qu'en Martinique
43:20et il y a des raisons
43:22à cela historiques.
43:24Des aristocrates français
43:26débarquent pour coloniser la Martinique,
43:28une île volcanique de mille kilomètres carrés.
43:30Considérée
43:32comme une marchandise,
43:34les esclaves importés d'Afrique meurent
43:36à la tâche dans les plantations.
43:38Les béquées prospèrent jusqu'à la révolution.
43:421793, la terreur
43:44s'abat sur la France et ses colonies.
43:46Les nobles sont décapités,
43:48l'esclavage est aboli, sauf en Martinique.
43:50Ça, c'est fou !
43:52Voilà.
43:54En gros,
43:56les béquées martiniquées,
43:58donc déjà, il faut savoir que
44:00l'abolition de l'esclavage
44:02a eu lieu en France une première fois
44:04sous Maximilien Robespierre,
44:06et que les béquées martiniquées,
44:08pour échapper à cette règle notamment,
44:10ils ont fait venir les Anglais.
44:12Pendant six ans, la Martinique
44:14a été sous protection anglaise.
44:16En tout cas, les lois
44:18de la République naissante
44:20n'étaient pas applicables en Martinique,
44:22contrairement dans Guadeloupe,
44:24c'est ce qu'on va voir.
44:26Les béquées martiniquées échappent
44:28à la guillotine.
44:30Ils ont été malins,
44:32ils ont fait les Anglais rentrer ici.
44:34Les Anglais nous ont protégés,
44:36voilà, cinq ou six ans,
44:38pendant la terreur.
44:40Ça n'a pas été pareil à la Guadeloupe.
44:42Qu'est-ce qui s'est passé à la Guadeloupe ?
44:44À la Guadeloupe, il y a eu un gouverneur
44:46qui a été envoyé par la terreur
44:48et qui a pratiquement guillotiné
44:50tous les colons à l'époque.
44:54Donc voilà,
44:56je veux juste passer pour qu'on comprenne
44:58aussi les rapports
45:00au-delà de l'exploitation capitaliste
45:02entre ceux qui exploitent
45:04la force de travail et ceux qui la vendent.
45:06Qui durent depuis mille ans.
45:08Avant, ce n'était même pas une exploitation
45:10de la force de travail, c'était de l'esclavagisme.
45:12Je voudrais juste qu'on voit cette vidéo.
45:20Le travail spatial est omniprésent.
45:24En 1960,
45:26voilà ce que déclarait un parent de Bernard Ayotte.
45:28Bernard Ayotte, je le rappelle,
45:30qui est l'un des principaux importateurs
45:32et vendeur de produits sur l'île
45:34qui détient la plupart des carrefours,
45:36qui a la licence exclusive
45:38dans l'importation de marques nationales.
45:40Devant les caméras de l'ORTF.
45:44Monsieur Ayotte est un béquet.
45:46C'est facile à mener, les ouvriers noirs ?
45:48Oui.
45:50Le noir, c'est comme un enfant.
45:52Il faut être juste.
45:54On en obtient ce qu'on veut.
45:56Vous êtes un béquet.
45:58Qu'est-ce qu'un béquet ?
46:00C'est ce qu'il y a de mieux.
46:02Les béquets,
46:04ce sont les descendants
46:06des Blancs
46:08européens
46:10qui se sont reproduits
46:12en race pure
46:14dans les colonies.
46:1615 ans.
46:1815 ans après la Seconde Guerre mondiale.
46:20Il y a quelqu'un qui nous demande
46:22est-ce qu'on peut être sûr
46:24que ce sont les mêmes qui revendiquent
46:26leur patriotisme qui se sont vendus aux Anglais
46:28pour avoir le droit de garder les esclaves ?
46:30Bien sûr.
46:32En tout cas, ils se patriotent
46:34parce que c'est ce qu'on va voir.
46:36On va pouvoir avancer à la séquence d'après.
46:38C'est parce que
46:40le fait l'État...
46:42C'est ce que tu m'expliquais.
46:44Ils se reproduisent entre...
46:46Je vais vous raconter
46:48une anecdote très personnelle.
46:52Je louais...
46:54Malheureusement,
46:56j'ai envie de dire non ou pas.
46:58Un jour,
47:00j'avais un peu de temps libre.
47:02Je quittais le logement où je dormais
47:04et vu la chaleur,
47:06je cherchais un coin de fraîcheur.
47:08Et j'ai découvert qu'à 15 minutes de voiture
47:10d'où je logais,
47:12il y avait ce qu'on appelle les jardins de Balata.
47:14Et ça avait l'air absolument formidable.
47:16Je demande au propriétaire de la maison
47:18qui était métisse.
47:20Je lui dis, les jardins de Balata,
47:22est-ce que ça vaut le coup d'y aller chercher de la fraîcheur
47:24pour me poser une heure ou deux ?
47:26Il me dit, les jardins de Balata, il faut savoir que ça appartenait à ma famille.
47:28Moi, mon grand-père,
47:30c'était un béquet. Il est tombé amoureux d'une noire.
47:32Il a été déshérité.
47:34D'accord.
47:36Je lui suis parlé.
47:38Ce genre d'histoire-là...
47:40Juste en discutant avec...
47:42Voilà.
47:44Tout le monde connaît les béquets, personne ne les voit.
47:46C'est omniprésent sur l'île.
47:48Moi, je voudrais qu'on voit.
47:50J'ai une petite question juste avant.
47:52Est-ce que
47:54les jeunes sur l'île ont conscience
47:56que ces béquets existent ?
47:58Bien sûr.
48:00Il y a cette conscience collective ?
48:02Bien sûr.
48:04Pour que je recontextualise
48:06la partie qu'on va voir,
48:08c'est au moment où il y a les négociations
48:10entre l'Union Européenne et le Mercosur
48:12pour le marché transatlantique,
48:14de libre-échange
48:16avec l'Amérique du Sud.
48:18Il y a la question des bananes.
48:20C'est important.
48:22Il y avait la question
48:24de faire venir des bananes du Chiou, du Pérou,
48:26qui ne soient pas concernées
48:28par les droits de douane.
48:30Ça venait concurrencer à Banane Martiniquaise.
48:32Pour bien comprendre, c'est le lobby des béquets
48:34et des représentants de famille de béquets
48:36de l'Elysée. Vous allez voir, c'est pas mal.
48:40Sous Nicolas Sarkozy.
49:06Gérard Bali est un béquet installé à Bruxelles.
49:08C'est lui qui assure le lien
49:10entre la Martinique et les cabinets parisiens.
49:12Ça fait 20 ans
49:14qu'on est installé
49:16dans le jeu institutionnel et qu'on essaye
49:18de faire entendre notre voix
49:20sur l'ensemble des dossiers des DOM.
49:22Et quand il faut faire avancer un dossier dans un sens,
49:24en général, on a les
49:26moyens de convaincre
49:28nos interlocuteurs.
49:30Effectivement, les béquets sont ici
49:32comme chez eux.
49:34Une pièce d'identité, s'il vous plaît.
49:36Une pièce d'identité.
49:38Désolé, mais moi, je sais pas pourquoi, mais ça me fait rire
49:40de voir un blanc avec un
49:42accent de
49:44Martinique. Tu vois ce que je veux dire ?
49:46C'est la preuve que le mélange, c'est possible.
49:48Comme chez eux.
49:50Une pièce d'identité, s'il vous plaît.
49:52Une pièce d'identité.
49:58Sans pièce d'identité,
50:00Éric Delussi pénètre sans encombre
50:02à l'Elysée.
50:04Essayez de faire ça dans la vraie vie.
50:06Essayez dans le métro, vous demandez une carte d'identité,
50:08j'en ai pas.
50:10Je rentre nulle part.
50:12Donc, les négociations, on va le voir.
50:14On va avoir de la concurrence.
50:18Bon, je suis pas là pour dire si c'est bien ou si c'est mal.
50:20Moi, je pense que les traités de libre-échange, c'est mal.
50:22Bon, il y a la question des Français.
50:24On a des positions françaises qui vont se faire attaquer.
50:26On demande l'aide du gouvernement français.
50:28Ceci, c'est normal.
50:30On va à Bruxelles.
50:32L'étape d'après, c'est Bruxelles.
50:34C'est la Commission européenne.
50:36Mener une opération d'envergure
50:38à la Commission européenne.
50:40L'Europe a décidé de baisser son droit de douane
50:42sur les importations de bananes
50:44en provenance d'Amérique du Sud.
50:46C'est le plus gros concurrent
50:48des producteurs martiniquais.
50:50Gérard Bali mène la contre-attaque diplomatique.
50:54Qu'est-ce qu'il va se passer aujourd'hui d'important ?
50:56On va renverser la position.
50:58C'est-à-dire ?
51:00On va renverser la position
51:02de la Commission européenne.
51:04Et comment vous allez le faire ?
51:06On va être très habiles.
51:08Les béquets martiniquais
51:10ont eu l'idée de faire venir à Bruxelles
51:12les pays africains producteurs de bananes.
51:14Objectif ?
51:16Renforcer la pression sur la Commission européenne.
51:18La Côte d'Ivoire et le Cameroun,
51:20eux aussi des concurrents
51:22de la banane sud-américaine.
51:24On est dans un réel
51:26rapport de force.
51:28La stratégie de Gérard Bali
51:30consiste à envoyer
51:32la Côte d'Ivoire et le Cameroun
51:34en première ligne pour défendre
51:36leurs intérêts communs.
51:38Faut qu'on soit discret.
51:42Faut être discret.
51:44Je vais dire à Léopoldo,
51:46en arrivant tout à l'heure,
51:48de faire une introduction de 30 secondes
51:50et de laisser la parole aux Africains.
51:52Ils ont rendez-vous
51:54avec les Africains.
51:56Il y a pas de...
51:58Le président de la Commission européenne,
52:00José Manuel Barroso.
52:02Et jusqu'à la dernière minute,
52:04Gérard Bali motive ses troupes.
52:08Il faut que ce soit vous qui interveniez
52:10chez Barroso.
52:12Là, il faut que vous le fassiez vraiment.
52:14Votre message,
52:16il est percutant.
52:18Il faut vraiment le faire.
52:20Les Africains, vous allez au charbon pour nous.
52:24Parce qu'il reste 3 minutes de live,
52:26je veux juste passer à...
52:30Le dernier extrait, ça dure 30 secondes.
52:32C'est à 3h20.
52:34Et on conclura, les amis.
52:36On laissera la place à Gilles Raveau.
52:40C'est un peu plus loin.
52:42Je me suis trompé dans les chiffres.
52:44Les amis, vous allez
52:46retrouver après Gilles Raveau,
52:48interviewé par Samuel et Cyprien.
52:54Je laisse 30 secondes.
53:02Non, le cher Michel !
53:04La boucle est bouclée, les amis.
53:06La roue tourne à enfin tourner.
53:08Michel Barnier qui, je crois que c'est 50 ans
53:10qu'il a la politique, était à ce moment-là
53:12ministre de l'Agriculture avant de devenir
53:14commissaire européen.
53:16Je vais adresser ce soir au président
53:18de la Commission Européenne, M. Barroso,
53:20au président du Parlement Européen, M. Potring,
53:22au directeur général de l'OMC, M. Lamy,
53:24aux communiqués communs que nous avons
53:26tous signés au terme de cette réunion.
53:28Comme quoi, Michel Barnier
53:30connaît bien le sujet de la Martinique.
53:32C'était vraiment important
53:34de comprendre le rôle des béquets
53:36dans tout ça, parce que finalement,
53:38c'est à cause d'eux
53:40que la situation est aussi
53:42dramatique aujourd'hui.
53:44Il y a deux forces politiques qui
53:46structurent l'île historiquement, c'est le parti
53:48progressiste des Mécédaires qui est autonomiste
53:50et le mouvement indépendantiste d'Afrin
53:52de Marie-Jeanne.
53:54Quoi qu'il arrive, c'est plus d'autonomie
53:56et plus de...
53:58Une Martinique plus forte, c'est deux forces politiques.
54:00Les gens peuvent voter à 90%,
54:02mais tant qu'on n'étient pas les moyens
54:04de production, c'est ça qui compte.
54:06Et c'est ça dont découlent
54:08les rapports, je disais, à ce qu'il y a du racisme
54:10sur l'île. Mais en fait, c'est une société
54:12qui est...
54:14Contrairement de chez nous en France, là-bas,
54:16c'est une société où la couleur de peau
54:18est omniprésente et en fait
54:20détermine ta place dans la société.
54:22Et tout ça découle
54:24de qui possède les moyens de production.
54:26Donc juste pour conclure
54:28sur ce qui se passe, moi, je voudrais lire
54:30une citation de Rodrigue Petitot rapportée par
54:32l'AFP dans la nuit.
54:34Il y a trois étapes.
54:36La première, les pillages.
54:38Si ça dure, les destructions, et si ça continue,
54:40la traque de ceux qu'on pense,
54:42qu'on désigne comme ennemis.
54:44On a déjà passé les deux étapes. J'espère
54:46qu'ils seront raisonnables et que
54:48quand on arrive à la
54:50troisième étape, les dégâts seront irréversibles.
54:52Donc, ce que je veux dire, c'est que là,
54:54chacun joue la montre. Marcelo Nadeau,
54:56dans l'article qui est paru aujourd'hui dans l'Humanité,
54:58expliquait qu'en réalité,
55:00la grande distribution fait bloc, donc les béguets font bloc
55:02parce qu'ils sont présents ailleurs dans les dom-toms
55:04et ils ont peur, et le HERPRAG travaille
55:06à ça par ailleurs, ils ont peur que la colère se propage
55:08à La Réunion, en Guadeloupe,
55:10en Guyane.
55:12Et donc, s'ils voient que les gens sont violents
55:14et qu'ils obtiennent derrière, et ben...
55:16Ça ouvrirait encore une sorte de jury sur les normes
55:18marquées des caisses.
55:20Et puis, il faut le rappeler, c'est que la CGTM
55:22qui a été prise de vitesse,
55:24il y a une père de gilets jaunes, Joyce Samuel,
55:26je conclue,
55:28qui a été prise de vitesse,
55:30la CGTM, elle, continue ses débrayages,
55:32ses appels à la greffe, etc.
55:34Donc ça va continuer.
55:36Et pour le moment, en fait, si l'État
55:38n'intervient pas et contraint
55:40les béquets, et visiblement, ils se connaissent,
55:42visiblement, là, quand on voit
55:44Michel Barnier, ils se connaissent.
55:46Et si l'État n'intervient pas
55:48et explique que les marges
55:50sur le dos des Martiniquais,
55:52c'est pas possible,
55:54malheureusement,
55:56on pourra envoyer
55:58tous les CRS du monde, mais quand les estomacs sont
56:00vides, les estomacs sont vides.

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