DB - 16-10-2024
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00:00:01Moi, à votre place, je vous aurais peut-être même balancé une gifle, déjà.
00:00:05Julien Mandat, c'est une star.
00:00:07Une star comme on rêve d'en connaître une.
00:00:09Et moi, Lulu, j'ai eu cette chance.
00:00:11Alors depuis, je le suis partout.
00:00:13Même j'habite chez lui.
00:00:14Si je produis ce film, je veux faire le rôle.
00:00:16Quelle tronche je vais avoir dans dix ans moins ?
00:00:18Et la fille qui doit faire le rôle de ma mère ?
00:00:20Elle n'est pas encordée, si je comprends bien.
00:00:21Je le vois vivre et c'est pas triste.
00:00:23Il est tellement agité, tellement nerveux.
00:00:26Depuis qu'il a appris que les droits des pianos de Berlin étaient à vendre.
00:00:30C'est à cause de ce film que sa mère Marguerite est devenue folle.
00:00:32Complètement folle.
00:00:34Parce qu'il racontait qu'elle avait été une collabo pendant la guerre.
00:00:37Est-ce que la guerre est finie ?
00:00:38Mandat, il veut la venger.
00:00:40Vachement vicieux, il a tendu un piège à Gottlieb.
00:00:42C'est ce pourri qui a les droits des pianos de Berlin,
00:00:44qui l'a produit en 1953 avec le père de Caroline.
00:00:47La femme qui vit avec Mandat.
00:00:49Allez, appelle-moi l'avion, je rentre à Paris.
00:00:51Piano de Berlin, c'est un film qui raconte l'histoire de sa mère.
00:00:53Quand je te vois jouer à ton père,
00:00:55ça me rend fou de rage de penser qu'il a crevé il y a douze ans.
00:00:57D'ailleurs, ça qui est magnifique quand on est fou,
00:00:59c'est que les gens ne se doutent pas une seconde qu'on les observe.
00:01:01Moi, je me sens bien avec Rocco.
00:01:03L'autre soir, il m'a même emmené chez Marguerite,
00:01:05dans son appartement d'avant qu'elle soit folle, rue de Varennes.
00:01:08Mais c'est le piano de Berlin !
00:01:27C'est le piano de Berlin !
00:01:57C'est le piano de Berlin !
00:02:27C'est le piano de Berlin !
00:02:57C'est quoi, ce croix-gammé ?
00:03:02C'est des pianos qui appartenaient à un Asie.
00:03:05Un type qui s'appelait Göring.
00:03:09Le croix sont en or massif.
00:03:14C'est lui qui les avait fait mettre.
00:03:16C'est le piano de Berlin.
00:03:18C'est le piano de Berlin !
00:03:20C'est le piano de Berlin !
00:03:22C'est le piano de Berlin !
00:03:24C'est le piano de Berlin !
00:03:26Le piano n'en avait pas à l'origine.
00:03:28Chaque fois qu'il y avait des solistes qui venaient jouer à Berlin,
00:03:32ils exigeaient qu'on leur colle des pianos croix-gammés.
00:03:37Sur la musique.
00:03:41Elle a joué dessus ?
00:03:43Justement pas.
00:03:46Avant les concerts, elle les a tous essayés.
00:03:49Chaque fois, elle disait que ça sonnait faux.
00:03:52Les pianos soient sans briques.
00:03:54Tu t'imagines si ça sonne faux?
00:03:56C'était juste pour les emmerder,
00:03:59parce qu'elles ne voulaient pas jouer devant un croix gammée.
00:04:03À la fin, ils ont compris.
00:04:06Ils ont sorti un piano sans croix gammée.
00:04:09Elle a trouvé qu'il sonnait juste.
00:04:13C'est celui-là.
00:04:17C'est celui-là.
00:04:24Tu te rends compte
00:04:27quand je pense qu'elles adorent ici de merveilles pareilles.
00:04:47Vas-y.
00:05:11C'était elle à 30 ans.
00:05:17Bonjour, Lully.
00:05:20Elle a fabriqué mon nom.
00:05:23En tout cas, c'est ce qu'il dit.
00:05:26Il est né ici?
00:05:28Oui, le 17 mai, 38.
00:05:31Mais ne le répète pas, parce que tout le monde pense qu'il est de 42.
00:05:46C'est elle qui joue.
00:06:05Si on oublie un mandat cinq minutes.
00:06:08Oui.
00:06:16C'est ça, c'est ça.
00:06:46C'est ça.
00:07:16C'est ça, c'est ça.
00:07:47Messieurs, bonjour.
00:07:50Ça vous plaît?
00:07:53Très bien.
00:07:59Bonjour, M. Julien. Bien dormi?
00:08:02Bien, merci.
00:08:05Les voilà.
00:08:17Banque Carlin, bonjour.
00:08:19Oui, M. Carlin, s'il vous plaît.
00:08:21De la part de qui?
00:08:22Julien Mandat.
00:08:24Oui, j'attends.
00:08:29Allô, Mandat?
00:08:30Ah oui, bonjour.
00:08:31Très bien.
00:08:32Oui, bon, ça tient toujours?
00:08:34Bien sûr, à midi.
00:08:35Midi, parfait.
00:08:37Dites-moi, je pensais, là, c'est très bien que ça se passe dans vos bureaux,
00:08:39mais, bon, une banque, si on avait pu trouver un endroit plus privé, plus discret, vous voyez?
00:08:44Ben, disons, chez moi, sur mon territoire.
00:08:46Ah, formidable! Oui, j'osais pas vous le demander.
00:08:50Très bien, oui, d'accord.
00:08:52Bon, ben, parfait.
00:08:53Eh bien, tout à l'heure, merci.
00:08:55Oui, tout à l'heure.
00:08:57Salut.
00:08:58Salut.
00:09:01T'as passé une bonne nuit?
00:09:03Pas mal.
00:09:07Je te connais meilleure mine, hein?
00:09:10C'est le chauffage. Il y a trop de chauffage, ici.
00:09:14Hein?
00:09:22Attendez-moi.
00:09:24C'est le grand jour.
00:09:26Et la petite, là, elle déjeune pas, ce matin, ou quoi?
00:09:32Qu'est-ce que t'as, ce matin?
00:09:34Ben, j'ai rien, moi. Qu'est-ce que j'ai, ma Turine?
00:09:38Vous avez les jetons, monsieur Julien.
00:09:40Ah, oui? Pourquoi?
00:09:42Parce que c'est le grand jour, Pardie.
00:09:44C'est un jour comme les autres, compris?
00:09:49Dis-moi, l'élu, là.
00:09:51Oui?
00:09:53C'est pas la première fois, c'est?
00:09:56J'étais pas ici.
00:09:59Qu'est-ce que ça peut te foutre?
00:10:01Oui, je t'expliquerai.
00:10:05Tu te maries quand?
00:10:09Quand j'aurai trouvé un boulot.
00:10:13Un vrai?
00:10:15Oui.
00:10:18Oui, je vois, oui.
00:10:22Oui.
00:10:25Oui, je vois, oui.
00:10:27Mais les pianos, là, c'est pas un boulot, là?
00:10:29Tu peux gagner ta vie avec les pianos, c'est toi qui me l'as dit.
00:10:33Ce serait marrant de voir la cordeur à sa petite femme en train de réparer les pianos.
00:10:39Ben, qu'est-ce que t'as, ce matin?
00:10:47Écoute-moi bien, l'ami.
00:10:49Tu peux sauter cette fille où tu veux, quand tu veux, même ici, ça m'est complètement égal.
00:10:54Mais pas rue de Varennes.
00:10:56Je te le dirai pas deux fois.
00:11:02D'ailleurs, tu amendes les clés de la rue de Varennes.
00:11:08Et quand t'auras besoin d'y aller pour les pianos, tu me demanderas.
00:11:11Même pas.
00:11:13Dorénavant, j'irai avec toi.
00:11:15Oui.
00:11:23Comment elle a ça?
00:11:25Il sait tout. Tu devrais le savoir, quand même.
00:11:30Allô? Allô?
00:11:31Allô, oui.
00:11:32Écoute.
00:11:33Docteur Perron?
00:11:34Oui, lui-même.
00:11:35Oui, bonjour, docteur. Manda, à l'appareil.
00:11:37Bonjour, Manda.
00:11:38Comment va ma mère?
00:11:39Oh, comme ci, comme ça.
00:11:40Croyez que je peux lui parler?
00:11:42Franchement, c'est pas le moment.
00:11:43Vous savez qu'elle n'a pas le téléphone dans sa chambre.
00:11:45Il faut donc la faire descendre au rez-de-chaussée.
00:11:47Elle déteste ça. Je préférerais que vous passiez.
00:11:50Aujourd'hui, ça me paraît difficile.
00:11:52Mais dites-moi, c'est pas grave, au moins.
00:11:54Non, elle a fait un petit délire, comme toujours,
00:11:57quand il y a un changement d'infirmière, mais ça va.
00:11:59Pour tout vous dire, elle dort.
00:12:01C'est dommage, parce que j'avais quelque chose d'important à lui dire.
00:12:04Je sais, j'ai lu les journaux.
00:12:06Vous allez vraiment faire ce film?
00:12:08Il le faut, docteur.
00:12:10Si vous ne pouvez pas venir aujourd'hui,
00:12:12tâchez de passer dans les jours qui viennent.
00:12:14Il faut que je vous parle.
00:12:15OK. Entendu.
00:12:17Au revoir.
00:12:18Au revoir.
00:12:22Mesdames, messieurs, nous sommes ici, comme vous le savez,
00:12:25pour signer le protocole concernant la cession des droits de rémunération des pianos de Berlin.
00:12:31Je vous remercie d'avoir bien voulu vous réunir chez moi
00:12:34et je propose que les documents soient tout de suite mis sur la table.
00:12:37Ils le sont.
00:12:38Le contrat dispose que l'acheteur devra verser une somme de 6 millions de francs,
00:12:45soit 600 millions de centimes,
00:12:47pour devenir acquéreur.
00:12:48Cette somme sera versée selon des modalités prévues au paragraphe 8 du document
00:12:54que chacun d'entre vous a eu le temps d'étudier.
00:12:57Y a-t-il des objections?
00:12:59Aucune en ce qui nous concerne.
00:13:02Monsieur Dupuis?
00:13:03Nous ne sommes pas d'accord avec ces protocoles.
00:13:06Enfin, on était pourtant d'accord.
00:13:08Il se trouve que la semaine dernière,
00:13:10monsieur Mandas s'est déjà porté acquéreur des 30% de la somme que vous mentionnez.
00:13:15Vraiment? Et dans quelles circonstances, s'il vous plaît?
00:13:19Monsieur Marchenaise, vous-même et monsieur Godelib, ici présent,
00:13:25souvenez-vous des difficultés que vous avez eues à payer l'équipe technique du film que vous produisez actuellement.
00:13:32Ceci est sans rapport avec le sujet qui nous occupe.
00:13:35Les deux millions, c'était vous?
00:13:38Répondez!
00:13:43Je pense que maître Dupuis fait allusion à un mouvement de trésorerie qui, effectivement, a eu lieu il y a un jour.
00:13:49Et sans me le dire.
00:13:51Vous y allez fort, Carlin.
00:13:53Mais, il y a sûrement une explication.
00:13:56Bien sûr.
00:13:57Vous avez permis à ce petit monsieur de mélanger ses affaires et les miennes.
00:14:02Avouez qu'il y avait d'autres façons de s'y prendre.
00:14:05Pourquoi choisir celle-là?
00:14:07Monsieur, il faudra passer par là.
00:14:09Sinon, il n'y a rien de fait.
00:14:11C'est une escroquerie, pure et simple.
00:14:13Appelez ça comme vous voudrez.
00:14:15Monsieur, après tout, l'opération n'est pas bête. C'est un grand projet.
00:14:18Et vous voilà tous associés.
00:14:19Je suis hors de question.
00:14:21Vendons les droits, moi c'est tout.
00:14:23Nous n'avons pas la moindre intention de nous associer à une pareille...
00:14:25Mon petit Mandas, il faut que vous sachiez quelque chose.
00:14:30Il y a 40 ans que je produis des films.
00:14:33Périodiquement, j'ai rencontré des naneurs dans votre genre qui se croient tout permis.
00:14:38Et qui cassent le métier.
00:14:40Jusqu'à présent, je les ai tous renvoyés à leurs chères études.
00:14:45Vous ne ferez pas exception à la règle. Compris?
00:14:49Vous pouvez enlever votre pied, s'il vous plaît.
00:14:51Et puis, je vais vous dire encore autre chose.
00:14:53Si vous voulez m'obliger à produire votre foutu film,
00:14:58il faudra d'abord vous en procurer le négatif.
00:15:01Pas de négatif, pas de film. Compris?
00:15:03Enlever votre pied?
00:15:05Et si vous voulez jouer un rôle dans ce film?
00:15:09J'espère que ce n'est pas celui de votre père.
00:15:12Sinon, je vous souhaite bonne chance.
00:15:15C'est tout! Nous ne voulons pas produire le film de M. Mandas.
00:15:19Aaaaaah!
00:15:20Assassin!
00:15:21Vous êtes un fou! Un fou!
00:15:23Coupez-les ça!
00:15:26Tu as raison. Tu es complètement piqué. Tu te rends compte?
00:15:30Je ne veux pas t'excuser.
00:15:55Alors?
00:15:57Je crois que je lui ai cassé le pied.
00:15:59Non, la cheville seulement.
00:16:01Les nouvelles vont vite.
00:16:02Oui, surtout celle-là.
00:16:04Tu es content de toi?
00:16:05Il ne fallait pas me parler de mon père. En général, les gens le savent.
00:16:08Tu sais ce qu'il a osé me dire?
00:16:09Je ne préfère pas le savoir.
00:16:10Il?
00:16:11Je n'en ai rien à foutre d'un vieux con.
00:16:13Il va te faire un procès. Pour coups et blessures.
00:16:15Il me fera un procès.
00:16:16Je vais dire que je déteste de plus en plus les producteurs de cinéma.
00:16:19Il fallait y penser plus tôt.
00:16:21Je suis de bonne humeur.
00:16:22Je crois qu'ils vont tout accepter. Dans trois jours, tout est signé.
00:16:25Qu'est-ce que tu dis de ça?
00:16:26Je m'en fous, mon dame. Je m'en fous. J'ai autre chose sur les bras.
00:16:29Sissi n'arrête pas de faire des chèques en bois.
00:16:31Il y a un mandat d'arrêt contre lui.
00:16:33Il se calme comme un porc.
00:16:35Je ne sais plus quoi faire.
00:16:37Hier, il m'a voulu de l'argent.
00:16:39Ça devient friand.
00:16:44Regarde-le, c'est un enfant.
00:16:46C'est un enfant.
00:16:49Il n'a qu'à laisser aller en taule.
00:16:52Jamais. J'irai plutôt à sa place.
00:16:55Et moi? Et moi? Regarde, je ne suis pas en taule, moi, ici.
00:16:58Mais qu'est-ce que... Regarde-moi ça.
00:17:00Qu'est-ce qu'on fout ici tous les deux, tu veux me le dire?
00:17:02Et moi, qu'est-ce que je fabrique, là?
00:17:04Je t'en prie, tu es absurde.
00:17:06Respecte-moi les gens qui travaillent à côté.
00:17:08Ah, ce que tu veux être convenable.
00:17:11Ça, ça prend huit ans. Et après, c'est pour la vie.
00:17:16Calme-toi.
00:17:18Viens voir.
00:17:20C'est ici, il y a trois ans, que tu m'as dit ce que tu sais.
00:17:24Tu regardais les toits et tu l'as dit.
00:17:28Qu'est-ce que j'ai dit?
00:17:30Tu ne t'en souviens pas?
00:17:34Tu as dit, oublions ma mère et ton père et vivons ensemble.
00:17:39Tu l'as dit deux fois.
00:17:42Mais nous n'y sommes pas arrivés, n'est-ce pas?
00:17:45Pourquoi?
00:17:46C'est toi qu'ils demandent. Tu nous fais vivre au milieu des fantômes.
00:17:49Comment veux-tu y arriver?
00:17:51C'est fini.
00:17:53C'est fini, maintenant. Il n'y a plus qu'une chose qui m'intéresse.
00:17:55Une seule chose au monde.
00:17:56Quoi?
00:17:57Tu vas toujours m'épouser.
00:18:03Ça t'amuse de te moquer de moi?
00:18:05Pourquoi tu dis ça?
00:18:07Si tu veux toujours qu'on se marie, demain c'est fait.
00:18:11Paroles de menteurs.
00:18:12C'est vraiment impossible.
00:18:14Tu as dit ça à combien de femmes?
00:18:16Beaucoup, mais aucune ne m'a cru.
00:18:19Et moi, je devrais te croire.
00:18:21Pourquoi? Tu n'as plus confiance en moi?
00:18:23Non, pas du tout.
00:18:25Qu'est-ce que je dois faire, alors?
00:18:27Fais-moi plaisir.
00:18:29Sors.
00:18:32Va te promener une heure ou deux et réfléchis.
00:18:36On en reparlera ce soir, d'accord?
00:18:38On en reparlera ce soir, d'accord?
00:22:09Bien. Alors, le blouson, ça ne m'intéresse pas du tout.
00:22:12Mais le saphir que vous portez, là, oui.
00:22:19140 000.
00:22:22Et t'avance. Je disais ça au hasard, je ne pensais pas que...
00:22:25Mais si, vous pouvez. Il ne me vient ni de ma grand-mère, ni de ma mère.
00:22:28C'est un crétin qui me l'a offert en pensant qu'il pourrait passer une nuit avec moi.
00:22:32Oui, je vois, oui.
00:22:34Et...
00:22:36Non. Bien. Vous êtes sûre ?
00:22:40Oui.
00:22:42Je peux vous faire un chèque ?
00:22:44Bien sûr.
00:23:07Ah ! La tuerine.
00:23:09Oui.
00:23:11Qu'est-ce que vous pensez de ça ?
00:23:13Eh bien, vous avez fait fort, M. Julien. Elle est superbe.
00:23:16Hein ? Voilà. J'ai un petit problème. Je voudrais l'offrir à Caroline.
00:23:19Mais je n'ai pas d'écran.
00:23:21Je m'occupe de ça. Et peut-être un petit paquet cadeau ?
00:23:23Formidable.
00:23:25Vous aurez ça ce soir.
00:23:27Vous savez, chez moi, on dit comme ça que les pieds à carré, ça porte malheur.
00:23:30Mais ça n'est que des histoires d'énègues. Pas vrai, M. Julien ?
00:23:34Bonne nuit.
00:23:58Alors, on va se faire un petit déjeuner.
00:24:00Alors, il n'est pas là. Bon, une fois que je passe, je ne vais pas pouvoir attendre.
00:24:08Je n'ai pas le temps. Mais je prendrais bien un petit porto, si vous avez. Vous n'avez
00:24:15pas? Ah, bon.
00:24:17Pourquoi vous l'oubliez? C'est inouï, ce que vous lui ressemblez.
00:24:23Qui est-ce? Marguerite. Elle le croit, non?
00:24:28Pas vraiment. Non? C'est dommage. C'est une belle histoire.
00:24:34Enfin, ça dépend des points de vue. Et votre point de vue à vous, c'est quoi?
00:24:40Vous en avez un, non? Ah, ça, j'en ai même plusieurs.
00:24:43Merci. C'est fou, ce que vous ressemblez à ce buste.
00:24:52C'est à croire qu'il a été fait d'après vous. Je ne veux pas vous ennuyer. Vous direz
00:25:02à Manda que je suis venu et que je l'aime bien. Non, ne partez pas. A quel âge vous
00:25:08avez connu Manda? Le père ou le fils?
00:25:11Moi, je parle de Julien. C'est celui que je connais.
00:25:13Julien? Eh bien, c'était le fils de son père. Aussi con, aussi têtu, aussi cinglé.
00:25:22Aussi génial. Le père, c'était autre chose. Il travaillait dans les moteurs d'avion. Il a tout
00:25:28laissé tomber pour s'occuper d'elle. Rien que d'elle. Pendant dix ans, il a été son secrétaire,
00:25:35son amant, son accompagnateur et puis enfin, bien sûr, son mari. Et puis, il y a eu la guerre.
00:25:52Alors, je peux vous proposer le mercredi 11 à 9h. Bonjour, monsieur Manda. Vous allez
00:26:09attendre quelques instants. Je vais chercher le docteur Pillon.
00:26:12Qu'est-ce qui se passe? Il vous expliquera ça.
00:26:14Bonjour, vous êtes Colette Petit? Oui, monsieur Manda. Vous avez reçu Momo? Oui, monsieur Manda.
00:26:23Comment va ma mère? Je ne saurais pas vous dire. Je ne suis que stagiaire. La seule chose que je
00:26:27sais, c'est qu'on l'a changé de pavillon ce matin. Et pourquoi? Ça alors, je ne saurais pas vous dire.
00:26:31On l'a mise dans une chambre avec oxygène. C'est tout ce que je sais.
00:26:34Salut, vous allez bien? Oui. Bon, voilà, c'est simple. Il y a eu deux bouffées délirantes avant
00:26:41hier. Je vous ai dit au téléphone, changement d'infirmière, mais ce n'était peut-être pas
00:26:45seulement ça. Mais qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qu'elle a fait? Elle a mangé ses fleurs.
00:26:49Ah! Vous voulez voir? Ben oui.
00:27:11T'es lourd, douce pivoine. On a dû faire un lavage d'estomac. Avec son ussère, c'est pas drôle.
00:27:24Et je ne parle pas des épines. Ça a des épines, les pivoines?
00:27:28C'est rare, mais ça peut arriver. Et maintenant?
00:27:33On n'a pas pu éviter qu'elle lise certains journaux. Je peux la voir?
00:27:42Elle est en réanimation. La voir à travers une vitre, oui, si vous voulez. Mais je ne peux pas
00:27:49vous laisser entrer. Qu'est-ce que vous voulez me dire l'autre jour, là, au téléphone, au sujet de
00:27:56ce projet de film? Rien de plus que ce que vous avez entendu. Vous savez, son énorme perte de
00:28:05mémoire, c'est sa seule chance de survie. Si vous faites ce film, vous fichez tout par terre.
00:28:13Tôt ou tard, elle le saura, et ce sera de nouveau les crises, comme il y a six ans, quand elle s'est
00:28:18rendue compte que vous étiez devenue une star. Vous vous souvenez? Alors? Alors c'est ça que vous
00:28:24voulez, croyez-moi, abandonner. Vous, les médecins? Hein, vous, les médecins? Qu'est-ce que vous
00:28:48comprenez à tout ça? Pas grand-chose, mon vieux. Faudra vous y faire. Ah ouais? Alors, quelqu'un mange
00:29:00des fleurs et vous le collez sous une tente à oxygène. C'est tout ce que vous avez trouvé.
00:29:03Où est-ce que vous avez dépêché ça? Moi, quand j'étais môme, je vous fais des fleurs tous les jours.
00:29:09Je suis toujours là. Ne faites pas ce film, Manda. Si vous tenez à votre mère, ne faites pas ce film.
00:29:18C'est un modeste psychiatre qui vous le dit.
00:29:40Mais c'est vrai que Marguerite est allée jouer devant Hitler? Ou c'est un truc qu'on raconte?
00:29:45C'est tout ce qu'il y a de vrai. Mais vois-tu, si on réfléchit, elle ne pouvait pas faire autrement.
00:29:51Mais c'était pour faire libérer son mari, non? Mais, il y avait autre chose. De 42 à 44, elle a donné plus de 100 récitals.
00:30:00Et où allait l'argent? Parce que c'est très de l'argent, crois-moi. Eh bien, elle a des organisations.
00:30:09Des Juifs qui arrivaient d'Europe centrale, qui ne savaient pas où coucher, qui n'avaient rien à bouffer.
00:30:16Un gibier facile pour les Allemands. Eh bien, Marguerite leur a donné tout son fric.
00:30:23Et c'est ça que le film de 53 ne montre pas. Mais pourquoi?
00:30:29Bon, ça, c'est le père de Caroline. Tu la connais. Il s'était mis en tête de faire le film.
00:30:38Pardon, il flairait le gros coup. C'est un pauvre mec. Je crois qu'il avait été secrétaire particulier de Marguerite à un moment.
00:30:48Aucun scrupule. Le genre de gars qui vendrait sa mère pour un sandwich.
00:30:55Il s'est dit, on va faire simple. On va raconter l'histoire des pianos à Berlin et du mari prisonnier, un point c'est tout.
00:31:03Et seulement après, les lettres anonymes, les sauts de peinture. En Pologne, on lui a tiré dessus.
00:31:13Et puis, le public s'est mis à la boudée. Oh, c'était bien orchestré. Elle n'est pas, il faut dire, une artiste nazie.
00:31:22Et ça marchait. C'est ça qui l'a rendu folle. Folle, le sens propre du mot. Il a fallu l'interner.
00:31:32Et elle y est toujours. Et elle y est toujours. Et son mari? Je crois qu'il n'a jamais pardonné le concert devant Hitler.
00:31:40J'ai un petit cadeau pour toi.
00:31:52C'est drôle, tu sais, quand tu viens rentrer, je t'ai pas reconnu. C'est bien toi.
00:32:08Il n'y a pas de doute.
00:32:28Pardon. Tu emportes même la moquette? J'emporte tout, même le clou. Les chiens qui reprendront le lieu n'auront rien.
00:32:36Ça fait combien de temps? Près de neuf ans, le bail, quoi.
00:32:41Dommage. Dommage.
00:32:43Dis donc, à part ça... Quoi?
00:32:45On devait signer mercredi, c'est retardé. Godelib s'est fait prier. Ah bon?
00:32:49Oui, il a mal aux pieds. Et il va vite. Tu l'as obligé à trouver de l'argent, eh bien, il en a déjà trouvé.
00:32:57Alors, le bail ici va être libre?
00:32:59J'en sais rien. J'en ai rien à foutre. Trois cent mille par an, ça ne m'intéresse pas.
00:33:04Trois cent mille, tu dis?
00:33:06Au moins, c'est des fous, je t'ai dit.
00:33:08Ça m'intéresse.
00:33:10Toi, pourquoi faire?
00:33:12Bah, t'obliger à produire un gros film.
00:33:14Tu plaisantes?
00:33:16Pas du tout.
00:33:18Mais tu sais combien il y a de mètres carrés ici? Qu'est-ce que tu veux faire de ça?
00:33:21Bah, je mettrai du personnel, et puis si Godelib a de l'argent, il paiera.
00:33:26Ah bon?
00:33:28Oui.
00:33:58...
00:34:27...
00:34:32Voilà, c'est une salle. Vous n'avez pas à jouer, hein?
00:34:34Bah, les autres tout le temps, t'es un peu l'ennemi.
00:34:36Ah oui? Oui.
00:34:38...
00:34:42Oh, c'est bien.
00:34:44C'est toujours bon.
00:34:45Ah bon? C'est bien?
00:34:46Ça a l'air bien.
00:34:48...
00:34:50Fais attention.
00:34:52Voilà.
00:34:54Voilà.
00:35:03Bon ben, au revoir, M'sieur dame.
00:35:05Au revoir.
00:35:06Au revoir.
00:35:11Voilà.
00:35:24...
00:35:54...
00:36:01Tu peux aller sous ton biais, moi ça me dérange pas.
00:36:05Qu'est-ce qu'il y a? Tu t'ennuies?
00:36:07Non, non, ça va, au contraire.
00:36:15Je peux faire quelque chose pour toi?
00:36:17Oui.
00:36:20Je vais appeler Clara, lui dire qu'elle et moi, demain, on part pour Rome.
00:36:26Fais-le m'arrange le plus vite possible un rendez-vous avec Bolzano.
00:36:32Bol quoi?
00:36:34Bol-za-no. Elle sait qui c'est.
00:36:38Toi, tu t'occupes du reste, l'avion, l'hôtel.
00:36:42Et suis-toi à ce l'air pour la nuit.
00:36:45Clara Morante, s'il vous plaît, pour Rocco.
00:36:48C'est qui, Bolzano?
00:36:52C'est le plus grand scénariste italien vivant, tu cons.
00:37:01Non, non, non.
00:37:03Qu'est-ce que t'as, toi?
00:37:04Rien.
00:37:05Ah bon?
00:37:18Allez.
00:37:21Quand j'avais 10, 12 ans...
00:37:26Non, pardonnez ma bouche, je déteste.
00:37:34Plus tôt, quand j'avais 12 ans,
00:37:37ma mère manquait jamais une occasion de me dire,
00:37:39mon pauvre petit, qu'est-ce qui va t'arriver?
00:37:41T'es le fils de deux génies.
00:37:43Il n'y a rien de pire au monde.
00:37:45Ou bien tu seras toi-même un génie,
00:37:47ou bien tu seras un clochard.
00:37:49J'aime bien quand tu me fais remarquer que je radote,
00:37:51parce que ça prouve qu'il y a au moins une certaine continuité.
00:38:16Téléphone
00:38:37Bonjour.
00:38:38Bonjour.
00:38:41Je voudrais voir Marguerite Mondat, s'il vous plaît.
00:38:44Madame Marguerite Mondat ne reçoit pas de visite.
00:38:47Je sais, mais j'habite chez son fils en ce moment,
00:38:49et il est parti en Italie,
00:38:51et il m'a demandé de venir la voir.
00:38:53On n'entre pas ici aussi facilement, vous savez.
00:38:56On est obligés de vérifier, vous comprenez?
00:38:58Comment vous appelez-vous?
00:39:00Marie-Luca, mais normalement c'est Lulu.
00:39:06Allô, Mathurine?
00:39:07Bonjour, c'est Fernande.
00:39:09Dis-moi, j'ai ici une Marie-Luca qui voudrait voir Marguerite.
00:39:14Ben, elle dit que c'est Julien qui l'envoie.
00:39:17Quoi? Tu la connais?
00:39:21Ah bon? Ah d'accord.
00:39:23Bon ben, ok.
00:39:24Tu vas bien, toi?
00:39:26C'est pas vrai.
00:39:27Bon ben, écoute, tu me raconteras ça plus tard, hein? Au revoir.
00:39:31Ça va?
00:39:32Colette, accompagne mademoiselle.
00:39:39Aujourd'hui, elle se promène.
00:39:41Elle est dans le parc, à côté du bassin.
00:39:46Qu'est-ce qu'il y a donc de si important à peindre?
00:39:48Vous savez, moi, ça fait trois mois que j'habite là-bas,
00:39:50et ils arrêtent pas de refaire la peinture.
00:39:53Oui, mais alors, ça change de couleur de temps en temps, j'espère.
00:39:56Mais même pas, c'est toujours blanc, gris, noir.
00:39:59Quelle idée.
00:40:02Mais pourquoi il fait ça?
00:40:03Au moins, je crois que ça lui donne l'impression de changer d'appartement.
00:40:06Comme ça, il se sent jamais chez lui.
00:40:08C'est exactement comme son père.
00:40:11Figurez-vous qu'à l'époque, nous avions un superbe appartement rue de Varennes.
00:40:16C'est d'ailleurs là que Julien est né.
00:40:18Eh bien, son père avait pris une chambre dans un petit hôtel, en face,
00:40:22et il y passait la plupart de son temps.
00:40:25Oh, moi, je trouve pas ça très gentil.
00:40:27Oh, vous savez, les hommes.
00:40:30Mais dites-moi, est-ce qu'il est heureux, au moins, mon Julien?
00:40:33Vous qu'il connaissez bien.
00:40:35Pour quelqu'un qui a tout, je sais pas.
00:40:37J'ai l'impression qu'il rigole pas tous les jours.
00:40:39Mais pourquoi?
00:40:40Oh, à mon avis, il a un problème.
00:40:42Une femme?
00:40:43Peut-être.
00:40:44C'est pas vous, j'espère.
00:40:46Moi?
00:40:48Quelle idée.
00:40:50Mais alors quoi?
00:40:51Vous savez, Julien, c'est pas quelqu'un qui fait des confidences.
00:40:54Oui, comme son père.
00:40:56Des hommes secrets.
00:40:57Comme si la vie n'était pas assez difficile.
00:41:01Mais alors?
00:41:02Vous savez, j'aime pas les hommes qui racontent tout.
00:41:05Je trouve que ça fait toujours faux.
00:41:07Vous êtes juive?
00:41:08Oui.
00:41:09Je me doutais.
00:41:11Pourquoi?
00:41:12Par votre mère.
00:41:14Oui, pourquoi?
00:41:15Parce que vous avez un regard que seules les femmes juives peuvent avoir.
00:41:22Comme ils disent, c'est le regard qui devine l'enfant.
00:41:26Qu'est-ce que ça veut dire?
00:41:28Je sais pas.
00:41:30Je dis seulement que c'est vrai.
00:41:34Vous savez,
00:41:36il y a longtemps,
00:41:39je me suis beaucoup occupée des Juifs.
00:41:42C'est pendant cette guerre qui n'en finit pas.
00:41:44Mais ça, c'est autre chose.
00:41:48Ça m'avait lu des ennuis.
00:41:52Assez graves.
00:41:55J'ai dû abandonner le piano.
00:41:57Quel rapport?
00:41:59Je suis très contente que vous soyez venues.
00:42:01En fait, j'ai l'impression que je vous attendais.
00:42:05Et puis, je sens que vous êtes courageuse.
00:42:08Ça ne court pas les rues.
00:42:11Est-ce que vous reviendrez me voir?
00:42:13Bien sûr, mais à condition que ça ne vous dérange pas trop.
00:42:16Non, pas du tout.
00:42:18Mais si vous revenez, ne le dites à personne.
00:42:22D'accord?
00:42:23Pourquoi nous?
00:42:24Parce que si vous revenez, je vous montrerai toutes sortes de choses.
00:42:28Vous avez l'air d'un homme banal ici,
00:42:30mais c'est fou ce qu'on découvre en cherchant bien.
00:42:32Tenez, les fleurs, par exemple.
00:42:34Voyez, là, derrière le petit mur,
00:42:36il y a des pivoiles extraordinaires.
00:42:40Rouges comme du sang.
00:42:42On en mangerait, je vous assure.
00:42:43Elles sont tellement appétissantes.
00:42:45Non, mais c'est interdit,
00:42:46parce que le règlement est très strict ici.
00:42:52Il est tard.
00:42:53Je vais peut-être vous laisser maintenant.
00:43:06Sous-titrage Société Radio-Canada
00:43:36Sous-titrage Société Radio-Canada
00:44:06Sous-titrage Société Radio-Canada
00:44:36Je ne pensais pas que tu me dirais oui aujourd'hui.
00:44:38Ni aujourd'hui, ni demain, mon petit Julien.
00:44:41On a travaillé beaucoup de fois ensemble.
00:44:43Ça s'est toujours très bien passé.
00:44:45Je ne demande qu'à recommencer, mais...
00:44:48Mais là, tu veux me faire commettre une mauvaise action.
00:44:51Comment ça?
00:44:54Tu vas tuer ta mère.
00:44:55Voilà ce que tu vas faire.
00:44:57Et moi, je ne veux pas être là-dedans.
00:44:59Mais enfin, au contraire.
00:45:00Mais qu'est-ce que vous avez tous?
00:45:01Vous avez peur de la vérité?
00:45:02Alors, ce n'est pas moi le premier à te le dire, non?
00:45:05Écoute, je ferai ce film.
00:45:07De toute façon, je le ferai. Je ne sais pas comment.
00:45:09Mais tant que j'aurai la force, tant que j'aurai l'argent,
00:45:11et tant que j'aurai l'âge du rôle.
00:45:13Quel rôle?
00:45:14Enfin, il faut bien que quelqu'un le fasse, non?
00:45:16Mais non, mais non, Julien, allons.
00:45:18Laisse faire ça à d'autres s'ils le veulent, mais pas toi.
00:45:21Non, non, écoute, je comprends très bien le sens de ce que tu veux faire.
00:45:25Mais tu te bats contre les moulins à vent.
00:45:28Ça n'intéresse personne, écoute-moi.
00:45:31Laisse Marguerite en paix.
00:45:33Je te donne 20 millions de dollars par la fenêtre
00:45:35et évite de te balancer dans un précipice.
00:45:39Je vais te raconter une chose.
00:45:41Tu sais avec quel argent Léopold de Witte a financé les pianos de Berlin?
00:45:47C'est ta mère qui a trouvé l'argent, mon petit.
00:45:50Il faut bien que tu le saches quand même.
00:45:53Je ne crois pas.
00:45:54Non? Tu plaisantes.
00:45:57Ton père, en 1938, avait acheté un Rembrandt.
00:46:04Quand il est mort, ta mère l'a vendu.
00:46:07C'était juste l'époque du film, 1953.
00:46:11Et l'on a tiré de quoi financer de Witte avec qui elle couchait.
00:46:15Ça, c'est l'histoire.
00:46:17Et maintenant, toi, tu couches avec la petite de Witte.
00:46:21On n'en sort jamais.
00:46:27C'est ça.
00:46:37Bolzano, ce film, je veux le faire pour Marguerite.
00:46:40Et pour Marguerite seule.
00:46:42Mais je veux le faire avec toi.
00:46:44Non, tout ça, c'est mort.
00:46:46C'est fini.
00:46:48Et puis, je n'ai plus envie de travailler.
00:46:50Écrire, ça m'ennuie.
00:46:53Tu vois ce type-là? C'est un infirmier.
00:46:56Il a une mallette, un tensiomètre et un stéthoscope.
00:46:59Chaque deux heures, on me prend l'attention et on m'ouscule.
00:47:02C'est l'unique chose qui m'intéresse.
00:47:04Savoir combien de temps mon coeur va tenir.
00:47:13Le plus longtemps possible, j'espère.
00:47:15Merci, Manda.
00:47:26Sous-titrage MFP.
00:48:26Sous-titrage MFP.
00:48:49Mon Dieu, qu'est-ce que je vais lui dire?
00:48:51Il ne va pas me croire.
00:48:53Qu'est-ce qui se passe?
00:48:55Monsieur Julien, je vous jure, ce n'est pas moi.
00:48:57Pas moi quoi?
00:48:59J'avais rangé dans mon armoire, sous les draps.
00:49:01Mais quoi, Mathurine?
00:49:02La bague.
00:49:03Et alors?
00:49:04Et alors?
00:49:06Bah merde.
00:49:07Mais qu'est-ce qui s'est passé?
00:49:08Mais j'en sais rien. En tout cas, je vous jure, c'est pas moi.
00:49:10Mais je sais que c'est pas vous, Mathurine.
00:49:11Et puis, arrêtez de pleurer, ça m'agace.
00:49:13Ok? Allez.
00:49:14Hé, t'as pas de compte, toi.
00:49:15Tu vas en trouver une autre.
00:49:16Mais évidemment. Tiens, voyons, je vais en trouver une autre.
00:49:18Allez, dégage. Allez.
00:49:20Allez, allez.
00:49:21Évidemment, je vais en trouver une autre.
00:49:22C'est qui, Julien?
00:49:23Mais, je sais pas.
00:49:25C'est pas toi.
00:49:28Allez.
00:49:29Oh!
00:49:30Qui?
00:49:31Je sais pas.
00:49:32Recon, sûrement pas.
00:49:33Lulu, c'est pas le genre.
00:49:34Elle est pas un...
00:49:36Sissi est venu me voir, il y a deux heures.
00:49:38Voilà.
00:49:39Voilà.
00:49:40Sissi, je croyais l'avoir interdit.
00:49:42Je sais, mais c'est mon frère, figure-toi.
00:49:44Je peux tout bien pas laisser à la porte, hein.
00:49:46Sissi.
00:49:47Oh, le charmant garçon.
00:49:50Tu l'avais payé cher.
00:49:51Mais, de où?
00:49:52T'as vu Maturina?
00:49:54Bon, alors, où il est?
00:49:56Je sais pas.
00:49:57OK.
00:49:58Qu'est-ce que tu veux faire?
00:50:03Je vous donne 5000 à chacun, et la semaine prochaine, 100.
00:50:06On est d'accord comme ça, et vous terminez bien dans les deux.
00:50:08D'accord.
00:50:09Allez, au revoir, M. O'Connor, à demain.
00:50:10T'as une idée de l'endroit où on peut trouver Sissi, à cette heure-ci?
00:50:1211 heures, soit à Chahémille, soit au bain.
00:50:14Allez, en route.
00:50:16Bon, ben, dès demain matin, vous m'attaquez la corniche.
00:50:18Vous faites tout le tour du plafond.
00:50:20Surtout la droite.
00:50:51Mignon.
00:50:54Bonsoir, Julien.
00:50:55Bonsoir.
00:50:56T'as pas vu Sissi ?
00:50:57Non, je l'ai pas vu.
00:51:17Bonsoir, Julien.
00:51:18Bonsoir.
00:51:19Salut.
00:51:20Yo, vous venez danser ?
00:51:27Salut.
00:51:28Salut.
00:51:29Salut, chouchou.
00:51:30Salut.
00:51:31Dis-moi, tu sais où est Sissi ?
00:51:32Dans sa place, mon petit.
00:51:33Ça t'a dit ?
00:51:34Oh, je suis incroyable.
00:51:35Ah, bien sûr, d'accord.
00:51:50Tu sais, tu peux en avoir un peu plus, là.
00:51:52OK.
00:51:53OK.
00:51:54Messieurs, dégagez.
00:51:55Ça va pas ?
00:51:56T'es complètement jeté ou quoi ?
00:51:57Allez, allez.
00:52:02Où est la bague ?
00:52:03La bague ?
00:52:04Quelle bague ?
00:52:06Tu vois ces chiottes, là ?
00:52:08Tu les vois ?
00:52:09Alors regardez bien parce que t'en sortiras pas libre.
00:52:11Je sais même pas de quoi tu parles.
00:52:14Bon.
00:52:16Allez.
00:52:22Alors, la bague ?
00:52:23Vendue. Voilà, je l'ai vendue.
00:52:24Tu es content ?
00:52:25T'as pas besoin d'offrir des trucs pareils à ma sœur.
00:52:27C'est du lard au cochon.
00:52:32A qui tu l'as vendue ?
00:52:33À un ami.
00:52:34Un ami très cher.
00:52:36Combien ?
00:52:3720 000.
00:52:3920 000.
00:52:40Pauvre con.
00:52:42Qu'est-ce que ça fait du pognon ?
00:52:43J'ai...
00:52:44J'ai acheté un peu de trucs.
00:52:46Fais voir.
00:52:51Regarde bien ce qu'il va se passer.
00:52:52Regarde bien.
00:52:53Ça va te faire un grand souvenir, tu vas voir.
00:52:55Mais t'es fou ?
00:53:03Maintenant, écoute-moi bien.
00:53:04T'as trois jours pour retrouver la bague.
00:53:05Tu m'entends ?
00:53:06Trois jours !
00:53:07Ok ?
00:53:09Écoute.
00:53:11Écoute.
00:53:12Je peux te donner autre chose à la place.
00:53:13Quoi ?
00:53:15Le négatif des pianos de Berlin.
00:53:17Je sais où il est.
00:53:18Caroline l'a mis dans un coffre.
00:53:20Je connais le code.
00:53:22Je sais où est la clé.
00:53:23Le code, je le connais par cœur.
00:53:24Je peux te le donner.
00:53:25Je peux te le donner tout de suite.
00:53:26Et l'adresse aussi.
00:53:27Caroline n'en saura rien.
00:53:29Elle ne sait pas que je suis au courant.
00:53:30Tiens.
00:53:44Tu me demandes rien ?
00:53:49Tu l'as trouvée ?
00:53:55Tu lui as fait du mal ?
00:53:57Ouais.
00:53:59Tu l'as frappée ?
00:54:00Non.
00:54:04Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
00:54:08Il a vendu la bague pour trois rounds.
00:54:09S'il n'est pas en Toul, c'est comme si on y était.
00:54:18Il m'a aussi donné le code.
00:54:20Le code ?
00:54:22Du coffre.
00:54:23Il a mis les négatifs des pianos.
00:54:29Famille.
00:54:31Tu peux te le garder.
00:54:36Julien, tu veux toujours m'épouser ?
00:54:39Pourquoi, tu y doutes ?
00:54:41Hum, non.
00:54:44C'est plutôt malbarré.
00:54:46Je ne peux pas.
00:54:47Je ne peux pas.
00:54:49Je ne peux pas.
00:54:50Je ne peux pas.
00:54:52Je ne peux pas.
00:54:53Je ne peux pas.
00:54:55Je ne peux pas.
00:54:57Je ne peux pas.
00:54:58Je ne peux pas.
00:54:59C'est plutôt malbarré, hein ?
00:55:01C'est ça que tu penses ?
00:55:03C'est négatif, je n'en ai rien à faire.
00:55:06Moi non plus.
00:55:07Oui, mais moi, c'est vrai.
00:55:08Ah.
00:55:09Moi, je mens.
00:55:10Je ne sais pas.
00:55:12J'ai l'impression que tu te moques de moi.
00:55:16Regardera chez moi deux ans une fille de qui je me moque ?
00:55:21J'ai envie d'avoir un enfant.
00:55:24Et de faire ça qu'avec toi.
00:55:26C'est plus clair ?
00:55:27Julie.
00:55:28Pourquoi tu ne l'as pas dit ?
00:55:29Parce qu'il faut toujours tout vous dire.
00:55:31Alors, on va vraiment faire tout ça, dit ?
00:55:33Est-ce que je te le dis ?
00:55:35Julie.
00:55:36Depuis six mois.
00:55:37Hum ?
00:55:38Il n'y a plus de temps que j'attends ça.
00:55:42Tu vois, tu t'arrives.
00:55:58Bonjour.
00:56:00Bonjour, bonjour.
00:56:02Je savais très bien que M. Mandat fait ce genre d'émission une fois par an.
00:56:05Et il a déjà donné son accord à la...
00:56:06Oh.
00:56:08Je vous rappelle.
00:56:11Ils sont là, ils n'ont pas beaucoup de temps.
00:56:12Une seconde, je les mets où ?
00:56:13Je les reçois où ?
00:56:14On t'a préparé un bureau.
00:56:17Je les ai cachés là-dedans.
00:56:19C'est du vite-fait, hein, mais ne sois pas surpris.
00:56:22Tu m'emportes ça ?
00:56:23Tu sais ce que tu vas leur dire.
00:56:24Traquasse-moi.
00:56:26Allez.
00:56:32Si vous voulez bien me suivre.
00:56:41Je suis là.
00:56:42Je suis là.
00:56:43Je suis là.
00:56:44Je suis là.
00:56:45Je suis là.
00:56:46Je suis là.
00:56:47Je suis là.
00:56:48Je suis là.
00:56:49Je suis là.
00:56:50Je suis là.
00:56:51Je suis là.
00:56:52Je suis là.
00:56:53Je suis là.
00:56:54Je suis là.
00:56:59M. Robertson et M. Robin de l'American Film Company.
00:57:03M. Mandat.
00:57:05Vous voulez vous boire quelque chose ?
00:57:06Non merci, jamais le matin.
00:57:09Alors, M. Mandat, enfin je vous vois en chair et en os.
00:57:15Est-ce que vous savez qu'il y a trois ans
00:57:17j'ai souhaité vous rencontrer pour vous tuer.
00:57:20que nous avons perdu en achetant Naveg où vous avez le rôle.
00:57:25Comment ça s'appelait? La, la, la...
00:57:27La chaise vide.
00:57:28La chaise vide.
00:57:30Quel titre pour un film.
00:57:32Vous ne devriez pas en douter qu'il a inventé ça, non?
00:57:35Je n'ai même pas réussi à vendre le film.
00:57:37Ma TWA et ça, croyez-moi, c'est dans le corps.
00:57:41Vous avez essayé l'armée?
00:57:42Comment? L'armée?
00:57:43Monsieur le mandat te rappelle que l'armée ne paie pas les films.
00:57:48Et en plus, il se moque de moi.
00:57:50Monsieur le mandat,
00:57:52je sens que nous allons avoir un entretien tout à fait intéressant.
00:57:56À toi, Jacques.
00:57:58Nous sortons de chez M. Charles Gottlieb,
00:58:00qui est un vieil ami à moi.
00:58:02Il paraît que vous voulez l'associer à votre projet de remake des Pianos de Berlin.
00:58:05Exact.
00:58:06C'est une bonne idée.
00:58:08Mais Gottlieb semble manquer de liquidité cette année.
00:58:11C'est justement pour cela que nous étions chez lui tout à l'heure.
00:58:14Notre compagnie ne demande pas mieux que de travailler avec lui.
00:58:16Nous l'avons déjà fait par le passé.
00:58:19Seulement...
00:58:20Seulement?
00:58:21Nous nous demandons si c'est vraiment une bonne idée
00:58:24de refaire les Pianos.
00:58:26Vous voyez, il s'agit d'un film tellement célèbre qu'à mon avis,
00:58:29personne ne peut faire mieux.
00:58:31Sur le plan commercial, je veux dire.
00:58:34Le film, vous le savez, s'inspire d'un ensemble de faits réels
00:58:37survenus pendant la guerre.
00:58:39La sensibilité du public a beaucoup évolué depuis 1953.
00:58:44Je pense que maintenant, on peut faire une chose tout à fait différente.
00:58:46Un film tout à fait différent.
00:58:48C'est une pure question de formes.
00:58:49Mais aussi de fonds en ce qui vous concerne.
00:58:52Je me suis laissé dire que vous en faites plus ou moins une affaire
00:58:54personnelle et ça, Armanda, ce n'est pas ça.
00:58:57Surtout du point de vue financier.
00:59:01Si je n'arrive pas à faire le gros film que j'ai en tête,
00:59:04je monterai une petite opération de 20 à 30 millions de francs.
00:59:07Genre film d'auteur.
00:59:10Après tout, qu'est-ce que ça change?
00:59:11Ça change tout.
00:59:13Avez-vous la propriété du titre?
00:59:15Ça fait partie des droits de remake.
00:59:17Les avez-vous?
00:59:18La Gautier sera bien obligée de me les vendre.
00:59:20Et si tout à coup, il n'y était plus obligé?
00:59:23Si ses futurs partenaires se portaient à terreur?
00:59:26Vous, par exemple?
00:59:27Je n'ai rien dit.
00:59:29Non, mais vous y pensez.
00:59:31À mon avis, ce serait une erreur.
00:59:33Le film avec vous seul, vaut pas une thune.
00:59:37Ce sera un remake de plus, comme les 12 ou 13 que vous faites à la bouzaine.
00:59:39Il est fou.
00:59:40Il est fou.
00:59:41Le film doit être un événement.
00:59:43Et pour que ce soit un événement, il faut que je sois là.
00:59:45Il faut l'empêcher de faire ça.
00:59:46Tu vois un moyen?
00:59:47Gottlieb va s'y coucher.
00:59:49Caroline, tôt ou tard, lui donnera le négatif.
00:59:52C'est pas si sûr.
00:59:53Tu rigoles?
00:59:54Il va l'épouser.
00:59:56Oh, non.
00:59:58Comme on me l'a dit ce matin.
00:59:59Et vous, qu'est-ce que vous ferez là-dedans?
01:00:01À part le producteur, le rôle de votre père, c'est ça?
01:00:04Bon, là, vous verrez.
01:00:05On se calme, Robinson, on n'est pas à Chicago aussi.
01:00:07Savez-vous, Manda, que ma compagnie n'entreprend jamais un remake,
01:00:10quel qu'il soit, sans être propriétaire exclusif,
01:00:12non seulement du négatif du film original,
01:00:14mais de toutes les copies existantes.
01:00:16Je dis bien toutes.
01:00:18Avez-vous ces objets?
01:00:20Mais, au moment voulu, il n'y aura pas de problème.
01:00:21Eh bien, bonne chance.
01:00:24Au revoir, M. Manda.
01:00:25Monsieur.
01:00:28Il y a un dernier détail, si je puis le dire.
01:00:31Manda,
01:00:32si jamais la compagnie est dans le cou, c'est 50% de la recette brut.
01:00:36N'oubliez pas cela.
01:00:38Pour le monde entier, ça va de soi.
01:00:39Mais 80%, si vous voulez, ça m'apporte peu.
01:00:41Ce qui compte, c'est de faire le film.
01:00:42Le reste, je m'en fous.
01:00:43Qu'est-ce qu'il y a? Vous n'aimez pas le fric?
01:00:44Ah, Robert Stone.
01:00:46Votre costume, là.
01:00:48Il y a combien de temps que vous l'avez acheté?
01:00:50Quoi?
01:00:51Parce que c'est un peu vieux style.
01:00:57Tu ne peux pas traiter comme ça des gens qui pèsent 200 millions de dollars.
01:01:01Tiens, ma moule passe à l'avenir.
01:01:03Je n'ai pas vu passer 200 millions de dollars.
01:01:05J'ai vu deux bouseux de New York qui sont venus faire leur numéro 5.
01:01:09À moi, Manda.
01:01:12Julien, il y a une femme qui t'attend à côté.
01:01:13Qui?
01:01:14Elle vient de la part de Bozzano.
01:01:15Elle s'appelle Hélèna St-Pierre.
01:01:16Bozzano, rappelle-toi bien.
01:01:27Mesdames, Messieurs, bonsoir.
01:01:28Au sommaire de ce journal, la brusque progression du sida en Suisse.
01:01:32Les conséquences de la chute du gouvernement seignoraient.
01:01:35Les nouvelles fluctuations du dollar sur les marchés boursiers.
01:01:38Et puis, une invitée d'exception, Valentine Valois, n'est plus besoin de présenter.
01:01:44Et qui nous dira tout à l'heure ce qu'elle pense du projet de refaire les célèbres pianos de Berlin.
01:01:48Films dont elle fut, en son temps, on s'en souvient, l'héroïne.
01:01:52Alors, commençons, si vous le voulez bien, par ce qui se passe actuellement en Suisse.
01:01:56Et immédiatement, avec cette interview.
01:02:04Julien, Julien, Julien.
01:02:08Mets les infos sous la une.
01:02:10Pourquoi?
01:02:11Il y a une interview de la mère Valois.
01:02:12Elle est chez PPDA.
01:02:14Oh, putain, apporte-moi une bière.
01:02:16Oui.
01:02:17Valois, que pensez-vous de cette idée de refaire une nouvelle version de ce film?
01:02:21Je trouve que c'est une idée absurde.
01:02:23Enfin, on ne refait pas un chef d'oeuvre.
01:02:25C'est du suicide.
01:02:27Jamais nous n'arriverons à réunir une brochette de comédiens comme nous étions à l'époque.
01:02:31Et quand vous dit-il, vous pensez à qui?
01:02:33Aux gens qui envisagent de faire ça.
01:02:35Plus précisément?
01:02:36Mais Julien Mandat et ses amis.
01:02:39Julien Mandat est une star.
01:02:40On peut quand même supposer qu'il a les moyens de ses envies.
01:02:42Je ne doute pas, je ne doute pas.
01:02:43Seulement, à un moment donné, c'est suicidaire.
01:02:48C'est une mauvaise action.
01:02:49Mauvaise action?
01:02:50Oui, parce que je dis une mauvaise action, parce que sa mère est chez les fous depuis 30 ans.
01:02:56Et je ne pense pas que ça lui fera du bien, ne serait-ce que ça.
01:03:00Et puis, ce n'est pas tout.
01:03:00Il y a aussi l'aspect politique des choses.
01:03:03En 53, le film a fait un sens.
01:03:06Mais aujourd'hui.
01:03:08Valentina, voici votre vrai nom.
01:03:09Vous aimez le souligner.
01:03:10Est-il exact que vous avez aujourd'hui la nationalité allemande?
01:03:13C'est tout à fait exact.
01:03:14J'ai acquis la nationalité allemande il y a une vingtaine d'années lorsque j'ai épousé
01:03:18enfin l'homme avec qui je vivais depuis 1953.
01:03:2253, c'est-à-dire l'année même où sortaient sur les écrans les fameux pianos Berlin.
01:03:27Exactement, oui.
01:03:28C'est d'ailleurs comme ça que j'ai rencontré mon mari qui s'occupait à l'époque de ce qu'on
01:03:32appelait l'inventaire.
01:03:33Enfin, le recensement des oeuvres d'art que les nazis avaient volées ou trafiquées.
01:03:42Enfin, voilà comment savoir?
01:03:44Oui, parce qu'il y avait les fameux pianos.
01:03:47Oh la salope, elle va voir pourquoi elle dit ce qu'elle dit.
01:03:53On va le payer.
01:03:54Ce coup, les pédéras aussi.
01:03:56Mais qu'est-ce que c'est, cette merde?
01:03:57C'est quoi?
01:04:07Alors?
01:04:08Il me fait peur, il va faire des conneries.
01:04:10On a l'habitude.
01:04:11Oui, mais là, c'est...
01:04:12Je sais, il a pris la bagnole, a refusé que je le conduise, c'est du jamais vu.
01:04:16Tu me réunis à une conférence de presse, t'entends?
01:04:18Toute la presse.
01:04:19D'accord.
01:04:20Et puis sors, t'as rien à foutre aussi quand je ne suis pas.
01:04:23Tu te trompes complètement, c'est une femme charmante.
01:04:27Elle a du mérite, tu sais.
01:04:30Cet Allemand qu'elle a finalement épousé, c'est un bandit, il lui a pris tout son argent.
01:04:35Et il entretient des maîtresses.
01:04:36Si, je le sais.
01:04:38La semaine dernière, je jouais à Londres.
01:04:40Je l'ai vu avec lui.
01:04:41Arrête, mon maraître.
01:04:43Enfin, ça ne change pas grand chose qu'il l'ait fait autrefois ou maintenant.
01:04:46Est-ce qu'il couchait avec la bonne de Witte?
01:04:48Non, non, ça, c'était moi.
01:04:52Après tout, il couchait avec tant de monde.
01:04:55Les dames Pipi, les Stuas, les petites filles de la Légion d'honneur.
01:05:02Il avait peur de mourir de Witte, tu sais.
01:05:05Je ne supporte pas que cette femme se moque de nous.
01:05:08Tu te nommes pour pas grand chose, mon fils.
01:05:12Enfin, si tu dois la tuer, arranges-toi pour que ça ne se sache pas, parce que ça, ça, ça me glace.
01:05:17La tuer.
01:05:18Je dis ça, mais au fond, personne ne t'y oblige.
01:05:23Oh, une mouette.
01:05:25Je ne savais pas que la mère était si près.
01:05:28Il faudrait que je me renseigne.
01:05:34Je vais faire mon fil, maman.
01:05:38Les hommes passent leur temps à se répéter, c'est une manie.
01:05:43Mais tu dois tenir ça de ton père, on ne peut pas t'en vouloir.
01:05:46Cette fois, c'est différent.
01:05:49C'est toujours ce qu'on dit quand c'est la même chose.
01:05:51Je te taquine.
01:05:53Fais ton fil, mon chéri.
01:05:56Tu as bien raison, si ça doit t'amuser.
01:05:58Mais je ne le fais pas pour m'amuser.
01:06:00Oui, oui, mais en fait, tu comprends, tu es toujours tellement, tellement sérieux.
01:06:04Alors, ça donne envie de te taquiner.
01:06:07Regarde, la vie passe plutôt tranquillement, surtout ici.
01:06:15Tu ne crois pas que tu te montes la tête pour pas grand chose.
01:06:18Tu ne crois pas que tu te montes la tête pour pas grand chose.
01:06:21Le film dans lequel joue Valentine Valois et qu'on appelle les pierres d'or,
01:06:49Valois et qu'on appelle les pianos de Berlin,
01:06:52prétend raconter l'histoire de ma mère.
01:06:54Or, à mes yeux, ce film travestit et bafoue sa mémoire.
01:07:00Pardonnez la brutalité de ma question, mais votre mère n'est-elle pas morte?
01:07:04Dieu merci, non, madame, il n'est pas nécessaire d'être mort pour avoir une mémoire.
01:07:08Alors voilà pourquoi j'ai décidé de refaire ce film pour, une fois pour toutes, mettre les pendules à l'heure.
01:07:14Monsieur Mondat, madame Valentine Valois a dit chez Patrick Poivre d'Arvore qu'on ne refait pas un chef d'oeuvre.
01:07:21Ecoutez, pour moi, la version de 53 est tout ce qu'on voudra sauf un chef d'oeuvre.
01:07:25Il ne peut pas y avoir un chef d'oeuvre où la vérité est trahie.
01:07:28Certainement, mais tout de même, Valentine Valois a obtenu un Oscar à Hollywood pour son aide à la frottation.
01:07:33Elle a eu aussi les cheveux tendus en 45 et une croix gammée marquée dans le dos, fer rouge.
01:07:39Je présume qu'elle est là toujours et que son mari la regarde tous les soirs avec nostalgie.
01:07:42Calme-toi.
01:07:45Pour parler concrètement, où avez-vous trouvé le financement pour faire un film pareil ?
01:07:49On parle de 15 millions de dollars, c'est énorme.
01:07:52Je l'ai trouvé sans problème.
01:07:54A vrai dire, je vais obliger les producteurs des premiers Pianos de Berlin à financer la réhabilitation de ma mère.
01:08:01Vous voyez, c'est tout simple.
01:08:03Si vous faites allusion, entre autres, à Léopold de Witte, ça va être difficile.
01:08:06D'autant plus qu'il est de notoriété publique que vous vivez avec sa fille, Caroline.
01:08:09Et alors ?
01:08:11Cela prouve que je sais juger les gens sur leurs actes.
01:08:15Je n'ai pas par habitude de parler des gens qui ne sont plus de ce monde,
01:08:19mais en ce qui concerne son père, ce collaborateur notoire a trahi ma mère,
01:08:24s'est servi d'elle et de la calomnier.
01:08:26En plus, il l'a volée pour parvenir à ses fins.
01:08:29Vous avez d'autres questions ?
01:08:39Oui.
01:08:59T'as rien ?
01:09:01Il y en a un qui s'était couché à l'arrêt de la voiture.
01:09:03Il croyait que je ne le verrais pas.
01:09:05Quel con !
01:09:10Caroline !
01:09:12Qu'est-ce que c'est que ça ?
01:09:14C'est la première fois que je trouve cette porte fermée à clé.
01:09:17Toi et je sais.
01:09:20Caroline, qu'est-ce qui te prend ?
01:09:22J'enfonce la porte.
01:09:25Caroline !
01:09:28Salaud !
01:09:30Qu'est-ce qu'il a dit, lui ?
01:09:32Il a dit salaud.
01:09:34D'abord, qu'est-ce que tu fous là, toi ? Et ça, qu'est-ce que c'est ?
01:09:36C'est à moi.
01:09:37Ah bon ? Très bien.
01:09:39Viens, allez, viens voir ça.
01:09:41Ça va pas, non ?
01:09:43Ça va pas, non ?
01:09:45Qu'est-ce qu'il prend ?
01:09:50Je te parle, Caroline.
01:09:52Eh bien, tu vois, je m'en vais.
01:09:54Non, tu t'en vas pas, Caroline.
01:09:56Je t'en prie.
01:09:58Je suis en train de me demander si je vais détruire cette valise ou si c'est écrit par la fenêtre.
01:10:02Je peux très bien partir sans valise, tu sais.
01:10:04Mais tu peux aussi me détruire ou me jeter par la fenêtre.
01:10:07D'ailleurs, c'est déjà fait.
01:10:09Qu'est-ce que tu racontes, là ?
01:10:11Je sais pas, peut-être.
01:10:13Mais je t'aime, Caroline.
01:10:15Oui, oui, c'est ça. Moi, je suis partie.
01:10:17Qu'est-ce qui t'arrive ?
01:10:19Si vraiment tu penses de m'en perdre ce que t'as dit tout à l'heure à la presse,
01:10:22je n'ai aucune raison de rester là.
01:10:25Oh, t'es au courant de ça ?
01:10:27Oui.
01:10:29Non, mais dis-moi, pendant que ma mère se décarcassait à sauver un millier de Juifs,
01:10:31le tien s'employait ardemment à les enfoncer, hein.
01:10:34Ah, parce que tu roules pour les Juifs, maintenant, c'est nouveau.
01:10:37Bon, doucement, Caroline, doucement. De toute façon, tout ce que tu diras servira à rien.
01:10:40Il y a eu vol, spoliation, détournement et diffamation.
01:10:43À moins que tu puisses prouver le contraire.
01:10:46Tu peux prouver le contraire ?
01:10:49Je n'ai aucune raison de supporter que tu insultes mon père en public.
01:10:53Toi aussi, tu devras fournir des preuves.
01:10:56Et je te jure que dès demain, tu auras la visite d'un avocat.
01:10:59Ah oui ?
01:11:01Oui.
01:11:03Très bien. Il va parfait.
01:11:05Allez ! Dehors !
01:11:07Arrête !
01:11:09Va rejoindre ton admirable frère !
01:11:11Il a une bague pour toi !
01:11:13Et l'amour, on a où, et l'amour ?
01:11:15Au choc ! Au choc !
01:11:27Je devrais peut-être y aller.
01:11:29Surtout pas. Il faut jamais se mêler de leurs histoires.
01:11:33J'ai essayé deux, trois fois. Je suis pas prêt de recommencer.
01:11:38Mais comment est-ce qu'on peut se faire du mal à ce point ? Ça me débolie.
01:11:44Pourquoi tu me regardes comme ça ?
01:11:51Pourquoi ?
01:11:53Pourquoi ?
01:11:58Un jour, toi aussi, tu me quitteras.
01:12:02Comme lui.
01:12:04Mais pourquoi tu dis ça ? T'es fou ?
01:12:06Non, je suis pas fou, Lulu.
01:12:09Je le sais.
01:12:11Recours. Je t'en prie.
01:12:14Tu veux nous cacher la soirée ?
01:12:23Si tu me crois capable d'agir comme ça, c'est que t'as rien compris.
01:12:26C'est pas ta faute, Lulu.
01:12:28Mais qu'est-ce que t'as, ce soir ?
01:12:37Tu me quitteras.
01:12:40Et tu sais pour qui tu me quitteras ?
01:12:44Pour lui.
01:12:46Pour lui, évidemment.
01:12:52Et puis quoi encore ? Est-ce que t'as l'esprit mal tourné ?
01:12:56Je le sais. C'est comme ça que ça doit finir.
01:13:00Tu le sais même pas ?
01:13:02Même lui, il le sait pas, mais...
01:13:05Tu verras.
01:13:07J'aime pas du tout ce que tu dis, Rocco. Tu me fais peur.
01:13:09Et moi ?
01:13:11Tu crois que ça me fait pas peur ?
01:13:23Que vous trouviez l'argent, c'est tout à fait possible.
01:13:27C'est même probable.
01:13:32Mais j'insiste, vous allez quand même au-devant de graves ennuis.
01:13:35Pourquoi ?
01:13:37Je ne peux pas vous dire pourquoi.
01:13:39Vous avez promis de tout me dire.
01:13:41Mais je l'ai fait.
01:13:43Je l'ai fait.
01:13:45Je l'ai fait.
01:13:47Je l'ai fait.
01:13:49Je l'ai fait.
01:13:50Vous avez promis de tout me dire.
01:13:52Mais je l'ai fait. Si je ne vous dis pas pourquoi, c'est que je ne le sais pas.
01:13:56Ce que je vois, moi, c'est que dans six mois, vous sortez de la maison du père et que...
01:14:00ça n'est pas bon pour vous.
01:14:02Ça sera le moment de vous tenir à carreau.
01:14:04Ne rien entreprendre. Restez chez vous.
01:14:07Mais je peux pas. Ce genre de question est incompatible avec ce que j'ai à faire.
01:14:11Il y a un barrage.
01:14:15Qui vient de vous.
01:14:17Dites-moi, si jamais vous produisez ce film, vous le ferez aussi comme acteur ?
01:14:21Oui, bien sûr.
01:14:23Et quel rôle jouerez-vous ?
01:14:25Celui de mon père, évidemment.
01:14:27C'est peut-être par là qu'il faut chercher.
01:14:32Je remarque que vous ne parlez jamais de ça.
01:14:36Même à vos proches.
01:14:41Manda,
01:14:43vous essayez d'éviter quelque chose d'inévitable.
01:14:46Pensez-y.
01:14:55T'es content ?
01:14:57T'as encore foutu 100 sacs par la fenêtre.
01:14:59Je t'emmerde.
01:15:13Je me demande ce que je fous là.
01:15:16Parce que ce film, j'ai vu au moins trois fois.
01:15:18Moi, je l'ai jamais vu.
01:15:20Ça paraît incroyable, mais c'est comme ça.
01:15:22T'as pas perdu grand-chose.
01:15:32Didier, tu es libre tout de suite ?
01:15:34Non, je commence une projection des Pianos de Berlin.
01:15:36Tu m'appelles dès que t'as fini ?
01:15:38Qui t'a foutu sur le coup ?
01:15:40C'est Clara. Et toi ?
01:15:42Moi, c'est une fille italienne
01:15:44avec qui j'ai bossé il y a quelques années.
01:15:47Tu peux écouter, il y a des micros partout.
01:15:49C'est pas vrai.
01:15:51Didier, mets-moi le son de la salle, s'il te plaît.
01:15:53T'as demandé combien ?
01:15:5530 000 dollars.
01:15:57C'est faux. J'ai demandé le double.
01:15:59Je pense pas que le film se fasse.
01:16:01Je demande le max.
01:16:03Tu penses que le film se fera pas, toi ?
01:16:05Oui, bien sûr.
01:16:07C'est une lubie d'acteur.
01:16:09Lui, c'est un réglementant.
01:16:11Ça, ça marche jamais.
01:16:13Moi, je suis venu ici comme ça,
01:16:14comme un touriste.
01:16:16On paie le voyage et l'hôtel.
01:16:18À part ça, t'as des projets ?
01:16:20Surtout de la télé, tu sais.
01:16:22Là, t'as raison.
01:16:24Parce que là, c'est l'avenir.
01:16:26Parce que ça tombe.
01:16:28Parce qu'ici...
01:16:31Ça fait longtemps que t'es scénariste ?
01:16:33Depuis trop longtemps.
01:16:35Si tu savais ce qu'on fait avec ce qui est écrit,
01:16:37il faudrait mieux se coucher
01:16:39et rester par terre.
01:16:41Je pense que Vanda, c'est un naïf.
01:16:44Une sorte d'innocent.
01:16:46Je me dis qu'on pourra faire ce qu'on veut.
01:16:48Au début, il va gueuler un peu, mais il sera content.
01:16:50Ce que tu me dis là, ça sent le travail.
01:16:52Il est pas question de travailler ici.
01:16:54Il va arriver avec 3-2 millions d'années,
01:16:56il saura plus qu'à enregistrer.
01:16:58Tu sais, à partir d'un certain nombre de millions de dollars,
01:17:00le scénariste...
01:17:02Coupe, coupe, coupe !
01:17:04Qu'est-ce qui t'a pris ?
01:17:06Mais il connaît parfaitement la période 39-45.
01:17:08C'est son dada.
01:17:10C'est son dada. Au bar, je t'attends.
01:17:28Bonjour, M. Vanda.
01:17:34Ouais, scotch.
01:17:36Tout de suite, Julien.
01:17:38Merci.
01:17:44Vanda.
01:17:47Que faites-vous ici ?
01:17:49Est-ce que votre mère est chez vous ?
01:17:51Chez moi ? Pourquoi chez moi ?
01:17:53Elle a quitté la clinique.
01:17:55Comment ça ?
01:17:57Elle s'est tirée, mon vieux.
01:17:59Non, c'est pas possible.
01:18:01Vous avez prévenu les flics ?
01:18:03Bien entendu.
01:18:05Et alors ?
01:18:07C'est pas évident du tout.
01:18:09Oh, non.
01:18:11Oh, pas ça. Pas ça.
01:18:27Enrichis du téléphone. Enrichis du...
01:18:36Enrichis du...
01:18:58Alors, vous l'avez retrouvé ?
01:19:00Non.
01:19:07Il va craquer.
01:19:09Il va craquer.
01:19:37Oui.
01:19:39Oui.
01:19:42C'est pour vous.
01:19:45Oui, Germain.
01:19:47Inspecteur Germain, j'écoute.
01:19:51Ah, je sais pas.
01:19:53Une seconde.
01:19:55Une seconde, s'il vous plaît.
01:20:01Oui.
01:20:02Oui.
01:20:16M. Mandart me demande si votre mère a des dents en or.
01:20:20Des dents en or.
01:20:32Pourquoi ?
01:20:34Ah, d'accord.
01:20:37Merde.
01:20:39Non, non, je bouge pas. A tout à l'heure.
01:20:48Ma mère a toutes ses dents, monsieur.
01:20:50Si vous pouviez retrouver ce qu'il y a autour des dents,
01:20:52ça m'arrangerait bien.
01:20:54Mais je comprends.
01:20:56C'est l'affaire d'une heure ou deux.
01:20:58Nous avons l'habitude, monsieur.
01:21:00Calmez-vous.
01:21:02Calmez-vous.
01:21:09Vous voulez un calmant ?
01:21:19Où est l'élu ?
01:21:21Chez sa mère. Tu veux que je l'appelle ?
01:21:23Tu crois qu'ils vont y arriver, les flics, là ?
01:21:25Écoute, ils vont pas la trouver sous le lit.
01:21:27Laisse-les bosser.
01:21:29Ah non, moi, je peux pas. Moi, je me tire. Je peux pas.
01:21:30Je travaille ici.
01:21:32Tu veux que je vienne ?
01:21:34Je vais faire un tour de moi avec la voiture.
01:21:47Reviens dans une heure.
01:21:49Hé, pas de conneries, hein ?
01:22:30C'est pas possible.
01:23:00C'est pas possible.
01:23:30C'est pas possible.