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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Il est 8h13, l'ausse du budget de l'Elysée des Assemblées a suscité un tollé pendant tout le week-end.
00:11Elisabeth Lévy, oui, mais alors là, vous allez à contre-temps de l'opinion publique.
00:17Je suis assez d'accord avec vous, là, je vous le dis clairement.
00:21On sera tous les deux dénoncés, parce que vous avez raison, c'est un des rares sujets qui fassent la quasi-unanimité des Français.
00:28J'assume, comme vous, de ne pas partager ce point de vue.
00:32Le projet Barnier prévoit en effet une hausse de la dotation des Assemblées, donc c'est un 7% pour les Assemblées,
00:38et l'Elysée, c'est 2,5%.
00:40C'est celle-là qui fait scandale, bien sûr, d'abord parce qu'elle est un peu au-dessus de l'inflation,
00:45et en réalité, parce que haïr Macron, c'est le sport préféré de tout le monde, ça fait de vous un résistant sans prendre le moindre risque.
00:53Alors, sur TF1, vous l'avez vu, Laurent Saint-Martin renvoie la balle aux parlementaires,
01:01mais en même temps, il a essayé, vaguement, de défendre la mesure en disant
01:05« Oui, les Français ont besoin d'institutions ».
01:07Bon, il a été balayé par la journaliste, salué en héroïne pour ça.
01:11Vous ne pouvez pas dire aux Français qu'ils doivent faire des efforts quand l'Elysée, l'Assemblée et le Sénat sont épargnés.
01:18Ce n'est pas audible, ça, c'était le grand mot.
01:20Et sur les réseaux, alors là, ça a été un festival de criages, il rit un peu dégoûtant, à mon avis,
01:26c'est nous, les victimes du méchant pouvoir qui s'en met plein les poches.
01:30– Oui, mais il y a le symbole, alors, un symbole ou pas ?
01:33– Un symbole de quoi ? C'est ce qu'on a dit, Jean-Jacques, un symbole de quoi ?
01:36À part du ressentiment général, comme l'affect dominant.
01:40La hausse, c'est 3 millions pour l'Elysée, 11 pour l'Assemblée, 6 pour le Sénat, 20 millions.
01:45Quand on cherche 60 milliards d'économies, je n'ai même pas fait le calcul, il y aurait eu trop de zéros.
01:51La vérité, c'est que supprimer cette augmentation, ça n'améliorera pas le sort d'un seul Français.
01:58D'abord, ça ne changera strictement rien, et moi, je ne veux pas qu'on regarde à la dépense pour recevoir les chefs d'État,
02:04ni même pour les déplacements du Président, on est la France, désolé.
02:09Mais surtout, ce qui me frappe dans cette affaire, c'est qu'elle est symptomatique des passions tristes,
02:14elle empoisonne notre vie publique, depuis peut-être la Révolution,
02:19ce que Spinoza en avait parlé avant, mais Stendhal l'a repris,
02:25l'envie, la jalousie, la haine impuissante, les salauds de puissants,
02:29et j'appelle ça la théorie de l'assiette du voisin.
02:32L'important, ce n'est pas ce que j'ai dans mon assiette, c'est que l'autre n'ait pas plus,
02:36rappelez-vous le scandale pour Léomard de Rugy.
02:40Et ça accompagne, c'est pour ça, je pense que là, ça accompagne un autre mal français,
02:46c'est l'irresponsabilité, c'est toujours la faute des autres, de l'État, de l'État qui vous doit toujours quelque chose.
02:51Thierry Breton a dit il y a quelques jours ou hier que notre endettement s'expliquait largement
02:56par un État social trop généreux, les 35 heures, etc.
02:59Mais dès qu'on essaie de revenir sur une dépense comme l'augmentation, vous vous rappelez,
03:04des APL de quelques euros, alors là, tout le monde hurle à la chasse aux pauvres,
03:09c'est la misère, c'est l'Angleterre du 19ème siècle.
03:12Eh bien non, si nous en sommes là, ce n'est pas seulement à cause de Macron et des autres,
03:16c'est à cause de nous tous qui nous comportons comme des créanciers.
03:19On veut toujours savoir, notre pays nous doit toujours des trucs, c'est-à-dire les autres,
03:23et nous, on ne veut pas travailler une heure de plus.
03:26Quant à nos gouvernants, qui sont soi-disant privilégiés, beaucoup, franchement,
03:31gagneraient bien plus dans le privé et ils ne se feraient pas insulter toute la journée.
03:35Finalement, seuls des ignares et des imbéciles accepteront de faire de la politique.
03:40Qu'en pensez-vous, Françoise ?
03:41Je ne crois pas du tout ça, la dernière phrase est fausse.
03:43Tout le monde veut faire de la politique, même si les salaires étaient abaissés,
03:46parce que l'attraction du pouvoir est surtout de la chose publique.
03:49Moi, je ne fais pas partie des gens qui pensent que tous les politiques sont pourris.
03:52À la base, il y a quand même une vocation, ça c'est le premier point.
03:56Sur le budget de l'Elysée et des assemblées, je suis assez d'accord avec Elisabeth,
03:59mais je ne mets pas du tout la même carchérisation générale
04:03de ce que serait l'état de vie général de ces Français qui seraient, en gros, des jaloux, des envieux.
04:08Je pense que le symbole est très fort, je pense que ça tombe assez mal,
04:12et même à l'Elysée, ils le reconnaissent.
04:13C'est-à-dire que le truc, c'est qu'ils n'ont pas été augmentés, c'est un peu plus que l'inflation,
04:17c'est le déplacement, et les déplacements du Président de la République, plus les travaux.
04:22Mais c'est vrai que, voilà, ça tombe au moment de la discussion budgétaire,
04:25ça serait tombé dans un autre temps.
04:27— C'est normal que ça tombe au moment de la discussion budgétaire.
04:30Est-ce que c'est le budget de l'État ? Oui, pardon.
04:32— J'allais vous le dire, donc, la discussion budgétaire de cette année,
04:35qui est particulièrement, je dirais, électrique, elle est hystérique.
04:39L'an dernier, ça n'aurait pas été la même chose, l'année d'avant.
04:41— Enfin, quand les parlementaires se sont augmentés de quelques centaines d'euros, ça a été atollé.
04:46— Sois sympa, moi, je fais partie des gens qui pensent...
04:48Alors, je vais encore plus à contre-courant que vous,
04:50moi, je pense que les parlementaires français ne gagnent pas assez d'argent.
04:53Je pense que, par rapport... — Oui, bien sûr.
04:55— Un exemple que je connais bien, qui est l'Italie, par rapport aux Allemands,
04:59les parlementaires n'ont pas vraiment des indemnités.
05:03Il n'y a pas de quoi se relever la nuit, honnêtement.
05:05Et les ministres, c'est pareil.
05:07Savez-vous combien gagne un ministre délégué ? 8 000 euros.
05:09— Mais je suis... — Un ministre, 9 000 euros.
05:11— D'accord, mais... — Vous y passez 24 ans sur 24.
05:13— Je suis d'accord, mais je voudrais... Je suis désolée.
05:15Sur l'affect, moi, ça me frappe beaucoup.
05:17Tocqueville, d'ailleurs, l'avait tout à fait pressenti, vous suffit de lire.
05:20Mais oui, Tocqueville avait pressenti le fait que ce qu'il appelait l'égalité...
05:24Moins il y a d'inégalités, en réalité, plus elles sont insupportables, pour aller très vite.
05:28Que ce qu'il appelle l'égalité des conditions allait faire monter dans la société
05:32un ressentiment qui n'existait pas tant que les mondes étaient séparés, bien entendu.
05:38Et il y a une véritable... Je vous assure, il y a une véritable...
05:42Un, une obsession de ce qu'ont les autres, mais deux,
05:46il y a vraiment la phrase de Kennedy, vraiment toujours,
05:49les gens ne se demandent jamais ce qu'ils doivent ou peuvent faire pour leur pays,
05:54ils passent leur temps à bras...
05:56Écoutez, regardez cette histoire de travail, de télétravail...
05:59— Je n'en suis pas d'accord !
06:00— Une facilité, laissez-moi finir ma phrase, une facilité...
06:03— C'est pas possible, ça !
06:04— Une facilité qui a été accordée dans des circonstances exceptionnelles,
06:07qui peut d'ailleurs, dans certains cas, pourquoi pas, tout d'un coup, être prolongée,
06:11c'est devenu un droit acquis, et l'intérêt général de l'institution,
06:15l'entreprise en l'occurrence, on s'en fout, puisque le salarié, lui, ça lui plaît !
06:20— Non mais alors, je réponds en un mot, d'abord, ça n'est pas vrai
06:23que les Français ne se demandent pas ce qu'ils peuvent faire,
06:26j'en ai ras-le-bol de cette caricature d'un peuple qui serait fainéasse, avare, avaricieux,
06:31et envieux et jaloux, ça n'est pas vrai !
06:33Les Français sont capables de montrer de la fraternité,
06:35ils sont capables de montrer de la solidarité,
06:37je vous rappelle le début du Covid, Jean-Jacques vous en souvenez certainement,
06:40et Elisabeth, moi j'étais révolté, vous aviez les caissières qui bossaient
06:43pendant un mois et demi, ça a duré sans masque, sans rien,
06:46tout le monde allait bosser, les premiers de Corvée,
06:48donc, moi, je ne veux pas entendre ce discours !
06:50— Il y a un mot... — Je ne supporte pas !
06:52— Non mais c'est marrant, vous ne le supportiez pas !
06:54Il faut supporter la contradiction !
06:56— Il y a un mot qui a été employé par Elisabeth,
07:00je suis totalement d'accord, c'est l'irresponsabilité,
07:03il y a quand même, on vit quand même...
07:05— Mais pourquoi vous dites ça ?
07:06— C'est jamais la faute des gens, c'est toujours la faute de l'État, de Macron...
07:10— Excusez-moi, qu'est-ce qui vous fait asséner, à 8h20,
07:14l'irresponsabilité des Français ?
07:16Est-ce que, moi, je peux vous répondre qu'il y a une forme d'irresponsabilité
07:19dans ce budget, à tourner autour du pot,
07:22et à éviter de taxer...
07:24— Mais je n'exonère pas les politiques qui ont les responsabilités !
07:26— Mais je n'ai pas les mots que je peux parler !
07:28Vous avez, j'entends bien que vous êtes d'accord,
07:31et sur la même ligne, je ne suis pas sur votre ligne,
07:33vous avez les 200 plus grandes fortunes de ce pays,
07:37dont, c'est documenté, laissez-moi finir, Elisabeth,
07:40qui ont, comment dirais-je,
07:42dont la fortune est passée en 7 ans,
07:44de 600 milliards à 1 200 milliards, vous allez me dire,
07:46c'est une fortune financière, etc.
07:48Est-ce que c'est trop demander à ces fortunes ?
07:50Est-ce que c'est trop demander...
07:51— Mais c'est de l'irresponsabilité de leur part !
07:53— Mais voilà, mais non...
07:55— Mais lorsque je dis irresponsabilité, j'englobe tout le monde !
07:58— Mais je vous parle des Français, vous me parlez des riches !
08:00— Écoutez-moi, je termine, je termine !
08:03Est-ce que je peux comparer quelqu'un qui gagne 2 000 balles,
08:06et Bernard Arnault, enfin, soyez sérieux, deux minutes !
08:08Il est bien normal que quelqu'un qui gagne 2 000 balles...
08:10— Mais c'est pas le sujet, là, Françoise...
08:12— Mais si c'est le sujet, vous dites qu'il soit irresponsable !
08:14— Le sujet, c'est que pour vous, tout vient...
08:16— C'est pas vrai, tout ne se vaut pas, tout ne se vaut pas...
08:18— Pardon, le sujet... Une phrase, une phrase.
08:20Le sujet, c'est que pour vous, dans un monde démocratique,
08:22tout vient du haut, tout vient des gouvernants...
08:24— Non, pas du tout, pas du tout !
08:26— Vous m'avez demandé de vous laisser finir.
08:28— C'est parce que j'ai la pub à passer, là...
08:30— Tout vient du haut, les gouvernés n'ont jamais la moindre...
08:32Je pense qu'être des citoyens autonomes, éclairés, d'un régime démocratique,
08:38c'est assumer que nous avons une part de responsabilité dans notre destin.
08:42— 80% de consentement à l'impôt chez les Français,
08:44le plus grand consentement au monde, arrêtez avec ça !
08:46— 8h21, vous êtes sur Sud Radio. À tout de suite.