• il y a 2 mois
Avec Arnaud Ropars, policier à la Bac, auteur de "Regards de flics" aux éditions Hugo Image et Bruno Bartocetti, secrétaire national délégué de la zone sud d'UN1TÉ

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##LA_VERITE_EN_FACE-2024-10-10##

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Transcription
00:009h-10h, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face autour du travail des flics.
00:09J'ai dit les flics parce que ce livre d'Arnaud Roparce,
00:13que l'on dit d'ailleurs dans le SOS, Arnaud Roparce, bonjour.
00:17Bonjour Patrick.
00:18C'est ce livre Garde flics aux éditions Hugo Images,
00:22on va en parler dans un instant, c'est le travail sur le terrain
00:26de policiers qui vous racontent leur quotidien,
00:30leur vie, leurs difficultés que vous connaissez bien puisque vous-même,
00:34vous êtes un flic, un vrai, de la base.
00:38Racontez-nous d'ailleurs un peu votre parcours.
00:40Écoutez, ça fait presque 20 ans que je suis policier.
00:45Vous dites policier, pas flic.
00:48Ça dépend, ça dépend de l'humeur.
00:50Cuff ?
00:51Cuff, non, j'aime pas trop ces termes-là.
00:53Flic, flic, j'aime bien, c'est percutant.
00:56Oui, c'est vrai.
00:58Et du coup, 20 ans de terrain, une grosse partie en BAC,
01:03en Brigade Anticriminalité, j'ai commencé à Agnères-sur-Seine,
01:06en 1992, pas si loin d'ici.
01:10Et puis après, j'ai eu la chance de pouvoir partir dans le Sud,
01:14à Aix-en-Provence, où pareil, j'exerce en BAC
01:18depuis maintenant 6 ans.
01:23C'est un parcours sympa, de belles interventions,
01:27la rencontre de beaucoup de belles personnes,
01:29que ce soit au niveau de mes collègues, avec qui je bosse tous les jours,
01:33ou même au niveau parfois des interventions.
01:37Vous parlez d'un beau métier, de belles personnes que vous rencontrez.
01:41Pourtant, quand on parle du métier de flic,
01:44on se dit, ça doit pas être simple, rencontre pas que du beau monde.
01:48Ah non, bien sûr.
01:50Quand on voit un petit peu la situation et ce qui se passe sur le terrain,
01:53notamment avec les trafiquants de drogue,
01:56il n'y a pas que ça, bien sûr, mais il y a plein de choses.
02:00Est-ce que vous, vous l'avez vu exploser, justement,
02:04ce narcotrafic comme on le décrit aujourd'hui ?
02:10Disons qu'il évolue, je pense.
02:12Je pense qu'il évolue par rapport aussi à nos méthodes d'intervention,
02:16par rapport au démantèlement répété de leur point de deal.
02:26Je ne sais pas comment trop vous l'expliquer,
02:30mais c'est comme une maladie, c'est un peu ça.
02:34Qui se propage.
02:36Voilà, qui se propage.
02:38Nous, on va essayer d'injecter quelque chose pour que ça menuise,
02:42et lui, il va trouver une autre manière de pouvoir se développer.
02:46Et ça continue avec des gangs, des mafias.
02:50Est-ce que vous avez vu d'ailleurs, pour les auditeurs qui nous rejoignent,
02:54et puis peut-être vous et Hugo aussi,
02:58la vidéo de DZ Mafia, qui est un gang installé du côté de Marseille,
03:03un petit peu plus bas qu'Aix,
03:05qui a fait une vidéo pour se justifier
03:09et expliquant que ce n'était pas eux qui étaient véritablement à l'origine
03:12de ce qui s'est passé en fin de semaine dernière
03:14Le gamin de 14 ans qui a tué un chauffeur de VTC.
03:19Tiens, on écoute un petit extrait.
03:21Cela fait plusieurs jours que de fausses informations circulent en boucle dans les médias
03:25et dans les réseaux sur les faits qui se sont produits entre mercredi et vendredi dernier.
03:29La DZ Mafia n'a strictement rien à voir, ni de crime, ni de lois dans tout ce qui s'est produit.
03:34Aujourd'hui, le prénom est devenu...
03:36Voilà, donc une vidéo.
03:38Ils apparaissent en fait masqués.
03:40Un peu, on le disait en début d'émission tout à l'heure, de la vérité en face.
03:43Un peu comme les membres du FLNC le faisaient il y a quelques années
03:48dans le maquis pour expliquer ce qui se passait.
03:51Ça vous étonne ça ou pas ?
03:56Pas vraiment, c'est...
03:58J'ai l'impression que c'est un peu du marketing qu'ils font.
04:01Ah oui ?
04:02Ouais, c'est un peu bizarre.
04:04Comme une entreprise qui veut faire l'attention,
04:08c'est pas nous qui avons fait ça, à continuer d'acheter chez nous.
04:12C'est particulier, c'est un peu particulier.
04:15C'est difficile d'aller...
04:17On en parlera aussi d'ailleurs tout à l'heure,
04:19on aura un autre invité par téléphone,
04:21Bruno Bartocetti, qui est secrétaire national délégué de la zone d'unité sud,
04:27d'unité police,
04:29qui nous parlera de cette difficulté justement à lutter contre les réseaux de trafiquants.
04:35D'autant que ces réseaux sont très bien organisés.
04:38Joseph Ruiz, on va en parler avec vous, je le disais.
04:41Il y a aujourd'hui un commerce des points de deal.
04:47On vend les points de deal,
04:49et ça vaut beaucoup plus cher que certains commerces.
04:52Vous avez un salon de coiffure, une boucherie, etc.,
04:55ça vous n'arrivez pas à le vendre.
04:57En revanche, un point de deal, ça se vend,
04:59et ça se vend très très cher, Joseph Ruiz.
05:01Exactement, alors on rappelle que la France compte environ 3000 points de deal,
05:05et c'est plus inhabituel finalement d'en retrouver directement
05:08sur les réseaux sociaux en vente,
05:10sur Telegram ou Snapchat,
05:12on tombe sur des petites annonces,
05:14comme si on parlait de fonds de commerce,
05:16d'appartements en vente,
05:18ou des licences de taxi qui se revendent,
05:20ou même des vêtements de seconde main.
05:22Points de deal à vendre avec une localisation et un prix eux-mêmes.
05:26Pour la localisation, c'est étonnamment précis,
05:28on n'a pas vraiment peur apparemment.
05:30West France évoque par exemple un point de deal en vente à Rennes.
05:34Sur l'annonce, il est écrit
05:36Italie, on est dans le sud de la ville.
05:39Pour le prix, on ne prend pas plus de pincettes,
05:42800 000 euros, oui vous avez bien entendu, 800 000 euros.
05:46Et attention, les prix dépendent du chiffre d'affaires,
05:49de la clientèle, de l'emplacement plus ou moins dangereux,
05:52et même évidemment de la marchandise.
05:55Certains points de deal peuvent monter jusqu'à 3 millions d'euros,
05:58c'est le cas pour celui par exemple du quartier de Brecchini,
06:02qui est toujours en vente.
06:05C'est intéressant de savoir pourquoi ils vendent ces dealers.
06:08Dans West France, un membre de l'Office des stupéfiants
06:12de lutte contre les stupéfiants précise que c'est en général
06:15pour monter dans la hiérarchie,
06:17et les points de deal sont en activité plus exposés,
06:21donc ils essayent de s'en débarrasser.
06:23Donc on voit que le marché des stupéfiants
06:25est en train de se professionnaliser.
06:27Oui, Arnaud,
06:29quand on voit ça, on se dit
06:31En face, il faut être sacrément bien organisé
06:34pour faire face à ces réseaux.
06:36C'est pour ça qu'on a des collègues qui travaillent en PJ
06:40ou d'autres services pour aller un peu plus en profondeur
06:43qu'à notre niveau de terrain.
06:46Même si de temps en temps,
06:48comme mes collègues la semaine dernière,
06:50arrivent à faire de jolis coups
06:52en réussissant à trouver une nourrice.
06:55Oui, alors ça c'est du côté d'Aix-en-Provence.
06:58Un appartement nourrice.
07:00Expliquez-nous ce que c'est un appartement nourrice.
07:02C'est un appartement qui sert
07:04à cacher de la drogue
07:06et à pouvoir, petit à petit,
07:08remettre sur les points de deal
07:10ou distribuer, en gros.
07:12C'est un grossiste, si vous voulez.
07:14L'année dernière, on se souvient,
07:16c'est Gérald Darmanin qui avait lancé
07:18la chasse aux points de deal.
07:20On disait que les points de deal se déplaçaient,
07:22ils allaient 300 mètres plus loin.
07:24Quand on est flic sur le terrain,
07:26est-ce qu'on n'est pas, par moment, un peu découragé ?
07:28Il y a beaucoup de ces témoignages qui sont très intéressants
07:30dans ce livre.
07:32Il y a des gueules cassées,
07:34il y a beaucoup de témoignages.
07:36Ils ont toujours, quand même,
07:38la passion, en fait,
07:40de ça. On nous surnomme
07:42les pompiers de la violence.
07:46On a à faire face à des choses
07:48complètement incroyables mais
07:50on ne se décourage pas.
07:52Forcément, il y a des fois où on est un peu fatigué
07:54de beaucoup de choses.
07:56Maintenant, c'est ça qui est beau
07:58dans la profession, c'est qu'il y a une solidarité.
08:00On est un groupe.
08:02S'il y en a un qui est
08:04un peu moins bien, peut-être,
08:06l'ensemble du groupe va faire en sorte
08:08de le remotiver,
08:10de remettre du gain à tout ça.
08:12Après, on sait aussi pourquoi
08:14on fait ce métier-là.
08:16C'est un métier de passion.
08:18C'est un métier véritablement de passion.
08:20C'est ce qu'on va voir avec vous dans un instant.
08:22On va continuer d'en parler.
08:24On peut vous entendre aussi au 0826 300 300.
08:26Si vous avez des questions directes à poser
08:28à Arnaud Ropars,
08:30ou si vous êtes flic, vous-même,
08:32vous pouvez, peut-être en gardant
08:34l'anonymat,
08:36ou policier, gendarme,
08:38retraité, n'hésitez pas
08:400826 300 300,
08:42vous avez la parole, nous sommes ensemble, La Vérité en face
08:44jusqu'à 10h.
08:469h10, Sud Radio,
08:48La Vérité en face,
08:50Patrick Roger.
08:52La Vérité en face, souvent,
08:54ce sont les flics qui l'ont, La Vérité en face,
08:56de ce qui se passe sur le terrain.
08:58Arnaud Ropars est avec nous pour ce livre
09:00qui est très étonnant, qui est très fort.
09:02Ce sont des témoignages
09:04de flics, de policiers, qui nous racontent
09:06leur quotidien, leur vie,
09:08bien souvent, des hommes, des femmes.
09:10Il y a également quelques policiers
09:12qui témoignent.
09:14Arnaud Ropars,
09:16pourquoi on devient policier ?
09:18Vous dites, vous, c'est une passion.
09:20Est-ce que c'est vraiment une passion ?
09:22Une vocation avant tout, pour moi en tout cas,
09:24et pour beaucoup de collègues
09:26aussi, mais c'est une vocation.
09:28Je pense qu'il y a
09:30un mélange de beaucoup de choses, l'éducation que j'ai reçue,
09:32des valeurs que j'ai reçues,
09:34et puis ma personnalité aussi qui fait que
09:36j'ai envie d'aider la société, j'ai envie
09:38d'aider les gens, j'ai envie d'être là pour eux
09:40au mieux que je puisse
09:42faire, donc c'est important.
09:44Est-ce qu'on ne sent pas à un moment
09:46donné du découragement,
09:48quand il y a une partie de la population
09:50qui est contre vous, parce qu'il y en a
09:52certains, alors ils ne sont pas forcément
09:54très nombreux, mais en tout cas, ils peuvent faire
09:56du bruit, bien sûr, quand vous êtes
09:58décriés. C'est souvent les
10:00minorités qui font le plus de bruit, de toute manière.
10:02Mais oui,
10:04on peut ressentir du découragement,
10:06être fatigué moralement, après, voilà,
10:08comme vous disiez tout à l'heure, on n'est pas tout seul,
10:10on est un groupe, on est limité.
10:12C'est important, bien sûr, mais c'est comme
10:14au rugby, c'est les mêmes valeurs
10:16que le rugby.
10:18Alors, vous faites ce petit parallèle, je vais faire une petite parenthèse,
10:20parce qu'évidemment, regard de flic,
10:22vous êtes
10:24un fan de rugby ?
10:26Ça tombe bien sur Sud Radio,
10:28parce qu'il y a eu ce livre,
10:30cette collection qui existe,
10:32Gull du rugby, avec Jean-Pierre Pagès,
10:34on le salue au passage, d'ailleurs,
10:36s'il est à l'écoute,
10:38et c'est conçu de la même manière,
10:40parce que c'est vrai,
10:42Gull du rugby, ce sont des
10:44Gull, en fait, des personnalités,
10:46derrière, et les flics, c'est un peu
10:48la même chose. Des gueules cassées,
10:50parfois, aussi. Il y a des belles gueules cassées,
10:52il y a des belles histoires, vraiment,
10:54ce sont
10:56des belles leçons de vie, je trouve,
10:58même pour moi, qui suis dans le métier,
11:00à chaque
11:02portrait, ça m'a
11:04fait me remettre en question, sur
11:06beaucoup de sujets, comment je réagirais
11:08à leur place, en fait, et la réponse,
11:10on l'a pas forcément,
11:12parce que tant qu'on n'est pas mis
11:14à la place d'une personne dans une situation donnée, et surtout
11:16que les situations que l'on connaît sont souvent
11:18des situations très compliquées, on ne peut
11:20pas savoir comment on va réagir.
11:22Il y a un exemple d'un
11:24flic qui dit
11:26il faut tout laisser
11:28sur son boulot, et ne pas
11:30ramener ce que l'on voit
11:32à son foyer, parce que
11:34c'est assez difficile.
11:36Ça peut être compliqué, après,
11:38chacun a sa méthode,
11:40moi j'ai pris le pas,
11:42je ne l'ai pas forcément fait tout de suite,
11:44mais j'ai pris le pas de,
11:46s'il y a une situation que j'ai vécue au boulot qui est un peu
11:48compliquée, je vais en parler
11:50avec ma compagne, tout simplement, je vais
11:52dire, écoute, il y a quelque chose qui ne va pas, est-ce qu'on peut en
11:54discuter ? Ou même elle, des fois, si elle voit que
11:56j'ai du mal à en discuter,
11:58elle va venir me chercher, me dire, écoute, il y a un truc qui ne va pas, qu'est-ce qui s'est
12:00passé ? Et ça fonctionne très bien.
12:02C'est votre compagne, c'est pas votre assistante sociale,
12:04en même temps.
12:06Un couple, c'est un petit peu aussi, c'est une entraide.
12:08Il ne faut pas tout décharger
12:10sur elle non plus, c'est pas ça.
12:12Mais des fois, quand il y a une bulle à exposer,
12:14il vaut mieux l'exposer plutôt que ça puisse à l'intérieur,
12:16je pense. Est-ce que, justement,
12:18vous êtes aidé, vous, les flics,
12:20à travers des assistantes sociales,
12:22est-ce qu'il y a, est-ce que vous
12:24pouvez vous confier pour sortir
12:26un peu ce que vous voyez ? On a des assistantes
12:28sociales ou des fois même des psychologues
12:30qui peuvent être mis à nos dispositions,
12:32à la demande, sauf sur,
12:34je sais que sur des moments
12:36plus dramatiques, on nous propose directement
12:38ce que vous voulez prendre rendez-vous,
12:40comme ça a pu arriver, par exemple,
12:42pour les collègues qui ont vécu le Bataclan,
12:44ou d'autres événements dramatiques comme ça.
12:46Ou quand on se retrouve aussi,
12:48certains le racontent, un peu
12:50sur une intervention encerclée,
12:52et qu'on ne sait pas comment faire.
12:54Enfin, on ne sait pas, on a des méthodes,
12:56mais...
12:58Je pense qu'on fait au mieux pour s'en sortir
13:00en bonne santé, déjà.
13:02Le but,
13:04quand on part le matin
13:06de chez soi, c'est de pouvoir rentrer chez soi entier.
13:08C'est surtout ça.
13:10Il faut travailler en sécurité,
13:12il faut faire en sorte,
13:16de ne pas y rester
13:18sur le terrain.
13:20Parfois,
13:22on préfère, et d'ailleurs
13:24il y a certains commandants de police
13:26qui le disent, il vaut mieux
13:28laisser la situation
13:30pour ne pas
13:32que ça tourne mal, pour vous,
13:34mais également parce que ça peut être exploité, l'affaire.
13:36Ça peut être exploité, bien sûr, mais ça dépend des situations aussi.
13:38S'il y a une victime au milieu,
13:40qu'est-ce qu'on fait ?
13:42Est-ce qu'on abandonne et on laisse cette personne
13:44se faire agresser, ou autre ?
13:46Notre devoir, c'est de venir en aide.
13:48Après,
13:50à nous de mettre en place les moyens
13:52pour y arriver de la meilleure manière.
13:54Et de ne pas tomber
13:56dans un sentiment aussi, parfois, peut-être de panique.
13:58Sinon,
14:00est-ce qu'on peut être formé, vraiment, pour ça ?
14:02Parce que,
14:04sur des situations critiques,
14:06on peut être formé, mais c'est difficile.
14:08C'est difficile.
14:10On a beau nous apprendre la théorie,
14:12comme je disais tout à l'heure,
14:14sur des situations comme cela,
14:16je pense qu'il n'y a que quand on y est confronté
14:18qu'on sait vraiment ce qu'on a au fond de nous,
14:20et ce qu'on vaut.
14:24Je pense qu'il y a un mélange
14:26qui doit se faire.
14:28Il ne faut pas paniquer.
14:30La peur peut apporter
14:32un stress positif.
14:34Il faut que ce soit
14:36ce stress positif qui prenne le dessus,
14:38plutôt qu'une peur panique qui nous bloque.
14:42Et puis il y a des gestes qui vont vite.
14:44On se souvient tous, évidemment,
14:46de ce qui s'est passé pour Naël Nanterre.
14:48Le policier
14:50qui tire...
14:52Alors, à quel moment...
14:54Là, il y a une enquête en cours.
14:56C'est vrai, bien sûr.
14:58Vous pouvez être chaque jour confronté à ça.
15:00Je prends l'exemple
15:02de Michel, dans mon livre,
15:04qui vient justement
15:06à tirer
15:08sur un homme qui est en train d'écraser
15:10un de ses collègues, littéralement en train de l'écraser.
15:12Et cet homme
15:14vient à décéder, et il y a
15:16Michel qui a ce très beau geste, justement,
15:18quand il apprend à l'hôpital,
15:20parce qu'il est choqué d'avoir tiré.
15:22Quand on fait usage de l'arme,
15:24c'est pas la fête.
15:26C'est quelque chose de violent, même,
15:28pour nous.
15:30Et donc, ce collègue, Michel,
15:32est parti s'excuser auprès
15:34du corps du défunt.
15:36Moi, j'ai trouvé ça magnifique, en fait.
15:38C'est révélateur de la personne,
15:40je pense.
15:420826-300-300,
15:44il y a des auditeurs
15:46qui appellent et qui veulent réagir, et même
15:48vous poser des questions directement, Arnaud Repars.
15:50C'est Guillaume qui est avec nous.
15:52Bonjour, Guillaume.
15:54Bonjour.
15:56Arnaud Repars qui est avec moi.
15:58Vous êtes, vous-même,
16:00pardon pour l'expression, mais flic ou pas ?
16:02Non, non, du tout.
16:04Mais vous avez une question à poser à un flic, quoi.
16:06Oui, oui, oui.
16:08Merci de m'accueillir à l'antenne.
16:10Moi, en fait,
16:12ce qui m'intéressait de savoir, c'est
16:14quel a été le cheminement d'Arnaud
16:16pour faire son livre ?
16:18Quelle a été sa méthode ?
16:20Est-ce qu'il a été un peu partout
16:22dans les coins de France pour rencontrer
16:24les collègues ?
16:26Et aussi, est-ce que c'est un livre
16:28qui est destiné uniquement
16:30à ses collègues,
16:32ou c'est vraiment un livre pour tout le monde ?
16:34C'est une excellente
16:36question, monsieur Jaguar.
16:38Je connais cet individu.
16:40Ah, vous connaissez la voix ?
16:42C'est un très grand rugbyman que j'ai côtoyé
16:44pendant mes grandes années.
16:46Bonjour, ça me fait plaisir de t'entendre.
16:48L'idée m'est venue
16:50simplement, comme on disait tout à l'heure,
16:52en feuilletant un petit peu Gueule du rugby.
16:54J'ai vu ces belles images et je me suis dit
16:56que ce sont des belles gueules
16:58et on a aussi des belles gueules dans la police.
17:00On a des belles gueules et on peut
17:02raconter de belles histoires, des histoires fortes.
17:04Parce que
17:06je pense que
17:08on a besoin,
17:10les collègues ont besoin de reconnaissance
17:12qui n'est pas forcément
17:14toujours là.
17:16Il faut bien s'y avouer.
17:18Et puis, je pense que
17:20pour l'ensemble de la population,
17:22savoir qui sont ces policiers,
17:24qui nous sommes, je trouve ça intéressant.
17:26Il y a
17:28certes des interventions qu'on peut voir souvent
17:30au niveau
17:32des médias, des émissions.
17:34C'est très bien.
17:36J'adore ces émissions.
17:38Mais là, on rentre un peu plus en profondé.
17:40On rentre vraiment dans le cœur même du policier.
17:42C'est la vérité en face. Laura, par exemple,
17:44qui est jeune commissaire de police,
17:46elle a 29 ans, il a ce que l'on dit de la police
17:48et ce qu'elle est vraiment.
17:50Et elle témoigne de ça.
17:52Bruno Bartocchetti est avec nous, secrétaire national
17:54délégué de la zone sud d'Unité.
17:56Bonjour !
17:58– Bonjour, merci de m'avoir invité.
18:00– Pour nous parler à la fois
18:02de l'actualité, bien sûr,
18:04cavaillons, trafic de drogue, etc.
18:06On en a parlé en début d'émission. Et puis, en même temps,
18:08du regard
18:10qu'on a de la police. Parce que là,
18:12ce sont des regards de flics et du regard
18:14que l'on a aussi sur la police.
18:16Ce que vous avez peut-être
18:18entendu Arnaud Repars.
18:20Il dit qu'il y a une grande solidarité entre nous.
18:22Notamment dans des situations
18:24difficiles. Vous témoignez
18:26de ça aussi ?
18:28– Complètement. J'adhère à tous les propos
18:30que je viens d'entendre d'Arnaud.
18:32Je salue au passage.
18:34C'est vraiment très juste.
18:36Et son livre, je l'insiste,
18:38est très intéressant.
18:40Je l'ai feuilleté, je ne l'ai pas encore lu en entier,
18:42mais il est très intéressant. Pourquoi ?
18:44Parce que ce qu'il faut retenir, aujourd'hui,
18:46dans notre travail au quotidien, c'est effectivement
18:48l'actualité, les réseaux de stupe,
18:50les refus d'obtempérer, etc.
18:52Notre quotidien,
18:54comme l'a souligné Arnaud, c'est aussi,
18:56et c'est avant tout, les victimes.
18:58Il y a les auteurs, mais on a des victimes.
19:00On travaille pour elles, dans un premier temps.
19:02C'est ce qu'on appelle le service public.
19:04Et quand on est dans ce travail-là,
19:06on doit être au-dessus de toutes les agressions.
19:08Parce qu'on est dans une insécurité,
19:10comme on le sait, physique, mais aussi juridique.
19:12C'est très difficile pour nous.
19:14On est jugé avant même d'avoir commencé notre travail,
19:16alors qu'on est, au quotidien, proche des victimes.
19:18Et je prends un autre exemple, si vous le permettez.
19:20Toujours dans ce travail du quotidien,
19:22et ce n'est pas pour amener le sujet à moi,
19:24mais avant d'être policier,
19:26je n'ai pas d'abord été toujours syndicaliste.
19:28On le sait qu'on ne passe pas un concours de syndicaliste.
19:30On est d'abord policier.
19:32Je l'ai été très longtemps sur le terrain,
19:34très très longtemps.
19:36Depuis la carrière de policier, j'ai été marin-pompier.
19:38Et quand on est pompier,
19:40on est sur des victimes,
19:42et on essaie de ramener la vie.
19:44Je dis ça, c'est important.
19:46Alors que nous,
19:48quand on est sur une intervention, sur un accident,
19:50on est dans le sombre,
19:52parce qu'on est face à des...
19:54Alors on sauve des vies, qui n'est pas de malentendu,
19:56et fort heureusement, et on ne le souligne pas assez,
19:58mais on se retrouve dans un constat d'accident,
20:00on est avec des morts,
20:02on doit assister des médecins sur des autopsies,
20:04annoncer à une famille,
20:06votre enfant s'est tué en voiture.
20:08Vous imaginez la charge émotionnelle
20:10pour un policier ?
20:12Tout ce regard que finalement,
20:14on ne comprend pas, qu'on ne voit pas,
20:16et c'est ce travail ingrat.
20:18Et comme l'a souligné Arnaud,
20:20on se fait une carapace,
20:22on doit aussi rassurer sa famille,
20:24et on arrive à affronter. Pourquoi ?
20:26Parce qu'il y a effectivement cette solidarité,
20:28cette entraide, qui n'est pas toujours facile.
20:30Mais il y a tout ce travail qui est fait,
20:32on a des psychologues, on a des assistants sociaux,
20:34chose qu'on n'avait pas par le passé.
20:36Par le passé, vous étiez dans des situations extrêmes,
20:38et le lendemain, vous vous retrouviez au travail
20:40à refaire la police secours.
20:42Vous savez, le regard de la société
20:44sur notre police,
20:46il y a trente ans,
20:48le policier, c'était un héros.
20:50Les films à la Belmondo...
20:52Aujourd'hui,
20:54quand on regarde un film, le policier,
20:56avec Daniel Auteuil, je vais prendre cet exemple-là,
20:58ou d'autres, il a incarné le policier
21:00abusé, fatigué, incompris.
21:02C'est-à-dire qu'on voit bien
21:04que se repose sur nos épaules
21:06le côté très très sombre.
21:08Je vous remercie infiniment,
21:10je vous remercie infiniment,
21:12de nous permettre d'éclairer
21:14les auditeurs sur le côté aussi,
21:16sur la lumière, dans le sens
21:18où je l'ai dit tout à l'heure, on sauve des vies,
21:20et quand une victime est satisfaite
21:22du travail de sa police, et du travail qu'on a fourni,
21:24c'est notre récompense,
21:26c'est notre médaille personnelle.
21:28– Allez, on continue d'en parler, et puis je vais vous provoquer
21:30un peu aussi, il y en a certains qui sont considérés
21:32comme des cow-boys, les policiers.
21:34Vous allez me dire ce que vous en pensez,
21:36Arnaud Ropars, et vous,
21:38Bruno Bartocchetti, également,
21:40et peut-être aux 0826 300 300
21:42La Vérité en face, on se dit tout,
21:44évidemment, ici.
21:46– 9h10, Sud Radio,
21:48La Vérité en face, Patrick Roger.
21:50– La Vérité en face,
21:52avec ce livre, Arnaud Ropars,
21:54Regards de flics, et une préface aussi
21:56qui est très intéressante,
21:58c'est un certain Olivier Marchal,
22:00évidemment.
22:02– Un homme un peu inconnu, je crois, c'est ça ?
22:04– Oui, lui-même ancien flic, bien sûr,
22:06qui est parti vers le cinéma.
22:08Alors tiens, à propos de cinéma,
22:10dans Les Misérables,
22:12on vous présente un peu comme
22:14l'image que vous avez
22:16auprès de certains, c'est-à-dire des cow-boys.
22:18Comment vous percevez, en fait, ça ?
22:20Quand on dit que les flics sont des cow-boys, quand ils viennent dans les quartiers.
22:22– C'est toujours pareil,
22:24cow-boys pour qui ?
22:26Quand on est en intervention,
22:28c'est sûr qu'on ne va pas
22:30faire des sourires à tout va,
22:32donc si c'est ça, être un cow-boy,
22:34ouais, ça me va.
22:36Maintenant,
22:38on doit exercer un travail
22:40qui nécessite une autorité.
22:42Donc, le problème,
22:44c'est que quand vous êtes sur la route…
22:46– Il peut y avoir parfois des dérives, en fait, de certains.
22:48Il y a eu des collègues.
22:50Aujourd'hui, vous êtes encadré et surveillé.
22:52On sait qu'il y a des téléphones
22:54portables de partout,
22:56des caméras
22:58de partout. – D'ailleurs, ça change
23:00un peu votre façon de travailler, ça,
23:02de savoir que vous pouvez être surveillé.
23:04Vous y pensez quand vous êtes en intervention ?
23:06– Non, quand je suis en intervention, je pense à mon intervention
23:08et pas à ce qu'il y a autour.
23:10Est-ce qu'on y pense ?
23:12Non, pas spécialement, parce que
23:14quand on n'a
23:16pas grand-chose à se reprocher,
23:18on ne va pas se dire, il y a une caméra là…
23:20On fait ce qu'on a à faire.
23:22– Je sais que vous n'avez pas vu Les Misérables.
23:24– Non, je n'ai pas vu. – Pourquoi ? Parce que vous aviez
23:26peur d'être caricaturé ?
23:28– Oui, c'est un peu ça.
23:30Il y a certains films
23:32où quand on sait que c'est de la caricature,
23:34un peu facile, un peu…
23:36– Bachnor, vous l'avez vu ? – Bachnor, je l'ai vu.
23:38J'ai trouvé que c'était super intéressant,
23:40un bon film.
23:42Je trouvais que c'était un bon docu-fiction.
23:44Je trouvais que c'était un bon docu-fiction
23:46basé, certes, sur des faits réels,
23:48mais…
23:50– Oui, il y a eu du trafic, et puis on voit
23:52les interventions compliquées.
23:54Des interventions, comme il y en a tout le temps,
23:56bien sûr.
23:58Cette nuit,
24:00en début de semaine, le commissariat
24:02de Cavaillon, par exemple, a été attaqué
24:04véritablement.
24:06Bruno Bartocchetti,
24:08secrétaire national délégué de la zone sud d'Unité,
24:10on vit aussi avec cette angoisse
24:12quand on est flic d'être attaqué,
24:14que ce soit sur le terrain ou même parfois dans les commissariats ?
24:16– Aujourd'hui,
24:18on sait très bien qu'à tout moment, tout peut arriver.
24:20Je relève justement
24:22ce qui s'est passé à Cavaillon avec mes trois collègues
24:24qui sont choqués, vous imaginez un petit peu.
24:26Quatre voitures qui brûlent immédiatement
24:28devant la façade du commissariat,
24:30ils ne savent pas s'ils vont en sortir vivants.
24:32Ce sont lourdes conséquences,
24:34et ils reprendront le travail avec courage,
24:36professionnalisme,
24:38et pour rebondir sur
24:40ce qui a été dit, si d'avoir une arme à la ceinture
24:42et de faire un contrôle, on est dans la provocation
24:44et on devient un cow-boy,
24:46c'est dans l'esprit d'une minorité de personnes.
24:48Et j'ai envie d'être un peu provocateur,
24:50moi aussi, c'est pourquoi.
24:52Parce que malheureusement,
24:54on a donné beaucoup d'importance
24:56aux rares dérives où on intervient
24:58en France toutes les 10 secondes.
25:00Vous comprenez ? Et ça se passe toujours bien.
25:02Et pour rebondir sur les caméras,
25:04avant qu'il n'y ait pas de caméras,
25:06on avait les enregistrements, quand vous téléphoniez
25:08aux 17 polices secours, ça fait 50 ans qu'on est enregistrés.
25:10Dans 95% des cas,
25:12on nous a protégés parce qu'il y avait
25:14des courriers de contestation qui étaient
25:16excessifs, déformés, abusés.
25:18Et bien nous, la caméra, d'une manière générale,
25:20elle nous protège.
25:22Et le policier, effectivement,
25:24comme l'a dit Arnaud, lorsqu'il intervient,
25:26il ne pense pas s'il est filmé ou pas,
25:28parce qu'on est filmé partout. On le sait,
25:30on n'a même pas besoin de... C'est partout,
25:32on est filmé, donc on intervient. Il y a des cas isolés
25:34de dérive, mais on recrute
25:36dans notre société. La police
25:38ne vient pas de Mars, donc c'est notre société
25:40qui est malade, ce n'est pas la police.
25:42Vous comprenez ?
25:44Et si pour revenir à...
25:46Et pour revenir
25:48à Cavaillon, oui, vous avez en France
25:5015 000 policiers blessés en service.
25:52Et peut-être autant chez les gendarmes.
25:54Ce n'est pas rien quand même.
25:56150 000 flics, comment rendre hommage justement
25:58à ces 150 000, 149 000
26:00précisément, qui composent notre police nationale
26:02ou municipale ? C'est ce livre.
26:04Regards de flics, Arnaud Repars,
26:06aux éditions Hugo Images. Merci d'être venu
26:08témoigner ce matin sur Sud Radio.
26:10Dans un instant, Gilles Gansman, Valérie Expert,
26:12va peut-être changer de calibre.

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