• il y a 2 mois
Mardi 8 octobre 2024, SMART TECH reçoit Pierre-Antoine Failly-Crawford (Responsable de l’équipe de réponse à incident, Varonis) , Anwar Dahab (directeur général France, DELL) et Nicolas Rongeard (Consultant crypto et blockchain, KPMG)

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00:00Bonjour à tous, ce sont les 40 ans cette année d'un constructeur pas comme les autres, à la une de Smartech.
00:14Je reçois aujourd'hui Anne Ouarda, le directeur général France de Dell. Ce sera donc sa grande interview.
00:20On aura aussi également dans cette édition un rendez-vous avec l'actualité des cryptos.
00:24Mais d'abord, je vous propose trois questions sur NIS2.
00:27Comment éviter les sanctions ? C'est tout de suite dans Smartech.
00:36Alors voilà, l'échéance approche et il va falloir prendre les bonnes mesures pour être conforme à cette nouvelle législation sur la cybersécurité.
00:44Bonjour Pierre-Antoine Fahy-Croford.
00:45Bonjour Delphine.
00:46Vous êtes responsable de l'équipe réponse à un silence chez Varonis, entreprise de la cybersécurité.
00:52Je fais un rapide rappel de cette directive NIS2 sur la sécurité des réseaux et des systèmes d'information.
00:58C'est une législation qui vise à renforcer le niveau de cybersécurité en Europe des entreprises,
01:03mais aussi de toutes les organisations administratives de l'ensemble des pays du membre de l'Union Européenne.
01:09Le texte, on peut l'appliquer depuis déjà quelque temps, mais la France doit vraiment modifier sa loi pour véritablement l'intégrer.
01:19Et ça, ça doit se faire normalement d'ici au 17 octobre 2024. On est donc à quelques jours.
01:24Déjà, peut-être rappeler quelles sont les obligations qu'on trouve derrière NIS2.
01:28Alors c'est un texte qui est excessivement grand, déjà, qui rassemble beaucoup de choses.
01:33Les principales importantes sont vraiment la gouvernance des risques de la cybersécurité dans les systèmes d'information,
01:39pour être sûr de garantir un niveau de résilience pour chaque société dans les États membres, dont la France particulièrement.
01:45Mais il y a aussi une volonté principale avec NIS2 de vouloir être certain de bien gérer,
01:50identifier les incidents de sécurité, déjà, et les remonter correctement avec un bon processus aux différents régulateurs.
01:56Donc l'ANSI, par exemple, ici. Et c'est principalement les plus gros enjeux de NIS2 actuellement.
02:02Et pourquoi c'est un gros enjeu ? Parce qu'aujourd'hui, quelques grandes organisations étaient déjà préparées à répondre à ces demandes législatives.
02:11Mais là, c'est l'élargissement du nombre d'organisations concernées.
02:15Exact. On s'est rendu compte, en fait, que même avec NIS1, il y avait tout de même un accroissement des attaques,
02:20surtout sur les collectivités, par exemple le service public, mais aussi toutes les TPE et moyennes entreprises.
02:25Et donc on s'est rendu compte que, potentiellement, ce n'était pas assez effectif.
02:29Et donc ils ont élargi le nombre de sociétés. Ils ont renommé, d'ailleurs, on ne parle plus d'opérateurs, mais plutôt d'entités maintenant.
02:34Donc ils ont un peu unifié cette manière de dénommer les entités.
02:39Et effectivement, élargir le scope pour être certain que tout le monde soit responsable et essaye d'implémenter une sécurité dans leur système d'information,
02:46ce qui n'est pas toujours le cas quand on doit faire la différenciation entre l'opérationnel et la sécurité.
02:51Et donc, comme le 17 octobre, c'est bientôt, est-ce que tout le monde est prêt ?
02:55Absolument pas. Pour être tout à fait transparent, toutes les sociétés ont déjà un minimum de maturité sécurité.
03:00Donc toutes ces sociétés-là auront une facilité, on va dire, de pouvoir implémenter un ISTE2 dans leur système d'information.
03:08En revanche, on constate beaucoup trop aujourd'hui de non-volonté d'investir sur des outils de sécurité
03:15parce qu'on privilégie l'aspect retour sur l'investissement opérationnel dans un premier temps.
03:19Ce qu'il faut voir, c'est que là où le bas blesse particulièrement, et on le voit d'ailleurs aujourd'hui dans toutes les nouvelles attaques qui arrivent,
03:28c'est que les sites d'information ne sont plus simplement un site d'information qu'on contrôle dans nos locaux, etc.
03:34C'est vraiment plusieurs parties prenantes, des sous-traitants, des prestataires, des fournisseurs de cloud, par exemple,
03:40d'applicatifs ou carrément d'infrastructures et de services.
03:42Donc en fait, les sites d'information ont vraiment évolué énormément et sont complexes aujourd'hui.
03:47Et donc, essayer d'appliquer une gouvernance de la sécurité des risques dans tous ces entrepôts, c'est ultra, ultra compliqué.
03:53Et c'est là où Nice 2 est intéressante, puisqu'elles ont également impliqué les prestataires de cloud,
04:00les fournisseurs de cloud et les services numériques dans ces directives pour les forcer à se mettre en conformité à la sécurité.
04:08Parce qu'on sait qu'aujourd'hui, une attaque sur un prestataire de cloud ou un prestataire de services,
04:12potentiellement, ouvre la porte à un grand nombre de clients et c'est important.
04:16Alors la responsabilité personnelle des dirigeants peut être engagée en cas de manquement aux obligations.
04:23Ça fait quand même réfléchir. Est-ce que les patrons, les dirigeants ont pris la mesure de ce qui se passait ?
04:30Ce qui est super intéressant, effectivement, c'est que chaque société qui doit implémenter Nice 2
04:36a l'obligation de reporter à l'ANSI un responsable de la sécurité,
04:40donc un garant de l'implémentation de cette directive dans le système d'information.
04:45Et si il y a un manquement, c'est cette personne-là qui est effectivement responsable.
04:49Du coup, ils sont obligés. Et dans cette obligation, ce qui n'était pas le cas avec le RGPD, par exemple,
04:54dans cette implémentation-là, ils ne peuvent pas se dire « ah non, je ne savais pas ».
04:58Aujourd'hui, c'est tellement vaste, on pourra repartir sur peut-être l'implémentation,
05:02mais c'est tellement vaste qu'un RSSI ou autre similaire a l'obligation d'être certain de pouvoir garantir la sécurité dans le système d'information,
05:12de garantir la sécurité de ces données, et c'est explicitement mentionné d'ailleurs.
05:16Il faut une sécurité stricte sur l'accès aux données, surtout sensible.
05:20Ensuite, toute la partie cryptographie, vraiment être certain qu'on est en état de l'art avec toute la crypto,
05:25tous les protocoles qui existent aujourd'hui, et finalement aussi avoir des plans de continuité d'activité,
05:31à savoir se mettre dans le pire des scénarios possibles.
05:33Il se passe un problème, qu'est-ce qu'on fait concrètement aujourd'hui ? Est-ce que vous avez une élaboration ?
05:37Comment on évite le coup de bâton, la sanction ?
05:42Je ne sais pas si au 17 octobre, véritablement, on va adapter le droit français pour appliquer cette directive,
05:49parce que les échéances politiques ont été un peu chahutées.
05:52J'imagine qu'on aura un délai aussi pour s'y préparer, mais qu'est-ce qu'on doit mettre en place selon vous en priorité ?
06:03Chez les sociétés, c'est un outillage.
06:05Il faut être en capacité, au moins sur la partie protection des données, qui est un point vraiment majeur dans le NIS2,
06:11d'être en capacité d'identifier les risques, quel que soit l'endroit où se situe la donnée,
06:15d'identifier où est ma donnée sensible, critique à ma société, extrapoler les risques associés à cette donnée.
06:20Est-ce qu'il y a un problème potentiellement avec ces données ? Remédier ça automatiquement,
06:24et ensuite avoir, et ça c'est un point vraiment prépondérant dans le NIS2,
06:28d'avoir la capacité d'identifier toute l'activité qui arrive sur cette donnée,
06:32et surtout d'identifier une action anormale ou malveillante sur ces données,
06:37donc détecter des incidents de sécurité.
06:39Je vous ai demandé juste une première chose à faire, ça fait déjà beaucoup.
06:42Merci.
06:44Merci Pierre-Antoine Fahy-Crofort.
06:46Je rappelle que vous êtes le responsable de l'équipe Réponses à incidents chez Varonis.
06:50Merci beaucoup.
06:51Merci Delphine.
06:59Anniversaire pour Delphine, 40 ans déjà d'existence pour ce constructeur,
07:03qui n'est pas un constructeur comme les autres dans le domaine de l'informatique.
07:06Anouar Dahab, qui est le directeur général France de Delphine, est mon grand invité aujourd'hui.
07:11Bonjour, bienvenue.
07:12Bonjour, merci de me recevoir.
07:14On va être un peu dans l'histoire, mais alors vous êtes vous-même un historique de la maison.
07:18Vous êtes rentré en 1999.
07:20Oui, exactement.
07:21Comme directeur Internet.
07:23Oui.
07:24Waouh !
07:25C'est de la préhistoire vu où on en est aujourd'hui avec l'Internet.
07:28Oui, effectivement.
07:29Je suis arrivé chez Delphine il y a 25 ans.
07:32Et comme vous le disiez, Delphine a fêté en 2024 ses 40 ans.
07:36Et d'ailleurs, dans le paysage informatique, l'une des rares multinationales à être encore dirigée par son fondateur.
07:43Michael Delphine, que j'ai même croisé d'ailleurs l'année dernière sur le Mobile World Congress,
07:46il est toujours au charbon.
07:49Il est là.
07:50Il dirige l'entreprise.
07:52Il dirige de manière très pratique et opérationnelle et au quotidien l'entreprise.
07:55Il est en contact avec les clients.
07:57Il est en contact avec les équipes de recherche et développement et ses équipes partout dans le monde.
08:01Michael Delphine, qui a commencé à l'inverse de pas mal d'autres qui ont commencé dans leur garage en Californie.
08:06Lui, c'était il y a 40 ans dans sa chambre d'étudiant en médecine à l'université d'Austin au Texas.
08:12Et il a commencé en vendant des ordinateurs personnalisés configurés à la demande pour ses clients.
08:20Et une des particularités, je me souviens de Delphine, c'était le choix sur la logistique.
08:25Absolument, ça fait partie des grandes différences de Delphine dans l'industrie.
08:30La logistique, la puissance de la chaîne d'approvisionnement et la pandémie qui maintenant très loin a été une occasion de montrer cette force justement de la chaîne d'approvisionnement puisqu'on a bien pu servir nos clients.
08:41Mais racontez-nous comment ce modèle s'est monté et comment il a résisté justement à travers le temps.
08:47Est-ce qu'il a évolué d'ailleurs ? Est-ce qu'il a changé ?
08:49Il a changé forcément, mais il y a quelques principes fondateurs et quelques éléments sur lesquels on a investi.
08:55Après, je vais vous dire ce qui va sembler être des platitudes.
08:58Tout commence par le client et finit chez le client.
09:00Donc déjà, d'être à l'écoute du client, c'est quelque chose de fondamental.
09:05Aussi, une façon d'être curieux par rapport justement aux demandes de clients.
09:11Maintenant, dans les fondamentaux sur lesquels on a investi en permanence, je dirais qu'il y a quatre piliers.
09:18Il y a, vous le disiez, la chaîne d'approvisionnement qui est essentielle et qui est un différenciateur pour Dell.
09:23La qualité des produits et des solutions qui sont fournis.
09:26La qualité du service rendu, donc les équipes de service sur le terrain.
09:29Et la qualité des équipes de vente au contact avec les clients.
09:34Donc c'est vraiment les quatre éléments sur lesquels on a investi.
09:36Je pense que tous vos concurrents diront la même chose.
09:38Mais plus précisément, qu'est-ce qui fait de Dell un peu un ovni quand même dans ce monde informatique ?
09:46Je vous le disais, j'entends bien qu'on puisse dire la même chose.
09:51Mais il y a des éléments factuels sur la chaîne d'approvisionnement par exemple.
09:54Aujourd'hui, Dell est le plus grand acheteur de composants électroniques.
09:57Puisque là où d'autres se sont séparés en plusieurs entités, on a fait le choix assez tôt d'être le fournisseur d'infrastructures informatiques de bout en bout des entreprises.
10:06Et ça, c'est une spécificité.
10:08Avec en plus de l'ordinateur jusqu'au serveur d'entreprise, tout est dans la même entité aujourd'hui.
10:14Exactement. D'ailleurs, si on regarde le chiffre d'affaires sur les quatre derniers trimestres qui étaient de 92 milliards de dollars,
10:21la moitié du chiffre d'affaires, ou si on regarde les résultats du dernier trimestre fiscal qu'on a annoncé fin juillet,
10:27la moitié du chiffre d'affaires, c'est du poste de travail, donc l'ordinateur personnel avec ses logiciels, le matériel, les périphériques, etc.
10:35Et l'autre moitié, c'est l'infrastructure informatique pour les centres de données qui va se décliner en puissance de calcul,
10:43donc les serveurs, et en matériel et logiciels de stockage et de sécurisation de données.
10:48Donc effectivement, le seul acteur, là pour le coup c'est une spécificité, le seul acteur qui concentre toute l'infrastructure informatique de bout en bout pour les entreprises.
10:57Il y a eu quand même un petit creux, un petit coup de mou presque pour Dell.
11:03Michael Dell est sorti à un moment de l'entreprise.
11:06C'est de l'histoire ancienne. Il faut avoir passé autant de temps que moi dans l'entreprise pour s'en souvenir.
11:11Effectivement, c'était entre 2007 et 2010, si mes souvenirs sont exacts.
11:20Mais en fait, c'est plus de l'externe qu'autre chose parce qu'opérationnellement, il n'a jamais vraiment quitté l'entreprise.
11:26Oui, mais pourtant, c'est une période qui a été un peu compliquée pour l'entreprise, pour la société.
11:31Et Michael Dell a dû revenir sur le devant de la scène, se remettre plus précisément aux affaires.
11:37Comme je vous le disais, il n'a jamais vraiment quitté.
11:41Alors, il était plus ou moins impliqué, mais en tout cas, aujourd'hui, il est plus impliqué que jamais.
11:45Qu'est-ce que ça a changé, le retour de Michael Dell vraiment aux commandes ?
11:49Est-ce qu'il s'est passé des choses, des décisions qui ont été prises ?
11:52Ce qui a changé, ce n'est pas tant son retour aux commandes, c'est les décisions qu'il a prises, effectivement.
11:57Et d'ailleurs, il en parle très bien dans un ouvrage que je recommande qui s'appelle « Play nice but win ».
12:03Et notamment le fait, à un moment, d'avoir voulu sortir Dell de la cote en 2013,
12:08d'en faire une entreprise privée pour opérer la transformation de l'entreprise.
12:12Et forcément, quand on n'est pas sous les projecteurs des marchés, on a l'opportunité d'investir à long terme,
12:18de faire des choses qu'on ne peut pas nécessairement faire quand on doit délivrer des résultats au trimestre.
12:23Et cette période de restructuration qui a duré cinq ans, il y a aussi l'acquisition la plus grosse de l'industrie informatique
12:30ou le rapprochement avec EMC, puisque les deux ont fait une seule entreprise.
12:34Donc c'est plutôt les décisions qu'il a prises et la manière dont l'entreprise s'est adaptée aux changements à l'environnement
12:41qui ont fait qu'on en est là aujourd'hui et qu'on est le seul à faire de l'informatique de bout en bout sur la partie infrastructure
12:48et le leader mondial de loin sur l'infrastructure pour les centres de données, donc les serveurs et le stockage.
12:55Et alors là, les résultats sont bons. La croissance, vous dites, est portée notamment par l'intelligence artificielle.
13:02Que représente l'IA comme relais de croissance aujourd'hui ?
13:08Aujourd'hui, si on regarde les résultats du dernier trimestre, quasiment toute la croissance est venue de l'IA.
13:14On va rentrer dans les détails puisque sur les 25 milliards de dollars, la moitié, c'était le poste de travail, l'ordinateur personnel, etc.
13:22qui était en léger déclin d'une année sur l'autre, avec les ordinateurs pour les entreprises qui sont le cœur de métier
13:29qui, eux, ont eu le même chiffre d'affaires d'une année sur l'autre. La partie infrastructure pour les centres de données,
13:33donc serveurs et stockage, a eu une croissance de 38%. Et la puissance de calcul, donc les serveurs, une croissance de 80%.
13:41Et ça, c'est exclusivement l'IA.
13:44Et vous pensez que ça va continuer ?
13:46Oui, je pense qu'on n'en est qu'au début de l'IA.
13:49Au même rythme ? Ou ça va s'accélérer même ?
13:52Je pense que ça va s'accélérer.
13:54En fait, il y a eu une progression dans les besoins d'infrastructures pour l'IA, sur lesquels on pourra revenir si vous le souhaitez.
14:00Quand vous regardez les résultats qu'on a annoncés, là c'est du très concret, on a annoncé un chiffre d'affaires sur les 25 milliards
14:07de 3 milliards de dollars qui étaient des serveurs pour l'IA.
14:10Et on a annoncé qu'on avait un backlog, donc un carnet de commandes de 3,8 milliards de dollars.
14:16Et on a aussi annoncé qu'on avait un pipeline, donc visibilité sur des commandes à venir qui était à plusieurs multiples de ce qu'on avait vendu.
14:24Donc effectivement, ça va continuer, sans doute s'accélérer.
14:29Après, on peut revenir sur le type de client qu'on a là-dessus puisqu'il y a une évolution.
14:33C'était ma question.
14:34Très bien.
14:36Donc sur le type de client.
14:38Oui.
14:39Alors on a vu une évolution, j'irais dire qu'il y a eu deux étapes.
14:43D'abord, il y a eu un certain emballement, on va dire, et des projections un peu fantaisistes, mais comme toujours quand on a des nouvelles technologies.
14:52Mais l'IA est une vraie révolution de mon point de vue, c'est de l'ordre du structurel.
14:57Et ce qu'on a vu, c'est dans un premier temps, plutôt des acteurs spécialisés.
15:02Alors les grands modèles de langage, on parle de chat GPT évidemment, OpenAI, de Lama, de Meta.
15:08On parle de Grok, de XAI, c'est l'entreprise d'Elon Musk.
15:11Pour revenir en France, on parle de Mistral.
15:14Donc ces acteurs spécialisés et puis toutes les startups qu'il y a autour, parce que ça c'est les grands modèles connus, mais il y a énormément de startups.
15:22Ça a été les premiers consommateurs d'infrastructures.
15:25Et d'ailleurs, dans les entreprises que j'ai citées, je ne vous dirai pas lesquelles, il y a un certain nombre de clients de Dell Technologies, dont l'infrastructure est basée sur Dell.
15:32Donc ça, c'était la première vague.
15:34Ensuite, il y a une deuxième vague qui est l'IA en entreprise, ce que j'appellerais l'IA privée.
15:39Et là, il y a eu une période d'expérimentation un peu brouillonne, où les entreprises se cherchaient un peu quels sont les cas d'usage, comment j'ai un retour sur l'investissement.
15:48Pour l'instant, visiblement, on n'a pas vu le retour sur l'investissement.
15:52Il n'est pas évident.
15:53Alors j'ai vu une étude récemment qui disait qu'il y avait 10% des entreprises qui avaient un réel retour sur l'investissement de l'IA.
15:59Et c'était vu en négatif.
16:01Moi, je l'ai vu plutôt en positif en me disant, c'est déjà 10%.
16:06C'est-à-dire que pour une technologie qui est aussi jeune finalement, d'avoir 10% des entreprises qui ont un retour sur l'investissement mesurable est une bonne chose.
16:15Mais ça va arriver.
16:16Ça va arriver parce qu'il y a des cas d'usage qui sont déjà évidents.
16:22Quand on regarde l'IA générative, je prends trois ensembles de cas d'usage.
16:26Et là, c'est toutes les entreprises qui sont concernées.
16:28Le premier, c'est la création de contenu.
16:31Que ce soit du marketing, des documents juridiques, des documents financiers, des notices d'utilisation, des fiches produits.
16:37Créer ça avec de l'IA, on gagne énormément de temps.
16:40Donc ça, c'est un cas d'usage évident.
16:41Le deuxième, c'est tout ce qui est vente et après-vente, services aux clients.
16:46Des robots conversationnels, par exemple.
16:48Et le troisième cas d'usage est sans doute le plus répandu.
16:50Et le premier, c'est le code informatique.
16:52Donc là, c'est des économies tangibles réelles chez les entreprises.
16:56Et là où je vous dis, c'est ce qui va...
16:58– Ça demande quand même à se réorganiser, donc qui représente aussi un coût.
17:01– Bien sûr, ça représente un coût.
17:03Et c'est sans doute là qu'on est parti un peu trop vite.
17:07Sans réfléchir à une manière structurée d'aborder les projets d'intelligence artificielle d'entreprise.
17:12Sans réfléchir à ce qui est notre cœur de métier chez Dell, qui est l'organisation de la donnée.
17:16Parce que si je prends un Mistral, par exemple, pour rester en France.
17:20Mistral, du moins j'espère, n'a pas été formé sur les centaines de milliers de contrats que j'ai émis.
17:27N'a pas été formé sur les données financières de mes clients.
17:30N'a pas été formé sur les centaines de milliers de conversations de services à prévente que j'ai eu avec mes clients.
17:35Donc il faut prendre un modèle du domaine public.
17:38L'alimenter, l'enrichir, lui donner du contexte sur mes données en entreprise.
17:44De manière à pouvoir rendre un service à mes clients.
17:47Ou à délivrer plus rapidement et mieux et plus vite les tâches que je fais en entreprise.
17:52Et ça, toute cette partie-là, justement, de nourrir finalement les algorithmes avec les bonnes informations.
17:57Ça, ça demande du temps, ça demande de l'investissement, ça demande des compétences.
18:00Exactement, et c'est ce qui a été sous-estimé.
18:03C'est d'abord pour faire ça et aussi emporter toute l'entreprise avec soi.
18:10Parce qu'on ne peut pas changer, c'est en ce sens que c'est structurel.
18:13On ne peut pas changer qu'une partie, il faut que toute l'entreprise suive.
18:16Et effectivement, ça demande des compétences, ça demande une approche structurée.
18:19On se pose la question des cas d'usage, on se pose la question de l'organisation des données.
18:23C'est très important, de la sécurité, des conditions d'accès aux données, de les rendre digestes par l'IA.
18:29La gestion de projet, etc.
18:32Donc c'est effectivement ça où il y a eu une maturité qui s'est améliorée au fil des deux dernières années.
18:39Puisqu'on a tous découvert l'IA générative il y a presque exactement deux ans avec ChadGPT.
18:44C'était en novembre 2022, ça semble loin, mais en fait, c'était il y a deux ans.
18:48Et donc la professionnalisation qu'il y a eu, la rationalisation qu'il y a eu au cours des deux dernières années,
18:55c'est effectivement de comprendre toutes les implications d'un projet dit en entreprise,
19:00au-delà de l'effet waouh ou de bluffant des premières applications qu'on peut voir.
19:06Et je disais que vous êtes un historique de Dell, vous avez fait pratiquement toute votre carrière chez Dell.
19:11Mais juste avant, vous étiez chez FranceNet.
19:15Oui, c'était bien longtemps.
19:18Vous avez vraiment vécu l'arrivée d'Internet dans les foyers, très concrètement, puis dans les entreprises.
19:26Est-ce que vous feriez un parallèle entre cette révolution du numérique qui est arrivée par le web et aujourd'hui l'intelligence artificielle ?
19:34Oui, j'en fais un, et c'est d'ailleurs l'arrivée d'Internet et la seule révolution technologique que je rapproche de ce qu'on voit avec l'IA.
19:42Puisqu'on est dans une industrie qui est prompte à s'enflammer pour des concepts plus ou moins novateurs.
19:48Et dans l'ordre, on a eu le cloud computing, le big data, l'Internet des objets, le blockchain, le metaverse, et je peux en citer un certain nombre.
19:56Mais vraiment, avec l'IA générative, je pense qu'on est dans quelque chose qu'on peut rapprocher de ce qu'on a vécu avec l'Internet,
20:02avec des similitudes et des différences.
20:05C'est pareil par l'emballement qu'il y a autour, mais ça c'est une constante.
20:10Le nombre de startups qui se créent, la disponibilité du financement, on voit quand même des montants fous qui sont investis.
20:18Peut-être la bulle, comme on a connu la bulle Internet, plusieurs bulles Internet d'ailleurs.
20:22Voilà, je n'allais pas jusque là, mais forcément il y aura une clarification, pour le dire différemment, des différents acteurs de l'IA.
20:30Donc ça c'est des similitudes.
20:32Il y a des différences. Internet, c'était un changement fondamental du fonctionnement de l'économie.
20:40Avec une désintermédiation, la disparition d'un certain nombre d'acteurs, ça a tout réorganisé.
20:44L'IA, c'est plutôt un booster incroyable de productivité, dans le sens où on fait mieux et plus vite des tâches qu'on réalise déjà.
20:51Je parle d'IA générative ici.
20:53Et d'ailleurs, les acteurs de l'IA, à l'inverse de géants du numérique qui sont nés avec Internet,
20:58les grands acteurs de l'IA sont en général aujourd'hui des acteurs du numérique établi.
21:03Alors il y a des exceptions comme Mistral.
21:05Parce qu'ils possèdent énormément de données et de capacités de calcul.
21:09Exactement.
21:10Et de financement.
21:12Je crois que vous avez tout résumé.
21:14C'est effectivement les données, la capacité de calcul et le financement.
21:18Et pour en revenir à où une entreprise comme Dell intervient là-dedans,
21:24les données, il faut les stocker, les organiser, etc.
21:27Dell, c'est le leader mondial pour faire ça.
21:30La capacité de calcul, les serveurs, on fournit ça.
21:32Mais effectivement, pour établir le parallèle, dans toutes les évolutions, les innovations qu'il y a eu,
21:38je pense qu'en termes d'amplitude, d'impact à terme,
21:42ce qu'on voit avec l'IA générative se rapproche de ce qu'on a eu avec l'Internet,
21:46plus que toute autre évolution technologique qu'il y a eu entre Internet.
21:52Les débuts d'Internet, vous aviez la gentillesse de rappeler que j'ai commencé avec l'Internet en France.
21:56C'est-à-dire que c'était en 1993.
21:58Donc, même si on se souvient de l'éclatement de la bulle en 2000,
22:03mais en fait, les grandes années d'Internet, c'était entre 1995 et 2000.
22:06Mais d'ailleurs, on se posait la question.
22:08Quels vont être véritablement les cas d'usage ?
22:10À quoi va servir le haut débit dans les foyers au départ, quand il est arrivé ?
22:13On s'est dit, tiens, ils ont le haut débit, mais qu'est-ce qu'ils vont en faire ?
22:15Ce e-commerce, comment il va se développer ?
22:17On était, comme avec l'IA, en train de s'interroger sur l'ampleur qu'allait représenter cette révolution
22:23et les vrais cas d'usage qui allaient être adoptés.
22:26Avec l'IA, tout va beaucoup plus vite.
22:29C'est-à-dire qu'on est encore dans cette phase d'interrogation.
22:31Il y a des évolutions de l'IA générative.
22:34On parle d'agents qui vont combiner plusieurs modèles, qui vont combiner des bases de données.
22:38Parce que l'IA, vous savez la manière dont ça fonctionne.
22:40C'est plus, pour le dire très simplement, un calcul de probabilité ultra-intelligent.
22:44Mais si vous couplez ça à une base de données, à des données de contexte,
22:48ou en combinant plusieurs IAs, on peut arriver à des usages extrêmement intéressants.
22:54Mais ça va beaucoup plus vite.
22:56Vous faisiez le parallèle.
22:58Je crois que ça a pris 20 ans en France pour que la moitié des foyers internet.
23:01Et vous pensez que sur l'IA générative ?
23:03Sur l'IA générative, je crois que ça a pris 2 ans pour que la moitié des gens utilisent l'IA.
23:07Donc c'est juste pour donner un ordre de grandeur.
23:09Donc il faudrait qu'on va trouver des vrais cas d'usage.
23:10Pour l'instant, c'est assez ludique.
23:12Vous pensez qu'on va trouver des vrais cas d'usage rapidement ?
23:14Je pense qu'en entreprise, il y en a.
23:17Et je disais 10% qui ont un ROI réel.
23:20Si vous reprenez les 3 ensembles que j'évoquais,
23:26la génération de contenu, l'aide à la vente, les robots conversationnels par exemple,
23:31ou le code informatique.
23:33Là, c'est des cas d'usage réel aujourd'hui, avec des économies substantielles chez les entreprises.
23:38Merci beaucoup, Anouar Dab, d'avoir été mon invité.
23:41Je rappelle que vous êtes le directeur général de Dell France.
23:44Merci.
23:45Merci à vous.
23:47On termine cette édition avec Nicolas Ronjard.
23:54Bonjour.
23:55Bonjour Delphine.
23:56Vous êtes consultant crypto et blockchain chez KPMG.
23:58On va parler de cette actu des cryptos ensemble,
24:01en commençant par Visa, qui lance sa plateforme de tokenisation d'actifs.
24:05Exactement.
24:06Ça fait beaucoup de mois qu'on entend parler de Visa dans le domaine des cryptos actifs.
24:09Ils ont d'ailleurs publié un rapport le mois dernier sur les stable coins et sur la dynamique actuelle.
24:14Finalement, cette annonce s'inscrit dans la dynamique qui est celle de la tokenisation d'actifs.
24:20En effet, Visa a lancé sa propre plateforme de tokenisation d'actifs
24:24à destination des institutions financières, principalement les banques.
24:28L'objectif, c'est simplement de leur permettre d'émettre, de distribuer
24:32et puis d'utiliser potentiellement comme actif de règlement des actifs tokenisés,
24:37qui très rapidement, pour rappel, sont tout simplement la représentation d'actifs financiers traditionnels
24:42sur une infrastructure blockchain.
24:44On peut penser aux actions, aux obligations, aux métaux précieux, etc.
24:48En termes de cas d'usage, on peut naturellement penser en premier aux stable coins,
24:52qui sont la forme la plus démocratisée aujourd'hui distribuée à échelle d'actifs tokenisés.
24:57Mais ce qu'on voit en parallèle ces derniers mois, et c'est assez intéressant,
25:00c'est la montée en puissance d'une autre catégorie d'actifs tokenisés,
25:03qui est celle du fonds monétaire tokenisé.
25:05Et l'exemple le plus saillant pour illustrer ce qu'on voit...
25:08Qu'est-ce que c'est le fonds monétaire tokenisé ?
25:10L'exemple le plus saillant, c'est celui de BlackRock,
25:13qui en mars dernier a lancé son propre fonds monétaire tokenisé.
25:16C'est tout simplement la représentation d'un fonds monétaire traditionnel,
25:19qui investit dans des obligations à très court terme,
25:22comme des bons du trésor, de la dette d'entreprise,
25:25et dont l'objectif, finalement, c'est de proposer le plus proche possible
25:28les taux d'intérêt des banques centrales.
25:30Aujourd'hui, par exemple, sur les bons du trésor américains, on est autour du 5%.
25:34L'objectif de ces fonds monétaires tokenisés,
25:36c'est de représenter des parts sur une infrastructure blockchain.
25:39Donc on a à la fois la proposition de valeur des stable coins,
25:42où chaque part émise est équivalente à un dollar,
25:44donc on a l'aspect stabilité de la devise,
25:47et aussi on a l'aspect rendement,
25:49parce qu'on a en fait un actif porteur de rendement,
25:52qui permet d'accéder finalement au rendement du sous-jacent,
25:55donc de ses actions obligataires.
25:57Alors, l'autre actualité, c'est l'EUCRV de Société Générale Forge,
26:01qui est désormais listée sur Bitpanda.
26:03Exactement.
26:04Pourquoi vous avez retenu cette actu ?
26:06En réalité, c'est une démarche qui a été accélérée
26:08par l'obtention de leur licence d'établissement de mots électroniques,
26:11en juillet dernier,
26:12conformément à la réglementation européenne MICA,
26:14et sur le volet stable coin.
26:16Donc forcément, on se posait la question,
26:18comment maintenant distribuer et accélérer l'adoption
26:20de ce stable coin euro ?
26:21Et en réalité, l'un des moyens les plus simples
26:23pour le faire aujourd'hui,
26:24c'est de passer par des intermédiaires.
26:26Donc Bitpanda aujourd'hui,
26:27c'est l'un des plus gros brokers européens,
26:29ils ont 5 millions d'utilisateurs actifs,
26:31ils sont également très présents chez les entreprises,
26:33parce qu'ils fournissent en marques blanches
26:35des solutions technologiques.
26:37Donc forcément, il y avait une volonté
26:39de Société Générale Forge
26:40d'accélérer cette adoption-là,
26:42dans un contexte, où je le rappelle,
26:43qui est assez important.
26:44Aujourd'hui, 98% des échanges
26:46sont effectués en stable coin dollar.
26:48C'est de la haute balbaisse, d'ailleurs.
26:50Mais la bonne nouvelle,
26:51c'est que maintenant qu'on a un cadre juridique clair,
26:53on a beaucoup d'acteurs qui se lancent.
26:55On a Société Générale Forge avec son EUCRV,
26:57mais on a aussi Circle, le géant américain,
26:59avec l'eurocoin,
27:01qui est le plus utilisé aujourd'hui.
27:03Et en second plan, on a d'autres acteurs
27:04comme Banking Circle,
27:05ou encore Monerium,
27:06qui se lancent aussi à leur tour.
27:07Donc finalement,
27:08on a un peu une course au stable coin
27:09qui est en train de se lancer,
27:10parce que maintenant qu'on a
27:11un cadre juridique clair,
27:12on peut se lancer,
27:13on peut proposer des stable coins euros,
27:15et l'accélération, la dynamique,
27:17va dans ce sens.
27:18Et le fait que ça arrive sur Bitpanda,
27:20c'est une accélération,
27:21un booster supplémentaire.
27:22Absolument.
27:23Qui sera utilisé,
27:24qui sera distribué auprès des particuliers,
27:25potentiellement aussi auprès des entreprises.
27:26Et ce n'était pas gagné d'avance
27:27d'avoir Société Générale
27:28qui travaille avec Bitpanda ?
27:30Aujourd'hui,
27:31c'est l'un des plus derniers brokers européens.
27:33Donc ça fait sens finalement,
27:34parce que pour l'instant,
27:35le stable coin a été listé uniquement sur Bitstamp,
27:37qui est un échange crypto,
27:39et qui a été racheté d'ailleurs
27:40par l'Américain Robin Wood.
27:42Donc finalement,
27:43ça fait assez sens,
27:44et ça va dans la continuité de Bitpanda aussi,
27:46de sa volonté d'adresser le marché européen,
27:48et de proposer des actifs régulés,
27:50et en l'occurrence basés sur l'euro,
27:52pour le stable coin.
27:53Merci beaucoup Nicolas Roger
27:54pour votre regard sur l'actualité des cryptos.
27:56Je rappelle que vous êtes
27:57Consultant Crypto et Blockchain chez KPMG.
27:59Puis merci à tous de nous suivre.
28:01C'était Smartech,
28:02vous nous regardez sur la chaîne Bismarck for Change.
28:04Également Henri Pleff,
28:05vous pouvez nous écouter aussi en podcast.
28:07Et je vous dis à très bientôt
28:08pour de nouvelles discussions sur la tech.

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