• il y a 2 mois
Arthur, animateur télé et producteur, était l’invité du Face à Face de ce lundi 7 octobre. Il a réagi notamment au funeste anniversaire des attaques du Hamas il y a un an sur le territoire israélien.

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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Arthur. Bonjour.
00:12Arthur, vous êtes producteur, vous êtes animateur de télévision. Arthur, c'est un prénom.
00:16Mais désormais, quand on recherche Arthur sur Internet, ce qui ressort, c'est Juif, comme un nom de famille.
00:23Arthur, Juif. Alors je ne vous invite pas pour parler de géopolitique, mais pour raconter.
00:27Parce que votre vie a basculé il y a un an, votre vie comme celle de tous les Juifs en France ou dans le monde.
00:33Il y a un an, le massacre du 7 octobre. D'abord, merci d'être venu témoigner ce matin. Est-ce que vous avez hésité à venir parler ?
00:41Oui, parce que je me pose la question de savoir si c'est mon rôle. Moi, je suis un entertainer.
00:47Et puis parce qu'à chaque fois que je passe à la télévision et que j'évoque ce sujet, je prends un torrent de bouts, d'insultes et de menaces.
00:55Mais aujourd'hui, c'est un jour tellement important, tellement symbolique, que pour moi, je trouvais ça essentiel d'être avec vous ce matin.
01:03Vous êtes devenu en quelque sorte le porte-parole des Juifs de France. C'est lourd à porter, ça ?
01:06Alors, porte-parole, il y a des institutions qui le font très bien.
01:09Disons que depuis le 7 octobre, j'ai parlé un peu plus que d'autres.
01:13Et que malgré moi, je me suis retrouvé à porter une partie de la voix de mes co-religionnaires.
01:19Mais non, je ne suis porte-parole de rien du tout. Je suis devant vous en tant que Français, citoyen et Juif.
01:24Jusqu'à présent, vous auriez juste dit François.
01:27J'aurais juste dit Français, bien sûr.
01:29Mais quand vous dites que sur Google, on tape Arthur et à Juif, et si vous descendez un peu plus bas, il y a marqué Média et après Fortune.
01:35C'est quand même les clichés de l'antisémitisme.
01:38Jamais on voyait ça si on tapait mon nom.
01:41Et là, c'est tout nouveau, ça fait un an.
01:43Vous dites, j'ai beaucoup pleuré. Vous parlez d'un traumatisme à la fois collectif et solitaire.
01:50Comment on vit ça ?
01:52Écoutez, moi j'ai 58 ans.
01:54Le 7 octobre restera la pire journée de toute ma vie.
01:58C'est une blessure, une plaie ouverte qui ne cicatrise pas.
02:03Comment vous expliquer ?
02:061200 personnes assassinées, massacrées, éventrées, brûlées, violées, filmées par des terroristes, ivres de joie, postées sur les réseaux sociaux.
02:17Pour bien comprendre, à l'échelle de la France, c'est 10 fois les attentats que nous avons vécus.
02:21C'est comme si 30 000 terroristes étaient rentrés en France et avaient massacré 12 000 personnes.
02:31Vous n'imaginez pas le traumatisme que c'est.
02:34Le traumatisme parce qu'Israël est né de la Shoah, où c'est le refuge des Juifs du monde entier.
02:44C'est l'endroit où il n'arrivera plus jamais quoi que ce soit aux Juifs du monde entier.
02:48Pour la première fois, Israël a été frappé au cœur.
02:52Et donc, ce traumatisme, tous les Juifs du monde entier le vivent désormais.
02:57Alors oui, je pleure, je pleure tous les jours.
03:00J'ai pleuré depuis le premier jour parce que mon ADN de Juif s'est mis à bouillonner, mon sang s'est mis à circuler plus vite que d'habitude.
03:08Et j'ai eu besoin de crier, de crier ma colère, de crier ma peur, de crier mes angoisses face aux injustices qu'on voit tous les jours,
03:16face aux fake news qu'on lit tous les jours.
03:19Donc oui, je me suis réveillé un peu plus Juif que d'habitude.
03:22Un peu plus Juif que d'habitude de cette souffrance.
03:25Je disais hier le récit de Boris Cyrulnik qui disait à peu près la même chose que vous.
03:32Il disait, alors qu'il a perdu ses parents qui ont été massacrés à Auschwitz quand il avait 4 ans,
03:37il disait c'est aujourd'hui à nouveau que je revis ça et que j'angoisse et que je me sens finalement encore plus Juif.
03:44Arthur, votre vie au quotidien a changé ?
03:49Oui un peu, oui.
03:51Oui un petit peu, je travaille toujours autant, je suis toujours animateur, producteur,
03:54mais disons que j'ai perdu un peu de mon activité puisque je suis accompagné, protégé 24h sur 24.
04:01Là où à une époque je pouvais descendre prendre un café comme ça sans prévenir avec des copains,
04:08maintenant c'est toute une organisation.
04:10Parce qu'il y a les injures, parce qu'il y a les torrents de boue comme vous dites, mais parce qu'il y a les menaces.
04:13Oui, je vais une fois par semaine au commissariat du 16ème déposer une clé USB
04:18avec toutes les menaces que je reçois et toutes les insultes.
04:20Toutes les semaines ?
04:22Oui, depuis le 7 octobre.
04:25Et pendant que je vous parle, je vous invite à aller voir sur votre compte X
04:29le nombre de messages que vous allez recevoir me concernant.
04:32Vous savez, moi je suis le seul Juif de TF1, ça fait 30 ans que des millions de gens me regardent,
04:38donc il y a malheureusement, mathématiquement, une petite partie de gens qui me détestent.
04:43Est-ce que vous avez perdu des amis ?
04:46Je peux vous dire que quelques jours après le 7 octobre, mon téléphone a cessé de sonner.
04:52J'ai perdu des gens, des gens pour qui j'ai beaucoup d'affection,
04:57mais j'ai rencontré des gens formidables.
05:00Mais ça veut dire quoi ça ?
05:02Ça veut dire que...
05:03Il n'y a même plus de dialogue, il n'y a même plus d'amitié ?
05:06Ce n'est pas une question d'amitié, c'est que l'empathie, ça ne s'invente pas.
05:11L'humanité, l'humanisme, ça ne s'invente pas.
05:14Et j'ai des amis, que je considérais être des amis d'ailleurs, qui en ont manqué cruellement.
05:20Arthur, quels sont les réflexes désormais adoptés par les Juifs de France ?
05:24C'est-à-dire qu'évidemment vous, votre visage est connu, vous ne pouvez pas vous fondre dans la foule.
05:29Mais on entend évidemment que face à l'explosion du nombre d'actes antisémites,
05:35je reviendrai notamment sur ceux qui touchent les plus jeunes à l'école,
05:39les Juifs tentent de cacher leur identité.
05:42Ça veut dire quoi au quotidien ?
05:44Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de voir la publicité que nous avons faite avec Maurice Lévy,
05:47où en une minute, on a essayé de résumer le quotidien de la communauté juive de France.
05:50Ça commence par retirer la mésosa de sa porte,
05:53ça commence par changer son nom quand on réserve un taxi ou une commande de Deliveroo,
05:59c'est ranger son étoile de David,
06:02c'est pour certains ne plus aller à la fac, faire les cours par correspondance.
06:05C'est une peur dans cette communauté, une peur nouvelle,
06:09et que nous découvrons chaque jour un peu plus, et nous vivons chaque jour un peu plus.
06:13Et je voudrais donner les chiffres, puisque l'Éducation nationale a recensé
06:163 600 actes racistes et antisémites dans les écoles, les collèges et les lycées en un an,
06:22et la moitié de ces actes sont des actes antisémites,
06:25la moitié des actes racistes et antisémites,
06:27alors qu'il n'y a aujourd'hui que 60 000 enfants juifs dans les écoles,
06:32sur 12 millions d'élèves en France.
06:34À eux seuls, ils cristallisent la moitié des insultes et des menaces.
06:39Ça correspond aux statistiques nationales.
06:41Aujourd'hui, la communauté juive représente à peine moins d'un pour cent de la population française,
06:46et pourtant 55% des actes de violence et de racisme sont à l'encontre de la communauté juive.
06:51Après le 7 octobre, les agressions antisémites,
06:55les actes antisémites ont progressé de 1000%,
06:57et encore aujourd'hui, en 2024, on est à plus de 300%.
07:01Est-ce que c'est un antisémitisme nouveau ?
07:03Est-ce que c'est une façon d'avoir décomplexé un antisémitisme qui était déjà là ?
07:07J'ai l'impression que c'est un mix.
07:09On est loin de dérôler l'antisémitisme d'après la Seconde Guerre mondiale.
07:15J'ai l'impression que cet antisémitisme a basculé vers l'extrême gauche, vers la gauche,
07:20et c'est aussi certainement lié à ces hommes politiques.
07:25Je parle de la France insoumise, qui ont apporté ce conflit pour en faire un élément de…
07:33De clientélisme ?
07:34De clientélisme auprès d'une certaine population.
07:37Ils ont perdu les ouvriers.
07:39Ils se sont dit qu'ils allaient chercher les gens qui pouvaient être intéressés par ce sujet-là.
07:45Je crois que ce qui me révolte le plus, c'est que c'est un antisémitisme plus jeune.
07:50Je pense que c'est lié aux réseaux sociaux.
07:52C'est lié au fait que sur TikTok, sur X, il y a une déferlante, une orgie antisémite qui n'est pas contrôlée.
07:58Je pense qu'il est temps, et ça aurait été le bon jour aujourd'hui,
08:01qu'on explique à toutes ces générations que l'antisémitisme est puni par la loi.
08:05Et ça, j'ai l'impression qu'on l'oublie.
08:07C'est ce qu'on dit d'ailleurs ce matin quand vous dites que vous apportez chaque semaine
08:11votre clé USB au policier avec le recensement de toutes les insultes dont vous êtes victime.
08:19Est-ce qu'il y a des suites ? Est-ce que des personnes ont été condamnées ?
08:22Oui, dans mon cas, il y a des personnes qui m'avaient menacé de mort,
08:25qui ont été mis en examen, qui ont été en garde à vue et qui ont été condamnées, oui tout à fait.
08:28Donc malgré tout, la justice passe ?
08:30Ah oui, elle passe pour moi, peut-être parce que je suis un peu plus connu, un peu plus rapidement.
08:34Mais elle doit passer pour tout le monde de toute façon.
08:36Et ce traumatisme ?
08:37Surtout, si je peux me permettre, si jamais vous êtes victime d'antisémitisme, portez plainte.
08:41Parce qu'il faut bien comprendre qu'il n'y a que 20% de la population juive qui ose porter plainte.
08:46Parce qu'ils ont peur ?
08:47Parce qu'ils ont peur, bien entendu, ou parce que peut-être qu'ils ne croient pas à la justice, j'en sais rien.
08:50Mais il faut le faire, il ne faut pas lâcher sur ce poids.
08:53Au point qu'un grand nombre de Français juifs se sentent presque plus en sécurité en Israël qu'en France.
08:59Je voudrais qu'on écoute le témoignage ensemble de Nathan.
09:01Nathan, il a 19 ans, il était habitant de Rouen puisqu'il a décidé de partir.
09:07Traumatisé par l'incendie de la synagogue, il a été lui-même menacé.
09:10Il quitte donc la France. Écoutez.
09:13Je me suis fait agresser il y a quelques mois par quelqu'un qui m'a dit qu'il fallait recommencer la Shoah
09:18parce qu'on n'avait pas tous été exterminés.
09:20En un an, j'ai vécu plus que le reste de ma vie.
09:24Je me suis dit qu'il fallait que je parte.
09:26Il s'est dit qu'il fallait qu'il parte.
09:28Sa mère, qui témoignait aussi sur RMC ce matin,
09:30a considéré qu'il était plus en sécurité dans un pays en guerre, Israël, qu'en France.
09:36Moi, je ne veux pas croire cela.
09:38Je ne veux pas l'imaginer.
09:39Moi, je ne quitterai pas la France.
09:40La France, c'est mon pays.
09:42La France doit nous protéger, nous les juifs, comme tous les autres d'ailleurs.
09:46Mais non, il est hors de question de quitter la France.
09:48Est-ce qu'on est plus en sécurité en Israël ?
09:49C'est peut-être un sentiment.
09:51J'y vais très régulièrement.
09:53Vous savez, j'ai produit le documentaire sur le festival Nova.
09:56Donc, j'y suis allé pour travailler.
09:59J'ai produit et travaillé sur une exposition qui a été...
10:02Qui a en ce moment lieu à Tel Aviv.
10:04Exactement, au musée d'art moderne de Tel Aviv.
10:06Donc, je pense qu'il y a un sentiment d'être chez soi,
10:10quand on arrive en Israël, pour certains juifs, qui rassure.
10:13Mais il y a une insécurité en France, c'est certain.
10:17Mais il ne faut pas quitter la France.
10:19Mais vous restez optimiste.
10:20Vous n'y avez même pas pensé.
10:21Mais on n'a pas le choix que d'être optimiste.
10:24Aujourd'hui, le peuple israélien joue sa survie.
10:28Donc, on doit se battre.
10:29On doit retrousser nos manches
10:31et faire en sorte que ce fléau, ce cancer qu'est l'antisémitisme,
10:36soit éradiqué, d'une manière ou d'une autre.
10:38D'une manière ou d'une autre.
10:40Arthur, vous l'avez sans doute entendu.
10:42Vous disiez d'ailleurs qu'une partie de la gauche attisait cela.
10:45Le président du CRIF, Yonatan Harfi,
10:47parle de Jean-Luc Mélenchon comme d'un homme
10:49qui a redonné, je cite,
10:51à l'antisémitisme dans notre pays.
10:53Mais oui, c'est vrai.
10:54C'est vrai.
10:55Regardez les messages sur les réseaux
10:58des députés de la France insoumise.
11:00Regardez Mélenchon avec sa veste en cuir
11:03qui harangue la foule
11:04et qui demande pour commémorer les massacres du 7 octobre
11:07à ce que demain, dans toutes les facs,
11:08on mette des travaux palestiniens.
11:10C'est mettre de l'huile sur le feu en permanence.
11:14C'est exploiter le malheur d'une situation,
11:19qu'elle soit israélienne ou palestinienne,
11:21à des fins politiques.
11:22C'est inadmissible.
11:23Moi, je l'ai vu avec Rima Hassan,
11:25le soir des législatives
11:26et son keffier au journal de 20h.
11:28Enfin, on marche sur la tête.
11:29C'était une provocation.
11:30Ce n'était pas anodin.
11:31Ce n'est pas par hasard.
11:32C'est une provocation.
11:33Comme chacun des messages de la France insoumise
11:35sur le réseau, ce sont des provocations.
11:37Pourquoi sont-ils focus sur Israël ?
11:39Pourquoi jamais un message
11:40sur ce qui se passe au Yémen, au Soudan ?
11:42Partout dans le monde.
11:43Des malheurs, il y en a partout dans le monde.
11:45Des guerres, il y en a partout dans le monde.
11:46Mais ils sont omnibulés par Israël.
11:48On sait très bien pourquoi.
11:49Arthur, votre exposition à Tel Aviv,
11:51c'est aussi en réponse aux artistes israéliens boycottés.
11:55On se souvient bien sûr
11:56de la chanteuse de l'Eurovision, Eden.
11:58Eden Golan, oui.
11:59Vous le vivez comme une injustice.
12:01Une injustice de plus, j'ai envie de dire.
12:03Oui.
12:04En plus, les artistes israéliens
12:05qui ont été boycottés,
12:06sont tous de gauche,
12:07sont tous contre le gouvernement
12:09de Benjamin Netanyahou.
12:10C'est une bêtise de vouloir les boycotter.
12:12Mais moi, si j'ai monté cette exposition,
12:14c'est parce que je considère
12:15que les artistes ne mentent jamais.
12:17Et dans un monde où on dénie,
12:19où on a dû justifier les viols et les massacres,
12:21l'art va, pour des générations et des générations,
12:24raconter la vérité.
12:25Et c'était ça, cet objectif.
12:27Parce que le trauma du 7 octobre
12:28va durer des années.
12:29Il va durer des années ?
12:30Vous avez l'impression
12:31que ce n'est pas un jour le 7 octobre,
12:32c'est une année déjà ?
12:33Non.
12:34Pour moi, c'est un jour sans fin.
12:37Et je pense qu'il faudra des générations
12:39pour que nous nous remettions de ce pogrom.
12:41Des générations pour que nous nous remettions
12:43de la haine juive, anti-juive,
12:45dans le monde entier.
12:47Je pense que personne n'aurait imaginé
12:50que cette antisémitisme dormant
12:52surgirait avec tant de force,
12:54et de partout.
12:56Et je pense qu'il va falloir
12:58beaucoup, beaucoup de temps pour s'en remettre.
13:00Qu'est-ce qu'ils vous disent, les jeunes, Arthur ?
13:02Les jeunes juifs de France ?
13:04Ils sont inquiets.
13:06Ils sont volontaires.
13:08Ils n'ont pas envie de se laisser faire.
13:10Mais ils ont peur.
13:11Ils ont peur pour eux, pour leurs parents.
13:13Ils ont peur d'aller à la fac.
13:15Mais je trouve qu'il y a beaucoup de courage derrière tout ça.
13:17Et c'est important.
13:18Parce que c'est à eux de changer le monde.
13:21Je voudrais qu'on parle des otages.
13:23Vous accompagnez, et vous avez accompagné dès le début,
13:25Arthur, des familles d'otages
13:27dans leurs quêtes et leurs combats.
13:30Elles en sont où, ces familles, aujourd'hui ?
13:32Tout à l'heure, vous disiez que je pleurais tous les jours.
13:35Je pleure tous les jours avec elles.
13:37Encore hier, j'étais avec Ayelet Samerano,
13:40la mère du jeune homme qui a été tué,
13:43assassiné par les soldats du Hamas
13:45et dont le corps a été enlevé par les employés de l'UNRWA.
13:49L'UNRWA, c'est cette agence de l'ONU
13:52dont Israël a d'abord pointé la responsabilité,
13:55la complicité dans les horreurs du 7 octobre.
14:00Et ça a été prouvé.
14:02J'étais hier avec elle.
14:04On s'est pris dans les bras.
14:06Je crois que ça a duré cinq minutes.
14:08J'ai ressenti la douleur, la colère,
14:11la tristesse d'une mère pour son enfant.
14:14J'étais avec Daniel Toledano à Paris.
14:17Nous étions ensemble.
14:18Quand il a reçu le coup de fil,
14:19on lui a annoncé la mort de son frère.
14:21Moi, ces otages, ces familles d'otages,
14:23je les ai rencontrés les unes après les autres.
14:25Nous les avons fait venir en France.
14:27Nous les avons présentés aux politiques.
14:30Nous les avons amenés chez les présidents,
14:31les différents présidents,
14:32les anciens présidents, les anciens premiers ministres.
14:34On a essayé d'alerter la communauté.
14:35On a fait venir les familles d'otages juifs,
14:37mais aussi les familles d'otages musulmans.
14:39Il n'y a pas que des Juifs qui sont otages actuellement à Gaza.
14:43Je me suis attaché à ces familles.
14:46Chaque jour, on apprend encore aujourd'hui
14:48qu'un otage meurt.
14:49J'ai l'impression que c'est désormais
14:50un membre de ma famille qui meurt.
14:52On l'a appris d'ailleurs il y a moins d'une heure.
14:54Maintenant, l'un des otages a été annoncé mort.
14:57Ce qui me révolte, c'est qu'il y a,
15:00en plus des 43 Français qui sont morts,
15:02il y a deux otages français qui sont encore
15:04au had et au fer.
15:06Et personne n'en parle.
15:08Personne n'en parle.
15:10Moi, quand je mettais le journal Le 20 heures, il y a 20 ans,
15:12je voyais les photos des otages.
15:14On comptait le nombre de jours.
15:16Je porte ce pince, il ne veut rien dire.
15:18C'est un pince jaune que vous portez.
15:20C'est un ruban jaune qui veut dire
15:21« Rendez les otages, laissez-les rentrer à la maison ».
15:24Il n'y a rien de politique là-dessus.
15:26Normalement, aujourd'hui, tous les journalistes,
15:28toute la France devrait porter ça.
15:29Il y a des otages français.
15:31Alors, je peux comprendre qu'on ne puisse
15:32ne pas être intéressé, concerné par les otages
15:35et les autres nationalités,
15:36mais il y a des Français.
15:38Et on ne fait rien.
15:39Et aujourd'hui, nous sommes le 7 octobre,
15:41et rien n'est fait.
15:42Dans les écoles, ça aurait été l'occasion
15:43d'expliquer ce qu'est l'antisémitisme.
15:45Ça aurait été l'occasion de montrer
15:46ce qui s'est passé le 7 octobre.
15:48Et aussi de montrer ce qui se passe à Gaza.
15:50Mais il y a une espèce de silence,
15:53comme une peur,
15:54comme si on voulait faire du en même temps
15:56quelque chose qui allait nous protéger
15:58d'un quelconque conflit,
15:59comme si la rue allait s'énerver
16:00si on parlait du sujet.
16:02Moi, je pense, et c'est important,
16:03qu'il faut se souvenir chaque jour
16:04qu'il y a des Français qui sont détenus
16:06dans des conditions horribles,
16:08dans des tunnels à Gaza.
16:10Qu'est-ce qu'on se dit entre Juifs de France
16:12quand on se croise, quand on se retrouve ?
16:14On n'a pas besoin de se parler.
16:16Un regard suffit.
16:18Moi, j'étais au restaurant hier soir,
16:20la table d'à côté, on s'est regardés,
16:22et au travers des yeux,
16:24il y a une espèce de solidarité.
16:26Alors moi, les gens me disent merci,
16:27je ne sais pas pourquoi,
16:28ça me fait plaisir, et tant mieux.
16:30Mais on se soutient.
16:32C'est presque physique.
16:36Nous sommes blessés,
16:38dans notre chair,
16:40et on se sent un peu seuls.
16:43Cette violence antisémite.
16:45Attention, la France n'est pas antisémite.
16:47On sait très bien,
16:48et d'ailleurs un sondage l'a prouvé,
16:49que plus de 80% des Français
16:51désapprouvent le massacre du 7 octobre.
16:5480, ça voudrait dire quoi ?
16:56Ça voudrait dire que 20% ne le désapprouvent pas ?
16:58C'est 86 exactement.
16:59C'est pas qu'ils ne le désapprouvent pas,
17:01mais c'est qu'ils s'en foutent,
17:02ou parce qu'ils ont une opinion différente.
17:04Mais ce que je veux dire,
17:05c'est qu'aujourd'hui,
17:06il y a eu beaucoup de discours.
17:08Il est temps de passer aux actes.
17:10Il est temps de montrer,
17:12comme on dit,
17:13il y a de l'amour,
17:14nous on veut des preuves d'amour.
17:15Ce soir, il y aura une soirée
17:16d'hommages et de souvenirs.
17:17Vous êtes très engagés
17:19dans l'organisation de cette soirée.
17:21Il y aura des ministres,
17:22il y aura des anciens présidents,
17:23il y aura le premier ministre
17:24qui devrait s'exprimer ce soir.
17:27Qu'est-ce que vous attendez de lui ?
17:29Qu'est-ce que vous attendez
17:30d'Emmanuel Macron, de Michel Barnier ?
17:31Qu'est-ce que vous attendez des politiques ?
17:32Ce soir, c'est une cérémonie d'hommages.
17:35Ce n'est pas un meeting politique.
17:37Le premier ministre français
17:39va s'exprimer.
17:40Il y aura, je crois,
17:41une bonne partie du gouvernement
17:42et des anciens présidents,
17:44des anciens premiers ministres.
17:45C'est une soirée de recueillement.
17:47Je ne pense pas qu'on va trouver
17:49des solutions ce soir,
17:50mais j'attends.
17:51Enfin, j'attends.
17:53C'est prétentieux.
17:54Vous attendez combien de temps,
17:55j'ai l'impression, si je suis honnête ?
17:56Je suis un peu, on va dire,
17:57je suis un peu désabusé.
17:58J'espère qu'on va entendre un message
18:01qui va non seulement nous rassurer,
18:03mais nous conforter dans le fait
18:05que la France a toujours été
18:07derrière les Jeux de France.
18:08Quand vous dites « j'attends des actes »,
18:10quels sont les actes concrets ?
18:12Je ne sais pas.
18:13Quand un député fait une déclaration antisémite,
18:15il faut le condamner.
18:16Il ne faut plus rien laisser passer.
18:19C'est ça, les actes.
18:20Il faut prendre des mesures,
18:21des mesures concrètes pour lutter.
18:23Quand un gars fait une déclaration
18:25sur les réseaux,
18:26il doit être condamné.
18:27Et s'il doit aller en prison,
18:28qu'il aille en prison.
18:29Je veux dire, il faut arrêter
18:30avec le laxisme.
18:31Mais vous l'avez remarqué,
18:32il y a toujours une forme d'ambiguïté.
18:33Avec l'antisémitisme
18:34et toutes les formes de racisme aussi,
18:35je le précise.
18:36Il y a toujours une forme d'ambiguïté.
18:37Oui, il y a une forme d'ambiguïté
18:38parce qu'ils ont créé
18:39une espèce d'antisémitisme d'atmosphère.
18:41C'est-à-dire que pénalement,
18:42ce n'est pas répréhensible
18:43parce qu'ils disent « antisionisme ».
18:45Mais on sait très bien
18:46ce qui se cache derrière ces mots.
18:47On ne va pas se mentir.
18:49Et c'est être hypocrite
18:50de faire semblant de ne pas le voir.
18:51Donc à un moment,
18:52il faut prendre des mesures concrètes.
18:53Arthur, une dernière question
18:54parce que c'est la semaine du Nouvel An juif.
18:57Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter
18:58pour l'année qui vient ?
19:00Déjà que tous les otages rentrent à la maison.
19:03Que cette guerre s'arrête.
19:05Et que c'est mort chaque jour.
19:08En Israël, comme à Gaza.
19:11Que ces drames s'arrêtent.
19:13Parce qu'on parlait d'empathie.
19:16J'ai la même empathie
19:17pour les enfants qui meurent à Gaza
19:18que pour ceux qui meurent en Israël.
19:20Il est temps que ce cauchemar s'arrête
19:22et qu'on reprenne une vie normale.
19:24Il est temps que ce cauchemar s'arrête.
19:26Merci Arthur.
19:27Merci.
19:28Français, citoyens, juifs.
19:30Dans cet ordre-là,
19:31producteur, animateur de télévision,
19:33d'avoir témoigné de votre quotidien
19:35ce matin sur RMC,
19:36en ce matin du 7 octobre.

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