• il y a 2 mois
La députée NFP de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain, co-fondatrice de "l’Après", dénonce "l'illégitimité" du gouvernement de Michel Barnier, contre qui elle votera "évidemment" la motion de censure déposée par la gauche. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-samedi-05-octobre-2024-7385414

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00:008h22 sur France Inter, et ce matin avec Marion Lourdes, nous recevons la députée Nouveau Front Populaire de Seine-Saint-Denis,
00:07co-fondatrice du mouvement L'Après, l'association pour la République écologique et sociale.
00:12Question, intervention, chers auditeurs au 01 45 24 7000 ou sur l'application Bonjour Clémentine Autain.
00:20Bonjour Ali Baddou.
00:21Et bienvenue, beaucoup de questions à vous poser sur le fond de la politique menée par le gouvernement,
00:28mais aussi par incidence sur le projet politique que vous portez.
00:33Vous lancez aujourd'hui officiellement un mouvement dont vous êtes l'une des co-fondatrices.
00:38L'Après, je le disais.
00:41C'est une question simple, réponse courte.
00:43C'est l'Après, mais l'Après quoi ?
00:46L'Après fin du monde, l'Après France Insoumise.
00:49Avant, on parlait de lendemain qui chante.
00:51Maintenant, vous voulez enjamber encore plus loin à cette période ?
00:57D'abord, c'était au démarrage un club de réflexion que nous voulions lancer avec mes camarades au sein de la France Insoumise.
01:06Ça s'appelait l'Après, une association.
01:07Et puis, il y a eu la décision du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale et les fameuses purges qui ont été organisées par la France Insoumise.
01:16Donc, la nature même de ce mouvement a évolué.
01:18Et nous sommes maintenant une association qui a vocation à travailler avec d'autres sur deux choses qui vont ensemble pour nous et qui me paraissent fondamentales dans la période.
01:29Pour l'Après, l'Après Macron, l'Après aussi qui peut s'entendre dans plein de sens.
01:37C'est un mot qui permet de se projeter dans la suite.
01:41Mais l'urgence pour nous, c'est de construire cette proposition politique qui nous permet de gagner, de gagner.
01:48Donc, ça veut dire d'abord d'être capable de franchir le second tour de la présidentielle.
01:53Donc, cela suppose l'union des gauches et des écologistes dans le Nouveau Front Populaire aujourd'hui qu'il faut structurer, qu'il faut développer et aussi d'être capable de gagner face à l'extrême droite.
02:05Et enfin, une fois arrivé au pouvoir, d'être capable de transformer le quotidien des Français, c'est-à-dire pas simplement de gagner pour gagner, mais de gagner pour améliorer la vie des gens.
02:13Et aussi pour répondre au défi climatique qui est une urgence absolue.
02:18Donc, après la fin du monde, question courte, est-ce que vous anticipez un départ d'Emmanuel Macron de l'Elysée ?
02:26Il faut tout anticiper. Vous avez remarqué que c'est difficile de prévoir ce que va faire ce président de la République.
02:31Et même des choses qui peuvent sembler rationnelles ne sont pas, au sommet de l'État, envisagées.
02:37Donc, oui, je crois qu'il faut être prêt à tout. Et d'ailleurs, c'est pourquoi je dis que nous devons développer le Nouveau Front Populaire, le chérir, faire en sorte qu'il prenne des initiatives.
02:47Moi, je suis abasourdie du fait que, alors que nous avons une crise de régime insensée, avec un pouvoir qui s'assoit sur ce que les urnes ont dit, très concrètement, avec la nomination de M. Barnier, on marche totalement sur la tête.
03:03Moi, j'aimerais qu'on ait des initiatives publiques où on voit tous les acteurs et les actrices du Nouveau Front Populaire ensemble.
03:08J'aimerais qu'on ait des assemblées Nouveau Front Populaire partout dans le pays et qu'on se mette en situation, en cas de dissolution à venir, c'est-à-dire de rester bien soudés, de travailler davantage notre projet.
03:21Non pas pour en changer la nature, mais pour affiner, être plus crédibles auprès des Français.
03:27Et vous savez, notre crédibilité, elle tient aussi dans notre capacité à donner ce visage de l'union et à nous préparer pour toutes les hypothèses et aussi pour la présidentielle.
03:35Depuis le début de cet entretien, nous vous avons entendu, Marion et moi, prononcer les mots « union », « ensemble », « travailler ensemble ».
03:43Et c'est assez paradoxal parce que vous créez un mouvement au même moment où on voit Raphaël Glucksmann lancer ce week-end les rencontres de place publique,
03:52le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamram, c'était jeudi pour son mouvement « La France humaine est forte », François Ruffin à son mouvement « Picardie debout ».
04:00On ne peut plus compter le nombre de mouvements, de parties, de divisions à gauche.
04:06Qu'est-ce qu'il reste de ce Nouveau Front Populaire qui a permis de limiter la casse ou en tout cas d'arriver au Parlement plus nombreux qu'espéré ?
04:18Moi, j'ai plutôt le sentiment qu'il y a aujourd'hui une menace sur le Nouveau Front Populaire avec la tentation d'un côté,
04:26vous citiez un certain nombre de mouvements ou d'initiatives qui sont prises par la droite du Parti Socialiste,
04:32qui rêvent d'une union mais sans les insoumis, c'est-à-dire sans une des forces majeures de la gauche.
04:40Je veux dire, il faut regarder la réalité, donc si on veut gagner, il faut être capable d'embrasser l'ensemble du spectre.
04:47Et de l'autre côté, une candidature possible de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle qui semble tracer ce chemin
04:54et qui d'ailleurs les insoumis nous disent « on ne veut pas de primaire, pas de primaire ok »
04:59mais alors du coup, quelle est la méthode pour désigner une candidature qui conviendrait à tout le monde
05:03dès lors que nous savons que Jean-Luc Mélenchon ne peut pas être celui qui fédère au sein aujourd'hui des gauches et des écologistes ?
05:09Donc on a un étau possible, vous voyez ce que je veux dire, entre la tentation de rejouer, les deux gauches irréconciliables.
05:15Et quand vous demandez le sens de l'après, nous ce que nous voulons, c'est agir, s'organiser pour empêcher d'être pris dans cet étau
05:22d'un nouveau scénario, qui est un scénario de la défaite, d'éclatement du nouveau front populaire
05:27où on nous rejouerait, encore une fois, ce scénario des deux gauches irréconciliables.
05:32Vous vous dites, une partie de la gauche veut faire sans les insoumis, est-ce que vous, vous seriez prêt à faire avec la social-démocratie ?
05:38Par exemple, à suivre une candidature Glucksmann si tel était le cas ?
05:42Moi je vous redis, notre objectif, c'est de gagner. Pour gagner, il faut se rassembler.
05:47Il faut un candidat commun à gauche ?
05:49Pourquoi pas ? Je ne sais pas quelle peut être la bonne méthode, mais discutons-en.
05:54Moi je vous le dis, mon avis n'est pas tranché sur la méthode.
05:58D'abord, c'est pas qu'à moi de la trancher, je peux avoir un avis, mais c'est pas à moi de la trancher.
06:03Ce qui est important, c'est de la trancher collectivement.
06:06Donc si ça ne convient pas à la primaire, si les insoumis nous disent que la primaire n'est pas la bonne méthode,
06:10qu'ils nous disent qu'elle est la bonne méthode pour désigner une candidature commune.
06:14Ou alors, ils ne veulent pas de candidature commune.
06:16Et là, on est face à un problème qui peut être très très grave.
06:21Ça fait deux fois, ça fait deux présidentielles que la gauche n'a pas été au second tour.
06:26Vous m'entendez Marion ? Deux présidentielles.
06:28Donc maintenant, il faut se mettre en situation d'y aller.
06:30Et d'autant plus qu'on a la menace de l'extrême droite comme jamais.
06:34On a eu un sursaut, on a un sursis.
06:37Mais vous savez, la menace, elle est réelle de Marine Le Pen et de l'extrême droite qui pourraient prendre le pouvoir.
06:43Donc il faut qu'on réponde à cette mobilisation extraordinaire qu'il y a eu au printemps.
06:49Et qu'on soit capable de la prolonger et ne pas la désespérer.
06:52Ne pas désespérer tous ces gens qui se sont mobilisés et qui se disent, mais c'est quoi ce spectacle de désunion ?
06:58Un candidat collectif, mais portrait robot.
07:00Est-ce que ça peut être la social-démocratie ?
07:02Est-ce que ça peut être Jean-Luc Mélenchon si finalement tous ces mouvements de gauche le désignaient ?
07:06Est-ce qu'il y a des exclus de la course d'après vous ?
07:10Ce n'est pas ça le sujet. Le sujet d'abord c'est sur quel projet ?
07:13Est-ce qu'on est tous d'accord que nous avons réussi à nous mettre ensemble autour d'une proposition politique ?
07:20Il y a Lucie Castex qui est le visage aujourd'hui du Nouveau Front Populaire
07:24qui incarne en fait la possibilité de cette union.
07:27Et puis ces 600 propositions qu'il faut encore une fois continuer à travailler mais qui est une base, qui est la base commune.
07:33Une fois qu'on a posé cela, il faut qu'on se mette autour d'une table et qu'on se dise quelle est la bonne méthode.
07:39Encore une question là-dessus. A vous écouter, on a le sentiment que le problème, ce sont les insoumis.
07:45Ah bon ?
07:47Oui. Et Jean-Luc Mélenchon.
07:49Je vais vous dire, quand j'ai entendu hier François Hollande nous expliquer qu'il fallait qu'il y ait une confrontation à la prochaine présidentielle entre les deux gauches,
07:58je crois que là on est face à une entreprise de division qui ne convient pas.
08:05Donc moi je suis là votre micro ce matin pour dire à quel point nous allons avoir besoin de nous organiser,
08:13et je pèse mes mots, de nous organiser pour ne pas laisser ce scénario de la division, ce scénario de la défaite prendre le pas à gauche.
08:21Mais vous ne vous êtes pas organisé par exemple pour avoir un premier ministre de gauche ?
08:26En tout cas c'est ce que dit Bernard Cazeneuve, l'ancien premier ministre socialiste dans le monde cette semaine.
08:33Il dit à force d'excommunications à gauche, on a fini par devoir subir la vraie droite. Qu'est-ce que vous en pensez ?
08:40Je pense que cette lecture est une lecture complètement revisitée de l'histoire.
08:45Celui qui a le pouvoir de nommer le premier ministre dans la Vème République malheureusement, c'est le président de la République.
08:52Donc c'est lui qui n'a pas voulu nommer Bernard Cazeneuve.
08:55Parce qu'il n'avait pas votre soutien ?
08:57Absolument pas, absolument pas, c'est pas ça le sujet. Nous on s'est mis en marche, c'est en mouvement, en marche on ne peut plus dire.
09:05On s'est mis en mouvement, on s'est mis en ordre de marche on peut dire, avec la proposition de Lucie Castex qui était la candidate du Nouveau Front Populaire.
09:14C'est elle qui aurait dû être première ministre et ce n'était pas au président de la République de dire a priori quelle aurait été la sanction ou le point de vue du Parlement.
09:23C'était à nous ensuite de faire la démonstration qu'on était capable de dégager des majorités.
09:27Le président de la République s'est assis littéralement, littéralement sur le choix des Français de nous porter en tête et aussi de se surmobiliser pour empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir.
09:39Et que fait le président de la République ? Il nomme Michel Barnier qui est issu du mouvement LR qui a 47 députés et qui surtout n'a même pas appelé à faire barrage.
09:49C'est insensé, insensé comme situation.
09:52Est-ce que le NFP qui a déposé une première motion de censure qui est, on le sait, mathématiquement déjà vouée à l'échec, est-ce que la gauche pour le coup peut compter sur votre soutien ?
10:03Est-ce que vous allez la voter cette motion de censure même si ça ne sert à rien ?
10:07Évidemment, évidemment que je vais la voter.
10:09Évidemment ?
10:10La motion de censure, évidemment et je la voterai pour deux raisons.
10:13Première raison qui est l'illégitimité de ce gouvernement, encore une fois, où on a la continuité de la politique macroniste qui a été rejetée par les Français.
10:22Et où on a ce premier ministre Michel Barnier qui vient d'un mouvement qui n'a pas été dans le Front Républicain et qui veut mener une politique qui n'est pas du tout celle qui a eu les suffrages, en tout cas le maximum.
10:37Et pour faire tomber le gouvernement, il faudrait que la gauche s'allie avec le Rassemblement National et ça c'est absolument exclu ?
10:42Non mais il faudrait, c'est la seule manière de faire passer la censure.
10:46Non mais le mot, excusez-moi, je vous reprends sur le mot, il n'y a pas, il n'y aura pas, il n'y aura jamais d'alliance avec l'extrême droite.
10:51Nos projets sont opposés en tous points d'ailleurs.
10:54Vous votez de la même façon en tout cas, pour faire tomber le gouvernement ?
10:58Si il y a une motion de censure que nous déposons et que l'extrême droite la vote, d'ailleurs c'est intéressant qu'elle ne la vote pas, ça veut dire qu'elle accepte le rôle dans lequel elle est et que Macron lui a donné,
11:09c'est-à-dire de placer le gouvernement sous respiration artificielle puisqu'ils sont là en attendant la sentence du RN.
11:18Ils ne vont continuer à gouverner que tant que le Rassemblement National acceptera de les laisser gouverner.
11:23Comment est-ce possible de s'être mis à ce point dans la main de l'extrême droite par un Président de la République qui a été élu deux fois, je le rappelle, pour faire barrage à Marine Le Pen ?
11:31Et en même temps, Michel Barnier vous dit, je cite, qu'il n'avait rien à voir avec ces gens, c'est ce qu'il a dit à l'interview, donc il a pris sa distance avec le Rassemblement National.
11:39Il n'a pas vraiment rien à voir, vous avez écouté son discours de politique générale, j'ai pas l'impression qu'il n'a rien à voir.
11:43Il a rappelé la nécessité de l'état de droit qui avait été remise en cause par un de ses ministres.
11:47Là, on entend la ministre de la Santé qui ne remet pas en cause l'aide médicale d'État, la sécurité sociale pour les personnes immigrées qui étaient très contestées par le RN.
11:56Ça ne vous rassure pas sur cette relation du gouvernement avec le RN ?
11:59Non, je ne suis pas du tout rassurée et je constate que Michel Barnier va réussir à la fois à prolonger le cap politique général sur le plan économique, sur le plan aussi de sa dérive sur l'immigration, sur la sécurité très très droitière.
12:19Il va réussir à prolonger ça tout en étant, encore une fois, sous le joug de l'extrême droite et donc en devant, quelque part, donner à manger aussi à l'extrême droite dans ses choix politiques.
12:29Et bien sûr qu'il y a de quoi être très inquiet, très inquiet aussi parce que c'est sidérant pour toutes celles et ceux qui par millions se sont déplacés pour rejeter à la fois la Macronie et l'extrême droite.
12:41Et donc là il y a une situation de crise de régime qui est totalement écœurante, mais vraiment écœurante.
12:47Donc il va falloir que nous soyons très déterminés, très organisés, très forts aussi, aussi bien à l'Assemblée Nationale mais aussi dans la rue, dans les mobilisations, pour construire la suite, l'après j'allais dire, pour construire l'après et pour empêcher à très court terme le pire d'être aux manettes.
13:07Et ça c'est notre devoir et notre responsabilité, pas tout seul avec les syndicats, avec la société mobilisée.
13:13Alors, tout de suite, il y a Angelo qui nous appelle de Coutances. Bonjour Angelo et bienvenue sur France Inter. Vous avez une question à poser à Clémentine Autain ?
13:22Bonjour France Inter. Alors moi je prends bien sûr en compte les défauts des autres, de Macron, de Parmi, etc., la situation dans laquelle on est.
13:31Mais je me pose d'emblée la question de savoir si plein d'accolements de petits mouvements, ça risque pas de créer des divisions, bien que, et là je vais être contradictoire, je trouve qu'il était temps que ces gens-là se détachent des Insoumis.
13:45Parce que nous qui avons été chercher les votes jusqu'au comptoir du Zinc, quand on voit le comportement de cette tendance qui est nécessaire, et tous les Insoumis ne sont pas fous furieux, ça j'en conviens, on est outrés par le comportement de Mélenchon, on dirait qu'il fait tout pour perdre.
14:03Il y a de nombreuses questions qui sont sur ce sujet-là justement Clémentine Autain. Difficile de vous défiler en fait, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'auditeurs qui reviennent sur ce nom de Jean-Luc Mélenchon qui semble, et je cite Angelo, « faire exprès de perdre ».
14:24Quelle est votre question ? Je n'ai pas compris.
14:27Répondez à Angelo, est-ce que ce n'est pas problématique d'avoir un parti en plus ? Est-ce que ce mouvement sera le même que celui par exemple de Ruffin ou d'autres à gauche ?
14:37Picardie-Debout est dans l'après. Il est dans l'après représenté par le président de Picardie-Debout qui est avec nous. Et on n'est pas au bout du chemin, c'est une étape l'après. Il s'agit de fédérer nos forces avec d'autres groupes, d'autres personnalités, d'autres collectifs qui veulent encore une fois agir pour l'union sur la base d'un projet de transformation en profondeur du pays.
15:00Moi je pense qu'il faut tenir sur ses deux jambes. Alors à partir du moment où on est unitaire, la question n'est pas tant de savoir combien de chapelles d'une certaine manière. Le plus gros problème ce sont les chapelles qui ne veulent pas l'union. Ça c'est une difficulté.
15:14Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a appelé hier à mettre des drapeaux palestiniens partout où c'est possible, notamment dans les universités, en réaction à une circulaire du ministre sur le maintien de l'ordre à la veille du 7 octobre, date anniversaire de l'attaque du Hamas en Israël. Que pensez-vous de cette demande, de cette proposition de Jean-Luc Mélenchon ?
15:39Ce que je pense c'est que l'attitude de Benyamin Netanyahou, le massacre inouï des palestiniens depuis le 7 octobre, enfin ça fait maintenant un moment qu'on est devant une dévastation d'un peuple, d'un territoire, d'une culture et maintenant les Libanais sont sous le joug du choix de Benyamin Netanyahou d'être dans une vengeance aveugle.
16:04Donc vous soutenez l'initiative ?
16:06Ce que je suis en train de vous dire c'est que c'est très important de manifester notre solidarité avec les Palestiniens et avec les Libanais. Je découvre cette proposition, je n'ai pas réfléchi précisément à cette histoire de drapeau.
16:19En tout cas ce que je peux vous dire c'est qu'il est très important que nous manifestions notre solidarité avec les Palestiniens et les Libanais et que la France fasse entendre sa voix avec force, avec clarté, avec détermination contre ce criminel de guerre dont on a l'impression que personne ne peut l'arrêter.
16:36C'est incroyable là aussi ce qui se passe et bien sûr nous sommes à la veille du 7 octobre, ce sera un moment important aussi d'émotion nationale, on se souvient des massacres du Hamas et de l'horreur perpétrée par le Hamas.
16:50Mais aujourd'hui, aujourd'hui là, pour avoir un cessez-le-feu au regard de ce qui se produit et de la menace d'embrasement dans l'ensemble de la région, c'est très très grave ce qui se passe.
17:02Et bien je pense que nous avons besoin de faire entendre notre voix. A votre micro, cette semaine j'entendais Monsieur Chenu expliquer de l'extrême droite, expliquer son soutien total indéfectible à Benyamin Netanyahou.
17:14Et ça passe crème. Et bien vous voyez moi je suis assez scandalisée de la possibilité en France de pouvoir dérouler tranquillement son soutien à Israël, son soutien à Benyamin Netanyahou et ne mélangeons pas les causes et les choses.
17:28Soyons juste à chaque étape. Le 7 octobre, l'horreur du Hamas, se souvenir, être très clair là-dessus, être très clair aujourd'hui sur l'urgence qui est d'arrêter les massacres, l'horreur perpétrée par Benyamin Netanyahou.
17:42Et il y a un sujet en ce moment d'importance qui est le procès Pellicot, l'histoire de cette femme qui a été soumise par son mari au viol de 50 hommes, elle était droguée par lui.
17:55Le gouvernement se dit prêt ces jours-ci, plusieurs ministres l'ont dit, à faire voter une loi qui inscrive le consentement dans la définition du viol dans le droit français.
18:05Est-ce que vous seriez-vous prête à voter à leur côté pour cette inscription ?
18:09D'abord un mot sur ce procès, vous en parlez, c'est extraordinaire ce qui se passe, vraiment au sens fort du terme.
18:17Et même le fait que les vidéos puissent être en dehors du huis clos à disposition, enfin on est dans un changement.
18:24C'est ce que vous voulez Gisèle Pellicot, pour qu'on voit en face.
18:26Mais elle a quel courage, et à quel point elle a raison, et à quel point je vais exprimer ici mon soutien.
18:31C'est très fort ce qui se passe, et il y a une sorte de mythe qui est en train de s'écrouler sous nos yeux,
18:38qui est celui qui considérait que finalement les violeurs c'était des gens monstrueux, à part une petite minorité de fous furieux,
18:45alors que là on se rend compte que c'est monsieur tout le monde.
18:48Et il était temps, j'ai envie de dire, parce qu'on le sait, moi ça fait 25 ans que je suis engagée contre les violences faites aux femmes,
18:54j'ai moi-même été victime de viol, par un homme qui était armé, en plein jour, pas en pleine nuit,
19:02et déjà à l'époque c'était en plein jour, pas en pleine nuit, parce qu'on imagine toujours le viol comme étant en pleine nuit,
19:08d'un homme armé, la plupart du temps les hommes ne sont pas armés.
19:11C'est monsieur tout le monde, quand on fait une enquête de voisin, tout le monde va vous dire mais il était tout à fait charmant.
19:17Donc il faut travailler l'imaginaire, l'imaginaire qui conduit à ce que des hommes puissent trouver excitant d'avoir une relation sexuelle avec une femme inerte.
19:30C'est ce qu'il faut qu'on arrive à réaliser. Comment est-ce possible ?
19:36J'insiste sur l'imaginaire et j'insiste sur l'effort qu'il y a à produire pour donner des moyens de formation, des moyens d'éducation pour changer tout ça.
19:46Vous ne voulez pas me répondre sur le droit ?
19:48Parce que je pense qu'il y a des priorités et que je ne suis pas sûre que le changement de la définition du viol soit la priorité absolue
19:57si l'on veut obtenir des résultats pour que les viols soient condamnés.
20:00Donc vous ne le voteriez pas ?
20:02Je ne suis pas en train de vous dire que je ne le voterais pas, mais je pense que ça demande réflexion.
20:09Le consentement est une notion qui n'est pas très claire, qui est très discutable, discutée et discutable.
20:16Vous savez, il y a plusieurs manières de l'entendre, d'exprimer son consentement.
20:21J'ai peur que les procès autour du consentement, au fond, ils tournent autour de la victime et non pas du violeur.
20:28Certains s'inquiètent qu'on renverse la charge d'imprève sur la victime.
20:33Je suis très prudente sur cette notion-là.
20:35En même temps, j'entends que des féministes disent que c'est le moyen d'arriver à plus de condamnations.
20:41Je vais regarder de manière plus précise.
20:44Spontanément, je ne suis pas convaincue, je vous le dis.
20:47Spontanément, je ne suis pas convaincue, mais je pense que ça mérite de s'attarder sur la question, d'y réfléchir, d'y réfléchir très profondément.
20:54Mais faisons attention, parce que les féministes ne sont pas d'accord sur ce sujet-là.
20:57Faisons attention à ce qu'on n'ait pas un débat polarisé sur pour ou contre le consentement,
21:02sans voir, comme un arbre qui cache la forêt,
21:04sans voir que ce dont nous avons besoin urgentement, c'est de 2 milliards sur la table,
21:08pour faire ces formations, pour faire cette éducation à la sexualité,
21:12pour, au fond, accompagner les victimes, changer les mentalités.
21:16Et c'est à partir de là que je pense qu'on aura un changement qui fait qu'aujourd'hui, vous savez,
21:22c'est moins de 2% des viols qui aboutissent à une condamnation.
21:26Moins de 2% des viols. C'est dramatique.
21:28Il y a une culture du viol en France ?
21:30Bien sûr. Bien sûr qu'il y a une culture du viol.
21:34Il y a une culture du viol. Et c'est ce continuum que MeToo a permis de donner à voir.
21:40Un continuum, ça ne veut pas dire que les choses sont égales.
21:44Je ne suis pas en train de dire que quand on fait une blague sexiste, c'est la même chose que quand on viole et on torture une femme.
21:49Mais en revanche, si on ne voit pas l'ambiance générale qui est créée par la chosification du corps des femmes,
21:57par la domination masculine qui reste totalement prégnante dans notre société
22:01et l'expression ultime de cette domination que sont les viols, on passe à côté du sujet.
22:06Merci Clémentine Autain d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.

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