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Transcription
00:00Bonjour Didier, Jean-François Péresse, le JDD, c'est la première fois qu'on vous entend, qu'on vous voit depuis l'annonce de la retraite internationale d'Antoine Griezmann.
00:08Est-ce que vous pouvez nous donner des précisions sur la façon dont les choses se sont faites, quand la décision a commencé à mûrir,
00:13quand est-ce que vous avez acté le fait que c'était fini pour Antoine en équipe de France ?
00:18Oui.
00:19Merci.
00:20Alors, qu'est-ce que je vais pouvoir vous dire sur Griezmann, mon chouchou ?
00:25Évidemment, ce n'est pas une décision sur un coup de tête, c'est une décision qui a été prise par Antoine après une réflexion qui a mûri et abouti.
00:43Comme d'autres joueurs avant, Antoine, de par son parcours jusqu'à aujourd'hui, il a commencé, comme vous le savez sans doute, dans le monde professionnel à 18 ans,
00:56en faisant des saisons bien remplies, très peu souvent blessées.
01:04Donc, forcément, aujourd'hui, il arrive à un âge de 33 ans et demi où je dirais que c'est une question qui est naturelle et logique,
01:16comme tous les joueurs peuvent se poser, parce qu'évidemment, avec toutes ces saisons-là, les compétitions, tout ce qu'il a fait avec son club, avec ses clubs et avec l'équipe de France,
01:29il y a une fatigue physique, mais il y a aussi une fatigue psychologique.
01:35Et dans sa réflexion qui a commencé, et il vous le précisera, je ne vais pas parler à sa place, même si j'ai échangé longuement avec lui,
01:49il a pris cette décision et c'est une décision qu'il assume bien évidemment et qui lui va bien.
02:06Dans le sens où ce n'est pas contraint, forcé. Après, on peut toujours trouver des arguments bons ou pas bons.
02:16Vous ne pouvez pas avoir tous les éléments. Moi, j'en ai un peu plus que vous, mais je ne vais pas rentrer dans les discussions que je peux avoir avec les joueurs.
02:25Ça ne s'est pas fait comme ça en deux jours. Il y a pensé, déjà, évidemment, lors de la dernière compétition, comme ça arrive, comme c'est arrivé à Hugo, à Raphaël, qui ont été là pendant des années.
02:45Mais je vous le répète, quand on parle de fatigue physique, il y a l'enchaînement, les calendriers qui ne vont pas en s'arrangeant.
02:53Mais il y a aussi, on n'en parle peut-être pas assez, la fatigue psychologique avec des contraintes aussi.
03:04Et puis quand on arrive à un moment, évidemment, Antoine est plus en fin de carrière, on n'a pas les mêmes priorités à 33 ans qu'à 25 ans, sans rentrer dans sa vie privée et autres.
03:21J'ai eu, comme toujours, une très belle discussion avec lui, mais j'avais en face de moi Antoine qui avait bouclé la boucle et dans sa réflexion, qui a mis du temps, forcément.
03:45Et je ne peux que respecter, bien évidemment, en ayant eu le privilège d'avoir Antoine depuis 2014, avec tout ce qu'il a pu faire sur le terrain et en dehors, avec ses qualités footballistiques, bien évidemment, mais aussi ses qualités humaines et d'avoir une relation privilégiée avec lui.
04:13Ça fait drôle, évidemment, aujourd'hui, parce qu'il a été quasi systématiquement avec nous.
04:22Voilà, c'est sa décision. Je le répète, comme je l'ai déjà dit, je ne peux que le remercier de tout ce qu'il a pu faire et tout ce qu'il a pu apporter à l'équipe de France.
04:39Il n'arrête pas sa carrière, puisqu'il est toujours en activité. C'est un très bel exemple aussi pour les jeunes à suivre, parce qu'il n'a pas eu un parcours linéaire ou fluide comme on veut, mais ça a été, sur le plan humain, c'est quelqu'un de très attachant et ça n'a pas été simple, même en équipe de France.
05:08On arrive à la fin. Il y a eu des périodes où c'était compliqué pour lui aussi, mais ça a toujours été quelqu'un d'extrêmement généreux, ça a toujours été un leader à sa façon, surtout sur le terrain, parce qu'il a toujours eu besoin d'être naturel, spontané.
05:31Après, tout ce qui est un peu contrainte, ce ne sont pas des choses qui lui plaisent et qu'il aimerait gérer aussi. C'est une page qui se tourne, forcément.
05:51Vous avez toujours été franc avec vos joueurs. Le fait de ne plus garantir à Antoine une place de titulaire, comme on l'a vu à l'Euro, en se remplaçant contre la Pologne et l'Espagne, est-ce que ça a pu jouer dans cette décision ? Et deuxième question, il n'y a pas de capitaine, il n'y a pas de vice-capitaine. Qui sera capitaine et qui sera vice-capitaine ?
06:11Je vais finir par la deuxième, ça vous le saurez avant que j'en parle d'abord aux joueurs qui peuvent être concernés, mais forcément il y aura un capitaine à chaque match, vice-capitaine pourquoi pas, s'il y avait un souci avec le capitaine qui commencera le match.
06:29Même si j'ai fait des choix, et ce ne sont pas des choix faciles, Antoine depuis 2014, le seul grand match qu'il n'a pas débuté, c'est celui face à l'Espagne. Mais il n'y a pas de déclassement de ma part par rapport à Antoine.
06:55Après, même si j'ai une relation privilégiée et il y a un côté affectif qui est là, quand je prends cette décision-là, c'est parce que je pense que c'est mieux pour l'équipe de France.
07:09Le mois de septembre, ce n'est pas le fait qu'il ait joué, c'était prévu. Je lui avais annoncé, comme à d'autres aussi, qu'il allait commencer un des deux matchs. Même si au départ, dans ma tête, ce n'était pas prévu qu'il commence le premier, mais plus le deuxième.
07:24Ce n'est pas le fait qu'il n'ait pas joué avec l'abdessure. Surtout le fait que Colau n'était pas disponible pour le premier match, il a joué le premier. Ça va au-delà de ce qui a pu se passer en septembre, bien évidemment.
07:44J'anticipe peut-être, s'il y en a un ou une qui me pose la question, le fait de remonter, il y a un an et demi quand même, le fait qu'il n'avait pas été capitaine. Il a été vice-capitaine, même s'il a fait 100 matchs en tant que capitaine.
08:02Il y en a eu des matchs depuis, on en a beaucoup gagné. Antoine a pu être déçu ponctuellement, mais ça n'a pas duré, même pas un jour.
08:18De par la relation que j'avais avec lui, il sait très bien ce qui m'a mené, le connaissant très bien, à ne pas lui, au-delà de la fierté de pouvoir être capitaine, mais c'est aussi une responsabilité et des contraintes qui sont importantes.
08:40Le connaissant, je le répète très bien, il n'a pas besoin de ça, il a besoin de cette tranquillité, cette liberté, je pourrais dire même cette spontanéité qu'il a sur le terrain.
08:56Ce qui n'empêche que ça a été un très bon leader. On n'est pas obligé d'être capitaine ou vice-capitaine pour être un leader dans nos équipes. Je pourrais vous en donner d'autres exemples, même en équipe de France.
09:16Ce n'est pas un élément déclencheur, il faut voir ça plus sur une longue période qui a commencé en 2014, avec tout ce qu'il a dû enchaîner et en moment de sa carrière professionnelle et de sa vie aussi.
09:34Moi, c'est peut-être parce que j'ai un avantage par rapport à vous, j'ai été joueur aussi, donc tous à un moment cette question ilons dans la tête et puis ça prend plus ou moins de temps pour arriver à une décision qui semble claire pour chacun d'entre eux.
10:01Mais c'est difficile de dire stop à l'équipe de France par rapport à ce qu'elle a représenté pour Antoine et pour d'autres, comme l'exemple d'Hugo et Raphaël Varane.
10:16C'est pas facile, mais quand au fond d'eux ils ont ce sentiment que c'est le moment et qu'il faut arrêter là, il faut respecter ses décisions.
10:31Bonjour Didier et Damien Degas, pour ponger un peu sur ce thème, il faut respecter ses décisions, mais Antoine réalise quand même un gros début de saison avec l'Atlético de Madrid, d'un point de vue statistique en tout cas.
10:46Il marque pas mal, il est passeur. Est-ce que, un, t'as été tenté de le dissuader dans sa décision, de le convaincre qu'il avait encore sa place ?
10:56J'ai pas le convaincre qu'il avait sa place. Il n'y a pas eu une décision commune. C'est sa décision. Après, je vous répète, pardon de vous couper, c'est que c'est pas un Antoine qui était en réflexion ou qui était en train de se poser la question.
11:16Il était dans une décision suite à une réflexion, je le répète, qui était mûrie et aboutie. Donc voilà, c'est pas que... Autrement, s'il avait pas pris ses décisions, il serait là aujourd'hui.
11:31Juste par rapport à ta réaction sur son arrêt, quand tu dis qu'il a fait preuve de lucidité et d'honnêteté, qu'est-ce que tu voulais dire par là ?
11:41C'est dans les rapports privilégiés que j'ai eu avec lui. Il a toujours été très reconnaissant. Et voilà, ce qui m'a pas empêché à certains moments de lui dire, comme à d'autres, s'il y avait des choses qui me convenaient pas.
11:57Et après, dans mes choix, même si sur 99% des choix, il a toujours été au cœur de cette équipe de France. Donc c'est par rapport à ça.
12:11Aujourd'hui, toujours autour de Baptiste Desprez-Le Figaro, autour d'Antoine, on sait l'affection que tu lui portais, on te sent aimé quand on en a parlé. Est-ce que finalement, c'est la retraite depuis plus de 10 ans qui t'a le plus touché ou ému quand tu l'as eu au téléphone ?
12:33Ça serait manquer de respect à Hugo et Raphaël, qui ont pas forcément le même caractère. Mais dans les discussions que j'ai pu avoir avec les uns et les autres, il y a des similitudes par rapport à une carrière.
12:49Ce que ça amène, je vous le répète encore, comme fatigue physique et aussi psychologique. Après, ça peut être des choix de vie aussi, comme l'a fait Hugo, Olivier aussi, en prenant une option et en restant dans le foot, mais en n'ayant pas les mêmes contraintes.
13:13Antoine, oui, il est arrivé en 2014. Il aurait pu arriver un peu avant s'il n'avait pas eu sa petite escapade. C'est quelqu'un qui est tellement attachant, qui est tellement généreux dans tout ce qu'il fait.
13:31Il a tellement apporté à l'équipe de France que, évidemment, je suis sélectionneur, mais la relation humaine est quelque chose de très important pour moi. Avec lui, j'ai une relation privilégiée, oui, dans le temps où je le connais très bien.
13:49Lui aussi, il me connaît bien. Évidemment, je ne peux pas rester insensible aux discussions qu'on a pu avoir durant toutes ces années, comme la dernière que j'ai eue avec lui. Enfin, la dernière en tant que joueur.
14:11J'en aurais d'autres, forcément, dans l'avenir avec lui, comme j'en ai avec certains joueurs qui ont arrêté aussi leur carrière.

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