• il y a 2 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il revient sur un nouveau drame qui s'est produit dans le Calvados. Kilian, 17 ans, a été poignardé à mort à la sortie d'une boîte de nuit. Pascal Praud reçoit Charlie Madelaine, gérant de l'Octavia, la boîte de nuit en question.

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Transcription
00:00Pour actualité dramatique, ce matin, combien encore, il s'appelait Kilian Binar, il avait 17 ans, il était champion de boxe de Normandie dans sa catégorie,
00:08il a été poignardé à mort à la sortie d'une boîte de nuit dimanche matin vers 6 heures, dans le Calvados à Subles, une commune de 600 habitants.
00:17Il s'est pris un coup de couteau par un autre individu sur le parking de l'établissement, couteau récupéré dans une voiture avant de poignarder l'adolescent.
00:23Un suspect de nationalité algérienne a été entendu et âgé d'une vingtaine d'années, il a été interpellé, il nie les faits et aujourd'hui, pendant une bagarre, on se prend parfois un coup de couteau.
00:35C'est un scénario hélas classique. Alors je crois que nous allons être avec Charlie Madeleine, qui est le gérant de la boîte de nuit de l'Octavia, là où a eu lieu le meurtre dimanche matin,
00:46mais on peut peut-être écouter avant cela la mère de Kilian qui a répondu aux questions de Fabrice Elsner sur CNews.
00:52C'est un de ses copains qui m'a appelé pour me dire que mon fils était décédé.
00:58Il ne voulait pas trop me le dire au début, donc j'ai insisté et ils m'ont annoncé ça.
01:03Ils sont sortis, enfin Kilian est sorti, Quentin l'a suivi, donc il y a une personne qui a foutu un coup de poing à Kilian, donc ils ont réagi, ce qui est un peu logique.
01:14Donc Quentin est rentré dans la salle et quand il est ressorti, Kilian a vu avec l'autre qu'il avait le couteau et qu'il l'avait déjà frappé.
01:23C'est inadmissible, c'est la méchanceté gratuite, c'est... Non, je ne comprends pas.
01:30Surtout, il allait en boîte, il n'allait pas être méchant, il allait s'amuser, donc pourquoi la violence comme ça ? Non, je ne comprends pas.
01:40Déjà, si la personne se promène avec un couteau dans une voiture, c'est qu'il a l'intention de faire quelque chose.
01:46Je n'ai pas dormi de la nuit, je ne mange presque pas, j'ai toujours l'impression qu'il va arriver, tant que je ne l'aurai pas vu, je ne serai pas bien.
01:59La mère de Kilian, évidemment désespérée, on va être à l'instant avec Charlie Madeleine, qui est le gérant de la boîte de nuit de l'Octavia,
02:11là où a eu lieu ce meurtre dimanche matin. Bonjour M. Madeleine.
02:16Bonjour, bonjour à toute l'équipe.
02:19Et merci d'être avec nous, puisque vous étiez un des témoins de ce drame.
02:24Témoin non, mais au vu des caméras que j'ai repassées sans cesse depuis le drame, oui, je sais ce qui s'est passé,
02:38mais réellement, en vue de ce qui s'est passé, je n'étais pas sur place de mes propres yeux à voir.
02:45C'est-à-dire qu'à 6h du matin, vous n'étiez plus dans le local de la boîte de nuit ?
02:49Si, si, mais en fait, je n'ai pas vu quand il y a eu le coup de portée, c'est ça, je n'ai pas vu de mes propres yeux, c'est ça que je veux dire.
02:55Est-ce que vous savez les raisons, si tant est qu'il puisse y avoir des raisons, de sortir un couteau ?
03:01Pas les raisons, non, déjà d'une, je pense qu'il n'y a aucune raison de sortir un couteau, je veux dire, moi je ne me balade pas avec un couteau,
03:08je trouve ça, c'est lamentable, enfin voilà, on ne va pas revenir dessus, mais pour revenir sur les faits,
03:15voilà, soirée de discothèque tranquille, fermeture, aucune interlocution à l'intérieur, toute la soirée s'était bien passée, c'était vraiment la fermeture,
03:25on voit aux vidéos Kylian qui commence à se chamailler avec une personne, qui commence à se bagarrer, les agents de sécu du coup séparent l'interlocution,
03:40séparent, donc Kylian le ramène dans le devant, le portier lui dit de se calmer, etc., se vient une bagarre du coup du groupe d'en face avec l'autre groupe,
03:49mais ce n'était pas une grosse bagarre, c'était vraiment des, voilà, pour vous dire, il n'y a aucune autre personne qui a été blessée,
03:56et on voit malheureusement Kylian, je pense qu'il voulait aussi se défendre, Kylian c'était un boxeur, qui fait le tour, qui passe dans le dos du portier,
04:08qui escalade la corne, qui passe par-dessus la corne et qui fait le tour du bus, et malheureusement l'autre individu avait été chercher un couteau dans sa voiture,
04:17et le drame, vous le connaissez, on a tout de suite venu à son secours, ma compagne s'est précipitée, a fait les premiers soins avec un de mes autres portiers,
04:33et malheureusement on n'a rien pu faire, on n'a rien pu faire, et vous vous doutez bien que je suis sollicité de partout, je repasse, j'explique depuis ce week-end ce qui s'est passé,
04:48mais on est perdu, on ne sait pas trop où on en est.
04:52Évidemment vous avez assisté au dernier moment de Kylian, et il était conscient à ce moment-là ?
04:58Non, non, non, en fait, moi je me suis occupé, nous nos agents de sécu avons interpellé l'auteur des faits, qui du coup s'est caché, donc il a été interpellé avec le couteau dans les mains,
05:12donc il a pris la fuite, nos agents de sécu ont réussi à courir derrière, à le rattraper, à le plaquer, et donc moi je suis resté à ce moment-là avec cet individu-là,
05:21en le maintenant, en attendant les forces de l'ordre, qui l'ont tout de suite pris en charge dès son arrivée, moi quand je suis revenu, là-haut, Kylian était déjà dans le camion de pompiers, en soins, pour essayer de le faire revenir.
05:35Vous le connaissiez ce garçon, Kylian ?
05:37Personnellement, non, après, au vu de la région, je l'ai déjà croisé, moi je connaissais très bien son entraîneur de boxe, qui est aussi l'un de mes employés, dans un autre établissement de nuit,
05:49c'est quelqu'un qui était de Saint-Lô, donc voilà, on est proches, donc obligatoirement, tout le monde s'est déjà croisé, mais je ne le connaissais pas personnellement,
05:59je ne le connaissais pas personnellement, c'était un client qui venait de temps en temps dans mes établissements.
06:05Alors c'est un établissement, à priori, dans une petite ville calme, quand même, une ville très village, c'est 600 personnes, je crois, c'est Subles, on dit, dans le Calvary ?
06:18Et à 6h du matin, j'imagine, il restait très peu de clients, parce que c'est l'heure de la fermeture ?
06:25Ah bah il restait, oui, effectivement, très peu de clients, le principal des clients, le gros des clients, partent entre 4h et 5h30, donc il restait vraiment un groupe d'individus
06:37qui se sont mêlés à la bagarre, et les groupes d'amis de Kylian, et, entre guillemets, l'auteur aussi des faits, quoi.
06:45C'est une commune, oui, c'est une commune tranquille, après, on est en zone rurale, on a beaucoup de clientèle de zone rurale, mais ça arrive aussi, on est à côté de Caen, on est proche de Caen,
06:59il y a de la clientèle de Caen qui viennent chez nous, malheureusement, c'est comme tout à l'heure, j'avais le Yarl au téléphone, on discutait des problèmes,
07:09quand les gens arrivent, qu'ils ont un geste manifeste d'ivresse, qu'ils présentent leur paquet d'identité en règle, qu'il n'y a pas de solution, enfin pas de solution, mais pas de raison pour les interdire,
07:24qu'est-ce qu'on fait, quoi ? C'est ça le problème, parce que c'est pas marqué sur son front, et surtout qu'apparemment, c'était pas la première fois, il était déjà venu une ou deux fois,
07:34le gendarmerie m'a dit dans l'établissement, moi je ne l'avais jamais vu, en même temps, je peux pas trop tenir la tête de tout le monde, on draine quand même du monde, donc apparemment, il est déjà venu une ou deux fois avant, et il n'y avait pas eu de problème.
07:49Donc là, qu'est-ce qui leur passe pas la tête, je sais pas.
07:53Ce jeune homme, le principal suspect, est-ce qu'on a des informations sur lui ? Vous dites, il est en règle ou il n'est pas en règle, moi je n'ai pas ces informations.
08:04Non, du tout, déjà pour qui rentre chez nous, c'est qu'il est en règle, c'est-à-dire qu'il a présenté un justificatif d'identité qui lui permettait de rentrer dans l'établissement,
08:12et qu'il est passé par la palpation et du contrôle.
08:17C'est-à-dire que vous vous contrôlez par la carte d'identité chacun des clients qui rentrent dans votre établissement ?
08:23Chaque client, nous avons deux systèmes de passation, c'est-à-dire qu'il y a un premier arrêt où le portier vérifie la carte d'identité pour voir déjà si l'identité de la personne, si ça correspond bien à la photo,
08:35si ce n'est pas une fausse carte d'identité, on va pas revenir sur ce sujet-là, mais il y a un fléau aussi avec ce problème-là.
08:40Ensuite, une fois que le portier lui dit que c'est ok, il fait le tour et ensuite il passe au système de palpation avec le contrôleur, avec la raquette de métaux,
08:49pour être sûr qu'il n'y ait pas de couteaux ou d'autres objets dangereux pour la clientèle.
08:57Il y a un compte Twitter que je suis, vous connaissez peut-être, qui est un dirigeant d'établissement de nuit qui s'appelle le Jarl, J-A-R-L.
09:05C'est ce que je vous disais tout à l'heure, j'étais au téléphone avec lui justement.
09:08Alors il m'a envoyé des textos parce que je l'ai reçu sur l'antenne de CNews et ce matin il écoutait effectivement ce drame effroyable et il m'a dit
09:19« J'explique depuis des mois que tous ces crimes en sortie de discothèque pourraient être diminués considérablement si l'État changeait la réglementation des portiers de nuit sur l'utilisation des lacrymogènes. »
09:34Est-ce que vous partagez son analyse ?
09:37Je suis 100% d'accord avec lui. Le problème c'est que nous, j'ai connu des problèmes avec ça.
09:44Au tout début, on a utilisé ce type de produit qui calmait vite la situation.
09:54Quand un client ne voit plus, il ne peut plus rien faire.
09:57Le problème c'est qu'on n'a pas le droit d'utiliser ça.
10:01Donc ça nous portait des problèmes, des préjudices.
10:05Donc on n'a pas le droit de s'en servir.
10:08Oui effectivement, après on pourrait refaire le monde.
10:12Mais si on aurait utilisé le gaz lacrymogène, est-ce que ça aurait pu éviter ce drame ?
10:17Je ne sais pas, je n'ai pas envie de dire oui, je n'ai pas envie de dire non.
10:20Mais je pense que dans tous les cas ça aurait changé la situation, c'est assez sûr.
10:25Bon, restez avec nous, parce qu'évidemment c'est un sujet important, dramatique.
10:31Et c'est vrai que ça arrive régulièrement et que les propriétaires d'établissements de nuit que vous êtes
10:38sont confrontés à quelque chose que vous ne pouvez pas régler tout seul.
10:42Bien évidemment qu'il y a la violence de toute la société.
10:45Il est 11h17, à tout de suite.
10:47Et pour réagir avec Pascal Praud sur Europe 1 de 11h à 13h, vous composez le 01-80-20-39-21.
10:54C'est le standard d'Europe 1, tout de suite.
10:56Europe 1.
10:57Pascal Praud et vous, de 11h à 13h sur Europe 1.
10:59Dimanche, un drame a secoué la ville de Suble dans le Calvado.
11:02C'est le monde de la boxe en Normandie, puisque Kilian, je ne sais pas comment on dit,
11:06Binar, jeune boxeur talentueux de 17 ans, a tragiquement perdu la vie à la sortie d'une discothèque
11:12après avoir été poignardé.
11:14Nous sommes depuis quelques minutes avec Charlie Madeleine, qui est le patron de la discothèque
11:18et qui a été sur place, qui n'a pas vu précisément cette altercation,
11:23mais qui a pu, avec les caméras d'ailleurs vidéo, revoir cette scène effroyable
11:29et puis qui témoigne de la réalité de ce qui peut se passer dans un petit village, bien sûr,
11:33et puis dans un établissement de nuit.
11:36Je recite à nouveau le Jarl, qui est un comte que je suis
11:40et qui est tenu par un établissement, par un propriétaire d'établissement de nuit.
11:46Et il dit, M. Madeleine, mon équipe et moi intervenons entre deux et cinq fois par mois
11:53sur des sorties de couteaux maintenant.
11:55Alors lui, il est à Rennes, et c'est dans le centre de Rennes, je crois,
11:59donc c'est peut-être plus exposé, mais est-ce que vous, c'est votre cas aussi
12:03dans cette boîte de nuit de subles dans le Calvados ?
12:08Oui, nous, après, comme je vous dis, dans tous les établissements,
12:12on fait le contrôle des détecteurs de métaux, obligatoire.
12:16Moi, je n'ouvre pas une soirée sans qu'on ait le détecteur de métaux en place.
12:20Oui, effectivement, on retire, on ne peut pas dire de bêtises,
12:25on retire entre trois et huit couteaux par mois.
12:29Alors, attention, des couteaux, on peut parler d'opinel,
12:31mais de tout objet dangereux pour la clientèle,
12:34effectivement, grâce au détecteur de métaux, on arrive à enlever ça de la poche
12:39ou d'autres endroits que cachent les clients ces objets-là.
12:43Mais celui qui arrive avec un couteau, il passe donc sous le détecteur de métaux,
12:47c'est entendu, et on lui enlève son couteau.
12:49Mais vous l'acceptez quand même dans l'établissement de nuit ?
12:51Ah ben non, pas bien sûr que non.
12:53Vous lui dites que ce n'est pas possible.
12:55Ah ben non, ce n'est pas possible.
12:56Et là, il est fiché à jamais, c'est-à-dire qu'il ne viendra plus jamais chez vous ?
13:00En général, ils savent bien qu'ils ne reviennent pas.
13:03En général, ces personnes-là, on ne les revoit pas.
13:05Et qu'est-ce qu'ils vous disent pour justifier d'avoir un couteau dans une poche
13:09quand vous avez un échange avec eux ?
13:11J'imagine en plus que ça doit être tendu, l'échange.
13:13L'échange, oui, surtout quand ils sont cachés.
13:20Par exemple, dans la chaussette.
13:24Là, ils n'ont rien à dire dans tous les cas.
13:27Pour nous, c'est directement retour, demi-tour, retour voiture
13:30et on confixe l'objet en question.
13:32Après, on a d'autres exemples que je pourrais vous citer.
13:35On est en Normandie, par exemple,
13:37quand je parle de tous les objets,
13:39c'est tout objet qui peut être dangereux pour la clientèle.
13:41Donc nous, en fait, on est en Normandie,
13:42on est à côté d'une zone maritime
13:44où il y a beaucoup de pêcheurs en client.
13:46Et des fois, ça arrive aussi qu'ils aient un ouvruite ou une connerie comme ça.
13:51Là, c'est différent, bien sûr, évidemment.
13:53Oui, mais un ouvruite peut faire aussi des dégâts.
13:55Je vous parle de tout objet qui pourrait être dangereux pour la clientèle.
13:57Non, mais on voit le profil, forcément, de la personne.
14:02Charlie Madeleine, vous êtes patron de discothèque.
14:06Depuis combien de temps vous êtes patron de discothèque ?
14:08J'ai ouvert la première discothèque en 2019, si je n'ai pas le biais de dire ça.
14:13Est-ce que vous diriez aujourd'hui que c'est plus violent, plus insécure, le monde de la nuit ?
14:17Moi, j'ai vu une différence.
14:18En cinq ans ?
14:19J'ai vu une différence, ça c'est sûr, depuis le début.
14:21Après, il y a eu la fameuse épreuve Covid
14:23qui nous a bien calmés.
14:25Mais pour moi, j'appelle toujours ça comme ça,
14:29l'ouverture après Covid a été différente de l'avant Covid.
14:33Je ne sais pas ce qui a changé, je ne sais pas ce qui s'est passé.
14:36Je ne suis pas là pour comprendre ce qui se passe, je ne le sais pas,
14:42mais ça a changé, ça c'est sûr.
14:44Est-ce que ça peut remettre en cause ce drame ?
14:46Parce que j'imagine qu'il y aura un avant et après drame pour vous.
14:50Parce que ce que vous avez vécu, c'est ce que vous disiez au début.
14:53Est-ce que vous vous dites, ça ne vaut peut-être pas le coup,
14:56c'est une activité festive, à priori, la vôtre,
15:00c'est une activité de bonne humeur, de joie de vivre.
15:03Est-ce que ça peut remettre en cause, effectivement, ce lien que vous avez avec la nuit ?
15:09Moi, j'ai envie de dire, en faisant ce pétché-là,
15:13je sais que malheureusement, ça peut arriver.
15:18On travaille la nuit, on est lié à la violence, on vend de l'alcool,
15:23donc obligatoirement, on ne rend pas les gens intelligents.
15:25Donc c'est à nous de faire notre travail le mieux possible
15:27et de mettre les clients en sécurité.
15:29Après, un arrêt comme ça, ça met un choc à tout le monde, à toute l'équipe.
15:36Quand je disais, moi j'en ai eu à la maison, on n'est vraiment pas bien.
15:39Oui, parce que c'est votre compagne qui a accompagné, si j'ose dire,
15:44les derniers moments de Kilian.
15:46Pour elle aussi, c'est un moment extrêmement important et traumatisant de sa vie.
15:54Voilà, c'est quelque chose que ça ne s'enlèvera jamais de la tête,
15:58ça c'est sûr, malheureusement.
16:00Après, arrêter la profession, j'ai envie de vous dire non,
16:04ça va être pour moi compliqué.
16:07Après, la seule chose, c'est ce que je me dis,
16:10qu'est-ce qu'on aurait fait pour ne pas que ça arrive ?
16:13Malheureusement, ça aurait pu arriver n'importe où,
16:16c'est ce que disait la gendarmerie,
16:17ça aurait pu arriver sur un parking du supermarché,
16:19ça aurait pu arriver chez moi.
16:22On a fait ce qu'il fallait, on a contrôlé l'identité,
16:25on a le détecteur de métaux,
16:26il n'y a eu aucune intercassion dans la soirée.
16:29C'était vraiment à la fermeture.
16:32On peut refaire le film dans tous les sens.
16:35Kilian serait reparti tranquillement, il n'aurait pas été mort.
16:39On peut dire tous les scénarios, le seul scénario c'est que bagarre ou pas,
16:42on n'a pas à sortir un couteau de sa voiture.
16:44Moi, je ne me travaille pas avec un couteau sur moi, ni dans ma bagnole.
16:47Donc ça, c'est inacceptable.
16:48Après, le problème qu'il y a, c'est qu'on ne peut pas non plus aller fouiller
16:51la voiture de chaque client qui rentre dans l'établissement.
16:53C'est impossible et personne ne le fait.
16:56Il y a des solutions à trouver.
16:58C'est un milieu qui est très compliqué,
17:03on se fait taper sur la tête des lois qui nous tombent de partout
17:07et on n'a le droit de rien faire.
17:09Je prends juste un exemple, pour les cartes d'identité,
17:11c'est un fléau, c'est les fausses cartes d'identité.
17:13Oui, c'est important de vous écouter d'ailleurs.
17:15Je ne suis pas au courant de ça et vous, vous êtes en contact avec le terrain.
17:19Nous, dans notre établissement, on refuse l'entrée aux mineurs.
17:23Alors attention, je ferme les yeux parce que quand tout va bien,
17:26on est la meilleure discothèque du coin,
17:28puis qu'on arrive à un drame comme ça, je m'en prends plein la gueule.
17:31Écoutez, c'était la pire discothèque, mais bon, ça fait mal.
17:34Mais ce que je veux dire sur les cartes d'identité,
17:37c'est qu'en ce moment, il y a un fléau.
17:38Nous, dans notre établissement, on interdit l'entrée aux mineurs.
17:40À savoir que la loi française autorise à rentrer en discothèque à 16 ans
17:44avec un parent ou un frère, c'est premier ou second degré.
17:49Après, il y a différents textes de loi qui sont sortis, il faut vraiment voir le vrai.
17:52Mais moi, je ressors ce que j'ai entendu.
17:54Ce qui serait bien, c'est que nous, un exemple,
17:56comme maintenant les jeunes, ils trafiquent leurs cartes sur les téléphones
17:59et que maintenant c'est accepté, même la gendarmerie accepte
18:01de montrer ses papiers d'identité sur le téléphone numérisé,
18:04ça serait bien d'avoir un affichage comme au casino.
18:06On pose le téléphone, même si c'est une carte d'identité scannée,
18:09et là on voit si c'est l'individu, s'il a fait une faute, s'il est fiché,
18:13s'il est recherché par la police, s'il a un truc en cours.
18:16Et nous, au moins, on serait sereins dans nos établissements
18:18à rentrer dans la clientèle sereine et éviter les problèmes sur le parking comme il y a eu.
18:22Merci Charlie Madeleine, vraiment merci.
18:24Et puis, courage forcément à vous, parce que ce que vous avez vécu,
18:29évidemment, restera dans votre mémoire.
18:32Vous avez parlé un peu fort, mais la voix, normalement, est coupée.
18:35C'est un moment, évidemment, traumatisant.
18:38Merci d'avoir témoigné avec nous.
18:40Vous êtes le patron de la discothèque, là, ou sur le parking.
18:44Ce jeune homme de 17 ans est mort dans la nuit de samedi à dimanche.
18:51Il est 11h29, on va marquer une pause,
18:53et puis vous allez pouvoir réagir sur ce drame.
18:55Au 01-80-20-39-21, le numéro est non surtaxé.
19:0011h13h, c'est Pascal Proé, vous, sur Europe 11h13h.
19:03Pascal Proé, sur Europe 1.
19:05Puisqu'il était boxeur, jeune boxeur, d'ailleurs talentueux,
19:10bonjour Jean Mettet, et merci d'être avec nous.
19:13Bonjour.
19:15J'imagine que c'est un enfant que vous connaissez,
19:18un adolescent en tout cas, que vous connaissez depuis très longtemps.
19:22Depuis deux ans qu'il est au club.
19:25C'est un garçon qui avait dix combats, huit victoires.
19:28Il avait l'avenir devant lui, c'était un espoir du club.
19:31On allait certainement dans quelques années se diriger en faire un boxeur professionnel.
19:37On était en train d'en faire un super bonhomme,
19:40parce que c'est un garçon très timide, très introverti.
19:43Il était avec un ami boxeur à lui, ils étaient inséparables,
19:47ils étaient encore tous les deux lors de cette terrible soirée.
19:51Et c'est la première fois qu'ils allaient dans cette boîte de nuit,
19:54vous voyez comme quoi le destin peut être cruel.
19:56On est là au club pour former des hommes, pour les amener bien à la vie.
20:00C'est une école de la vie la boxe.
20:02Et on a des cas un peu...
20:05On a des garçons qui sont tout fous, on les calme.
20:08On a des garçons qui sont calmes, on leur donne confiance en eux.
20:11C'est ça la boxe, c'est ce visage-là de la boxe.
20:13Et c'était un garçon paisible, un garçon qui faisait pas de bruit.
20:16Quand on allait en déplacement avec lui dans la voiture, il fallait lui arracher les mots, vous voyez.
20:20C'était pas un voyou, c'était un brave petit bonhomme.
20:24Boxe anglaise, bien sûr.
20:27Pardon ?
20:28Votre club de boxe, c'est la boxe anglaise.
20:31C'est la boxe traditionnelle.
20:34Et il avait déjà, disiez-vous, plusieurs combats.
20:37Il avait dix combats, huit victoires.
20:40Et en dehors de la boxe, à 17 ans, qu'est-ce qu'il faisait, Kylian ?
20:45Il poursuivait brillamment ses études au lycée Curie.
20:48Il travaillait très très bien et il n'avait que cette passion.
20:52Et c'était le premier sport qu'il pratiquait, la boxe.
20:55Il n'avait jamais fait d'autres sports auparavant.
20:59Ses amis, vous disiez que c'était une personnalité introvertie.
21:03Ses amis, et vous en faites partie, forcément, ont beaucoup de tristesse, de chagrin.
21:08Et que disent-ils ce matin ?
21:10Tout le monde est dévasté.
21:12Vous savez, hier soir au club de boxe, j'avais une quarantaine d'élèves avec mes entraîneurs.
21:16J'ai sensibilisé mes jeunes qui étaient là, parce qu'il y en a beaucoup de jeunes,
21:20aux dangers qui nous guettent tous les jours.
21:24Aux mauvais regards aussi, à une place de parking prise,
21:29un petit coup d'épaule dans la rue, un marchand.
21:31Maintenant, la violence, elle est partout.
21:33Ce n'est pas normal. Il faut changer ça. Il faut que ça s'arrête.
21:35Il faut arrêter les marches blanches.
21:37Quand vous voyez un jeune, un homme de 24 ans, un Algérien,
21:40qui s'en va dans une boîte de nuit avec un couteau dans sa voiture,
21:44mais c'est quoi ça ? Où c'est qu'on va ?
21:46Il faut arrêter cette violence gratuite.
21:48Nos jeunes ne sont plus en sécurité, nulle part.
21:50On essaie, nous, des jeunes gamins, des jeunes enfants qu'on a à la boxe,
21:55on essaie d'en faire des hommes qui sont capables de se défendre,
21:58mais se défendent devant un couteau.
22:00Ils étaient dix, nos jeunes, d'un petit pays, d'un petit village comme Saint-Lô,
22:04d'une petite ville comme Saint-Lô, 18 000 habitants.
22:06On n'est pas entouré de violence, on n'est pas dans certains quartiers de Marseille.
22:11On est paisible, on est une ville paisible.
22:13Et puis ça nous arrive, comme partout, il y a un déferlement de violence.
22:17J'ai plus de mots pour ça, j'ai plus de mots.
22:21Ça fait combien de temps que vous êtes entraîneur, M. Mettez ?
22:23Ça fait 51 ans, monsieur.
22:2551 ans d'entraîneur.
22:2751 ans d'entraîneur au club, et là j'ai un jeune président, M. Chacardon,
22:31qui vient d'être président il n'y a qu'un jour,
22:33et c'est mon 13e président au club.
22:35Je n'ai jamais voulu être président, toujours entraîneur.
22:37Mais vous avez quel âge, sans indiscrétion ?
22:40J'ai 72 ans, monsieur.
22:42Donc vous étiez un entraîneur quand vous aviez 20 ans,
22:45vous étiez un jeune entraîneur.
22:47Oui, je suis entraîneur à 23 ans.
22:49Je devine à travers notre conversation le profil d'éducateur que vous êtes,
22:52parce que c'est votre vie d'accompagner tous ces gosses,
22:55tous ces jeunes que vous avez vus passer.
22:57Oui, j'ai consacré ma vie à ça.
23:00Ma femme m'a bien accompagné aussi dans tout ça,
23:03parce que c'est vrai qu'il faut être deux.
23:05Vous savez, c'est le week-end, partie,
23:07on boxe vendredi, on boxe samedi,
23:09on se couche tard, on se couche à trois quarts d'heure du matin,
23:12le lendemain il faut repartir.
23:14On est revenus avec des défaites des fois dans la voiture,
23:17on croirait revenir d'un enterrement,
23:19pas un mot dans la voiture.
23:21Et puis quelques temps après, on ne ramenait que des victoires,
23:23on était contents, vous savez,
23:25le sport s'est fait de ça, de bons et de mauvais moments.
23:27Mais il faut garder que les bons, c'est des bons souvenirs.
23:29Et comme je garderai un bon souvenir de Kylian,
23:32il va nous manquer à la salle, il va nous manquer.
23:34On va l'appeler, on va l'appeler,
23:35« Tiens Kylian, dis-le, mets des gants maintenant,
23:37tiens, arrête, c'est à toi, c'est à toi maintenant,
23:39tiens, en fait, quel poids tu fais Kylian ? »
23:41Le mot Kylian, maintenant,
23:43on ne va plus le sortir de notre bouche,
23:45et croyez-moi, c'est bien dommage.
23:47Il y a beaucoup de générosité, forcément,
23:49chez ces éducateurs, parce que
23:51on a tous fait parfois du sport,
23:53dans un club de sport,
23:55en compétition,
23:57et personne n'a oublié le lien
23:59si particulier lorsqu'on a 12 ans,
24:0113 ans, 14 ans, 16 ans, 17 ans,
24:03qu'on a avec un entraîneur qui, à la fois,
24:05doit être dur, parce que la compétition est dure,
24:07mais doit aussi nous faire
24:09progresser, et surtout nous aimer,
24:11et c'est souvent,
24:13évidemment,
24:15une forme d'amour, en tout cas,
24:17d'être dur, parfois, avec
24:19un sportif, parce que la compétition réclame
24:21des mots durs, et
24:23ce lien-là, si particulier
24:25des éducateurs, avec
24:27ces jeunes gens, surtout
24:29aussi longtemps, 50 ans,
24:31vous méritez,
24:33la légion d'honneur, parfois, elle devrait
24:35être donnée à des gens comme vous, M. Mettez,
24:37si vous permettez. Oui, c'est vrai, on est peut-être
24:39un petit peu des parents pauvres, nous, les entraîneurs,
24:41mais vous savez, dans la boxe,
24:43on a quand même une relation
24:45entraîneur-entraîné,
24:47qui est très très forte, si vous
24:49saviez combien de fois j'ai
24:51changé la physionomie d'un match
24:53avec des mots dans la carte de ring, vous savez,
24:55une minute dans une carte de ring, quand on a
24:57des blessures à penser,
24:59quand on a des mots percutants à dire
25:01à notre élève, une minute, c'est très très
25:03court, il faut avoir une très très bonne réaction,
25:05et puis, comme vous disiez,
25:07au niveau de l'éducation, il faut
25:09une main de fer dans un gant de velours,
25:11c'est ça, un petit peu, la boxe, et puis la boxe,
25:13c'est un coup à prendre, quelque part,
25:15mais il faut du temps pour former des
25:17gosses, et quand on les amène au haut niveau,
25:19quand on les amène au champion de France, champion d'Europe,
25:21et bien, je vois un de mes anciens
25:23boxeurs, un élève, Maxime Baussire,
25:25qui a été deux fois champion de France et champion
25:27d'Europe avec moi, on a été 13 ans
25:29ensemble, depuis l'âge de 10 ans jusqu'à l'âge
25:31de 23 ans, vous voyez le parcours,
25:33et Maxime, encore hier, il m'a appelé au téléphone,
25:35son vieux prof, c'est quelque chose d'extraordinaire,
25:37il y a un lien, il y a un lien.
25:39Mais bien sûr, personne n'oublie,
25:41évidemment, personne n'oublie
25:43son vieux prof, comme vous dites.
25:45Bon, Kilian, évidemment, c'est un drame,
25:47c'est un drame, il y aura un avant
25:49et un après,
25:51pour vous, pour ses amis,
25:53bien évidemment, je ne sais pas si vous aviez des contacts
25:55avec ses parents ou pas,
25:57monsieur ?
25:59La première fois, la première fois que
26:01ses parents l'ont amené à la salle de boxe,
26:03et une petite chose, il y a une marche
26:05blanche dédiée à Kilian,
26:07à 18h30 demain, qui parle d'ici
26:09comme mort à Saint-Lô, parce que
26:11voilà, il sera
26:13toujours, toujours là, toujours là, toujours là,
26:15et
26:17moi, je n'ai plus de mots, depuis hier,
26:19je n'ai plus de mots, je suis
26:21dévasté, tous mes amis, tous les
26:23copains du club sont dévastés,
26:25on leur a annoncé ça hier, les réseaux sociaux
26:27ont marché
26:29de partout, de partout, de partout,
26:31mais ça, on n'aurait pas voulu
26:33ça, on n'aurait pas voulu, on n'aurait pas voulu
26:35en arriver là, on aurait voulu qu'ils reviennent de bonne nuit
26:37en ayant passé une bonne soirée, et puis
26:39qu'hier, ils soient à l'entraînement parmi nous,
26:41mais voilà, il y a un garçon, un chic garçon
26:43qui va nous manquer, et ça, c'est, croyez-moi
26:45que... Et dans une ville, effectivement, c'est ce que vous avez
26:47dit, comme Saint-Lô, 18 000 habitants,
26:49qui est une petite ville, quand vous dites,
26:51aucun coin de France, aujourd'hui, n'est épargné
26:53de cette violence, surtout vous,
26:55dans un sport qui, a priori, est violent,
26:57et violent, que vous remarquiez vous-même
26:59que les choses ont changé, parce que la violence était peut-être
27:01davantage canalisée, précisément à travers
27:03les exercices de la boxe, il y a
27:05plusieurs années, qu'aujourd'hui, elle est dans
27:07la rue, et elle est
27:09partout. Et elle est gratuite !
27:11Et elle est gratuite, pour un regard
27:13n'importe quoi, maintenant, on va sortir un couteau,
27:15on va sortir un flingue, on va se dire, non mais c'est quoi ça ?
27:17Avant, dans le temps,
27:19quand on allait, évidemment, les bagarres,
27:21il y en a toujours eu, dans les balles, moi, le premier, j'étais
27:23confronté à ça, mais on allait dehors,
27:25on se ficarait, bing bing boum,
27:27voilà, pour un pied, il n'y avait pas de couteau, il n'y avait rien,
27:29il y avait machin, juste que, des combats
27:31d'hommes, maintenant, c'est des lâches, c'est des lâches,
27:33c'est des bons à rien, des bons à rien.
27:35Ils n'ont pas de, je ne vais pas employer
27:37un terme vulgaire, mais voilà,
27:39c'est, je ne sais pas,
27:41moi, je ne comprends plus cette société.
27:43Je suis bien content d'avoir traversé
27:45les époques que j'ai traversées,
27:47où on avait quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup plus
27:49de valeur que maintenant.
27:51Merci, merci Jean Mettet, merci pour
27:53ces mots, merci pour
27:55votre lucidité, merci pour
27:57votre courage, merci pour votre générosité,
27:59bien sûr, d'accompagner tous ces jeunes gens.
28:03Ça, c'est le sport amateur,
28:05c'est le sport associatif aussi,
28:07avec des, j'ai envie de dire,
28:09parfois, des, oui, c'est une sorte
28:11de sacerdoce, d'engagement,
28:13de donner
28:15sa vie, chaque samedi,
28:17chaque dimanche, et puis dans la semaine, avec les entraînements,
28:19à ces jeunes gens.
28:21Merci beaucoup, M. Mettet, vraiment, merci
28:23beaucoup. Il est 11h44, on va marquer une pause.
28:25Évidemment,
28:27notre atmosphère est sombre, ce matin,
28:29parce que ce jeune homme ne méritait
28:31pas, évidemment,
28:33ce qui lui est arrivé, il méritait de vivre.
28:35Et, hélas,
28:37à 17 ans, il est mort dans la nuit,
28:39samedi à dimanche. À tout de suite.

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