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Benoit Perrin, directeur général de l'association "Contribuables associés", répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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00:007h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le directeur de l'association
00:08Contribuables Associés. Bonjour Benoît Perrin. Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Bienvenue sur Europe 1. Michel Barnier prépare donc un choc fiscal.
00:15Il est à la recherche de 15 à 18 milliards d'euros de recettes supplémentaires
00:19pour redresser les finances publiques alors que le déficit ne cesse de se creuser.
00:23Il sera à plus de 6 %, il a déjà été révisé par deux fois à la hausse entre mois ce déficit et l'année n'est pas
00:28finie. Alors 15 à 18 milliards d'euros, c'est-à-dire autant d'impôts en plus, qui va payer ? On va voir ça ensemble Benoît Perrin, mais d'abord peut-être
00:35pour commencer, est-ce qu'il n'y a pas un paradoxe ? Est-ce que ce soit un Premier Ministre issu des Républicains qui est normalement le parti des baisses
00:41d'impôts qui augmente les impôts ? Pourquoi des hausses d'impôts d'ailleurs plutôt que des économies ?
00:47Écoutez, il suffit de regarder le nombre de mots dans la langue française. Je crois qu'il y en a entre 60 000 et 100 000.
00:51En fait, on a l'impression que les hommes politiques qui arrivent au pouvoir n'en connaissent que deux, c'est taxes et impôts.
00:55Ils réduisent leur vocabulaire à ces deux mots. On est frappé effectivement dans l'opposition, les groupes politiques et notamment
01:01la droite demandent à longueur de temps des réductions de baisse de la dépense publique,
01:06pardon des réductions de dépenses publiques,
01:08et surtout dit ensuite on ne touchera pas aux impôts et une fois au pouvoir, on l'a vu à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy par
01:13exemple, où les impôts ont considérablement augmenté, une fois qu'ils sont au pouvoir, ils n'appliquent qu'une seule recette, une espèce de logiciel général
01:20des politiques au pouvoir, c'est-à-dire l'augmentation d'impôts.
01:23Mais est-ce que c'est pas tout simplement parce que c'est ce qui a l'effet le plus rapide pour redresser les comptes publics, Benoît Perrin ?
01:28On imagine qu'il ne fait pas ça de gaieté de cœur, il doit se douter que c'est très impopulaire.
01:32Alors oui, c'est impopulaire, sauf que
01:34le vocabulaire est important, il dit que ce sera des dépenses ciblées,
01:37bien sûr, et temporaires. Alors ciblées, on a toujours peur, parce qu'en fait, ciblées, on ne sait pas vraiment ce que ça veut dire, c'est
01:42la fameuse définition de qu'est-ce qu'un riche en France, et puis temporaires, on a tous l'exemple de nombreux impôts temporaires qui sont finalement restés
01:49encore en activité aujourd'hui, je pense, on parlait de Nicolas Sarkozy, le dernier impôt qu'il a mis en place, c'est la
01:55contribution exceptionnelle pour les hauts revenus, qui devait être exceptionnelle et qui est encore aujourd'hui d'actualité, donc on peut vraiment se méfier.
02:02Un surplus d'impôts sur le revenu qui devait durer 2-3 ans et qui finalement a été reconduit presque systématiquement.
02:06Voilà, qui devait durer jusqu'à ce que l'équilibre soit retrouvé,
02:08évidemment, il ne l'a pas été retrouvé.
02:10Vous nous rappelez le niveau de la pression fiscale en France, Benoît Perrin ?
02:13Alors, voilà, je crois que c'est ce qui est important, c'est comment faire pour rétablir les comptes publics ?
02:17Soit, naturellement, vous jouez sur la croissance, mais là, on sait que la croissance est à peu près à 1%, on ne va pas stimuler la croissance du jour au lendemain.
02:23Soit, justement, vous baissez vos dépenses publiques, et là, on nous promet des baisses de dépenses publiques, mais on ne les voit jamais.
02:29Soit, vous augmentez vos recettes, et c'est la vraie difficulté, c'est qu'aujourd'hui, la France a le taux d'impôt le plus important d'Europe,
02:36entre 45 et 48% selon les instituts, et là, on voit du PIB, exactement.
02:42C'est-à-dire, sur 2.800, 2.900 milliards d'euros de richesses que la France crée chaque année, il y en a la moitié qui part en impôts.
02:48Exactement, enfin, qui part, qui représente la moitié de la richesse française, exactement.
02:51Et ça, c'est monstrueux, on avait un match avec le Danemark depuis plusieurs années, et puis là, manifestement, on est enfin passé devant.
02:58Donc, on a cette triste médaille d'or, non pas des Jeux Olympiques, mais de la pression fiscale.
03:02Autrement dit, la France ne manque pas de recettes publiques.
03:05Alors, voilà, les responsables politiques, quand ils arrivent au pouvoir, nous disent toujours, surtout en période de crise, on a un problème de recettes.
03:11C'est-à-dire qu'en fait, on n'a pas assez de recettes par rapport à ce qu'on attendait.
03:15Exemple, on n'a pas assez de TVA, on n'a pas assez d'impôts sur les sociétés, on ne collecte pas assez d'impôts sur le revenu,
03:21donc du coup, on est dans un cadre d'un déficit.
03:24Alors qu'en fait, le problème de la France, ce n'est justement pas les recettes, puisqu'on taxe déjà énormément les particuliers et les entreprises.
03:29Le problème de la France, c'est la dépense publique, dépense publique qui représente 57% du PIB.
03:34On est champion du monde sur ce domaine-là, et malheureusement, les politiques ont tendance à utiliser la ficelle fiscale
03:41avant justement de baisser la dépense publique, alors même qu'on est à des taux stratosphériques.
03:44Alors justement, qu'est-ce que l'on sait des hausses d'impôts, Benoît Perrin, à ce stade ?
03:49Qu'est-ce qu'on peut dire aux auditeurs d'Europe 1 ? Qu'est-ce qu'il y a de solide qui va être imposé davantage à partir du moment où le Premier ministre l'aura dit ?
03:57Alors, pour l'instant, c'est encore flou. On va voir ce qui est prononcé dans le cadre du discours général de politique publique cet après-midi.
04:03En revanche, il y a plusieurs pistes qui sont avancées.
04:05A priori, l'effort porterait quand même beaucoup sur les entreprises.
04:09On parle notamment d'une surtaxe de l'impôt sur les sociétés, pour les grandes entreprises qui font plus d'un milliard, c'est à peu près 300 entreprises,
04:17qui auraient leur taux remonté de 25 à peu près à 33,5 %, ce qui permettrait de gagner à peu près 8 milliards.
04:24Donc on reviendrait au taux avant 2017 ?
04:26On le dépasserait, même le taux initial, parce que le taux initial était 33,3, là on va être à 33,5, donc on va être au-dessus.
04:32C'est une immense défaite politique pour Emmanuel Macron, ça ?
04:33Le vrai sujet, c'est exactement ça, c'est qu'Emmanuel Macron a réussi pendant 5 ans à peu près à baisser les impôts de l'ordre de 60 milliards sur les entreprises et sur les particuliers.
04:43On ne l'a pas toujours vu, mais quand on regarde les chiffres, il y a eu une baisse des impôts.
04:46Mais le vrai sujet, c'est que c'est une baisse d'impôts qui n'a pas été financée.
04:49C'est-à-dire que comme il n'y a pas eu de baisse de la dépense publique en face, on a creusé les déficits, on a creusé la dette.
04:55Donc en fait, on a fait une baisse des impôts pour aujourd'hui, mais une augmentation des impôts pour demain, puisque la dette, un jour, il faudra bien la régler.
05:01Il y a aussi des pistes pour les particuliers, mais rien n'est arbitré très clairement, parce que c'est politiquement très sensible.
05:06Et puis, le gel d'étrange, par exemple, sur les hauts revenus, il y aura un problème de constitutionnalité, puisqu'on ne serait plus tous égaux devant la loi à ce moment-là.
05:12Il y a le sujet quand même du consentement à l'impôt, de l'acceptation fiscale.
05:16Vos membres, vos adhérents à Contribuables Associés, par exemple Benoît Perrin, on imagine qu'ils ne sont pas très contents de ce qui se profile.
05:22Non, les membres de Contribuables Associés, c'est Pierre Moscovici qui avait parlé en 2013 de ras-le-bol fiscal.
05:27Eh bien, on est vraiment dedans. Et encore, à l'époque, la dette était à peu près à 65% du PIB.
05:32Aujourd'hui, on est à 110% du PIB. Les impôts étaient encore moins importants qu'aujourd'hui.
05:363 000 milliards de dettes, on ne peut pas rejeter sur les autres la nécessité de faire un effort, Benoît Perrin, quand même.
05:41Eh bien, le problème, c'est ça, c'est qu'on sait déjà comment l'épisode va se jouer.
05:46On va faire une espèce de sketch national en disant qu'il faut que tous fassent un effort, on va y aller, on va y aller.
05:52Donc, sous-entendu, on va vous demander de payer plus d'impôts. Et nous, État, on va faire des efforts, vous allez voir.
05:58Sauf qu'en fait, on sait déjà la fin de l'histoire, c'est qu'on va tous faire des efforts et l'État ne fera aucun effort pour réduire son train de vie.
06:05On l'a vu, par exemple, l'endépassation de pouvoir. Un bon ministre est celui qui annonce qu'il mordra si on touche à son budget, si on baisse les crédits de son ministère.
06:14Voilà, il y a un mot qui n'existe pas aujourd'hui en France, c'est le mot de performance et d'efficacité de la dépense publique.
06:20Aujourd'hui, on a 41 ministres. Vous n'allez pas me dire, si on passe d'une trentaine de ministres à 41, ça ne va pas effectivement bouleverser le budget de l'État.
06:28Néanmoins, c'est très symbolique. Les Français voient que malheureusement, même sur des aspects qui n'ont pas beaucoup d'impact sur les finances publiques,
06:34mais qui sont symboliques, les responsables politiques ne font pas d'efforts.
06:38Dernière question, très brièvement. Les Français, ils ont 6 000 milliards en épargne financière.
06:43Alors, c'est sur les comptes bancaires, c'est placé en épargne peu rémunérée. Est-ce qu'il faut s'inquiéter pour notre épargne ?
06:48Alors, pourquoi en gros, on arrive à emprunter à des taux encore à peu près corrects sur les marchés financiers ?
06:53C'est effectivement pour deux raisons. La première, vous l'avez dit, c'est parce qu'il y a à peu près plus de 6 500 milliards d'épargne financière.
06:59Et deux, parce qu'on a des services fiscaux qui marchent très bien, on peut s'en féliciter.
07:03On a un service public qui marche très bien en France, c'est le service des impôts.
07:06Donc, les marchés se disent qu'au pire, si jamais vraiment les déficits continuent à filer,
07:10les responsables politiques n'hésiteront pas à piocher dans l'épargne des Français, ce qui serait absolument scandaleux.
07:16Alors, ce n'est pas qui sert à acheter de la dette française, parce qu'indirectement, par l'assurance-vie,
07:20les Français ne l'achètent pas directement, mais les assureurs s'en chargent.
07:22Exactement, mais il faut rappeler quand même que plus de 50% de la dette est détenue par des étrangers,
07:27et que 80% de la dette achetée ces dernières années l'ont été par des étrangers.
07:32Donc, il faut faire extrêmement attention, y compris sur le sujet de la souveraineté.
07:35On ne pourra pas faire les choix qu'on veut si on est dépendant des marchés financiers.
07:38Merci Benoît Perrin, le directeur de l'association Contribuables à Société, l'invité d'Europe 1 ce matin. Bonne journée à vous.

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