• il y a 3 mois
Flavie reçoit Astrid Chevance, psychiatre, cheffe de clinique en Santé publique à l'université Paris cité. Michel Barnier a décidé de faire de la santé mentale des français une grande cause nationale. Notre invitée revient sur la problématique de la santé mentale et la définition de cette dernière. 

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Transcription
00:00Et pour cela j'ai le plaisir effectivement de recevoir Astrid Chevance. Bonjour docteur Chevance, merci d'être là. Vous êtes psychiatre, chef de clinique en santé publique à l'université Paris Cité.
00:10Alors Astrid Chevance, est-ce que vous saluez la préoccupation de Michel Barnier ? En fait, faire de la santé mentale des Français une grande cause nationale, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on va si mal que ça aujourd'hui ?
00:22Ça ne veut pas forcément dire qu'on va si mal, ça veut dire que la société a porté son intérêt sur ces problématiques de la santé mentale, de même qu'on a pu porter par le passé notre intérêt sur les maladies cardiovasculaires ou sur le cancer.
00:34Donc que tous les strates de la société puissent se mobiliser autour de cette cause-là, toutes les intelligences, pour pouvoir améliorer la santé mentale de façon collective.
00:43D'accord, donc c'est la prise de conscience plus que l'on va saluer, plutôt que la préoccupation de se dire que les Français vont mal. Moi j'aimerais bien qu'on définisse, ce qui est dans l'actualité, la santé mentale.
00:53Ça englobe quoi comme troubles, comme maladies, comme la dépression ? Exactement, donc la santé mentale ça définit quelque chose de positif. Normalement c'est inclus dans la santé, donc c'est un état de bien-être physique et psychique.
01:03Il ne faut pas distinguer le corps et l'esprit parce que si l'un va mal, l'autre va mal aussi. Et en effet, quand on va mal, il y a une série de maladies qu'on appelle des troubles psychiques, dont font partie la dépression, qui est le trouble probablement le plus prévalent, le plus important.
01:17Mais il y a aussi la schizophrénie, les troubles bipolaires, les addictions, etc. Donc ça recouvre un ensemble très très grand de maladies différentes.
01:25Mais alors, qui sont les plus concernés en France ? On parlait des jeunes tout à l'heure avec Julien, est-ce que c'est la réalité ?
01:30C'est vrai que les jeunes sont concernés, mais c'est vrai que ça touche tout le monde en fait. On pense que c'est autour de 18 à 20% des personnes qui sont concernées par un trouble psychique en France, que ce soit une addiction, que ce soit une dépression, des troubles anxieux, troubles stress post-traumatiques.
01:44Ce dont on s'est rendu compte, c'est qu'effectivement, après le Covid, on a porté notre attention beaucoup plus sur les jeunes, on a vu qu'il y avait une augmentation de la demande de soins chez les plus jeunes.
01:53Mais est-ce que ça veut dire que les jeunes vont mal ?
01:55Ça veut dire qu'en tout cas, il y a une prise de conscience que les jeunes peuvent aller mal et qu'ils peuvent aller aussi demander de l'aide auprès des professionnels.
02:02Et ça, c'est vraiment important de savoir qu'il ne faut pas rester isolé, mais qu'il faut savoir aussi aller chercher des ressources auprès de son médecin généraliste ou des psychiatres pour pouvoir recevoir des soins adaptés.
02:123114, c'est le numéro si on est en détresse, c'est ça ?
02:15Alors effectivement, il y a le numéro 3114 qui est le numéro de prévention nationale du suicide.
02:20Donc, quand on ressent une grande détresse psychique, on peut appeler ce numéro, c'est gratuit et ça permet d'orienter vers une aide adaptée.
02:27Je voudrais qu'on reste sur le cas des jeunes et notamment, par exemple, les réseaux sociaux, ce qu'ils peuvent dire aujourd'hui, les messages que les réseaux sociaux peuvent donc dire aux jeunes.
02:35On dit qu'ils abettissent, qu'ils sédentarisent la jeunesse française.
02:39Est-ce que vous les incriminez, vous, les réseaux sociaux ? Parce qu'ils montrent une vie que les jeunes n'ont pas toujours, parce que c'est un peu le réseau social de la compétitivité ?
02:50C'est vrai qu'il faut avoir une forme d'éducation à l'utilisation des réseaux sociaux parce que comme toute chose, ça peut être à la fois très bénéfique, mais aussi très néfaste.
03:00Ce que vous décrivez, effectivement, c'est un univers très fictionnel. Donc, on a pu faire ce même genre de critique au XIXe siècle en disant qu'il ne faut pas que les jeunes lisent des romans parce qu'après, ils vivent dans les romans.
03:09Là, c'est pareil. Il faut s'éduquer, c'est-à-dire qu'il faut savoir faire la part des choses entre le vrai et le faux. Je peux faire des réseaux sociaux, mais je peux limiter.
03:17Tous les téléphones peuvent limiter l'utilisation des réseaux sociaux dans la journée, c'est-à-dire que le reste du temps, il faut aussi que je fasse de l'activité physique ou que j'aille rencontrer des personnes dans la vraie vie.
03:24Parce que les deux sont liés, en fait. Tout est lié aujourd'hui. La santé mentale et la santé physique sont liés.
03:30Bien sûr, c'est lié et ça, on le sait d'un point de vue de la médecine, c'est-à-dire que quand on a une dépression, on a plus de chances de faire un trouble cardiovasculaire et vice-versa.
03:37Donc, les choses sont extrêmement intriquées et il ne faut pas se dire je ne vais prendre soin que de ma santé physique et je ne pense pas à ma santé mentale.
03:44La question que tout le monde se pose ce matin, c'est comment je sais si je vais bien ? On peut se poser la question aujourd'hui ?
03:51Alors, c'est difficile de savoir si on va bien. Comme toute définition positive, c'est compliqué. Par contre, savoir si on va mal, ça en général, c'est plus facile à voir.
03:58Quels sont les symptômes ?
03:59En général, pour les maladies psychiques en général, les symptômes qui apparaissent, ce sont les insomnies et notamment si elles durent plusieurs jours et qu'elles causent une grande fatigue dans la journée, une impossibilité de faire ses activités.
04:11Les troubles de l'appétit et notamment aussi les troubles de l'alimentation, manger trop ou manger pas assez, perdre du poids ou prendre trop de poids.
04:18Tout ce qui est autour des pensées, on peut avoir parfois l'impression d'avoir des intrusions de pensées, des pensées qui ne sont pas les siennes ou des pensées un peu étranges.
04:26Parfois, c'est compliqué de se rendre compte soi-même qu'on va moins bien et c'est l'entourage à ce moment-là qui peut aussi nous pointer en disant, regarde, là, tu as changé, tu n'étais pas comme ça encore il y a quelques mois et tu te mets à penser un peu bizarrement ou à te comporter un peu bizarrement.
04:40Ce que vous dites aussi et qui est intéressant, c'est que lorsque l'on a une sorte d'émotion qui se généralise, qu'on applique la même émotion à tous les pans de notre existence comme la peur, comme la colère.
04:50Ça, c'est des choses qu'on peut voir par exemple dans les troubles de l'humeur comme les troubles bipolaires ou la dépression ou dans les troubles anxieux et donc on reste coincé sur une forme de modalité affective par rapport au monde.
04:59Par exemple, quand je suis en dépression, je peux être soit tout le temps triste, soit tout le temps irritable, quel que soit le type d'événements qui se produisent.
05:05Or, quand on va bien, nos émotions s'adaptent à ce qui se passe autour pour nous permettre de répondre en fait à la sollicitation des autres ou à la sollicitation de l'humeur globale du moment.
05:15Merci beaucoup Astrid Chevance. Je rappelle que vous êtes chercheuse également. Vous vouliez faire passer un message très rapide sur la recherche ?
05:22Oui, bien sûr. On a besoin que les personnes viennent témoigner dans des recherches et on en tient une cohorte qui s'appelle Compare où toutes les personnes qui ont des maladies chroniques, y compris des dépressions, peuvent venir s'inscrire et témoigner de leur vécu.
05:33Tout se fait en ligne, c'est sur compare.php.fr.
05:36Très bien, merci à vous et puis je conseille votre livre. En finir avec les idées fausses sur la psychiatrie et la santé mentale, c'est aux éditions de l'atelier. Merci.
05:43Merci.

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