Le 13 novembre 2018, Tidiane est gravement blessé à la jambe après s’être fait renverser par une voiture. Dans ce nouvel épisode de La vraie vie de, il raconte ses 42 opérations et les soins quotidiens pour tenter de sauver sa jambe.
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00:00Je ne peux pas poser le pied au sol, il ne touche pas en fait.
00:02Il y a 15 centimètres d'écart par rapport à la jambe gauche.
00:06Et quand tu n'as pas de cheville, c'est galère.
00:07C'est galère, galère, galère.
00:09Ça dépend des pantalons, des fois je mets 15 minutes, des fois 20 minutes.
00:12Je me suis fait renverser par un véhicule.
00:14J'ai été hospitalisé pendant 4 ans et j'ai subi 42 opérations.
00:18J'ai eu un fixateur Ilizarov qui me prenait toute la jambe.
00:22J'ai eu peut-être 7-8 grèves de peau.
00:24On m'a pris un muscle du dos.
00:26En fait, ma vie, elle tourne autour de ça.
00:29Je ne peux rien faire, c'est que mes soins.
00:34En fait, là, c'est comme si je n'avais qu'une jambe au quotidien.
00:42Ça me fait trop mal.
00:45En ce moment, je ne mange même plus, il n'y a que ça qui rentre dans mon corps.
00:49Vu que je suis en HAD, hospitalisation à domicile,
00:52j'ai les infirmières de santé service qui viennent me voir à la maison
00:56pour effectuer un soin pour ne pas attraper d'infection.
01:00Et du coup, je suis obligé de le faire tous les jours.
01:02Ça me prend, honnêtement, 70% de mon énergie durant tout le reste de la journée.
01:07C'est-à-dire qu'il faut prendre les béquilles, il faut aller ouvrir la porte,
01:09il faut aller nettoyer la jambe.
01:12Et quand on me fait le soin, ça me fait super mal.
01:14Ça y est, je suis déjà KO.
01:16Comme je t'ai dit tout de suite, là, je suis déjà fatigué.
01:18Alors, d'abord, on met quelques compresses.
01:21Non, un peu plus bas.
01:22Là.
01:25Et l'autre juste au-dessus.
01:28Comme ça ?
01:29Exactement.
01:30Je vous ai bien formé, hein ?
01:32Quand même, hein ?
01:33Grâce à moi, vous êtes devenue une bonne infirmière.
01:35C'est mon quotidien et ce n'est pas pour autant que je vais baisser les bras
01:39ou je vais m'apitoyer sur mon sort.
01:41Voilà, c'est comme ça.
01:43Si je n'acceptais pas mon truc, c'est-à-dire que je serais quelqu'un d'aigri, de méchant,
01:47là, je suis trop bien.
01:49J'accepte et j'avance.
01:53Avant, j'avais trois salariés et j'étais à mon compte.
01:56Je bougeais beaucoup, je shortais beaucoup.
01:58J'étais super actif, en fait.
02:03À 30 ans, je me suis fait renverser par un véhicule.
02:07Je suis arrivé avec une triple fracture du tibia.
02:09On m'a opéré le jour même.
02:11Le jour, c'est fini à une heure.
02:14Mais le soir même, en fait, j'ai eu un syndrome d'éloge.
02:16C'est quand les muscles, ils gonflent et j'ai eu un staphylococque doré.
02:21J'ai eu le choix d'amputer tout de suite la jambe parce qu'elle était nécrosée.
02:24Moi, j'ai choisi de mener mon combat, d'essayer de réparer ma jambe.
02:28Je n'ai pas choisi la facilité parce que je me dis que si j'avais amputé tout de suite,
02:32j'aurais des regrets plus tard.
02:33Je me serais dit, pourquoi je n'ai pas essayé ?
02:37De 2018 à 2022, j'ai fait plusieurs hôpitaux, plusieurs centres de rééducation.
02:42J'ai eu un fixateur Elisarof qui me prenait toute la jambe pendant quatre ans,
02:47qui m'a permis de faire pousser mon tibia
02:50parce qu'on m'avait retiré quinze centimètres.
02:54J'ai mené un très, très gros combat, tu vois.
02:56Ça, c'est de la belle marche.
03:00Je ne peux plus rien faire.
03:01Je ne peux plus travailler.
03:02Je ne peux plus bouger comme je veux.
03:03Je ne peux pas voyager comme je veux
03:06parce que je suis déjà tombé plusieurs fois dans les escaliers.
03:12Tu vois, même sur un pied, je suis bien.
03:15Je peux tout faire, je te jure, je suis trop souple.
03:17Maintenant, je peux conduire parce que le véhicule a été adapté.
03:20Je fais tout pratiquement avec le pied gauche.
03:23Je touche la MDPH, c'est l'Allocation Adulte Handicapé,
03:28qui est de 1200 balles, on va dire.
03:31Je suis en ALD, Allocation Adulte Handicapé, je suis à 100%.
03:36Du coup, tous les soins, tout ça, je ne paye rien du tout, tu vois.
03:39C'est pour ça que je disais, il ne faut pas négliger la France, tu vois.
03:42Ce n'est pas dans tous les pays qu'il y a ça.
03:44Il n'y en a pratiquement plus, je pense, qu'en France,
03:47on dispose de ce dispositif.
03:49Je suis chanceux de fou.
03:51Je ne paye pas le logement.
03:53Je vis tout seul dans un grand appartement à 70 mètres carrés.
03:57Bon appétit !
04:00Malheureusement, le processus n'a pas fonctionné comme il devait fonctionner.
04:03Je me fais amputer le 26 septembre.
04:08Je ne regrette pas ces six ans d'acharnement, de travail, de sacrifices.
04:12En 2018, on voulait m'amputer ici, directement.
04:15Et grâce à ça, ces six ans, j'ai pu sauver mon genou.
04:19Et là, je serai amputé en dessous du genou.
04:22Et du coup, c'est déjà quelque chose de gagné, en fait.
04:25Ça va changer la marche.
04:26Ça va changer beaucoup de choses, parce que déjà,
04:29je n'aurai pas une longue prothèse, j'aurai une petite prothèse.
04:31Et je pourrais mieux marcher, je pourrais faire plus de choses.
04:34Je pourrais courir.
04:35Pour moi, en vrai, c'est une libération.
04:37Tu vois, mon cerveau, il a mis six ans à accepter
04:40qu'en fait, ça y est, tu as tout essayé, tous les protocoles,
04:44tout, tout, tout, tout, tout, passe à autre chose.
04:46Au bout d'un moment, je ne me dis plus que c'est un accident.
04:49Je ne me dis plus que c'est une épreuve.
04:50Dans ma tête, c'est une formation de vie, en fait.
04:52La patience, la persévérance, la résilience, le combat en soi-même,
04:57même la vie sur les autres, sur les maladies.
05:00J'étais obligé de passer par là pour devenir l'homme que je dois être, en fait.
05:04Je ne regrette rien du tout, aucun moment, aucune souffrance.
05:07C'est juste du bonheur pour moi parce que ça m'a changé, en fait.