Whats'up Doc a mené l'enquête parmi ses lecteurs. Matthieu Durand, professeur des Universités – praticien hospitalier, chef de Service d’Urologie – CHU de Nice et fondateur du magazine What’s up Doc, nous en partage les résultats.
Les avis mitigés quant à la prise en charge des personnes âgées :
1 médecin sur 3 regrette le manque de formation à la transversalité de la prise en charge des personnes âgées.
Pour autant, ils sont 67 % à considérer que les systèmes de communication entre les services fonctionnent bien au sein d'un même établissement.
Ils sont par ailleurs 84 % à être favorables à l'intégration des nouvelles technologies pour améliorer les soins.
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Les avis mitigés quant à la prise en charge des personnes âgées :
1 médecin sur 3 regrette le manque de formation à la transversalité de la prise en charge des personnes âgées.
Pour autant, ils sont 67 % à considérer que les systèmes de communication entre les services fonctionnent bien au sein d'un même établissement.
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00:00Alors je vous propose de poursuivre avec une autre question essentielle, les jeunes médecins
00:08craignent-ils le vieillissement de la population ? Nous avons le grand plaisir d'accueillir
00:12le professeur Mathieu Durand, bonjour professeur, vous êtes professeur d'université de Fratice
00:17en hospitalier, on vous applaudit, chef du service urologie au CHU de Nice et vous avez
00:24fondé What's Up Doc, alors vous avez réalisé un sondage, une étude pendant les mois d'août
00:30et de septembre sur la manière dont est-ce que l'hôpital était adapté au vieillissement
00:36de la population, donc est-ce que vous pouvez partager les principaux résultats et en première
00:43question est-ce que l'hôpital sera prêt à la fois en termes de ressources humaines
00:46et financières, en termes de formation qui a été un thème aussi beaucoup abordé ? Alors
00:52merci pour cette opportunité d'échange sur ce sondage qui a pour objectif juste de donner
00:59la perception qu'ont les médecins et pas d'autres ambitions n'est-ce pas ? Donc effectivement
01:04c'est un sondage qui a été réalisé par le journal What's Up Doc sur cet été et
01:08qui a auditionné plusieurs centaines de médecins, alors une particularité pour dire combien
01:14c'est important c'est que 74% des répondeurs sont des femmes et que 58% ont moins de 40
01:20ans mais ne sont plus étudiants non plus dans ce sondage, donc c'est vraiment une
01:24tranche qui va être un peu représentative de, on va dire, la nouvelle vague ou la nouvelle
01:28génération, sachant que quand on commence sa vie active on a à peu près 28 ans quand
01:32on est médecin. Alors j'ai pris quelques petites notes pour ne pas faire de bêtises,
01:37donc pour répondre à la question principale que vous posez je vais passer par exactement
01:42les différents sondages, les différentes réponses, d'abord est-ce qu'ils ont l'impression
01:46que l'hôpital dans lequel ils passent leur journée est prêt au défi du vieillissement ?
01:52Alors la réponse en tout cas, la leur, c'est que dans 96% des cas, c'est à dire quasiment
01:59la majorité, ils estiment que vraiment l'hôpital n'est pas tout à fait prêt à subir la
02:08vague, et je reprends les mots qui sont issus de ce sondage, à subir la vague et le nombre
02:12de patients âgés polymorbides qu'ils vont avoir à prendre en charge. Pourquoi, et notamment
02:20est-ce qu'ils perçoivent là-dessus une charge de travail importante, et on l'a vu juste
02:25avant avec les sujets de nombre d'heures de travail, donc oui ils estiment là aussi
02:29à 94%, tout n'est pas négatif je vous assure, mais à 94% en tout cas que la charge de travail,
02:36de la prise en charge d'un patient polymorbide avec de nombreuses comorbidités, avec parfois
02:40des troubles de la mobilité, des troubles de la compréhension, des troubles de l'expression,
02:44est beaucoup plus complexe à prendre en charge et donc génère évidemment un stress, plus
02:48de temps et plus de difficultés. Alors, justement, est-ce qu'ils pensent que du coup ça a un
02:53impact sur la qualité des soins ? Alors là, ils pensent que globalement la qualité des
02:58soins aujourd'hui apportée pour les patients âgés dans cette circonstance là, elle est
03:03plutôt moyenne par rapport à ce qu'ils estiment qu'elle pourrait être faute souvent de temps
03:08ou de formation, on va le voir juste après. Faute aussi pour eux de suffisance notamment
03:15de ce sujet clé que l'on entend toujours, de nombre de lits, parce qu'évidemment, patient
03:19polymorbide, comorbidités nombreuses, égale souvent durée moyenne d'hospitalisation
03:25plus longue et donc du coup, services d'aval qui permettent de gérer cette complication
03:31quand elle arrive notamment aux urgences, en période de nuit ou en période de week-end
03:35où c'est encore plus compliqué ou quand elle vient en compétition avec les patients
03:38programmés de l'hôpital. Donc dans 85% des cas, ils estiment qu'il manque de lits et
03:44notez bien que les médecins qui parlent ici, ce sont les médecins qui sont dans leur première
03:49tranche de vie, ils sont très souvent sollicités pour justement gérer les lits, gérer l'arrivée
03:55du malade, gérer les malades qui vont être prévus pour le lendemain. Donc ce sujet des
03:59lits pour eux, c'est vraiment un sujet de tous les jours et pour le vivre moi dans mon
04:03service, c'est un sujet qui quand il n'est pas bien géré par les médecins est un combat
04:06permanente entre les cadres et les médecins donc c'est une vraie complication. Ils estiment
04:12aussi concernant leur propre formation avec un regard assez critique sur eux-mêmes que
04:17globalement un médecin sur trois, l'estiment et répondant ce sens, ils pensent être insuffisamment
04:23formés à la prise en charge de la transversalité que représente la prise en charge d'un patient
04:30dans le vieillissement avec des polypathologies. Ça ne veut pas dire qu'ils n'estiment pas
04:34qu'ils ne seraient pas capables de le faire mais ça veut dire qu'ils pensent que ça nécessite
04:38un élément complémentaire et c'est pas faux parce que les formations, et je représente
04:41l'urologie ici, ce sont des formations de plus en plus pointues dans la spécialité.
04:45La polypathologie c'est une transversalité qui touche la totalité des spécialités,
04:51c'est donc extrêmement compliqué et déjà apprendre sa propre spécialité représente
04:54un challenge et du temps mais apprendre sa spécialité qui est ensuite pondérée par
04:58l'âge et la polypathologie, ça reste encore plus compliqué.
05:01Ensuite, on leur a demandé finalement pour eux, de leurs yeux à eux, quels étaient
05:06les défis et s'ils pouvaient les classer de la prise en charge des patients âgés à
05:11l'hôpital public. Alors dans 70% des cas ils disent la première des choses c'est de
05:15résoudre le problème de sous-effectifs donc je suis très content de savoir qu'au CHU
05:19d'Angers il n'y a pas de problème donc globalement je vais leur communiquer le fait qu'ils peuvent
05:23aller peut-être au CHU d'Angers. En deuxième point, ils disent qu'il y a une insuffisance
05:28des soins gériatriques spécialisés, ils entendent par là des services d'aval de gériatrie
05:33eux-mêmes alors c'est toujours un dilemme, est-ce que la gériatrie doit aller dans les
05:37services de gériatrie ou est-ce que tous les services de spécialité doivent faire
05:40une partie de la gériatrie avec des unités de gériatrie mobile, c'est un vrai enjeu
05:44et puis le troisième point c'est qu'il manque de formation spécifique, on a vu sur les
05:48pathologies et la particularité de la polymorbidité. Enfin, quelles actions, quels leviers ils
05:53estiment nécessaires selon eux, alors ils mettent le doigt sur la nécessité d'une
05:58plus grande amélioration de la coordination entre l'hôpital et les soins à domicile
06:02notamment pour se décharger ou reporter ou déplacer en tout cas la prise en charge de
06:07ces patients qui au lieu d'être dans un système hospitalier pourraient pour un grand
06:10nombre de points être pris en charge de manière tout à fait adaptée par un système d'HAD
06:15ou autre, pas forcément aller jusqu'à l'HAD. Augmenter les ressources évidemment
06:18matérielles et humaines on l'a vu et puis développer des unités spécialisées en
06:22gériatrie, ils estiment quand même que le nombre de services en gériatrie devrait
06:25être plus important dans l'univers dans lequel ils travaillent. Alors, deux bons points et
06:29je finirai par là parce que j'ai été jusque là assez, je n'ai fait que rapporter un mais
06:33juste deux bons points néanmoins. Ils évoquent quand même que la coordination entre les
06:40différents services hospitaliers, au sein de l'hôpital, entre les services de spécialité
06:45et les services de soins de suite pour les patients âgés fonctionnent assez bien dans
06:4977% des cas. J'allais vous demander des points positifs donc il y en a. Il y en a
06:54au moins un. Celui-ci, ils sont d'accord pour dire qu'il y a de nombreux systèmes de communication
06:59de coordination qui permettent de faire glisser progressivement la prise en charge d'un patient
07:03entre les différents services et secteurs au sein d'un même établissement mais pas
07:09en dehors de l'établissement, il faut bien voir la différence. Et enfin, dernier point
07:13et qui est de taille et qui rejoint un certain nombre d'éléments qui a été dit tout à
07:16l'heure, c'est que globalement dans 84% des cas, ils sont extrêmement favorables à
07:22l'apport d'outils et l'intégration des nouvelles technologies. Je veux parler de tous ces outils
07:27d'aide à la décision médicale, d'outils d'aide à la trajectoire, d'outils d'aide
07:30à la prescription, à l'identification par exemple des problématiques de prescription,
07:35de surcharge de prescription chez les personnes âgées. On sait que ce sont des problématiques
07:38importantes. Il y a quelques années, quand j'ai fait ce journal, je pense que j'aurais
07:43dit que les médecins étaient particulièrement réticents à l'apport de ces nouvelles technologies.
07:48Aujourd'hui, en tout cas, cette génération est importante. C'est la vague qui vient.
07:51Elle est très dans l'attente de ces nouveaux outils pour l'intégrer dans son quotidien
07:56et sa vie professionnelle. Merci beaucoup. J'ai peut-être une question. Est-ce qu'il
08:01y a des résultats qui vous ont surpris au regard de votre expérience ? Oui. Ou est-ce
08:07que finalement, ça correspond à ce que vous avez pu observer dans votre pratique ? Le
08:13résultat qui me surprend, c'est le dernier parce que j'étais encore persuadé que globalement
08:17et je l'entends autour de moi, dès qu'il y a un nouveau logiciel, une nouvelle technologie
08:21et j'ai entendu tout à l'heure la Poste et je serais ravi de ce virage. Mais effectivement,
08:27on est plus proche du mouvement de la tectonique des plaques que de la réalité de l'évolution
08:31technologique à l'intérieur de l'hôpital. Donc, je pensais qu'il y allait avoir une
08:34forme de réticence à l'apport de ces nouveaux outils. Ça ne semble pas être le cas et
08:40je trouve que c'est véritablement important car évidemment, ce sont des outils qui supplaient
08:45à parfois un manque de temps, un manque de ressources et qui permettent d'aller plus
08:48loin et de recentrer aussi le médecin sur son activité parfois clinique plutôt que
08:53de le déporter sur des activités logistiques ou de gestion de lit qui ne sont peut-être
08:56pas là où il est le plus pertinent. C'est probablement le point et en plus il est positif
09:01sur lequel je m'arrêterais et qui m'a semblé être le plus nouveau à l'aune de cette situation
09:07que l'on va vivre. Et sur la question de la formation à mots peut-être, il faut aborder
09:12le sujet beaucoup moins par pathologie, mais d'une manière beaucoup plus holistique. Oui,
09:17mais ça c'est toujours le sujet et moi qui suis responsable de cet enseignement de urologie,
09:20c'est très compliqué. À quel moment du coup, avec tout ce que j'ai déjà à donner
09:24comme bagage pour apprendre, je vais aussi parler de l'adénome de prostate, mais l'adénome
09:28de prostate chez le patient de 78 ans qui est aussi cancéreux pour un autre cancer
09:33synchrone et qui est aussi diabétique et qui est donc différent de l'adénome de prostate
09:36classique. C'est très compliqué, c'est véritablement très compliqué, ça nécessiterait peut-être
09:41une double entrée avec le gériatre à mes côtés, mais question de temps, c'est aussi
09:46compliqué parce que la faculté a fait sa propre révolution, il y a beaucoup aujourd'hui
09:50de notions complémentaires à apprendre, notamment dans le savoir-faire et plus uniquement
09:55dans la connaissance, ça a pris du coup des heures à la faculté, alors maintenant il
09:59faudrait d'autres heures, moi je crois plus en l'apport technologique d'outils complémentaires
10:04pour apprendre à travailler autrement, pratiquer, mais pratiquer avec des outils et peut-être
10:09savoir mieux reconnaître certains outils pour savoir s'ils sont pertinents ou pas pertinents,
10:12ce que nous ne savons pas forcément d'ailleurs faire quand on est dans une situation où
10:15on doit faire un achat d'un logiciel ou autre quand on est médecin aujourd'hui.
10:18Très bien, merci beaucoup Professeur Durand, on vous applaudit.