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Deux semaines après la nomination de Michel Barnier, la tension monte entre le locataire de Matignon et plusieurs cadres du camp présidentiel autour de leur place au gouvernement.

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00:00Mathieu Croissando, toujours pas de gouvernement et depuis hier ça coince, on sent même d'ailleurs une tension montée, alors ça fait peut-être partie du moment,
00:08le sentiment que ça se tend au sommet de l'État. La faute à qui ?
00:11Je peux vous dire la faute à Michel Barnier qui s'y prend comme un manche en préférant s'occuper d'abord du qui plutôt que du quoi et du comment,
00:17en privilégiant les têtes à tête en chambre noire plutôt qu'une négociation adulte et responsable en bonne et due forme.
00:23Mais accordons-lui le bénéfice du doute. Vous savez, un jour, Édouard Balladur a confié au diplomate Gérard Harraud que Michel Barnier c'était une carrosserie sans moteur,
00:31et bien attendons de voir ce qu'il a sous le capot. Mais il y en a un en tout cas qui ne fait rien pour arranger les choses, c'est le président.
00:36Il n'arrive pas à lâcher l'affaire, Emmanuel Macron, il avait promis à ses amis d'arrêter de se mêler de tout, de devenir un président qui préside,
00:42de laisser le gouvernement gouverner et il appelait de ses voeux une coexistence exigeante mais chasser le naturel, il revient au galop.
00:48Emmanuel Macron fait du Emmanuel Macron, il continue à vouloir tirer les ficelles, à vouloir décider qui fait quoi.
00:52Tenez, en trois jours, il a décidé tout seul de lâcher le commissaire européen Thierry Breton et de le remplacer par un de ses plus proches, l'ancien ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné.
01:00Le Premier ministre a été mis devant le fait accompli. Mardi, il a retoqué le président une première liste de ministres que lui présentait Michel Barnier
01:06au motif qu'elle faisait la part trop belle au LR, entre un quart, un tiers des portefeuilles, soit au moins une dizaine, voire une quinzaine de postes au Bamon.
01:14– Mais est-ce qu'Emmanuel Macron a le droit de s'y opposer ?
01:16– Oui, selon la constitution du président, il nomme le gouvernement sur proposition du Premier ministre.
01:21Normalement, c'est une discussion, en période de cohabitation, ça peut coincer.
01:25François Mitterrand en 86 avait refusé trois noms que lui avait présentés Jacques Chirac pour les Affaires étrangères, la Défense et la Justice.
01:30Mais au-delà de ces domaines qu'on dit des domaines réservés du président, il devrait surtout laisser la main à Emmanuel Macron.
01:37Parce que c'est contre-productif, je rappelle qu'il a perdu trois élections successives, qu'il a échoué à dessiner les contours d'une nouvelle majorité,
01:43qu'il a mis deux mois à trouver un Premier ministre.
01:45La seule chose qu'il a réussie, en fait, depuis deux mois, c'est de barrer la route à la gauche,
01:49ce qui, entre nous, n'est peut-être pas étranger au bazar qu'on connaît aujourd'hui.
01:52Il n'a plus la main sur ses propres troupes, il a perdu son aura, son autorité,
01:55et voilà qu'aujourd'hui, il voudrait pouvoir contrôler le casting,
01:57se mêler en plus des grandes orientations politiques et notamment de son totem, la fameuse baisse des impôts.
02:02– C'est pour ça que quand vous dites qu'il s'y prend comme un manche,
02:04franchement, c'est quand même loin d'évident compte tenu de toutes les contraintes auxquelles il est soumis
02:09et auxquelles le président le confronte.
02:12– Oui, c'est compliqué, mais il pourrait discuter, il pourrait asseoir les partis politiques
02:15comme ça se fait ailleurs dans les autres pays en disant,
02:17maintenant on négocie, ça on fait quoi, ça on fait quoi ?
02:19Là, il préfère des entretiens bilatérales, comme on dit, Michel Barrient.
02:22– Mais ce qu'il peut décider de dire, bon, je n'y arrive pas.
02:24– Basta !
02:25– Personne ne veut me faciliter le travail, je m'en vais.
02:27– C'est le risque.
02:28– Débrouillez-vous !
02:29– Oui, mais il n'y a pas intérêt, il vient d'être nommé, il ne veut pas partir sur un échec.
02:32Et puis, ce n'est pas non plus l'intérêt d'Emmanuel Macron,
02:34vous pouvez savoir hier soir au service politique de BFM TV
02:36que les relations entre le président et le Premier ministre sont très bonnes,
02:38ça avance, on n'est pas obligé d'y croire,
02:40mais c'est un moyen de faire retomber la pression.
02:42Le président de la République sait surtout que si Michel Barnier échoue,
02:44que ce soit maintenant en composant le gouvernement
02:46ou très vite avec une motion de censure,
02:48qu'il se retrouvera en première ligne, c'est Emmanuel Macron.

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