Sur ses trois campus principaux, ce sont 80 000 étudiants qui font cette année leur rentrée à l'Université de Lille. Son président, Régis Bordet, était l'invité ce mercredi 18 septembre de France Bleu Nord.
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00:00Bonjour Régis Bordet. Bonjour.
00:02Tous les ans, pour la rentrée des classes, il y a toujours une réforme que l'on commande,
00:05que ce soit à l'école, au collège ou au lycée.
00:06Pour l'université, c'est un peu moins le cas.
00:08Est-ce que ça veut dire que tout va bien à l'Université de Lille, qu'il n'y a rien à changer quand même pas ?
00:12Ah non. Heureusement, nous n'avons pas de réforme promue par l'État.
00:19En revanche, nous avons nous-mêmes notre transformation
00:22et cette année, nous déployons complètement notre projet autour du premier cycle.
00:27L'Université de Lille a la plus grosse cohorte d'étudiantes et d'étudiants en premier cycle
00:32et nous avons été financés par l'État pour changer un petit peu les pratiques pédagogiques des étudiants,
00:40en particulier celles et ceux qui arrivent du lycée et qui doivent monter la marche de l'université.
00:47Ce n'est pas toujours facile et on veut essayer d'améliorer ce passage en modifiant un petit peu les pratiques.
00:54Le premier cycle, ce sont les trois premières années, les années de licence grosso modo.
00:58Pourquoi c'est à ce moment-là qu'il y a le plus de difficultés pour les étudiants ?
01:02Parce que c'est le passage du lycée qui est compliqué ?
01:04Oui, bien sûr. C'est un double choc pour ces jeunes.
01:09D'abord, ils quittent souvent un petit peu le giron familial,
01:12donc ils deviennent un peu autonomes dans la vie.
01:14Et puis, il faut être beaucoup plus autonome en matière pédagogique.
01:18Il faut savoir gérer son emploi du temps, gérer son agenda.
01:22On change d'enseignant et d'enseignante en permanence.
01:26Et puis, le niveau monte également.
01:29Dans le cadre de cette réflexion sur ce premier cycle, sur ces années de licence,
01:32c'est quoi ? Plus d'accompagnement pour les élèves ?
01:35Plus d'accompagnement et nous souhaitons aussi mobiliser des compétences
01:41qui viennent se combiner avec notre exigence académique.
01:45On voit bien qu'un certain nombre d'étudiantes et d'étudiants sont en difficulté.
01:49On veut les mobiliser sur des projets pour qu'ils acquièrent des connaissances
01:53et des compétences à partir de projets.
01:56Après ces années de licence arrive le master.
01:58À partir de la quatrième année, en début de semaine,
02:01quelques étudiants ont manifesté à Lille.
02:03Ils estiment qu'il manque des places aujourd'hui dans certaines formations,
02:05dans certains masters. C'est le cas ?
02:07En l'occurrence, on a toujours un petit peu cette agitation.
02:11On anticipe bien et quasiment tous les problèmes qui ont pu être soulevés,
02:17il n'y en avait que 13 sur 80 000 étudiants, vont être solutionnés.
02:21En revanche, on sait que, et nous travaillons avec le rectorat là-dessus,
02:25on a un déséquilibre entre le nombre d'étudiants en licence
02:29et ensuite le nombre d'étudiants en master.
02:32On a un déséquilibre. On commence à corriger ça,
02:36en particulier sur les filières en tension.
02:38Je pense en particulier à la psychologie.
02:40Le droit également, les sciences politiques.
02:42Et quand c'est comme ça, c'est quoi ?
02:43On fait venir des enseignants supplémentaires, des maîtres de recherche ?
02:46Ou alors on augmente la capacité ?
02:48On diminue un petit peu la capacité d'accueil en licence
02:51pour pouvoir accueillir un peu plus d'étudiants en master.
02:54Notre invité à 7h49 sur France Bleu Nord et sur France 3 Nord-Plate-Calais,
02:58Régis Bordet, c'est le président de l'Université de Lille.
03:01Régis Bordet, vous avez dû gérer cet été, un peu comme Iléviat d'ailleurs,
03:04dans les transports en commun, la découverte d'amiantes
03:06sur le campus de Cité Scientifique,
03:08qui était présent dans une centrale de traitement d'air.
03:10Pas de danger, a priori, pour les étudiants.
03:12Mais vous avez tout de même fermé plusieurs amphithéâtres par précaution.
03:15Pour la rentrée, ce sont 6 000 étudiants qui ont des cours délocalisés.
03:19Cela se passe normalement ? Cela se passe bien pour eux ?
03:22Oui. Alors bon, ça n'a pas été forcément de gaieté de cœur
03:25que j'ai dû prendre cette décision,
03:27alors que les emplois du temps étaient déjà faits.
03:29Il y a eu une forte mobilisation de l'ensemble des collègues.
03:33On a pu replacer tous les cours.
03:35Aujourd'hui, ça se passe bien.
03:36J'ai vu que certains étudiants disaient qu'ils étaient perdus,
03:40mais ils auraient été perdus aussi sur Cité Scientifique.
03:42C'est partie du jeu aussi d'arriver à l'université.
03:45C'est grand, il y a beaucoup de bâtiments.
03:47Aujourd'hui, franchement, ça se passe très bien.
03:49Et en plus, ils ont une application qu'on a lancée l'an dernier,
03:53l'application Lilu, qui leur permet de géolocaliser les amphis,
03:57les salles de cours.
03:59Je suis allé sur les campus, c'est assez fluide.
04:03Est-ce que ces amphithéâtres rouvriront un jour ?
04:05Parce que certains datent des années 80.
04:07Est-ce que ça vaut le coup de les rénover ?
04:09Ou est-ce qu'il ne faut pas mieux en ouvrir d'autres ?
04:11Il y a une réflexion à ce sujet.
04:12En l'occurrence, ils datent des années 60.
04:14Plus vieux, 64.
04:16J'avais encore le métro dans la tête.
04:18Si vous voulez, comme en plus on lance un projet
04:21sur le devenir de la Cité Scientifique,
04:24pour réinventer cette Cité Scientifique,
04:26on va profiter de la réflexion autour de la rénovation
04:30pour savoir comment les reconfigurer.
04:33Faut-il en agrandir certains ?
04:35En réduire d'autres ?
04:37En fonction des capacités et des modalités pédagogiques.
04:40Donc il y a tout un travail.
04:41Mais bien sûr, on a besoin aussi
04:43d'espaces pédagogiques importants.
04:45Il y a des filières dans lesquelles nous avons
04:48beaucoup d'étudiantes et d'étudiants.
04:50Rénover les bâtiments ou en construire d'autres,
04:52ça coûte de l'argent.
04:53L'Université de Lille a reçu cette année
04:55500 millions d'euros de subventions.
04:57Est-ce que c'est suffisant ?
04:58Non.
04:59D'ailleurs, nous sommes obligés d'aller chercher
05:01aussi des ressources additionnelles.
05:03On est dans le top 5 des universités
05:05en matière de ressources additionnelles.
05:07Comme je l'ai dit hier lors de ma conférence de presse,
05:10aujourd'hui je me sens un petit peu seul sur...
05:12C'est l'État qui ne suit pas ?
05:13L'État.
05:14Et puis j'aimerais bien que les collectivités
05:16territoriales nous aident.
05:17On accueille aussi 60% d'étudiants
05:20issus de la métropole lilloise.
05:22Donc j'ance un appel.
05:24Il faut nous aider.
05:25Alors nous mobilisons des reliquats de crédit
05:28que nous avions.
05:29On avait prévu de faire autre chose.
05:30C'est comme dans une maison.
05:32Un moment, quand il y a une intempérie,
05:35quelque chose qui ne va pas,
05:37on mobilise des crédits.
05:38Mais dans le tour de table,
05:40j'aimerais bien ne pas être seul.
05:41Régis Bordel, l'université de Lille
05:43a été mise en cause récemment
05:44lors d'un procès au palais de justice de Lille.
05:45Il y a trois ans, un étudiant, Simon Guermont-Pré,
05:47est mort après une soirée d'intégration.
05:49La famille estime que l'université
05:51a une responsabilité dans ce décès.
05:53Vous vous êtes déjà exprimé sur ce sujet.
05:54Mais est-ce que vous pouvez faire plus aujourd'hui ?
05:56L'université de Lille peut faire plus
05:57en termes de prévention
05:59sur la consommation d'alcool,
06:00sur le bizutage ?
06:01Ou est-ce qu'il y a toute une partie
06:02que vous ne pouvez pas gérer finalement ?
06:04D'abord, ce que je voudrais dire,
06:05c'est que la mort d'un jeune étudiant,
06:07c'est toujours un drame pour nous.
06:09Et donc, je ne m'exprimerai pas
06:11sur l'aspect judiciaire
06:13qui sera traité le 11 février prochain.
06:17Mais je m'inscris en faux
06:20sur le fait que l'université
06:21et sa faculté de santé ne feraient rien.
06:24Avec le doyen Lacroix,
06:26nous étions la semaine dernière
06:27devant les étudiants de deuxième année
06:30pour leur dire que ces soi-disant intégrations
06:33qui sont des bizutages,
06:34mais qui se font dans un cadre privé,
06:36ils ne sont pas obligés d'y aller.
06:38Ils ne doivent pas y aller.
06:40Ce n'est pas une obligation.
06:42Les cours sont donnés par les enseignants,
06:44pas par des officines.
06:46Et on se fait des amis
06:48sur les bancs de la faculté,
06:50pas lors de beuveries privées
06:52qui amènent à des drames.
06:54Et je peux vous dire
06:56que depuis que j'ai pris la présidence,
06:58nous avons un contrôle absolu.
07:01Et moi, ma main ne tremble pas
07:03pour retirer des agréments
07:05ou prendre des sanctions
07:06quand nous avons des données tangibles
07:10et des noms.
07:11Éventuellement vers des associations d'étudiants
07:13qui connaîtraient des fausses
07:14si elles sont avérées
07:15et si elles en avaient les preuves.
07:16Merci beaucoup Régis Bordré
07:17d'avoir répondu à nos questions ce matin
07:19sur France Bleu Nord,
07:20président de l'université de Lille.
07:21On vous souhaite donc une bonne rentrée.
07:22Merci.
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