• il y a 3 mois
Transcription
00:00Le monde de l'industrie se porte plutôt bien en Bretagne, mais est-ce que le monde de l'industrie automobile est compatible avec l'idée du bonheur ?
00:08C'est la question à laquelle va tenter de répondre notre invité Philippe Estéves de l'entreprise Sandene.
00:18Bonjour Philippe Estéves. Bonjour Christine Zadial.
00:21Vous êtes le responsable des ressources humaines de Sandene qui est installée en Ile-et-Vilaine à Tintignac, pas très très loin de Rennes.
00:28Et pour autant, cette entreprise a une dimension mondiale puisqu'il s'agit de la filiale du groupe Sandene qui est un groupe japonais créé il y a presque un siècle.
00:38Un peu près. C'est ça, 1942 si j'ai des bonnes infos.
00:43Aujourd'hui, il y a en Bretagne 550 salariés, mais c'est finalement assez peu comparé au nombre total de personnes qui travaillent pour ce groupe.
00:538000 personnes dans le monde, c'est assez colossal.
00:57On va quand même préciser ce que fait Sandene, c'est le spécialiste, ça va vous faire plaisir, mais c'est un des grands spécialistes des compresseurs dans l'industrie automobile.
01:07Compresseurs qui servent à ?
01:09A ventiler l'intérieur des habitacles automobiles, c'est-à-dire que l'été, quand vous avez trop chaud, vous appuyez sur un bouton, ça puce de l'air froid.
01:16C'est pour ça que ça marche.
01:17Et l'hiver, vous avez froid dans votre habitacle, il y a de l'air chaud qui arrive, c'est grâce au compresseur qui est situé à l'avant du véhicule.
01:23Donc, ça fait partie de ces inventions et donc de ces industries que l'on bénit quand on est automobiliste ou passager de toute manière.
01:31En tout cas, pour vous, la rentrée, c'est plutôt au printemps prochain, printemps 2025 ?
01:39Alors, la grande rentrée sera effectivement au printemps prochain, Christine, puisque notre site va accueillir un investissement massif.
01:47Notre actionnaire, qui est le groupe Isense, qui est plutôt connu auprès du grand public pour ses produits électroménagers, a racheté Sandene il y a trois ans pour créer une division automobile,
01:56afin de mettre un pied dans cette industrie et aider tous les constructeurs automobiles au niveau mondial.
02:02Et donc, il nous a aidés avec un investissement massif de 45 millions d'euros pour créer une nouvelle ligne de production sur notre usine,
02:09qui sera mise en route au printemps prochain, entre mai et juin, pour produire des compresseurs qui rafraîchiront ou ventileront l'habitacle des futurs véhicules électriques,
02:18notamment, toutes marques confondues, principalement pour le marché européen, notamment.
02:22Ça veut dire qu'il y a une nouveauté technologique qui va être mise en œuvre ? On ne peut pas en savoir plus ?
02:27Alors, pour l'instant, on va garder nos secrets de fabrication par la concurrence.
02:31C'était bien tenté !
02:32C'était bien tenté et je vous remercie.
02:34Il y aura effectivement des mises en œuvre technologiques puisque cette ligne sera très automatisée,
02:38mais avec notamment des gens en face qui auront des compétences supplémentaires au niveau des automatismes,
02:44au niveau de l'électrique et au niveau notamment du pilotage de la ligne.
02:47Donc, on va vers des fonctions d'ouvriers, justement, qui sont de plus en plus rapprochées, qui se rapprochent du technicien.
02:54Et aussi parce qu'avec ces lignes technologiques, on va avoir, si vous voulez, une force de frappe en termes de capacitaires beaucoup plus grande,
03:01puisqu'on va produire plus de compresseurs à l'heure.
03:03Et aujourd'hui, dans l'industrie automobile, la productivité et la rentabilité sont des mots qui sont clés
03:09et qui devraient nous aider notamment à concourir de nouveaux marchés.
03:12Vous m'amenez naturellement à poser la question qui évidemment m'intéresse.
03:17Vous venez de parler de mots clés et de la productivité,
03:22mais est-ce que le bonheur est un mot clé aujourd'hui dans l'industrie automobile ?
03:26Parce que dans beaucoup de salons, là, on est dans un salon où il est souvent question de bonheur, de bien-être des salariés.
03:32Est-ce que ça fait partie des préoccupations du groupe Sandene ?
03:35Alors oui, parce qu'une simple raison, c'est que si on veut avoir une société qui fait de l'argent, vulgairement parlant,
03:43mais qui fait des bénéfices et qui est de la production, il faut qu'on ait des salariés heureux.
03:48Quand ils viennent au travail, nos salariés, il faut qu'ils soient motivés, il faut qu'ils aient envie de faire les choses et pas qu'ils se traînent les pieds.
03:54Nous, c'est une préoccupation parce que j'ai toujours prétention en tant que DRH de dire que je ne vais pas apporter forcément le bonheur en tant que tel aux salariés.
04:01Je ne suis ni une agence matrimoniale, ni un animateur, un gentil organisateur de club de vacances.
04:06Par contre, quand les gens viennent chez nous, ils ont et je pense qu'ils comprennent que notre environnement de travail est plutôt détendu.
04:13Les relations sont franches, directes, mais aussi on pratique le tutoiement,
04:17on est sur des rapports très cordiaux, très simples entre les chefs d'équipe et leurs équipes.
04:23Et pour nous, c'est important d'avoir un peu cet esprit familial, cet esprit d'entraide,
04:27parce que contrairement à ce que certains pensent, avec les 35 heures, on a comprimé le temps de travail.
04:33Mais l'investissement des gens, que ce soit en France ou en Bretagne, est énorme.
04:36D'ailleurs, si aujourd'hui, malheureusement, il y a tant de problèmes, de souffrances au travail, c'est parce que les gens sont investis dans leur travail.
04:42Sinon, ils n'en souffriraient pas.
04:44Et nous, ce qu'on prend en compte chez Sandene, c'est justement le fait que les gens,
04:47outre le fait que le soir, ils doivent garder leur intégrité physique en rentrant du boulot,
04:51il faut aussi qu'ils gardent leur intégrité mentale et que, donc, ils soient un minimum heureux d'être au travail, d'être chez nous.
04:57Et quand ils font ou leurs 8 heures de poste ou qu'ils sont dans nos bureaux,
05:00qu'ils prennent un certain plaisir à ce qu'ils font, qu'ils prennent un certain plaisir dans leurs interrelations avec leurs collègues de travail,
05:07qui, pour certains, sont devenus des copains, des amis.
05:10Il n'est pas rare que dans nos équipes, on ait certains qui se retrouvent après le travail pour aller prendre un pot ou le week-end et autres.
05:16Donc, c'est ça qui fait, si vous voulez, que d'entreprise, on passerait quelque part à une sorte de communauté.
05:22En tout cas, c'est ce qu'on essaie de créer un peu dans le management de tous les jours.
05:26On a des défauts comme toutes les entreprises.
05:28Tout n'est pas rose.
05:29Je ne veux pas vous vendre le village des Bisounours, mais en tout cas, chez Sandene, il y a cette préoccupation des gens
05:35et ce sens aussi que nos collaborateurs, pour qu'ils soient vulgairement productifs,
05:41on est l'industrie auto qui a connu beaucoup de restrictions et qui continue à muter.
05:45Il faut qu'on ait des gens qui soient minimum bien dans leurs baskets et dans leurs têtes.
05:48Et c'est ce qu'on essaie de créer en termes d'environnement de travail.
05:51Et ce sur quoi, moi, en tout cas, je pousse pour qu'au niveau des équipes, on puisse avoir un certain bien-être.
05:58Bonheur peut-être un jour, mais en tout cas, le mot n'est pas tabou.
06:02Ça veut dire que vous avez aussi compris que la rémunération n'était pas la seule clé du bonheur pour un salarié ?
06:10La rémunération, c'est la base.
06:12Mais si vous voulez, c'est un peu la partie immergée de l'iceberg.
06:14Vous avez des tas de choses derrière.
06:15Vous avez votre bulletin de salaire, mais vous avez votre mutuel.
06:19Vous avez tous les contrats, tout ce qui se passe autour et aussi l'ambiance de travail.
06:23Vous pouvez avoir des boîtes qui vont très bien vous rémunérer.
06:26Mais si vous arrivez le matin et qu'on n'entend pas, on entend une mouche volée dans tout le bureau,
06:31que personne ne se parle et que le chef ne sort que de son bureau pour donner des ordres.
06:35C'est un peu réducteur.
06:37C'est un peu l'idée.
06:38En général, vous ne restez pas très longtemps.
06:40De toute façon, c'est un sujet sur lequel vous allez devoir vraiment vous atteler.
06:44Parce qu'avec cet événement, rentrée 2025, une autre grande vague va arriver chez Sandel.
06:51On a deux vagues.
06:52La première, c'est que concrètement, au mois d'octobre, on va accueillir une soixantaine d'ingénieurs et techniciens japonais
06:57qui vont nous aider à monter cette ligne de production.
07:00Et l'autre point, ce sera plus dans les mois, les années futures,
07:03c'est qu'on va commencer à faire des essais techniques,
07:06puis les séries en grande production à compter de l'an prochain, du deuxième semestre.
07:10Et il est prévu dans notre plan de développement que sur les années 2026, 2027, 2028,
07:14notre effectif, qui est aujourd'hui de 550 salariés en CDI, s'étoffe petit à petit, progresse.
07:20Déjà aujourd'hui, on recrute sur beaucoup de fonctions techniques, sur les techniciens de maintenance.
07:24On a des usineurs parce qu'on fait de la fonderie également à Sandel.
07:27Et donc, on essaie d'attirer les talents, d'attirer les jeunes qui peuvent, peu de temps en temps,
07:32avoir une vision de l'industrie un peu façon XIXe siècle, Germinal ou Chaplin dans les temps modernes.
07:38Donc, on essaie de dépasser cette image-là.
07:40On sait que ce n'est pas vrai.
07:42Vous avez un énorme atout, c'est que vous êtes en Bretagne, la plus belle région du monde, évidemment.
07:45Mais tout à fait, c'est exact.
07:47Quand je vois certaines plages de temps en temps, je me dis que l'eau est tellement verte
07:50que je n'ai pas besoin d'aller la chercher ailleurs, que ce soit dans les Caraïbes ou autre.
07:53On est tellement bien en Bretagne.
07:55Vous êtes breton, vous.
07:57Alors, mon nom est d'origine portugaise, mais mon grand-père a fui le Portugal il y a un siècle de ça.
08:00Il ne s'est marié qu'une bretonne.
08:02J'ai toute ma famille dans le ministère et c'est très bien comme ça.
08:06Alors, sur cette tablette se trouvent trois questions.
08:09Vous allez devoir répondre à deux, au moins deux.
08:12Pour arriver à faire votre choix, je vais vous faire choisir entre la lettre B, Z ou H.
08:19Évidemment, vous savez ce que c'est que ces lettres-là.
08:23C'est la façon de résumer le mot braise, Bretagne.
08:26Quelle lettre choisissez-vous, s'il vous plaît, Philippe Esteves ?
08:29Allez, la lettre B.
08:31On va commencer effectivement par cette lettre-là.
08:33Alors, je vais vous demander de lire la question à haute voix et d'y répondre.
08:39Très bien.
08:41Quelle île bretonne est chère à votre cœur et pourquoi ?
08:45Alors, l'île bretonne qui est chère à mon cœur, c'est Belle-Île-en-Mer.
08:51J'y ai passé des vacances tout petit avec mes parents.
08:54J'y suis revenu de nombreuses fois pour y faire du bateau, notamment le tour de l'île en bateau.
08:59J'y ai développé des attaches là-bas.
09:03Et j'aime beaucoup cette île parce qu'elle est extrêmement fleurie
09:06et qu'on trouve des criques isolées pour aller à la plage.
09:10Et on a vraiment l'impression d'être à la fois connecté, mais au bout du monde.
09:14Et j'aime beaucoup Belle-Île pour ça.
09:17Allez, il reste deux autres lettres, ou Z ou H.
09:21Allez, on va tenter Z.
09:23Alors, c'est parti.
09:28Quelle chanson bretonne êtes-vous capable de chanter ?
09:32Ouvrez-donnez !
09:34Il y a peut-être quelque chose avec un loup, une renard et une belette,
09:37mais j'ai dû oublier les paroles, je suis désolé.
09:41La musique bretonne, ça vous parle en tout cas ?
09:43Un petit peu, oui. Il y a un compositeur breton que j'aime beaucoup.
09:46Il s'appelle Yann Thiersen et à chaque fois que j'écoute ses disques,
09:51je prends un bon bol d'air frais.
09:54C'est vrai que ça sent l'iode.
09:56Ça sent l'iode, oui.
09:57Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Philippe Estéves.
10:00Je rappelle que ça sert des ressources humaines, des richesses humaines de Sanden.
10:04Merci à vous, Christine Zazial.

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