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La maison de ventes aux enchères Bonhams Cornette de Saint Cyr vient d’ouvrir un département d’art africain et océanien, et profite du salon Parcours des mondes pour exposer à Paris les œuvres constituant la première vente, qui aura lieu en décembre.

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00:00La maison de vente aux enchères Bonhams-Cornet de Saint-Cyr vient d'ouvrir un département d'art africain et océanien à Bruxelles
00:11et profite de Parcours des Mondes pour exposer à Paris les oeuvres constituant cette première vente qui, elle, aura lieu en décembre.
00:19Émilie Joly, fraîchement nommée directrice de ce département, est avec nous. Merci beaucoup.
00:24Première question. Ce département, ça fait un mois qu'il a été inauguré. Pourquoi avoir ouvert ce département ? Pourquoi Bonhams a fait le choix d'ouvrir ce département maintenant ?
00:36Bonhams, ce qu'il faut savoir, c'est que c'est vraiment un réseau global de maisons de vente aux enchères, un peu partout internationalement.
00:44Et c'est également la maison de vente aux enchères qui a la plus grande diversité de départements ou de catégories de collections.
00:52Et donc, dans ce cadre de diversification, ils ont pensé bon d'ouvrir un département d'art d'Afrique et d'Océanie en Europe parce qu'il y en avait déjà un aux États-Unis.
01:04Mais c'était pour profiter d'une conjoncture ou est-ce que vous aviez des objets que vous avez réussi à rassembler et qui étaient particulièrement intéressants ?
01:11Vous vous êtes dit que vous alliez lancer un département ?
01:14Je pense que l'Europe, c'est intéressant pour les arts d'Afrique et d'Océanie parce que ça a été et ça reste toujours la place centrale du marché.
01:22C'est-à-dire que c'est là qu'il y a la plus grande concentration de collectionneurs, d'acteurs tels que les marchands, les intermédiaires, les maisons de vente, les institutions.
01:31Et donc, comme il y a une grande concentration d'objets, disons, en Europe, ça fait tout à fait sens de développer un département ici.
01:41Et là, vous l'avez développé à Bruxelles. Est-ce que, par rapport à Paris, Bruxelles est vraiment une place de choix ou Paris c'est à peu près la même chose ?
01:50C'est vrai que Parcours des Monts est à Paris. Mais Bruxelles, c'est vraiment connu aussi comme étant une institution et la place peut-être traditionnelle de ces arts.
01:58Oui, tout à fait. Donc Bruxelles est aussi une place importante. Il y a aussi une grande concentration de marchands et de collectionneurs.
02:05Mais pour être tout à fait honnête, Paris reste la capitale, si on peut dire, des arts primitifs. C'est Paris qui accueille, comme vous l'avez dit, la plus grande foire internationale dans le milieu.
02:17C'est souvent aussi à Paris qu'il y a les grandes ventes. Mais Bruxelles reste un choix stratégique de par le fait qu'il y a tous ces collectionneurs.
02:25Mais aussi, il y a tellement d'acteurs à Paris, c'est intéressant de peut-être faire ça à côté. Bruxelles, ce n'est pas très loin non plus.
02:32Ensuite, c'est ça aussi la qualité du réseau Bonhams. Étant donné qu'il y a des salles de vente un peu partout, notamment à Londres, à New York, à LA, à Paris,
02:45si maintenant on se retrouve face à une collection qui fait beaucoup plus sens de vendre, que ce soit à Paris ou à Londres, on aura l'opportunité de le faire. Même chose pour exposer les objets d'ailleurs.
02:55On parle de parcours des mondes. Vous présentez les oeuvres d'art pour une future vente en ce moment même. C'est pour attirer quel type de collectionneurs ? Est-ce qu'il y a des particularités liées à parcours des mondes et à Paris ?
03:09Je crois que c'est juste la plus grande concentration annuelle des collectionneurs. Les collectionneurs américains, par exemple, viennent en général à le parcours des mondes.
03:17C'est une opportunité un peu unique pour montrer des objets. Maintenant, ce n'est pas toute la vente qu'on va pouvoir montrer. Comme vous avez dit, on a lancé le département il y a un mois.
03:27C'est encore assez frais. On parle d'une sélection d'objets. On va montrer une trentaine d'objets. On est toujours en train de chercher des pièces et sourcer des lots.
03:38Mais c'était à la fois un argument pour avoir des objets et pour lancer le département en grand pont.
03:47Pour cette première vente, qu'est-ce que vous allez présenter dans ces 30 objets dont vous parliez ? Qu'est-ce qu'il y a comme figure de proue ? Est-ce qu'il y a quelque chose de particulièrement notable ?
03:57Il y a un moko. C'est une statue d'homme lézard de l'île de Pâques. On parlait du marché un peu plus tôt. C'est vraiment le type d'objet que recherche tout collectionneur.
04:10Dans le sens où ça va rassembler différents critères qui sont l'authenticité, heureusement, mais un objet qui est rarissime parce que tout ce qui est objet de Polynésie, ce n'est pas des objets qu'on retrouve facilement sur le marché.
04:25Les hommes lézards de l'île de Pâques, on en connaît une cinquantaine. C'est encore plus rare. Et puis surtout, on fête cette année le centenaire du manifeste du surréalisme André Breton.
04:36C'est un objet qui est appartenu à André Breton, donc une provenance qui est fantastique. Ça, c'est vraiment à la fois les qualités esthétiques, l'authenticité et une provenance.
04:48Un objet avec une histoire, c'est vraiment les ingrédients qui font qu'un objet a de la valeur sur le marché actuel ou en tout cas ce que les collectionneurs recherchent.
04:57Il y a quand même pas mal d'objets venant d'Océanie. Est-ce que c'est un chemin qui est porteur ? C'est vrai qu'on a encore vu beaucoup de très grandes ventes d'arts provenant d'Afrique.
05:09Qu'est-ce que vous pouvez dire sur le développement maintenant de l'art océanique ?
05:13Je crois que l'art d'Océanie était tout aussi apprécié, même déjà au début du XXème, ne fût-ce que par les artistes comme Breton, Picasso, Braque, Derain, pour ne citer que ceux-là.
05:25Mais c'est clair que les prix les plus forts en général sont réalisés par des pièces issues de l'Afrique.
05:30Maintenant, quand on voit lors d'une dernière grande vente qui a eu lieu récemment, la collection Barbier-Moller, qui est vraiment une collection très importante,
05:41tous les objets qui ont été préemptés étaient des objets d'Océanie. Il y a peut-être une tendance dans le marché, mais l'Afrique continue à réaliser des prix très forts.
05:52Est-ce qu'il y a des œuvres qui pourraient intéresser des jeunes collectionneurs ? Je pense souvent à eux en me disant qu'est-ce qui pourrait les intéresser.
06:00Et aussi, quels conseils vous pourriez donner pour qu'ils aient un regard avisé et formé pour analyser les œuvres qui sont en phase 2 ?
06:09D'abord, je dirais de discuter avec des acteurs du marché. Il faut savoir qu'on a la chance d'être dans un milieu où les gens sont tous vraiment passionnés.
06:18Ils ont un intérêt qui est réel pour les objets, leur contexte, leur histoire. Et souvent, ce sont des gens qui aiment bien partager.
06:25Il faut profiter de cette richesse et échanger, que ce soit avec d'autres amateurs, des marchands, des spécialistes dans les maisons de vente.
06:33Il y a aussi pas mal en Europe de musées avec des collections fabuleuses. Allez voir les objets dans les musées, allez aux expositions thématiques
06:43et consultez tous les ouvrages de référence qu'il y a sur le sujet. Et puis surtout, allez dans les maisons de vente aux enchères.
06:52Pourquoi je dis ça ? C'est parce qu'il y a une variété d'objets qui est très diverse. Il y a des objets aussi souvent à des prix très différents.
07:00En tout cas, c'est notre ambition chez Bonham, c'est vraiment de présenter des objets qui ont des prix plus accessibles, mais toujours de qualité,
07:08avec des objets comme le Moko de Breton dont on a parlé, qui a une estimation basse plus importante, mais parce qu'elle reflète l'importance de la pièce en tant que telle.
07:17Là, vous allez voir des objets avec toutes sortes de prix et de différentes zones géographiques.
07:23Et souvent, vous allez avoir l'opportunité de manipuler les objets, ce qui est extrêmement important dans le milieu. Vous ne pouvez pas toujours faire ça.
07:31Pourquoi est-ce que vous conseilleriez de manipuler les objets ?
07:33Parce qu'on a un rapport sensible. Il faut les prendre en main, voir quel bois c'est, l'odeur que ça a.
07:44Et donc, c'est important de pouvoir avoir les objets en main pour vraiment se rendre compte de la patine, de la qualité.
07:50Et donc, ça, c'est une opportunité qu'on a en maison de vente. Et puis, ça nous donne aussi l'opportunité d'avoir une idée des prix que réalisent les objets.
07:59C'est des prix qui sont plus visibles que les prix qui sont en galerie. On n'a pas toujours le courage de demander à un marchand quel est le prix d'une pièce.
08:07Et puis, le prix affiché n'est pas toujours non plus le prix vendu.
08:10Donc, il y a cette espèce de transparence, en fait, qui permet de suivre le marché et puis aussi de se créer un œil, justement, en voyant beaucoup d'objets.
08:19— Là, je sais que dans votre vente, donc, si je prends les fourchettes basses, c'était de 5 000 à 80 000 à peu près dans les...
08:27— Alors, ça dépend parce que ça, c'était probablement, oui, les pièces qu'on amène ici qui sont un peu des pièces plus importantes, entre guillemets.
08:35Mais il y a moyen de trouver aussi des objets pour, je dirais, le minimum, c'est autour de 1 000 €. Et puis après, bon, il n'y a pas de limite.
08:43— Après, ça peut... Et qu'est-ce que vous pourriez dire, justement, à ces jeunes qui pourraient être un peu frileux à l'idée de se tourner vers des arts qui sont extra-européens,
08:52parce que, justement, il y a eu tellement de choses dites sur les provenances, etc. Qu'est-ce que vous pourriez leur dire pour les rassurer ?
08:58— C'est clair que, voilà, la provenance est de plus en plus importante. Et maintenant, c'est à nous d'avoir cette rigueur et de, justement,
09:07quand on avance, une provenance, de pouvoir la documenter et la prouver. Mais c'est pas pour autant qu'il faut être frileux. Je veux dire,
09:13toutes les maisons de vente aux enchères et les marchands font ce travail. Et je crois que c'est un travail qui, maintenant, est inévitable.
09:20Et donc il faut pas que ça rende les gens frileux. C'est justement un monde qui s'ouvre aux jeunes collectionneurs, qui est tout à fait différent.
09:28C'est des objets qui ont servi dans un contexte rituel, donc qui n'avaient pas été faits avec un but purement esthétique.
09:36Et donc il y a toute une histoire, toute une anthropologie, toute l'histoire de culture, là-derrière, qui sont extrêmement intéressantes.
09:43— Eh bien merci beaucoup pour votre intervention, Émilie Joly. Je rappelle que vous êtes directrice du département d'art africain et océanien
09:49chez Bonhams Cornet de Saint-Cyr. Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et marché.
09:56Sous-titrage Société Radio-Canada

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