Légitimité, harcèlement et commentaires sexistes, elle revient sur la complexité à être une femme dans son milieu (Parce que non, il n’y a pas que les hommes qui peuvent parler de jeux vidéos)
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00:00Au début, c'était des réflexions vraiment genre en mode, t'es une meuf,
00:03t'as commencé à faire du contenu animé manga parce que ça marche,
00:06parce que t'as dû commencer il y a trois ans, j'étais en mode...
00:09J'étais née, je regardais Albator, t'étais encore dans les couilles de ton père.
00:11De quoi tu me parles ?
00:14Bonjour, moi c'est Mademoiselle Soso sur les réseaux, ou Soso tout court,
00:17et je suis créatrice de contenu dans le milieu manga, animé et bien plus en vrai.
00:22Question bête, mais ça va ?
00:25Ça va mieux.
00:26Ça va mieux, là vraiment, en ce moment, ça va mieux.
00:29Je suis dans la porte montante, on va dire ça comme ça.
00:32Sur une année complète, il y a eu beaucoup de phases compliquées.
00:36À 80%, ça ne va pas, et à 20%, ça va.
00:39Et les « ça va », ils étaient toujours un peu temporisés.
00:42Ou j'ai dû faire une pause sur les réseaux parce que ça a explosé un petit peu.
00:47Que ce soit au quotidien, chez moi, avec mon copain,
00:50ou sur les réseaux, j'arrivais à plus rien.
00:52Pour moi, c'est un peu comme un gros nuage noir,
00:54comme si j'avais des chaînes aux pieds, un gros nuage noir,
00:57et je ne vois rien d'autre que ça en vrai.
00:59Rien ne va.
01:00Moi-même, ma vision de moi, ce que je fais.
01:04Et le pire, c'est que même si par exemple, dans mon entourage,
01:07ça peut bien se passer, tout ça est occulté en fait.
01:09Je ne vais voir que le négatif dans tout.
01:11Il suffit que je commence à m'habiller, ça ne va pas.
01:13Je suis en mode, putain, mais il faut que je perde du poids,
01:15je suis grosse, ça ne me va pas.
01:16C'est un peu comme dans les Dunring,
01:18quand il y a une grosse boule qui arrive dans le couloir, genre t'es mort.
01:24Je fais des rêves comme ça, mais il y a un boss qui arrive,
01:26tu sais que tu vas te faire one-shot, c'est fini quoi.
01:29Les réseaux sociaux ont juste ressorti des traumas d'avant
01:32que j'avais peut-être un peu enfouis.
01:34Et si on a vécu le harcèlement quand on était plus jeune,
01:37qu'on a eu des problèmes familiaux,
01:38qu'on a vécu plein plein de choses différentes,
01:40surtout en tant que femme,
01:41si vous avez vécu des choses qui ne sont pas cool.
01:44Les réseaux sociaux, en fait, il y a un mélange de tout,
01:47sans barrière, sans limite, sans rien du tout,
01:49et sans pouvoir se défendre.
01:51Vous n'avez pas les personnes en face de vous,
01:52vous avez juste des pseudos.
01:53Et il y a surtout un effet de masse
01:55qui fait que c'est comme si on envoyait
01:58plein de gens sur la tronche
02:00et que j'étais ensevelie sous ça sans pouvoir me défendre,
02:02sans aide presque,
02:04parce qu'en fait, il y a des gens qui vous soutiennent
02:07et des gens qui vous envoient des messages et tout.
02:09Mais en fait, c'est presque tellement noyé
02:11dans la masse de commentaires horribles
02:13que vous ne voyez que ça en fait.
02:14Alors au début, c'était vraiment basé,
02:17axé uniquement que sur l'animé manga,
02:20genre en mode, mon avis il est nul.
02:22Genre vraiment, mon contenu il est nul.
02:25Je suis après ma personne.
02:26Après, ça a été déformation de propos.
02:29C'est parti même en...
02:30D'autres créateurs encore qui ont fait des vidéos YouTube
02:32avec ma tête dessus,
02:34un gros bandeau noir en mode true crime et tout.
02:37Je me suis dit, waouh, je parle d'animé manga les gars,
02:40je parle de voyage au Japon.
02:41On va falloir se détendre à un moment donné.
02:43Il y a eu des groupes aussi qui sont venus vraiment en mode...
02:46Bah, ils veulent des commentaires vraiment très très sexuels,
02:49mais en mode compliqué.
02:50Ils voulaient me tuer, ils parlaient de ma mère aussi.
02:52Il y en a qui ont trouvé des photos de ma mère.
02:54Après, il y a eu forcément des deepfakes,
02:56donc ma tête sur des trucs.
02:57Je n'ai pas voulu les chercher, je n'ai pas voulu les voir.
02:59Je sais qu'il y a des groupes aussi où ils font des zooms.
03:02Ça, c'est tout le côté être une femme sur réseau, c'est waouh.
03:04À la fin, j'ai compris que mon existence,
03:07peu importe ce que j'allais dire, ne plairait pas.
03:09Quand un homme dit la même chose que toi,
03:11il se mange 100 fois moins.
03:12En fait, je me disais, si je dis la même chose que certains de mes congénères,
03:16je serais partie de France en fait.
03:17Je pense que là, je serais partie pour ma sécurité en fait.
03:20Et c'est ça aussi le souci, c'est que les gens ont vu
03:24que quand ils faisaient un tweet par exemple sur moi,
03:28ça allait faire beaucoup plus de vues.
03:29Il y avait des fois des comptes qui avaient 20 abonnés
03:32et ils faisaient, je me réveillais un jour, j'ouvre Twitter
03:34et je vois il y a 5000 likes.
03:36Je suis en mode, qu'est-ce qui se passe encore ?
03:38Et en fait, il y avait moi et un commentaire et plein de citations
03:42et tout le monde se dira, avec elle, ça marche bien.
03:45J'espère qu'ils me diront merci un jour pour les likes et pour la fame, j'espère.
03:50C'est pour ça aussi qu'aujourd'hui,
03:52c'est compliqué pour une fille de faire du contenu, on va dire, intelligent.
03:55Vous voyez par exemple dans le contenu jeux vidéo,
03:58il y a énormément de mecs qui font ça.
04:00Et les filles, elles ont peut-être peur de se lancer
04:03alors qu'elles auraient autant de choses à dire,
04:05mais parce qu'elles savent que les gens vont être beaucoup plus sévères
04:09sur leur analyse, sur ce qu'ils ont fait,
04:11qu'avec un gars, 100 fois plus.
04:13Parce qu'on est une fille, donc on n'a pas l'éligitimité.
04:15Il y a encore des gens qui me disent,
04:16ouais mais à la base, c'était nous qui lisions des mangas,
04:19qui regardions des animés, c'était nous qui jouions aux jeux vidéo.
04:22Vous êtes arrivés après parce que c'était la mode.
04:24Non, c'est juste qu'on ne le montrait pas, c'est tout en fait.
04:28Après, il y a des critiques aussi, alors ça, ça a été les plus grosses.
04:31J'ai réussi parce que j'ai des gros nibards.
04:33Ne serait-ce que dans notre milieu,
04:35il y a les mecs, ça regarde la baston
04:37et les filles, ça regarde les trucs de romance.
04:39Et on rame, on rame un petit peu là.
04:43Ça a influencé mon contenu à un moment donné
04:45parce que j'avais peur qu'on me catégorise sur le fait que je suis une fille.
04:49Je vais faire du contenu shoujo, romance, tatitata.
04:53Je faisais du contenu, mais je l'ai mis sur l'humour.
04:55C'est-à-dire que des fois, je faisais mon top crush et des trucs comme ça
04:58et ça faisait rire tout le monde, dont plein de mecs qui regardaient.
05:00Mais j'ai vite après bifurqué sur du One Piece, sur du Naruto, sur du Jujutsu
05:04parce que j'aime ça aussi, mais c'est vrai que j'ai voulu être en mode bonjour.
05:08Ça, normalement, c'est des mecs qui en parlent.
05:10Je vais le faire.
05:11Non, ils n'ont pas réussi à me dégoûter parce qu'en vrai,
05:14c'était plus de la haine gratuite.
05:16Donc en fait, le côté passion, ça n'a pas été touché, heureusement.
05:20Le soir où j'ai essayé de faire ma pause, j'ai appelé ma meilleure amie
05:22et elle m'a dit, tu regardes tout de suite pour prendre un rendez-vous chez la psy.
05:27Et en fait, ça s'est bien passé.
05:28On a fait une thérapie jusqu'à il y a un mois et demi presque.
05:32Elle démêle des nœuds et c'est assez ouf parce que du coup,
05:35ça me permet au quotidien de pouvoir les démêler moi-même en fait.
05:39Et je vais essayer d'aller mieux moi aussi par moi-même et prendre l'air.
05:43En vrai, j'ai passé pas mal de temps avec mes amis
05:46et prendre le temps aussi pour moi, parce qu'en fait, j'en prenais pas.
05:49Je me disais, ça va pas, donc mets-toi la tête dans le boulot.
05:51Et le boulot, il en ressortait aussi qu'il n'était pas aussi bon que je l'aurais voulu.
05:56Donc, ce n'est pas forcément une bonne solution.
05:58Donc ouais, prendre le temps pour moi aussi, je pense.