• il y a 5 mois
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire appelle à faire barrage au Rassemblement national et à voter pour le "camp social-démocrate" qui n'inclut pas LFI, au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-01-juillet-2024-8476583

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00:00France Inter, Législative 2024, Nicolas Demorand.
00:06Et le 7-10 est en édition spéciale, au lendemain du premier tour des législatives avec Yael Goz.
00:14Nous recevons deux invités dans une quinzaine de minutes, Marine Tondelier
00:20et tout de suite le ministre de l'Economie et des Finances. Bonjour Bruno Le Maire.
00:24Bonjour Nicolas Demorand.
00:25Et merci d'être au micro d'Inter au lendemain d'une élection historique.
00:30Le RN et ses alliés arrivent en tête avec plus de 33% des voix, suivi du nouveau Front Populaire avec 28%.
00:39La majorité présidentielle chute, elle, à 20%.
00:43Comment qualifiez-vous ce matin le paysage politique français ?
00:49Avez-vous la gueule de bois, pour le dire simplement ?
00:53C'est une défaite.
00:55C'est une défaite pour notre majorité, c'est une défaite pour notre camp.
00:59C'est effectivement un moment historique de recomposition des forces politiques dans notre pays.
01:05Et moi, ça m'en prie de beaucoup de tristesse.
01:08De beaucoup de tristesse parce que je vois des millions d'électeurs qui savent parfaitement que
01:12le Rassemblement National est un danger pour notre nation,
01:16n'apporte aucune des réponses nécessaires aux questions de nos compatriotes.
01:22Et qu'aujourd'hui, le vrai risque, c'est de voir arriver le RN avec une majorité absolue dimanche prochain.
01:28Et donc le combat des jours qui viennent, c'est d'abord des combats pour nos députés,
01:32pour ceux qui sont en lice pour le second tour et qui doivent gagner.
01:35Je vais m'engager totalement pour ces parlementaires de la majorité dans les jours qui viennent.
01:40Et puis le combat, c'est de nous battre pour que le RN n'ait pas la majorité absolue dimanche prochain.
01:46Est-ce que vous diriez qu'Emmanuel Macron a raté sa dissolution ?
01:51Je pense que le sujet n'est pas le président de la République.
01:53J'ai envie de dire à tous les Français qui s'inquiètent aujourd'hui que le vrai sujet, c'est la France et les Français.
01:58Et que le seul motif d'espoir que nous ayons ce matin, après ce premier tour hier,
02:03c'est les qualités immenses de la France qui restent là.
02:05Une élection est une élection, c'est un moment de l'histoire.
02:08Mais la vraie histoire de notre pays, elle se joue sur nos territoires, avec nos forces, avec notre puissance industrielle,
02:13avec notre créativité, avec notre science, avec l'engagement et la générosité des Français.
02:18Et ça, aucune élection ne l'effacera jamais.
02:22La France et les Français, c'est ce sur quoi il faut rebâtir désormais.
02:24Mais sincèrement, vous ne vous dites pas quand même pourquoi cette dissolution ?
02:30Pourquoi a-t-il pris cette décision ?
02:32Sincèrement Bruno Le Maire.
02:34Le temps des pourquoi, il viendra plus tard.
02:37Aujourd'hui, le temps, il est au combat.
02:39Il reste 7 jours pour éviter que le RN ait la majorité absolue.
02:43Depuis 20 ans que je suis engagé en politique, Nicolas Demorand,
02:45je me suis toujours, toujours, toujours battu contre le RN.
02:50Je me suis battu dans ma circonscription, à trois reprises,
02:52contre des candidats du RN et je les ai battus à trois reprises.
02:56Je me suis battu aux côtés de Jacques Chirac,
02:59dont on connaît l'engagement total et sans réserve contre le RN.
03:04Je me suis battu dans mes fonctions de ministre de l'Économie et des Finances,
03:07contre les lubies du RN et les propositions dont on sait qu'elles n'aideront pas les Français.
03:12Est-ce que ça me fait mal au cœur de voir tant de nos compatriotes
03:15séduits par des propositions économiques et financières comme la baisse de la TVA,
03:19qui vont aller dans la poche des pétroliers et des distributeurs
03:22et jamais dans la poche de nos compatriotes
03:23et qui vont creuser encore un peu plus les déficits et la dette de l'État ?
03:27Donc je continuerai ce combat.
03:29Le Rassemblement National ne doit pas avoir la majorité absolue dimanche prochain.
03:33On met les sous-titres, ça veut dire « Front républicain »
03:35dans cette entre-deux-tours contre le RN.
03:37Pour faire barrage, Bruno Le Maire,
03:38c'est la question qui s'est imposée toute la soirée d'hier.
03:41Les consignes de vote du camp du Bloc central,
03:44on a vu tout un nuancier dans votre camp.
03:47Édouard Philippe, pour Horizon, a dit « ni RN ni LFI ».
03:51François Bayrou, c'était du « cas par cas ».
03:53Quant à Garouillet-Lattal, c'est le désistement.
03:55Pas une voix ne doit aller au RN.
03:57Pourquoi autant de nuances ?
04:00Ça vous demanderait à chacun.
04:02Je pense que ce sont des votes de conscience.
04:04Nous ne sommes pas dans une élection ordinaire.
04:07C'est une élection historique.
04:08J'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises
04:10avant le premier tour,
04:11que c'était l'élection qui aurait les conséquences
04:13les plus graves pour notre République
04:15et pour la vie quotidienne de nos compatriotes.
04:18C'est quoi votre front républicain à vous, Bruno Le Maire ?
04:20Moi, je dis très simplement
04:22que nous devons nous battre pour nos électeurs.
04:25Et j'appelle également tous nos électeurs,
04:27lorsque nos candidats ne sont pas au second tour,
04:30à voter pour un candidat du camp social-démocrate.
04:33C'est-à-dire ?
04:34C'est-à-dire un représentant du Parti socialiste,
04:37du Parti communiste,
04:39ou des Verts.
04:40J'appelle tous nos électeurs qui pourront voter pour un candidat.
04:42Donc, vous battez les filles, la France insoumise,
04:43donc c'est comme elle leur fait ?
04:44Non, je combats leur Assemblée nationale,
04:47mais je ne vote pas pour la France insoumise.
04:49Je ne vote pas pour la France insoumise
04:50parce que la France insoumise a pris des positions
04:52qui sont contre la nation française.
04:54Parce que la France insoumise, c'est le communautarisme.
04:57Parce que la France insoumise, c'est l'antisémitisme.
05:00Parce que la France insoumise, c'est la violence.
05:02Parce que la France insoumise, c'est un député
05:04qui joue avec l'effigie d'un ministre
05:06sur une tête de ballon.
05:07Et je ne veux pas ça pour la France.
05:09Donc, un député RFI est aussi dangereux
05:12qu'un député RN pour vous ?
05:13Je ne mets jamais de signes égales
05:15entre la France insoumise et le Rassemblement national.
05:16Je pense que c'est un raccourci
05:20qui ne tient pas compte ni de l'histoire,
05:22ni de la mémoire, ni des individus.
05:24Mais je redis que pour moi, la France insoumise
05:26est un danger pour la nation,
05:28comme le Rassemblement national
05:29est un danger pour la République.
05:31Mais quelle est la menace la plus immédiate, Bruno Le Maire ?
05:33Je suis stupéfait de voir à quel point on est passé vite
05:34sur le fait que le Rassemblement national
05:36voulait rétablir le droit du sang,
05:38en opposition complète à des siècles d'histoire
05:40de notre République.
05:41Que le Rassemblement national a pointé du doigt
05:43des binationaux.
05:44Je connais une foule de binationaux autour de moi
05:45qui occupent des postes stratégiques
05:47et qui les occupent avec un amour de la France
05:50et un sens du devoir absolument total.
05:52Ça peut être le directeur du cabinet
05:53du ministre des Affaires étrangères
05:54ou le ministre de l'Industrie lui-même,
05:56qu'elle révolte au fond de moi d'entendre
05:57le Rassemblement national pointer du doigt
06:00les binationaux.
06:01Mais la France insoumise est un danger pour la nation.
06:05Le Rassemblement national est un danger
06:07pour la République.
06:08On ne choisit pas un danger au profit d'un autre.
06:10Mais quel est le danger le plus immédiat, Bruno Le Maire ?
06:12C'est d'avoir aujourd'hui le Rassemblement national
06:16qui est la majorité absolue.
06:17Mais vous ne combattez pas un danger immédiat
06:19en préparant des dangers futurs.
06:21Je pense que ce n'est pas ça la politique.
06:22Il faut prendre des positions
06:24qui sont des positions de principe
06:25et pas des positions de circonstance.
06:28Si on construit des positions de circonstance
06:30pour bâtir des majorités de circonstance,
06:32croyez-moi, la réalité s'en souviendra
06:35et nos compatriotes également.
06:36Pascal Canfin, eurodéputé RIGNOU sur Inter,
06:39il y a un soir, disait que c'était à votre tour
06:43de faire ce que les électeurs de gauche
06:45ont fait en 2017 et 2022
06:48pour faire barrage à Marine Le Pen
06:50en élisant Emmanuel Macron.
06:52Que dites-vous aux électeurs de gauche,
06:55y compris ceux de la France insoumise,
06:57qui à deux reprises ont fait ce choix-là ?
06:59Ont voté Emmanuel Macron pour faire barrage ?
07:03Mais depuis 2017, Écola de Moran,
07:05on a vu ce qu'est la France insoumise.
07:08On a vu la manière dont elle attaquait la police,
07:10les agents de sécurité,
07:11la manière dont elle répandait la violence et la haine.
07:14On a vu la façon dont la France insoumise
07:15a joué avec l'antisémitisme.
07:17On ne peut pas se compromettre avec la France insoumise.
07:20Et le vrai sujet, c'est la manière dont les socialistes,
07:24les verts, les communistes,
07:26beaucoup de personnalités d'ailleurs
07:27pour lesquelles j'ai du respect,
07:28avec lesquelles je pourrais travailler,
07:30se sont acoquinés avec la France insoumise
07:33et dans le fond ont mis les valeurs de côté.
07:35Le fond de cette élection, Écola de Moran,
07:37c'est que deux choses ont été mises de côté.
07:39Les valeurs.
07:41Et les réalités économiques, financières et internationales.
07:44Et ça donne ce résultat.
07:46Ça donne ces choix si difficiles.
07:48Les valeurs ont été mises de côté
07:49parce que des personnalités pour lesquelles
07:51j'ai beaucoup de respect.
07:52Prenez un Raphaël Glucksmann.
07:53J'ai beaucoup de respect pour Raphaël Glucksmann.
07:55Je l'écoute, je ne suis pas toujours d'accord avec lui.
07:57Mais j'ai du respect.
07:58Et quand je le vois rejoindre la France insoumise,
08:01toute honte but,
08:02un parti qui a défendu l'antisémitisme,
08:04qui est une ligne rouge absolue de notre République.
08:07Je dis, il y a quelque chose qui ne va plus dans la République.
08:10Il y a quelque chose de pourri dans la République
08:13et dans la nation quand il n'y a plus de valeurs
08:15et que toutes les lignes rouges sont franchies
08:17comme si elles n'existaient pas.
08:18Vous ne vous dites pas qu'il y a d'un côté une coalition
08:20siotiste-RN quasiment aux portes du pouvoir
08:23et de l'autre côté une coalition où lfi est minoritaire à l'intérieur ?
08:26Mais si vous commencez à faire ce genre de calcul,
08:29vous commencez à justifier l'injustifiable.
08:31Et pas à pas, je vois les digues qui cèdent.
08:34Je vois les valeurs qui disparaissent.
08:36Je vois les principes fondamentaux dont on se dit « c'est pas si grave ».
08:38Bon d'accord, ils ont eu des paroles antisémites.
08:40D'accord, ils ont appelé à taper contre la police.
08:43D'accord, ils répandent la haine.
08:44D'accord, ils défendent le communautarisme
08:46contre l'unité nationale qui est le cœur même
08:48de ce qu'est la nation française.
08:49Mais c'est pas si grave.
08:50Si ça peut nous faire gagner 10, 15 députés,
08:53tant pis.
08:53Eh bien non, il n'y a jamais de tant pis chez moi.
08:55Je prends des positions de principe,
08:57des positions de conscience,
08:59jamais des positions de circonstance.
09:00Que ferez-vous lundi prochain
09:04si le Rassemblement national a une majorité absolue
09:07et qu'il arrive dans la foulée au pouvoir ?
09:10Mais nous verrons.
09:10Pour l'instant, il reste 7 jours.
09:12Quels que soient les résultats ?
09:13Il peut se passer beaucoup de choses dans 7 jours.
09:15D'abord, nous avons, je le redis,
09:16des parlementaires qui vont être élus à 50, 100,
09:19150 voix près.
09:20Il va falloir aller chercher chaque voix.
09:22Et je le redis, j'appelle tous ceux qui n'ont pas voté,
09:24tous ceux qui ne se sont pas mobilisés
09:26et tous ceux qui, dans notre camp,
09:28doivent faire le choix d'un candidat socialiste,
09:30d'un candidat vert,
09:31d'un candidat communiste.
09:33N'hésitez pas à aller voter pour eux.
09:34N'hésitez pas.
09:35Si ça nous permet d'éviter d'avoir
09:37un Rassemblement national avec la majorité absolue dimanche,
09:39tant mieux.
09:40Quels que soient les résultats,
09:42où serez-vous lundi prochain, Bruno Le Maire ?
09:44Est-ce que vous serez encore à Bercy ?
09:46Vous voyez bien que dans les circonstances actuelles,
09:48ça n'a aucune espèce d'importance
09:50de savoir où je serai lundi prochain.
09:53J'ai fait mon travail le mieux possible pendant sept ans,
09:55de ne miser que deux billets des finances.
09:56J'ai sûrement fait des erreurs.
09:57Vous parlez au passé ?
09:58Oui, je parle au passé.
09:59C'est fini ?
10:01Il est assez probable que les Français en aient décidé ainsi
10:04et qu'ils le confirment dimanche prochain.
10:06Et peu importe.
10:07Ce qui compte, c'est la conscience d'avoir fait le travail le mieux possible,
10:10avec des erreurs, bien entendu,
10:11des choses qui n'ont pas été parfaites.
10:13Mais j'ai toujours fait le mieux possible
10:15à la place qui était la mienne.
10:16Tout le monde guettait la publication du décret
10:18sur la réforme de l'assurance-chômage.
10:19Finalement, il n'y en aura pas.
10:20Il n'y a pas de décret.
10:21Pourquoi ?
10:22Est-ce que c'est un gage de bonne volonté
10:24pour la gauche dans notre haut de tour ?
10:26Je suis très circonspect sur les gages que l'on peut donner,
10:30sur les positions de circonstance,
10:32sur les accommodements, sur les calculs.
10:35Je considère qu'il faut une réforme de l'assurance-chômage.
10:37Je l'ai dit à votre micro.
10:38J'ai dit à votre micro, il y a maintenant plusieurs années,
10:41qu'un modèle social constant,
10:42nous ne pouvions pas arriver au plein emploi.
10:44Moi, je souhaite qu'on arrive au plein emploi,
10:45à 5% de taux de chômage.
10:47J'ai toujours dit qu'il fallait poursuivre la réforme
10:49de l'anonymisation du chômage.
10:50Je ne vais pas changer de conviction.
10:52Là, en l'espace de 24 heures,
10:54parce qu'il faudrait que j'arrive à convaincre un tel ou un tel.
10:56Je garde ma position.
10:58Gabriel Attal a eu tort de renoncer à sa réforme hier soir ?
11:00Il est Premier ministre, il fait son travail de Premier ministre.
11:02Moi, je vous donne ma conviction de ministre de l'Économie et des Finances.
11:05Si la France veut le plein emploi,
11:07si elle veut sa réindustrialisation,
11:09si elle veut rester une puissance économique de tout premier plan,
11:12il faut aller vers le plein emploi.
11:13Et donc, il faut poursuivre la réforme de l'indemnisation au chômage.
11:16Et le prix du gaz qui augmente de 12% ce matin,
11:19ça, ça ne change pas ?
11:21Non, mais c'est bien la preuve, Nicolas Demorand,
11:23que le climato-scepticisme du Rassemblement National,
11:26son refus d'aller vers les énergies vertes,
11:28son incapacité à défendre le véhicule électrique ou les batteries électriques
11:32sont une faute contre l'esprit,
11:34sont une faute contre nos intérêts économiques
11:36et nous mettent pied et poing liés avec les pays producteurs de gaz et de pétrole.
11:40La Russie, ce qui ne doit certainement pas déranger le Rassemblement National
11:43et Madame Le Pen,
11:44mais les États du Golfe avec le pétrole,
11:46ce qui pourrait peut-être déranger un tout petit peu plus le Rassemblement National,
11:48qui est dans le fond le parti des intérêts étrangers.
11:52Quand on est climato-sceptique
11:53et qu'on n'a pas la volonté de défendre l'indépendance énergétique de la France
11:58en produisant du nucléaire que Madame Le Pen estime dangereux
12:01et des énergies renouvelables que Madame Le Pen veut déconstruire,
12:04on se met dans les mains des intérêts étrangers.
12:06L'augmentation du prix du gaz est la preuve par A plus B
12:09qu'il est indispensable d'accélérer notre transition énergétique.
12:13Bruno Le Maire, dans une minute, Marine Tondelier sera à ce micro.
12:16Qu'avez-vous à lui dire ?
12:19Essayons de travailler ensemble.
12:22Regardons ce qui peut être fait avec les verts, avec les communistes,
12:25avec les socialistes, avec les républicains
12:27qui n'ont pas franchi le mur de la honte
12:30et qui sont restés dans le camp des républicains.
12:33Essayons de voir ce que nous pouvons encore bâtir et construire ensemble.
12:37Merci Bruno Le Maire d'avoir été au micro de France Inter ce matin.

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