Dans une heure exactement, il ira retrouver au Palais de l’Elysée son ancien collègue de gouvernement -pendant deux ans, lui Cazeneuve était à l’Intérieur, Emmanuel Macron à l’économie. Les deux hommes ont gardé de ce compagnonnage estime et affection.
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 2 Septembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 2 Septembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
Category
🗞
NewsTranscription
00:00L'édito politique, Patrick Cohen, ce matin, Patrick, comment le parti socialiste a tué Bernard Cazeneuve ?
00:07Dans une heure exactement, il ira retrouver au palais de l'Elysée son ancien collègue de gouvernement.
00:11Pendant deux ans, lui, Cazeneuve, était à l'intérieur, Emmanuel Macron à l'économie.
00:15Les deux hommes ont gardé de ce compagnonnage estime et affection.
00:18Oui, vraiment, une affection réelle et réciproque, dit un ancien ministre ami de l'un et de l'autre.
00:23Ils ont pourtant passé une partie de leur été à ne communiquer que par entourage interposé,
00:28pas de dialogue direct, même si c'est Bernard Cazeneuve qui a fait passer le message pour que le chef de l'État entame un cycle de consultations politiques.
00:35Ils vont donc enfin se parler directement, mais c'est comme en amour.
00:40Un rendez-vous ne vaut pas sélection et nomination, pas du tout, sauf revirement nocturne.
00:46Toujours possible avec ce président indéchiffrable, il n'a pas l'intention de conclure.
00:51Le poste ne sera pas proposé ce matin à l'ancien socialiste.
00:54S'il n'y aura pas de discussion sur un programme de gouvernement, Bernard Cazeneuve ne sera pas nommé Premier ministre.
01:00C'est quand même étrange de le convoquer pour lui dire non.
01:02Oui, c'est vrai, mais tout est inédit dans cette période et Cazeneuve peut se voir proposer autre chose.
01:07Un poste ministériel important auprès du chef de gouvernement qu'Emmanuel Macron s'apprête à désigner et à annoncer dans les prochaines heures, ce soir au plus tôt.
01:17Ce ne sera pas non plus Xavier Bertrand, le président aurait arrêté son choix sur une alternative de gauche, dit-on.
01:24Un plan B qui ne sera pas le B de Bernard ou de Bertrand.
01:28Et vous dites, Patrick, que c'est le PS qui a liquidé l'hypothèse Cazeneuve ?
01:32Pas seulement. En réalité, Emmanuel Macron n'était pas follement emballé par le symbole du retour au pouvoir du dernier Premier ministre de François Hollande.
01:39Une sorte de grand bond en arrière ou une façon de refermer la parenthèse macroniste.
01:43Bernard Cazeneuve était l'une des rares options politiques rassembleuses ou du moins susceptibles d'engranger des soutiens,
01:49sans entraîner avec lui une partie de la gauche anti-Macron du NFP.
01:52La rentrée du PS à Blois a démontré le contraire, avec Olivier Faure instruisant le procès en trahison de tous ceux qui composeraient avec le président,
02:01qui se comporteraient, a-t-il dit, en supplétifs de Macron, avec Clément Tinotin faisant huer les noms de Bernard Cazeneuve et de Karim Bouamrane,
02:09le maire de Saint-Ouen accusé lui aussi de vouloir se compromettre, sans que la direction du PS ne réagisse avec l'opposition affirmée par avance
02:17de la plus grande partie du Nouveau Front Populaire, insoumis et écologistes, ce gouvernement Cazeneuve,
02:22quel que soit son programme et ses intentions, aurait été à la merci à l'Assemblée du Rassemblement National.
02:28Les socialistes sont certes apparus divisés à Blois, mais avec trop peu de députés prêts à se détacher du NFP,
02:35la séquence aurait en tout cas convaincu Emmanuel Macron que Bernard Cazeneuve n'était pas la bonne option, que l'homme arriverait seul et les mains vides.
02:42Le PS, Patrick, veut rester dans l'opposition ?
02:44Mais tout le monde préfère rester dans l'opposition, dans une sorte de front des refus.
02:49C'est pareil à droite, où malgré les suppliques de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez refuse lui aussi de gouverner.
02:55Surtout ne pas se salir les mains.
02:57Le problème, pour paraphraser Péguy, c'est qu'en politique, avoir les mains pures revient à ne pas avoir de mains.
03:02Patrick Cohen, merci.