• il y a 3 mois
Regardez L'invité de RTL Matin Week-end avec Stéphane Carpentier du 01 septembre 2024.

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Transcription
00:00C'est demain, le grand jour, la rentrée scolaire pour les petits, les moyens, les grands, de la maternelle au lycée.
00:0512 millions d'élèves attendus par les enseignants, les professeurs des écoles, les maîtresses.
00:11Et alors, dans quelle ambiance, dans quel contexte s'amorce cette rentrée septembre 2024 ?
00:15Question au pluriel que nous posons en direct à la secrétaire générale du SNES-FSU,
00:20Syndicat des enseignants du second degré.
00:22Bonjour Sophie Vénétitier.
00:24Bonjour.
00:25Merci d'être connectée avec nous.
00:26Cette rentrée, d'abord, avant de plonger ensemble dans les détails,
00:30si vous deviez, par exemple, comme un enseignant, comme un professeur, donner une note et une courte appréciation ?
00:36C'est une rentrée qui est très étrange et qui n'atteint même pas la moyenne au regard de toutes les incertitudes
00:42et certainement du fait que la ministre peut bien mieux faire.
00:45Alors là, vous parlez de ce gouvernement démissionnaire,
00:48donc de cette rentrée qui s'est préparée en gros sans gouvernement
00:51et avec une ministre de l'éducation qui a dû gérer, c'est ça ?
00:55Oui, une ministre démissionnaire qui doit gérer les affaires courantes
01:00mais qui a quand même fait quelques annonces il y a quelques jours,
01:03mais surtout une rentrée en suspens.
01:05Il y a beaucoup d'annonces qui concernent le quotidien des élèves et des familles
01:09qui sont aujourd'hui suspendues.
01:10Je pense par exemple à la réforme du brevet
01:12où nous allons accueillir nos élèves de troisième de main
01:14sans savoir quoi leur dire sur ce qu'ils feront dans quelques mois.
01:18Et c'est quelque part le symbole de cette rentrée très étrange
01:21qui est suspendue à ce que va être la suite des décisions politiques
01:25et de la constitution du gouvernement.
01:26Alors soyons concrets, même si c'est très très flou et c'est vous qui le dites
01:29et vous avez bien raison, le brevet des collèges,
01:31donc c'est le diplôme pour les troisièmes, la fin du collège,
01:34réformé, modifié ou pas finalement ?
01:37Aujourd'hui on ne sait pas, à la fin de l'année dernière
01:42on est parti en vacances en pensant que le brevet allait être réformé,
01:46qu'il allait devenir obligatoire pour passer en seconde
01:49et finalement cette réforme est suspendue.
01:51Donc demain nous allons dire à nos élèves de troisième
01:53qu'ils passeront le brevet à la fin de l'année
01:56mais sans pouvoir leur dire comment exactement
01:59et sans pouvoir leur dire s'il sera obligatoire pour passer en seconde.
02:02Ça fait partie des gros points d'interrogation de cette rentrée.
02:06Ça il n'y a pas de réponse pour l'instant.
02:07Donc parmi les nouveautés il y a l'enseignement en groupe,
02:10vous savez ça a été beaucoup évoqué,
02:11beaucoup commenté en sixième, en cinquième,
02:14en français et en mathématiques il y aura des créations de groupes.
02:18Ça aussi vous avez du concret là-dessus ou pas ?
02:21Ce qu'on sait en tout cas c'est qu'il n'y aura pas des groupes de niveau partout
02:26contrairement à ce qu'avait dit Gabriel Attal en décembre 2023
02:30quand il était encore ministre de l'éducation nationale.
02:32Il n'y aura pas de groupe de niveau partout
02:34parce qu'il y a un certain nombre d'enseignants
02:36qui refusent de trier leurs élèves
02:39et ça c'est quelque chose qu'on soutient, qu'on a appelé à faire
02:41parce qu'on pense que pour que les élèves réussissent
02:43il faut qu'ils soient dans des petits groupes
02:45mais qu'ils puissent être mélangés selon leur niveau
02:47pour apprendre et pour pouvoir progresser.
02:49Donc il n'y aura pas de groupe de niveau partout,
02:51il y aura parfois des groupes avec des élèves mélangés.
02:54Là aussi il y a beaucoup de flou, d'incertitude.
02:56Pour tout vous dire, il y a quasiment autant de configurations de groupe que de collège
03:00donc il va falloir très vite remettre tout ça à plat
03:03pour que les élèves puissent travailler dans de bonnes conditions.
03:05Bon, Nicole Belloubet a reconnu que le budget de l'éducation nationale
03:08ne répond pas aujourd'hui aux besoins.
03:11Concrètement on manque de quoi ?
03:12Est-ce qu'il y aura des enseignants partout ?
03:14On manque d'abord de professeurs.
03:16Il n'y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée,
03:19ça c'est une certitude.
03:20Moi j'ai fait ma rentrée dans mon lycée vendredi,
03:22on sait qu'on manque de quatre professeurs déjà.
03:25J'ai vu passer des petites annonces sur Facebook,
03:28j'ai vu passer une centaine d'annonces pour un rectorat sur le site de France Travail.
03:33Il y a des petites annonces qui circulent sur les listes de diffusion entre enseignants.
03:37Donc tout ça montre bien que non seulement il n'y aura pas un professeur
03:40devant chaque classe à la rentrée
03:42mais on va aussi manquer de professeurs en cours d'année
03:44pour assurer des remplacements.
03:46Donc ça veut dire qu'il y aura des trous dans les emplois du temps des élèves
03:48et qu'ils vont manquer certaines heures de cours.
03:51Ce n'est plus possible d'accepter ça là aujourd'hui en 2024,
03:54ça fait plusieurs années que ça dure,
03:56il va vraiment falloir prendre des mesures d'urgence
03:58et ça passe notamment par un budget à la hauteur
04:01pour mieux payer les professeurs,
04:03pour améliorer leurs conditions de travail,
04:04ce qui permettra de les attirer vers notre métier.
04:07Est-ce qu'on sait la veille de rentrée concrètement, Sophie Vénétité,
04:12combien de postes sont non pourvus ?
04:15Ce sont des centaines, des milliers, c'est quoi ?
04:17Alors ce sont plusieurs milliers
04:19puisqu'il faut savoir que lors des concours de recrutement en juin 2024,
04:24il y a près de 3000 postes d'enseignants du primaire
04:28et des collèges et des lycées qui n'ont pas été pourvus,
04:31qui n'ont pas trouvé preneur,
04:32donc sur lesquels il n'y avait personne à mettre.
04:35Ça s'ajoute à tous ceux qui n'ont pas trouvé preneur les années précédentes.
04:39Alors les rectorats ont parfois essayé de bricoler
04:42en recrutant en dernière minute
04:44par des petites annonces des professeurs contractuels,
04:46mais tout ça ne va pas permettre de tenir toute l'année
04:49et ce n'est pas satisfaisant.
04:50Et pourquoi on n'a pas de profs ?
04:51Parce qu'ils n'ont plus envie aujourd'hui ?
04:52Parce que c'est un métier qui est devenu difficile,
04:55qui n'est plus attrayant, qui n'est pas assez bien payé ?
04:58Alors professeur, c'est un métier passionnant
05:01de transmettre des choses aux élèves,
05:02mais c'est un métier qui est devenu très difficile
05:05en raison des conditions de travail
05:06et c'est surtout un métier qui n'est pas suffisamment bien payé.
05:10Aujourd'hui, on a quand même eu un déclassement salarial qui pèse
05:13et qui fait que quand vous êtes diplômé
05:15et que vous comparez à ce que peut vous offrir le privé,
05:19eh bien, bien souvent, il n'y a pas photo
05:22et c'est le privé qui l'emporte.
05:23Et puis aujourd'hui, être enseignant,
05:25c'est certes vouloir transmettre des choses,
05:27mais dans des classes qui sont chargées.
05:29En collège, c'est 28 à 30 élèves,
05:31en lycée, c'est 35 élèves, voire plus.
05:34Ça veut dire que dans une heure de cours,
05:36vous n'avez même pas le temps de vous occuper de tous les élèves,
05:39alors même que c'est le cœur de notre métier.
05:41Donc, il faut augmenter les salaires,
05:42il faut diminuer les effectifs dans les classes.
05:44Moi, j'étais au collège et au lycée,
05:46si je ne me trompe pas et si je calcule à peu près correctement,
05:49il y a 40 ans.
05:50Partons de vous dire que des trous dans les agendas,
05:52il y en avait déjà,
05:53que des profs absents, il y en avait déjà.
05:55Oui, certainement que ce n'est pas nouveau,
05:58mais aujourd'hui, la crise de l'éducation nationale
06:03atteint un degré de gravité très important
06:06et on cumule les crises.
06:07On cumule la crise de recrutement,
06:09il y a aussi de plus en plus de démissions
06:11parce que c'est parfois un métier,
06:13moi j'entends de plus en plus de collègues me dire
06:15« Mais qu'est-ce que je fais là ?
06:17Et est-ce que j'ai vraiment choisi ce métier,
06:19par exemple, pour trier les élèves ? »
06:21Et bien, mes collègues me disent non.
06:22Donc, on demande beaucoup de choses à l'école
06:25et on ne lui donne pas forcément les moyens de le faire.
06:28Et aujourd'hui, ça pèse sur les enseignants
06:31de manière certainement beaucoup plus importante
06:33qu'il y a quelques années.
06:34Bon, on vous souhaite une bonne rentrée quand même, Sophie Vénétité.
06:37Merci d'avoir été en direct avec nous,
06:38secrétaire générale du SNES-FSU,
06:40syndicat des enseignants du second degré.
06:4212 millions d'enfants qui arrivent dans les classes demain
06:45avec 850 000 enseignants.
06:47Entretien à retrouver sur rtl.fr.

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