• il y a 4 mois
Éliminé en cinq sets par Andrey Rublev, le 6e mondial, au deuxième tour de l'US Open, ce mercredi, Arthur Rinderknech a cru en ses chances de première victoire sur un top 10 mais a surtout vécu l'enfer en raison de la chaleur. Le Français témoignait en direct sur le plateau de l'émission «L'Équipe de choc», sur la chaîne L'Équipe.

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Transcription
00:00On préfère quand même qu'on s'adresse à un vrai joueur.
00:02Merci d'accueillir Arthur Hinderknecht
00:03qui est avec nous, numéro 6 français,
00:04battu l'année dernière par le numéro 6 mondial,
00:06Rubleff en 5-7.
00:07Salut Arthur, merci d'être avec nous dans l'équipe de choc.
00:10Ça va ? Ça va mieux ? Récupéré ?
00:13Bonjour.
00:15Ouais, ça va, ça va.
00:16On récupère comme on peut après une petite nuit.
00:19Mais ça va, tout va bien.
00:20Arthur, c'est en voyant ton match
00:21et en écoutant tes réactions,
00:23surtout qu'on s'est posé la question
00:25sur les conditions de jeu à New York.
00:26Est-ce que tu peux nous raconter à nouveau
00:28ton calvaire d'hier ?
00:29À quel point tu as souffert,
00:30au point de t'écrouler sur le sol
00:32après 37 échanges ?
00:33Ça nous a un petit peu fait très peur.
00:34Raconte-nous tout ça.
00:39Non, j'ai écouté un petit peu
00:42le début et la fin de votre conversation
00:43en me connectant,
00:44mais c'est vrai que c'était assez extrême hier.
00:48Je ne suis pas sûr d'avoir déjà eu l'occasion
00:50de jouer dans des conditions aussi extrêmes,
00:53aussi dantesques.
00:55En plus, en commençant à 13h30
00:58et en finissant à 17h30,
01:00on était vraiment juste dans la partie
01:02la plus chaude et humide de la journée,
01:04donc sur un cours qui n'était pas du tout,
01:06du tout, du tout abrité,
01:08que ce soit par les tribunes ou par les arbres.
01:10Donc, il n'y avait pas un centimètre d'ombre
01:14par rapport au soleil.
01:15Donc, c'était vraiment pas évident.
01:16Et ça a été par moments assez long
01:20et pas mal de pensées qui traversent la tête
01:23où on se dit comment je vais tenir jusqu'au bout.
01:25Mais malheureusement, il a mieux tenu que moi
01:28et c'est Roubleff qui a gagné.
01:31C'est-à-dire que tu es prêt à abandonner
01:32en ces cas-là, c'est ça que tu sous-entends ?
01:37Quand au demi-deuxième
01:39jusqu'à l'instant du troisième,
01:40j'ai froid sur le cours.
01:41Je pense que c'est inquiétant quand même.
01:42J'ai vraiment très, très froid.
01:44Très, très froid.
01:47Je pense que j'étais pas très bien,
01:49mais j'avais des frissons de froid
01:51qui se montrent continuellement.
01:52Tu n'arrives plus vraiment à ventiler.
01:56Alors qu'il fait, je pense,
01:58ressenti peut-être 40 à ce moment-là.
02:00Et j'ai froid.
02:01Je me suis dit là, il faut quand même
02:02que je fasse attention
02:03et que je fasse tout mon possible.
02:06Parce que je pense que je peux m'écouler
02:09et pas juste parce que c'était
02:11un point très, très long
02:12où j'ai fini en lactique totale.
02:17Donc oui, j'ai essayé de faire le maximum.
02:18Après, tu n'es pas obligé de faire 37 coups à chaque fois.
02:20Un ace, ça marche, Arthur.
02:22Non, je chambre.
02:23Je me permets juste de te dire...
02:24Non, mais malheureusement,
02:25j'étais tellement fatigué que je n'arrivais pas.
02:27Je n'arrivais pas à finir le point.
02:29Fais attention de ne pas trop tripoter ton micro,
02:31je me permets, parce que sinon on entend tout.
02:32Je te passe Fred Piquion qui a une question.
02:34Oui, Arthur, tu as parlé d'acide lactique.
02:36Au bout de combien de temps tu as senti
02:38que cet acide allait te...
02:40Je ne vais pas dire te pénaliser,
02:41mais en tout cas que tu aurais eu des difficultés
02:43à terminer peut-être le match
02:45par rapport à cet acide lactique
02:46qui, quand on a chaud, c'est inévitable.
02:50Je dirais qu'hier sur mon match,
02:54au début du deuxième, au milieu du deuxième,
02:57je suis déjà dans l'extrême.
03:00Dans le rouge ?
03:01Dans le plus plus.
03:02Je finis le deuxième,
03:03je mets tout ce que j'ai,
03:04mais je suis déjà au bout du bout.
03:07Et après, inévitablement, j'ai le coup de mou
03:11et je n'arrive pas à me relever presque,
03:13quasiment jusqu'au cinquième,
03:15alors que je fais tout mon possible.
03:17Mais c'est juste que je n'arrivais plus à récupérer.
03:20Et lui a été un peu plus fort que moi.
03:22Il a réussi à maintenir un petit peu plus d'intensité.
03:24Et au cinquième, il y a eu un début de bagarre à nouveau.
03:28C'est quand même le sixième joueur mondial en face.
03:31Il a aussi beaucoup d'expérience.
03:33Et je n'ai pas réussi à rebasculer le truc au cinquième.
03:36Pierre Bouby.
03:37Salut Arthur.
03:38Moi, je voulais savoir,
03:39justement parce que ce n'est pas la première fois,
03:41il y a pas mal de tennisman influents en plus
03:44qui ont le même avis que toi.
03:45Est-ce que vous réfléchissez ensemble à une solution ?
03:48Est-ce que vous en parlez ?
03:49Est-ce qu'il y a un sujet mis sur la table ?
03:51Parce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas d'issue en fait
03:53et qu'il n'y a pas d'évolution.
03:58Non, les joueurs en parlent un petit peu.
04:00Tout le monde est assez…
04:02On est tous du même avis,
04:04dans le sens où on se dit tous
04:06qu'un jour, il va y avoir un vrai souci.
04:08C'est inévitable.
04:09Ce n'est pas comme si, en plus,
04:11chaque année, la température diminuait.
04:14On sait qu'il y a le réchauffement climatique.
04:17Je pense que c'est vraiment le cas.
04:19L'US Open doit pouvoir le prouver
04:21par des statistiques année après année.
04:25Je l'ai dit hier et Daniel Medvedev l'avait dit,
04:27je ne sais plus si c'était l'année dernière ou il y a deux ans,
04:29mais il a dit qu'un jour, quelqu'un va mourir sur le cours.
04:31Un joueur va mourir sur le cours.
04:35Je ne sais pas si quelqu'un va vraiment mourir,
04:37mais en tout cas, il y aura un gros souci, c'est sûr.
04:39Hier, on a eu une interruption de 10 minutes
04:42au milieu du match
04:44parce qu'un spectateur était tombé dans les pommes.
04:47Ils ont fait venir la sécurité, les urgences, le truc.
04:49Je me suis même demandé
04:51comment ça se faisait qu'il n'y avait pas
04:53plus de personnes qui tombaient dans les pommes.
04:55Rien que mon équipe, qui était dans les tribunes
04:57au bord du cours, était aussi en plein soleil,
04:59sans un gramme d'air,
05:01ni d'ombre.
05:03Ils m'ont tous dit après le match,
05:05mais on était tous au bord.
05:07On a tenu pour toi,
05:09mais on était comme toi.
05:11On était dans un dur extrême.
05:13Je n'imagine pas des Américains
05:15qui ne sont pas forcément super fit
05:17ou qui ne sont pas habitués à être en plein soleil
05:19et qui arrestent
05:21ou qui sont plus âgés aussi
05:23et qui restent là pendant 4h15
05:25en plein canard.
05:27Ce n'est pas évident.
05:29Je ne sais pas s'il y a des règles à mettre en place.
05:31Je ne sais pas s'il faut faire
05:33comme lorsqu'il pleut, c'est-à-dire faire une interruption
05:35lorsqu'il fait plus qu'une certaine température.
05:37Ce n'est pas vraiment
05:39plus de mon ressort
05:41et mes décisions.
05:43Notre avis aux joueurs,
05:45mais je pense que l'ATP devrait peut-être
05:47en tout cas réfléchir.
05:49J'ai vu qu'aujourd'hui,
05:51ils ont donné une information
05:53qui était qu'ils allaient fermer les toits
05:55sur les deux cours principaux
05:57lorsque la chaleur est trop forte.
05:59Maintenant,
06:01qu'est-ce qui se passe pour tous les autres cours
06:03qui sont en plein soleil ?
06:05C'est mieux que rien,
06:07mais évidemment qu'il y a peut-être des mesures à prendre.
06:09Quelques petits chiffres.
06:12Il faut penser à l'écologie.
06:1412 T-shirts ?
06:16Tu ne peux pas changer de T-shirt quand tu veux.
06:18Je me suis rendu compte de ça à un moment donné.
06:20Vas-y.
06:22Oui,
06:24on peut changer de T-shirt autant qu'on veut
06:26en soi et à chaque changement de côté
06:28du moment qu'on reste dans le temps imparti
06:30du changement de côté.
06:32Je crois que je suis allé.
06:34Je suis parti sur le cours avec une quinzaine de T-shirts
06:36et il ne m'en restait qu'un ou deux à la fin de sec.
06:38J'avais anticipé.
06:40Je connais les conditions.
06:42Je sais que c'est hyper important
06:44de pouvoir changer de T-shirt
06:46parce que tu fais un jeu, deux jeux
06:48et le T-shirt est trempé.
06:50Si je pouvais, j'aurais changé à chaque changement de côté du match,
06:52mais il faut malheureusement
06:54pouvoir tenir un peu avec le T-shirt mouillé
06:56et ne changer qu'un peu plus tard.
06:58En ce qui concerne
07:00les bouteilles d'eau,
07:02on a des bouteilles d'un litre.
07:04Je suis parti sur le cours avec six bouteilles.
07:06Elles ont été terminées assez rapidement,
07:09je pense.
07:11Un coach en équipe m'a préparé
07:13des bouteilles au cours du match
07:15parce que je n'arrêtais pas d'en faire et d'en refaire.
07:17Je crois qu'au total, je dois être au moins à 12 litres.
07:19Je ne pense pas loin de 12 litres.
07:21C'est une torture.
07:23Il n'y avait plus de plaisir là-dedans.
07:25Ce n'était pas suffisant quand même.
07:27Surtout que la surface de l'US Open a ralenti
07:29au fur et à mesure de l'année.
07:31Tu as des échanges beaucoup plus longs,
07:33ce qui n'était pas spécialement le cas avant.
07:35Ça ajoute beaucoup d'inconvénients
07:37par rapport à la température.
07:39Les échanges sont beaucoup plus longs.
07:41Tu restes beaucoup plus sur le terrain.
07:45Évidemment,
07:47plus les échanges sont longs,
07:49plus la fatigue se fait ressentir,
07:51plus l'effort est intense.
07:55Je n'ai pas eu la très bonne surprise
07:57de trouver que les balles,
07:59comme beaucoup d'autres joueurs,
08:01ont été ralenties cette année
08:03comparée à l'année dernière.
08:05Sûrement pour le spectacle,
08:07pour avoir plus d'échanges.
08:09Le problème, c'est que les règles
08:11font qu'on a de moins en moins de temps
08:13entre les échanges et au changement de côté.
08:15Pour autant, ils ralentissent les balles.
08:17Les échanges sont de plus en plus physiques.
08:19De toute façon, le jeu en général
08:21est de plus en plus physique ces dernières années.
08:23On va dans une direction
08:25qui, je pense,
08:27n'a pas d'issue.
08:30C'est un ensemble de choses
08:32à discuter, j'imagine.
08:34Arthur Hinderknecht,
08:36on te remercie infiniment.
08:38La chaleur de New York est en train
08:40d'abîmer la ligne téléphonique.
08:42On est en train de perdre la connexion.
08:44C'était un vrai plaisir de t'avoir avec nous.
08:46Bon courage. La suite, c'est quoi pour toi ?
08:50C'est un retour en Europe
08:52et l'Asie, à priori,
08:54dans trois ou quatre semaines.
08:56Il y a une autre question.
08:58Il y aura une autre météo, un autre climat.
09:00Bon courage. Merci d'avoir été avec nous.
09:02Salut, Arthur. À la prochaine.

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