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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Stéphanie de Muru pour débattre des actualités du jour.
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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Stéphanie Demeureux.
00:04Et on poursuit nos débats avec Vincent Roy, écrivain, journaliste, Olivier d'Artigolles,
00:09chroniqueur politique et on parlait de la politique française et parmi les conséquences
00:13de la dissolution, le coup d'arrêt brutal pour plus de 150 mois en attente d'examen,
00:18parmi elles la loi sur le délit routier qui avait été impulsée par le chef étoilé
00:23Yannick Allénaud dont le fils a été tué par un chauffard en mai 2022.
00:28Yannick Allénaud est avec nous en direct, bonsoir Yannick Allénaud, vous vous exprimez
00:35ce soir évidemment comme le fondateur de l'association Antoine Allénaud, alors on le rappelle la
00:41loi sur le délit routier a été votée à l'unanimité en première lecture le 31 janvier
00:46mais eh bien 6 mois après, retour à la case de départ, c'est comme si rien n'avait été
00:52fait, on repart à zéro Yannick Allénaud ? Non on repart pas à zéro puisque la loi a été
00:58effectivement présentée au Sénat et approuvée, elle doit revenir en lecture à l'Assemblée
01:02nationale pour validation et ensuite l'application et la mise en état de ce délit domicile routier.
01:09Alors sauf que malheureusement effectivement avec cette dissolution eh bien les lois sont
01:15caduques, elles devaient être votées le jour je crois de la dissolution et aujourd'hui pour
01:20vous il y a clairement urgence à faire voter cette loi ? Il y a urgence pourquoi ? Parce que ça veut
01:27dire qu'on peut dès que la loi sera approuvée activer une communication qui sera haute c'est
01:33à dire qu'aujourd'hui et demain pardon si vous prenez de l'alcool au delà des seuils autorisés
01:38par la loi française ou des substances qui sont interdites en France, vous serez accusé
01:45d'homicide routier c'est à dire qu'aujourd'hui votre responsabilité sera engagée puisque je le
01:51rappelle mon fils a été tué au mois de mai et la personne qui a tué mon enfant était évidemment
01:59dans un effet délictueux et a été déféré sous le principe d'un homicide involontaire. Donc aujourd'hui
02:07je pense qu'on ne peut pas dire ce monsieur qui a volé la voiture ultra puissante, une RS6 c'est
02:13pas fait pour planter des fleurs quand on les vole, en plus quand on est sous substance et ou
02:17drogue on puisse dire qu'on n'imagine pas un jour faire du mal à quelqu'un et il a fait du mal à
02:22mon enfant. Donc oui je crois qu'il est urgent et important de faire passer cette loi pour
02:27qu'on puisse communiquer autrement que les juges et de matière à faire leur travail différemment
02:32et puis surtout je vous rappelle que ce soir vous allez éteindre la lumière de votre appartement
02:372 à 3 enfants auront quitté la France de moins de 25 ans. Donc c'est le rapport que nous avons
02:46tous les jours donc il faut se bouger maintenant très vite pour qu'on puisse agir pour que l'ensemble
02:51des acteurs puissent faire en sorte qu'il y ait de moins en moins d'enfants qui nous quittent
02:57parce que c'est insupportable. Yannick Alléno évidemment bien sûr c'est insupportable quand
03:01vous dites 2 à 3 enfants par jour ce sont des enfants tués par des chauffards qui ont usé
03:07de substances, d'alcool ? Alors il n'y a pas que ça évidemment mais il y a les délits d'extrême
03:15haute vitesse et puis je vous rappelle que les enfants aujourd'hui qui vivent de leur mobilité
03:21de plus en plus tôt subissent les affres des mauvaises conduites automobiles. Donc un gamin de
03:2815 ans qui prend une trottinette est en risque absolu pour prendre une voiture de quelqu'un qui
03:34ne la contrôle plus, je veux dire c'est 27 000 refus d'obtempérer par an, c'est un tous les 20
03:39minutes en France. Pour vous justement le fait de ne plus parler d'homicide involontaire mais
03:44d'homicide routier, de ne pas forcément changer les peines parce qu'elle reste un changé sauf
03:50erreur de ma part dans cette loi, est-ce que ça n'en réduit pas la portée ? Vous pensez que
03:55ça sera efficace ? Je pense que ça sera efficace parce que déjà on peut appliquer tout l'arsenal
04:01du code pénal. Si on arrive à faire le distinguo entre quelqu'un qui a eu un accident évidemment,
04:09qui n'a pas voulu tuer quelqu'un et une autre personne qui a roulé très vite sous effet de
04:13l'alcool et qui a tué quelqu'un, évidemment je pense que les yeux de la justice seront différents.
04:18Ensuite je vous rappelle que dans ce texte-là il y a aussi des choses qui est la saisie immédiate
04:23du véhicule sous l'usage de substances. Ce n'était pas le cas jusqu'à présent ? Ça paraît
04:30incroyable et le délit de fuite n'était même pas considéré comme une circonstance agréante.
04:37Donc tout ça vient enrichir je crois l'arsenal pénal et qu'enfin les forces de l'ordre aient
04:43l'occasion d'agir en fonction de ce que la loi leur permet de faire. Notamment la saisie d'un
04:48véhicule. Je crois que dans un village si un gamin se drogue, il prend son véhicule,
04:51se fait arrêter par les forces de l'ordre et qu'il perd son véhicule, déjà je pense que les autres
04:55autour feront un peu plus d'attention en disant moi je n'ai pas envie de perdre ma voiture je vais
04:58faire attention à ce que je fais. Et puis de toute façon il faut qu'on arrive à monter marche
05:04par marche l'ensemble des choses à faire pour essayer d'améliorer la situation. Il est arrivé
05:09un plafond de verre, encore une fois deux à trois enfants ce soir auront perdu la vie sur les routes.
05:13Ça fait froid dans le dos effectivement. Yannick Allénaud, vous restez avec nous,
05:17Olivier d'Artigolle. C'est vrai que quand on écoute Yannick Allénaud on se dit que c'est
05:21à peine croyable qu'il n'y ait pas eu de saisie de véhicules, que le délit de fuite finalement
05:26ne compte pas comme circonstance aggravante. Il y a urgence quand même à légiférer.
05:30Moi j'ai beaucoup de respect pour le combat de Yannick Allénaud parce que depuis le drame
05:34épouvantable qu'il a vécu avec la perte de son enfant en mai 2022, il a mené médiatiquement
05:43un combat avec une dimension pédagogique très forte et qui a permis une initiative parlementaire
05:50transpartisane votée à l'unanimité qui crée en effet ce délit d'homicide routier qui permet
05:59donc de poser le problème, de parler des circonstances aggravantes élargies à la
06:04question de l'usage du téléphone, des refus d'obtempérer et qui montrait bien que notre
06:10société était prête aujourd'hui à aller dans cette direction heureusement. Et c'est aussi
06:15très important concernant les co-victimes, c'est-à-dire les familles. On va y venir avec
06:20Yannick Allénaud, effectivement. Les familles qui vivaient cette qualification d'homicide
06:27involontaire comme une seconde souffrance parfois irrespirable, insoutenable. Et Yannick Allénaud...
06:34Donc on peut en effet malgré le... aller sur ce texte-là rapidement. Yannick Allénaud c'était
06:39aussi un des points importants de cette loi, justement le soutien aux proches des victimes
06:44qui est très insuffisant aujourd'hui. En fait, comme il n'y a pas de considération de co-victimes,
06:50il n'y a pas de considération tout court. Ces jeunes-là qui perdent la vie laissent de côté
06:56leurs frères, leurs soeurs, leurs parents. Et puis on voit évidemment que ces jeunes-là ont besoin
07:02d'aide pour ne pas gâcher plus leur vie qu'elle ne l'est déjà. Parce qu'ils sont punis deux fois.
07:07Ils sont punis par le fait d'avoir perdu leur frère ou soeur. Les parents qui sont généralement
07:11ancrés dans une tristesse absolue, on peut les comprendre, on oublie presque qu'ils sont encore
07:17là, ceux qui restent. Et quand on a créé l'association, moi je me suis aperçu de ça au
07:21départ d'Antoine, je me suis dit mais comment peut-on mettre ça sous un tapis et ne pas en parler
07:25comment ? On ne peut pas aller voir ses enfants dès que ça arrive, en tout cas ses familles, et leur
07:30dire écoutez on est là pour vous, qu'est-ce qu'on peut faire ? Il faut que vous continuez vos études.
07:36Vous vous êtes senti seul vous-même ? Vous l'avez vécu ? Alors je me suis senti en fait leader de la
07:43famille pour tenir tout le monde en fait. Donc j'ai eu la force de la tenir cette famille. Maintenant
07:49j'ai vu tous ceux qui sont restés de ma famille en fait. Et si on n'avait pas fait ça, je pense
07:53qu'on aurait tous sombré. Et donc je me suis dit en fait je vais mettre ma notoriété en fait au
07:58service de cette cause-là. Parce que depuis qu'on a créé l'association, on a eu plus de 100 familles,
08:04vous vous rendez compte ? On a aidé des gamines à passer leur bac, on a aidé des familles
08:09financièrement. Je vais vous donner un exemple et puis ça va paraître choquant aux auditeurs mais
08:12un enfant qui meurt, une famille qui n'a pas les moyens, si l'instruction n'est pas terminée,
08:18d'accord, les assurances ne se déclenchent pas, on peut avoir le cas d'une enfant qui est enterrée
08:23sans perte en base. Ce qui veut dire qu'une fois que les assurances se sont déclenchées,
08:27ils vont déterrer l'enfant et la remettre dans une sépulture convenable. Mais dans quelle vie
08:33on est en fait ? Est-ce qu'on peut considérer ça et en parler et en tout cas faire en sorte que
08:37ce soit moins difficile quand ça arrive ? Parce que rien n'est fait. C'est comme des attentats.
08:42Les attentats, parce qu'on compare souvent ça aux attentats du Bataclan, c'est cinq fois les
08:46Bataclan par an tous les ans en France. Pourquoi on met ça sous le tapis ? Pourquoi les politiques
08:50ne font pas leur travail de dire ok on y va et on met tout en oeuvre, la société se met en oeuvre
08:54pour venir en aide à ces jeunes qui restent ? C'est covid-tive et je trouve que le mot est bien
08:58choisi. Il faut aider ces jeunes-là à passer la vague de souffrance pour que leur vie soit,
09:04elle sera de toute façon différente, mais qu'elle soit moins difficile en tout cas.
09:09Et les dommages collatéraux sont entre 3 500 et 4 000 personnes par an en France. Vous savez quoi,
09:16il n'y a même pas de nom pour dire à une famille qui en a perdu son enfant. On est veuf, on est
09:21veuf, on est orphelin. Il n'y a même pas de nom pour dire qu'on a perdu un enfant. Donc ça veut
09:25bien dire que la société réfute le fait que les enfants peuvent aussi partir.
09:28Clairement Yannick Allénaud, aujourd'hui vous attendez, vous appelez les politiques de tous
09:34bords, quel que soit le futur gouvernement, à agir en premier lieu. Puisqu'on le rappelle,
09:40cette loi devait être votée le jour de la dissolution.
09:44En fait, là je crois qu'on dépasse, on parle de nous tous. On parle de gauche, de droite,
09:51de tout ce qu'on veut en fait. On parle de nous, on parle de nos enfants. Donc oui,
09:56la responsabilité politique, c'est évidemment des décisions politiques avec de la responsabilité.
10:01Aujourd'hui je pense qu'il est temps que chacun prenne ses responsabilités et qu'on mette cette
10:04loi en route, en place, et que derrière la société s'organise pour que l'on puisse faire
10:09diminuer en fait le nombre de morts par an en France. Jacques Chirac avait fait un travail
10:14remarquable à l'époque. Depuis on a l'impression que plus personne ne parle de ces problèmes routiers.
10:20Il y a un plafond de verre, 4 500 personnes par an qui meurent, 700 enfants. Voilà, c'est les
10:26chiffres, on les a. Et au mois de juillet, il y en a eu 80. Et encore la semaine dernière,
10:30moi j'ai eu un coup de téléphone, un gamin de 20 ans qui avait pris quelqu'un qui avait trop bu,
10:33il était sur sa moto, il a perdu la vie à 20 ans. Donc est-ce qu'on arrête le massacre ? Moi
10:39j'ai envie d'arrêter. J'ai envie d'arrêter et de faire les choses.
10:42Et on entend évidemment votre combat, Vincent Roy. C'est vrai, quand on écoute ses très poignants,
10:48ce que nous dit Yannick Hélénon, on a du mal à reprendre la parole derrière pour être honnête.
10:52Pour le moins. Non mais je crois que ce qui... En fait, l'homicide routier, c'est un homicide
11:00involontaire avec une ou plusieurs circonstances aggravantes. Qu'on a pu une augmentation de la
11:07vitesse de plus de 30 km heure, une conduite sans permis, consommation de drogue, état d'ivresse.
11:12Et on l'entend bien, ce qui gêne, enfin ce qui ne gêne pas, mais ce qui a exacerbé d'une
11:19certaine manière la colère et sans doute la douleur de Yannick Hélénon, c'est le fait qu'on
11:27parle d'homicide involontaire. Parce que selon lui, effectivement, on prend la responsabilité dès
11:31lors que l'on boit, dès lors que l'on a consommé des substances, etc. qu'on prend le volant,
11:35on est susceptible de ne plus avoir les réflexes corrects pour conduire et effectivement de tuer
11:42quelqu'un. A partir de là, selon ce que nous dit Yannick Hélénon, on est responsable d'avoir bu,
11:49et le mot involontaire devient quelque chose pour lui de très douloureux. On l'entend bien.
11:55Toute la difficulté, si vous voulez, c'est que les peines restant inchangées, je ne vois pas,
12:01j'ai du mal à comprendre en quoi ça va changer, que notre regard change sur ces cas.
12:07En tout cas, il faudra que cette loi soit au moins passée pour ce combat en tout cas que
12:13vous poursuivez Yannick Hélénon. Merci beaucoup d'avoir été avec nous sur Europe 1.

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