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Deux avions Rafale ont été impliqués dans un accident ce mercredi en Meurthe-et-Moselle. Un pilote a été retrouvé sain et sauf, mais les deux autres pilotes ont été annoncés morts mercredi soir.

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Transcription
00:00Et avec nous pour en parler, Jean Serra, consultant aéronautique BFMTV, Loïc Rivière, spécialiste météo BFMTV, et on sera également avec Hugo Smag, qui se trouve devant la base aérienne 113 de Saint-Dizier.
00:11Jean Serra, on va commencer par cette question. Qu'est-ce qu'on sait à cette heure des circonstances de l'accident ?
00:17On sait deux choses principales. Les deux avions se sont heurtés en plein vol pendant un entraînement au combat.
00:26Et la deuxième chose qui est importante, dont Loïc va probablement parler, c'est la météo, à ce moment-là, qui a peut-être joué un rôle important.
00:35Entraînement de mission de combat, c'est ce que vous venez de dire. Concrètement, ça veut dire quoi ?
00:40Les deux avions font comme s'ils s'affrontaient avec les risques que cela comporte. Ce sont des entraînements qui sont dangereux ?
00:48Alors, ce sont des entraînements qui sont réguliers, y compris bien sûr pour les nouveaux arrivants sur le Rafale, mais également pour l'entraînement quotidien des militaires de la chasse.
01:01Ils font à la fois des attaques au sol, des combats aériens, des reconnaissances aériennes, des tas d'entraînements pour justement être capables, en cas de conflit, d'être le plus performant possible.
01:15Le problème, c'est qu'en faisant ces entraînements, bien évidemment, on augmente les risques. Ce sont tous des pilotes de très haute qualité, mais on reste des êtres humains et parfois, une erreur est possible.
01:30Alors, dans ce cas précis, il y avait deux avions Rafale. Dans un avion, il y avait un pilote instructeur et son élève. Dans l'autre avion, il y avait un pilote qui était seul.
01:41Lui a réussi à s'éjecter. Il a été retrouvé un peu plus tard, sain et sauf. Les deux premiers pilotes dans le premier avion sont décédés.
01:48Qu'est-ce qui conduit à ce qu'on s'éjecte dans un avion de chasse et pourquoi ça n'a pas fonctionné, visiblement, pour ceux qui étaient dans le premier avion ?
01:57– Alors, à prendre avec beaucoup de recul, un des témoignages de gens qui ont vu les avions se percuter en vol, un a dit que la personne qui s'est éjectée,
02:10se serait éjectée des millisecondes avant le choc. Ce qui lui a peut-être permis d'être vivant. C'est à prendre avec beaucoup de recul.
02:20La deuxième chose, c'est qu'effectivement, les deux autres qui se trouvaient dans le second Rafale, s'ils n'ont pas vu l'autre avion arriver droit sur eux,
02:31n'ont pas pu réagir, ont été percutés en plein vol et malheureusement sont décédés en plein vol.
02:36– Les deux auraient pu s'éjecter ? Est-ce que les deux pilotes ont la possibilité de demander ?
02:42– Tout à fait. Chacun a, sur son siège, un système d'éjection du siège où il tire sur une poignée et la verrière va partir et on va entendre,
02:53même au sol, on va entendre l'explosion qui envoie le siège en l'air et en même temps, il y a une alarme pour les services de l'armée qui disent
03:05« Tiens, il y a un siège éjectable qui a fonctionné », mais là, dans ce cas-là, eux, ils n'ont rien vu venir et probablement sont morts sur le coup.
03:15– Loïc, Jean Serrat nous disait que l'un des facteurs à prendre en compte pour l'accident, c'était la météo.
03:20C'est vrai que la météo, elle n'était pas bonne hier.
03:22– Je vous propose de revenir sur les conditions météorologiques à la mi-journée à Colomb-Belle-et-Belle, donc en Meurthe-et-Moselle,
03:28avec une situation très instable en réalité.
03:31Nous sommes au sud de Nancy, ces pilotes volaient vers un vrai conflit de masses d'air
03:36et on pouvait distinguer cette ligne orageuse en formation justement entre Nancy et Dijon.
03:43On peut même distinguer ces nuages d'orage, ces fameux cumulonimbus par satellite.
03:49Alors justement, tout se passe au cœur de ce nuage, c'est les plus gros nuages qui peuvent exister.
03:55Ils peuvent mesurer de 10 à 15 kilomètres de large et ils peuvent s'élever jusqu'à 15 kilomètres en altitude.
04:01En réalité, ils sont bloqués par la stratosphère, d'où cette forme d'enclume.
04:06C'est comme si vous entriez dans le tambour d'une machine à laver,
04:08un immense tambour avec des courants ascendants, descendants, très puissants.
04:13Ces nuages peuvent absorber 700 000 tonnes d'air et plus de 8 000 tonnes de vapeur d'eau chaque seconde.
04:20C'est un vrai générateur électrique avec des vents qui peuvent dépasser les 130 km heure.
04:24Il y a de quoi dévier une trajectoire.
04:26Difficile de dire évidemment si ces conditions météo ont joué un rôle capital dans cette collision.
04:33On espère que l'armée de l'air pourra nous apporter un peu plus d'informations.
04:36Mais Jean, quand on entend ça, on se dit, c'était pas possible d'annuler l'exercice tout simplement ou de le reporter ?
04:42C'est toujours possible.
04:43Maintenant, effectivement, dans les entraînements, on essaie de mettre les gens le plus près possible
04:50de ce qu'ils risquent de rencontrer un jour de conflit.
04:53Le problème de ces nuages-là, c'est qu'à la fois, il y a des gradients de vent extrêmement importants,
05:00des vents qui partent du sol vers l'altitude et sur les côtés qui redescendent, qui sont extrêmement importants.
05:06Il y a des enregistrements qui ont été faits dans le golfe du Mexique par des avions américains
05:12où ils ont repéré des vents verticaux de plus de 150 km heure pour vous dire ce que vous allez prendre.
05:18Mais il n'y a pas que ça.
05:19Il y a également des vents sur les côtés qui font qu'un avion peut très bien être déporté
05:24de plusieurs dizaines de mètres à droite, à gauche, selon les rafales qu'il va recevoir.
05:29Et s'ils sont très proches l'un de l'autre, ils peuvent très bien se toucher en plein vol.
05:34Jean, vous avez déjà été confronté à ce type de perturbations ?
05:37Oui, j'en ai parlé une fois déjà sur la chaîne.
05:41Une fois, j'allais à Miami.
05:43On est arrivé dans le front intertropical qui se trouve au niveau du golfe du Mexique.
05:47Et ça bougeait tellement dans l'avion, j'étais incapable de lire les instruments qui étaient devant mes yeux.
05:53Pour vous dire que quand ça remue, ça va dans tous les sens, réellement.
05:57Et ça peut donc avoir un rôle, en tout cas dans cet accident, même si on ne connaît pas pour l'instant les circonstances.
06:02On va retrouver Hugo Smag qui se trouve devant la base aérienne 113 de Saint-Dizier.
06:07Hugo, on imagine qu'il y a une émotion immense dans la ville aujourd'hui ?
06:14Bien sûr, beaucoup d'émotions ici à Saint-Dizier.
06:17Il faut dire que ce sont des accidents qui sont très rares.
06:20Pour retrouver un accident comparable avec la collision entre deux rafales,
06:24il faut remonter à 2009 près de Perpignan où un accident comparable avait déjà fait un mort.
06:30Alors ici à Saint-Dizier, il y a beaucoup d'émotions puisque cette base aérienne est connue de tous.
06:35Les habitants vivent avec les rafales dans le ciel.
06:39Ils connaissent tous des personnes qui y travaillent.
06:42Il faut dire que c'est l'un des principaux employeurs de la Haute-Marne.
06:46Nous avons pu justement rencontrer hier soir avec Nicolas de Roussy des habitants de Saint-Dizier.
06:52Je vous propose d'écouter leurs témoignages.
06:55On vit avec, c'est une pièce à part entière.
06:57Quand on dit Saint-Dizier, c'est la BA 113.
06:59Moi, je suis coiffeuse dans la ville, on coiffe souvent des militaires.
07:02On a tous un peu de la famille qui travaille en général et heureusement qu'ils sont là.
07:06C'est vrai que ça résonne toujours, on dit Saint-Dizier, c'est la BA 113.
07:11Vous l'aurez compris, cette base aérienne fait vraiment une part conséquente de la vie des gens de Saint-Dizier.
07:19Ici, c'est vraiment quelque chose d'important.
07:21C'est un symbole de cette ville, une fierté.
07:23Donc forcément, beaucoup d'émotions ici à Saint-Dizier.
07:26Le ministre des Armées a tenu lui à rendre hommage sur le réseau social X à ces soldats morts hier dans cette collision.
07:35Il a notamment dit ce soir, la nation tout entière est reconnaissante.
07:38Jamais nous ne les oublierons.
07:40Le ministre des Armées Sébastien Lecornu qui doit se rendre aujourd'hui sur cette base aérienne.

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