• il y a 4 mois
Aujourd’hui, on vous dévoile l’extrait #2 de notre rencontre avec Abigail, alias @voyageuse_au_naturel, qui explique à quel points les tabous autour de la santé mentale ont impacté son parcours.

Elle explique de quelle manière avoir découvert qu’elle était atteinte de ce trouble et ses rejets du début. Elle a compris que finalement , le rapport avec la santé mentale dans son entourage ne lui ont pas permis de comprendre assez tôt ce qui se jouait en elle malgré des antécédents familiaux découverts trop tard, lors de son premier séjour en hôpital psychiatrique.

‌Si la santé mentale n’avait pas été taboue, elle aurait mieux compris qui elle était et l’annonce de son trouble aurait été mieux reçu par sa famille.

La santé mentale est l’affaire de tous·tes et surtout ; elle est pleine de nuances. C’est pourquoi il est important chez mūsae de mettre en avant des parcours de vie, des récits et des prises de paroles sur ce sujet, pour rappeler que comme l’indique ce format vidéo : tu n’es pas seul·e.

Prenez soin de vous

Journaliste : @christelle_tissot

Production et montage vidéo : @pauline.lcmt

DA : @_siobhankeane_

Motion design : @‌adrienlopes

Prenez soin de vous et à très vite pour l’épisode 3 ;)

#santémentale #santementale #borderline #témoignage
Transcription
00:00Il y a eu des événements dans ma vie qui m'ont fait penser que j'avais des soucis de santé mentale.
00:06Parce que, l'air de rien, très jeune, j'ai commencé les comportements d'autodestruction.
00:09Je devais avoir 15 ou 16 ans.
00:23J'ai commencé d'ailleurs mon parcours, les traitements médicamenteux, à l'adolescence.
00:30Mais je ne m'étais jamais dit que c'était un trouble psy.
00:33Ça a été une très grande surprise.
00:36Et je pense que ça témoigne aussi du manque d'informations que j'avais à ce moment-là.
00:40Parce que j'étais à des années-lumière de me dire que c'était quelque chose d'identifié dans le monde de la psychiatrie.
00:46Et donc, ça fait que je n'étais pas du tout en recherche de diagnostic du tout.
00:50J'avais pris ça comme une fatalité en me disant que je suis un peu intense,
00:56un peu écorché vive, un peu très à vif.
01:00Mais j'avais vraiment pris ça comme ma normalité à moi.
01:08Ce qui s'accompagnait quand même d'une très grande souffrance.
01:12Je pense que la santé mentale était un sujet un peu tabou dans ma famille.
01:15Dans le sens où on n'en a jamais vraiment parlé.
01:18Et d'ailleurs, souvent durant mes hospitalisations, on me demandait si j'avais des antécédents médicaux.
01:24Et à chaque fois, je disais que non.
01:25Jusqu'au jour où j'ai découvert qu'en fait, si.
01:28Et c'est là, je pense, où j'ai pris conscience de l'ampleur du tabou qu'il y avait dans ma famille.
01:33De ne pas parler des troubles psy.
01:36Alors qu'en fait, c'était une problématique qui était connue.
01:38Je ne savais pas du tout.
01:40Je pense aussi que c'est un ensemble de choses qui a fait naître cette envie de parler.
01:47Mais je sais que d'un point de vue générationnel, moi, il est hors de question
01:53que ce soit quelque chose dont on n'en parle pas.
01:56En tout cas, pour les générations d'après, si jamais il y en a,
01:58je sais que je vais introduire le sujet.
02:00C'est une évidence.
02:01Parce que c'est un truc que moi, j'ai mal...
02:03Enfin, je n'ai pas trop kiffé découvrir ça.
02:07Je pense que si je n'avais pas été hospitalisée, personne ne m'en aurait jamais parlé.
02:11Et peut-être que si on m'en avait parlé avant, je me serais sentie moins...
02:18Moins comme le vilain petit canard de la famille qui n'a vraiment pas de chance.
02:23Je pense que quand mes premiers états dépressifs ont fait surface,
02:28c'est-à-dire très tôt,
02:31ma mère a quand même été assez réactive
02:35parce qu'elle m'a emmenée voir une psychologue assez vite.
02:39Sauf que j'étais dans cette période un peu ingrate
02:43où si c'était ma mère qui me...
02:46Alors, je n'aime pas ce mot, forcée, allait voir une psy.
02:49Du coup, j'étais un peu butée en me disant
02:52que je n'ai pas choisi d'être là,
02:53donc je ne vais pas parler aux professionnels de santé mentale.
02:56Donc, ça donnait des séances un peu...
03:00Un peu, je pense, longues.
03:04Et pour le professionnel en face et pour moi, parce que je refusais de parler.
03:08Je faisais un boycott, en fait, de cette histoire.
03:12Un peu l'ado rebelle.
03:13Alors que j'en avais clairement besoin à ce moment-là,
03:15mais je n'avais pas du tout pris conscience de mon besoin.
03:19J'étais juste dans l'opposition.
03:22Et ensuite, quand ça s'est imposé à moi à l'âge adulte,
03:27là, je pense que c'était moi qui étais en demande d'aide.
03:31Et vis-à-vis de ma famille,
03:32je pense que ça a été une période très douloureuse
03:35parce que ça a fait naître certains traumas pour moi,
03:40mais ça a aussi refait surface...
03:44Je pense que ça a beaucoup, beaucoup impacté ma famille.
03:46Et je regrette terriblement que ma famille n'ait pas été plus accompagnée
03:52dans le sens où dans un monde parfait, idéaliste,
03:54j'aurais souhaité que quand une personne est hospitalisée,
03:57comme moi, je l'ai été, c'est-à-dire dans un isolement,
04:02qu'on prenne aussi en charge la famille à ce moment-là,
04:05qu'on les accompagne dans ces moments-là.
04:07Je pense que c'est primordial parce qu'on ne se rend pas compte
04:10du manque d'informations,
04:11de ce que ça peut générer comme stress et comme anxiété,
04:16parce que ça reste des situations quand même très incertaines.
04:20Quand j'étais adolescente, j'étais dans un CMP
04:22pour... dans une structure...
04:25centre médico-psychologique pour adolescents et jeunes adultes.
04:29Et ensuite, là, j'ai...
04:32à mes 23-24 ans,
04:34là, j'ai été hospitalisée dans une hospitalisation complète.
04:39Et en tout et pour tout, depuis mon diagnostic,
04:42j'ai fait neuf mois en hôpital psychiatrique,
04:45toutes hospitalisations confondues.
04:48Donc j'en ai fait deux complètes et deux en hôpital le jour.

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