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Samedi 13 juillet 2024, SMART @WORK reçoit Antoine Compin (Directeur Général, Manutan France) , Camille Colbus (Cofondatrice, Dero) et Alice Briot (Directrice de la Performance Durable, Groupe Lebronze alloys)

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00:00Smart at Work, vous est présenté par Manu Tan.
00:16Bonjour à tous et bienvenue dans Smart at Work, votre émission mensuelle autour du concept du bien-travailler.
00:21Alors ce mois-ci, on s'intéresse à la façon dont les entreprises peuvent aujourd'hui passer à la circularité.
00:29Comment faire muter les entreprises vers l'économie circulaire ?
00:32Faut-il une stratégie spécifique pour engager cette transformation ?
00:36Que faut-il changer en matière de conception ?
00:39Comment structurer un écosystème aujourd'hui éclaté en véritable filière ?
00:43Quel lien également entre circularité et innovation ?
00:47Et enfin, quel impact sur le business model des entreprises ?
00:50Autant de questions qu'on va tenter de répondre avec mes invités dans un instant dans Smart at Work.
01:00Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Camille Colbus, bonjour.
01:05Bonjour.
01:06Vous êtes consultante indépendante, vous êtes cofondatrice de Dero, plateforme qui répertorie tous les produits de seconde main.
01:13Camille, on entend beaucoup parler aujourd'hui de reconditionner, d'upcycling, de seconde main.
01:20Est-ce que déjà on peut peut-être rebalayer un peu ce que c'est que l'économie circulaire
01:24et quelle est la différence entre les trois termes que je viens de citer ?
01:27Effectivement, je pense que c'est important de remettre un petit peu à plat la définition pour savoir où est-ce qu'on en est aujourd'hui.
01:33En fait, l'économie circulaire, c'est une nouvelle économie.
01:36C'est une nouvelle façon de consommer qui vise à limiter le gaspillage et à faire un usage optimal des ressources.
01:44En fait, c'est une économie qui est à l'inverse de l'économie dans laquelle on se trouve aujourd'hui,
01:48qui est une économie linéaire, qui est en fait l'économie traditionnelle qu'on a depuis la révolution industrielle,
01:54qui est en fait l'économie où on va extraire, on va fabriquer, on va consommer puis on va jeter.
02:01Sauf qu'en fait, aujourd'hui, on ne peut plus être dans ce modèle-là.
02:03On ne peut plus continuer à juste extraire des ressources, des ressources et des ressources
02:07parce qu'en fait, on se rend compte qu'on est face à des limites planétaires, à des défis environnementaux et sociaux.
02:12Et donc, on a besoin en fait de se retrouver dans un modèle beaucoup plus circulaire,
02:16dans un modèle de boucle qui est donc cette économie circulaire qui va permettre de réduire,
02:21de consommer moins, de consommer mieux et qui se repose sur plusieurs principes,
02:26notamment un principe de réduction, de réutilisation, de recyclage ou de renouvellement des ressources.
02:33Alors, où est-ce qu'on en est aujourd'hui en matière d'offre d'économie circulaire, de reconditionnée, de seconde main en France ?
02:40Oui, alors c'est une offre qui commence, ou en tout cas, on voit de plus en plus d'entreprises qui s'y mettent
02:46et de plus en plus d'entreprises émergées, notamment des start-up.
02:50En fait, il y a encore quelques années, on en parlait, mais c'était beaucoup de la seconde main de vêtements,
02:56beaucoup dans l'électronique.
02:58Donc, tout le monde sait plus ou moins qu'on peut acheter son téléphone ou sa tablette en reconditionnée, en deuxième vie, en seconde main.
03:06Mais on ne sait pas en fait qu'aujourd'hui, il est possible d'acheter aussi ses lunettes de vue en reconditionnée, en seconde main.
03:12Et en fait, on se rend compte qu'aujourd'hui, l'économie circulaire ne touche plus seulement des biens essentiels d'habillement,
03:21mais aussi tout type de bien qu'on peut retrouver en seconde main en reconditionnée.
03:26Est-ce que c'est une offre qui est très réservée encore B2C, ou ça y est, ça commence à se développer aussi pour le B2B ?
03:32Parce qu'il y avait une grosse question sur ce sujet-là.
03:34Oui, c'est effectivement intéressant.
03:36Alors, on a toujours beaucoup, beaucoup de filières qui se développent sur le B2C, parce que le consommateur, c'est agro-consommateur,
03:41mais aussi de plus en plus de B2B.
03:43Il y a une entreprise, notamment, qui s'appelle Vesto, qui s'est créée il n'y a pas très longtemps,
03:47qui reconditionne les produits de la grande restauration pour les revendre à des restaurateurs qui vont se réinstaller ou ont besoin de produits.
03:55Donc, on en voit de plus en plus.
03:57Et ça, j'imagine que vous avez le sentiment que c'est une bonne dynamique et qu'elle va être amenée à s'amplifier.
04:02Alors, j'espère. Mais oui, c'est une très, très bonne dynamique.
04:05L'idée, c'est vraiment de faire en sorte qu'on soit dans cette nouvelle économie,
04:09qu'on délaisse un petit peu cette économie linéaire qui, finalement, ne nous fait pas du bien, ni à la planète, ni aux hommes,
04:15et qu'on passe dans cette économie circulaire.
04:17Pour ça, il faut que tout le monde s'y mette.
04:19Il faut que le gouvernement s'y mette.
04:21Il faut que le consommateur s'y mette.
04:23Il faut que toutes les entreprises s'y mettent.
04:25Toutes ces nouvelles startups, ces nouvelles entreprises qui se créent, c'est très bien.
04:30Mais il faut aussi que les entreprises qui sont aujourd'hui dans une économie linéaire passent vers une économie circulaire.
04:36Donc, qui dit nouvelle économie, dit aussi nouveau business model.
04:39Quel impact ça peut avoir sur le business model d'une entreprise établie ?
04:42Parce qu'effectivement, quand on se lance, c'est un peu plus facile d'avoir tout ça déjà nativement, on va dire.
04:48Mais quand on est une entreprise déjà établie, ça veut dire repenser complètement les choses.
04:51Oui, c'est ça.
04:52Mais l'économie circulaire, c'est vraiment repenser la façon dont on fonctionne aujourd'hui
04:57et le mode de consommation qu'on a aujourd'hui.
05:00Alors, ça ne veut pas dire tout abandonner du jour au lendemain, mais ça veut dire repenser la façon dont on fonctionne.
05:06L'économie circulaire, c'est aussi penser la façon dont on fabrique.
05:10Donc, est-ce qu'on peut fabriquer des biens avec de l'éco-conception ?
05:13Où est-ce qu'on va chercher nos ressources ?
05:15Est-ce qu'on peut avoir des ressources qui sont moins demandeuses ?
05:18Donc, c'est aussi revoir les process de production.
05:22Aujourd'hui, quand il y a une entreprise qui vient vous voir et qui veut se mettre à la circularité,
05:27à quelle problématique est-ce qu'elle fait face ?
05:30Alors, il y a effectivement cette problématique, et vous en avez parlé, du business model.
05:33Aujourd'hui, les entreprises ne savent pas encore où se positionner
05:36parce qu'effectivement, ça va être des prix qui sont peut-être un petit peu plus bas sur le cours reconditionné ou la seconde main.
05:42L'entreprise doit quand même s'y retrouver.
05:44Le consommateur aujourd'hui n'est pas forcément prêt à payer le même prix que du neuf
05:49pour du reconditionné ou de la seconde main.
05:52Donc, c'est aussi tout un système de sensibilisation et d'éducation pour le consommateur.
05:56Mais pour les entreprises, c'est surtout ça, ce modèle de rentabilité.
06:02Comment est-ce que je peux continuer à faire du chiffre d'affaires ?
06:04Parce qu'une entreprise, ça reste aussi du chiffre d'affaires,
06:07mais tout en ayant un impact, tout en ayant un impact positif sur la société.
06:11Merci beaucoup, Camille. Vous restez avec nous.
06:13On va poursuivre cette discussion avec nos deux autres invités dans quelques instants.
06:20On poursuit cette émission toujours en compagnie de Camille Colbus,
06:26qui est consultante indépendante, confondratrice de la plateforme Déro.
06:29Nous ont rejoint Alice Brio. Bonjour.
06:31Bonjour.
06:32Vous êtes directrice de la performance durable au groupe Le Bronze Eloïse.
06:37Et puis Antoine Compin, directeur général de Manut en France et partenaire de cette émission. Bonjour.
06:41Bonjour.
06:42Antoine, en tant que distributeur, je vais commencer par vous.
06:44Vous avez commencé il y a quelques temps déjà à vous emparer de cette question de l'économie circulaire.
06:50Quand on est un distributeur déjà installé comme les Manutans, une ETI familiale présente depuis un certain nombre d'années déjà,
06:57comment est-ce qu'on passe à l'économie circulaire ? Par quoi on commence ?
07:00C'est vrai, vous l'avez dit, Manutans, une ETI familiale, nous sommes présents partout en Europe.
07:06Et notre métier, c'est de distribuer du matériel aux entreprises, aux collectivités, aux artisans.
07:11Le sujet et la mission qui est celle de Manutans depuis des années, c'est d'entreprendre pour un monde meilleur.
07:16Donc évidemment que l'économie circulaire est arrivée assez naturellement dans nos gènes.
07:20Il y a cinq ans, nous avons racheté une société qui s'appelle Cruzinga en Hollande et qui revend du matériel de seconde main,
07:28matériel d'entreposage, notamment sur les marchés européens.
07:32Donc on a commencé par faire des petits pas, mais des pas sûrs et des pas rapides pour pouvoir rentrer effectivement dans le modèle d'économie circulaire.
07:40Et puis il y a deux ans, on a également racheté une société qui s'appelle ZAK et qui proposait,
07:45qui propose toujours ce service par maintenant Manutans, de collecter et de réemployer du matériel informatique.
07:52Donc on a démarré avec ce même service pour nos clients et puis on l'a développé en allant collecter du matériel immobilier de bureau,
07:59de manière encore à apporter un service en lien avec une partie de l'économie circulaire.
08:04Donc en fait, la stratégie, c'est d'acheter des spécialistes pour transformer l'entreprise de l'intérieur, si je résume ?
08:09Alors ce qui est important, c'est d'apprendre. On est sur des business models qui sont différents, sur des process qui sont différents.
08:15Donc on s'appuie sur des business qui existent et pour lesquels on se développe.
08:20Et puis ces business-là et ces sociétés, notamment ZAK, travaillaient et travaillent encore aujourd'hui avec des partenaires,
08:26comme par exemple Atelier Sans Frontières pour la réparation du matériel ou Valdélia.
08:31Donc ça nous a permis aussi de se rapprocher de partenaires.
08:34On le verra, je pense, par la suite, et Camille a un petit peu avancé le sujet, que les partenaires dans l'économie circulaire, c'est important.
08:40Alice, le Bronze Alloys, c'est une ETI industrielle. Cette fois, vous êtes basée dans la Marne.
08:45Vous êtes spécialisée dans la fabrication d'alliages à base de cuivre, notamment pour les secteurs de l'aéronautique et de l'automobile.
08:51Qu'est-ce qui vous a poussé vers le recyclage ?
08:54Alors nous, historiquement, on avait déjà des actions sur la circularité. Pourquoi ?
09:00Parce qu'on travaille sur notamment le cuivre, qui est recyclable à l'infini.
09:04On avait déjà des approvisionnements de matières recyclées qu'on pouvait utiliser dans nos fonderies.
09:09Mais on a décidé de passer, on va dire, à une autre dimension ces quelques dernières années pour améliorer encore ce recyclage.
09:17Et ça a passé notamment par un gros investissement qu'on a appelé l'Atelier Upcycling, qui est basé sur notre site de SWIP.
09:25Et qu'est-ce qu'il fait cet Atelier Upcycling ?
09:27Alors, en fait, on va pouvoir transformer de la matière qui était auparavant considérée comme des déchets.
09:36On ne pouvait pas les utiliser dans nos fonderies.
09:38Et avec cet atelier qui nous permet de trier les métaux, de broyer, de concasser,
09:44on va être capable d'utiliser ensuite cette matière déchet comme matière première dans nos fonderies.
09:52Et en fait, on va avoir deux niveaux d'approvisionnement matière.
09:56Des déchets internes à l'entreprise qu'on est capable de recycler.
10:01Et puis aussi de nouveaux approvisionnements externes qui vont nous permettre d'élargir notre palette d'approvisionnement.
10:08Camille, ce qui est intéressant, c'est qu'on a là deux mondes qui sont complètement différents.
10:12Est-ce que ça veut dire aujourd'hui qu'on va être en capacité d'implémenter de la circularité dans tous les secteurs d'activité ?
10:19En tout cas, on a la preuve sur le plateau.
10:21On a vraiment deux mondes qui sont complètement différents.
10:23Et la circularité est au sein de ces deux entreprises.
10:26Alors, avec l'apprentissage par l'achat d'autres entreprises,
10:29et vraiment comprendre comment fonctionnent les business models,
10:32le développement de nouvelles business units,
10:34on se rend compte que oui, la circularité peut être dans chacun des secteurs.
10:38Antoine, la dernière pierre de votre stratégie, c'est un hub circulaire.
10:43Vous l'avez inauguré récemment, alors on s'y est rendu.
10:45Je vous propose de regarder ce reportage d'Eva Ben Saadi, Loïc Allègre et Sibylla Ouija.
10:53Le B2B commence lui aussi à passer à l'économie circulaire.
10:56Mais il reste en retard sur l'économie grand public.
10:59En cause, le manque de filières de collecte et de reconditionnement.
11:03Certaines entreprises ont donc décidé de créer leur propre solution,
11:06à l'image de Manutan, qui a inauguré son premier hub circulaire.
11:11Les produits que nous avons ici ont été collectés chez des clients qui ont utilisé ces produits,
11:15que ce soit des entreprises de qualité publique,
11:17vous allez avoir des tapes scolaires, comme des chaises ou des fauteuils de bureau
11:20qui proviennent d'un siège social d'une entreprise du CAC 40.
11:23Ce sont des produits dont le client a souhaité se séparer,
11:25car il va renouveler son mobilier, il déménage.
11:28Une fois qu'ils arrivent ici, ils vont être triés en fonction des produits
11:31qui doivent être nettoyés, réparés, en fonction de petites réparations,
11:34comme par exemple changer une pièce détachée,
11:37comme un petit peu de peinture.
11:40Et derrière, il va être mis en stock pour pouvoir être distribué
11:43via notre site internet ou notre force commerciale.
11:453000 mètres carrés au Bourget, dédiés au réemploi de mobilier professionnel usagé
11:50et à destination des entreprises et des collectivités.
11:53Il se trouve qu'il y a des acteurs historiques de l'économie sociale et solidaire
11:57qui ont carrément inventé le réemploi depuis de nombreuses années,
12:01mais nous n'avons pas trouvé d'acteurs industriels capables de reconditionner en masse
12:05tous les produits qui sont aujourd'hui demandés d'un côté par nos clients entreprises
12:08ou clientés publiques, et nous avons décidé de transformer notre modèle,
12:12de jouer notre part en investissement.
12:14Ce service de collecte et de reconditionnement intégré inscrit désormais
12:17l'économie circulaire au cœur du business modèle du groupe,
12:20en adéquation avec sa stratégie RSE.
12:23Je pense que la RSE fait clairement partie de l'ADN de Manutan.
12:27Depuis toujours, on a toujours fait très attention à l'expérience collaborateur,
12:31à l'environnement, à l'inclusivité et aux relations avec les partenaires associatifs
12:37des territoires dans lesquels on est installés.
12:40Depuis très longtemps, on a beaucoup travaillé sur nos bâtiments,
12:44on est certifié HQE depuis quasiment 15 ans maintenant sur notre siège à Gonesse.
12:50Il fallait maintenant qu'on passe à la vitesse supérieure pour s'attaquer au Scope 3,
12:54donc des émissions de carbone indirectes du groupe Manutan.
12:58Un hub qui constitue donc un premier pas vers davantage de circularité dans le B2B,
13:03alors qu'aujourd'hui en France, seul 7% du mobilier professionnel est réemployé ou réutilisé.
13:10Antoine, pour passer à l'économie circulaire, il fallait forcément que vous trouviez vos propres solutions.
13:14Ce n'était pas possible d'aller les chercher à l'extérieur finalement.
13:16En tout cas, et j'aime bien sur la fin du reportage un chiffre,
13:207% du mobilier qui est réutilisé, réemployé,
13:24ça laisse une idée de la marge de progression qui peut être faite
13:27et tout à l'heure Camille parlait de l'économie circulaire
13:30et de la contradiction avec l'économie linéaire et pourquoi c'était important d'y aller.
13:35Oui, ce qu'on a fait et on est très fiers déjà d'être le premier distributeur B2B
13:41à intégrer l'économie circulaire dans son business model au travers notamment la création de ce hub.
13:46Ça part de nos clients, il faut bien comprendre, nos clients entreprises, nos clients collectivités,
13:50avec qui on a d'ailleurs testé cette nouvelle façon de fonctionner.
13:54Ce sont des process qui ne sont pas les mêmes process que la vente de produits neufs.
13:58On est en train de parler de collecte, de tri, de réparation, de revente.
14:02Donc avec nos clients, nous avons réalisé des pilotes, des premières commandes
14:06qui comprenaient toute partie de produits de seconde main.
14:09Et puis maintenant ces process sont validés et sont complètement expérimentés
14:13dans le hub que vous venez de voir à l'écran.
14:15Alors on voit chez Magniton, il y a un investissement.
14:17Mais vous aussi Alice, vous avez finalement dû investir aussi
14:20pour pouvoir trouver votre propre solution si je comprends bien pour ces métaux.
14:23Exactement, on a fait un gros investissement sur cet atelier Upcycling dont je parlais,
14:28qui a été financé aussi grâce à France Relance,
14:31parce que c'est un enjeu stratégique on va dire sur les métaux.
14:35On sait qu'on va avoir de plus en plus de besoins sur notamment le cuivre dans les années à venir.
14:40Et donc c'est vrai que c'est des investissements,
14:44mais c'est aussi du travail avec toute la chaîne et notamment d'ailleurs avec nos clients.
14:49On améliore beaucoup la collaboration avec eux,
14:52à la fois pour optimiser les produits qu'on leur fournit,
14:56pour optimiser la quantité de matière engagée au départ,
15:01c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
15:03et puis aussi pour récupérer les chutes de fabrication de nos clients
15:07et ainsi pouvoir les réutiliser, ce qui n'était pas forcément évident.
15:11C'est ça, en fait il faut aussi organiser toute la collecte Camille,
15:15c'est ça que j'entends des deux côtés.
15:17C'est vraiment un travail à revoir de A à Z.
15:20Effectivement de la collette et retravailler les chutes,
15:22retravailler les restes un petit peu, ça fait partie aussi de la circularité.
15:27Et en fait ce qui est intéressant dans ces deux modèles-là,
15:29qui sont en fait des créations un peu de hub, de business unit,
15:32c'est aussi que l'économie circulaire,
15:34elle ne crée pas seulement une nouvelle économie,
15:37elle ne crée pas seulement une nouvelle valeur,
15:38mais elle crée aussi des nouveaux emplois.
15:40Alors je ne sais pas à quel point effectivement ce hub ou cette nouvelle business unit
15:44a créé des nouveaux emplois,
15:45mais en fait on le voit, l'économie circulaire va créer d'ici 2030,
15:49en tout cas c'est les projections, en France plus de 300 000 emplois.
15:53Donc en fait on a aussi, c'est vraiment là où on voit l'importance du mot économie.
15:59Ce n'est pas seulement la circularité, c'est vraiment repenser ces modèles.
16:03Antoine, j'ai l'impression que de part et d'autre,
16:07passer à la circularité ça veut d'abord dire innover,
16:10ça veut dire être capable d'aller chercher de nouvelles façons de faire.
16:14Alors oui, clairement, et on voit notamment avec aussi un autre chiffre,
16:1947%, c'est un chiffre d'une étude de l'IFOP,
16:2347% des acheteurs B2B souhaiteraient, aimeraient,
16:27pouvoir effectivement passer par des achats plus responsables,
16:31et notamment via l'économie circulaire.
16:33Alors ça nécessite effectivement d'avoir l'offre,
16:36donc il y a une réelle attente,
16:37donc ça c'est plutôt très positif pour ce qui nous concerne,
16:40mais ça nécessite aussi d'intégrer des process qui sont très différents.
16:44Alors des process sur le hub quand on reçoit de la marchandise
16:47qu'il va falloir effectivement trier,
16:49qu'il va falloir potentiellement essuyer, réparer,
16:52pour remettre en vente sur un catalogue qui, par définition,
16:56ne peut pas exister de manière durable,
16:58puisqu'un catalogue de produits neufs c'est quelque chose
17:00que vous allez potentiellement produire sur une année
17:02et qui va pouvoir vivre un certain temps.
17:04Des produits de seconde main vont dépendre d'un arrivage,
17:07cet arrivage va être potentiellement utilisé,
17:09et au bout d'une semaine, de quinze jours,
17:11vous pouvez avoir des produits qui sont vendus,
17:13donc vous allez vivre un process qui va être complètement différent.
17:17Nous ce qui nous semble très important c'est de voir
17:19comment est-ce que nous intégrons cette offre
17:21dans les process d'achat de nos clients,
17:23qui encore une fois sont extrêmement demandeurs,
17:25et qui vont dans les premiers projets auxquels on répond,
17:28prendre tout ou partie de leur marchandise pour ce projet
17:31en produits de seconde main.
17:33Alors tout ou partie ça veut dire qu'il y a au moins un produit
17:36issu de l'économie circulaire, un produit de seconde vie,
17:39dans la proposition que l'on va faire,
17:41et généralement ces produits-là s'accompagnent d'un prix
17:45qui peut être potentiellement en moyenne
17:4730% moins cher qu'un produit neuf.
17:49Donc il y a des choses à intégrer effectivement
17:51dans les process d'achat, et aujourd'hui
17:53on fait ça conjointement avec nos clients.
17:55Comment ça se passe chez vous Alice, sur ce plan-là,
17:57sur le plan des relations avec vos clients,
17:59est-ce qu'ils sont demandeurs aussi de la même façon
18:01qu'ils peuvent l'être chez Manutan ?
18:03Oui on a de plus en plus de clients
18:05qui sont demandeurs, qu'on améliore encore
18:07le taux de recyclé dans nos produits.
18:09On le voit surtout sur des grands groupes
18:11qui sont justement en B2C.
18:13On voit qu'il n'y a pas la même maturité partout
18:15mais c'est vrai que nous on s'est vraiment emparés
18:17du sujet pour être vraiment moteurs
18:19par rapport à d'autres industriels de notre secteur
18:21et donc on est très contents d'avancer sur le sujet.
18:25Camille, Antoine mentionnait tout à l'heure
18:27l'importance de l'écosystème, de pouvoir s'appuyer
18:29comme ça sur des partenaires.
18:31Est-ce qu'il est suffisamment fédéré aujourd'hui
18:33cet écosystème ? Est-ce qu'il faut encore
18:35davantage le rassembler ?
18:37Alors je pense qu'il faut encore le rassembler.
18:39Je pense qu'on est qu'au tout début finalement
18:41au balbutiement encore de cette économie circulaire.
18:43Il y a encore beaucoup d'entreprises
18:45qui doivent s'y mettre, qui ont besoin
18:47et l'envie de s'y mettre. On en parlait tout à l'heure.
18:49Le gouvernement doit aller encore plus loin.
18:51Le consommateur doit aussi être beaucoup plus sensibilisé,
18:53éduqué.
18:55Et aujourd'hui
18:57la fédération de cet écosystème
18:59est présente.
19:01Il y a des associations qui fédèrent
19:03l'écosystème du réemploi, de la seconde main.
19:05Pas encore assez présente
19:07à mon goût
19:09sur le territoire.
19:11Mais l'idée c'est effectivement de collaborer.
19:13Je pense que ce qui est important c'est que toutes ces entreprises
19:15s'allient
19:17pour faire de la seconde main,
19:19du réemploi, la norme.
19:21Antoine, tout à l'heure dans la façon
19:23dont vous avez décrit les choses,
19:25il y a d'abord un investissement
19:27premier pour être en capacité de proposer
19:29une offre de seconde main.
19:31Ensuite il y a la collecte, le fait qu'il faut
19:33retravailler pour arriver à un point de vente
19:35qui est inférieur.
19:37Quel impact finalement
19:39sur le business model à la fin ?
19:41Un entrepôt tel que
19:43le hub que l'on a vu, ça se finance
19:45effectivement et ça se finance sur le long terme.
19:47Ce qui est intéressant
19:49de voir aussi, c'est tout ce que cela va
19:51permettre, notamment dans les
19:53investissements qu'on fait sur deux nouveaux
19:55métiers, deux nouvelles compétences.
19:57Des métiers qui n'existaient pas auparavant.
19:59Nous n'avions pas envisagé
20:01d'avoir des opérateurs qui réparent
20:03et nettoient de la marchandise. C'est quelque chose
20:05qu'on a créé. C'est aussi un investissement
20:07quand on voit par exemple que ce
20:09hub qui est présent au Bourget
20:11est dans un quartier prioritaire
20:13politique de la ville du Bourget,
20:15qui n'est pas implanté par hasard,
20:17qui a une vraie volonté de favoriser des lieux
20:19pour l'insertion
20:21et la réinsertion
20:23dans ces quartiers-là. On va aussi
20:25s'appuyer sur des partenaires
20:27comme par exemple Sport dans la Ville, qui est un
20:29organisme qui favorise l'insertion
20:31ou la réinsertion des jeunes au travers
20:33du sport et des valeurs qu'ils véhiculent.
20:35Il se trouve que nous sommes partenaires
20:37de Sport dans la Ville et il se trouve aussi
20:39que la première personne que nous avons recrutée,
20:41c'est un jeune qui est issu
20:43de Sport dans la Ville. La première
20:45personne qui était recrutée en tant que collaborateur
20:47dans le hub. Ces investissements-là,
20:49ce n'est même pas qu'ils sont nécessaires,
20:51c'est qu'ils sont extrêmement vertueux
20:53puisqu'on est en train de dire depuis tout à l'heure
20:55qu'il y a un impact économique de l'économie circulaire
20:57très positif, qu'il y a un impact environnemental
20:59qui a été décrit et qui est certain,
21:01et puis qu'il y a également un impact social et c'est ça
21:03qui me semble être important.
21:05Et la question que vous posiez au tout début,
21:07est-ce que c'est important de passer
21:09à l'économie circulaire ? Pour Magniton,
21:11la question n'est plus de passer
21:13ou pas à l'économie circulaire,
21:15mais comment est-ce que l'on intègre l'économie
21:17circulaire dans notre business model
21:19et ceux de nos clients pour en créer de la valeur
21:21plus durable ?
21:23Alice, sur ce point, il y a un impact
21:25sociétal aussi de la façon dont vous travaillez
21:27aujourd'hui ?
21:29Je dirais que nous aussi,
21:31on a eu des personnes qui
21:33travaillent aussi sur cette alluée
21:35dédiée qui n'existait pas avant
21:37et après on a beaucoup d'équipes
21:39qui travaillent sur ce sujet
21:41parce qu'on a tous les achats qui font un gros
21:43travail pour trouver des sources
21:45d'approvisionnement nouvelles
21:47et donc c'est quelque chose d'assez important.
21:49On a toutes les équipes d'exploitation
21:51qui doivent travailler sur la qualification de nouveaux matériaux,
21:53sur tout ce qui est les essais, etc.
21:55Donc c'est beaucoup aussi
21:57de travail en interne
21:59et donc ça infuse, je dirais,
22:01sur beaucoup de personnes de la société.
22:03Camille,
22:05c'est finalement les deux bouts de la chaîne,
22:07on a beaucoup parlé des clients, mais à un moment,
22:09il faut aussi engager les fournisseurs peut-être dans
22:11des produits plus éco-conçus
22:13dont vous parliez tout à l'heure, qui soient ensuite recyclables
22:15ultérieurement ?
22:17L'économie circulaire,
22:19encore une fois, on revient à la sémantique
22:21et à la définition,
22:23c'est une boucle.
22:25Comment on arrive à créer des produits
22:27et concevoir des produits
22:29qui en bout de chaîne soient ou mieux recyclés
22:31ou réutilisables
22:33pour refaire soit le même produit,
22:35soit un produit ou un usage différent.
22:37Et c'est là où
22:39on va créer une nouvelle valeur
22:41parce qu'un produit n'aura plus
22:43une seule vie, il ne sera pas seulement jeté
22:45à la fin de vie, mais il sera réutilisé.
22:47Antoine, vous arrivez à engager
22:49vos fournisseurs aussi sur ce sujet ?
22:51C'est très important et c'est capital.
22:53Aujourd'hui, nous sommes un distributeur de matériel,
22:55nous avons des clients
22:57et nous avons des fournisseurs fabricants.
22:59Nos clients sont très demandeurs et sont
23:01vraiment en attente dans leur stratégie d'entreprise
23:03qui, au bout d'un moment, revient vers
23:05les responsables des achats qui doivent intégrer
23:07dans leur stratégie d'achat, leur stratégie
23:09d'entreprise et notamment au travers d'achats
23:11plus durables, plus responsables.
23:13Ça passe par des produits et des services.
23:15En tant que distributeur, nous allons nous appuyer
23:17sur des fabricants fournisseurs
23:19qui vont eux aussi, je dirais,
23:21tout le monde va s'entraîner de manière très
23:23vertueuse vers l'économie
23:25circulaire et les achats plus responsables pour le marché
23:27que ce soit un marché d'entreprise
23:29ou un marché public
23:31puisqu'on a bien vu tout à l'heure
23:33effectivement, vous le disiez aussi, que le marché plutôt
23:35B2C était en avance
23:37de phase, mais le marché du B2B
23:39arrive effectivement. Encore fallait-il avoir
23:41des solutions à proposer.
23:43Nos clients sont très en attente, nos fournisseurs
23:45trépignent et sont également challengés pour participer
23:47et encore fallait-il effectivement
23:49qu'il y ait une offre et c'est ce qu'on a essayé de faire
23:51au travers d'offres de produits de seconde vie.
23:53Vous aussi Alice, j'imagine que vous essayez
23:55d'engager les fournisseurs, c'est quand vous dites
23:57les achats font un travail formidable, j'imagine que c'est ça
23:59qu'il y a derrière. Exactement, c'est vraiment
24:01à la fois trouver des nouveaux
24:03fournisseurs qui vont
24:05pouvoir apporter des matières
24:07qu'on n'imaginait pas avant.
24:09Pour donner un exemple, on utilise des produits
24:11en fin de vie
24:13comme des pièces de monnaie qui sont sorties
24:15de la circulation ou bien des fourchettes.
24:17C'est des exemples un peu étonnants
24:19et donc on a une variété
24:21qui est très importante et puis après
24:23on travaille aussi avec nos fournisseurs
24:25historiques pour voir comment
24:27eux s'engagent aussi à intégrer
24:29une part de recyclé dans les métaux
24:31qu'ils nous fournissent. Donc il y a une partie
24:33ingénierie aussi, je comprends bien, d'aller chercher
24:35potentiellement de nouvelles
24:37façons de faire de nouveaux alliages pour ensuite être
24:39un peu plus vertueux. Oui, complètement
24:41et c'est vrai que, je parle des achats
24:43mais c'est vraiment tout un aspect aussi technique
24:45très important et donc il y a vraiment
24:47une grosse collaboration entre la production
24:49et cette partie sourcing.
24:51Antoine, en écoutant Alice, je me dis
24:53c'est toute l'entreprise qui est
24:55engagée à quelques niveaux que ce soit
24:57est-ce que c'est le cas aussi chez vous ? Oui
24:59et je pense honnêtement que ça va être le cas de plus en plus
25:01parce que quand on parlait de l'éco-conception
25:03on voit bien que la conception
25:05d'un produit aujourd'hui n'a pas vocation
25:07à uniquement plaire et favoriser
25:09le premier achat. Il a vocation
25:11aujourd'hui à durer le plus longtemps possible
25:13et potentiellement avoir plusieurs vies.
25:15Alors bien évidemment qu'on parle ici
25:17des personnes qui vont concevoir le produit
25:19mais on peut aussi parler des personnes
25:21qui vont en parler, le vendre
25:23et indiquer les autres
25:25avantages, les autres arguments à faire valoir
25:27pour dire qu'un produit non seulement est éco-conçu
25:29ce qui en soi dans son usage n'a pas
25:31grand intérêt. En revanche si on explique
25:33effectivement que tout ce produit là va avoir
25:35un cycle de vie qui permettra même d'être
25:37réalisé quand on n'aura plus besoin du produit
25:39et faire rentrer ce produit
25:41ou ses pièces détachées dans une autre
25:43vie pour des raisons d'extraction
25:45de matières premières, pour des raisons d'acheminement de marchandises
25:47pour des raisons d'industrialisation
25:49et de fait baisser chacun l'empreinte
25:51environnementale de toutes les entreprises
25:53qui sont comme on le sait des grosses consommatrices
25:55de CO2, là pour le coup on entraîne
25:57la totalité de nos collaborateurs
25:59et aujourd'hui chez Manutan tous nos collaborateurs
26:01sont évidemment très attentifs
26:03et très excités par
26:05le projet d'économie circulaire
26:07que nous venons de lancer sur le marché
26:09Et ce projet d'économie circulaire, il n'est pas
26:11de nature à remettre en cause la rentabilité
26:13et la création de valeur ?
26:15Non, il est plutôt de nature à
26:17comment est-ce qu'on imbrique justement
26:19ce business model qui certes est
26:21nouveau dans sa façon de processer
26:23la vente de marchandises
26:25Nous on pense que
26:27cette partie d'économie circulaire va
26:29aujourd'hui représenter une petite partie
26:31qui va être tous ces petits pas dont je vous parlais
26:33qui sont de plus en plus rapides et de plus en plus sûrs
26:35pour demain devenir une partie
26:37très importante de notre business
26:39Camille, vous avez l'impression aujourd'hui
26:41que de plus en plus de secteurs s'y mettent
26:43parce que là on se dit en écoutant ça
26:45tout est possible pour tous les secteurs
26:47mais est-ce que c'est vraiment vrai à la fin des fins ?
26:49Alors oui, tous les secteurs s'y mettent
26:51en tout cas tous les secteurs doivent s'y mettre, ça c'est sûr
26:53on le voit dans toutes les entreprises ou dans tous les secteurs
26:55la problématique c'est que
26:57ça prend un peu de temps
26:59on a la chance avec Manutan
27:01de voir un bel exemple
27:03où ils ont créé ce hub
27:05c'est comment repenser toute une chaîne de production
27:07quand on est une grosse entreprise
27:09qui est déjà implantée avec des process
27:11qui peuvent être parfois lourds
27:13on a aussi un très bel exemple ici
27:15mais parfois ça peut être compliqué
27:17ce qui est intéressant c'est de voir
27:19comme Antoine le disait
27:21qu'il faut que toute l'entreprise
27:23soit derrière
27:25dans certaines grandes entreprises
27:27certains, notamment de l'ARSE
27:29poussent un petit peu ces sujets là
27:31mais malheureusement ce ne sont pas les sujets
27:33qui sont en première ligne
27:35les sujets stratégiques et donc toute l'entreprise
27:37n'est pas derrière, donc il faut un changement
27:39systémique, que ce soit de la part
27:41des dirigeants, des entreprises
27:43mais aussi du consommateur, en fait le consommateur
27:45il a aussi le pouvoir
27:47dans son achat
27:49donc en fonction de ce qu'il va acheter
27:51peut-être il va moins acheter chez une entreprise conventionnelle
27:53et traditionnelle et plus
27:55aller s'orienter vers des entreprises
27:57qui font de la circularité
27:59donc c'est vraiment ce changement systémique qui est important
28:01Merci beaucoup à tous les trois
28:03d'avoir partagé votre expertise sur le plateau
28:05Camille Colbus, consultante indépendante
28:07et cofondatrice de la plateforme DERO
28:09Alice Briot, directrice de la performance durable
28:11du groupe Le Bronze
28:13Eloïse et Antoine Compin, directeur général
28:15de Manut en France
28:17A très bientôt pour un nouveau numéro de Smart at Work
28:23A très bientôt