• il y a 5 mois
Dans cet épisode, le témoignage d'une des personnes les plus cyberharcelées de France. Une femme qui divise l'opinion publique et qui fait partie des rares personnes à avoir fait condamner ses cyberharceleurs devant la justice. Un long chemin qu'elle raconte.

Suivez tous les épisodes de la série sur le site de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/mentionne-e
Transcription
00:00Sale fuche de merde de voleuse, ça se voit sur ton nez, sale juive, sale escroc, balle
00:07dans la tête.
00:08Suicide-toi et la France ira mieux, fais plaisir au peuple, sale chienne refaite et toujours
00:11moche.
00:12Tu vois les 13 que t'as envoyés en garde à vue ? Ils vont vite sortir, on va se rejoindre,
00:15on va te faire ta peau.
00:16Grosse pute, vive Booba.
00:17Sale avaleuse de sperme, je vais te violer devant tes filles et ton mari.
00:21On sait où t'habites, on a trouvé ton adresse, on va tuer ta famille, ta mère la pute.
00:25Magali Berdab, bonjour.
00:26Bonjour.
00:27Bienvenue dans Mentionné, merci d'être là.
00:29Magali, vous êtes entrepreneure, vous avez fondé Shona Events, une agence d'influenceurs
00:33pionnières dans le domaine en France.
00:35Pendant très longtemps, les candidates et les réalités parlaient de vous comme leur
00:38maman.
00:39Votre agence était un peu the place to be dans le monde de l'influence, les choses
00:43ont changé, on reviendra là-dessus.
00:44Pour commencer, je voulais savoir, je demande ça à tout le monde, est-ce que vous évoque
00:48le mot « mentionné » ?
00:49« Mentionné », ça veut dire « si t'es quelqu'un », pour moi, voilà.
00:54Particulièrement sur les réseaux ou pas du tout ?
00:57Oui, « mentionné », pour moi, c'est sur les réseaux forcément, parce que c'est
00:59mon quotidien, mais ça peut être dans plein d'autres domaines, mais particulièrement
01:02sur les réseaux sociaux.
01:03Magali, 2022 a été une année qui marquait un tournant pour vous, vous êtes au sommet
01:08avec votre agence, vous représentez les plus gros influenceurs de téléréalité comme
01:12Maëva Guénam ou Jessica Tivenin, vous vous êtes fait un nom médiatiquement puisque
01:15même le magazine Forbes vous classe en 2021 parmi ces 40 femmes qui ont marqué l'année,
01:20et en mai, c'est le début d'un cyberharcèlement sans fin pour vous.
01:24Comment ça a commencé ? Par quoi ça a débuté ?
01:26Ça a commencé 15 jours après mes interviews avec le président de la République que j'avais
01:29faites pendant les élections présidentielles, et 15 jours après, je me suis retrouvée sur
01:37les réseaux sociaux de Booba, et qui m'a pu lâcher en fait, je ne sais pas, il m'a
01:42pris en cible, et ça a été plusieurs fois par jour, tous les jours, tous les jours,
01:46tous les jours, en fait c'était bizarre au début parce que c'était vraiment ma
01:50vie privée qu'il attaquait, c'était les relations avec mon père, c'était ma fille,
01:55c'était mon ex-mari, ma mère, enfin voilà, et puis petit à petit, enfin moi j'ai déposé
02:03plainte rapidement puisqu'il a une base fan qui est très virulente.
02:076 millions de followers sur Twitter, sur Mix.
02:09Et puis il avait Instagram à l'époque aussi, il avait Instagram, donc il ne s'arrêtait
02:12pas et du coup, ça embringuait tout le monde, toute la journée, toute la journée, donc
02:18ça s'est devenu très vite compliqué, au bout de quelques jours, j'ai commencé à
02:22recevoir beaucoup, beaucoup de menaces de mort, puisqu'il m'a fait passer pour tout,
02:27tout ce qu'il pouvait faire, que les gens pouvaient me détester, et bien il l'a fait,
02:31voilà.
02:32Et au début, quand ça a commencé, vous avez pensé à lui écrire en privé, à lui
02:36demander pourquoi, pourquoi moi, qu'est-ce qui se passe, est-ce qu'on peut discuter ?
02:40En fait, au départ, j'ai trouvé ça tellement violent et humiliant parce qu'il s'est
02:43attaqué à mon physique.
02:44La première photo qu'il a postée de moi, c'était une photo d'il y a peut-être
02:498 ans, où j'assumais mal mon visage, j'avais un problème de symétrie dans le visage,
02:55au niveau des dents et de l'œil, etc, et j'ai fait beaucoup d'injections pour pouvoir
03:02remettre mon visage un peu plus droit, et un jour, à TPMP, Cyril a mis une photo du
03:08avant-après, et ça m'avait fait mal, parce que moi, quand j'ai eu recours à ça, c'était
03:13vraiment parce que j'avais un mal-être, c'était vraiment parce que j'avais un mal-être
03:16et j'en souffrais beaucoup, et du coup, j'ai pleuré un peu en plateau, en lui disant
03:22« enlève ça, parce que je le vis mal ». Et comme par hasard, Booba a repris exactement
03:26cette photo-là, et il l'a postée sur son feed Instagram, sur son compte Twitter, pour
03:32m'humilier, quoi, parce que c'était un moment où il savait très bien que cette
03:35photo-là, elle me parlait à ce niveau-là, donc…
03:38Parce que Booba, au départ, il se dit être un lanceur d'alertes…
03:43Après, ça, c'est venu, son histoire de lanceur d'alertes, oui, voilà.
03:45Ah ok, c'est venu après, et au départ, il n'y avait pas du tout ça, il ne parlait
03:48pas du tout des « influx voleurs », parce qu'il surnomme les influenceurs « influx
03:52voleurs ».
03:53« Influs voleurs », moi, il m'a attaqué en mai, le terme « influx voleurs », il
03:55l'a mis sur son compte Twitter fin juin ou juillet, c'est-à-dire qu'au moment
04:00où il m'a harcelée, c'est ça qu'il faut bien que les gens comprennent, c'est
04:04qu'il n'y avait pas d'histoire d'influx voleurs, ça n'existait pas, il m'a attaqué
04:07sur des pans personnels, je crois que sur six slides qu'il avait postées sur moi,
04:11il y en avait un sur un placement de produit, et tout le reste, c'était sur moi perso.
04:15Et en fait, j'ai déposé plainte rapidement, il y a eu une enquête qui a été ouverte
04:21à l'OCLCH, c'est le service qui lutte contre les crimes contre la race humaine,
04:26et c'est sorti dans Le Parisien.
04:28Et seulement après ça, il a, je pense, cherché quelque chose pour justifier ses
04:34actes, il a publié sur son compte Twitter un PDF avec tout plein de points qui pouvaient
04:40aller, c'était mes faiblesses entre guillemets, je résume ça comme ça, et il a tweeté
04:46sur ça, donc le premier, le deuxième, le troisième, et le dernier, c'était les
04:50placements de produits.
04:51Et comme il y avait un vrai sujet sur les placements de produits, dont on parlait déjà
04:54depuis longtemps, eh bien, forcément, ça a fait écho.
04:58Et je pense qu'à ce moment-là, il a compris qu'il fallait s'enfoncer dans cette brèche-là.
05:04Et c'est pour ça qu'après, il a fait un appel aux témoignages, c'est-à-dire qu'en
05:10fait, il n'avait rien contre moi, et je ne pense toujours rien d'ailleurs, mais bon,
05:14puisque l'enquête vient d'être classée en plus contre moi, mais il a fait un appel
05:20en disant « si vous avez été victime des enfuis voleurs, envoyez-moi votre témoignage
05:24par mail à cette adresse mail-là ». Donc, il a constitué un dossier bien après, et
05:28il a reçu des témoignages parce qu'effectivement, il y avait un sujet et tout le monde le savait,
05:32donc c'était facile.
05:33Et puis après, il a déposé sa plainte en juillet ou août, et en fait, il a communiqué
05:40dessus dans la une de l'I.B. pour que ça fasse une grosse caisse de résonance et que
05:44du coup, moi, je ne sois plus audible, c'est-à-dire que ma plainte à moi que j'avais déposée
05:46en mai, comme moi, j'ai gardé le silence parce qu'à ce moment-là, les services de
05:50la gendarmerie m'ont dit « au plus il y aura le silence, au plus on pourra travailler vite
05:54et bien, ce qui est normal », eh bien du coup, j'avais vraiment gardé le silence,
05:58donc je n'avais pas vraiment communiqué sur cette plainte ni cette enquête, sauf
06:01que lui, il en a fait la une de l'I.B. et avec ma tête en dessous, là, c'était
06:05très violent pour moi et là, j'ai dit « ce n'est pas possible ».
06:09C'est à partir de ce moment-là, de la une de l'I.B., il y a eu un avant-après
06:12que ça a commencé à déraper sur les réseaux, ça dérapait déjà avant, mais pour vous,
06:16qu'est-ce que ça a changé ?
06:17Alors, ça a vraiment dérapé avant et c'est ça qui était dramatique pour moi parce
06:21que c'était visible, c'est-à-dire que les gens, les journalistes auraient pu tout
06:23simplement aller sur son compte Twitter et se rendre compte de tout ça et voir que tout
06:26ça, c'était un coup monté, voir que tout ça, c'était « je t'ai harcelé ». Il
06:30y avait les tweets qui étaient là.
06:31Donc, il suffisait de lire la chronologie et de se rendre compte qu'il n'avait rien,
06:35c'était perso.
06:36Après, il a publié son PDF où il avait la liste des failles pour taper dedans.
06:39Après, il a trouvé ça et après, il a cherché un appel au témoignage et après, il a déposé
06:44plainte.
06:45Il suffisait juste de voir ça.
06:48Manque de bol pour moi, j'avais tourné un complément d'enquête avant que Booba
06:52m'attaque, c'est-à-dire en mars et je rappelle que Booba m'attaquait en mai.
06:57Donc, on avait déjà fait ce complément d'enquête où j'avais répondu à toutes
06:59les questions, etc.
07:00Et donc, les gens ont fait un amalgame en se disant « ah ben, c'est grâce à lui
07:04qu'il y a un complément d'enquête ». Sauf que le complément d'enquête, il avait
07:06tourné bien avant.
07:07C'est pour vous dire qu'il y avait vraiment un sujet sur les plaçons de produits.
07:09Et puis, il y a eu le TPMP où son avocat est venu, c'était le premier TPMP de la
07:17rentrée « Touche pas à mon poste » où son avocat est venu sur le plateau et m'a
07:24mis en cible frontale avec Booba qui était en FaceTime et qui rigolait.
07:30Mais ça a marqué les esprits.
07:31Et sur les réseaux, du coup, qu'est-ce qui se passe pour vous ? Vous êtes en trending
07:35topic, donc en tendance sur X, vous recevez des messages privés, qu'est-ce qui se passe
07:39concrètement ?
07:40J'ai été en top tweet pendant plusieurs mois, si ce n'est pas plus d'un an, je ne
07:43sais pas.
07:44Mais c'était vraiment un lynchage dans tous les sens en sachant que tous les journalistes
07:50qui relayaient Booba se retrouvaient sur le compte de Booba.
07:53Je me suis retrouvée même avec des journalistes qui faisaient leur pub grâce à lui et qui
07:57m'attaquaient alors que j'étais déjà en situation grave, j'étais vraiment au
08:03bord du suicide.
08:04Et les journalistes, pour certains, ils savaient la situation parce que je leur disais « Mais
08:10vous ne vous rendez pas compte de ce que vous êtes en train de faire ? Vous êtes en train
08:12de crédibiliser un homme qui est en train de faire des tweets qui sont juste monstrueux.
08:17Vous ne pouvez pas faire ça.
08:19»
08:20Qu'est-ce qu'il dit Booba dans ses tweets ?
08:21Tout.
08:22Au plus tu agonises, au plus ça m'excite.
08:23Il sort des fausses sextapes, il m'attribue des fausses sextapes, il a sorti l'adresse
08:30de l'école de mes enfants, il a publié une plainte en laissant mes coordonnées personnelles
08:35dessus avec l'adresse, il fait des montages de moi sur mon physique, j'ai eu une malformation
08:41au genou par exemple, il fait des montages, il me met en couche culotte, il me met en
08:46fauteuil roulant avec lui derrière en me disant « Je serai toujours derrière toi
08:50toute ma vie, je te lâcherai ». Il fait des centaines, pas deux, des centaines et
08:55des centaines de tweets comme ça qui génèrent chacun des milliers de tweets en dessous qui
09:00sont encore pire.
09:01Les journalistes m'appelaient en me disant « Oui, on va faire une enquête sur vous,
09:07on va aller interviewer votre ex-mari ». Je me dis « Pourquoi ? » Mon ex-mari, vous
09:12pensez qu'il va dire quoi du bien de moi ? Je l'ai quitté, ça a été une rupture
09:15qui a été compliquée.
09:16Aujourd'hui je suis avec un homme, pourquoi mon ex-mari si c'est pas pour faire des
09:20interviews à charge ? Pourquoi vous n'allez pas interviewer mon mari aujourd'hui qui
09:23vit avec moi depuis trois ans ou quatre ans ? Mon ex-mari, ça fait cinq ans que je l'ai
09:26quitté.
09:27Je me suis retrouvée avec toute une cabale médiatique où, moi j'ai un passé par exemple,
09:35j'ai eu une condamnation pour des faits il y a plus de dix ans.
09:42Condamnation pour quoi ?
09:44Pour abus de faiblesse.
09:45Chaque article, il y avait cette condamnation, c'était systématique.
09:52Je rappelle que Magali Berda, alors que j'étais victime du dossier, mais il fallait m'enfoncer
09:58encore plus et personne ne reprenait les condamnations de la personne qui m'harcelait.
10:03C'est-à-dire que lui, il a fait quatre fois de la prise en ferme ou trois fois, je sais
10:05plus exactement.
10:06Pour vous, il y a eu deux fois de mesures entre vous et Bouvard ?
10:09Non mais c'était un vrai problème.
10:10Quand les médias ont décidé de s'acharner sur vous, c'est très compliqué pour s'en
10:13sortir.
10:14Parce que du coup, ça crédibilise tout.
10:16Après, vous avez une étiquette, vous avez une image, c'est franchement, c'est invivable.
10:21Parce que là, on parle des tweets de Booba, mais vous le dites, sa communauté, c'est
10:23quand même une grosse, grosse communauté, des millions de fans, des millions de followers.
10:27Combien de messages vous recevez par jour de ces tweets ?
10:30Des milliers.
10:31En fait, c'est des milliers, c'est-à-dire qu'à un moment donné, on arrête même de
10:35les compter.
10:36Quand on a dépassé, je crois, la barre des 120 000, un truc comme ça, on a arrêté
10:39de les compter.
10:40Mais on a passé la barre des 120 000 quelques mois après.
10:43C'est allé très vite.
10:44C'est invivable.
10:45Et d'ailleurs, une fois, j'ai fait un post sur mes réseaux en disant je t'en supplie,
10:52arrête, parce que mes enfants sont en danger de mort, moi, je suis en danger de mort et
10:55ça va trop loin.
10:56Tu as des enfants, t'es papa, tu sais ce que c'est ? Je t'en supplie, arrête.
11:00Je me suis retrouvée à le supplier publiquement d'arrêter.
11:02Et c'est là où il a fait ce fameux tweet en disant, il ne fallait pas jouer.
11:06Mais moi, je n'ai pas voulu jouer à rien, je ne te connais pas.
11:08Et au plus tu agonises, au plus ça m'excite.
11:11Et là, j'ai compris que j'avais en face de moi quelqu'un de...
11:15C'était problématique parce que je me disais, mais après, il faisait des tweets,
11:19j'irais jusqu'à la mort.
11:20Après, il a fait des lives Twitter où il disait je vais la crever.
11:22Il ramenait des gens dans son combat avec lui, dans sa folie, je dirais, avec lui.
11:28Donc, je me suis retrouvée avec des...
11:29Mais même encore aujourd'hui, j'ai encore des fans de lui qui sont en boucle tous les
11:33jours.
11:34Parce que là, on parle du virtuel, mais il y a des conséquences aussi dans votre vie
11:37réelle, lesquelles vous avez dû déménager.
11:40Moi, on a déménagé trois fois en un an.
11:42Je ne pouvais plus travailler, je suis restée enfermée dans une chambre pendant quasiment
11:46un an.
11:47Donc, vivre entre quatre murs pendant un an et en plus, de voir tout ce qui se passe.
11:55Parce que quand bien même les gens vous disent ne regardez pas, ce n'est absolument pas possible
11:59de ne pas regarder.
12:00Parce que quand on balance votre adresse, vous êtes obligé de savoir ce qu'ils sont
12:02en train de faire.
12:03Parce que moi, j'ai dû déménager un jour parce que sur les réseaux, ils ont marqué
12:06le numéro de la rue, l'étage, en sortant de l'ascenseur par quel couloir il faut passer,
12:12le numéro de la porte.
12:13Et quand j'ai vu ça, on a déménagé le jour même, on s'est enfuit.
12:16Mais si je ne regarde pas, si on ne regarde pas, c'est dangereux quand il a balancé l'école
12:21de mes enfants.
12:22Puis même, les gens vous les envoient sur WhatsApp.
12:23Les gens vous appellent en anonyme parce que mon numéro a été divulgué.
12:25L'adresse du nouveau bureau a été divulguée, donc pareil, on s'est fait casser le bureau
12:31trois fois.
12:32Ils ont cassé ma voiture en bas, dans le parking fermé.
12:36Ma voiture s'est fait massacrer, mais pas, elle s'est fait rayer.
12:38Ils ont crevé les quatre pneus, ils ont cassé toutes les vitres, ils ont rayé chaque pan
12:43de la voiture.
12:44C'est très compliqué, je veux dire, on en arrive à des situations, vous sortez, il
12:51y a des gamins qui vous sautent dessus, qui vous hurlent dessus, qui en font des TikTok
12:55pour montrer qu'ils sont forts et puis qu'ils sont relayés par Booba, par leur héros.
13:00Donc après, c'est très compliqué d'avoir des vidéos où on est avec une kalachnikov
13:04et on vous tire dessus, on met en image qu'on vous tire dessus à la kalachnikov avec des
13:09vraies armes, qu'on vous envoie en photo.
13:12C'est très très compliqué.
13:14Psychologiquement, du coup, vous faites suivre à ce moment-là ?
13:17Oui, j'ai un psy qui m'appelle tous les soirs.
13:21J'ai une séance de psy par jour, tous les jours, tous les soirs, au téléphone, parce
13:25que je n'arrive pas à dormir déjà, parce que j'attends ses tweets, parce que je sais
13:28que lui, il est à Miami, donc il est en décalage horaire, donc la nuit, j'ai lui
13:31qui tweet et j'ai la journée de tous ses fans qui me tombent dessus.
13:34Donc en fait, on ne dort plus, on attend une fin, mais on se rend compte petit à petit
13:38qu'il n'y aura jamais de fin et on se rend compte que les gens, il y a ça et puis il
13:44y a les médias et puis du coup, vous n'êtes plus en état de rien, donc vous ne travaillez
13:48plus, donc vous ne gagnez plus d'argent, donc vous n'êtes plus capable d'assumer
13:51vos responsabilités.
13:52Donc après, vous rentrez dans d'autres problèmes qui sont financiers parce que vous êtes dans
13:55une dégringolade qui est au-delà de toute imagination et ça prend le dessus, donc vous
14:03êtes dépassé.
14:04Et puis après, vous perdez vos amis, parce que malheureusement, quand il n'y a plus
14:07d'argent, il n'y a plus d'amis.
14:08Oui, parce qu'on parle quand même, votre agent Shaun Haven du côté The Place To Be,
14:13je l'ai dit, beaucoup d'influenceurs vous lâchent, certains ont porté plainte aussi
14:18contre vous pour escroquerie, deux, dernièrement.
14:20C'est les deux mêmes, toujours.
14:21Voilà.
14:22D'accord.
14:23Les autres, il n'y a pas de sujet.
14:24Donc en fait, que ce soit médiatique, du coup, tout ça, ça rajoute une pierre à
14:27l'édifice pour vous.
14:28Oui, parce qu'elles font exprès, parce qu'elles savent très bien que c'est ce qui va me faire
14:31mal.
14:32Et le pire, c'est que ces deux-là, elles ont vécu avec moi ma descente et elles ont vu
14:36ce qui s'est passé dans ma vie.
14:37Ce n'est pas comme si vous vous encaissez de l'argent et vous ne payez pas les gens.
14:43Déjà, c'est des sommes qu'elles nous réclament, qu'on n'a pas encaissées, c'est des minimums
14:46garanties qu'on n'a pas encaissées.
14:48C'est-à-dire qu'en fait, tous les mois, on s'était engagé à leur verser tant par
14:51mois.
14:52Et malheureusement, comme Bouba a attaqué tous nos clients, on n'avait plus de clients.
14:56Donc, on n'arrivait pas à assumer, on n'arrivait plus à rentrer en fait ce minimum garantie
14:59du tout.
15:00C'est-à-dire quand vous devez, je dis des chiffres qui sont faux pour ne pas divulguer
15:05des clauses confidentielles.
15:06Mais par exemple, quand vous devez donner, je vous dis une bêtise, 50 000 euros par
15:09mois à quelqu'un et que vous n'en encaissez que 5 000, à un moment donné, forcément,
15:13c'est compliqué de donner les 50 000.
15:14Et ça, ça se comprend.
15:15Et il y en a qui l'ont très bien compris.
15:17Il y en a avec qui ça s'est extrêmement bien passé.
15:18Et puis pendant des années, pendant six ans, on a été là.
15:23Pendant des années, quand vous avez six ans, quelqu'un en qui vous avez confiance,
15:27que vous dites c'est ma mère, c'est ma sœur, c'est grâce à elle tout ce que j'ai aujourd'hui.
15:29Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est des stories qui existent.
15:31Ce n'est pas moi qui l'ai inventée, ce n'est pas moi qui l'ai forcée.
15:33Je veux dire, c'est des stories qui ont, enfin, c'est des vidéos qui ont existé pendant
15:36des années.
15:37J'ai tout ce que j'ai aujourd'hui grâce à elle, je l'aime et moi aussi, je l'aime.
15:42Et en fait, ce n'est pas comme si vous avez monté une société, pendant deux mois, vous
15:46n'avez payé personne et vous vous êtes barré.
15:48Ce n'est pas ça du tout l'histoire.
15:49C'est pendant six ans, on a payé, on a été réglo, on a fait tout ce qu'on pouvait et
15:53on a fait les choses correctement.
15:54Et puis malheureusement, il y a eu cette descente aux enfers que tout le monde a vue en plus.
15:58Donc je trouve ça un peu trop lâche aujourd'hui de dire je me suis fait arnaquer, c'est pas
16:03ça.
16:04La vraie histoire, ce n'est pas ça du tout.
16:05Et c'est une histoire qui peut se comprendre et qui aurait pu arriver à n'importe qui.
16:08Mais elles sont dans leur droit de le faire, en fait, malheureusement pour vous.
16:12Non, parce qu'il y a des sommes qui sont mensongères, il y a des choses qui sont totalement
16:15mensongers.
16:16Mais moi, j'ai déposé plainte en janvier déjà.
16:18Donc en fait, c'est pareil.
16:19C'est une réponse à une plainte.
16:20En fait, malheureusement, maintenant, en justice, c'est compliqué parce que quand vous avez
16:23une personne qui dépose plainte, quand vous avez une victime qui dépose plainte pour
16:26quelque chose, vous allez voir que systématiquement, quelques mois après, quand la personne va
16:30comprendre que ça va être compliqué pour elle, elle va déposer plainte à son tour
16:33pour faire un droit, pour équilibrer le médiatique.
16:36Vous comprenez ce que je veux dire ? Et donc, je laisse faire, je n'ai aucun problème.
16:40Pour vous, c'est une plainte de revanche.
16:41Oui, bien sûr.
16:42Et en parlant de plainte, justement, vous avez porté plainte contre vos cyberharceleurs.
16:46Oui.
16:47Il s'agit du plus gros procès de cyberharcèlement initié à ce jour par une juridiction française.
16:52Le 19 mars, 28 personnes ont été condamnées à des peines de prison fermes ou avec sursis
16:58pour vous avoir harcelé en ligne.
17:00Vous vous êtes sentie comment après se délibérer ?
17:02C'était une reconnaissance pour moi parce que les deux années que j'ai subies, encore
17:06une fois, comme médiatiquement, pareil, on m'a lanchée et puis comme après, quelques
17:12influenceuses s'y sont mises aussi et qu'on avait occulté tout ce qui m'est arrivé
17:15comme si ça n'existait pas.
17:16Pour moi, ces condamnations, c'est un grand arrêt à « ça n'existait pas ».
17:20Et ça fait beaucoup dans une thérapie pour se sentir mieux.
17:24Par exemple, aujourd'hui, j'arrive à parler de tout ça sans pleurer.
17:26Avant, je n'arrivais pas à tous les interviews que je faisais, vous pouvez les regarder,
17:29je n'arrivais pas à tenir, je n'arrivais pas à avoir le bout.
17:33Aujourd'hui, j'ai repris comme une confiance en moi, qui fait que je me dis « Ok, j'ai
17:39cette reconnaissance de victime, je pense que pour toutes les victimes, elle est essentielle
17:43et primordiale à leur guérison, même si on ne peut pas guérir, mais à leur bien-être.
17:49» Histoire de reprendre un petit peu goût à la vie et de se dire « Ok, il y a quand
17:52même une justice, même si c'est long, ça arrive à un moment donné et puis c'est
17:58que le début.
17:59» Parce qu'il y a d'autres, là ils viennent d'arrêter encore sept personnes qui vont
18:02être jugées aussi l'année prochaine, en mars, il y a eu sept interpellations de
18:06plus que les 28.
18:07La plainte contre Bouballe, on est où ?
18:08Alors la plainte contre Bouballe, il y a une enquête qui est en cours encore à l'instruction,
18:12avec un juge d'instruction, il a été mis en examen pour harcèlement aggravé.
18:16Il y a d'autres choses certainement qui sont en train de se passer, dont je ne sais pas
18:19vraiment parce qu'il y a le secret d'instruction et on n'est pas vraiment au courant, mais
18:22je sais qu'il y a des faits qui sont graves.
18:24Et puis j'espère que cette enquête sera vite clôturée pour que je puisse avoir une
18:30date de procès, pour qu'on puisse aujourd'hui…
18:33Contre Bouba ou contre vos cyberharceleurs ?
18:35Contre Bouba.
18:36Il n'y a pas de raison, et d'ailleurs je pense que c'est très clair au niveau
18:39de la justice, que les cyberharceleurs qui ont été engrainés par Bouba soient condamnés
18:47à de la prison ferme, et que Bouba soit mis à mine au bord d'une piscine.
18:51Je veux dire, c'est trop facile d'engrainer les gens, parce que c'est des gens qui sont
18:54sur les réseaux sociaux mine de rien, moi je les ai vus à la barre, c'est des gens
18:57à moitié très bien, des gens normaux, lambda, et puis des gens qui sont un peu
19:01paumés.
19:02Donc ça veut dire que je peux engrainer tout le monde dans mon délire, leur faire faire
19:06n'importe quoi, parce que j'ai conscience, parce qu'il avait conscience à ce moment-là
19:09de ce qui se passait, de ce qu'il me faisait, puisqu'il y a plein d'éléments qui montrent
19:12qu'il avait conscience de ça.
19:13D'ailleurs il parle souvent au « on », il dit « on va, même si moi ça s'arrête,
19:19ils vont continuer, ils vont pas te lâcher ». On les a tous ces tweets, donc il ne peut
19:23pas dire qu'il ne savait pas.
19:24Il ne peut pas dire qu'il n'y a pas de raison que ces gens prennent de la prison
19:28ferme et que lui, il soit dans une justice à deux vitesses parce que c'est Booba.
19:32Non, en fait, ce n'est pas possible, mais je pense et j'ai confiance en la justice,
19:36et je l'ai vu lors de ce procès des 28 harceleurs, je crois que BFM avait sorti l'info
19:42qu'ils avaient repris le nom de Booba plus de 300 fois dans ce procès alors que ce n'était
19:47pas le procès de Booba.
19:48Donc ça montre l'impact qu'il a eu dans mon cyberharcèlement qui est indéniable
19:53aujourd'hui.
19:54Donc j'attends cette date avec impatience qui sera pour moi le cran d'arrêt de cette
19:57histoire et qui me permettra d'avancer dans ma vie.
20:01Merci beaucoup Magali pour votre témoignage.
20:03Maintenant, on va s'interroger ensemble sur l'attitude des plateformes face à ce cyberharcèlement.
20:08Toutes ont leur part de responsabilité aujourd'hui.
20:11Pour vous, aujourd'hui, si vous deviez définir le réseau social le plus dangereux concernant
20:18le cyberharcèlement ?
20:19Twitter.
20:20Twitter X, du coup ?
20:21Oui.
20:22Ça a été le cas pour vous ?
20:24La plupart des gens qui ont été arrêtés dans les 28, quasiment tous, ne sont que des
20:29messages Instagram.
20:30Bizarrement.
20:31Mais c'est des messages Instagram qu'ils m'ont envoyés en privé.
20:32Mais en fait, ils reconnaissent tous que leur comportement vient des publications Twitter
20:39de Booba.
20:40Quasiment tous.
20:41Donc, ils ont tous vu les publications Twitter, etc.
20:44La différence avec Instagram, c'est que Instagram, je pense à un moment donné, a reconnu la
20:49dangerosité de Booba et a appliqué une décision qu'ils avaient déjà prise auparavant, non
20:54pas pour moi, mais pour d'autres, de supprimer ses comptes parce qu'il en devient dangereux.
20:59Voilà.
21:00Donc, déjà, je pense qu'Instagram a mieux réagi que Twitter qui a refusé de supprimer
21:07son compte en toute connaissance de cause.
21:09Pourquoi ? Parce qu'il faut savoir que nous, on a alerté Twitter à plusieurs reprises
21:13en disant, voilà...
21:14Vous avez même porté plainte contre Twitter.
21:15J'ai porté plainte contre Twitter, exactement.
21:17On attend une date d'audience aussi.
21:18Twitter, quand Booba tweetait, tweetait, tweetait, ça engrenait des menaces de mort, de décapitation,
21:22des menaces de viol, des menaces de crime, etc. sur mes enfants, sur moi-même, sur ma
21:26famille.
21:27Et on a envoyé des courriers à Twitter qui ne nous répondaient pas, au départ.
21:32Personne ne nous répondait.
21:33Alors, c'est un problème chez les plateformes, tout un.
21:35C'est qu'elles ne répondent pas.
21:36Déjà, il y a un vrai problème de communication sur les plateformes, c'est qu'on n'a pas
21:40de correspondant.
21:41C'est-à-dire que si vous êtes victime de cyberharcèlement, vous recevez des messages
21:43privés, comme j'ai pu recevoir.
21:44Qui appelez-vous ? Vous appelez qui ?
21:48Le 30-18 ? Ok, super.
21:49Mais ça, c'est des gens qui vont vous aider psychologiquement.
21:50Mais qui va arrêter ça ?
21:51Qui a la main pour tout de suite couper ce que vous êtes en train de subir, qui va vous
21:58pousser à la mort ?
21:59Eh bien, c'est les plateformes qui ont cette main-là.
22:01Parce qu'elles peuvent voir, il suffit que vous envoyiez des preuves, des screens.
22:05Et c'est ce que je faisais.
22:06J'ai envoyé d'ailleurs à un responsable d'Instagram, j'ai envoyé des screens de menaces
22:12de décapitation, de messages où on balançait mon adresse.
22:15Je n'ai pas eu de réponse.
22:17On m'a lâché des vues.
22:18Donc, quant à moi, on me lâche des vues, alors que j'ai quand même un réseau dû
22:20à mon travail.
22:21On ne va pas se mentir.
22:22C'est la vérité.
22:24Comment voulez-vous qu'un gamin de 16 ans, il ait un contact chez quelqu'un qui va...
22:29Personne.
22:30Il n'y a rien pour personne.
22:31Et puis après, il y a Twitter, eux, c'est encore pire, c'est-à-dire qu'eux, ils sont
22:36conscients.
22:37Nous, on a écrit des courriers à Twitter.
22:40Au départ, ils ne réagissaient pas.
22:41Et puis, quand il y a eu les premières interpellations, je pense qu'ils ont dû comprendre que ça
22:46allait prendre une autre tournure.
22:48Donc, du coup, on a reçu un courrier officiel de l'avocat de Twitter qui reconnaît que
22:55le compte de Booba enfreint les règles, qui reconnaît et qui nous dit même qu'ils vont
22:59supprimer plus de 200 et quelques tweets de Booba à l'époque, qui ne correspondaient
23:04qu'à quelques mois d'harcèlement.
23:05Donc, OK, c'est cool, merci beaucoup.
23:09Donc, c'est ce qu'on leur a dit.
23:10C'est gentil.
23:11Merci.
23:12Mais merci de me reconnaître déjà en tant que victime.
23:14Ils étaient désolés pour moi.
23:15Mais ils tweetent tous les jours.
23:17Ça veut dire que les 200 et quelques que vous avez supprimés d'avant, demain, ils
23:20en refaient 10.
23:21Après-demain, encore 10.
23:22Après-demain, encore 10, qui, eux, déclenchent encore des milliers.
23:23Donc, en fait, vous n'allez pas passer vos journées à supprimer les tweets de Booba,
23:28surtout que vous supprimez ceux d'il y a trois mois.
23:29Mais bref.
23:30Et ils vous ont dit quoi ?
23:33Absolument rien.
23:34Vous n'avez plus de réponses après de X.
23:36C'est le seul courrier que vous avez reçu.
23:38On a ce courrier officiel qui reconnaît le comportement de Booba.
23:42Pour moi, c'est Twitter qui a fourni à Booba la visibilité, la plateforme, le lieu,
23:49l'endroit pour me mettre en danger de mort et pour faire ce qu'il m'a fait.
23:55Donc, pour moi, Twitter a la même responsabilité que Booba.
23:58Mais vraiment.
23:59Et je leur en veux encore plus parce que Booba, pour moi, c'est quelqu'un qui doit être
24:05puni et c'est quelqu'un qui a un vrai souci.
24:09Mais Twitter, ils ont une responsabilité.
24:12C'est-à-dire que Twitter, ils ont la responsabilité de tous les abonnés de Twitter.
24:17Donc, ce n'est pas possible, en fait.
24:18Ils ont une responsabilité encore plus grande que celle de Booba, pour moi.
24:22Pour vous, les outils signalés, bloqués, ça ne sert pas à grand-chose.
24:26C'est trop facile.
24:27C'est vraiment tellement facile.
24:29Vous savez, moi, j'ai bloqué des gens.
24:31Mais ils réouvrent un compte trois secondes après.
24:33Donc, quel est le problème ? C'est-à-dire qu'ils réouvrent un compte trois secondes
24:36après.
24:37Et puis, c'est moi d'enquête parce que la gendarmerie, la police, le CLCH qui a fait
24:42cette enquête, qui a mené aux arrestations, c'est des gens qui m'ont sauvé la vie parce
24:46que sans eux, je vous dis la vérité, je me serais foutue en l'air.
24:49Et ça, c'est véridique.
24:50Ça veut dire que j'étais à deux doigts.
24:52Et en fait, quelques jours après, il y a eu cette annonce comme quoi ils ont arrêté
24:55les 14 personnes.
24:56C'était les premiers, les 14.
24:57Dans ma tête, ça a tout retourné.
24:59Ça a fait quelque chose.
25:01Et s'ils n'étaient pas là, je n'aurais pas tenu le coup.
25:04Mais pourquoi attendre autant de mois ? Parce qu'eux, ils doivent faire des réquisitions.
25:07Ils doivent récupérer les adresses IP.
25:08Ils doivent envoyer les réquisitions à Twitter ou à Instagram qui mettent quelque temps à
25:12leur répondre.
25:13Mais chaque jour qui passe, c'est chaque jour de coups de poignard que moi, je me prenais
25:17dans le sang, dans le corps.
25:18Et c'était ça le plus dangereux.
25:21C'était le temps.
25:22Parce que moi, je savais que le CLCH travaillait, avançait et heureusement que je les ai eus.
25:27Mais j'aurais pu ne pas tenir le coup et tomber plus vite et me suicider ou me faire
25:35agresser ou me faire tuer parce que c'est ce qui a failli se passer.
25:38J'ai eu des menaces de mort très virulentes.
25:40Quand vous parlez de votre cyberassaillement, j'ai remarqué dans les interviews, vous
25:42utilisez souvent le mot lynchage.
25:44Pour vous, les plateformes aujourd'hui, elles autorisent des lynchages publics ?
25:48Complètement.
25:49Elles encouragent même.
25:50Parce que quand vous signalez à Twitter ce qui est en train de se passer, qu'il y a
25:55un lynchage qui va sur des menaces de mort, de décapitation, on a vu avec Samuel Paty
26:01ce qui s'est passé.
26:02C'est dangereux.
26:03Il faut le prendre au sérieux à un moment donné.
26:04Et puis, il y a des gens qui se suicident, il y a des gamines qui se suicident.
26:06Vous voyez bien les enfants qui se suicident, les jeunes aujourd'hui, ça vient tous des
26:09réseaux sociaux à la base.
26:10Donc, quand vous vivez ça et que vous avez une plateforme qui vous dit on est au courant,
26:17mais on est désolés pour vous, à ce moment-là, vous vous dites mais c'est une folie.
26:22C'est une folie ce qui se passe.
26:24C'est un problème.
26:25Et je vois tout le monde qui dit oui, le cyberharcèlement, le cyberharcèlement, mais pour moi, le cyberharcèlement,
26:31il va pouvoir commencer à diminuer à partir du moment où il y aura des prises de conscience
26:36dans les plateformes et qu'il y aura un travail qui se fait avec les plateformes.
26:39Aujourd'hui, il n'y en a pas.
26:40Vous savez, moi, pendant deux ans, mon dossier aujourd'hui, comme vous l'avez dit, c'est
26:44le plus gros dossier en France.
26:46Mais c'est aussi à travers le monde parce que la décision des 28 comptes de la Nation,
26:50elle a été reprise à la BBC, chez Télégraph, dans RFI, dans El Mundo en Espagne, etc.
26:54Dans tous les pays quasiment du monde, il y a eu des articles parce que c'est une décision
26:57qui est historique dans le monde entier.
26:58Pas qu'en France.
27:01Mais quand vous savez l'ampleur de ce dossier, il faut savoir que je n'ai eu aucun contact
27:08avec aucune plateforme.
27:09C'est-à-dire que quand vous dites la violence de ce dossier, au moins un responsable d'une
27:14plateforme qui aurait pu m'appeler, me donner un rendez-vous, venir me voir, me dire comment
27:16on peut agir, qu'est-ce qu'on peut faire ? Tout ça était public, tout ça était médiatique.
27:21Pas une plateforme ne m'a téléphoné, pas une seule.
27:24Donc quand vous voyez qu'avec cette envergure-là, avec cette médiatisation-là, ils ne font
27:30rien, vous vous doutez bien qu'ils sont très loin de faire pour les gamins qui sont
27:33à l'école et qui n'ont même pas de visibilité et qui prennent tout seul.
27:37Donc moi, les associations, je n'ai même plus appelé après les associations, ça
27:41me servait à quoi ? Et attention, il faut… Mais ce n'est pas ça.
27:45Votre dossier était aussi trop élevé.
27:47Voilà.
27:48C'est ça.
27:49Et puis, attention.
27:50Moi, Booba, il a fait ce qu'il fallait faire, c'est-à-dire qu'il m'a salie,
27:52il m'a diabolisé.
27:53Ce que tout harceleur va faire.
27:55Un harceleur, il va faire quoi ? Il va tellement vous salir, tellement vous diaboliser que vous
27:59êtes isolé et que vous êtes tellement isolé que vous vous suicidez.
28:03C'est comme ça que ça marche le harcèlement.
28:05Et quand les associations de la lutte contre le cyber-harcèlement comprendront ça, déjà
28:09on aura fait un pas parce que moi, j'étais tellement sale qu'aucune association quasiment
28:13s'est approchée de moi.
28:14Donc à un moment donné, on ne peut pas choisir ses victimes.
28:17Une victime de cyber-harcèlement, elle est obligatoirement sale parce qu'elle est salie,
28:21parce que l'harceleur la salie pour qu'elle soit toute seule dans la cour de récréation,
28:25qu'elle se retrouve seule et qu'elle se foute en l'air.
28:26C'est comme ça.
28:27Vous avez aussi longtemps travaillé avec des candidats de téléréalité.
28:31Aujourd'hui, il y a quand même énormément, il y a eu et il y en a encore, du cyber-harcèlement
28:34envers des candidats et des candidates.
28:36Les productions sont aussi à remettre en cause pour vous ?
28:40Je pense qu'il y a une préparation à faire aux candidats de téléréalité psychologique,
28:45beaucoup plus importante, qui doivent être faites, c'est vrai.
28:48Après, je pense que production, vous savez, moi j'étais un membre de Banijé, qui est
28:54le plus gros producteur au monde.
28:56Et pourtant, on m'a cyber-harcelé.
28:58Et pourtant, Banijé est parti.
29:00Donc les productions ne se soutiennent pas aussi ?
29:02Ce n'est pas qu'elles ne se soutiennent pas.
29:03Je pense qu'il y a une impuissance aujourd'hui à côté des plateformes, qui sont elles trop
29:11puissantes.
29:12Peut-être qu'on aurait pu faire beaucoup plus pour moi, peut-être qu'on pourrait
29:17faire beaucoup plus pour les candidats de téléréalité, peut-être que les productions
29:21encore une fois pourraient faire.
29:22C'est vrai.
29:23Et je pense que vous avez raison.
29:24Et oui, oui, oui, vous avez raison.
29:26Et c'est souvent quelque chose qui a été très douloureux pour moi pendant longtemps.
29:30C'est vrai que quand on a donné la parole à TPMP, à Touche pas à mon poste, à Booba,
29:34alors que j'étais à deux doigts de me suicider, et que c'était avéré qu'il y avait une enquête
29:37ouverte, qu'il y avait des faits qui étaient réels, et que personne n'en parlait dans
29:41l'émission.
29:42Personne n'en a parlé à ce moment-là, quand Booba est arrivé en FaceTime avec son
29:47avocat.
29:48Comme si ça n'existait pas.
29:49Donc, je ne peux pas vous donner tort.
29:51Bien sûr que les gens peuvent faire plus.
29:52Après, la différence avec le cyberharcèlement, c'est que c'est invisible.
29:56Des coups que vous prenez dans la rue, les gens vont le voir.
29:59Si vous vous faites taper par un homme, tous les jours, vous allez avoir des bleus.
30:02Donc tout le monde va s'inquiéter pour vous à un moment donné.
30:04Vous allez vous cacher.
30:05On va vous voir.
30:06On va signaler.
30:07On va peut-être vous apporter une aide plus vite parce qu'on le voit.
30:10Mais dans le cyberharcèlement, on ne voit pas votre douleur.
30:13Les gens ne le voient pas.
30:14Donc, quelque part, je me dis, est-ce que je dois leur reprocher aujourd'hui de ne pas
30:18m'avoir aidée ? Est-ce que je dois leur reprocher d'avoir mis en avant Booba ? Des fois, je
30:22vous dirais, mais évidemment, j'ai la rage.
30:24Et puis, des fois, j'essaie de reprendre un peu mes esprits.
30:27Je me dis, mais est-ce qu'ils ont vu ce que je vivais ? Parce que finalement, à part
30:32mon mari qui était avec moi pendant tous ces moments-là, à part mes enfants qui sont
30:37restés enfermés aussi avec moi dans ma chambre, qui pouvaient voir ça ? C'est compliqué.
30:42Donc, je ne sais pas si je dois leur en vouloir ou pas ou si on peut leur reprocher ou pas,
30:45mais peut-être que oui, peut-être que non.
30:47Aujourd'hui, si vous aviez un conseil à donner, justement, on en parlait tout à l'heure,
30:51à un jeune qui est victime de cyberharcèlement, qu'est-ce que vous lui diriez ?
30:54De ne pas lâcher.
30:55En fait, les victimes de cyberharcèlement, il faut qu'elles sachent qu'aujourd'hui,
30:59elles peuvent se défendre.
31:00Elles peuvent se défendre.
31:02Tout la psychologie que vous allez pouvoir leur apporter, les aides, etc., c'est très
31:06important d'aller voir un psy.
31:07Vraiment important.
31:08Mais le plus important pour une victime de cyberharcèlement, c'est de savoir qu'elle
31:12peut se défendre.
31:13Parce qu'on a l'impression qu'on est impuissant.
31:15Et c'est ça qui est douloureux, parce que du coup, comme on se sent impuissant, on se
31:18dit, on ne va jamais s'en sortir.
31:19Et je préfère mourir.
31:20Parce que ça y est, c'est trop.
31:21Parce que la vie, elle ne vaut pas d'être vécue comme ça.
31:23Personne ne mérite de vivre comme ça.
31:24Le matin, tu te lèves, tu te prends des coups.
31:26Le soir, tu te couches, tu te prends des coups.
31:27La nuit, tu ne dors pas parce que tu as les angoisses.
31:29La journée, on te salit.
31:30Personne ne mérite de vivre comme ça.
31:31Donc, quand on a l'impression qu'on n'a plus d'issue, on se fout en l'air.
31:37Donc, le meilleur conseil que je peux donner aux victimes de cyberharcèlement, c'est ne
31:41lâcher rien.
31:42Aujourd'hui, il y a un parquet national de lutte contre la haine en ligne en France,
31:46qui existe chez nous et pas dans d'autres pays.
31:48Donc, on a cette chance-là.
31:49Il faut le savoir.
31:50Il faut communiquer sur ce parquet parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne le savent pas.
31:53Il y a un parquet qui est fait que pour ça, avec des procureurs qui sont là que pour
31:57ça et qui font un travail remarquable.
31:59Ensuite, il y a le CLCH, il y a des gens qui ont les moyens aujourd'hui d'identifier
32:04les comptes et de remonter jusqu'à eux et d'aller les chercher à 6 heures du matin
32:08chez eux et de saisir leurs téléphones et leurs ordinateurs et de voir tout ce qu'ils
32:11ont fait.
32:12Et quand vous savez ça déjà, vous vous dites OK, donc je vais aller déposer plainte.
32:17Ça va prendre le temps que ça prendra, mais je vais attendre et je vais et je vais
32:20avoir à un moment donné ma justice.
32:22Après, il y a aussi le problème financier et c'est là où il faut aider les victimes
32:26de cyberharcèlement.
32:27C'est que ça coûte cher, des avocats tous les mois, parce que c'est long.
32:31Donc, il faut aussi, je pense, les aider financièrement à payer leurs frais d'avocats, des avocats
32:36qui sont spécialisés dans le cyberharcèlement et qui vont aller suivre l'enquête, rien
32:41lâcher.
32:42Et il faut les aider à leur montrer ça et les aider financièrement.
32:46Et je pense que les associations devraient plus se concentrer là-dessus que de faire
32:50des plateformes où on entend des gens pleurer.
32:52Parce que quand ils raccrochent, il se passe quoi dans leur vie ? Ça continue.
32:56Donc, en fait, il faut les aider à sortir de ça.
32:59Merci beaucoup, Magali Berdad, de nous avoir livré votre témoignage et votre vision sur
33:04le cyberharcèlement.
33:05Si vous aussi, vous en êtes victime, n'hésitez pas à contacter le 30 18, le numéro national
33:10pour les victimes de violences numériques.
33:12Merci.
33:13Merci.
33:14Merci.
33:15Merci.
33:16Merci.
33:17Merci.
33:18Merci.
33:19Merci.
33:20Merci.
33:21Merci.
33:22Merci.
33:23Merci.
33:24Merci.
33:25Merci.
33:26Merci.
33:27Merci.
33:28Merci.
33:29Merci.
33:30Merci.
33:31Merci.
33:32Merci.
33:33Merci.
33:34Merci.
33:35Merci.
33:36Merci.
33:37Merci.
33:38Merci.
33:39Merci.
33:40Merci.

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