• il y a 9 mois
Vingt-huit personnes âgées de 20 à 49 ans ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Paris à des peines de prison allant de 4 à 18 mois pour leur participation au cyberharcèlement de Magali Berdah, fondatrice de l'agence d'influenceurs Shauna Events. Un "lynchage médiatique" qui avait débuté après que Magali Berdah ait été mise en cause par le rappeur Booba pour de supposées pratiques commerciales trompeuses

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Transcription
00:00 -Celle qu'on a surnommée la reine des influenceurs, Magali Berda, avait été cyber harcelée sur internet, menacée de mort, des pires outrages.
00:08 Ces cyber harceleurs aujourd'hui ont été condamnés à des peines de prison. 28 internautes ont été devant la justice.
00:15 On va revenir sur les peines avec vous, Vincent Mentighem. Et d'abord, bonsoir Magali Berda.
00:18 -Bonsoir.
00:19 -Vous êtes venue avec votre avocat, Maître Gravelin-Rodriguez. Bonsoir.
00:22 -Bonsoir.
00:23 -Dans quel état d'esprit à vous ce soir après ce jugement ?
00:26 -Je suis très soulagée. Je trouve que c'est un message très fort que la justice a passé pour les victimes de cyber harcèlement et aussi pour les cyber harceleurs.
00:35 De leur montrer qu'il n'y a pas d'impunité, qu'aujourd'hui, il risque de la prison ferme puisqu'il y a 14 condamnations de prison ferme, ce qui est énorme.
00:41 Et ça montre aussi aux victimes que le parquet qui a été... enfin qui est neuf, ce nouveau parquet, le PNLH, qui s'occupe de la lutte contre la haine en ligne,
00:50 aujourd'hui est efficace et que l'OCLCH aussi, et que je tiens à remercier parce que c'est eux qui m'ont sauvé la vie, les services de gendarmerie qui ont fait ces interpellations,
01:00 eh bien ça vaut le coup de se battre et qu'il ne faut pas baisser les bras.
01:03 -Mais qu'est-ce que vous avez subi précisément ? On parle de haine en ligne, ça veut dire quoi ? C'est des menaces de mort ? C'est aussi des insultes antisémites ?
01:10 -Oui, alors sur les 28 condamnés, c'est un mix, il y a des menaces antisémites, il y a des paroles très sexistes, très misogynes, il y a des menaces de mort, des menaces de crime, des menaces de viol, de décapitation,
01:24 et j'en passe, on a dû déménager trois fois en un an.
01:29 -Vous avez quantifié ces menaces ?
01:31 -On s'était arrêté, je crois l'année dernière, à plus de 120 000.
01:35 -Oui, on avait arrêté de compter après 100 000.
01:37 -Plus de 120 000 ?
01:38 -Bien sûr, en comptant tous les messages, tous les commentaires, tous les messages privés qui lui étaient adressés, on est à largement plus de 100 000.
01:46 -C'est un phénomène de meute, c'est le terme que vous envoyez.
01:48 -C'est ça, exactement.
01:49 -Mais qui a été à l'origine de tout ça ?
01:51 -Eli Yaffa, alias Booba, qui a lancé ce tribunal populaire, médiatique, je ne sais pas comment on peut l'appeler, qui a décrété qu'il était justicier, procureur, et que j'étais condamnable.
02:02 -Mais lui n'a pas été condamné ?
02:04 -Pas encore.
02:05 -Pourquoi pas encore ?
02:06 -Pour une raison simple, c'est qu'il y a une information judiciaire qui est en cours, sur laquelle je ne vais pas pouvoir m'étendre dans le détail compte tenu du secret du jugement.
02:13 -Il est mis en examen pour cyberharcèlement aggravé envers Magali Berda, donc il va être jugé à un moment donné, la procédure est en cours.
02:19 -La procédure est en cours, il sera jugé.
02:21 -Il le distingue de ce qui s'est passé aujourd'hui ?
02:22 -Il le distingue parce que M. Yaffa n'a pas répondu aux convocations de la police à l'époque, et que le parquet n'a pas eu d'autre solution que d'ouvrir une information judiciaire,
02:32 ce qui explique que la procédure prenne plus de temps, je ne m'exprimerai pas sur ce que la justice décidera, mais compte tenu de la sévérité des peines...
02:41 -Il pourrait y avoir un procès Booba ?
02:43 -Il pourra sans doute y avoir un procès Booba, en tout cas nous voyons...
02:47 -C'était vraiment lui qui était à l'origine de tout ça ?
02:49 -En tout cas, là où le jugement d'aujourd'hui est fondamental, non seulement au regard de la sévérité des peines qui ont été prononcées,
02:57 mais également au regard de la motivation qui a été lue par le président du tribunal, c'est que M. Yaffa a vraisemblablement une responsabilité dans ce qui s'est passé.
03:06 -Oui, c'est vrai que là-dessus, dans les attendus du jugement prononcé par le président ce matin, ils ont évoqué le rôle de Booba et Yaffa a envoyé d'innombrables publications,
03:17 et lancé des appels à ce qu'ils appellent la communauté des pirates à agir contre Magali Berna.
03:23 -Et là d'ailleurs, l'un des prévenus a cité Booba. Je crois qu'on peut montrer d'ailleurs ce qu'il a dit.
03:29 "Oui, je suis un auditeur de Booba, j'avais mon sentiment sur Berda avant qu'il ne s'attaque à elle, mais je trouve que c'était nécessaire."
03:36 -Alors ça, c'est le seul prévenu sur les 28 qui a fait le déplacement ce matin pour entendre la sanction à laquelle il a été condamné.
03:41 Sur les 28, ils ont été jugés au cours des dernières semaines, et pour le jugement ce matin, il y avait cet homme, Maxime, on va l'appeler Maxime parce que c'est pas son prénom,
03:49 il a demandé à apparaître de façon anonyme, il a 28 ans, il travaille dans l'environnement, et moi je suis allé le voir pour savoir s'il avait compris la sanction qui venait d'être prononcée,
03:57 à savoir 8 mois de prison avec un sursis probatoire. Il va être obligé de suivre des soins, de vous indemniser, Mme Berda, il a été condamné à une amende,
04:04 et je lui ai dit "voilà, est-ce que vous avez compris ?" et il me dit "bah non, en fait j'ai l'impression qu'il y a eu un prix de gros pour tous les prévenus alors qu'on a fait des choses différentes,
04:10 moi j'ai juste envoyé quelques messages et je ne voulais pas m'en prendre directement à Mme Berda mais à sa société, et aujourd'hui j'ai l'impression de payer pour tout le monde."
04:17 Donc on le voit, en dépit du fait que cette condamnation prononcée ce matin elle est lourde, il y a encore du travail à faire.
04:22 Il y a de la prison ferme, il faut expliquer.
04:23 Alors, effectivement, sur les 28 prévenus, 14 ont écopé d'une peine de prison avec sursis ou sursis probatoires et 14 écopent d'une peine de prison ferme.
04:31 Ça ne veut pas dire qu'ils vont aller en prison parce que ce sont des peines qui vont jusqu'à 12 mois de prison, donc elles sont aménageables, pour l'essentiel,
04:38 ce qu'on appelle une détention à domicile sous surveillance électronique, mais pour des faits aussi graves que cela, c'est quand même un vrai signal de prononcer des peines de prison ferme.
04:46 Quels sont les profils alors de ces harceleurs condamnés aujourd'hui ?
04:50 Les profils sont assez divers. D'abord, il y a une écrasante majorité d'hommes, puisqu'il n'y a que deux femmes qui ont été condamnées, c'est essentiellement des hommes.
04:59 C'est des hommes qui ont entre une vingtaine et la quarantaine passé.
05:04 C'est des gens qui pour certains...
05:06 Socio-professionnels, quelle est leur situation ?
05:08 Tout à fait classique, il y a des employés, des salariés, il y a des personnes en situation de précarité.
05:13 Ce ne sont pas des paumés, quoi ?
05:14 Ce n'est pas l'impression qu'on a eue.
05:16 Mais je voudrais revenir sur ce que nous apprend la décision de justice qui a été prononcée aujourd'hui.
05:21 D'une part, elle rappelle, comme c'était déjà le cas, que le cyberharcèlement peut être matérialisé par un seul message,
05:28 lorsque ce message s'inscrit dans un phénomène plus vaste, qui était le cas ici.
05:33 La deuxième chose, c'est que le montant des dommages d'intérêt qui ont été octroyés à Madame Berda démontre que le cyberharcèlement, ce n'est pas un sous-délit.
05:42 C'est un délit qui fait mal et ça explique qu'aujourd'hui, on a des dommages d'intérêt qui sont extrêmement élevés.
05:47 Combien ?
05:48 54 000 euros de dommages d'intérêt pour le seul préjudice moral.
05:51 Vous êtes sûr que vous allez les récupérer ?
05:53 En tout cas, ce sont des décisions qui se voient rarement dans des procès pénaux.
05:56 On n'est pas aux États-Unis. En l'espèce, le tribunal a considéré que c'était tellement grave qu'il fallait indemniser...
06:01 Pour vous, c'est un jugement exemplaire ?
06:03 Absolument.
06:04 Le troisième point, et je voudrais insister là-dessus, c'est que le tribunal a fait preuve d'une sévérité particulière à l'égard des individus qui ne se sont pas déplacés.
06:12 Et ça, c'était extrêmement important pour nous parce qu'il faut bien comprendre qu'on a bataillé pendant deux ans contre des fantômes, contre des pseudonymes.
06:20 Et la moindre des choses, quand on est mis en cause dans un dossier de cette nature, c'est de venir s'en expliquer.
06:25 Il y en a certains qui sont venus s'excuser à la barre auprès de Madame Berda.
06:28 Il y en a d'autres qui sont venus s'expliquer avec les explications farfelues qu'on a pu entendre.
06:32 Mais il y en a d'autres qui ne se sont pas présentés.
06:34 C'est très important pour nous qu'ils aient été condamnés plus lourdement.
06:37 Et c'était important aussi que vous receviez ces excuses, Magali ?
06:41 Oui, si elles sont sincères.
06:45 Par exemple, j'ai une prévenue qui a été condamnée, donc aujourd'hui, qui n'était pas venue mais qui avait fait une lettre, qui a été lue au tribunal avec des excuses, etc.
06:57 Et pour essayer d'alléger sa peine, aujourd'hui, elle a été condamnée.
07:02 Et rien qu'aujourd'hui, elle a refait un tweet en disant que c'est moi qui devrais aller en prison.
07:06 Ah oui, elle a recommencé ?
07:08 Oui, tout à fait.
07:09 Elle n'a rien compris ?
07:10 Non, voilà.
07:11 Mais vous savez, je pense que...
07:12 Mais vous êtes encore aujourd'hui harcelée, vous recevez encore des menaces ?
07:15 En fait, comme ce qui est montré dans ce dossier, c'est que tout est venu par rapport aux publications de Bouba.
07:22 A chaque fois qu'il publiait, ça engrangeait des milliers de tweets et de commentaires et de messages malveillants et menaçants de mort, etc.
07:28 Donc, c'est la meute.
07:30 On voit que quand Bouba continue, c'est problématique pour moi.
07:34 Il a été placé sous contre-judiciaire le 2 octobre, il a déjà été rappelé à l'ordre le 29 janvier pour violation de son contre-judiciaire.
07:41 Depuis le 29 janvier, il a refait des tweets.
07:44 Et quand il refait des tweets, derrière, comme par hasard sous les tweets, il y a des menaces.
07:49 Il y a des menaces de mort, etc.
07:51 Donc, j'ai envie de dire, oui, ça va mieux parce que grâce à ce contrôle judiciaire, je suis moins harcelée.
07:57 Mais c'est quand la fin ?
07:59 A quel moment, même encore la semaine dernière, enfin cette semaine, il a fait des tweets sur moi ?
08:04 Jusqu'à quand ?
08:05 C'est-à-dire, c'est quoi la...
08:06 Jusqu'à son procès ? Il ne s'arrêtera pas tant qu'il ne sera pas condamné ?
08:09 Non, il a un contrôle judiciaire.
08:10 Donc, à un moment donné, le contrôle judiciaire, il faut qu'il serve à quelque chose.
08:13 Mais pour vous, il ne s'arrêtera qu'uniquement quand il sera condamné ?
08:15 À votre avis ?
08:16 J'espère.
08:17 En fait, quand je vois qu'il est sous contrôle judiciaire, déjà repris par un juge...
08:20 C'est quoi ce contrôle judiciaire, d'ailleurs ?
08:22 Pourquoi il continue ?
08:23 Le contrôle judiciaire, c'est avoir des obligations à respecter, sans quoi on risque soit un durcissement du contrôle judiciaire...
08:29 Donc, il n'a plus le droit de tweeter sur Magali Beranda ?
08:32 Je ne vais pas rentrer dans le détail de ses obligations et de ses interdictions. Je ne suis pas là pour ça.
08:37 Ce qui est certain, c'est qu'on a un individu qui a été manifestement...
08:41 Contre lequel il y a des charges qui pèsent, qui lui valent aujourd'hui d'être mis en examen.
08:46 Et que, manifestement, encore aujourd'hui, il y a eu un tweet qui met en cause Magali Beranda.
08:52 Raphaël, comment on a retrouvé ces cyber-harcèleurs ?
08:55 Il y a un mot qui a été prononcé il y a quelques secondes, qui est très important, c'est le pseudonyme.
08:59 Effectivement, et ça permet de se rappeler d'une chose, et ça je pense qu'en termes de prévention c'est très important,
09:04 c'est qu'il n'y a pas d'anonymat sur les réseaux sociaux, on a des pseudonymes.
09:07 Et contrairement à ce que peuvent penser certains, les plateformes collaborent de plus en plus avec les autorités.
09:13 Et donc, très simplement, les autorités voient un message qui vient d'un pseudo,
09:17 elles font une réquisition judiciaire à Instagram, à Twitter,
09:21 et Instagram, Twitter communiquent soit l'adresse IP, c'est-à-dire l'adresse de notre box,
09:26 soit notre adresse mail, parce qu'Instagram a notre mail, soit notre numéro de téléphone directement,
09:30 parce que quand on met ses contacts sur Instagram, on donne son numéro de téléphone.
09:34 Et donc à ce moment-là, la justice est en possession de ces informations.
09:37 Et puis à ce moment-là, une fois qu'on a le mail, le numéro de téléphone ou l'adresse IP,
09:40 on se tourne vers les opérateurs et aussitôt, on a l'adresse et le nom de la personne.
09:44 Donc c'est extrêmement simple.
09:45 C'est un jugement qui se base sur la loi Schiappa de 2018 contre le cyberharcèlement.
09:51 Alors, entre autres, il y a aussi le pôle national contre la haine en ligne,
09:55 qui est une sorte d'émanation, enfin qui est une émanation aussi de la loi Avia de 2020.
10:00 Vous dites, c'est bien, maintenant on les retrouve.
10:02 Il y a eu combien ? 120 000 messages, finalement, il y a 28 personnes condamnées.
10:08 Donc finalement, quand même, on peut passer entre les mailles du filet.
10:11 Malheureusement, on passe encore très souvent entre les mailles du filet.
10:15 Mais encore faut-il que ces messages soient signalés, qu'il y ait une enquête qui soit ouverte.
10:20 Mais quand on parle de prévention, peut-être que ça peut avoir cette vertu préventive.
10:23 Encore, on l'a vu, malheureusement, pas assez.
10:26 Et encore une fois, il faut remonter aussi à certains comptes
10:30 qui sont potentiellement à l'origine de ces vagues de cyberharcèlement.
10:33 Quand on regarde la décision de justice, j'ai regardé, par exemple, le mot "bouba",
10:37 il est cité à 280 reprises.
10:39 Donc on voit bien qu'il y a une forme de coordination.
10:43 C'est lui le chef des harceleurs, en fait ?
10:45 Oui, c'est un chef de meute.
10:47 Moi, j'appelle ça comme ça.
10:49 Je l'ai vécu, donc pour moi, c'est le chef de meute.
10:52 C'est lui qui drive.
10:53 Et d'ailleurs, on le voit dans les tweets.
10:54 À chaque fois qu'il fait un tweet, il y a des statistiques derrière qui en émanent,
10:58 de nombre de commentaires que je reçois.
11:00 Ça, c'est dans l'enquête.
11:02 Pourquoi vous ne lisez pas ou pourquoi vous ne supprimez pas votre compte
11:05 pour passer à autre chose, en fait ?
11:07 Pardon, je réponds à la place de Mme Berda,
11:10 mais ça revient à dire à une jeune femme qui s'habille trop court,
11:14 qui se fait violer, qu'il ne faudrait pas qu'elle s'habille trop court.
11:17 Je voudrais juste, sur ce que vous avez dit, M. Gragné…
11:21 Non, mais on peut se préserver aussi.
11:23 Non, mais au niveau…
11:24 Vu ce que vous venez de subir, vous pouvez aussi vous dire
11:28 "Écoutez, je ferme temporairement, je m'en sommeille".
11:31 Vous avez des enfants ?
11:32 Oui, bien sûr.
11:33 Quand on publie l'adresse de l'école de vos enfants à plusieurs reprises,
11:36 est-ce que vous, en tant que père, vous n'avez pas un regard pour surveiller,
11:39 parce que si vous ne surveillez pas, il peut arriver un malheur à vos enfants
11:42 parce qu'on publie l'adresse de leur école ?
11:44 En fait, on en vient à regarder pour se protéger.
11:46 Il a posté des photos…
11:48 On s'est cachés dans un bureau pour travailler.
11:50 Il a posté la photo du bureau alors qu'on n'avait même pas publié l'adresse au greffe.
11:54 Malheureusement, et puis quand il publie, pas lui, mais ses fans,
11:58 mon numéro de portable, ils vous envahissent sur WhatsApp,
12:01 ils vous envahissent en bas de chez vous,
12:03 ils publient l'étage de chez vous.
12:06 On a été obligés de prendre une service de sécurité privée,
12:10 ils ont publié le calendrier de l'agent de sécurité.
12:14 Pourquoi ils ont toutes ces informations ?
12:16 Parce qu'il y a une enquête en cours qui montrera, je pense, encore beaucoup de choses.
12:21 Vous êtes espionné physiquement alors, peut-être ?
12:23 Bien sûr, le harcèlement va au-delà du web, et c'est ça qu'il faut comprendre.
12:27 Il n'est pas virtuel.
12:28 Bien sûr, c'est virtuel et c'est réel.
12:31 C'est ça qui est intéressant aussi, parce que dans la défense des prévenus,
12:34 notamment Maxime, dont on citait l'exemple tout à l'heure,
12:38 lui, sa défense est de dire "oui, j'envoyais des messages,
12:40 mais de toute façon, ils étaient tellement nombreux,
12:42 elles ne les lisaient pas", mais en même temps,
12:44 ça caractérise quand même le délit de harcèlement moral.
12:47 Sur Booba, ce qu'il faut expliquer, parce qu'effectivement,
12:49 il plane comme une ombre sur ce dossier,
12:51 comme celui à l'origine où le chef de Meute,
12:53 il a voulu s'en prendre à vous pour dénoncer vos pratiques...
12:55 Espèce de donneur d'ordre.
12:56 ...commerciel douteuse. En tout cas, c'est le combat qu'il dit mener...
12:59 L'image qu'il se donne.
13:00 Tout à fait, c'est en tout cas ça, l'image qu'il dit se donner.
13:03 Et c'est pour ça aussi qu'il a été mis en examen
13:06 et qu'il a des problèmes avec son contrôle judiciaire, ce que vous disiez.
13:09 J'aimerais juste dire que ce procès-là a été qualifié aujourd'hui dans les médias
13:14 comme le plus gros dossier de civet de harcèlement.
13:16 Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est les médias et c'est le juge ce matin.
13:20 C'est la plus grosse procédure du parti, en effet.
13:22 Alors, dans ces cas-là, comment ça se fait qu'aujourd'hui,
13:24 je n'ai pas été entendue par les plateformes, par Instagram, par Twitter ?
13:31 Il y a des responsables aujourd'hui de ces plateformes en France.
13:33 Pourquoi aujourd'hui, on ne parle pas aux gens qui sont cyber harcelés
13:36 pour essayer d'avoir des informations, pour essayer de mettre des choses en place,
13:39 pour lutter, pour avancer, pour protéger les gens qui ne peuvent pas se défendre ?
13:44 Oui, non, le problème...
13:45 Ces plateformes, je vous jure, quand même, elles donnent des informations à la police.
13:48 J'ai pas reçu un seul message, moi.
13:50 Non, mais le mot responsabilité, non, il n'y a pas de responsable de Twitter
13:53 ou d'Instagram en France. Ils sont en Irlande.
13:56 Non, mais il y a Twitter France, Instagram France,
13:58 mais ils s'occupent des relations publiques et de la pub et du commercial.
14:01 Mais la plateforme, elle est gérée depuis l'Irlande et il n'y a aucun responsable légal.
14:04 Mais ça, c'est un peu trop facile.
14:05 Oui, mais c'est comme ça.
14:07 Oui, c'est trop facile, mais malheureusement, c'est comme ça.
14:09 C'est-à-dire qu'un patron de médias traditionnels doit rendre des comptes,
14:12 mais alors là, personne ne rend des comptes.
14:14 Non, puisque les plateformes ne sont pas éditeurs, ce sont de simples hébergeurs.
14:18 Mais le problème, c'est que cet algorithme, parce que Booba, lui,
14:21 il n'est pas donneur d'ordre au sens propre du terme,
14:23 c'est-à-dire qu'il ne va pas dire "on va harceler Magali Berda".
14:25 Simplement, quand on a un compte avec des millions d'abonnés
14:27 qu'on publie un message, on sait très bien que l'algorithme va faire le reste.
14:31 On le sait. En tout cas, on ne peut plus ne pas le savoir.
14:33 Peut-être le premier tweet, on ne peut pas se rendre compte,
14:35 mais au bout d'un moment, on ne peut plus ne pas le savoir.
14:37 Et là, c'est l'algorithme qui prend le relais.
14:39 Et là, c'est le fonctionnement, j'ai envie de dire, chimiquement pur
14:41 des réseaux sociaux qui n'est associé à aucune responsabilité.
14:44 Merci d'avoir été avec nous. Merci Magali Berda.

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