• il y a 6 mois
Cette semaine dans « A vos marques », Maxime Brami s'intéresse au para-aviron. L’occasion d’évoquer la campagne de recrutement lancée en janvier 2022 par la FF Aviron mais aussi de revenir sur les bases de cette discipline ainsi que les prochaines échéances à venir pour l’Equipe de France en vue des Jeux Paralympiques de 2024. Invités : - Margot BOULET, championne de Para-Aviron (médaillée de bronze Paralympiques 2020 en PR3) - Martin DELVILLE (jeune rameur engagé en PR1) - Charles DELVAL (Chef de secteur et coach Para-aviron)

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Sport
Transcription
00:00Bonjour à toutes et bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour ce nouveau numéro
00:18d'Avomar.
00:19Votre rendez-vous 100% en e-sport et sport adapté s'est à retrouver toutes les semaines
00:22sur Sport en France.
00:23Aujourd'hui, nous mettons à l'honneur le para-aviron avec mes trois invités, Charles
00:28Valval, Martin Delville et Margot Boulay, bonjour à tous les trois.
00:33Bonjour.
00:34Merci d'avoir accepté l'invitation de Sport en France, nous sommes galants et ici
00:37on va commencer avec vous Margot, alors vous êtes une championne de para-aviron et on
00:43va revenir sur vos performances mais surtout sur votre parcours assez extraordinaire dans
00:48cette émission.
00:49Martin, vous êtes tout jeune et vous êtes un futur espoir du para-aviron, vous nous
00:55raconterez également comment vous êtes venu à cette discipline et Charles, vous
00:59êtes un peu le patron de la discipline et on va la découvrir cette discipline, comme
01:04vous le savez, ce sera mon défi dans la première partie de cette émission.
01:07Alors rappelons que c'est la Fédération Française d'Aviron qui gère depuis 2005
01:15le para-aviron, l'intégration de la discipline s'est faite aux Jeux Paralympiques de Pékin,
01:20ça a été décidé en 2005 et les Jeux Paralympiques se sont déroulés en 2008, Charles Delville
01:25on va commencer avec vous, vous êtes chef de secteur et manager du para-aviron, vous
01:30êtes aussi entraîneur national, expliquez-nous un petit peu, vous lancez une campagne de
01:36recrutement, expliquez-nous les raisons de cette campagne, est-ce que finalement on n'a
01:40pas du mal à recruter les futurs athlètes en para-aviron ?
01:42Je ne dirais pas qu'on a du mal mais on cherche toujours un peu plus de concurrence,
01:48donc c'est pour ça qu'on a voulu surfer un petit peu sur les bons résultats de notre
01:52équipe à Tokyo et de lancer une campagne de communication un petit peu agressive en
01:57présentant nos différentes catégories, nos différents types d'handicap possibles et
02:01puis un peu de provoquer les gens en disant pourquoi pas toi.
02:04Alors comment est-ce que vous l'orchestrez cette campagne ?
02:06On a fait un tournage vidéo autour de trois ambassadeurs dont Margot était une des ambassadrices
02:12en PR3, c'était vraiment des présentations de parcours de vie.
02:16PR3 c'est une des catégories, on y reviendra juste après.
02:20Ensuite on s'est appuyé sur un réseau avec nos partenaires et puis la diffusion sur tous
02:27les réseaux sociaux et bientôt des sorties aussi de campagnes formes à papier et qui
02:33déboucheront sur une journée de détection en présentiel le 9 avril à Vers-en-Marne.
02:37Alors justement comment se déroulent les détections ? Vous recrutez les futurs candidats
02:44juste à travers cette campagne ?
02:45Non, c'est beaucoup aussi de contact, de bouche à oreille avec les clubs, avec notre entourage.
02:50On aura des beaux exemples avec Margot et Martin, mais je dirais que c'est de la
02:56discussion au quotidien.
02:57Il n'y a pas forcément beaucoup d'athlètes par aviron dans les clubs, donc il faut aussi
03:02de temps en temps aller démarcher, aller chercher pour tomber pourquoi pas sur le futur champion.
03:06Combien de participants à ce programme pour l'instant ?
03:10Sur le programme de détection, on a à peu près une quinzaine de personnes qui sont
03:14passées pour l'instant.
03:15C'est pas énorme.
03:16C'est pas énorme, mais ça vient de partir.
03:19C'est un bon cru par rapport aux années précédentes ?
03:22Non, on n'avait jamais lancé vraiment de campagne comme celle-ci.
03:25Et puis c'est une campagne qui pour moi va durer dans le temps, qui s'inscrit sur 2022,
03:292023, voire jusqu'à Paris.
03:30On peut à tout moment encore trouver potentiellement un champion.
03:33Margot en est l'exemple sur ces dernières années.
03:36Donc oui, c'est quelque chose qui lance et qui fait connaître le par aviron.
03:39Donc en fait, vous n'avez pas vraiment d'objectif en termes de nombre d'athlètes à recruter.
03:43Déjà, si vous en avez un, c'est bien, c'est ça ?
03:45Oui, on en cherche peut-être deux ou trois parce qu'on a des bateaux d'équipage.
03:48Effectivement, on doit compléter les équipages en fonction de potentiel et de type de pathologie
03:53compatibles dans les catégories.
03:54Alors, est-ce qu'il y a une possibilité pour un athlète d'être rapidement intégré
03:58à l'équipe de France si le potentiel est là ?
04:00Combien de temps ça prend en fait ?
04:02Ça peut être rapide s'il y a vraiment le potentiel physique.
04:06C'est vrai que quelquefois, ça peut choquer de se dire on peut faire du par aviron,
04:10on est rapidement en équipe de France.
04:12Ça peut se faire si derrière, on a un bagage, si on a une connaissance un petit peu du sport,
04:17si on a un sens de glisse.
04:18C'était le cas pour Margot, pour Erika.
04:20C'est ce qu'on essaie de déceler un petit peu aussi avec Martin.
04:23Mais ça peut aussi prendre quelquefois 3 ans, 4 ans, 10 ans pour acquérir la maturité.
04:28Justement, Margot, vous, vous êtes passée par ces détections parce que ça ne fait pas longtemps
04:34finalement que vous êtes une athlète de par avion, racontez-moi.
04:37Alors moi, je ne suis pas passée par les détections.
04:39Ça, c'est vraiment fait par le bouche à oreille.
04:41Il y a mes parents qui sont dans un club d'aviron en tant que bénévoles.
04:44Et on dit, si elle est trop forte, vas-y, essayez-la.
04:47Pas du tout, mais je me souviens d'un appel avec Charles pour en discuter justement de mon profil,
04:53de ce que j'avais connu en tant que nageuse, quel niveau j'avais eu
04:56et quelles étaient aussi mes pathologies pour savoir si c'était faisable.
05:00Et donc, j'ai été convoquée sur un stage en décembre à Vers-sur-Marne
05:03et c'est comme ça que ça a commencé, par une épreuve physique,
05:06j'ai fait des tests sur Ergo, sur 2000 mètres,
05:08donc pour voir justement ce que j'avais un peu dans le ventre.
05:11Je précise que l'épreuve physique, c'est plutôt votre domaine,
05:15puisque vous étiez une ancienne sportive de haut niveau, en natation, c'est bien ça ?
05:20Oui, exactement.
05:21Martin, comment ça s'est passé, vous, la découverte du par avion ?
05:24Comment on arrive à se dire, tiens, je vais aller faire du par avion ?
05:27Ça commence de façon un peu naïve, c'est-à-dire qu'il y a six mois, je crois,
05:33on m'a envoyé un mail à un organisme qui s'appelait L'Arlève.
05:36Très récent, là.
05:37Oui, en fait, ça a pris pas mal de temps.
05:39J'avais envoyé un mail il y a six mois,
05:41donc c'était quelque chose qui était un peu tombé aux oubliettes.
05:43Puis, on m'envoie un mail pour me convoquer à une espèce de réunion Zoom
05:48où j'explique un peu ma situation, c'est-à-dire que je fais un peu de natation,
05:51j'aime le sport de fond.
05:53J'avais l'objectif peut-être de devenir performant en natation
05:56parce que j'avais des bonnes sensations, etc.
05:59Et on m'a orienté assez naturellement vers l'aviron,
06:05du fait de mes données un peu physiologiques.
06:08Puis, j'avais un peu un background en sport de fond.
06:11Et puis, on m'a mis en contact tout de suite avec Charles pour les classifications.
06:18Pourquoi pas la natation, alors ?
06:19Vous n'étiez peut-être pas si fort que ça, alors ?
06:21Oui, mais en fait, avant mon accident,
06:24qui fut un accident de ski il y a trois ans, j'ai…
06:28Quel est votre handicap qu'on précise ?
06:30J'ai eu un accident de ski où je me suis fracturé une vertèbre lombaire.
06:36Dans ce cas de figure, il peut y avoir des morceaux de vertèbre
06:40qui se mettent dans la moelle épinière et qui font des lesions de la moelle épinière.
06:42C'est mon cas.
06:43On appelle ça paraplégie incomplète,
06:45c'est-à-dire qu'on a une fonction limitée des membres inférieurs.
06:52Les classifications avec Charles,
06:55histoire de voir comment ça se passe,
06:57parce que moi, je n'avais aucune idée de ce que c'était que l'Aviron.
07:00La veille, naïvement, on tape sur YouTube « Aviron PR1, PR2 ».
07:04Je dis « Ah oui, d'accord, c'est comme ça ».
07:06C'est un bateau, il y a des rames.
07:09Il y a eu un petit concours de circonstances où il a été détecté
07:11et en même temps, on menait la campagne de com'
07:13et dix jours après, on avait des sessions de classification.
07:15Donc, ça tombait bien.
07:16C'est pour ça qu'on a convoqué Martin rapidement pour détecter son profil tout de suite.
07:20Alors justement, je pense que nos téléspectateurs connaissent l'Aviron
07:24dit traditionnel, peut-être moins par Aviron.
07:27Les classifications, est-ce qu'on peut y revenir, Charles ?
07:30Quelles sont les classifications de la discipline ?
07:32On a trois catégories fonctionnelles en Aviron.
07:35C'est pour ça que ça reste plutôt assez simple
07:38et que ça a été intégré au programme des Jeux en 2008.
07:40Tout simplement, il y a les PR1, PR2, PR3.
07:43PR pour Para-Rowing, la dénomination internationale.
07:46PR1, c'est la classe de bateau qui n'utilise que les bras
07:49et une partie des épaules du buste pour propulser le bateau.
07:52C'est le cas de Martin.
07:53C'est un siège fixe.
07:54C'est une sangle qui maintient la poitrine pour ne pas basculer vers l'avant.
07:59C'est PR1.
08:00C'est PR1 et ça se passe en bateau individuel.
08:02La catégorie PR2, c'est l'utilisation des bras et de la totalité du buste.
08:07Les jambes sont sur un siège fixe.
08:11Très peu d'utilisation des jambes.
08:13Et la troisième catégorie, les PR3, c'est l'utilisation des jambes, du dos et des bras.
08:17Comme le cas de Margot, le même geste quasiment que les rameurs valides.
08:22Ces classifications sont standardisées par un classificateur médical et un classificateur technique
08:31pour pouvoir mettre les personnes dans les bonnes catégories pour l'équité du sport.
08:36Martin en PR1, Margot en PR3.
08:39Que nos téléspectateurs comprennent bien.
08:41Vous, quels sont vos handicaps ?
08:45En aviron, je suis classifiée par rapport à ma cheville.
08:47J'ai une prothèse interne de cheville qui, malheureusement, ne m'a pas permis de retrouver toute ma mobilité de cheville.
08:54Concrètement, je ne peux pas tendre et plier mon pied.
08:57J'ai du matériel adapté pour me permettre de ramer sans faire trop mal à ma cheville.
09:02Votre classification est liée uniquement à votre cheville ?
09:06J'ai également eu une lombaire de fracturé mais je m'en suis un peu mieux sortie.
09:13Mais mon dos ne rentre pas vraiment en compte dans ma classification en aviron.
09:17Revenons sur l'état du paraviron.
09:20En France, combien de licenciés comptent la discipline actuellement ?
09:23On a à peu près 500 licenciés.
09:26Handicaps physiques mais aussi handicaps mentaux.
09:29On touche aussi les déficients visuels.
09:31Plus d'hommes, plus de femmes.
09:33C'est plutôt un sport d'hommes ?
09:35Oui, 45% de femmes peut-être.
09:38C'est pas mal.
09:40De toute façon, le paraviron est une discipline mixte.
09:44Dans la catégorie de Margaux, le 4 aigle barreur, c'est deux hommes, deux femmes.
09:48Le double PR2, c'est un homme, une femme.
09:51L'équité est totalement respectée.
09:53C'est différent de l'aviron traditionnel ?
09:55C'est ça. En aviron traditionnel, au niveau international, il n'y a pas de course mixte.
09:59J'aimerais comprendre, est-ce qu'on peut mixer des handis sportifs avec des athlètes traditionnels ?
10:06En compétition nationale, pourquoi pas.
10:10Pourquoi pas ? C'est possible ?
10:13Il y a des compétitions qui sont organisées avec cette mixité ?
10:17Notre parcours de compétition se fait sur le même championnat du monde que les valides.
10:21Il n'y a pas de course où on mélange dans le même bateau un athlète para et un athlète valide.
10:26On est complètement intégrés, hormis les Jeux olympiques et paralympiques.
10:31Sinon, on a le même circuit international que les valides.
10:35Est-ce qu'il est possible d'effectuer des modifications sur les embarcations en fonction de la classification ?
10:43En fonction de chaque athlète, on essaie de voir les possibilités et les incapacités physiques dans le bateau.
10:50On essaie avec nos petits outils de bricoleur et nos yeux d'entraîneur d'adapter le mieux le matériel pour les athlètes,
10:57le mieux à la pathologie.
10:58C'est au cas par cas ?
10:59C'est au cas par cas.
11:01Dans un premier temps, c'est vraiment pour le bien-être, le confort.
11:05Vérifier qu'il n'y ait pas de frottement, que ça ne soit pas en tension.
11:08Après, on essaie d'orienter ça dans un but de performance pour que Margot puisse utiliser une flexion de cheville maximale
11:15pour utiliser l'ensemble de la flexion de jambes.
11:18Dans le cas de Martin, on va essayer de trouver un siège qui lui permette de fléchir légèrement ses jambes,
11:24de l'installer sans qu'il n'y ait de frottement, qu'il soit calé à droite à gauche pour ne pas qu'il y ait de souci d'équilibre.
11:31C'est des choses comme ça qu'on fait au fur et à mesure.
11:33On travaille aussi quelques fois sur des poignées ou les gens qui sont amputés, avoir des adaptations qui sont déjà intégrées dans le bateau.
11:40C'est vraiment du cas par cas au début du bricolage.
11:44Ensuite, on fait ça un petit peu avec des prothésistes, avec des personnes un peu plus qualifiées.
11:50Margot, qu'on comprenne bien la modification qui a été faite sur votre bateau, c'est quoi exactement ?
11:56Moi, ça s'appelle la planche de pied.
11:58Les pieds sont fixés dans le bateau à peu près à 45 degrés pour des valides et ça ne bouge pas.
12:02Pour moi, vu que je n'ai pas de flexion de cheville à gauche, il faut que mes talons puissent se lever
12:06pour que quand j'aille sur l'avant, sur le geste du rameur, je puisse avoir une amplitude complète.
12:12Et vous Martin, c'est juste au niveau du siège ?
12:15Oui, il y a des sangles aussi pour les jambes puisqu'il faut les maintenir à la même flexion.
12:22Et il y a une sangle aussi qui est reliée au siège en PR1, qui n'est pas en PR2,
12:27pour aider la mobilité du tronc, pour gagner un petit peu en amplitude.
12:34Amplitude qu'on n'a pas puisqu'on ne peut pas utiliser la flexion de jambes dynamiquement pour se propulser.
12:40Vous vous ramez seul ?
12:41Oui.
12:42Et vous, vous êtes combien dans le bateau ?
12:444 rameurs plus 1 barreur.
12:46On y voit un petit peu plus clair sur la discipline de Paraviron.
12:50On va revenir tout de suite sur votre parcours et surtout vos performances.
12:54C'est l'heure de Parcours Perf.
12:59Deuxième partie d'émission, nous allons revenir sur le parcours et sur les performances de nos athlètes.
13:05On va commencer avec vous Margot.
13:06Et notamment votre médaille aux Jeux Paralympiques de Tokyo, c'était il y a quelques mois.
13:11La question c'est quel bilan faites-vous de ces Jeux Paralympiques ?
13:13Vous êtes contente ? Vous êtes déçue ? Vous auriez aimé aller chercher l'or ?
13:19Non, vraiment très très contente avec mon équipage.
13:22On espérait un podium.
13:24Bien sûr, on veut toujours mieux que…
13:25Policiter peut-être votre équipage ?
13:27Oui, donc Rémi Tarentoff, Antoine Geysel, Erika Soso et Robin Le Barreau, notre barreur.
13:32Que nous saluons et qui fait donc moins de 55 kg.
13:36Le barreur, oui.
13:37Exact.
13:38Et donc la médaille de bronze, on est vraiment très très heureux d'avoir réussi à la décrocher.
13:42Ça a été compliqué, enfin tendu jusqu'à la fin parce qu'en fait nos adversaires pour cette médaille, c'était l'équipage australien.
13:49Et du fait du contexte Covid, nous n'avions pas pu faire de course contre eux depuis plus d'un an.
13:54Donc on ne savait pas quel était leur niveau réel en fait à l'arrivée aux Jeux.
13:57Donc jusqu'au dernier moment, on ne savait pas.
13:59Alors on va revenir un petit peu sur votre parcours.
14:01Vous êtes née dans la magnifique ville de Provins, en Seine-et-Marne.
14:05Vous êtes arrivée assez tard dans la discipline puisque vous avez commencé donc en 2019.
14:09Donc racontez-nous un petit peu votre parcours.
14:11Vous étiez sportive de haut niveau, vous étiez dans la gendarmerie, le GIGN.
14:15Un accident, racontez-moi tout ça.
14:17Donc effectivement, je suis née à Provins.
14:19J'ai commencé la natation dès le plus jeune âge.
14:21J'ai fait des compétitions très très jeunes en suivant les traces de ma grande sœur.
14:24Et j'ai été sur liste effectivement des sportives de haut niveau.
14:27Alors en espoir, je n'ai pas réussi à percer au niveau international senior, seulement en junior.
14:32Et je me suis dirigée ensuite vers la gendarmerie.
14:35D'abord le régiment de cavalerie de la Guerre républicaine, donc à Paris.
14:38Donc vous n'avez jamais mis un PV en gendarmerie ?
14:40Non, exactement.
14:42Un parcours atypique même en gendarmerie.
14:44Et ensuite, en 2016, je veux passer les tests du GIGN, que je réussis.
14:49C'est balèze quand même de réussir les tests du GIGN.
14:51C'est compliqué, c'est très compliqué.
14:53On pourrait faire toute une émission là-dessus.
14:55Il faut s'y préparer.
14:56Et même en étant prêt, il y a des choses qu'on ne peut pas anticiper.
14:59La réaction du corps au froid, à la fatigue extrême et à des conditions de stress très intenses.
15:05Mais bon, ça passe ou ça casse.
15:07C'est pour moi.
15:08Malheureusement, pendant la formation, je me suis blessée sur un stage de parachutisme.
15:11J'ai eu un déventement à l'atterrissage.
15:13Concrètement, j'ai fait à peu près les dix derniers mètres en chute libre.
15:16Blessure à la cheville, blessure aux lombaires ?
15:19C'est ça, exactement.
15:20Fracture aux lombaires, avec aussi des morceaux qui venaient un peu compresser la moelle épinière.
15:25Mais heureusement, j'ai été très bien opérée.
15:27Et donc, j'ai retrouvé l'usage de mes jambes et ma cheville.
15:30Après de moindres opérations, j'ai donc aujourd'hui une prothèse de cheville.
15:34D'accord. Vous passez un certain temps à l'hôpital.
15:37Et après, qu'est-ce qui se passe dans votre tête ? Il faut se reconstruire ?
15:40Il faut se reconstruire, il faut retrouver l'estime de soi.
15:43Puisque bien sûr, je m'étais construite en tant que sportive et extrêmement active,
15:46à la fois sur mes loisirs et sur ma vie professionnelle.
15:49Et là, je sortais quasiment de six mois d'alitement,
15:52où faire 100 m à pied était vraiment une épreuve.
15:55Donc, je me suis remise à nager, mon sport d'origine.
15:58Et je commençais à retrouver un peu mes capacités
16:02pour voir ce que j'allais pouvoir faire au niveau professionnel.
16:04Quand j'ai été contactée, j'ai eu le contact avec Charles
16:07pour essayer l'Aviron avec un équipage qui était qualifié pour les Jeux,
16:10mais à qui il manquait une fille à Retech.
16:13Et donc, il y avait une place qui était à prendre. Et c'est comme ça que ça a commencé.
16:16Donc, ça, c'était en 2019.
16:19Ça fait vraiment pas longtemps que vous faites partie de la famille Para-Aviron.
16:24Est-ce que vous auriez imaginé ramener une médaille paralympique deux ans après, finalement ?
16:30Non, évidemment. Quand j'ai commencé, surtout que les Jeux étaient six mois après.
16:33Ils étaient à l'été 2020.
16:35Donc, forcément, ramener une médaille en six mois, ça me paraissait vraiment compliqué.
16:38J'espérais surtout ne pas gêner mon équipage, qui, eux, avait beaucoup plus d'expérience.
16:42Et après, quand on a eu le report des Jeux d'un an, j'ai commencé à me dire,
16:45là, c'est possible qu'on fasse vraiment quelque chose.
16:48Du coup, vous, le Covid, ça vous a rangé ?
16:50Le report des Jeux, oui. Le Covid, pas vraiment.
16:52Mais le report d'un an, oui, ça a été vraiment bénéfique pour mon équipage.
16:55Charles, vous pouvez me raconter un petit peu cette rencontre avec Margot
16:58et peut-être ce sentiment au moment où vous vous êtes dit,
17:01voilà, j'ai une force de la nature, quoi.
17:04Oui, effectivement, au retour des Championnats du Monde 2019,
17:07avec une petite contre-performance du bateau qui termine 7e, qui se qualifie,
17:11une des filles était plutôt à arrêter l'aviron.
17:14Et on s'est dit, bon, il faut qu'on réactive tous les réseaux,
17:17il faut mettre de la densité, il faut qu'on retrouve des filles.
17:20Et on a découvert Margot sur deux bouches à oreille,
17:23en ayant croisé un de mes collègues de la Fédération.
17:26Et ça a réactivé un petit peu le projet, ça a remis tout le monde un petit peu sur la question.
17:30Il y a eu 4-5 filles qui sont revenues un petit peu densifier un petit peu le système.
17:36Et puis le bateau a repris de l'allure, il y a eu du travail.
17:39Il faut qualifier un bateau, en fait.
17:41Il faut qualifier un bateau. On qualifie un bateau, mais on qualifie pas…
17:43On parle pas des athlètes, quoi.
17:44Exactement.
17:45Il y a un bateau, puis après…
17:46Voilà. Le bateau se qualifie sur le Championnat du Monde de l'année précédente.
17:49Par contre, jusque deux mois avant les Jeux, on peut mettre qui on veut dans le bateau.
17:53Donc c'est ce qui permet un petit peu de se secouer et de faire monter les performances.
17:57Et du coup, ça a été plutôt profitable à Margot et à sa coéquipière et à l'ensemble du bateau
18:03d'avoir un an de report, un peu plus de travail, un peu plus de cohésion dans l'ensemble.
18:07Alors Martin, on va s'intéresser à vous, à votre parcours.
18:10En 2019, vous avez participé à un programme qui s'appelait La Relève.
18:14Vous aussi, vous êtes tout jeune venu dans cette famille du para-aviron.
18:20Racontez-moi un petit peu comment vous avez découvert la discipline.
18:23Alors, ça a commencé effectivement avec un entretien Zoom avec des membres de La Relève
18:30qui essaient de m'expliquer.
18:31Ils m'ont dit voilà, vous aimez bien la natation, vous savez que c'est extrêmement compétitif.
18:36Si vous voulez aller au jeu, encore une fois, c'est extrêmement ambitieux,
18:40mais la natation est extrêmement compétitive.
18:44Et on vous conseille, en tout cas, ça ne vous fera pas de mal de regarder un peu ce qui se fait ailleurs.
18:51Du fait de mes données physiologiques, je suis assez grand.
18:54Puis de mon passif sportif, j'ai fait du triathlon, j'ai fait de la natation.
18:59Et puis en plus, une espèce d'alignement des planètes, puisque la semaine d'après l'entretien,
19:06il y avait les classifications.
19:07On m'a dit, allez-y, de toute façon, vous n'avez rien à perdre.
19:10Et puis effectivement, c'était la première fois sur un rameur après mon accident.
19:15Des sensations plutôt intéressantes, des sensations agréables, des efforts assez intenses.
19:22Vous avez eu des bons résultats tout de suite ?
19:26Oui, au championnat de France Indoor sur 300 mètres, il y a eu une deuxième place.
19:33Je ne suis pas très content de mon temps, c'est un temps de débutant.
19:36Ah oui ?
19:38Oui, il y a eu pas mal de choses à améliorer marginalement.
19:41Mais disons que la deuxième place était ce que je valais.
19:45La première place était totalement inaccessible à mon niveau.
19:49Donc première expérience intéressante, à voir ce que ça donne sur l'eau.
19:53Et qu'est-ce que vous avez ressenti par aviron ? Quelles sensations ça vous procure ?
20:03Venant de la natation, on n'a pas l'habitude d'avoir des efforts si violents.
20:06Étant donné qu'en natation, on ne respire pas quand on veut.
20:09Donc on a plus de mal à venir se mettre réellement dans le rouge.
20:13C'est-à-dire qu'il va y avoir des limites musculaires, il va y avoir ces limites avant la limite du cardio.
20:18Alors que là, je me suis rendu compte vraiment que j'avais des...
20:23Je tapais dans une sorte d'effort qu'on était vraiment, par exemple en VO2 max,
20:28on était vraiment à la limite du cardio presque.
20:32Et ça, c'était quelque chose à laquelle je n'étais pas vraiment habitué avec les sports que j'effectuais avant.
20:40J'aimerais comprendre un petit peu votre quotidien.
20:42Margot, vous travaillez, vous ne faites que du sport, vous êtes toujours gendarme ?
20:48Alors je ne suis plus gendarme, j'ai été réformée pour raison médicale suite à mon accident.
20:52Mais j'ai eu la chance, 48 heures après ma réforme, de pouvoir signer un contrat
20:56avec la gendarmerie et le centre national des armées
21:00de sportifs de haut niveau de la défense.
21:02Donc ça me permet d'être à 100% sur le sport.
21:05Vous vous consacrez à 100% à votre sport.
21:07Et vous Martin, vous faites une prestigieuse école française à côté de votre sport ?
21:12Oui, en fait avant j'ai fait une cagne.
21:15C'est une prépa où on fait des lettres.
21:17Vous êtes plus un littéraire ?
21:18Alors c'est une cagne avec des maths en fait.
21:20Une cagne avec des maths, je ne savais pas que ça existait, d'accord.
21:22Ça s'appelle BL, ce n'est pas très connu.
21:24Vous êtes à l'ENS, c'est ça ?
21:26C'est ça, je fais de l'économie à l'ENS, Paris-Saclay.
21:29Qu'est-ce que vous voudriez faire à part champion paralympique, para-avion ?
21:34Grande question.
21:36Je fais des stages dans de la régulation, j'aime bien ça.
21:38On verra s'il y a des choses à faire.
21:41Des trucs fun quoi.
21:42Extrêmement fun.
21:43Charles Delval, on va faire un petit bilan quand même après le Covid
21:48et les Jeux paralympiques de Tokyo.
21:50Quel bilan tirez-vous ? Est-ce que vous êtes satisfait de l'équipe de France ?
21:53Oui, on a un bilan satisfaisant.
21:54Il y a quatre épreuves aux Jeux paralympiques de Tokyo.
21:56On a qualifié trois bateaux sur les quatre possibles.
21:58On a tenté le quatrième, mais il s'est blessé juste avant la sélection.
22:03Et sur les trois épreuves qu'on amène à Tokyo, on revient avec deux médailles.
22:08Seuls les Anglais ramènent deux médailles.
22:09Ils en prennent deux en or.
22:11Mais tous les autres places du podium sont dispatiées parmi les autres nations.
22:15On reste un petit peu dans l'élan sur lequel on est depuis des années,
22:18c'est-à-dire le top 4, 5 mondial.
22:20On est présent un peu partout.
22:22Et puis surtout, on a lancé une nouvelle dynamique avec une équipe d'encadrement
22:26qui se stabilise avec Frédéric Doucet et Loïc Mariage qui entraînent à mes côtés.
22:31Et on a l'ambition pour Paris de ramener au moins deux médailles, dont une en or.
22:36Ambition réalisable ?
22:39On souhaite, bien sûr.
22:41Et on va se donner les moyens, oui.
22:43Ça passe par quoi ? Par plus de stages, plus de travail ?
22:48Ça passe par, déjà, on a pu faire un vrai bilan avec les athlètes
22:52et un bilan du staff qu'on a pu mettre en commun.
22:55Ça s'aligne aussi sur ce qu'on a amélioré.
22:57Donc, ça passe par une disponibilité du staff un peu plus conséquente au service des athlètes
23:02pour le suivi en stage et surtout hors stage puisqu'ils sont éclatés sur toute la France et un peu isolés.
23:07Ça passe par quelques intervenants extérieurs, un peu plus d'outils également,
23:12de la formation, de toujours cette notion de détection en continu
23:16pour essayer de donner de l'émulation.
23:18Donc, quand on va mettre tout ça en place, ça devrait marcher, oui.
23:22Quelles sont les prochaines grandes échéances pour vous avant les Jeux paralympiques de 2024 ?
23:27Alors, on a un championnat du monde et un championnat d'Europe tous les ans.
23:31Cette saison 2022, on a des épreuves internationales entre le mois de mai et le mois de septembre.
23:37On a pour la première fois une régate qui va être ouverte à l'international
23:41sur le bassin de Vers-sur-Marne début juillet.
23:44Régate en France qui a vocation d'être stabilisée pour le public para.
23:49C'est une année pour nous de transition, de travail, d'essais, de nouvelles compositions.
23:55Donc, ça se poursuit un petit peu dans l'alignement de 2022 et de Tokyo
24:02puisqu'on n'a pas eu l'année de transition.
24:04On est déjà vite dans la préparation de Paris.
24:06Mais voilà, on poursuit quasiment avec 80% de notre effectif de Tokyo
24:10qu'on va chercher à renforcer. Donc, on a une belle équipe.
24:13Vous vous préparez là pour les championnats d'Europe, les championnats du monde.
24:16Bien sûr.
24:17Quel est à peu près votre volume d'entraînement qu'on comprenne bien ?
24:20Il est assez variable en fonction de la proximité ou non d'une compétition.
24:24Sur une période de stage, on va monter à 13-14 heures de travail assez spécifique par semaine.
24:29Et juste après compétition, on va être à 8 heures à peu près.
24:34Donc, vraiment d'entraînement effectif. C'est assez variable.
24:38Et vous Martin, comment vous conjuguez avec vos études ?
24:43Globalement, il y a toujours un peu de natation.
24:46Donc, il y a 6 heures de natation par semaine.
24:50Vous faites toujours de la natation ?
24:51Oui, je veux dire ça. Quelques phares.
24:54Pourquoi pas ?
24:55Si on tombe dans l'eau.
24:57Oui, effectivement, c'est utile.
25:00Et en avion, pour l'instant, c'est assez léger parce qu'il y a pas mal d'ajustements à faire.
25:05Là, il doit y avoir 4 heures grand max avec l'objectif bien sûr d'augmenter.
25:104 heures par semaine ?
25:11C'est ça. Mais bon, parce qu'il y a pas mal d'ajustements à faire.
25:15Donc, éviter de la blessure à tout prix.
25:17Donc, avec l'objectif d'augmenter progressivement.
25:20Ça passe vite, très vite. On est presque à la fin de cette émission.
25:23Charles, on va terminer avec vous.
25:25Il y aura 5 épreuves en 2024.
25:27Une de plus qu'en 2021.
25:29Donc, qu'est-ce que ça vous inspire ?
25:32Ça nous inspire un nouveau challenge.
25:33Une discipline sur laquelle on voudrait être présent.
25:36Quelle discipline ?
25:37Le 2 de coupe PR3.
25:39C'était déjà au programme des Championnats du Monde,
25:41mais qui est passé au programme des Jeux.
25:43Et on a un groupe PR3 assez dense, assez performant.
25:46Donc, on souhaiterait être parmi les meilleurs dans ce bateau-là.
25:49Donc, normalement, vous êtes concerné, Margot ?
25:52Oui et non. Il faut attendre encore la réglementation vraiment définitive
25:55de la part de la Fédération internationale.
25:57Pour savoir qui parmi les PR3 pourra monter dedans.
25:59Le double PR3 peut être réservé à certains types de handicaps.
26:02Et d'ailleurs, on ne connaît pas encore la composition de l'équipe de France.
26:06Ni pour les Championnats d'Europe, ni pour les Championnats du Monde.
26:08Et encore moins pour les Jeux paralympiques.
26:11Quand est-ce que ça va se faire ?
26:13Là, les athlètes français sont encore en période de sélection.
26:17À partir de mi-avril, on va pouvoir définir un collectif de travail pour la saison.
26:21Et puis pour les Jeux paralympiques, ça se décidera 3 mois avant.
26:25Sans spoiler, est-ce que Margot a des chances d'intégrer l'équipe de France ?
26:30Oui, on espère bien. On compte sur elle.
26:33Et Martin qui est plus jeune ?
26:35Martin, c'est le défi des prochains mois.
26:38C'est de mettre un petit pari sur lui.
26:41On voudrait vite le mettre à l'étrier parce qu'il présente un potentiel physique.
26:44Il est jeune. Je ne sais pas s'il sera prêt pour Paris.
26:47Mais en tout cas, il peut envisager aussi l'avenir.
26:49Donc on va essayer de l'accompagner au maximum.
26:51Merci à tous les 3 d'avoir accepté l'invitation de Sport en France.
26:55On va suivre vos performances.
26:57Et bien évidemment, on tiendra informés nos téléspectateurs.
27:00Merci à vous de nous avoir suivis.
27:02On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avomark
27:06avec une nouvelle discipline à découvrir.

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