• il y a 6 mois
L'économiste Thomas Piketty, directeur d'études à l'EHESS, était en direct ce vendredi dans le Live Switek.

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Transcription
00:00Moi, je veux vous dire très simplement pourquoi, avec plus de 300 économistes,
00:06Julia Cagé, Lucas Chancel, Élonie Elsaès, Gabrielle Zucman,
00:10des centaines d'économistes, j'ai soutenu le programme du Nouveau Front Populaire.
00:15Ce n'est pas pour dire qu'il est parfait, il a été fait en quelques jours,
00:17parce que la distribution a été faite en quelques jours,
00:18mais il est meilleur que les deux autres sur un point essentiel,
00:22qui est que c'est le seul à dire où il va trouver des ressources pour investir dans l'avenir,
00:27investir dans la santé, investir dans la formation, investir dans la recherche,
00:31investir dans les infrastructures.
00:33Donc, je comprends que certaines personnes avec un patrimoine élevé
00:36ou des milieux d'affaires s'inquiètent de payer plus d'impôts.
00:39Mais en même temps, ce que je veux leur dire,
00:41c'est que la prospérité à long terme de la France,
00:44elle dépend entièrement de cet investissement dans le capital humain,
00:47dans la formation, dans la recherche.
00:49Vous savez, l'économie française aujourd'hui,
00:51si elle est devenue une économie d'une des plus productives du monde,
00:54on produit en France, pour chaque heure de travail en France,
00:57le produit intérieur brut par heure travaillé est de plus de 60 euros par heure.
01:01C'est l'une des plus fortes productivités de la planète.
01:03Il y a un siècle, on était à 3 euros par heure.
01:06Comment est-on passé de 3 euros à 60 euros par heure ?
01:09Ce n'est pas simplement en faisant des sommets Business France à Versailles
01:12ou en donnant toujours plus à une petite poignée de premiers de cordée.
01:16C'est parce que l'ensemble de la main d'œuvre de la population active
01:19est devenu plus productif grâce à un investissement considérable
01:23dans la formation, dans la santé, les infrastructures publiques,
01:26les moyens de transport, les infrastructures énergétiques.
01:28Aujourd'hui, l'enjeu, si on veut se préparer pour le XXIe siècle, c'est ça.
01:33Et les deux autres blocs, ils disent aussi se soucier des territoires
01:37où il n'y a plus d'hôpitaux, il n'y a plus de centres de santé,
01:40tous ces jeunes qui bossent pour avoir leur bac
01:42et après il n'y a pas de place dans les IUT à la sortie,
01:44ils se retrouvent dans des formations complètement inadaptées.
01:47Donc le Rassemblement national, par exemple,
01:48il dit que ça le soucie, ces territoires abandonnés.
01:51Sauf qu'au moment de faire payer les plus favorisés
01:54pour financer ces investissements, il n'y a plus personne.
01:57Et même, c'est le contraire.
01:58– Attendez Thomas Piketty, il y a deux choses.
02:01Il peut y avoir l'inquiétude des plus riches qui se disent
02:04si la gauche arrive au pouvoir, les impôts pour les plus riches vont augmenter,
02:08on va me réclamer plus, etc.
02:09Il peut y avoir cette inquiétude-là.
02:10Mais il peut y avoir aussi une inquiétude plus globale, plus partagée
02:14sur le fait de se dire mais qu'est-ce qui nous protège réellement
02:17d'un scénario à la Britannique, à la Lystreuse ?
02:19On se souvient, première ministre éphémère qui, au bout de quelques mois,
02:23a dû lâcher les rênes du pouvoir parce que son programme n'était pas financé
02:27et parce que, en gros, les dépenses étaient beaucoup trop élevées
02:31et que le monde financier est arrivé en les inventant.
02:33Et ça ne tient pas, donc maintenant, dehors.
02:36– Oui, alors Lystreuse, c'était le contraire.
02:37C'est-à-dire qu'elle, c'est vraiment une hyper-conservatrice,
02:39donc elle voulait supprimer plein d'impôts, notamment pour les plus riches
02:42et effectivement, ce n'était pas financé.
02:44Et les marchés, même les marchés ont considéré qu'elle allait trop loin
02:47pour réduire les impôts sur les plus riches, ce qui est un petit peu ironique.
02:49Là, on est sur un programme qui est complètement différent
02:51puisqu'en l'occurrence, c'est financé.
02:53C'est-à-dire que toutes ces dépenses qui sont présentées par la gauche,
02:56on pourrait dire, ce sont des dépenses d'investissement à long terme,
02:59donc pourquoi pas un peu plus de dettes publiques,
03:01sauf qu'on l'a vu ces dernières années, il y a un moment,
03:03quand vous faites de la dette publique, il y a de l'inflation quand même à la sortie.
03:06C'est-à-dire que la planche à billets de la BCE, c'est bien joli,
03:08mais à un moment, il faut quand même financer vos dépenses.
03:11Et en l'occurrence, comme je vous le disais, la raison principale
03:13pour laquelle ce programme est soutenu par tant d'économistes,
03:16c'est parce que c'est le seul qui dit clairement,
03:18qui met des recettes en face des dépenses.
03:20Alors, quelque part, c'est courageux, c'est même peut-être,
03:22enfin, pour plein de gens, ils pourraient dire,
03:25mais pourquoi comme ça vous annoncez ?
03:26Parce que c'est la façon la plus honnête de procéder.
03:29Et à nouveau, quand le Rassemblement national dit
03:32« je me soucie des territoires abandonnés,
03:34je me soucie des déserts médicaux »,
03:36mais que de l'autre côté, il va dire
03:38« je vais supprimer l'impôt sur la fortune immobilière »,
03:41ce qui a rappelé Jordan Bardella cette semaine au débat sur TF1.
03:45Juste pour expliquer quand même aux téléspectateurs,
03:47l'impôt sur la fortune immobilière, ça commence à 1,3 million d'euros,
03:50donc ça va être sur des personnes qui possèdent simplement en immobilier
03:542, 3, 4 millions d'euros,
03:55qui par exemple ont des résidences secondaires ici ou là,
03:57ce qui, entre parenthèses, c'est ça qui fait monter les prix
04:00dans beaucoup de communes, par exemple du littoral,
04:02où les gens ne peuvent plus se loger
04:03parce qu'on a des personnes qui ont parfois de nombreuses résidences secondaires
04:06et qui trottent finalement une grande partie de l'immobilier.
04:08Le Rassemblement national, lui, il va utiliser l'argent des Français
04:12pour faire des chèques à ces personnes-là
04:15en supprimant l'impôt sur la fortune immobilière.
04:17Donc vous voyez quand même le niveau d'incohérence,
04:19c'est-à-dire qu'on prétend vouloir aider les personnes dans la difficulté
04:23et puis au moment de faire des chèques,
04:24on consacre l'argent qu'on a aux multimillionnaires de l'immobilier.
04:27Donc là, effectivement, il y a quand même un choix clair entre le bloc de gauche
04:31qui assume des investissements sociaux,
04:35des investissements dans les infrastructures,
04:36vous n'avez plus de lignes de train,
04:38vous avez des départements entiers sans maternité,
04:40vous n'avez plus de centre de santé.
04:41Donc ça, tout le monde le sait.

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