• il y a 6 mois
La conférence Nourrir la planète s'adresse à des responsables et des dirigeants d’entreprise du secteur, mais aussi des pouvoirs publics et de tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les grands enjeux de notre souveraineté alimentaire.

Successivement, la crise covid, la guerre en Ukraine et les grandes manifestations agricoles, ont jeté une lumière crue sur la crise d’identité et les fragilités du modèle agricole européen. Les grandes politiques publiques comme la PAC ou celle, à venir, du Green deal appliqué à l’agriculture, font désormais l’objet de questions. Les orientations choisies peuvent-elles permettre de produire suffisamment pour assurer la souveraineté alimentaire de l’Europe et le rôle stabilisateur des exportations, sans ruiner l’environnement et les perspectives des agriculteurs ?

Il y aura 10 milliards d’humains sur la planète à nourrir en 2050. C’est aujourd’hui que le réarmement productif doit être mené. L’Europe veut-elle être actrice de la mutation ? Ou la subir ?

https://www.lopinion.fr/evenements/nourrir-la-planete-comment-rearmer-la-ferme-france

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00:00...
00:05Thierry Blandinière, vous êtes directeur général d'Invivo.
00:07Je fais toujours ça par ordre alphabétique.
00:09Mais voilà, mais...
00:11À vos côtés, Audrey Bourrello, fondatrice de Hectare.
00:16Alors, il se dit que la compétitivité de la Ferme France a baissé.
00:22Est-ce qu'on a des chiffres ?
00:23Est-ce qu'il y a quelques éléments qui permettent de quantifier
00:29cette impression générale qu'on peut avoir ?
00:31Je vais laisser parler Audrey. Bonjour à tous.
00:34Parce qu'elle a vraiment une vision globale
00:35et elle remplacera, je pense, très bien le ministre d'Agriculture.
00:39Vas-y, Audrey.
00:40Bonjour à tous.
00:42Moi, je trouve que quand on parle de compétitivité de la Ferme France,
00:45je suis toujours partagée en disant
00:46qu'est-ce qu'on observe et à quel niveau d'échelle on se situe.
00:50Si on regarde, finalement, notre histoire agricole,
00:52on a toujours été un pays très bon sur les produits bruts,
00:56nos céréales, nos vins, sur une grande puissance exportatrice,
00:58ce qui est toujours le cas, on est toujours excédentaire.
01:01Et en revanche, on a un peu une balance commerciale
01:03en trompe-l'oeil aussi,
01:05puisque je donne juste 3 chiffres qui me semblent intéressants.
01:08On a 3 milliards d'euros de déficit sur les huiles végétales,
01:123 milliards d'euros de déficit
01:13sur les produits transformés à base de viande
01:17et 4 milliards sur les fruits et légumes.
01:20Et quand on croise finement ça,
01:22moi, je trouve qu'on est encore une très grande puissance agricole.
01:25Moi, je suis pas du tout défaitiste ici, ce matin,
01:27sur notre capacité à jouer dans le match
01:30des puissances agricoles européennes et mondiales,
01:33mais on a perdu énormément ces maillons aussi
01:35de nos industries de territoire.
01:38Et la compétitivité est souvent challengée à l'échelle d'une ferme.
01:42Moi, je crois qu'aujourd'hui,
01:44dans ce qui sera un facteur très impactant,
01:46c'est le social et le coût du travail.
01:48Et le coût du travail...
01:49Non, vous faites pas toute la table ronde tout de suite.
01:50Non, non, mais il est intéressant de dire
01:52qu'en part de la compétitivité, on a juste à dire
01:54est-ce qu'on est des grandes fermes ?
01:55Est-ce qu'on sait bien produire à l'échelle du monde ?
01:57Je crois qu'il y a un sujet de taille critique
01:58sur lequel on pourra revenir.
02:00Mais ce maillon-là de la transformation de nos industries,
02:02il est aussi autant challengé aujourd'hui
02:04que celui de la Ferme France.
02:05Et c'est vrai que je pense qu'il faut pas se tromper
02:07de regarder que la ferme,
02:09mais bien la chaîne de valeur alimentaire,
02:11parce que c'est un des enjeux de notre compétitivité
02:13face au reste du monde, en fait.
02:15Un agriculteur tout seul, il a besoin qu'on le collecte,
02:18qu'on lui vende ses produits,
02:19et on est concurrencés par des pays de l'Est,
02:21des grandes puissances aujourd'hui sur nos produits bruts
02:23et par l'Europe sur les produits transformés.
02:27Tout a été dit.
02:29Moi, je voulais revenir sur la stratégie
02:35du discours de Rangis, sans faire trop de politique,
02:37du président Macron,
02:38quand il a parlé de stratégie et de vision
02:41et de montée en gamme.
02:44Et c'était la solution.
02:46Enfin, c'était compris pour être la solution globale.
02:49Or, je pense qu'on avait oublié
02:52le socle de compétitivité de la Ferme France.
02:55On peut monter en gamme
02:56que si on a un socle de pyramides solide et compétitif.
03:00Dire qu'on met tous les moyens dans la montée en gamme,
03:02c'est se marginaliser.
03:04Donc c'est ce qui est arrivé.
03:06Les crises ont révélé, effectivement,
03:08que cette stratégie n'était pas la bonne.
03:10Quand on parle de souveraineté,
03:11on n'en parlait pas à l'époque, on en parle maintenant.
03:13Donc, en fait, la compétitivité
03:16est revenue au coeur du dispositif.
03:18Alors, c'est vrai dans d'autres filières industrielles aussi.
03:20C'est pas que dans l'agriculture.
03:22On sait qu'on a des charges importantes,
03:23qu'on n'est pas forcément compétitifs,
03:25même quand on se benchmarke par rapport aux Allemands
03:27dans certains secteurs.
03:29Mais c'est le vrai sujet, c'est le vrai sujet de demain.
03:31C'est comment on retrouve de la compétitivité
03:33sur la chaîne alimentaire.
03:35Donc, bien sûr, dans les fermes,
03:36mais aussi dans l'agroalimentaire
03:37et jusqu'à la distribution.
03:39Et surtout, comment on résiste à la pression
03:42des négociations qui sont très difficiles aujourd'hui,
03:45une concentration majeure des distributeurs.
03:47Donc, comment être compétitif,
03:49baisser les prix quelque part, potentiellement,
03:52créer de la valeur et garder un revenu pour l'agriculteur
03:55et une rentabilité pour la chaîne alimentaire.
03:58Ca, c'est la question qui est devant nous.
04:00Et depuis 30 ans, on a perdu des points,
04:02notamment quand on se benchmarke par rapport à l'Allemagne.
04:04Je rappelle que, sans être trop ancien combattant,
04:07mais on exportait avant sur l'Allemagne
04:08et depuis, on importe.
04:10Donc, la balance commerciale,
04:11en parlant que de l'Allemagne sur l'agriculture
04:13et l'agroalimentaire, est déficitaire,
04:14déjà depuis 10 ans.
04:16Comment on corrigeons le tir ?
04:18Il y a des sujets, enfin, il y a des domaines
04:20dans lesquels on reste bon ?
04:23Je pense qu'il y a des raisons d'espérer.
04:25Donc, je pense que, dans les céréales, par exemple,
04:29on est compétitif, même si c'est difficile,
04:31puisqu'on exporte, on est au cours du marché mondial,
04:34et on arrive quand même à produire encore beaucoup de céréales
04:37et être compétitif et à exporter.
04:38Je rappelle qu'une tonne sur 2 de céréales est exportée.
04:40Ca veut dire qu'on est compétitif.
04:41Pour autant, il faut pas qu'il y ait des politiques publiques
04:44qui fragilisent l'édifice.
04:46Donc, il faut renforcer la compétitivité des céréales
04:50en France et en Europe. C'est essentiel.
04:51Je rappelle que les céréales, c'est le socle de l'alimentation.
04:54Tout part des céréales.
04:55Si on a des céréales compétitives, on a un socle compétitif,
04:58on peut construire des chaînes alimentaires compétitives.
05:02Un domaine dans lequel on a vraiment beaucoup perdu.
05:04Un exemple, peut-être ?
05:06Volaille, fruits et légumes.
05:08Je pense qu'on est tous conscients
05:09qu'on a un poulet sur 2, aujourd'hui, qui est importé
05:12par des sujets sur les maillons de la découpe, la transformation
05:15et des stratégies d'acteurs.
05:16Je voudrais pas qu'on se trompe.
05:18Il y a une responsabilité aussi collective
05:19quand on parle de compétitivité.
05:21Est-ce qu'on parle au niveau de la France ou de l'Europe ?
05:23On a des acteurs de la volaille française
05:25qui décident de faire leur développement
05:27plutôt sur la Pologne ou les pays de l'Est
05:28parce que le coût du travail est moins cher.
05:30Je dis pas des bons points ou des mauvais points,
05:32mais aujourd'hui, vous êtes un acteur
05:33du maillon de la transformation.
05:35Où est-ce que vous mettez votre usine
05:36de transformation de volaille, aujourd'hui ?
05:38Là où vous avez un coût du travail plus faible,
05:40donc plutôt Pologne, en l'occurrence,
05:42où c'est 2 fois moins cher,
05:44et là où vous avez aussi une acceptation sociale
05:45des industries.
05:47Parce qu'aujourd'hui, ouvrir une unité de transformation
05:50dans la viande en France,
05:51il y a des enjeux de sortie des projets
05:52dans les territoires, d'autorisation.
05:54Et donc si on veut réindustrialiser notre pays,
05:56il y a un pas de côté à faire aussi des citoyens
05:58et de la société sur ce dire.
06:00C'est quelque chose où il va falloir relocaliser
06:02ces maillons de la transformation.
06:04Donc ce sont quand même des acteurs français
06:05qui font ce développement.
06:06Donc si je regarde d'un point de vue économique,
06:08c'est plutôt bien que des acteurs aussi français
06:10fassent leur développement au niveau européen.
06:12Mais encore une fois, sur les fruits et légumes,
06:14c'est pareil.
06:15On a des filières qui se sont désarmées en France
06:17sur ces maillons-là.
06:20Alors revenons justement sur les raisons.
06:22Vous avez déjà cité le social.
06:24Une raison tirée, puis on recreuse un peu le social.
06:28Mais c'est toujours la question de dire
06:29est-ce que l'agriculture, ça doit monter en gamme
06:32au travail et à la valeur ajoutée ?
06:34Bien sûr que oui.
06:35Mais pour autant, il faut qu'on reste compétitif.
06:37La Bretagne, par exemple,
06:38je suis allé à Bretagne dans la salle,
06:39je permettais de m'en parler.
06:40Je ne suis pas breton.
06:41Mais quelque part, on a des armées
06:42sur la productivité en Bretagne.
06:44Donc les poulets standards, entre guillemets,
06:47maintenant, ils sont produits en Bologne et autres Etats-Unis.
06:49Ils arrivent parce que les Bretons ont dit
06:50finalement qu'on va produire moins,
06:52produire moins pour des raisons aussi environnementales.
06:54J'entends bien.
06:55Donc ça renvoie à la question globalement pour l'agriculture
06:58de dire comment on peut démontrer
06:59qu'on peut produire plus, mieux et durable, en fait.
07:02Et ça veut dire donner un espoir aux agriculteurs
07:05de leur dire on compte sur vous,
07:06on va vous donner encore plus à produire.
07:09Parce que le revenu de l'agriculteur,
07:10ce n'est pas que le prix, c'est aussi le volume.
07:12Donc c'est un volume par un prix égal à un revenu.
07:14Donc le volume est essentiel.
07:16Donc le potentiel de la ferme France, la ferme Europe
07:18doit être consolidé, voire développé.
07:21Et il faut que la politique globale européenne
07:24annonce clairement la couleur.
07:25Nous voulons développer l'agriculture,
07:28bien sûr, en Europe, en France,
07:30pour nos souverainetés, mais aussi
07:32pour notre politique exportatrice.
07:35Allez, j'ai une question, mais je la poserai après.
07:38Je vous laisse sur les raisons.
07:40Pour moi, le sujet, c'est avec qui on va faire ça.
07:42Et je reviens sur le social,
07:44parce que pour moi, c'est vraiment un enjeu crucial.
07:46On a un moment de pivot sur le renouvellement des générations.
07:49Et quelque chose qui sont des mutations
07:51déjà existantes dans la ferme France,
07:52mais pas perceptibles du grand public.
07:54On est restés sur cette vision de l'exploitation familiale
07:58qui n'est déjà plus en place.
08:00On a des stratégies d'organisation du travail
08:02aujourd'hui dans nos fermes
08:03qui font qu'on délègue des travaux,
08:05qu'on est déjà dans des consolidations.
08:07On a publié un article récemment avec Hectare
08:09sur quelqu'un qui gère 6 000 hectares en France
08:11pour compte de tiers sur les outils de délégation de travaux.
08:13C'est là, en fait.
08:15Donc je pense qu'on assiste à un moment de mutation
08:16des organisations du travail.
08:18Ca veut pas dire forcément un changement
08:20du capital des fermes, qui est majeur,
08:23avec, pour moi, deux visions.
08:24Une grande consolidation des actifs
08:26si on veut rester compétitif
08:27sur certaines filières de production.
08:30Peut-être des choses qui seront plus autonomes
08:32sur des robots autonomes dans des cultures,
08:34parce qu'on a du mal à trouver des tractoristes
08:36et une tension sur l'emploi sur ça.
08:37Donc une recherche de la taille critique
08:39pour écraser des coûts fixes.
08:42Les tracteurs, les engins, etc.,
08:43c'est une grosse part des charges dans une exploitation.
08:47Donc on doit être plus efficace
08:48dans ce rapport à la consolidation et au travail.
08:50Ca va arriver, c'est déjà là.
08:52Pas très perçu de la société,
08:54mais il va falloir l'assumer collectivement.
08:56Et des fermes de territoire à haute valeur ajoutée
08:58qui seront plutôt sur de l'emploi de territoire.
09:01Et là, on a une responsabilité en tant qu'agriculteur,
09:03c'est la création d'emplois de territoire.
09:05Et quand je veux créer un emploi de territoire,
09:07ma clé d'entrée, elle est plutôt
09:09comment j'ai des systèmes de production
09:11qui me permettent d'employer des gens.
09:13Ces deux tendances, consolidation, agrandissement
09:15ou fermes de territoire à valeur ajoutée,
09:18sont là, en fait.
09:19Très peu assumées médiatiquement.
09:22Et je crois qu'il va falloir aussi,
09:24d'un point de vue dans toutes les filières...
09:25Hier, j'étais aux 50 ans de la filière laitière.
09:27On est passé de 672 000 exploitations laitières en France
09:30dans les années 70 à 50 000.
09:33La question qui se pose, c'est combien faut-il de fermes laitières
09:36pour nos industriels ?
09:38Peut-être que c'est beaucoup moins avec des salariés.
09:42On a un rapport au travail qui a changé, en fait.
09:44Et nous devons attirer des salariés dans nos fermes
09:47ou trouver des moyens d'opérer les travaux dans nos champs
09:49de manière très différente.
09:51Donc le social, pour moi, c'est le nerf de la guerre.
09:53Si on veut rester compétitif,
09:55il faut trouver des gens pour travailler
09:57dans nos exploitations.
09:59Est-ce qu'il n'y a pas un sujet dans vos 2 réponses
10:02d'acceptabilité sociale ?
10:04C'est-à-dire qu'en fait, on a encore ce cliché...
10:07Vous allez parler de ça.
10:09On a ce cliché de la jolie petite ferme
10:12qu'on dessinait à l'école primaire.
10:15Voilà. Aujourd'hui, c'est plus ça.
10:17Et est-ce que le français, je sais pas comment on le décrit,
10:21est prêt pour cette mutation ?
10:25Martine à la ferme, c'est ça ?
10:26Martine à la ferme. Vous avez tous plus ça.
10:28C'est ça ? C'est ça, non ?
10:31En fait, l'enjeu de communication est essentiel
10:36pour l'agriculture.
10:37Et on a besoin de reconnecter le citoyen
10:40avec les agriculteurs et que les gens se comprennent bien.
10:43Il y a eu beaucoup de malentendus de communication et politique
10:47et des postures politiques et médiatiques
10:49qui ont perturbé et qui perturbent encore
10:53l'état d'esprit des citoyens sur leur agriculture.
10:56Donc je crois qu'il faudrait utiliser ces deux crises-là,
10:59la crise du Covid, puis la crise ukrainienne,
11:02cette notion de souveraineté pour bien parler de l'agriculture,
11:05et montrer qu'on a la chance d'avoir une grande agriculture
11:08encore présente, contrairement que l'industrie est partie.
11:10On n'est pas en train de faire du Doliprane à Béziers
11:12avec une usine qui pend du retard
11:13parce que c'est toujours fait en Chine.
11:15On est déjà là, on n'est pas parti.
11:16Et donc comment on se consolide
11:18et comment on est fiers de notre agriculture ?
11:20Comment on est fiers de nos agriculteurs
11:21et comment on est fiers de notre alimentation ?
11:23On a des produits de qualité, compétitifs,
11:26et on est capables d'innover.
11:27Donc l'innovation est essentielle aussi,
11:29de montrer que l'agriculture, c'est aussi de la technologie.
11:33On parlait des robots, mais pas que.
11:35Donc des datas, des données agronomiques,
11:38une capacité à faire du prédictif,
11:39une capacité à produire plus et mieux,
11:41donc baisser l'impact des utilisations des engrais,
11:44par exemple, chimiques,
11:45parce qu'on va faire de l'agriculture de précision.
11:47C'est vrai que la précision, elle est très compétitive.
11:49Donc de rentrer dans un cercle vertueux,
11:50de démontrer qu'on est capables de travailler
11:52la qualité des sols,
11:53d'imaginer cette nouvelle agriculture régénérative
11:57avec la rotation de culture,
11:58comment on peut travailler la qualité des sols,
12:00comment on fait un pied de carbone,
12:01comment on démontre que l'agriculture
12:02est aussi une solution au réchauffement climatique.
12:04On y reviendra juste après ça.
12:06Quand on fait ça, après, c'est bon, il faut dérouler.
12:08C'est simple.
12:10Oui, sur les imaginaires.
12:12Et est-ce que le mot agriculteur est encore le bon ?
12:15Moi, je parle de chef d'entreprise
12:16parce que demain, si je regarde froidement
12:18les chiffres économiques,
12:20on va produire...
12:21On est un producteur de biomasse.
12:23Et on va avoir des enjeux de souveraineté alimentaire
12:25et énergétique.
12:26Si on veut passer des câbles de robustesse ou de résilience,
12:29on va devoir combiner sur nos fermes
12:31des modèles nourriciers et non-nourriciers.
12:33Et je crois qu'il faut l'assumer.
12:34On n'a pas assez de terre pour répondre
12:35aux trajectoires énergétiques, alimentaires.
12:38Et donc on voit aujourd'hui qu'on a des besoins aussi
12:40de mobiliser pour des biocarburants,
12:43qu'on voit que les énergies vertes,
12:44les fermes vont produire aussi des énergies vertes,
12:46et que ce sera un peu ces modèles combinés
12:48qui vont permettre de retrouver de l'économie dans nos fermes.
12:51Et quand on parle d'agriculteurs dans les imaginaires collectifs,
12:54on ne nous voit que sur la jambe nourricière.
12:56Et je pense qu'il faut aussi assumer
12:58cette double compétence, nourricier, non-nourricier,
13:01ou même sur des filières à haute valeur ajoutée,
13:03la cosmétique, l'habillement.
13:05Aujourd'hui, moi, je trouve qu'on a une chance incroyable.
13:07C'est qu'on a cette trajectoire de décarbonation
13:10pour toutes les filières,
13:12et que tout le monde se rend compte qu'il y a un lien
13:14avec nos terres agricoles,
13:16pour l'habillement, la cosmétique, etc.
13:17Donc c'est des maillons de valeur ajoutée incroyables.
13:20Mais c'est un autre imaginaire.
13:21Nous sommes des chefs d'entreprise.
13:22Dans notre capital et notre sol, on doit en prendre soin.
13:25Et à partir de là, on peut répondre aux besoins de ces industries
13:29et valoriser aussi la biodiversité et le carbone.
13:32Mais c'est une autre perception de ce métier-là
13:34dans l'imaginaire français et collectif.
13:37Peut-être juste pour compléter, il y a un enjeu
13:40de modèle économique de la Ferme France et des fermes.
13:43Ca dépend des régions.
13:44Donc il faut raisonner à l'échelle régionale.
13:46La Nouvelle-Aquitaine a un profil de ferme
13:49qui est différent de la Bretagne.
13:50Donc chaque région doit pouvoir proposer son modèle économique
13:54et la bonne taille, en fait.
13:55Il ne s'agit pas d'avoir que des grandes fermes.
13:57Il peut y avoir des fermes polyvalentes,
14:00par exemple, d'Aquitaine, 60 hectares,
14:02qui fait polyculture.
14:03Voilà, maïs, production contractuelle,
14:06production de pouets et labelles, de cadavres à foie gras.
14:09Tout ça, ça marche.
14:10Et donc ça fait quelque chose qui tient la route.
14:12Dans d'autres régions, c'est plus la question de dire
14:14il faut faire du volume-prix.
14:15Donc il faut être très compétitif
14:17et il faut vraiment booster la taille.
14:18C'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir
14:20des fermes de petite taille.
14:21Donc il faut falloir adapter l'agriculture
14:23en fonction des régions et typologie des régions,
14:25parce que chacun doit trouver sa place, en fait.
14:28Est-ce qu'il n'y a pas, dans les 2 cas,
14:30un sujet de formation ?
14:32Est-ce que l'amont qui...
14:37Oui, l'amont, je me trompe.
14:39L'amont qui permet de transformer le fermier
14:42qui est devenu agriculteur en chef d'entreprise,
14:44est-ce que la formation y est ?
14:46C'est une formation encore pas mal sur le tas,
14:48j'ai envie de dire.
14:49Comment est-ce qu'on devient spécialiste carbone ?
14:53Non, mais je pense qu'il y a...
14:54Non, mais il y a un enseignement qui est remarquable.
14:58On ne peut pas dire qu'on n'aurait pas les rendements
15:00et les systèmes de production qu'on a
15:02si on n'avait pas une formation technique haute.
15:04Mais c'est vrai que cette notion très entrepreneuriale,
15:06en fait, elle questionne aussi les modèles de financement.
15:10Aujourd'hui, installer un repreneur
15:14qui n'a pas hérité de la terre de ses parents
15:17sur un modèle qui est soi-disant...
15:20Moi, c'est la grande ferme séralière française à 300 hectares.
15:23Je trouve pas de modèle de financement soutenable
15:26pour amortir l'acquisition de sa terre,
15:28rester sur des cours mondiaux et faire la transition.
15:31Donc ça questionne, en fait,
15:33les structures qui étaient établies jusqu'à présent,
15:34qui étaient organisées autour d'une structure familiale
15:37sur une main d'oeuvre qui aide.
15:38Si on se met dans un mode 100 % entrepreneurial,
15:40il faut tout réinventer.
15:42Donc je crois que c'est aussi une mutation sans précédent
15:45avec le renouvellement des générations
15:46qui questionne qui est détenteur du foncier,
15:49comment on le finance et qui opère sur ces fermes-là.
15:53Donc c'est ce moment-là qui fait...
15:55Je dirais pas que c'est un problème de formation,
15:57c'est qu'on est à un moment donné de reprise
16:00et le financement du foncier, de l'outil d'exploitation
16:02et des travailleurs sur la ferme questionne
16:04ce qu'on met comme activité économique soutenable,
16:06comme tout chef d'entreprise.
16:07Donc je pense que c'est ce qui se joue là, maintenant,
16:10et qui doit être accompagné de manière très décomplexée.
16:13C'est pour ça que j'aime mieux le mot de chef d'entreprise
16:15qu'agriculteur.
16:18Ca renvoie au financement.
16:21Donc ça renvoie à la discussion avec les banques
16:23et ça renvoie aussi à la question
16:25de comment on peut financer le temps long,
16:27c'est-à-dire des fonds d'infrastructure
16:29à des taux compétitifs.
16:31Donc c'est un modèle à imaginer, hybride,
16:33entre le financement par la dette
16:35et le fait qu'on rentre au capital avec une sortie
16:38pour financer sur le temps long.
16:39Donc ça, je sais pas s'il y a des fonds aujourd'hui
16:41qui sont dédiés à ça.
16:43On parle beaucoup de fonds financiers,
16:44mais on est toujours sur les logiques de court terme.
16:47Alors, court terme, c'est 3 à 5 ans.
16:48Nous, on dit le long terme, c'est 5, 7 ans.
16:50Mais là, on est sur des fonds d'infrastructure
16:51de 10 à 15 ans.
16:53Donc comment on peut attirer des investisseurs
16:57qui accompagnent, qui financent ces grandes transitions
16:59et ces grands circuits logistiques ?
17:01Quand on parle des silos aujourd'hui, en France,
17:03il y a quand même un enjeu de refinancement de la collecte.
17:07Personne n'est capable d'investir aujourd'hui dans des silos
17:09vu la rentabilité de ce type de métier aujourd'hui.
17:13Mais pour autant, ces silos, ils tournent aujourd'hui.
17:15Et si demain, ils sont pas là, on perd la collecte
17:18et on perd la comptabilité de la Ferme France.
17:20Donc comment on peut trouver des financiers, des financeurs
17:23qui sont capables, justement, de penser le temps long ?
17:25Et ça, c'est l'enjeu aussi des politiques publiques.
17:28Je pense que la BPI, il n'est pas assez mobilisé là-dessus,
17:30la Caisse dépôt non plus.
17:32Ce sont des fonds d'infrastructure.
17:33Ca existe dans d'autres circuits, dans d'autres filières,
17:38mais pas dans l'agriculture.
17:39Le Crédit agricole, il fait plus du tout son...
17:44Non, mais le Crédit agricole...
17:45Pardon, il est au 1er rang, le Crédit agricole ?
17:48Je sais pas, il y en a un.
17:50Non, mais le Crédit agricole, il est dans son rôle
17:52de financer l'exploitation, en fait, le court terme.
17:56Il fait très bien son métier, franchement, on n'a rien à dire.
17:59Il fait très bien son métier.
18:01Après, sur les fonds d'investissement de long terme,
18:03il pourrait être, effectivement, un partenaire
18:05qui peut rassurer des investisseurs
18:07qui connaissent moins l'agriculture
18:09pour leur expliquer, leur décrypter
18:11comment tout ça, ça peut être monté dans la durée.
18:14C'est sûr que ça peut être aussi un expert de conseil.
18:18Je voulais revenir sur la notion...
18:20On a parlé de territoire, des différences entre eux autres,
18:22mais si on élargit, justement,
18:24est-ce que cette compétitivité,
18:25elle ne devrait pas être réfléchie à un niveau européen ?
18:30Et c'est assez contradictoire,
18:32parce que vous avez plutôt donné des exemples
18:33de gens qui se déplaçaient de Bretagne à Pologne.
18:40Après, somme toute, c'est l'Europe.
18:41Alors à quel niveau on doit réfléchir à ça ?
18:44Je reste à l'oral, pour citer...
18:48Non, mais moi, je pense qu'il faut penser européen,
18:52parce que, de toute façon, l'agriculture a été...
18:55La 1re filière a pensé Europe
18:57et fait partie des piliers fondateurs d'Europe.
18:59Donc l'ADN d'agriculture, c'est l'Europe.
19:02Et sans l'Europe et sans les aides européennes,
19:04je ne pense pas que la France aurait pu se reconstruire
19:06comme ça au niveau de l'agriculture, historiquement.
19:08Je regarde Sébastien, mais historiquement,
19:10ça n'aurait pas été possible.
19:11Donc comment, au niveau de l'Europe,
19:12on arrive à consolider la ferme européenne
19:16et comment on arrive à trouver aussi des liens entre les pays ?
19:19Je sais que la compétition est là entre les pays,
19:21mais comment on arrive à aligner un peu la planète
19:23pour être à l'échelle,
19:24c'est-à-dire créer un grand socle européen
19:27et penser que nos concurrents sont pas nos voisins,
19:30mais ce sont les pays en Chine, la Russie,
19:33les Etats-Unis, Brésil.
19:35Et donc comment on arrive à fédérer l'Europe ?
19:37Voilà, en disant qu'on a une carte à jouer collective
19:39sur la carte monde
19:40et on doit gagner ensemble des parts de marché.
19:42Et comme je parlais des régions françaises
19:45qui ont leur propre spécialité dans le domaine de l'agricole,
19:49on peut raisonner aussi, peut-être,
19:51mais là, je me projette très loin, à l'échelle européenne
19:54pour peut-être regarder, en fonction des pays,
19:56en fonction du réchauffement climatique,
19:58quel pays va être le champion de quelle agriculture en Europe
20:01pour, justement, avoir une oeuvre diversifiée
20:03et gagner des parts de marché mondiales
20:06et donc développer notre activité aussi en France
20:10pour accompagner la souveraineté,
20:12mais aussi pour pouvoir exporter, notamment, en céréales.
20:16Vous avez déjà évoqué beaucoup de solutions.
20:18Si on revient sur votre solution miracle...
20:21Je vais dire qu'il n'y en a pas, mais...
20:24La solution phare, qu'est-ce qu'il faut faire demain ?
20:29Investir, je pense que ça a été dit massivement,
20:30dans tous ces maillons, on voit qu'on a besoin
20:32de lever de l'argent et du financement
20:34et que même les fonds à impact qui se montent aujourd'hui
20:36sont sur des durées qui ne sont pas en lien avec notre activité.
20:39C'est une industrie lourde qui demande du temps long
20:41et du réinvestissement.
20:42Et moi, j'ai vraiment un message là-dessus.
20:43C'est un secteur où l'Europe est la 1re puissance agricole du monde.
20:46On a un savoir-faire extraordinaire en France.
20:48Et en plus, on coche toutes les cases des enjeux,
20:50des directives pour la finance
20:51qui va être captation de carbone et biodiversité.
20:54Et ça, moi, ça fait vraiment 3 ans
20:56que j'essaye ce plaidoyer de réinvestissement.
20:58Comme les modèles sont peu documentés
21:00sur ces nouveaux modèles de transition,
21:01on a du mal à lever des fonds dans le temps.
21:04Et ça ne se fera pas dans le moment où on est
21:06sans reconsidérer cette question du financement de la transition.
21:11Ca, ça doit se faire à l'échelle européenne.
21:13C'est comme aussi le système assurantiel
21:15qui est intéressant aussi.
21:18Quand on se compare par rapport aux Etats-Unis avec le Farm Bill,
21:20on voit bien qu'il y a un système assurantiel
21:21qui est très compétitif et tourné sur la création de valeur.
21:24Nous, on a des aides PAC qui sont ce qu'elles sont,
21:26qui sont plus administratives.
21:27Donc on avait beaucoup discuté il y a 4, 5 ans
21:31de dire est-ce qu'il ne faut pas créer un système assurantiel
21:33pour couvrir les risques pris, couvrir les risques climatiques
21:37en se servant du pays de la PAC comme garantie,
21:39en faisant venir aussi des assureurs.
21:41Donc ça, c'est ici un enjeu important
21:43parce que ça donne confiance sur la protection du revenu
21:45de l'agriculteur et de la chaîne de valeur agricole.
21:47Surtout qu'on a beaucoup de volatilité
21:49dans tous les sens aujourd'hui à gérer.
21:50Donc en fait, pour un grand programme politique européen,
21:54qui réunit tout ça et qui pose vraiment
21:57les questions sur la table,
21:59et en face, il y a des réponses, en fait.
22:01Il faut une volonté, maintenant.
22:02Il faut une volonté politique européenne, forte,
22:06et qui mette l'agriculture au centre de la politique européenne
22:10comme c'était il y a 30 ans.
22:12C'est ça, l'ambition.
22:13Et donc Audrey va s'en occuper, maintenant.
22:17On n'a pas de ministre.
22:21Allez, on va dire dans un mois, il y aura.
22:23On a quand même quelqu'un, donc...
22:24Dans un mois, on aura un ministre, quel qu'il... Voilà.
22:28Vous avez une chose à lui dire ?
22:32Je n'ai pas grand-chose à donner comme conseil,
22:36mais moi, c'est vraiment redonner cette fierté, je crois.
22:38C'est ce qui me frappe.
22:39J'ai la chance, avec le projet Hectare, d'intervenir.
22:43Et je pose souvent cette question de me donner le nom
22:46et ou prénom d'un agriculteur perçu
22:47comme un entrepreneur à succès.
22:50Alors ici, j'aurai plein de réponses.
22:51Souvent, j'ai un immense blanc, en fait.
22:54Et je me dis, comment on en est arrivé là
22:55à ne pas avoir réussi à projeter un imaginaire
22:59d'entrepreneur à succès ?
23:00On a une responsabilité collective.
23:02Il y a des agriculteurs qui vont bien, qui sont épanouis, etc.
23:05Et on a besoin de redonner envie
23:06parce qu'on ne fera pas ces grands défis
23:09sans repreneurs de fermes,
23:11sans gens qui reprennent des industries agroalimentaires
23:14dans nos territoires.
23:15On a quand même 16 000 entreprises agroalimentaires
23:16qui font vivre nos territoires aussi dans la transformation.
23:19Et c'est redonner cette fierté.
23:20Et je pense que le discours politique, en tout cas,
23:22au sens noble du terme, doit projeter une vision
23:25qui n'est pas qu'une vision de crise successive,
23:27mais une vraie ambition projetée de réarmement
23:31de nos industries à mon aval dans cette chaîne de valeur.
23:36Qu'est-ce que vous dites le 10 juillet au nouveau ministre ?
23:39Donc je pense que...
23:41Enfin, le rêve de tous les agriculteurs français,
23:42c'est d'avoir un ministre de l'Agriculture
23:45qui pèse au niveau européen
23:47et capable de peser sur les politiques publiques européennes.
23:50Donc dans la job description, le recrutement,
23:53il faut vraiment quelqu'un qui soit en capacité
23:55de porter la voie de l'agriculture
23:58et que ce soit un Français qui parle de l'agriculture en Europe
24:01au nom des Européens.
24:03Donc je ne sais pas, le casting dans la salle,
24:06je ne sais pas s'il y a des candidats,
24:07mais quelque part, c'est essentiel,
24:09parce que la vraie valeur ajoutée pour moi, elle se passe là.
24:11C'est impulser la politique agricole commune.
24:15Et la France doit être le leader, le catalyseur de cette politique,
24:19donc ça s'incarne par un ministre emblématique.
24:24On a évoqué l'export tout à l'heure et nos balances commerciales.
24:27Est-ce que l'export participe à la compétitivité de la Ferme France
24:32et est-ce que le ministre ou qui que ce soit
24:35doit aussi jouer sur l'export
24:38pour faciliter l'efficacité, en fait, de nos exploitations ?
24:44En ayant travaillé plus de 15 ans dans la filière viticole,
24:47je ne peux dire qu'autre chose que, heureusement,
24:48que les marchés export ont fait vivre
24:49des fabuleuses marques et de territoires
24:51et ont donné un peu de belles images à ce pays.
24:53Je pense que c'est une grande fierté sur les céréales.
24:54On l'a vu dans des relations aussi géopolitiques.
24:57Je sais qu'il y a le club des métiers qui est là,
24:59qui parle de la géopolitique du blé.
25:00On a une responsabilité collective sur ça.
25:03Donc ça ne se fera pas sans l'export.
25:04Après, c'est cette segmentation de marché,
25:06c'est ce niveau européen qu'on doit définir
25:08sur quelles filières pour quels marchés
25:10et quels modèles amonts soutenables et financés.
25:12Donc on doit et on a des filières qui sont exceptionnelles là-dessus.
25:17Donc moi, vraiment, je voudrais rester très positive.
25:20Les solutions techniques, on les a dans les champs.
25:22Les acteurs de l'industrie ont toujours montré
25:24qu'ils ont été au rendez-vous sur l'export, sur la collecte,
25:26on l'a dit tout à l'heure.
25:28C'est un moment de réinvestissement nécessaire
25:30et d'assumer l'agriculture française telle qu'elle est
25:33et pas telle qu'on l'imagine, en fait.
25:36Un mot sur l'export, Thierry.
25:37Oui, c'est ça. En fait, il faut qu'on soit compétitif,
25:41bien sûr, auprès des céréales.
25:42Donc il y a un cours à Chicago, le prix, c'est pas fait à Paris
25:46ou dans les cabinets mystérieux ou avec la grande distribution.
25:49C'est un prix mondial.
25:50Donc comment on est compétitif tout le temps,
25:54comment les traders français arrivent à se positionner
25:56sur les marchés pour assurer une liquidité physique
25:58de toute la production française, c'est un enjeu très important.
26:02Donc on est mobilisés là-dessus.
26:04Après, je pense qu'on a un discours à tenir,
26:08de discuter avec d'autres filières.
26:09On parle d'énergie, mais sur les engrais,
26:11il y a un sujet essentiel aujourd'hui,
26:13puisqu'on a la possibilité de réfléchir
26:15à des engrais décarbonés à base d'énergie renouvelable
26:19et qu'en fait, on peut avoir des engrais dits verts,
26:22vraiment verts, compétitifs.
26:24Alors il y a un enjeu de prix, tout ça, mais ça se discute.
26:26Mais recréer des outils industriels en France
26:32pour fabriquer de l'engrais vert,
26:34alors qu'on importe 100% de nos engrais,
26:35c'est l'enjeu stratégique aussi pour l'Europe.
26:39Il y a quelques initiatives qui sont prises
26:40dans ce sens aujourd'hui.
26:42Il faut vraiment les accompagner
26:43pour justement démontrer que, finalement,
26:4625%, on va dire, de la chaîne carbone de la ferme
26:50est touchée par les engrais.
26:52Donc si on bascule aujourd'hui sur les engrais verts,
26:55on règle 25% du bilan carbone tout de suite à l'échelle.
26:58A l'échelle.
26:59Parce qu'il y a des initiatives dans la bioéconomie,
27:01méthaniseur, l'économie circulaire, ça marche,
27:03mais ça va représenter 5 à 10%.
27:05Si on veut changer à l'échelle,
27:07massivement, il faut des politiques publiques
27:09qui accompagnent la bascule en créant des...
27:12en facilitant l'installation d'industries
27:15pour fabriquer de l'engrais vert et basculer à l'échelle.
27:18Donc nous, on commercialise,
27:20donc on est capable d'apporter et de remplir ces usines
27:23avec des contrats à long terme.
27:26Et donc à partir de là, on sait qu'on a des compétences aussi.
27:29Donc ça coche toutes les cases.
27:30On relocalise l'industrie en France
27:33et en même temps, on sert notre agriculture
27:35et notre souveraineté.
27:36C'est ça, le grand projet de transformation
27:37de l'agriculture européenne.
27:39C'est... Reprenons la même sur les engrais.
27:43Je vous ai demandé ce que vous alliez demander au ministre.
27:45On sait que le ministre ne peut pas grand-chose.
27:47Donc moi, si je suis le génie de la lampe
27:50et que je vous offre un truc, là, hop, qui marche super bien,
27:53c'est quoi votre super-vœu ?
28:01Ca aurait été le même sur le financement,
28:02parce que je pense que c'est vraiment structurant
28:03et je pense que le sujet du combat prochain,
28:06combat européen, va être sur le social.
28:08On ne tiendra pas sur une Europe à 2 vitesses sur...
28:11L'agriculteur est le 1er employeur de travailleurs détachés.
28:14Je le rappelle quand même juste.
28:15On a des besoins d'investissement
28:16dans d'autres manières de travailler sur nos fermes.
28:18Ca devient vraiment structurel.
28:21Et on n'arrivera pas à tenir si on n'est pas équitable et juste
28:25sur cette dimension du coût du travail.
28:26Je veux dire, quand on est en France
28:28et qu'on paye un salarié,
28:31et je ne me sens pas à l'avant-garde sociale
28:32sur des salariés d'exploitation au minimum du SMIC français,
28:36on est 3 fois plus cher qu'un travailleur polonais.
28:38Donc je veux dire, on ne tiendra pas dans la compétitivité
28:41si ce sujet de l'harmonisation sociale européenne
28:43n'est pas mis au centre du jeu.
28:44Et ça, je pense que c'est un peu un prochain combat européen.
28:47Et c'est souvent le grand absent des discussions.
28:49On parle souvent d'environnement technique et c'est super,
28:51mais le S doit vraiment revenir au centre
28:52pour une équité au niveau européen.
28:57Vraiment, il faut que l'agriculture,
28:59au niveau européen, soit centrale.
29:01Quand on voit aujourd'hui les arbitrages
29:03dans les négociations et les sanctions,
29:05par exemple, des Chinois,
29:06parce qu'on taxe les automobiles électriques chinoises
29:10et la répercussion tout de suite sur la filière port
29:13et demain, le vin, etc.,
29:15ça, c'est pas acceptable.
29:16Ca veut dire qu'on est la variable, justement,
29:17des négociations mondiales.
29:18Donc comment on revient au centre du jeu
29:21et qu'on ne soit pas la variable des ajustements ?
29:22C'est qu'on met l'agriculture au centre
29:23où ça sort une négociation,
29:24mais qu'on ne soit pas toujours pris en otage
29:26dans les exportations, en fait. C'est ça, l'enjeu.
29:28Donc il nous faut vraiment des politiques publiques européennes
29:33compétitives et combatives, oui,
29:35parce que le monde des bisounours, ça a changé.
29:37On est dans un monde géopolitique où il y a beaucoup de tensions
29:40et l'arme agricole est essentielle.
29:43Et donc il faut qu'on...
29:44C'est bien de s'armer globalement au niveau des militaires,
29:46mais l'arme agricole est essentielle.
29:48Poutine l'a démontré, oui.
29:51Merci beaucoup à tous les deux.
29:53C'était très clair.

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