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00:007h48, vous avez la parole, on attend vos appels pour parler de notre comportement face aux orages volants, aux intempéries, aux crues et on en parle avec votre invité Théo H.
00:09Fabien Mulic, bonjour. Merci d'être avec nous ce matin, maire de corps, conseiller départemental et c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui, président du syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère.
00:19En deux mots, c'est l'organe chargé d'aménager et de gérer les rivières du Sud-Isère.
00:23Exactement, sur tout son périmètre, le bas qui est le bassin versant de la rivière Isère.
00:28Alors on va rembobiner ensemble ce qu'il s'est passé dans l'Oisan sur les causes de ces dégâts dans le vallon du Vénéon à la Bérard.
00:35Écoutez Pierre Véry, il est le responsable du RTM en Isère, c'est le service de restauration des terrains de montagne.
00:42Plusieurs causes selon lui à cette catastrophe, notamment la vidange d'un lac intra-glaciaire en amont de la Bérard.
00:49On ne sait pas bien exactement comprendre ce qui s'est passé, ce qui est sûr c'est que le lac s'est vidangé lors de l'événement.
00:53Donc il y a à la fois cette vidange de lac, mais aussi des cumuls de pluie très importants,
00:58et aussi une fonte de neige très importante, et aussi une disponibilité en matériaux,
01:03des cailloux qui sont disponibles et qui du coup sont repris par le torrent et qui font cet effet dévastateur
01:08avec cet important tas de cailloux quelque part qu'on a pu constater sur les images.
01:12Alors on entend plusieurs causes qui se conjuguent, prenons les choses dans l'ordre,
01:16il y a deux torrents qui passent à la Bérard, le Vénéon, les étançons, lequel est sorti de son lit ?
01:21Alors du coup c'est les étançons qui n'ont pas pris son parcours habituel.
01:26On est sur 300 mm de pluie en 48 heures, une fonte nivale, la rupture du lac intra-glaciaire,
01:37donc tout ce cumul de phénomènes ont fait qu'on a eu une sorte de vague qui a emporté des cailloux, des rochers,
01:43d'énormément de matériaux qui ont enseveli le village de la Bérard.
01:48A quel point c'est exceptionnel ? C'est une crue décennale une fois tous les dix ans ou encore plus exceptionnelle ?
01:53En termes de débit du Vénéon, on est sur une décennale, mais cumulé à tout le reste,
01:57on est sur un événement qu'on ne peut pas mesurer.
02:00Nous calculons, nous avons calculé nos études sur la crue historique de 1956
02:05qui était pour le coup une vraie décennale, mais là on est bien au-delà des prévisions qu'on aurait pu faire.
02:11Et puis parmi les raisons de la catastrophe, certains pointent des mesures de protection insuffisantes.
02:17Il y avait des travaux en cours de sécurisation ?
02:20Les études sont terminées, des travaux allaient commencer.
02:24On a rapidement buté sur une question tout à fait matérielle sur place, c'est où évacuer les déblés ?
02:30Tous ceux qui connaissent la Bérard savent bien qu'il n'y a pas de plateforme, il n'y a pas de zone pour stocker
02:35et il fallait tout de suite enlever 15 000 m3 pour essayer de curer un petit peu le torrent.
02:43Maintenant on ne va pas se mentir, 15 000 m3, il en est arrivé entre 200 000 et 300 000.
02:50De toute façon ça n'aurait pas suffi.
02:52Ça n'aurait rien changé.
02:53On va détailler un petit peu tout cela ensemble, Fabien Mulic, d'abord un détour au standard de France Bleu Isère.
02:58Exactement, on vous posait cette question justement, est-ce que vous êtes inquiet face à tous ces événements ?
03:02André est à la Côte Saint-André, bonjour André !
03:04Bonjour !
03:05Alors dites-nous quel est votre sentiment par rapport à ça ?
03:08Effectivement, ça fait peur, mais il y a surtout une constatation, une chose qui me défonce.
03:13On n'a pas d'argent pour refaire des digues, pour faire certains travaux.
03:17À la Végéville, on a fait des travaux, un minimum de travaux.
03:20C'est en train, d'après ce qu'on a vu à la télévision hier, de se recasser la figure.
03:25Et surtout, on n'a pas d'argent pour faire ça.
03:28Mais pour les Jeux Olympiques sur la Seine, on a foutu plus d'un milliard de travaux pour quelques heures de natation.
03:35Il y a quand même quelque chose qui n'est pas logique.
03:37On va parler des moyens avec notre invité, dans un instant André.
03:40Évidemment, vous, en tout cas, ça vous pose des questions sur les moyens.
03:43Et puis vous, peut-être dans votre vie quotidienne, ça vous impacte, vous vous posez des questions ?
03:49Non, parce que je vois du côté de la Côte Saint-André, il y a des travaux qui sont en train de se faire,
03:57et qui vont être faits surtout pour dévier la rivière,
04:01pour qu'en cas d'arrivée d'eau déchambarante, ça évite le village.
04:09Donc, il y a quand même des choses qui sont faites, mais pas suffisamment, selon vous ?
04:13Non, mais je ne parle pas spécialement du coin.
04:17On a mis un petit peu de partout dans la montagne.
04:19On voit dans le nord, c'est pareil, toutes les inondations qu'il y a eues.
04:22On ne peut rien faire parce qu'on n'a pas d'argent.
04:25Et c'est ce que je vous disais, on a mis plus d'un milliard dans la Seine pour les Jeux Olympiques.
04:29Voilà, c'est tout ce que je voulais vous dire.
04:31Oui, on a entendu cette observation de votre part André, et merci de nous l'avoir communiqué.
04:37Vous pouvez faire comme André, nous appeler au 0476 46 45 45.
04:41On va faire du cinéma pour les Jeux Olympiques.
04:46Allez, bonne journée à tous.
04:48Merci André, de votre point de vue.
04:50On va d'abord le soumettre à notre invité, Fabien Mulic, président du syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère.
04:56La question d'André, elle est simple.
04:57Est-ce qu'on met les moyens suffisants sur la table pour sécuriser ces zones de montagne et ces torrents ?
05:02Alors, cette question, elle est vraiment très bien posée.
05:05Et l'exemple de la Vésubie est parfait.
05:07Puisque ce qu'on nous reproche plutôt, c'est le temps des études.
05:11Mais les études, elles s'inscrivent dans un plan d'action de prévention des inondations, le PAPI,
05:15qui est un document extrêmement cadré par l'État et qui permet le déclenchement des aides d'État.
05:21Ce qui s'est passé dans la Vésubie, c'est qu'ils n'ont pas choisi ça.
05:24Ils ont fait des travaux d'urgence rapidement.
05:26Ils ont colmaté des brèches et on a vu ce que ça a donné.
05:29Rien n'a tenu.
05:30Nous avons mis dix ans pour faire les études sur Isère-Hamon, dans le Grésil-Vaudan.
05:34Et bien, force est de constater que la crue est passée ce week-end sans aucun problème.
05:38Pareil dans la plaine de Vizil, où on a fait des travaux, on les a réceptionnés en 2015.
05:44Tout est passé à peu près sereinement.
05:47Et oui, il y a bien un plan d'aménagement global sur le Vénéon qui est en cours.
05:53Il y a des travaux qui ont commencé à Bourdarue, à Venosc.
05:57Et je vous dis, on allait commencer ces histoires de déblé sur la Bérard.
06:02Malheureusement, ils n'ont pas pu être réalisés.
06:04Et je le redis, ils n'auraient pas changé grand-chose, vu l'ampleur du phénomène.
06:08– Il n'en a pas suffi, vu l'ampleur du phénomène.
06:10Parlons concrètement, votre budget, il est de combien ?
06:13Est-ce qu'il est suffisant au syndicat mix des bassins hydrauliques de l'Isère ?
06:17– Alors, le Simby n'a pas de trésorerie en propre.
06:20C'est le PCI, la comité de commune, qui lui confie des missions et qui met les moyens avec.
06:26L'État, grâce au papy, et aussi le département qui aide beaucoup.
06:32Pour rappel, sur l'Isère à Mont, on avait mis 130 millions d'euros.
06:36Donc l'argent, on le trouve.
06:38– Il est là, l'argent sur la table.
06:39– On n'a pas de problème d'argent.
06:40– Les études, maintenant, qu'est-ce qui va se passer ?
06:43Puisque une partie des travaux, vous l'avez dit, qui devaient commencer,
06:46là, ce sont toutes à refaire.
06:48Il faut reprendre à zéro les études.
06:50On en est où ? Qu'est-ce qui va se passer, là, dans les jours qui viennent sur la Bérarde ?
06:54– Alors, les études, effectivement, il faut les reprendre
06:56puisqu'on avait fait le diagnostic, l'inventaire complet de ce qu'étaient des murets,
07:00ce qu'étaient des merlons, ce qui était le dispositif de protection.
07:03Tout ça n'existe plus.
07:05Le ruisseau n'est plus du tout dans son lit habituel.
07:10Est-ce qu'il faut le remettre dans son lit historique ?
07:13Est-ce qu'il faut faire autre chose ?
07:14Là, le moment est au diagnostic, à l'état des lieux,
07:18à essayer de comprendre le phénomène pour essayer de le parer la prochaine fois.
07:22– Fabien, Mulik est notre invité ce matin,
07:24et on en parle aussi au Standard de France Bleu Isère et sur nos réseaux sociaux.
07:27– Exactement, sur la page Facebook, on a des réactions, en l'occurrence, sois-y.
07:30– Oui, tout à fait. Alors, je vous parlais de l'impuissance, tout à l'heure,
07:33d'Éliane, qui nous disait qu'elle était très démunie.
07:36On a Corinne, aussi, qui nous fait le lien, évidemment, avec le dérèglement climatique
07:42et ces épisodes météo de plus en plus fréquents, de plus en plus intenses,
07:46qui sont causés par l'homme, et malheureusement, on ne pourra plus revenir en arrière,
07:51nous écrit-elle ce matin sur la page Facebook.
07:53– Et on est également au Standard de France Bleu Isère avec Éric Savignon,
07:56qui est avec nous, de Saint-Simeon-de-Brécieux,
07:58monsieur le maire de Saint-Simeon-de-Brécieux, c'est ça ?
08:01– Oui, bonjour Fabien.
08:03– Et vous voulez revenir sur les travaux, également ?
08:06– Oui, absolument, j'ai un gros dossier de sortie d'inondabilité de ma commune,
08:11qui dure depuis des dizaines d'années.
08:13Là, on avance avec le syndicat isérois des rivières au naval, le CIRA,
08:18parce qu'on a deux rivières amonts, en fait, qui ont été détournées au 19ème siècle,
08:21et qui nous entraînent aujourd'hui des inondations importantes sur le village en lui-même.
08:26Il s'agit de détourner, de ramener la rivière, en fait, sur une zone,
08:29un espace naturel sensible, pour essayer aussi de ré-infiltrer ces eaux de ruissellement.
08:34Mais ce qu'il se passe aujourd'hui, et moi je frémis à chaque orage,
08:37tous les soirs, je regarde ce qu'il va se passer,
08:39parce que moi les travaux, les études sont en cours,
08:41il y a un bureau d'études, des bureaux d'études qui travaillent, c'est clair,
08:45mais on a des tas d'études, des cas de saison, etc., qui doivent être faites,
08:50et aujourd'hui, moi, les travaux, s'il y en a, ce ne sera pas en 2027.
08:55– D'accord, donc pour vous, il y a les études…
08:58– En attendant, il faut, à chaque fois qu'il y a des orages et des grosses pluies,
09:01se demander qui c'est pour ce coup-ci, ou pas.
09:03– Vous êtes sur le qui-vive à chaque orage désormais ?
09:06– Exactement, exactement.
09:08– Et pour vous, est-ce qu'on a les données suffisantes,
09:10et il faut maintenant passer à l'action,
09:12ou est-ce qu'il faut encore des études supplémentaires ?
09:15– Les données pluriométriques, avec le calcul des quantités d'eau
09:21et de ce pour quoi on va se protéger, on les a,
09:25mais après, il y a tous les dossiers administratifs,
09:27et puis les dossiers financiers, la personne évoquait tout à l'heure
09:30la problématique financière.
09:32Effectivement, ces 5 millions d'euros de travaux,
09:34il faut les trouver pour un syndicat zéro-un,
09:37pour les collectivités locales, ce n'est pas simple.
09:39– Merci M. Savignon, maire de Saint-Siméon-de-Brécieux,
09:42de nous avoir appelé ce matin au Standard de France Bélizère, merci.
09:46Une réaction, Fabien Mulic, sur la durée,
09:49alors vous avez commencé à en parler, la durée des études,
09:52et puis à un moment, il faut passer à l'action.
09:54– Oui, c'est bien le problème, ces études, elles sont nécessaires.
09:58Éric Savignon l'a dit, études 4 saisons, espèces protégées,
10:03il faut absolument tout étudier pour avoir les autorisations
10:07pour intervenir et aussi déclencher les crédits d'État derrière.
10:10– Il y a trop d'administratifs aujourd'hui ?
10:13– Il semblerait que ce temps-là soit nécessaire,
10:15en tout cas, il permet de faire des ouvrages qui soient bien calibrés,
10:19je le redis, c'est ce qui a été fait sur Isère-à-Monts,
10:21sur la plaine de Vizil, et ça fonctionne.
10:24– Il est nécessaire de prendre le temps pour les travaux efficaces ?
10:26– Il faut laisser le temps aux études et faire les bons choix.
10:29– Je pense qu'on n'a plus le temps de prendre un dernier appel.
10:31– Non, mais c'est pour tout à l'heure, ce n'est pas pour maintenant.
10:34– Très bien, merci beaucoup Fabien Mulic d'avoir été notre invité ce matin,
10:37maire de Corres et président du Sanicamics des bassins hydrauliques de l'Isère.
10:41Belle journée, merci.
10:42– Merci.