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00:00Quelle solution pour lutter contre les déserts médicaux et le manque de médecins ?
00:04C'est la question que l'on vous pose ce matin et qu'on va poser aussi à notre invitée Émilie.
00:08Karine Pagliarulo, vice-présidente de la collectivité européenne d'Alsace
00:12à la santé et à l'accompagnement des personnes âgées et des personnes handicapées.
00:16Bonjour.
00:17Bonjour.
00:18La CEA vient de dévoiler son plan santé pour ces quatre prochaines années.
00:21Un plan qui prévoit, entre autres, 3 millions d'euros sur cette question du manque de médecins et de déserts médicaux.
00:27Déjà, quel est le constat ? On imagine que tout le monde n'est pas touché de la même manière en Alsace.
00:33Heureusement.
00:34Bonjour à toutes et à tous et bonjour aux auditeurs en particulier.
00:37Avec ce beau soleil, on a vraiment envie de soutenir cette Alsace.
00:41Alors nous aussi, on la soutient par le plan santé que vous venez d'évoquer.
00:45On y travaille, à ce plan, depuis deux ans déjà.
00:48Alors pourquoi un plan ? Parce que deux raisons.
00:51D'une part, on arrive tardivement, nous, à l'Alsace, avec une désertification médicale
00:55puisque le reste de la France a été touchée bien avant nous.
00:57Jusqu'ici, on était plutôt épargnés.
00:59Et tant mieux pour nous.
01:01Mais on a deux sujets.
01:02Le premier, c'est le vieillissement de la population qui est important
01:07puisque aujourd'hui, un quart de la population alsacienne a plus de 60 ans.
01:12Et puis, on a aussi l'âge des médecins actuels qui sont effectivement plus proches de la retraite que d'actifs.
01:20Et donc, il faut absolument renouveler cela et venir en aide dans les territoires
01:24avec l'ensemble de nos possibilités, les maires, les intercommunalités, les ordres, etc.
01:32Est-ce qu'il y a des régions en Alsace qui sont plus touchées que d'autres ?
01:35On évoque souvent le Haut-Rhin, le Sunego.
01:38Voilà, c'est ça.
01:39Le sud d'Alsace est touché, mais aussi le nord avec Vissambourg.
01:43On a aussi un quartier préhéritaire de la ville à Strasbourg.
01:46Il y a ce fléau, en fait, il faut y travailler, y remédier vraiment de manière très territoriale
01:54avec, je l'ai dit tout à l'heure, les élus locaux.
01:56Mais c'est très important que les élus locaux en prennent la mesure.
01:59Et nous, nous venons accompagnés par notre plan santé,
02:02au-delà de ce qui pourrait se faire par les partenaires habituels,
02:05tels que l'Agence Régionale de Santé ou l'Assurance Maladie.
02:08Alors justement, on a dressé le constat, vous avez donc lancé ce plan.
02:13Vous dites vouloir faciliter l'installation de médecins, de soignants.
02:18Très concrètement, comment vous faites ?
02:20Alors très concrètement, on va déjà chez les internes en médecine leur dire
02:26que notre territoire est beau, est attractif, qu'on peut accompagner cette famille,
02:31puisque souvent ils sont déjà en famille, en couple, voire avec des enfants.
02:36Et donc, on peut aller faire ce dernier kilomètre avec les élus locaux
02:39et les accompagner à ce qu'ils s'installent chez nous.
02:43Déjà, les faire découvrir dès qu'ils arrivent pour faire leurs études au CHU à Strasbourg.
02:49Eh bien, on va au CHU à la faculté de médecine, on leur montre nos territoires
02:54et sur deux semaines, on organise un peu de tourisme.
02:58Et c'est vrai que ça fait trois ans qu'on fait déjà cela.
03:01Pour l'instant, ça semble quand même prendre, la mayonnaise prend.
03:05Au-delà de ça, on accompagne aussi à l'installation des médecins
03:09qui ne sont pas forcément à plusieurs, ou ce ne sont pas forcément des médecins,
03:13mais ce sont des infirmières ou des paramédicaux qui ont envie de faire quelque chose ensemble.
03:18Eh bien, on les soutient financièrement et ça permet simplement de créer la synergie
03:24pour que d'autres médecins ou paramédicaux viennent s'installer.
03:27Donc, vous travaillez aussi beaucoup, vous l'avez dit, avec les collectivités locales,
03:31avec les maires notamment.
03:33Oui, tout à fait. Et les maires sont très en attente dans nos territoires.
03:38Je pense aussi à Saint-Louis puisqu'on a eu une double peine avec notre zone transpontalière
03:44puisque vous savez que beaucoup déjà d'argent public est parti en installant des médecins
03:49qui après sont repartis en Suisse ou en Allemagne.
03:52Alors justement, c'est pour ça qu'on essaie avec eux de construire,
03:56de tisser ce plan santé au plus proche de nos territoires.
04:01Et aussi, ce qui me semble important, c'est qu'il y a ce bien-vivre en Alsace.
04:06C'est-à-dire qu'on a une qualité de vie, une offre culturelle,
04:09des mobilités qui sont quand même là, qui sont présentes.
04:12Et donc, les élus nous proposent des logements, de lever les freins à la mobilité.
04:17Et donc, tout cela, on essaie de le faire en bonne intelligence avec eux.
04:20Pas toujours facile.
04:21Est-ce que vous avez des idées, vous qui nous regardez,
04:23vous qui nous écoutez ce matin sur France Bleu Alsace,
04:25des solutions pour pallier ces déserts médicaux ?
04:29Est-ce que vous vous y êtes confrontés aussi, à ces déserts médicaux ?
04:32On attend vos avis, enfin, non pas vos avis, mais plutôt vos témoignages.
04:3503 88 25 15 15, c'est France Bleu Alsace, on vous accueille avec grand plaisir.
04:40Ça ne marche pas toujours, toutes ces solutions.
04:43Il y a des communes qui proposent de salarier les médecins, comme à Eysingue.
04:49On leur propose de payer local les maisons médicales,
04:52et pourtant, ça coince toujours. Comment vous l'expliquez ?
04:58C'est difficile, il n'y a pas une réponse à la désertification médicale.
05:02S'il y en avait une, tout le monde la prendrait, et puis ça résoudrait tout.
05:06C'est pour ça que c'est un plan complet.
05:11Nous souhaitons et nous avons mis en oeuvre un plan santé,
05:16qui travaille depuis la naissance, ou même avant la naissance,
05:20jusqu'au décès, puisque la collectivité, les départements ont la compétence
05:24d'accompagner tous nos publics tout au long de leur vie.
05:27Et donc on exergue un petit peu tout ce qu'on fait déjà,
05:30la prévention santé, et on va renforcer cette prévention santé pour éviter,
05:36moins on sera malade, mieux ce sera, parce qu'on a une autre problématique,
05:39c'est les maladies chroniques.
05:40Et c'est pour cette raison qu'on veut travailler bien plus en amont
05:43en prévention santé sur les pathologies chroniques.
05:48Vous savez que le diabète en Alsace avec la choucroute, ça n'a pas aidé.
05:52Mais ceci dit, je n'en souris pas pour la légèreté,
06:00mais simplement parce que c'est effectivement un repas que l'on apprécie particulièrement.
06:07Donc il y a la prévention, mais il y a ensuite cette question de pouvoir se soigner,
06:11on ne peut pas toujours.
06:12Donc encore une fois, comment on fait, par exemple, pour lutter contre
06:16les salaires proposés chez nos voisins, notamment en Suisse ?
06:21Comment est-ce qu'on peut faire ?
06:23Il faut aller à Paris.
06:24Ce n'est pas nous qui allons le régire tout seul.
06:27Il faut des normes, il faut revenir.
06:29Ça, ce n'est pas trop notre débat.
06:32Notre débat consistait, et on l'a fait déjà dès cette année,
06:35puisqu'on a acquis des camions, des bus, tant à Strasbourg
06:39que sur le sud du département à Mulhouse,
06:42grâce à des organisations lors des médecins, les CPTS, etc.,
06:46qui se sont organisées.
06:47Nous avons cofinancé ces bus pour aller jusque dans les territoires
06:50où il n'y a pas de médecin traitant, où l'assurance maladie nous dit
06:54« Ah, on a des personnes qui n'ont pas de médecin traitant reconnu,
06:56c'est ce bus qui va y aller, qui va faire ce dernier kilomètre
06:59avec une mammographie intégrée,
07:01parce que vous savez que le cancer du sein
07:04est également un cancer qui est à forte mortalité. »
07:08Vous venez d'en parler à l'État.
07:10Vous dites « Ce n'est pas à nous de tout faire ».
07:12En effet, il y a cette question du numerus clausus.
07:16D'ailleurs, certains candidats s'en ont emparé.
07:18Donc, vous en appelez aussi à l'État pour régler ce problème
07:23de désertification médicale ?
07:26Oui, tout à fait.
07:28Normalement, c'est régalien, c'est de sa responsabilité
07:31et de sa compétence en direct.
07:33Les départements en ont pris la mesure
07:37parce qu'ils sont confrontés territorialement à cette problématique.
07:39Mais normalement, c'est régalien.
07:41C'est-à-dire que c'est bien l'État, la préfecture
07:44qui devrait prendre ces dispositions.
07:47Mais bon, ensemble, on va y arriver.
07:49Restons optimistes avec ce beau soleil aujourd'hui
07:52et cette Coupe de foot.
07:55Et ces Jeux demain, je crois qu'il faut rester optimistes.
07:59On a encore beaucoup de chance avec beaucoup de médecins spécialistes
08:04sur Strasbourg et sur d'autres régions.
08:05L'Alsace est moins touchée que le reste du pays.
08:08Mais on y travaille.
08:09Vous l'avez dit, il y a aussi la question des EHPAD
08:12dans ce plan santé des personnes âgées.
08:15Vous voulez, j'ai lu votre programme, accompagner les professionnels
08:19en établissement ou à domicile.
08:20C'est-à-dire ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
08:22En établissement ou à domicile ?
08:24Oui, les accompagner, mieux les accompagner.
08:26Sur quoi ?
08:27Sur le plan de la CEA, justement.
08:29C'est dans votre plan santé.
08:30Alors, sur les EHPAD, on a voté un plan d'urgence.
08:33C'est de ça peut-être que vous voulez parler.
08:35Oui, il y a aussi les personnes âgées dans leur globalité.
08:38Donc, on a voté un plan d'urgence et on a voté, jeudi dernier,
08:42les 2 millions pour les établissements qui étaient en risque
08:46de cessation de paiement en 2024.
08:48Là aussi, l'État ne prend pas ces responsabilités.
08:50Nous les prenons.
08:52Vous savez, c'est gravissime, quand même, dans les EHPAD maintenant.
08:55C'est quand même depuis 2023 et après cette crise Covid,
08:59l'énergie qui a explosé, les matières premières ont explosé,
09:03le recours à l'intérim parce que l'attractivité des métiers n'y est plus.
09:06Eh bien, ils ont subi.
09:08Chez nous, en Alsace, ils avaient toujours de belles trésoreries.
09:11On les salue pour cela.
09:12Malheureusement, elles ont fondu au soleil.
09:15Et donc, la collectivité européenne d'Alsace a pris ses responsabilités
09:18en versant des aides d'urgence.
09:21Et on ira encore plus loin.
09:22Alors, prévention santé, on avait hier à la plénière de la conférence des financeurs.
09:27C'est des financements, alors je reparle des financements,
09:30mais c'est important, 4,4 millions qui sont injectés pour 2024
09:34dans notre territoire.
09:36Sur les 4,4 millions, il y a une grosse partie, la majorité,
09:40qui est sur la prévention santé dans les établissements.
09:43Alors, ce sont des associations qui viennent accompagner à faire du sport,
09:46qui regardent la diététique, qui les emmènent se promener.
09:52Et puis, demain, d'ailleurs, jour où on va voir la flamme
09:58dans notre territoire, la moitié des Ehpad ont couru
10:02et ont pédalé dans leurs établissements pour montrer qu'ils savent encore faire du sport.
10:06Donc, vous voyez, tout ça, c'est...
10:07Donc, il y a un côté prévention très important.
10:10On l'a bien compris dans ce plan santé de la CEA.
10:13Merci beaucoup, Karine Pagliarulo, vice-présidente de la collectivité européenne d'Alsace,
10:18à la santé et à l'accompagnement des personnes âgées et des personnes handicapées.
10:22Bonne journée.
10:22Merci, bonne journée à vous.
10:24On ne va pas vous quitter et vous laisser partir sans un pronostic
10:27pour le match de l'équipe de France, parce que vous l'avez mentionné
10:29à quelques reprises tout de même.
10:30Alors, allons-y du prono.
10:32Les Bleus, ils font quoi face à la Pologne ce soir ?
10:34Allez, soyons sages, 1-0.
10:37Et optimistes, sages et optimistes.
10:38Merci beaucoup à vous.
10:40Bonne journée à tous.